Dans son dernier numéro (n°1862 du 18 septembre 2009), la revue TOROS, la «vieille dame» de l'aficion française, une vieille dame comme nous les aimons, genre Miss Marple, nous donne à lire, une fois de plus, que son âge vénérable n'a en rien affecté ni sa vigueur, ni sa passion, ni sa raison.
Si certains témoignent régulièrement soit d'une incompétence chronique, soit d'une prétention démesurée, soit des signes alarmants d'alzheimer précoce, il faut se louer que demeure toujours debout, belle et fière dans son intemporelle livrée N&B, contre vents et marées, par delà les modes, la passionaria sereine des ruedos.
C'est l'aïeule dont on se devrait d'écouter la voix avec respect, comme on se tait quand l'ancien parle, à l'issue des diners de famille, pour mettre un terme aux débats vains et passionnés.
TOROS, est l'un des garde-fou indispensable, la vigie, la sentinelle qui comme le Lieutenant Drogo dans le «Désert des Tartares» ou Aldo dans le «Rivage des Syrtes» préviennent d'un mal, qui sans arrêt menace, tarde à paraître, mais finit inéluctablement par survenir. Espérons vivement que, comme ces héros, elle ne succombera pas à son déferlement.
Dans son éditorial «Chronique du temps», MANOLILLO revient sur la feria de Bilbao, l'une des rares ferias jusqu'à présent «normatrices», qui devraient constituer à la fois les étalons, et les remparts aux dérives du temps.
Il faut craindre que ces derniers brise-lames ne soient enfoncés et submergés, et que l'inconséquence des discours démagogiques, ignorants et/ou intéressés n'ait triomphé.
MANOLILLO relève dans le discours de Matias Gonzalez, le président de Bilbao:
«Le premier tiers ne devient plus qu'une formalité sachant que le public ne donne d'importance qu'au troisième, les toreros ne s'intéressent plus à la lidia; quant à la mort, leur principal objectif est la rapidité.»
MANOLILLO constate ensuite que: […] «La réalité des choses est souvent cruelle. Si, dans une arène de première catégorie comme Bilbao, le premier tiers n'est plus qu'une formalité, c'est qu'ailleurs il a déjà disparu. Si, à Vista Alegre, le torero ne se soucie plus de donner la mort dans les règles, c'est qu'il considère la chose, aussi, comme une simple formalité.»
[…] «L'évolution se fait quand même, seule, en passant par le chemin le plus court, c'est à dire le nivellement par le bas, de concession en concession.»
Et de conclure: «Sans que l'on veuille s'en rendre compte, repères et références se perdent, les uns après les autres. Pour être remplacés par un maelström de comportement confus, fonctionnant notamment au rythme de l'immédiat (musique) et de la sensiblerie (indulto).»
Sous le titre «BILBAO 2009: le crépuscule de la bravoure», Joël BARTOLOTTI enfonce le clou, s'il en était besoin: «Le manque de puissance (poder) du toro actuel (une chute de la cavalerie de Bonijol à Vista Alegre en huit courses, et donc quarante-huit toros lidiés!) est sans doute irréversible, souhaité et obtenu par les taurinos: lorsqu'il se cumule avec le manque de bravoure et de caste, cela favorise la totale édulcoration de notre passion. Le toro faire-valoir, grand ou petit, armé ou non, intègre ou afeité, devient alors cet animal sans caractère, manso ou mansote, qui va vers le cheval du picador pour y recevoir au mieux les deux rencontres réglementaires (parfois simulées, car transformées en simples vaccinations), sans pousser ni s'attarder contre le matelas.»
[…] «La recherche des éleveurs tend vers le toro qui dure (sous-entendu: à la muleta). La lidia sera donc totalement déséquilibrée tant qu'on ne décidera pas de revenir à celle de toujours, celle des trois tiers, même si ce dernier doit être réduit à trente passes maximum et au coup d'épée.»
Que rajouter après ces philippiques d'aficionados reconnus qui ne sauraient passer ni pour des rigolos, ni pour des fanatiques, ni pour des excités?
Qu'il s'agirait tout d'abord d'identifier les causes et les vecteurs de cette évolution mortifère.
NOTA: En exergue, quelques taquineries envoyées par Puntilla, fidèle lecteur.
Si certains témoignent régulièrement soit d'une incompétence chronique, soit d'une prétention démesurée, soit des signes alarmants d'alzheimer précoce, il faut se louer que demeure toujours debout, belle et fière dans son intemporelle livrée N&B, contre vents et marées, par delà les modes, la passionaria sereine des ruedos.
C'est l'aïeule dont on se devrait d'écouter la voix avec respect, comme on se tait quand l'ancien parle, à l'issue des diners de famille, pour mettre un terme aux débats vains et passionnés.
TOROS, est l'un des garde-fou indispensable, la vigie, la sentinelle qui comme le Lieutenant Drogo dans le «Désert des Tartares» ou Aldo dans le «Rivage des Syrtes» préviennent d'un mal, qui sans arrêt menace, tarde à paraître, mais finit inéluctablement par survenir. Espérons vivement que, comme ces héros, elle ne succombera pas à son déferlement.
Dans son éditorial «Chronique du temps», MANOLILLO revient sur la feria de Bilbao, l'une des rares ferias jusqu'à présent «normatrices», qui devraient constituer à la fois les étalons, et les remparts aux dérives du temps.
Il faut craindre que ces derniers brise-lames ne soient enfoncés et submergés, et que l'inconséquence des discours démagogiques, ignorants et/ou intéressés n'ait triomphé.
MANOLILLO relève dans le discours de Matias Gonzalez, le président de Bilbao:
«Le premier tiers ne devient plus qu'une formalité sachant que le public ne donne d'importance qu'au troisième, les toreros ne s'intéressent plus à la lidia; quant à la mort, leur principal objectif est la rapidité.»
MANOLILLO constate ensuite que: […] «La réalité des choses est souvent cruelle. Si, dans une arène de première catégorie comme Bilbao, le premier tiers n'est plus qu'une formalité, c'est qu'ailleurs il a déjà disparu. Si, à Vista Alegre, le torero ne se soucie plus de donner la mort dans les règles, c'est qu'il considère la chose, aussi, comme une simple formalité.»
[…] «L'évolution se fait quand même, seule, en passant par le chemin le plus court, c'est à dire le nivellement par le bas, de concession en concession.»
Et de conclure: «Sans que l'on veuille s'en rendre compte, repères et références se perdent, les uns après les autres. Pour être remplacés par un maelström de comportement confus, fonctionnant notamment au rythme de l'immédiat (musique) et de la sensiblerie (indulto).»
Sous le titre «BILBAO 2009: le crépuscule de la bravoure», Joël BARTOLOTTI enfonce le clou, s'il en était besoin: «Le manque de puissance (poder) du toro actuel (une chute de la cavalerie de Bonijol à Vista Alegre en huit courses, et donc quarante-huit toros lidiés!) est sans doute irréversible, souhaité et obtenu par les taurinos: lorsqu'il se cumule avec le manque de bravoure et de caste, cela favorise la totale édulcoration de notre passion. Le toro faire-valoir, grand ou petit, armé ou non, intègre ou afeité, devient alors cet animal sans caractère, manso ou mansote, qui va vers le cheval du picador pour y recevoir au mieux les deux rencontres réglementaires (parfois simulées, car transformées en simples vaccinations), sans pousser ni s'attarder contre le matelas.»
[…] «La recherche des éleveurs tend vers le toro qui dure (sous-entendu: à la muleta). La lidia sera donc totalement déséquilibrée tant qu'on ne décidera pas de revenir à celle de toujours, celle des trois tiers, même si ce dernier doit être réduit à trente passes maximum et au coup d'épée.»
Que rajouter après ces philippiques d'aficionados reconnus qui ne sauraient passer ni pour des rigolos, ni pour des fanatiques, ni pour des excités?
Qu'il s'agirait tout d'abord d'identifier les causes et les vecteurs de cette évolution mortifère.
Nous nous y employons régulièrement dans ce blog, surtout par la dénonciation régulière des dérapages et excès de ceux qui influencent l'opinion et seraient sensés l'éduquer.
Qu'il faut rester sereinement ferme dans des convictions et des pratiques, sans céder au commercialisme, à la démagogie et à l'ignorance crasse ambiantes.
Cette semaine, j'ai entendu des discours qui m'ont éberlués de la part d'aficionados et d'amis, à propos de l'organisation de la future novillada d'Orthez. On voulait du suave, et on nous enjoignait de choisir d'abord les novilleros, et ensuite de considérer le bétail qui pouvait leur convenir, au motif que certains élevages pouvaient présenter trop de difficultés pour les pauvres chéris et que nous ne saurions devenir responsable des drames qui pouvaient s'ensuivre... En somme d'appliquer les exigences indignes des figuras, dés le premier échelon des festejos.
Ô mannes de Domingo Ortega, de Bienvenida ou de Manolete, figura tombée devant un miura!!!
Qu'il faut rester sereinement ferme dans des convictions et des pratiques, sans céder au commercialisme, à la démagogie et à l'ignorance crasse ambiantes.
Cette semaine, j'ai entendu des discours qui m'ont éberlués de la part d'aficionados et d'amis, à propos de l'organisation de la future novillada d'Orthez. On voulait du suave, et on nous enjoignait de choisir d'abord les novilleros, et ensuite de considérer le bétail qui pouvait leur convenir, au motif que certains élevages pouvaient présenter trop de difficultés pour les pauvres chéris et que nous ne saurions devenir responsable des drames qui pouvaient s'ensuivre... En somme d'appliquer les exigences indignes des figuras, dés le premier échelon des festejos.
Ô mannes de Domingo Ortega, de Bienvenida ou de Manolete, figura tombée devant un miura!!!
Si dès la novilleria, on nous prescrit de rentrer dans cette logique où la tauromachie se refuserait a priori au risque, pour se résumer au décorum, l'affaire est bien mal engagée.
A Bilbao, du sein du tendido 5, un sage a crié: «¡Más toros y menos Domecq!». Le cri du coeur certes, mais surtout celui de la raison...
Il faudra bien se résoudre un jour, à défier la bien pensance et le politiquement correct, pour affirmer que les nobles arts et sciences de la tauromachie exigent plus que de la passion, de l'agrément et qu'un intérêt vaguement esthétique. La compétence en la matière s'acquiert aussi et surtout par des savoirs et par l'expérience, ouverts à tous, pour peu qu'on s'en donne la peine et les moyens.
L'O.S. comme l'ingénieur, la femme de ménage comme l'agrégée de philo, le smicard comme le rentier, peuvent y prétendre sur un pied d'égalité, seuls changeront les sacrifices consentis et leurs emplacements dans les gradins.
Mais demeurera toujours l'impératif d'un jugement qui ne repose pas uniquement sur le principe de plaisir, mais sur l'économie plus exigeante de la CONNAISSANCE, qui fait fi de la facilité et de la complaisance.
Il en va ainsi de tous les arts et de toutes les sciences, n'en déplaise aux flatteurs démagogues.
Merci, chère vieille dame, de nous le rappeler très régulièrement.
A Bilbao, du sein du tendido 5, un sage a crié: «¡Más toros y menos Domecq!». Le cri du coeur certes, mais surtout celui de la raison...
Il faudra bien se résoudre un jour, à défier la bien pensance et le politiquement correct, pour affirmer que les nobles arts et sciences de la tauromachie exigent plus que de la passion, de l'agrément et qu'un intérêt vaguement esthétique. La compétence en la matière s'acquiert aussi et surtout par des savoirs et par l'expérience, ouverts à tous, pour peu qu'on s'en donne la peine et les moyens.
L'O.S. comme l'ingénieur, la femme de ménage comme l'agrégée de philo, le smicard comme le rentier, peuvent y prétendre sur un pied d'égalité, seuls changeront les sacrifices consentis et leurs emplacements dans les gradins.
Mais demeurera toujours l'impératif d'un jugement qui ne repose pas uniquement sur le principe de plaisir, mais sur l'économie plus exigeante de la CONNAISSANCE, qui fait fi de la facilité et de la complaisance.
Il en va ainsi de tous les arts et de toutes les sciences, n'en déplaise aux flatteurs démagogues.
Merci, chère vieille dame, de nous le rappeler très régulièrement.
Xavier KLEIN
NOTA: En exergue, quelques taquineries envoyées par Puntilla, fidèle lecteur.