Humeurs taurines et éclectiques

mardi 27 juillet 2010

RETOUR SUR ORTHEZ 2010: 3

Les principales critiques que j'ai pu entendre (et solliciter) portaient sur 2 points:
1- Le choix de la cuadra de caballos
De même que nous avons voulu donner des opportunités à des toreros et à des ganaderos, nous ne pouvions ignorer la cuadra du Señor Pimpi et de son épouse Nathalie, cuadra qui je le rappelle est sise à Poyartin, soit ½ heure d'Orthez.
On nous bassine sans cesse sur le soutien indispensable à manifester aux toreros et novilleros français, notamment lorsqu'ils sont du cru, on est moins dissert sur une jeune entreprise locale.
Les critiques, très nombreuses, portent surtout sur la taille exagérée des montures. Il semble que s'installe une «norme» ou une jurisprudence Bonijol.
Quand on se penche sur la chose, il me semble qu'il y ait là, chez le public torista, comme une manière de revanche sur l'introduction du peto. La légèreté et la maniabilité incontestables de la cavalerie Bonijol, le spectacle produit à la pique font des émules, surtout quand il se traduit par de bons vieux batacazos bien spectaculaires.
Méfiant par rapport aux modes et aux brusques changements d'humeur, je ne me suis pas encore fait une philosophie définitive à ce sujet. Je ressens comme un malaise dont je ne parviens pas à trouver la source.
Il y a tout d'abord l'insistance voire le battage qu'entretiennent certains de nos grands penseurs-boxeurs à ce sujet.
Il y a aussi le fait que le cheval me semble devenir objet. Un batacazo n'est pas sans conséquences, ni pour la monture, ni pour le cavalier. Il tendent à se multiplier avec la cavalerie Bonijol. A cette aulne là, les piqueros ne tarderont à prendre la tête du classement des blessures graves. Certes, il n'y aura pas de sang, mais rouler sous un cheval de 500 kgs peut être infiniment plus destructeur qu'une cogida, et le piquero se voit sans recours et sans défense. Je ne viens aux arènes ni pour voir y casser des hommes, ni pour y voir casser des chevaux.
Il me semble, et je le dis tout de go, qu'on se dirige vers le même genre de supercherie que le débat, on l'espère enterré, sur la pique andalouse.
Il s'agit d'identifier l'origine du mal. Provient-il de «l'instrument» (l'animal), de son dressage ou du savoir faire ET DU DESIR de celui qui le monte?
La cavalerie Bonijol n'empêchera jamais les picadors du dimanche, ni même leur désir de saigner un toro et de saloper une pique, encore moins les cariocas, vrillages ou autres facéties.
Par expérience (quand d'autres boxaient, je cavalais), un selle français de 700 kgs peut se montrer excessivement mobile. J'en connais beaucoup (et je les ai expérimentés) qui concourent merveilleusement en dressage, plus en tout cas que d'arabes de 500 kgs au format bien plus réduit (tel Baloubet du Rouet, médaille d'or olympique en 2004, 1,70m au garrot).
Le problème vient donc à mon sens du dressage, du savoir faire et de l'intention du cavalier bien plus que des caractéristiques purement physiques de la bête. Pour illustrer la chose on pousse aisément sa voiture de 2 tonnes, on ne le peut plus avec le frein!
Il y aura donc lieu d'examiner posément la chose à tête reposée.
2- La réaction des présidences.
On s'offusque infiniment plus des quelques oreilles refusées que du monton d'appendices copieusement distribué. Et le débat se réduit à cela, alors qu'en l'occurrence le rôle d'une présidence est infiniment plus varié.
On comprendra que je ne puisse sans inélégance et déloyauté porter jugement (négatif ou positif) sur les décisions d'hommes que j'ai personnellement désignés. Ils avaient et conservent toute mon estime quant à leur probité et à leur compétence technique. En la matière tout est affaire de normes et de sensibilité. Ceux qui lisent ce blog connaissent ma philosophie, ayant souvent écrit à ce sujet (http://bregaorthez.blogspot.com/2010/05/quest-ce-que-le-bon-toreo-fin.html , http://bregaorthez.blogspot.com/search/label/HISTOIRES%20DE%20PALCOS
).
Je puis toutefois témoigner du sérieux tout à fait exceptionnel et minutieux qui a accompagné l'exercice: contrôle des règles sanitaires, des piques, rencontre du chef de musique, des toreros et cuadrillas, etc.
J'attends vos observations ou vos réactions: à vos claviers.
Xavier KLEIN

8 commentaires:

Florent a dit…

Cher Xavier, il est vrai que le débat sur le tercio de piques est très intéressant. Aussi, la cavalerie Bonijol est - et personne ne peut le cacher - la préférée des aficionados... mais pas seulement. Par curiosité, j'ai demandé à l'issue de la novillada de Garlin samedi dernier l'avis de deux picadors quant aux cavaleries françaises. Les deux m'ont donné des réponses identiques quant à leurs préférences :
1) Bonijol, plus légers que les autres, mieux dressés et propices à la mobilité.
2) Heyral, moins mobiles et plus difficiles à manier.
3) Pimpi, blocs de marbres sans une once de mobilité.

Chacun se fera son opinion sur cette enquête miniature, il n'y eut par ailleurs aucune orientation de ma part au moment de poser cette question. Aussi, ce que l'on a vu dimanche à Orthez est déplorable, comme si on avait fait un bond de quinze ans en arrière en matière de chevaux de picadors. Le troisième toro de Dolores Aguirre était brave et puissant - en mettant les reins - mais le mastodonte de cheval n'avançait pas, triste image. Une sorte de retour de "Fontecha". Par ailleurs, tu parles dans ton article de possibles blessures graves à venir pour les picadors. Mais il faut rappeler que l'épisode le plus funeste pour ce qui est du tercio de piques en France à la fin du XXème siècle a été causé par ce type de canasson, avec la mort du picador Muñoz à Vic-Fezensac (cheval de Fontecha). Ceci est un point à revoir pour l'an prochain.

Mes amitiés,

Florent.

Anonyme a dit…

A Céret, Bonijol est venu expliquer à la tertulia dans les arènes qu'il présentait des chevaux encore plus légers qu'avant et que ceux-ci avaient été acceptés par les picadors.
Mais qui est à l'origine de cette demande de changement de trapio des chevaux : les piqueros, les aficionados, les toreros, les organisateurs, les toros, DD, l'écho du calvados ?

JPc

Los Quintana aficion a dit…

A mon avis des presidence a la auteur de l'evenement et tres agreablement surpris par le respect du reglement.
Quand a la cuadra des caballos outre le fait du poid des cheveaux,
il y a le dressage qui n'ait pas encore tres au point.
Je ne suis pas un adepte de Bonijol,chacun doit pouvoir avoir sa chance de montré sa cavalerie,mais pour le moment el Pimpi a encore beaucoup de chose a revoir (poid,mobilité et dressage).
On aurait pu voir un premier tiers tres different sans toute c'est carioca et ces cheveaux entrainés pour presenter le cul et casser en parti la charge.
Avec une affiche de la meme envergure nous reviendrons avec plaisir l'année prochaine.

Bernard a dit…

Xavier,

A propos des piques...

Il ressort du mini sondage effectué bénévolement (parce qu'il le voulait bien!) par Florent que l'élément clé semble être la "mobilité" des chevaux. Outre que tu en parles toi-même en disant l'avoir vérifiée comme possible malgré le poids de l'animal, je te rappelle ta propre citation de la question que vous posa le mayoral de Dolores Aguirre lorsque vous êtes allés choisir les toros: "Trapio ou mobilité?" Et vous avez répondu: "mobilité"...

Il me semble que si on veut permettre au picador d'être lui aussi "torero", c'est à dire de pouvoir toréer - étant entendu que désormais le peto protège efficacement le cheval et ne doit pas en devenir un mur d'épuisement pour le toro, l'ensemble - difficilement séparable - que le piquero constitue AVEC le cheval doit être assez mobile pour pouvoir "conduire" (!) la charge du toro (un homme seul à pied ne la conduit-il pas avec une cape ou une muleta?). Car n'oublions pas, et redisons simplement, que "sans charge pas de toreo" (pas de domiño possible...). Or, la pique n'est-elle pas là pour tester en quelque manière la capacité de charge du toro (et surtout sa capacité de "recharge" malgré les blessures occasionnées - ce que nous nommons "bravoure")?... Dès lors me semble-t-il encore, outre la qualité de la charge propre du toro face au picador (distance, réponse au cite, course de charge), ce que devient cette charge avec - et non contre - le picador n'est pas neutre. Et ce "avec" désignerait volontiers la "mobilité" - donc le dressage ad hoc - comme élément pertinent, étant entendu qu'en sus, plus le cheval est léger plus la probabilité d'une "chute" est grande - et inversement... D'où il paraît résulter que si un gros cheval immobile est un non sens, un gros cheval mobile (donc dressé à cela) n'en serait pas forcément un... J'ajoute que je n'ai volontairement pas pris en compte ici la question - si importante au demeurant - de la "position" de la pique (par rapport au morillo) dans son rôle de "réglage du port de tête" du toro...

Modeste contribution au débat.

Suerte - Bernard

Anonyme a dit…

Samadet
J'ai trouvé plus que limite le quite coleando, du monosabio de la cuadra Pimpi.Du jamais vu!!

22 février, 2010 10:43

Xavier KLEIN a dit...
Yo tambien!
D'autant plus que, si j'ai bien vu (mais ma vue baisse), le quite fut l'oeuvre du Pimpi himself..."

Donc en plus du dressage des chevaux et le choix de prendre des cathédrales, il y a des interventions que je n'ai pas oubliées...

Anonyme a dit…

Le débat sur les chevaux de plus en plus légers de la cuadra Bonijol, commence a pointer le nez (ou l'oreille, ou les deux). Le petit Florent aurait pu parler du commentaire que j'ai laissé le 14 juillet sur son site, où je faisais part des observations d'un ami espagnol sur les chevaux bonijolesques vus à Ceret. Les chevaux de Fontecha ne sont pas une solution, ceux de Bonijol ne sont pas un remède. Alors ?

Anonyme a dit…

Je pense que certains étaient absents lors de la féria d'orthez, ou bien ont le crâne tellement bourré de clichés qu'ils en oublient d'ouvrir les yeux. Tout les chevaux ont été employés marche avant marche arrière, sans problème, et les tercios de piques ont été majoritairement intéressants. Il aurait été de bon aloi de questionner les picadors de cette même course. Le sondage aurait certainement d'autres réponses. Il faut aussi remettre le cheval de pique à sa place. Le picador doit savoir monter et faire son métier, c'est le protagoniste qui passera toujours avant le cheval. La médiatisation aberrante du cheval de pique est une substitution du manque de "toros".

Anonyme a dit…

Sur l'utilité du quite, qu'il soit tiré par la queue ou effectué d'une autre manière, (en aucun cas affecte le comportement du toro, arrêtons les conneries, merci) il a pour but de protéger cheval et picador . Maintenant il faut avoir le courage d'y aller et de le faire. Sinon, coup de corne, comme c'est arrivé très dernièrement dans des arènes du sud ouest. A l'heure des antis taurins, on dirait que nous n'avons pas tous les mêmes objectifs...Soyons clairs, il y aura toujours des accidents,le toro est un animal dangereux, (ceux qui se mettent devant le savent, les autres critiquent) mais l'idée est quand même de les éviter un maximum, on fait pas une bonne temporada en comptant les points de sutures ou les morts.