Humeurs taurines et éclectiques

dimanche 27 septembre 2009

La mémé va bien, merci!

Dans son dernier numéro (n°1862 du 18 septembre 2009), la revue TOROS, la «vieille dame» de l'aficion française, une vieille dame comme nous les aimons, genre Miss Marple, nous donne à lire, une fois de plus, que son âge vénérable n'a en rien affecté ni sa vigueur, ni sa passion, ni sa raison.
Si certains témoignent régulièrement soit d'une incompétence chronique, soit d'une prétention démesurée, soit des signes alarmants d'alzheimer précoce, il faut se louer que demeure toujours debout, belle et fière dans son intemporelle livrée N&B, contre vents et marées, par delà les modes, la passionaria sereine des ruedos.
C'est l'aïeule dont on se devrait d'écouter la voix avec respect, comme on se tait quand l'ancien parle, à l'issue des diners de famille, pour mettre un terme aux débats vains et passionnés.
TOROS, est l'un des garde-fou indispensable, la vigie, la sentinelle qui comme le Lieutenant Drogo dans le «Désert des Tartares» ou Aldo dans le «Rivage des Syrtes» préviennent d'un mal, qui sans arrêt menace, tarde à paraître, mais finit inéluctablement par survenir. Espérons vivement que, comme ces héros, elle ne succombera pas à son déferlement.
Dans son éditorial «Chronique du temps», MANOLILLO revient sur la feria de Bilbao, l'une des rares ferias jusqu'à présent «normatrices», qui devraient constituer à la fois les étalons, et les remparts aux dérives du temps.
Il faut craindre que ces derniers brise-lames ne soient enfoncés et submergés, et que l'inconséquence des discours démagogiques, ignorants et/ou intéressés n'ait triomphé.
MANOLILLO relève dans le discours de Matias Gonzalez, le président de Bilbao:
«Le premier tiers ne devient plus qu'une formalité sachant que le public ne donne d'importance qu'au troisième, les toreros ne s'intéressent plus à la lidia; quant à la mort, leur principal objectif est la rapidité.»
MANOLILLO constate ensuite que: […] «La réalité des choses est souvent cruelle. Si, dans une arène de première catégorie comme Bilbao, le premier tiers n'est plus qu'une formalité, c'est qu'ailleurs il a déjà disparu. Si, à Vista Alegre, le torero ne se soucie plus de donner la mort dans les règles, c'est qu'il considère la chose, aussi, comme une simple formalité.»
[…] «L'évolution se fait quand même, seule, en passant par le chemin le plus court, c'est à dire le nivellement par le bas, de concession en concession.»
Et de conclure: «Sans que l'on veuille s'en rendre compte, repères et références se perdent, les uns après les autres. Pour être remplacés par un maelström de comportement confus, fonctionnant notamment au rythme de l'immédiat (musique) et de la sensiblerie (indulto).»
Sous le titre «BILBAO 2009: le crépuscule de la bravoure», Joël BARTOLOTTI enfonce le clou, s'il en était besoin: «Le manque de puissance (poder) du toro actuel (une chute de la cavalerie de Bonijol à Vista Alegre en huit courses, et donc quarante-huit toros lidiés!) est sans doute irréversible, souhaité et obtenu par les taurinos: lorsqu'il se cumule avec le manque de bravoure et de caste, cela favorise la totale édulcoration de notre passion. Le toro faire-valoir, grand ou petit, armé ou non, intègre ou afeité, devient alors cet animal sans caractère, manso ou mansote, qui va vers le cheval du picador pour y recevoir au mieux les deux rencontres réglementaires (parfois simulées, car transformées en simples vaccinations), sans pousser ni s'attarder contre le matelas.»
[…] «La recherche des éleveurs tend vers le toro qui dure (sous-entendu: à la muleta). La lidia sera donc totalement déséquilibrée tant qu'on ne décidera pas de revenir à celle de toujours, celle des trois tiers, même si ce dernier doit être réduit à trente passes maximum et au coup d'épée.»
Que rajouter après ces philippiques d'aficionados reconnus qui ne sauraient passer ni pour des rigolos, ni pour des fanatiques, ni pour des excités?
Qu'il s'agirait tout d'abord d'identifier les causes et les vecteurs de cette évolution mortifère.
Nous nous y employons régulièrement dans ce blog, surtout par la dénonciation régulière des dérapages et excès de ceux qui influencent l'opinion et seraient sensés l'éduquer.
Qu'il faut rester sereinement ferme dans des convictions et des pratiques, sans céder au commercialisme, à la démagogie et à l'ignorance crasse ambiantes.
Cette semaine, j'ai entendu des discours qui m'ont éberlués de la part d'aficionados et d'amis, à propos de l'organisation de la future novillada d'Orthez. On voulait du suave, et on nous enjoignait de choisir d'abord les novilleros, et ensuite de considérer le bétail qui pouvait leur convenir, au motif que certains élevages pouvaient présenter trop de difficultés pour les pauvres chéris et que nous ne saurions devenir responsable des drames qui pouvaient s'ensuivre... En somme d'appliquer les exigences indignes des figuras, dés le premier échelon des festejos.
Ô mannes de Domingo Ortega, de Bienvenida ou de Manolete, figura tombée devant un miura!!!
Si dès la novilleria, on nous prescrit de rentrer dans cette logique où la tauromachie se refuserait a priori au risque, pour se résumer au décorum, l'affaire est bien mal engagée.
A Bilbao, du sein du tendido 5, un sage a crié: «¡Más toros y menos Domecq!». Le cri du coeur certes, mais surtout celui de la raison...
Il faudra bien se résoudre un jour, à défier la bien pensance et le politiquement correct, pour affirmer que les nobles arts et sciences de la tauromachie exigent plus que de la passion, de l'agrément et qu'un intérêt vaguement esthétique. La compétence en la matière s'acquiert aussi et surtout par des savoirs et par l'expérience, ouverts à tous, pour peu qu'on s'en donne la peine et les moyens.
L'O.S. comme l'ingénieur, la femme de ménage comme l'agrégée de philo, le smicard comme le rentier, peuvent y prétendre sur un pied d'égalité, seuls changeront les sacrifices consentis et leurs emplacements dans les gradins.
Mais demeurera toujours l'impératif d'un jugement qui ne repose pas uniquement sur le principe de plaisir, mais sur l'économie plus exigeante de la CONNAISSANCE, qui fait fi de la facilité et de la complaisance.
Il en va ainsi de tous les arts et de toutes les sciences, n'en déplaise aux flatteurs démagogues.
Merci, chère vieille dame, de nous le rappeler très régulièrement.


Xavier KLEIN

NOTA: En exergue, quelques taquineries envoyées par Puntilla, fidèle lecteur.

samedi 19 septembre 2009

"ARCHI-CHIANT"?

«Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire.»
Confucius

Dans un article paru dans le TOROMAG n°15 d’août 2009, Benito del Moun, (que ces pseudonymes sont pénibles!) pose la problématique à laquelle sont confrontés nombre d’organisateurs de spectacles taurins.
(article repris par l'incontournable Paquito II -qu'il m'excuse, de ne pas être en accord avec lui pour une fois- dans le forum de la F.S.T.F.: http://www.torofstf.com/forum/read.php?f=1&i=8221&t=8221)
Si l’auteur pose bien la question, il n’en demeure pas moins que la (les) réponse(s) sont infiniment plus complexes qu’il veut bien le laisser entendre, format de l’article oblige sans doute.
Orthez ayant été désignée par certains comme une plaza «d’art et d’essai», il va sans dire que ces propos de Benito del Moun nous interpellent.
Il semble utile d’y répondre, non pas de manière polémique, mais par l’explication.
D’autant que ce questionnement et les enjeux qu’ils évoquent se placent réellement au cœur même des débats de la Commission, et par delà du mundillo.
En préalable, il convient d’expliquer le contexte et l’analyse sur laquelle se fondent les options retenues par la dite commission, validées par son président.
Le Pesqué est une plaza de 3ème catégorie d’une capacité de 3200 places (2800 payantes). Elle se situe en marge méridionale de la zone de tradition taurine et constitue avec Garlin, une «exception béarnaise».
Bon an, mal an, depuis plusieurs années, le taux de remplissage moyen varie de 65 à 75% (invitations comprises). Cette année il a été de 73%.
Le déficit engendré par cette situation oscille depuis dix ans entre 20.000 et 45.000 euros (34.000 euros en 2008), à la charge du contribuable.
80% du public (60% de la capacité de l’arène) est constitué de spectateurs locaux, dont l’immense majorité assiste à 1 à 3 festejos par an. Il serait en revanche intéressant de savoir combien accèdent à des corridas télévisées ou à la presse spécialisée.
La corrida des fêtes constitue une tradition à laquelle ce public est très attaché et fidélisé, ce qui constitue un atout.
Orthez est en outre confronté à la contrainte de la concurrence de nos amis de Saint Vincent de Tyrosse le même jour, voire de Garlin, la veille.
Les problèmes rencontrés en d’autres lieux se retrouvent à Orthez: désaffection et vieillissement croissants du public. A des mutations culturelles, on doit surtout ajouter la contrainte financière d’un renchérissement du coût du spectacle et donc du prix des places depuis plusieurs années. Bon gré, mal gré, d’un spectacle populaire on dérive ineluctablement vers un spectacle plus élitiste socialement, du fait même de cette inflation.
La prise en compte du déficit par les finances municipales ne pose pas encore problème, tant qu’il demeure dans des limites raisonnables. Mais d’ores et déjà, sous l’influence des discours anti-taurins, des critiques se font jour, qui tôt ou tard, feront débat. Même si l'attachement des ortheziens à ce qu'ils tiennent pour une composante essentielle de leur identité locale ne fait aucun doute.
Il faut également préciser que le budget global d’une corrida à Orthez (toros, toreros, cavalerie, frais divers) se monte à 75.000 euros (hors «com») ce qui représente une gageure qui ne manquera pas de faire sourire les «géants» voisins...
Le cadre politique dans lequel s’exerce l’activité, consultative, de la Commission (le président, votre serviteur, en étant le garant et seul responsable en tant qu’élu) doit donc répondre aux impératifs suivants:
1°) Minimiser autant que possible le déficit.
2°) Conserver le caractère populaire et rajeunir le public, ce qui suppose de pratiquer des prix raisonnables (les plus bas de France, et de loin, depuis des années).
3°) Maintenir, voire développer des spectacles qui aient un sens. C’est à dire, ne pas organiser des spectacles commerciaux, ou au rabais, pour dire qu’on les organise, mais se préoccuper d’une certaine éthique.
4°) Maintenir la corrida (son remplacement par des novilladas ayant été exclus a priori par le politique).
L’enjeu peut donc se résumer à la nécessité d’attirer de 200 à 500 spectateurs supplémentaires.
Quels peuvent-ils être?
Au regard de ce qui se passe ailleurs, et notamment des grandes plazas qui remplissent, ce public ne peut être qu’exogène.
La question à laquelle doit répondre Orthez est simple dans son énoncé et complexe dans sa réponse: comment attirer ces spectateurs qu’on peut dés lors légitimement nommer aficionados?
Une première réponse a été, depuis une décade, d’organiser une journée taurine complète, qui justifie un déplacement et attire un public populaire et jeune, qui n'a pas toujours les moyens de s'offrir une corrida.
La deuxième est infiniment plus difficile puisqu’elle concerne le créneau à occuper, c’est à dire le style de tauromachie qu’on entend présenter.
Tant à Orthez que dans les plazas comparables d’Aire ou d’Eauze (j’exclus Tyrosse qui peut bénéficier d’un apport de "public de plage" qui nous est interdit), les compromis, les voies médianes ont été jusqu’à présent retenus. On a essayé de concilier les exigences louables de l’aficion locale, le goût supposé d’un public néophyte pour le spectaculaire, l’attente des édiles pour des succès retentissants qui se traduisent par un déluge de trophées, et la chronique laudatrice de la presse locale.
Cela donne des toros sensés «servir», des toreros «animateurs» et un spectacle qui perd de sa substance, et s’expose à des critiques anti-taurines ou à des sourires aficionados narquois qui deviennent ainsi justifiés.
Combien d'aficionados "extérieurs", volontiers critiques, se rendaient régulièrement au rendez-vous orthézien pour y faire vivre la tauromachie? Une question qu'on peut poser pour d'autres plazas qui se démènent, accompagnées du vertueux soutien virtuel de l'aficion "bien pensante", généralement absente sur les gradins.
En dehors de la perte de sens de ce qui devient alors en règle générale une charlotade à vocation surtout commerciale, il est clair que CELA NE MARCHE PAS, et qu’à terme on va à la disparition de l’activité taurine dans ces villes, si l'on n'y remédie.
Il faut donc évoluer entre les deux pôles que constituent dans l’aficion, l’option torerista et l’option torista.
La mise en place de la première nécessite des moyens incompatibles avec les possibilités existantes. Une figura, même de «deuxième rang», «consomme» à elle seule la globalité du chapitre «torero».
En outre, quelle peut être leur motivation ou leur intérêt à s’investir dans une plaza de 3ème catégorie (quand il ne le font que rarement en plaza de 1ère)?
De plus, avec les figuras ou les figuritas, il faut "les toros qui vont avec", c’est à dire le deuxième, ou plutôt le troisième choix des ganaderias en vogue, qui demeurent encore à des tarifs prohibitifs pour la présentation que l’on connait. Si l’on goûte le «demi-toro» faible, soso et afeité, on y trouvera son bonheur!
L’option torerista n’est donc pas mobilisable parce qu’elle n’est pas réaliste dans une petite plaza.
La deuxième option torista est beaucoup plus concevable financièrement. Les conclusions de Benito del Moun s’imposant à la plupart des organisateurs, surtout en Espagne, on parvient à trouver nombre d’élevages délaissés, et de lot disponibles à des tarifs raisonnables. Il en va de même pour les nombreux toreros de milieu ou de queue de l’escalafon, qui cherchent désespérément des contrats, soit parce qu’ils n’en ont pas, soit pour faire nombre dans leur tableau de chasse, soit parce qu'ils peuvent se faire remarquer.
Cette deuxième option peut toutefois dériver vers les résultats que Benito dénonce à juste raison dans son article: la difficulté pour un public majoritairement néophyte, d'adhérer à un spectacle qui suppose une culture taurine et des prérequis.
Orthez a donc choisi d’opter pour une solution sinon médiane, du moins équilibrée avec le cahier des charges suivant:
1°) Un toro INTEGRE, présenté DANS LE TYPE (y compris de petit tamaño si nécessaire).
2°) Un toro ENCASTE (ce qui ne sous-entend pas difficile) qui s’exprime.
3°) Un toro FORT et mobile qui peut supporter un premier tercio (au moins deux piques) réalisé dans les règles de l’art. Il n’est rien de pire, surtout à Orthez, que les toros qui s’affalent. A ce propos, un effort considérable (prix, information, valorisation, dialogue avec toreros et piqueros) est réalisé.
4°) La promotion d’encastes rares ou négligés, d’élevages méconnus.
5°) Un toro qui permette un troisième tercio d'une trentaine de passes.
Il n’est donc nullement question de singer Vic ou Céret, ni de produire des aurochs difficiles, peu appropriés à l’exiguïté du ruedo orthezien. Il s’agit d’aller vers le piquant, l’authenticité et l’originalité, et de donner à voir une différence qui peut séduire, dans une perspective de pondération.
Il en va de même pour les toreros. Ne pouvant nous offrir des vedettes, nous recherchons l’aficion, le désir, la sincérité, la motivation et également nous voulons proposer l’opportunité d’une chance ou d’une seconde chance.
On le voit, les choix retenus ne constituent pas la résultante d’options idéologiques (même si ces choix sont sous-tendus par une éthique), mais la conclusion de constats, d’analyses et d’un raisonnement.
Dois-je préciser que je suis personnellement de «tradition dacquoise» et que je ne renie en rien les goûts taurins de ma ville natale. Ponciste et morantiste, on ne peut donc me suspecter de "torisme" forcené.
Mais l’exigence en matière de toros, d’une once minimale de caste et de sauvagerie qui permette de qualifier légitimement un «toro de lidia», constitue t-elle déjà un extrémisme?
Ces choix sont l’objet de débats au sein d’une commission plurielle et diversifiée, qui réunit la palette des sensibilités aficionadas et citoyennes (les toristes, les toreristes, les prudents, les audacieux, les comptables, les pragmatiques, etc.). C’est normal et c’est sain.
Comme tous choix, ils peuvent être contestables, mais ils ont le mérite d’être clairs et argumentés. Ils doivent en outre s’assumer sur une certaine durée avant évaluation. Une identité ne se construit pas en une temporada! Rome ne s'est pas faite en un jour (alors Orthez!)
Il faut également prendre en compte le facteur déterminant que constitue le fait de ne disposer que d’un "pistolet à un coup", quand les grandes plazas organisent des ferias (ou d’une temporada) de plusieurs corridas pour s’assurer un succès hypothétique. Orthez, c’est donc la pratique obligée et contrainte de la roulette russe. Il n’y a pas de deuxième chance, ni de session de rattrapage.
Combien faut-il voir de corridas pour en voir une «bonne»? Et qu’est-ce qu’une «bonne corrida»? Il ne faudrait donc pas en venir à reprocher aux petites plazas qui se démènent, les contingences auxquelles elles sont assujetties, ce qui serait un comble.
Benito fustige un excès. Et il a raison de le faire.
Mais ce qu’il dit des spectacles toristes «archi-chiants», il pourrait aussi bien le dire de bien d’autres. Et les grands cycles sévillans, madrilènes, bilbaínos -ou même dacquois- de cette temporada confirment que l’ennui ou l’insignifiance ne constituent pas le monopole du torisme tel qu’on le caricature, mais bien le lot de notre passion. Cela relativiserait et crédibiliserait son propos.
En d’autres termes, Benito peut-il citer une seule arène où l’on ne se soit pas ennuyé, selon ses canons, au moins sur une corrida, cette année?
Le lieu commun galvaudé qui consiste à assimiler torisme et ennui constitue en fait un présupposé répandu par ceux qui ont intérêt à promouvoir «l'autre tauromachie», celle qui prône une prétendue modernité. Il est dommage que Benito se commette à cette confusion.
Ce discours n'a d'ailleurs rien d'original, et concerne TOUS LES ARTS. C'est le discours méprisant de ceux qui savent mais rejettent la «masse» dans une ignorance dont elle ne saurait s'affranchir. Ce sont les mêmes qui trouvent inconciliable la lecture de Proust, de Céline ou de Yourcenar et celle du Midi Olympique, mais également vouent aux gémonies, pèle-mêle, l'opéra, le ballet, la symphonie, la sculpture, la philosophie, etc. (la liste serait interminable) aux motifs que le «peuple» (dont ils se croient les porte-voix) n'adhèrerait pas à des modes d'expression qui ne sollicitent pas simplement une simple jouissance consommatrice, mais demandent un effort de compréhension et d'intelligence.
On peut légitimement préférer ARTE à TF1, et ne pas vouloir s'abrutir dans des spectacles débiles, sans passer pour autant pour des extrémistes...
Dans cette perspective, qui prend réellement les gens pour des cons en leur donnant ce qu'ils sont sensé aimer, et qui les respecte en pariant sur leur intelligence et leur compréhension?
Existe t-il une solution assurée, une formule miracle pour «...captiver. Donner des raisons de s'enthousiasmer»?
Si Benito prétend connaître cette panacée, il sera un homme riche que toute empresa se disputera. Cependant, il semblerait qu’il s’y soit essayé, aux sources de la Midouze, sans que le résultat se soit avéré tellement probant, ce qui devrait le rappeler à plus de retenue, n'ayant d'évidence su trouver le Graal taurin.
Sachant qu'avec le Graal, ce qui importe c'est la queste.
A Orthez, nous faisons du mieux que nous pouvons, avec le peu dont nous disposons, sans être particulièrement épaulés par le mundillo, c’est le moins que l’on puisse dire.
A défaut de réussir pour l’instant, nous osons.
Cela s’appelle en langage taurin «avancer la jambe» et cela devient si rare et si désuet de nos jours…

Xavier KLEIN

jeudi 17 septembre 2009

Don BULL (suite)

Selon les spécialistes et les vertueux esprits qui s'indignent volontiers des excès d'outre-atlantique, mais ne considèrent pas ceux qu'ils cautionnent sous nos cieux (le coup de la poutre et de la paille...), la pitrerie de Las Vegas se serait terminée en bide lamentable.
On se soucie déjà des répercussions du tsunami parti des confins du Nevada. En fait une vaguelette qui effraie surtout ceux qui aiment à se faire peur avec des illusions et des épiphénomènes pour mieux s'aveugler sur les réalités.
Et puis, il y a ceux qui ne se bercent pas que de discours alarmistes et se remuent.
C'est le cas de notre ami et lecteur Pierre Thomazo, qui après une nuit d'étreintes passionnées, a sacrifié l'un des draps de soie de son lit de compétition à baldaquins (avec menottes intégrées) pour y porter, en lettres de sang, le témoignage de sa ire.
Parler c'est bien, agir, c'est mieux!
La banderolle (en fait, il y en avait deux) n'était pas aux barreras, posée par quelque activiste du callejon, mais dans les gradins du populo.
Faudrait pas pousser tout de même! Se salir les mains ou risquer d'altérer les bonnes relations qu'on cultive avec le mundillo et les figuras.
La franchise et l'impertinence ont leur limite, surtout dans le beau monde de ceux qui fraient avec les "bullfighting people".
Xavier KLEIN

mardi 15 septembre 2009

DIMANCHE 13 A DAX: EXTRAORDINAIRE CORRIDA DE J.P.D.

«Vous avez détruit ce que l’on ne voit nulle part pour édifier ce que l’on voit partout»
Apostrophe de Charles Quint au chapitre de la cathédrale de Cordoue

Comme suite à l’événement taurin de la veille, où l’on avait pu s’émerveiller du comportement sauvage et indomptable d’un lot de Victoriano del Rio, copie conforme de ces Daniel RUIZ de la feria, qui avaient tellement esbaudis le bon peuple par leur fougue et leur piquant, on donnait à voir un lot de dimensions réduites, d’un certain Victorin de Galapagar, sorcier de son état.
Ah, la magie des charges sages et mesurées, l’application à poursuivre inlassablement l’étoffe sans distraction ni arrières pensées malignes, la rectitude des parcours, l’auguste tête qui s’incline inlassablement pour effleurer le sable, la prude fadeur des humbles! Et jusque même à cette pointe de faiblesse qui scelle la qualité des grands toros modernes!
Que voulez-vous mon bon monsieur, on ne peut pas «s’employer» et «servir» avec grâce sans en subir quelques effets! Tous les laquais vous le diront.
Un léger bémol pour ce sixième toro qui poussa l’outrecuidance jusqu’à vouloir se comporter comme un Victorino MARTIN.
Mais si! Mais si! Qu’il vous souvienne de cet élevage tellement atypique et attachant qui, jusqu’à la fin du XXème siècle, perpétuait vainement les valeurs talibanesques de la tauromachie d’un autre âge! A l’ancienne qu’ils disent! Comme si la modernité recelait encore quelques vertus dans le monde de la décroissance!
D’ailleurs David MORA, l’aimable jeune homme qui l’affrontait se trouva fort dépourvu quand la bise fut venue. Impossible avec ces oiseaux là de lier, de toréer de pico, de rester en retrait! C’est qu’il faut sans cesse s’investir, se croiser, pénétrer leur terrain, leur «monter dessus», suer de peine et de peur quoi! Des toros bien peu urbains et fréquentables en somme, pour le bel ombrageux.
Etant donné son âge vénérable, le maestro EL FUNDI, surnommé «Orangina», car il ne saurait se priver d’être périodiquement secoué, demeure l’un des seuls à conserver le savoir-faire lidiador indispensable à cette matière taurine.
Las! On l’excusera volontiers de s’être ressenti d’une saison très éprouvante.
Tout de même, les quelques rares observateurs avertis, attentifs donc nécessairement décalés, auront apprécié, en dépit d'un toreo distancié, le luxe incongru offert par un maître, comme des perles à des cochons, d’un toreo puissant et dominateur, sur un même terrain, sans errements aux quatre coins du ruedo, sans se faire mordre l’étoffe, et sans se faire bouffer par son adversaire.
Les autres, la masse des «clients» se sera gavée bonhommement et sans manières du clinquant et du tape à l’œil fourbi par Alberto Aguilar. Le petit Albert ne se sera rien épargné pour plaire à la masse ravie dans un répertoire «paysanas» qui plût beaucoup. Heureusement, la justice immanente trancha, à la justement nommée «hora de verdad», et «les aciers», comme causent certains cuistres, bien que portés avec franchise, ne lui permirent pas de triompher.
Courage Victorin! Tes talents de «brujo» finiront par payer.
Encore un petit effort et tu transmuteras l’or en plomb et un sang prestigieux et original en produit standardisé et vénal.
Dans trois ans à n’en pas douter, tu nous pourvoiras en garcigrande ou en zalduendos travestis en albaserradas.
Mais le plus extraordinaire n’est pas là.
Pas plus que dans des vueltas de complaisance à des adversaires qui n’ont rien témoigné de particulièrement exceptionnel.
Ni même dans un troisième toro cojo ou invalide qu’on eût dû avoir le bon goût de changer.
Rendez vous compte, après l’année de l’indulto, une autre année inédite, celle de la première corrida dacquoise depuis des lustres, où ne dégringole aucune oreille…
Ça, c’est un événement.
Décidément Dax surprendra toujours, même sans le faire exprès.

Xavier KLEIN


vendredi 11 septembre 2009

"Les injures sont les raisons de ceux qui ont tort" FENELON

Chers amis anti-corridas,

D'évidence, beaucoup d'entre vous fréquentent ce site.
Un récent post de Madame Claire STAROZINSKI, mais également des interventions de Madame "Jo" BENCHETRIT sont advenues, et je les ai courtoisement, loyalement, honnêtement, et intégralement conservées.
Je comprends et j'admets parfaitement votre position, qui me semble tout à fait honorable, même si, c'est un truisme, je ne la partage pas.
Vos idées ME paraissent absconses voire absurdes. J'ai bien dit ME PARAISSENT, je n'ai pas affirmé qu'elles l'étaient.
Le respect d'un autre être humain me paraît une règle civilisatrice incontournable, mais je vise à l'humanisme, et vous aspirez à l'animalisme, ce qui pourrait expliquer beaucoup de choses.
Je n'ai jamais dit non plus que vous étiez stupides ou, pire, infâmes, et je ne l'ai même jamais pensé.
La réciproque est-elle vraie?
Il ne vous aura pas échappé qu'à part une infime minorité d'excités qui s'expriment sur le net avec virulence et vulgarité à votre endroit, la plupart des "aficionados" vous manifestent de l'indifférence. Il en va de même lors de vos manifestations (provocations?), pourtant souvent très agressives, qui ne recueillent le plus souvent, et vous le savez, que des sourires narquois et des haussements d'épaules placides. Je suis resté plus de 3h à Dax l'an dernier à vous observer et même à discuter avec vous et je n'ai constaté aucune violence envers vous. Vous savez parfaitement que vous ne risquez rien, ou pas grand chose, dans des régions ou la tolérance et la pondération des idées sont de règle.
Prendriez-vous les mêmes libertés avec d'autres publics ou sous d'autres cieux?
Il ne vous aura pas échappé non plus que cette diversité d'opinion, ce regard critique porté sur soi et sur "l'objet de la passion", ce débat permanent, cet échange d'idées, cette démarche pour arriver à cerner ce que l'on aime et ce que l'on fait s'expriment librement sur ce blog.
Cette liberté de ton, cette remise en cause existe-elle dans vos rangs?
Et c'est là que réside toute la différence entre une "foi", qui ne relève en rien de la raison, et le regard lucide que nous essayons ici de développer, y compris sur nos pratiques.
Quand j'évoque une foi, j'en arrive à penser fanatisme devant la violence des propos que vous ne manquez pas de développer et qui substituent systématiquement, ou presque, l'insulte à l'argument, et la condamnation sans nuances à la tentative de compréhension de l'autre, de l'Autre, dans sa différence.
Cela porte un nom: l'INTOLERANCE.
Il me semble intéressant et positif de votre part, que vous veniez de temps à autre vous promener dans les colonnes de la Brega.
Si cette démarche est dictée par le désir de comprendre et de découvrir un autre discours, une autre réalité, un autre "ressenti" (y compris dans un domaine qui vous révolte), cela me semble tout à fait estimable.
S'il s'agit de venir y recueillir matière à vos diatribles pourquoi pas, au moins vous éviterez d'évoquer ce que vous ne connaissez pas. Je ne vous en blâmerai certainement pas, agissant de même et fréquentant vos sites, sans pour autant vous insulter.
La seule exigeance que j'aurai, sera celle de la courtoisie et du respect.
Que certains d'entre vous s'amusent à systématiquement cocher l'onglet "à oublier vite" à la fin des articles, c'est puéril certes, mais cela prête à sourire.
Que certaines y aillent de leur prêche répétitif, cela n'apporte rien, mais cela se supporte encore.
Ce qui est inacceptable ce sont les injures, qui plus est anti-sémites, que j'ai reçues récemment.
"Crève et souffre klein youpin, et tes enfants aussi, comme tu fait (problème d'orthographe) soufrir (décidément!) les animaux"
Je ne suis pas juif, mais le deviens volontiers avec les anti-sémites, par solidarité. Comme le roi de Danemark qui porta l'étoile de David le jour où l'occupant nazi l'imposa.
Mais juif ou pas, je me questionne sur cette violence intolérable, et sur ce et ceux (celles) qui par des discours excessifs, des argumentaires sommaires, des comparaisons inadmissibles lui permettre de naitre et de se légitimer.
Je ne peux penser que vous soyez à ce point irresponsables des monstruosités, qu'à votre corps défendant sans doute, vous engendrez.
Cela ne m'atteint nullement en tant que personne. Tout ce qui est excessif est méprisable.
Mais cela fait vraiment douter de l'humanité.
Si le contenu de ce blog, son mode d'expression vous déplaisent, libre à vous de ne pas le fréquenter.
Bien à vous.
Xavier KLEIN

mardi 8 septembre 2009

«Medice curate ipsum»

Commémoration oblige (indulto de Desgarbado), grande offensive automnale de l’establishment médiatico-taurin qui se fait actuellement les gorges chaudes d’un article commis par un certain Guy LAGORCE, génie littéraire heureusement méconnu qui a marqué d’une empreinte indélébile l’histoire des lettres françaises.
Les brillants sujets ne hantant plus comme antan les callejons ou les barreras, on s’en remet à un LAGORCE. On a les gloires qu’on mérite ou du moins celles que l’on peut!
C’est le lot des esprits médiocres que de se référer à l’autorité, réelle ou supposée, d’une célébrité, ou prétendue telle. On le voit dans les débats taurins ou anti-taurins où chacun se presse d’exhumer la citation de son grand homme –de Victor Hugo à Picasso- qui viendrait ainsi cautionner, de sa stature, la justesse de la cause.
LAGORCE n’échappe pas à ce travers en faisant lui aussi parler posthumément les morts, à qui, comme les statistiques, on fait dire ce que l’on veut.
Nous nous en abstiendrons.
LAGORCE convoque l’union sacrée et flétrit les semeurs de «querelles byzantines», qui à ses yeux déchirent et divisent la nécessaire unanimité qui devrait s’imposer. C'est curieux chez les sportifs ce besoin de marcher au pas cadencé, en rangs serrés.
LAGORCE stigmatise «les docteurs en tauromachie auto-proclamés», les «ayatollahs», étincelant ainsi d’une originalité sémantique et d’une profondeur de pensée insondables. Faut-il user de cruauté en le renvoyant à l’éblouissant article d’André-Marc Dubos ("Les ayatollahs ne sont pas ceux que l’on croit"), qui sait lui, ce dont il parle?
LAGORCE insulte, LAGORCE méprise, LAGORCE caricature et déforme.
Et de clore par un théâtral: «Nous ne répondrons pas». Couillon va!
C’est à dire qu’il use à l’envie de ce qu’il voudrait critiquer.
Qui est donc ce Monsieur LAGORCE pour prétendre ainsi distribuer les blâmes et les imprécations? Un nouvel Hemingway? Ou plus vraisemblablement un sous-Blondin de pacotille?
Que Guy LAGORCE jouisse à satiété du mièvre agrément de faenas de complaisance, qu’il se satisfasse avec gourmandise de l’innocuité de l’adversaire ou de la vacuité du combat, c’est son problème et un droit que personne ne lui contestera.
Mais qu’il s’abstienne surtout de l’insulte et de l’anathème, et d’étaler par là même les fastes navrants de son insignifiance taurine. C’est scabreux et c’est ridicule.
Pour citer, puisqu’il le faut, citons Hugo: «L’odieux est la porte de sortie du ridicule»
Son opinion n’est pas un fait, ni une vérité. La mienne, la nôtre non plus d'ailleurs, nous ne l’avons jamais revendiqué. Pour autant doit-on s’abstenir de les émettre au risque que cela déplaise aux esprits conformistes? Quelqu’un pourrait-il se dévouer pour l’expliquer à Guitounet?
Monsieur LAGORCE conclut qu’il irait même jusqu’à nous aimer.
On s’en passera sans regrets. Quoique l’amour vache siée bien à la tauromachie!

lundi 7 septembre 2009

«Ce sera la faute à pas de chance»

"La chance est la forme laïque du miracle"
Paul Guth
En réponse à un commentaire récent de l’ami Chulo... il faudra bien tout de même recentrer le discours sur ce qui fait débat, "la tauromachie moderne" et ses trucages et ses superficialités et "le toro artiste moderne" qui pourraient bien mener la corrida à sa destruction pure et simple, lorsque les effets euphorisants et "taquilleros" de ces vagues de "triomphes" de pacotille et d'"indultos" en carton mâché seront retombés comme des soufflets nauséabonds.» http://bregaorthez.blogspot.com/2008/11/chronique-dune-mouche-3.html), il paraît utile de relever l’un de ces lieux communs, qui, sous des dehors de vérités «évidentes» et révélées, distillent l’essence du débat.
Dans POTINS BAYONNAIS (Terres Taurines édito du 7/09/09) on peut lire: «
Pour résumer l'impression générale, s'il n'y eut pas de protestations hier au terme de la course - juste une petite bronca très méritée pour le dernier toro - c'est que chacun avait compris que l'affiche était on ne peut plus prometteuse. Et quand une telle affiche ne "fonctionne" pas, cela s'appelle un accident.
Un peu comme le cartel dacquois de samedi prochain -Ponce, Juli, Castella face à des Victoriano del Rio -, plein de promesses aussi. Si cela ne marche pas, ce sera la faute à pas de chance, car tous les ingrédients sont réunis.
»
Il faut se souvenir de la réalité de ce que fût la «corrida de l’indulto». Je cite les paroles même du compte-rendu effectué par TT ce jour là à propos d’un lot de «demi-toros» et de «piètres adversaires»: «On en était à se demander si la sciure répandue sur le ruedo n'était pas le lit dans lequel la tête d'un veedor allait rouler...» (
http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-09-08/08-09-081.php). Desgarbado s’est avéré ce jour là, le seul «collaborateur» utilisable, après une série de toros sosos et décastés. Ce qui n’est pas sans expliquer son triomphe inespéré: après le pain de guerre on déguste le pain blanc comme de la brioche.
De même on a totalement oublié, ce que furent «les» vrais moments réellement tauromachiques de l’après-midi, soit les 2 faenas –notamment la seconde- du maestro Morante.
Si la réédition d’un tel lot (5 toros lamentables) est un «ingrédient» conditionnant un succès prévisible et, faut-il le croire, programmé, cela n’a rien à voir avec la chance, cela à voir avec une volonté délibérée de présenter ce type de spectacle.
En fait de chance, on aura plutôt celle de voir un lot faible (picotazos), fade et «carretonesque».
J’y serai, en fidèle abonné dacquois, et j’espère le contraire, tant pour les organisateurs que pour le public.
Je ne m’attends toutefois pas à un second miracle. Les obus tombent rarement dans le même trou! A moins que Don Victoriano n’ait eu le bon goût d’introduire dans cet «ingrédient», la puntilla de bétail vraiment encasté qu’il conserve en fond de finca.
Si cela ne marche pas, ce ne sera nullement un «accident», mais les résultats d’une politique taurine globale et d’une programmation qui, par delà Dax, veut nous imposer un modèle taurin, comme le suggère El Chulo.
Foin des hypocrisies! Quand donc les «clients» se dessilleront-ils et prendront-ils conscience que ce «toreo moderne» n’annonce que les prémices de Las Vegas, le vestibule de Don Bull?
Enfin, quelque soit le résultat samedi soir, hormis option très improbable où sortirait un lot de noirs démons sauvages, auquel cas le problème se poserait au niveau des sympathiques concurrents (que l'on excuserait aux motifs que les toros "ne servaient pas"), il ne s'agira pour certains que de la faute à "pas de chance" si les choses tournent mal.
De remise en cause, il n'en sera jamais question.
Qui veut prendre les paris?

Xavier KLEIN
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vendredi 4 septembre 2009

EVOLUTION OU DUPLICITE?

«Le paradis terrestre, où tous les gens s'aimeraient, où ils seraient courtois et aimables, où tout serait beau et évoluerait harmonieusement à la satisfaction du Seigneur, n'existera jamais.»

Vaclav HAVEL, «Méditations d’été»


Qu'on ne songe nullement que je sois, peu ou prou, obnubilé par certains sites et par les sympathiques plumitifs qui les animent.
Certains ne sauraient passer la journée sans une étude approfondie du Midi Olympique, d'autres ne louperaient pour rien au monde les derniers caquètements du Canard Enchaîné, d'aucuns, plus pervers éprouvent quelques émois solitaires à la lecture de Valeurs Actuelles ou de l'Observatore Romano (excellent quotidien au demeurant!).
En ce qui me concerne, pendant longtemps, je me suis régalé plus classiquement de la compagnie du Monde, mais le digne vieillard n'étant plus ce qu'il était, je me rabats donc sur la presse régionale et le suivi attentif des nouvelles locales distillées par Monsieur Eric (Normand) et Mlle Aurélie (Champagne) pour savourer les péripéties de leur competencia orthezienne.
En matière de tauromachie, ce m'est un grand délassement, à la nuit tombée, au chant des grillons et des grenouilles (les unes boulottant les uns), que de consulter les dernières nouvelles du front interneto-taurinesque.
Je clique donc sur la liste adjacente du présent blog, au gré des nouveautés.
Parfois, je le confesse bien honteusement, comme on se commet au bouge, je me risque même à fréquenter certains échos callejonesques, sources de plaisirs vulgaires voire grassement populaciers. Qui n'a jamais donné dans la «Danse des Canards», entraîné par un tonton paillard ou une luronne hystérique?
Mais l'on ne saurait clore ces saines lectures sans un passage obligé à Tore Terrine, source de toutes les surprises et de tous les ravissements (lien ci-contre).
Ne me dîtes surtout pas que vous n'en faites pas de même, on ne vous croirait pas...
Pour une fois je m'abstiendrai, de toute critique excessive (la mouche s'en occupe mieux que moi).
Dans un article intitulé: «VOYAGE VIRTUEL», l'auteur, un boxeur bien connu, après les quelques délires un tantinet paranoïdes dont il est souvent coutumier, où l'on est sommé d'apprécier la taille de ses archives, l'exclusivité de ses informations ou l'immensité de l'œuvre entreprise, se confie avec l'ingénuité d'une pucelle dans son journal intime.
On apprend donc que derrière la rude et sévère figure du champion acharné de l'O.N.C.T. se cache pudiquement, oui disons-le sans artifices, une bluette éperdue d'aventures insensées et romantiques.
Dédé était toriste et nous ne le savions pas!
Certes pour l'initié sagace, on pouvait déceler depuis quelques temps, une -comment dire- certaine inflexion de la ligne du parti.
«On» délaissait progressivement le discours sur le «toro moderne», passablement mis à mal -il faut bien le dire- par les réalités (mais là aussi gardons nous d’enterrer le sujet: les années se suivent et ne se ressemblent pas et il est aussi stupide de tirer des conclusions hâtives sur ces élevages «de figuras», que sur la supposée «décadence» de Miura ou de Victorino).
«On» se montrait plus critique à l’endroit de la soseria ambiante.
«On» entamait un discret et opportun rapprochement tactique avec des plazas connotées toristas (Céret).
«On» se confiait quant au lieu des pèlerinages de rigueur, des plazas fréquentables, des must indispensables, et ma foi, passées les nécessités de satisfaire les commanditaires de la «réclame», les conseils ne manquaient souvent ni de goût, ni de gueule, ni de pertinence (à part l’anathème jeté sur Orthez, bien sûr!).
«On» avoue enfin ses intérêts véritables: «[…] Prieto de la Cal, Moreno de Silva, José Buendia et le ganadero de Valdellan […]». Toutes choses belles et bonnes que les lecteurs de ces lignes ne sauraient désavouer.
Au train où les choses avancent, à quand le grand frisson amoureux, l'idylle toride avec Folque de Mendoça Palha? Gardez-moi un produit de l'étreinte...
Et c’est là que le bât blesse.
Virerait-«on» sa cuti? Opèrerait-«on» un virage idéologique qui ne dirait pas son nom? Brûlerait-«on» ce qu’«on» a adoré et adorerait-«on» ce qu’«on» a brûlé.
Car le bougre s'y entend, et s'il y a des vérités qu'on ne peut lui enlever, c'est d’une part l’intelligence, et d’autre part une connaissance fine et approfondie du sujet... Ce qui ne rend le dévoiement de ses positions que plus affligeant et contestable.
De quatre choses l’une:
Ou bien «on» vit un véritable syndrome inconscient schizophrène de césure entre ce qu'«on» aime réellement, et ce qu’«on» promeut publiquement.
Ou bien «on» fait preuve d’un cynisme à toute épreuve: «- Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais!».
Ou bien «on» s’est gouré, et il serait honnête, franc et loyal de reconnaître son erreur.
Ou bien, enfin, le décalage entre des positions inacceptables pour la majorité de l’aficion «active», non pas celle qui remplit les arènes, mais celle qui s’investit et garnit les gros bataillons de la militance possible, devient-il intenable tant pour le président de l’O.N.C.T. que pour le rédacteur de revue. Décalage qui impose des révisions incontournables, sous la pression de la base, et de ses compagnons «observateurs».
Entre ces diverses options faut-il choisir, au risque du procès d’intention gratuit et infondé?
Je m’y refuse, balançant sans cesse entre l’espérance et le constat désabusé des turpitudes. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne nourris aucun ressentiment personnel et n’entretiens aucun compte à solder avec «on». La réciproque n’étant pas vraie.
Partagé selon les circonstances entre le sourire amusé, l’irritation momentanée, voire la colère passagère, je demeure toujours surpris de constater combien l’empire de la passion, et en l’occurrence de la pulsion peut obérer les esprits les plus talentueux et l’exercice efficace de leur industrie. Constat sur autrui comme sur bibi-ma pomme, bien que je ne prétende à aucun talent exceptionnel. Comme les gens intelligents peuvent agir connement!
C’est pitié!
Certes l’activité taurine doit procéder d’une distanciation indispensable. Combien de problèmes de notre communauté humaine s’avèrent infiniment plus fondamentaux! Mais elle s’inscrit dans notre culture du sud comme un symptôme, une pierre de touche de nos valeurs et de l’évolution de notre société. La tauromachie est une métaphore éminemment révélatrice tant dans son essence, que dans la tolérance que la société veut bien lui concéder.
Il n’y a pas de petits combats. La démocratie, l’exercice du droit constituent un équilibre précaire et sans cesse à construire sur la globalité de l’éventail de l’activité des hommes.
On aimerait, qu’y compris dans ses aspects périphériques, même si les toros sont affaire de passion, la raison et osons le mot, la SAGESSE, demeurent la clef de notre action publique. La sagesse ne s’incarnant pas dans l’acceptation fataliste et passive des faits, mais dans l’action réfléchie, déterminée et pondérée, voire combative.
Tant l’homme que le président de l’O.N.C.T. peuvent-ils s’amender et satisfaire à ces exigences?
Il nous faut le croire, il nous faut l’espérer, devant des cieux qui s’assombrissent et la nécessité, sinon d’une «union sacrée» utopique (la tauromachie est diverse et prête naturellement à débats et polémiques), du moins d’un recentrage sur l’essentiel quant au fond et une pratique de la tolérance, de la concertation et de l’esprit fédérateur quant à la forme (qui excluent les positions tranchées individuelles).
André Viard doit oublier Dédé, être au clair de son désir, et se hausser à la hauteur de ses responsabilités.
Il en aurait la carrure, en aura t-il l’ambition? Et surtout la possibilité, tant il est vrai que le pire ennemi d’André, c’est Dédé, comme celui de Gainsbourg était Gainsbarre?


Xavier KLEIN