Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 27 août 2010

BECASSINE s'engage avec les «ZANTIS»

Dédié aux grands démocrates bestialistes qui ont très courageusement jugé bon de balancer des virus dans leurs messages haineux, et à mon antivirus qui a réussi à les éliminer. Paulette dans tous ses états

S’il y a bien un truc qui m’insupporte plus que tout en matière d’argumentation et de combat des idées, c’est le procédé qui consiste à se référer sans cesse à l’autorité morale ou scientifique de tel ou tel plutôt que de s’appuyer sur les ressources de sa propre pensée.
Ça donne à peu prés cela: «-Nananère, moi, j'ai Théodore Monod, Alain Delon ou Milène Demongeot qu'ont signé ma pétition … pouetpouet cacaboudin!»
Ce travers trouve son aboutissement dans les «comités de soutien» ou de parrainage, dont la notoriété des signataires est sensée garantir la justesse des propos et de la cause défendue.
C’est une vieille pratique stalinienne, dont on usa et abusa à l’envie, et qui semble revenir à la mode en nos temps de populisme exacerbé.
Si la chose porte auprès d’un public influençable ou qui, sans aller chercher plus loin, a renoncé à penser par lui-même, il n’en va pas de même avec ceux, de plus en plus rare en vérité, qui n’accepte pas de déléguer leur droit à la réflexion.
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Le problème, c’est qu’en allant chercher ainsi des célébrités, ou comme on dit maintenant des «people», on prend aussi le risque de s’asseoir à coté de la chaise.
C’est le cas de notre B.B. (ultra) nationale, la pasionaria de la cause bestialiste, qu’on évite de trop sortir de son placard tropézien tant elle a poussé le bouchon loin. La pestilence de la «bête» pourrait insupporter certaines narines.
C’est le cas également du chanteur Renaud, un exemplaire tout à fait représentatif de l’évolution d’une certaine extrême gauche soixante-huitarde très désillusionnée qui, à l’instar de Philippe Val et de nombre de ses petits camarades de Charlie Hebdo (publication très anti-taurine où Renaud a travaillé), sont passés de la révolution à tous crins à une contestation très … conformiste, voire à une franche collaboration avec le régime. Dieu sait si, comme tant d’autres, j’ai pourtant aimé Renaud!
La difficulté lorsqu’on choisit la stratégie de placer quelqu’un en exergue, c’est qu’il faut trouver la perle rare qui s’avère parfaitement exemplaire et indemne de toute critique morale.
L’humanité étant ce qu’elle est, la chose s'avére par principe impossible, mais cela importe peu pour ceux qui ne se résolvent nullement à dissimuler l’indigence de leurs idées derrière une notoriété faussement attractive. Vanitas vanitatis!
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On aurait pu laisser l’aimable Paulette DUBOST «vivre entre ses parents le reste de son âge», lui coller de l'engrais deux fois l'an, l'arroser périodiquement.
On aurait pu également la dissuader de compenser l’indigence qualitative de sa carrière cinématographique par la gloriole fallacieuse de s’affirmer la «doyenne des comédiens français» ce qui est, avouons le, un peu court comme titre d’excellence.
Que non pas! On profite des velléités de reconnaissance d’une cabotine de seconde zone pour l’instrumentaliser à outrance et redorer un blason qui, de fait, n’a jamais existé.
Si l’âge peut témoigner -rarement- de l’accession à la sagesse, il révèle le plus souvent les effets du gâtisme. En outre, le fait d’avoir vécu longtemps multiplie les opportunités des conneries qu’on a pu commettre.
C’est le cas pour Dame Paulette, à qui, a priori, je n’aurais rien trouvé à redire ni à reprocher, si elle s’était contenté de subsister derrière le paravent de son insignifiance.
Mais comme Paulette s’agite, manifeste, écrit au président (
http://flac.over-blog.com/article-lettre-de-paulette-dubost-au-president-de-la-republique-51113878.html), qu’on la brandit comme un étendard, examinons en le tissu sous toutes les coutures.
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Paulette DUBOST, née Paulette, Marie, Emma DEPLANQUE le 8 octobre 1910 à Paris a très tôt rejoint la cause animale puisqu’elle devient à 8 ans, petit rat de l’Opéra. Peu douée pour les études, elle parvient à obtenir son certificat d’études grâce à ses bonnes notes en…gymnastique: un phare de la pensée est né!
C’est sûrement pour la production de ses méninges que le célèbre escroc Alexandre STAVISKY (détournement de plus de 200 millions de francs au détriment du Crédit municipal de Bayonne avec la complicité du député-maire de la ville, Joseph GARAT) en tombe éperdument amoureux et la courtise assidûment durant 3 ans (elle avait 13 ans et lui 27 au début de l’idylle, ce qui témoigne de l’environnement moral de son éducation). Vous laisseriez votre gamine de 13 ans se faire gourmander par un barbon, vous?
Elle entame à partir de 1930 une carrière cinématographique en multipliant les seconds et troisièmes rôles, souvent de soubrette, dans des comédies aux scénarios «consternant d'aridité».
Elle travaille dés les années 30 pour l’U.F.A. (Universum Film AG), la compagnie de cinéma allemande qui allait devenir l’un des principaux rouages de la propagande nazie.
En 1932, lors d’un dîner de gala donné en l’honneur du cinéma français, elle voisine avec un certain Adolf HITLER, qui paraît-il se serait permis quelques privautés, en lui tâtouillant gentiment la cuisse (il avait bon goût le bougre) et en lui parlant d’amour *. Le hic, c’est que d’une part Hitler baragouinait quelques bribes d’un français exécrable, que d’autre part, tous les témoignages concordent pour témoigner d’une certaine aversion pour les dames, qu’il tenait à distance, et qu’enfin le Führer barbait régulièrement ses interlocuteurs par ses tirades politiques interminables.
Sans doute Adolf a t-il dû entretenir l’avenante Paulette de son amour immodéré pour les «zanimaux» qui devait le conduire à promulguer dés l’année suivante la législation la plus avancée en la matière.
Peut-être, dernière hypothèse, était-ce la queue de son clébard Blondie qui caressait les jolies gambettes de la starlette?
On peut donc se demander si Paulette prenait déjà ses désirs pour des réalités et fabulait ou si elle radote sévère depuis ses 90 piges.
Dans tous les cas, s’afficher ainsi en 1932 avec Hitler témoigne pour le moins d’une certaine légèreté et d’un furieux manque de lucidité et de clairvoyance. En 1932, on savait déjà de quoi il retournait à son sujet, même si on n'avait pas lu Mein Kampf dans le texte… A 22 ans, même complètement demeurée, on ne peut ignorer que le gentil moustachu avec qui on badine est le meneur des bandes de malfrats qui tabassent quotidiennement les juifs, les tsiganes, les démocrates ou les pédés.
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Paulette mariée avec André OSTERTAG, un riche colon marocain (pas folle la guêpe!), eût pu se contenter de faire du tricot (http://ouestfrance.cd-script.fr/opdf/1935/12/18/85/1935-12-18_85_03.pdf), mais non, en 1940, «l’infatigable» trouve enfin un rôle à la mesure de ses capacités: Bécassine dans un film qui ridiculise et horrifie toute la Bretagne et provoque une levée de boucliers. Un navet où l’on voit Annaick La Bornez, alias Bécassine donner le sein à un porcelet pendant que les enfants mangent des épluchures de pommes de terre. Tout un programme animaliste, déjà!
Ce film qui devait représenter l’apothéose dubostienne est mis en scène par un certain Pierre Caron, un garçon sympathique qui partira subitement en voyage d’affaires en Amérique du Sud en 1945, l’air français lui devenant préjudiciable.
Comme il le fut pour nombre d’ami(e)s ou d’intimes de Mme Paulette, notamment Danielle DARRIEUX (qu'on surnommait D.D.), qui travailla pour la Continental (société de production de droit français mais de capitaux allemands créée en septembre 1940 par Joseph GOEBBELS) et fit le honteux «voyage à Berlin» organisé par la Propagandastaffel avec Viviane Romance, Suzy Delair ou Albert Préjean.
Dis moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es.
On sait que les beaux officiers teutons avaient un goût prononcé pour les Paulettes, mais notre Bécassine qui se partage avec des séjours au Maroc, pouponne avec sa fille Christiane, née en 1942, ce qui lui évite des tentations, même si elle divorce en 1944 (pas commun à l'époque!).
Evidemment, nul ne peut reprocher aux acteurs et actrices de l’époque d’avoir voulu survivre et travailler. On connaît la répartie d’Arletty qui avait eu quelques bontés pour le bel aviateur Hans Jürgen Soehring, lors de son arrestation: «- Si mon cœur est français, mon cul, lui, est international!». On connaît moins celle qu’elle fit à Michèle Alfa et à la magnifique Mireille Balin (qui fut violée par les F.F.I. à la Libération), qui avaient elles aussi pratiqué la collaboration «horizontale»: «- On devrait former un syndicat!», ce qui avec l’accent d’«Atmosphère! Atmosphère!» ne devait pas manquer de piquant, et nous alerte sur les pratiques des people de l’époque, dont Madame Paulette était. Tout cela ne l’a pas empêché d’interpréter magistralement le rôle de Garance dans «Les enfants du Paradis», un chef d’œuvre absolu.
Tout le monde n’a pas le caractère d’un Jean Gabin qui, préférant s’exiler pour ne pas avoir à travailler pour les nazis, s’engage en 1943 dans les Forces françaises libres.
S’ensuit pour Paulette, à la Libération une interminable succession de nanards (de «Ploum, ploum tra-la-la» au désopilant «Retour des bidasses en folie») ou bien de deuxième ou troisième rôles. Une grande carrière de plus de 150 films!
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En 1992, il y a 18 ans, faisant toujours preuve d'une grande clairvoyance, elle commet un livre de mémoires au titre prometteur: «C’est court, la vie». Elle fêtera ses 100 ans en octobre…
Ce qui ne l’empêche nullement de poursuivre sa longe marche de militante engagée et de renoncer à son adhésion à l’U.M.P., mouvement éminemment révolutionnaire (lire le commentaire de fin:
http://flac.over-blog.com/article-ceret-ceret-entretien-avec-joan-pere-dunyach-51470275-comments.html).
L’instrumentalisation va bon train, et l’on prépare activement et scientifiquement l’anniversaire de la chère vieille chose, avec le soutien de la F.L.AC. de la Fondation Brigitte BARDOT et de l’incontournable Thierry HELY, toujours en quête d’existence et de reconnaissance (
http://les-amis-de-paulette-dubost.over-blog.com/ext/http://sites.google.com/site/dubostpaulette/). Un Thierry HELY qui n'hésite pas à se risquer témérairement à manifester à Dax, le 16 août 2008, courageusement planqué derrière la nonagénaire (on ne sait jamais avec les tortionnaires aficionados!) même si ce jour là (j'y étais), pas plus que d'autres, il n'y a eu aucune violence de ces derniers!

Il faut bien faire feu de tout bois!

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Mais où est le cinéma dans tout cela?

La Cinémathèque Française paraît d'ailleurs renâcler pour apporter son concours à la grande oeuvre, ne jugeant pas pertinent de festoyer ainsi (http://groups.google.com/group/100-ans-de-paulette-dubost/browse_thread/thread/f2e8bf5540776b7d) .
A consulter les échanges à propos de l'évènement, on comprend pourquoi: le site consacré aux festivités de la centenaire est complètement phagocyté par les bestialistes de tous poils (
http://groups.google.com/group/100-ans-de-paulette-dubost). Le moindre événement, la moindre interview, sont prétextes à propagande.
Avec les publicités et le tourisme manifestatif on a désormais une petite idée des actions où passe le pognon que les gogos versent aux associations zoophiles.
Car pourquoi aller chercher un tel exemple d'une vie de lutte et d'engagement admirable sinon pour complaire au public-cible de mémères-à-leur-chien-chien, et d'accros à Michel Drucker?
On sait nos «zantis» assez sommaires, mais miser ainsi sur une coquette sur le retour, fallait quand même le faire. Enfin, ça permettra peut-être à HELY de s'introduire dans le showbizz, depuis le temps qu'il en rêve, et de devenir enfin quelqu'un!

*

Je sais, dans la grande tradition de la galanterie française, il n'est guère élégant de s'en prendre à une dame, à une vieille dame de surcroit. En l'occurrence, c'est sans aucun doute ce qu'ont escompté les têtes pensantes bestialistes. Se cacher derrière les chaises roulantes est-il plus honorable? La chère Paulette, ou/et ceux qui trouvent intérêt à la manipuler ou à l'instrumentaliser (on a vu ces derniers temps avec l'Oréalcombien il est aisé de profiter du troisième âge!) ont pris le risque de la pousser en avant: qu'ils l'assument...
On voit peu les aficionados se planquer derrière des «people», et encore moins derrière les nonagénaires. En tout cas, pas dans ce blog.

Chacun ses valeurs.

Xavier KLEIN

A lire les notices biographiques (avec recul, sans commentaires critiques)
* Frédéric TADDEÏ: «- Il paraît que vous vous êtes retrouvée à table, que vous avez dîné avec Adolf Hitler, avant qu'il soit chancelier.»
Paulette DUBOST: «- Oui.»
Frédéric TADDEÏ: «- Il était assis à côté de vous?»
Paulette DUBOST: «- Oui. Pendant le déjeuner, il me prenait la cuisse, comme ça...»
Frédéric TADDEÏ: «- C'est pas vrai!»
Paulette DUBOST: «- Ah oui.»
Frédéric TADDEÏ: «- Adolf Hitler!»
Julie DEPARDIEU: «- Mais c'était où?»
Paulette DUBOST: «- À Berlin. J'ai beaucoup tourné de films à Berlin. Pendant des années j'ai tourné des films à Berlin. Et c'était très bien payé. Mieux qu'en France...»
Frédéric TADDEÏ: «- C'était en 1932. Il n’était donc pas encore chancelier. Ça n'était pas la guerre. Hitler est assis à côté de vous et il vous caresse la cuisse... Mais il vous parlait dans quelle langue?»
Paulette DUBOST: «- En français.»
Frédéric TADDEÏ: «- Il parlait français?
Paulette DUBOST: «- Très bien!»
Alexandre MOIX: «- C'est un scoop!»
Frédéric TADDEÏ: «- Et il vous parlait de quoi?»
Paulette DUBOST: «- Bah, il m'a parlé d'amour. Il ne parlait pas du tout de cinéma. Il me demandait si j'avais eu beaucoup d'amoureux dans ma vie, et si ça me plaisait, si j'aimais l'amour.»
Julie DEPARDIEU: «- Vous étiez très, très, très jeune. Peut-être que vous lui plaisiez à fond. Vous n'avez rien fait, j'espère...»
Alexandre MOIX: «- Ce qui me fascine, chez Paulette DUBOST, c'est de se dire qu'elle avait neuf ans quand Marcel Proust a eu le Prix Goncourt pour À l'Ombre des jeunes filles en fleur. Ça, c'est fascinant...»
Frédéric TADDEÏ: «- Je reste fixé sur ce déjeuner avec Adolf Hitler. Il mangeait quoi?»
Paulette DUBOST: «- Il n'a rien mangé. Il n'a rien bu. Il se méfiait sûrement déjà.»
Frédéric TADDEÏ: «- Après, il est devenu chancelier, il y a eu la Seconde Guerre Mondiale, toutes les atrocités, des millions de morts. Rétrospectivement, vous ne vous dites pas: je l'avais là, devant moi?»
Paulette DUBOST: «- Bah, un peu, si. Bah, ah oui, ah oui, ah oui, oui, oui. Ça fait quelque chose, quand même. Ça remue, hein. M'enfin, qu'est-ce que vous voulez, c'était comme ça.»
Frédéric TADDEÏ: «- Vous pouviez pas savoir.»
Paulette DUBOST: «- Bah, oui, bien sûr. M'enfin, si j'avais su, à l'époque, j'aurais pu le tuer. Avec une petite...»
Julie DEPARDIEU: «- Une fourchette...»
Paulette DUBOST: «- Peut-être pas une fourchette, mais un petit poison. Lui mettre dans son verre, sans qu'il s'en aperçoive. Mais ça n'aurait changé rien! Ça n'aurait changé absolument rien, parce que tous les gens qui étaient autour de lui auraient continué à faire ce qu'il avait commencé. Même lui disparu, ça ne changeait absolument rien. Ça aurait été exactement la même chose.»

Emission «Ce soir ou jamais» du 21 novembre 2006

mercredi 25 août 2010

L'Italie n'est pas Berlusconi

Encore la faute à Chulo, qui se remettant mal de sa dernière coloscopie, use et abuse d'un «Me cago» révélateur et lancinant dans un de ses commentaires.
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A moins que la qualité douteuse des eaux malgaches l'entretienne dans un état de tourista permanent.
Par remémoration, l'expression «Me cago» m'a occupé l'esprit pendant quelques heures, venant me butiner l'esprit comme une mouche du coche. Elle a réveillé le souvenir d'une chanson récemment entendue de Tonino CAROTONEMe cago en el amor», http://www.musicme.com/Tonino-Carotone/albums/Mondo-Difficile-0724384969028.html?play=01
), dont j'ai dans la foulée réécouté le CD.
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J'ai quelque appétit pour la vigueur et l'entrain de nombre de chanteurs de la grande botte. Il y a surtout le grand Paolo CONTEVia con me», (http://www.deezer.com/listen-548365), un peu moins l'aimable Lucio DALLACaruso», http://www.deezer.com/listen-566259), mais beaucoup les petits nouveaux comme Fabrizio DE ANDREVia del Campo», http://www.deezer.com/listen-576525).
L'Italie éternelle des voix rauques, l'Italie des excès d'une vie consommée à pleines cordes vocales, l'Italie de la virevolte de la joie et des larmes, l'Italie de la distillation picaresque et toujours distanciée de notre humanité.
L'Italie de Pasolini, du divin Fellini, du génial Vittorio Gassman (Ah «Parfum de femme»!), des superbes Silvana ManganoThéorème») ou Sophia Loren («Une journée particulière»), de Marcello ou de Roberto Benigni.
L'Italie des Curzio Malaparte, Dino Buzatti, Primo Levi ou Umberto Eco.
Cette Italie de l'intelligence, de la finesse, de la culture et pour tout dire l'Italie de la VIE, n'a pas encore capitulé devant les facéties de la lamentable comedia dell'arte du Cavaliere et de ses accolytes. Le fond et la caste demeurent en dépit des ravages du populisme à deux sous, du racolage et du clinquant.
*
La France résistera t-elle aussi bien au Berlusconi français?
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En attendant laissez-vous porter par les ritournelles qui fleurent bon le fond de l'âme italienne. Et pour que l'ami Chulo retrouve sa sérénité intestinale, un dernier chant italien noyé dans un disque de cantos de resistencia (http://www.deezer.com/listen-5316402).
Xavier KLEIN
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Un hymne pour l'O.N.C.T.?

L'usage du Se canto dans les arènes du Sud-ouest ne donne pas les résultats attendus.
En effet, dans les grandes ferias la majorité des spectateurs n'étant pas du cru, n'en connait ni l'air, ni les paroles, quant à la diction et à l'accent idoine...
En sus, il ne provoque pas l'effet unificateur espéré. En Catalogne (française) on chante la Santa Espina ou Els segadors, en Provence Coupo Santo. Le tout mélangé fait assez cacophonique.
On nous informe qu'après un intense travail de réflexion (et oui, on pense à l'Observatoire!), il semblerait que les paroles de l'hymne de l'O.N.C.T. soient enfin prêtes pour être livrées aux foules aficionadas en délire.

Dans certaines plazas on se demande si on le chantera avant ou après l'AGUR, l'effet sur les masses procédant de l'identique.
Reste à trouver la musique, mais très attachées au patrimoine traditionnel, les têtes pensantes de l'O.N.C.T. se dirigeraient vers une rengaine enjouée et mobilisatrice du siècle dernier.

Quelqu'un aurait-il une suggestion pour apporter sa pierre à l'édifice commun et accorder paroles et musiques? Il serait opportun d'être prêt pour entonner l'hymne officiel lors de la grande photo de famille prévue devant
Dans l'attente, en avant première et en exclusivité, la Brega, ne reculant devant aucun sacrifice, vous livre le fruit du labeur acharné de nos grands esprits.

Xavier KLEIN

Une flamme sacrée
Monte du sol natal
L'aficion enivrée
Te salue André Viard!
Tous tes enfants qui t'aiment
Et vénèrent tes dons
A ton appel suprême
Ont répondu "Présent"


Refrain
André Viard nous voilà!
Devant toi le sauveur de l'arène
Nous jurons nous tes gars
De servir et de suivre tes pas
André Viard nous voilà!
Tu nous as redonné l'espérance.
Le toro renaitra, André Viard, André Viard,
Nous voilà!


Tu as lutté sans cesse
Pour le salut commun
On parle avec tendresse
Du héros du Boucau
En nous donnant ta vie
Ton génie et ta foi
Tu sauves l'aficion
Une seconde fois

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Personnellement je goûte infiniment la partie musicale décapante du film "LIBERTE" de Tony Gatlif, mais on préfèrera sans doute à l'O.N.C.T. quelque chose de plus, disons conventionnel.




















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Tant que nous en sommes à ce magnifique metteur en scène kabylo-gitan, pour le plaisir, en résistance aux rafles en cours, ci-dessus, un extrait de son superbe film "Latcho Drom" de 1992, avec le Taraf de Haidouks.
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mardi 24 août 2010

Les INCONTOURNABLES: quand le bon goût français séduit la Catalogne

Trouvé sur Toroprensa, le blog de Pablo G. MANCHA http://www.toroprensa.com/2010/08/jerome-lavoix-el-cantante-que-no-habla.html, un article sur la gloire de Valcebollère, bourgade de 37 habitants, canton de Saillagousse, Pyrénées Orientales (l'endogamie a dû frapper dans le secteur), j'ai cité Jérôme LAVOIX, surnommé«Le petit oiseau chanteur des Pyrénées».
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Un artiste dont la renommée tutoie outre Pyrénées celles de Mireille Mathieu et de Zinedine Zidane, des cerveaux eux aussi, dignes ambassadeurs de la grande culture française.
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Jérôme, «el cantante que no habla y que solo sisea» sévit dans la jet set européenne, de Munich à Athènes, ne dédaignant pas «d'actuer »dans des restaurants où il chante les menus.
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Admirez, la classe, le chic, le choc, la séduction naturelle et surtout l'accent si délicieusement «frenchie»: un régal! A siroter intégralement (le final est extraordinaire!), en dégustant voracement la substantifique moelle.


Il prépare actuellement son premier disque et un gala réservé uniquement aux dames: le Jesulin de Ubrique (au fait qu'est-ce qu'il devient celui-là) de la ritournelle en quelque sorte.
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A Barcelone, ils n'auront plus de corridas mais ils ont Jérôme LAVOIX, un pas de géant dans la longue marche de l'humanité vers la civilisation!
Xavier KLEIN
Cf. également le site de la diva: http://jeromelavoix.com/es/
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lundi 23 août 2010

RION des LANDES 2010

Que mon excellent compañero et ami Don Olivier LATASTE, en charge de la Monumental de Saint-Sever veuille bien m'en excuser, ce n'est pas lui manquer, mais je parlerai de Rion des Landes, où je me rends chaque année (repas de famille annuel).
C'est bien dommage, car il semble d'après les échos, que la novillada du Cap de Gascogne fut de qualité et fort courue. Et puis, l'ami LATASTE, c'est l'aficion débordante, la compétence, le sérieux et le respect du public, sans compter la gentillesse et l'humour, toutes choses qui devraient être mises à l'honneur et non dissimulées sous le boisseau.
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Des échos malheureusement, puisque le complexe mundillo-industriel tant dans les journaux locaux que dans les sites «comme il faut» n'en a encore soufflé mot à l'heure où j'écris.
On préfère parler de Bilbao plutôt que de ce qui se passe dans nos terroirs.
Sans doute une nouvelle vocation de la presse régionale!
Comme la presse TV, «Signes du Toro» en l'occurrence, ne couvre quasiment jamais les spectacles des «petites plazas», pour se réserver pour les «grandes ferias».
Question de rentabilité: voilà sans doute ce qu'on appelle le service public «moderne».
A Aire sur Adour (6000 habitants), Saint-Sever (4700), Orthez (11000), Eauze (3900 ), Parentis (4950), etc., on doit sans doute payer moins de redevance audiovisuelle qu'à Vic Fezensac (3600) -soit dit sans offenser nos amis de la Mecque du Gers-.
Entre tout et rien, sans doute doit-il exister un juste milieu, et non pas le «milieu» tout court, qui fait son beurre et son auto-promotion.
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Dans une étuve équatoriale, le dimanche 23 août, fut des plus agréables à Rion.
Sans procéder à une reseña, quelques touches impressionistes:
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Un lot de Fraile de Valdefresno tout à fait intéressant quant à son comportement.
Vous savez, ce qu'«on» appelle «compliqué» dés lors qu'il exige quelque lidia.
Des novillos de fort trapio, comme on les aime à Rion, dont certains eussent pu recevoir, pour leur moral, une petite pique.
Le physique imposant des Fraile fut l'opportunité de la récolte d'une de ses perles à l'orient insondable dont l'«inénarrable» a le secret: «pour mettre les jeunes toreros en situation de se dépasser, il n'y a rien de tel que des novillos surdimensionnés». Ca ne s'invente pas! Mais rassurez-vous, ça n'est valable que pour les «jeunes toreros», et sans doute uniquement à Rion...
Les cornus salmantinos firent honneur à leur ascendance Lisardo, et se montrèrent difficiles à gérer pour des produits des écoles taurines plus préoccupés de faire des passes que de réellement toréer.
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Des passes, on en vit à foison -toréer, c'est une autre histoire-, et il n'est pas indifférent de relever le nombre croissant des avis que fit à juste titre résonner l'excellente présidence de Pascal LAVIGNE, qui s'est refusée à la démagogie et donna ainsi du sérieux à la plaza.
Il fallait se croiser, avancer la main pour citer et s'abstenir de ce toreo rectiligne et au pico, tellement de mode.
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Un seul s'y employa vraiment à mon avis, un jeune novillero que j'ai trouvé intéressant et qu'il y aura lieu de suivre: Roberto BLANCO, de l'Ecole Taurine de Salamanque (ceci expliquant sans doute cela).
Pour le reste on vit ses compagnons tomber dans la platitude, l'artifice ou se faire bouffer tout cru lorsque leurs partenaires vibraient de cette caste conquérante qui attire les aficionados de qualité aux arènes.
Las! Il semble que la ligne droite, les reculades entre deux passes, les désarmés à répétition, le fuera de cacho plaise à certains! Grand bien leur fasse de se satisfaire de cette série d'avatars ou de croisements génétiques des Ruben PINAR avec des Daniel LUQUE...
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L'autre grand moment de la journée fut la remarquable brega opérée à bon escient par Rafaël CAÑADA (les banderilles d'EL SANTO ne furent pas mal non plus). On a plaisir à voir cette génération de peones de la tierra, qui ne se contente pas seulement de savoir puntiller et fait preuve du pundonor et du savoir faire qui a tant manqué à la précédente.
Xavier KLEIN

dimanche 22 août 2010

IL L'A FAIT!

Qui sur ce blog ignore EL CHULO, le magnifique, l'imprécateur des rudos, l'Attila des «zantis», le Rimbaud des commentaires?

Qui méconnait sa sensibilité à fleur de peau, que dissimule à grand peine la rudesse du verbe? Ou bien l'indignation de l'honnête homme qui persiste à chercher, à comprendre, en bousculant sans vergogne les certitudes confortables, les fanatismes qui s'ignorent, les hypocrisies qui s'affichent, les affirmations fallacieuses.

El Chulo passe à l'acte et commet un délicieux irréparable dont chacun ne pourra que se délecter.

Suerte ami Chulo! Je te lirai sans modération.

Mais persiste tout de même à venir te promener et mettre ton grain de sel chez les copains.

Xavier KLEIN

samedi 21 août 2010

CE QUE VALENT LES PETITIONS

¡Atención!
Va falloir urger...
Votre serviteur se promenant sur la «toile» tombe sur une série de pétitions organisées par nos zamis «zantis».
C'est vachement bien les pétitions, tout le monde peut y signer, et même deux fois avec une adresse e-mail (ou à l'infini en sachant faire).
En plus, vous pouvez mettre les noms et les coordonnées que vous voulez, et de qui vous voulez, la concierge, la femme de ménage, le canari...
Vous me connaissez, je peux être un tantinet taquin, et j'ai inscrit, au hasard, celui d'un certain Julián López Escobar. Le nom vous dit quelque chose peut-être?
Mais rien ne vous empêche de vous saisir du bottin et de laisser libre cours à votre imagination ou d'y porter des noms de «zantis» célèbres: André VIARD, Simon CASAS, etc...
Très marrant vous dis-je.
Mais faut faire vite, avant que le canular ne s'évente.
Enfin, tout ça montre le sérieux et la validité de ce genre d'opération.
Si c'est comme ça qu'on a déclenché le processus catalan, bonjour la démocratie!
Le père KLEIN, il préside pas de «machin», il cause pas au Sénat espagnol, mais question guerrilla anti-anti-taurine, il sait faire.
Evidemment, c'est un peu plus efficace pour discréditer nos zamis «zantis», mais il ne tient pas LUI à la préservation de l'espèce.
Xavier KLEIN
PS: Si vous avez le temps, y'en a plein d'autres, super rigolo:

mercredi 18 août 2010

VIOLENCE DES MOTS, VIOLENCE DES ACTES


«Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison»
François MAURIAC, «Le noeud de vipères»

«Si on se laissait aller à aimer les gens gentils, la vie serait atroce»

Louis-Ferdinand CELINE «Lettres de prison»

Si vous lisiez les compte-rendus des débats de l'Assemblée Nationale, ou les articles de la presse tant généraliste que taurine jusque dans les années 70, vous prendriez conscience de ce qu'est la véritable violence du verbe. Qu'est-ce qu'ils se mettaient, ma doué!
La mode «Peace and love» est passée par là, avec l'époque des «gentils» organisateurs et des «gentils» membres.
Je n'ai ni le désir, ni le tempérament à donner dans le «gentil».
La gentillesse n'est pas une vertu, c'est une manière. Une posture pour prévenir l'agression de l'autre, plus qu'une véritable qualité de l'âme. On peut être bon, sans être «gentil».
Même Jésus CHRIST n'est pas «gentil» (IL N'EST SURTOUT PAS «gentil»). Il porte le glaive.
Je suis fils de Rabelais, de Voltaire, de Danton et de Clémenceau. Ce dernier oeuvrait pour la démocratie sans hésiter à préciser que la tolérance, «il y a des maisons pour cela».
La tolérance, la vraie, c'est d'admettre les idées contraires, leur droit à l'existence et leur libre expression, ce n'est nullement de les accepter passivement, et sûrement pas de n'y pas répondre.
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Il y a la violence du verbe et la violence des faits et des actes.
Quand d'aventure on délocalise une entreprise, les «gentils» spécialistes de la «com» vont «gentiment» expliquer aux «gentils» infortunés qu'ils n'ont le «gentil» choix qu'entre déménager à 800 kms (en laissant là maison, amis, parents) et celui de pourrir sur place. Où est la violence? Qui l'inflige? Celui qui voit sa vie détruite parce qu'un fonds de pension trouvera plus rentable de gagner 0,5% supplémentaires sur ses actions boursières, ou celui qui retiendra le patron en otage pendant 48 heures?
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Dans les arènes, le violent c'est celui qui siffle et s'indigne, jamais celui qui applaudit et qui impose sa béate et passive satisfaction aux ceusses qui ne la partagent pas.
A la Peña Enrique Chut de Dax, je me suis récemment fait agresser par trois braves rombières blond-blanc-rouge, ménopausées de frais et accent pointu, parce que nous parlions toros avec des compadres de rencontre et que nous troublions de ce fait leurs vélléités d'émois intimes.
Comment expliquer aux chères petites médèmes, qu'une peña c'est d'abord fait pour parler toros, et que le flamenco, que les snobinettes voulait ouïr dans un silence religieux, était né dans des bouges andalous où elles n'auraient jamais envisagé de s'aventurer, parmi les putes et les mauvais garçons, dans des ambiances enfumées au mauvais havane, aux relents lourds de suin, de vieux cuir, de foutre et de patchouli bon marché, parmi les rires gras et les exclamations sonores dont nos amis espagnols ont le secret? Tout comme le jazz d'ailleurs est né dans les lupanars de Louisiane.
Comment signifier aux sanitairement bien pensants qu'une arène doit sentir le havane, et qu'il y a quelque contradiction à y invoquer l'interdiction politiquement correcte du puro, quand on y vient assister au spectacle le plus magnifiquement obscène et subversif qui se puisse exister?
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Quand on fait payer plusieurs dizaine d'euros pour exhiber de la merde, ON FAIT VIOLENCE à l'afionado.
Quand l'on écrit pour valoriser cette scatologie là, on redouble de violence.
Et lorsqu'en outre, grassement rémunéré pour défendre cette insanité, on prend à partie ceux qui l'ont payé avec leur billet parce qu'ils la dénoncent, on est plus seulement dans une violence décuplée mais dans l'indécence la plus complète.
Encore faudrait-il disposer encore de quelque lucidité, d'un semblant de dignité et d'une once de sens du ridicule pour s'en apercevoir!
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Colère, indignation, honneur, sont devenus des gros mots malséants dans le «wonderful word» de la tauromachie moderne.
Derrière la violence consciente des MOTS que j'emploie, il y a une éthique, des convictions, un idéal et surtout une gratuité, n'en attendant aucun bénéfice pécuniaire.
Derrière la violence cachée des ACTES qu'on nous impose, il y a des intérêts et du pognon.
Toute la différence est là, et elle est de taille.
Les violents, comme les ayatollahs, ne sont pas ceux que l'on croie.
Xavier KLEIN

Olivier DECK, le retour

Le compañero Olivier DECK est un artiste.
Un artiste vit de liberté, selon son désir, son inspiration, selon la muse qu'il courtise.
Olivier revient à l'un des fils rouges qui guident sa vie: les toros.
A cette occasion, un nouveau blog ouvre grand ses portes à ses mots de feu et de vent.
http://carnet-taurin.over-blog.com
Qu'on s'en régale sans modération.

LES DELIRES DE MADAME IRMA

Le public commence à se rebeller contre des spectacles lamentables qu'il paie très cher pour n'y pas voir grand chose, ou pire pour y voir une caricature de tauromachie. .
C'EST UN SIGNE D'ESPERANCE pour ceux qui ne se résignent pas à la passivité et à la triste consommation d'un brouet commercial sans saveur et sans sens.
Mais pour certains, il y a là le signe d'une subversion maligne et sournoise: l'anti-France taurine est à l'oeuvre. Peut-être même un complot judéo-maçonnique qui minerait «les plus optimistes des aficionados».
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J'assume parfaitement d'être un «mauvais aficionado», comme en des temps plus funestes on était un «mauvais français». Vous savez ceux qui se rebellent, se lèvent, se battent, révolutionnent, comme en 1789, 1830, 1848, 1936 ou 1968.
J'ai malheureusement raté l'examen au brevet de «bon aficionado», l'examinateur ayant été absent à la session de l'après-midi d'Orthez, le 25 juillet.
Un examinateur particulièrement perspicace, puisqu'il sait le contenu «venimeux» et néanmoins «malsain» de mes élucubrations sans les avoir lues.
A la longue liste des multiples compétences du décerneur de brevet, il conviendra donc d'ajouter de réels dons de voyante extra-lucide.
Donc Madame Irma de Vieux Boucau, qui vit dans une roulotte depuis que la tempête Xynthia a ravagé ses archives (mais pas sa boule de cristal) se montre insupportée par quelque chose d'insignifiant.
Madame Irma a décidément la double vue qui baisse. Sa grandiose vision planétaire d'une tauromachie «moderne» conquérante se dissout dans les limbes des grandes ferias qui partent en décapilotade.
Votre serviteur, qui certes «rejette ce qui ne colle pas avec sa propre sensibilité», mais pourtant «débat sans fin avec les plus pitoyables anti taurins*» (ce qui me paraît quelque peu antinomique, mais Madame Irma commence à souffrir des premiers assauts d'un alzheimer précoce, à moins qu'un turban trop serré...), devrait paraît-il «élargir le champ de ses passions».
A cette déclaration secrète, je ne vois qu'une réponse: «Moi aussi Irma, je t'aime».

Le venimeux recalé

* Mes respects cher Jean Paul!

lire aussi celui du 18/08 ou Madame Irma pète un plomb.

vendredi 13 août 2010

REMEMORATION


A mon cousin Xavier,


Quand vient la mi août, que les jours raccourcissent et que les nuits se font plus fraîches, vient le temps du pèlerinage.
Un pèlerinage tout personnel, difficilement compréhensible par ceux qui, mettant leur exigence de toros au dessus de tout, aiment à sourire lorsqu'on leur parle du ruedo dacquois.
Certes je n'y vais pas voir de grandes corridas toristas. Cela fait malheureusement bien longtemps, qu'on y a renoncé aux berges de l'Adour, en se prévalant d'un sévillanisme de pacotille.
Nulle ironie dans ma remarque, seulement le souvenir d'amertme d'une après-midi de septembre où l'on y préféra l'épate d'un petit toro à indulter que la grâce profonde d'une faena inspirée de Morante. J'en veux encore à mes frères dacquois de cette blessure toujours vive.
«Aller aux toros» à Dax m'est une noce, même quand les cartels y peuvent s'annoncer insignifiants. C'est le retour aux premiers émois de mon aficion autant que retrouvailles de ma ville natale dont les aléas de la vie m'ont exilé.
C'est une saveur du temps qui passe et se perd entre conversations avec de vieux amis retrouvés, escapades dans des lieux chargés de souvenirs, errances nocturnes, rêveries d'après-midi torrides dans une oasis soudain silencieuse.
J'aime à trainer mes guêtres dans la frénésie matinale de la Peña Campo Charro où l'on rencontre les compains; somnoler au café dans les salons du Splendid, quand le chaland n'y vient pas encore s'y faire voir; errer dans le patio de caballos lorsqu'il n'est pas encore envahi de fébrilité; retrouver les camarades de tendidos brûlants; siroter la manzanilla alegriesque aux Remparts et même m'esbaudir des chuts courroucés de la Peña Ponce, temple du kitsch où les bourgeoises méconnaissent que le flamenco est né dans les bordels bruyants et enfumés d'Andalousie.
Mal gusto et bon aloi s'étreignent inlassablement pour engendrer le charme dacquois.
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Quand je pars pour la traversée de Chalosse me reviennent souvent comme une lancinance les mots mordorés du prince des poètes.
Je n'ai pas de baguette d'osier, mes «boucles brunes» sont devenues cardeñas, il n'y a ni citronniers, ni monts de plomb, juste parfois quelques uniformes qui attendent un PV de fortune.
Mais si ces mots me touchent et s'éveillent en mon coeur fatigué, c'est qu'ils y trouvent quelque écho d'une réalité enfouie.
Ils ne cessent jamais de me ravir...

Aujourd'hui je vais voir Morante, allez savoir pourquoi je pense à Lorca!
Xavier KLEIN
*
Antonio Torres Heredia,
hijo y nieto de Camborios,
con una vara de mimbre
va a Sevilla a ver los toros.
*
Moreno de verde luna
anda despacio y garboso.
Sus empavonados bucles
le brillan entre los ojos.
*
A la mitad del camino
cortó limones redondos,
y los fue tirando al agua
hasta que la puso de oro.
*
Y a la mitad del camino,
bajo las ramas de un olmo,
guardia civil caminera
lo llevó codo con codo.
*
El día se va despacio,
la tarde colgada a un hombro,
dando una larga torera
sobre el mar y los arroyos.
*
Las aceitunas aguardan
la noche de Capricornio,
y una corta brisa, ecuestre,
salta los montes de plomo.

Curiosité: "El Prendimiento" interprété en grec par Maria Farantouri sur musique du divin Mikis

jeudi 12 août 2010

DREAMCATCHER

Toile de Tony SOULIE "Dreamcatcher"

Lorsque j'étais étudiant, j'avais un ami canadien originaire de Winnipeg (Manitoba). Il avait la particularité d'être un authentique «native american» de la tribu des Anishinaabes, la seule nation indienne à avoir, paraît-il, collé une raclée mémorable aux célèbres sioux.
Doté d'un humour à toute épreuve, ce grand taiseux supportait difficilement de rester immobile et enfermé dans un lieu clôt plus de ¾ d'heures, surtout lorsque le dit endroit était surchauffé, ce qui était le cas des amphithéâtres. Il lui fallait alors déployer son immense carcasse de hockeyeur et aller prendre un bol d'air frais.
Partageant cette phobie, nous nous retrouvâmes souvent, puis systématiquement voisins dans les cimes universitaires, au dernier rang, près de la sortie et des fenêtres.
Comme de plus, il était légèrement anglophone et donc passablement preneur de mes notes de cours, une solide camaraderie naquit de cette proximité.
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On a tort de croire que l'université est conçue pour les gens intelligents. En fait, on y trouve autant de cons qu'ailleurs. Mais des cons instruits, ce qui les rend sinon plus supportables, du moins plus prétentieux.
A l'époque venait de sortir «Vol au dessus d'un nid de coucou», et la grande plaisanterie des cons de service était d'interpeller mon voisin et ami d'un «- Ca vole Chief Bromden» (du nom du héros indien du film). L'autre, sans piper mot, levait les yeux au ciel, atterré d'une telle originalité.
Si l'asiatique est fourbe, le bougnoul sournois et le nègre indolent, on sait moins que le peau rouge est souvent teigneux et rancunier. C'est d'ailleurs pour ça que les bons américains, blancs, blonds, yeux bleus, comme Custer, ont préféré les exterminer afin d'éviter les emmerdements ultérieurs.
La chose m'apparut dans toute son évidence, lorsque je m'aperçus que la liste des petits comiques coïncidait tout à fait avec celle des blessés à l'issue des matchs de rugby.
Il faut dire qu'un plaquage façon panzer, du «Chief» produisait le même effet qu'une vraie série de vraies passes à une bestiole de Victoriano del Rio, on s'en remettait difficilement. S'essuyer consciencieusement les crampons sur un authentique con en parfait état de fonctionnement fait partie des voluptés que tout honnête homme devrait connaître avant le dernier voyage. Je recommande.
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Cette allergie à la connerie humaine ne fit que renforcer les liens déjà évoqués et lorsque j'eus à pérégriner du côté du Québec, je me vis invité chez mon peau rouge. Deux semaines de rêve à l'hiver 79, avec cabane de rondins, force promenades en raquettes, ski-doo et beuveries gargantuesques. Le rêve de tout ex-gamin qui a joué à Oeil de Lynx!
Lorsque je repartis pour Montréal, très éprouvé (l'indien est endurant...), la famille me couvrit de cadeaux: un beau couteau traditionnel et une couverture faits mains et maison (ou plutôt tribu).Mais le plus beau cadeau me fut offert par son grand-père que nous allâmes visiter.
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Il vivait avec un pote dans un mobil home délabré fourni par l'administration, au bord d'un lac dans la forêt, un vrai dépotoir, loin de l'image écolo qu'on peut se faire des indiens. Les deux vieux bonshommes trappaient et se torchaient la gueule d'abondance sans se préoccuper des lendemains.
L'isolement de leur situation ne faisait pourtant en rien obstacle à une vie mondaine intense. Et pour cause, on venait de partout pour consulter l'ami du grand-père qui était medecine-man (le chaman ou le rebouteux) du secteur.
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Les deux vieux étaient adorables, bavards comme des pies, mais le plus souvent dans leur baragoin, ce qui limitait l'échange. Ils passaient leur temps à rigoler comme des bossus en se tapant les cuisses ou en vous refilant de grandes claques dans le dos.
Incroyables les fossiles, ils étaient ridés comme Mathusalem, ronflaient, toussaient, crachaient comme des locomotives tubardes, mais vous crevaient quand on cavalait en raquettes et d'un coup de pétoire pouvaient faire un second trou du cul à un drosophile à cent pas.
La veille de notre départ, ils prirent pourtant un air de gravité pour me faire présent d'un dreamcatcher, un «attrapeur de rêves», en indien asubakatchin.
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On trouve maintenant partout de pâles imitations de cet objet magique. Mais peu connaissent son emploi. C'est un anneau en saule avec une résille qui imite un filet avec diverses décorations en pierres, perles, os fourrure ou plumes.
L'attrapeur de rêve doit être donné (et non vendu) de la main à la main par le chaman. Il n'a d'effet que sur la première personne qui le touche. On le suspend près d'une ouverture qui reçoit les premiers rayons du soleil du matin. Il détruit les mauvais rêves et magnifie les beaux. En fait, dans la culture indienne, c'est une petite embrasure entre le monde visible et celui des esprits, un catalyseur d'énergie cosmique pour parler simple et cartésien.
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De retour en France, j'ai suivi longtemps le «mode d'emploi» et l'asubakatchin a apparemment rempli son office avec efficacité: je ne me souvenais jamais de mes rêves. Jusqu'à l'un de ces déménagements où l'on oublie toujours d'ouvrir un carton qui se retrouve invariablement au grenier. Vous savez ces cartons où l'on empile tous les objets et colifichets que l'on a pas le coeur de jeter.
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Il y a quelques mois, par hasard j'ai ouvert le carton, et j'y ai retrouvé ces petits riens qui ouvrent les portes du souvenir. L'asubakatchin se nichait parmi des billes d'agate gagnées de haute lutte dans les cours de récré, un galet de l'île de Wight, un petit bouddha birman et autres trésors qui ne le sont que pour moi. Les plumes était empoussiérées et défraichies, les lambeaux de fourrure un peu mités.
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Quand me vint l'idée de le replacer devant une fenêtre, je connus quelques démêles avec ma chère et tendre. Allez expliquer à une infirmière, pétrie d'hygiène et de principes raisonnables l'attachement à une telle vieille «rique», le poids affectif des souvenirs qui y sont liés.
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Les deux anciens doivent sucer les pissenlits par la racine, et ce grand couillon de «chief» s'est emplâtré à l'aube, fin 84, un Kenworth, l'un de ces monstres des routes qui relient le Pacifique et l'Atlantique.
La longe piste n'est plus fréquentée par les bisons, et on gagne pas à ce jeu là, même taillé comme un colosse, surtout au voisinage des 4 grammes.
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Va falloir trouver une solution!
Le dreamcatcher doit impérativement retrouver une place et surtout sa fonction.
Depuis qu'il est enterré mes rêves deviennent cauchemars.
Les fous triomphent et passent pour sages, un petit homme brise une à une dans son palais élyséen toutes les idées généreuses de ma jeunesse, la taïga brule, la forêt landaise git désarticulée, des petits toros sans âme et sans substance sortent vivants des arènes...
Xavier KLEIN

lundi 9 août 2010

COSA NOSTRA

Ce dimanche 8 août 2010, le système mafieux qui essaie de s'implanter en France comme il sévit déjà en Espagne dans les milieux taurins a donné pleine mesure.
On dira que j'exagère encore.
On fustigera mes propos ou on écartera mes arguments d'un revers de manche.
On fulminera contre l'un de ces imprécateurs-qui-divisent-l'aficion-quand-le-péril-«zanti»-est-à-nos-portes-qui-vient-jusque-dans-nos-bras-égorger...
On invoquera les règlements de comptes, les inimitiés personnelles.
On stigmatisera l'aigreur chronique, l'insatisfaction permanente.
Et pourtant!

Voilà un conjuration de «taurinos»* qui se mobilise, comme par enchantement, pour assurer la promotion d'un jeune torero français, ni plus ni moins doué que ces congénères gaulois et à fortiori espagnols, mais qui bénéficie de l'avantage d'être apodéré par l'un des «leurs».
Qui sont ces «leurs»? Des gens qui se fréquentent depuis 35 ans, qui ont lutté pour se faire une place au soleil, qui ont rêvé, toréé, galèré, maquignonné, comploté, et finalement émergé chacun dans son ou ses répertoire(s). Mais également des jeunes cadres dynamiques en mal de célébrité et d'opportunités de tienter à l'oeil.

Car chez ces beaux messieurs on donne dans la polyvalence et le multicarte, comme chez les V.R.P. d'élite.
Le point commun de cette aimable compagnie et communauté d'intérêt est de noyauter tous les lieux de pouvoir et de décision. Sans parler du Capo di tutti capi, qui règne depuis Vieux Boucau, comme d'autres le faisaient depuis Corleone.

Prenons le cas tout à fait représentatif de l'honorable sociétaire** bayonnais Don Olivier BARATCHART. Non content de sévir comme «directeur» des arènes de Bayonne, titre et fonction par ailleurs fort imprécis, il préside l'Association des Organisateurs de Corridas et Novilladas du Sud-Ouest, trône dans les instances dirigeantes de l'Union des Villes Taurines de France, et non tantum sed etiam, oeuvre dans le Comité Central de l'O.N.C.T.
Ces multiples à côtés lui conservant quelque loisirs, il les met utilement à profit pour apodérer le jeune Julien LESCARRET. Évidemment, tout cela n'a rien à voir avec la présence de ce dernier dans les cartels de Bayonne. Comme quoi il semble que si l'on ne peut, paraît-il, être à la fois aficionado et empresa, il semble qu'on puisse (voire que l'on doive) être à la fois apoderado et empresa.

Le charmant Julien -garçon tout à fait intelligent et séduisant au demeurant, ce n'est pas lui qui est en cause ici- ayant connu l'an dernier quelques déconvenues, "on" a donc fait le forcing auprès des «amis» pour qu'il puisse figurer sur quelques affiches. "On" a aussi fait le forcing auprès des autres en exerçant force pressions et en les assortissant de coups bas, ce qui, entre nous soit dit, ne peut que nuire à son pupille.

Il fallait donc s'attendre à ce que le moindre début d'embryon (merci Marc...) de commencement de succès se voie monté au pinacle par la claque et le concert des copains réunis afin de relancer la carrière du sympathique concurrent.
Il semblerait que le prodige potentiel soit finalement parvenu à aligner quelques séries à peu près comestibles devant un ou deux bestiaux, et qu'il ait récolté en un week-end quelques pavillons de complaisances dont on sait ce qu'ils valent, et comment ils sont distribués par des présidences «compréhensives».

Cela suffit pour que la mobilisation des copinages s'opère, que Don Dédé pérore et mette en demeure les réticents, avec force insistance, pour qu'ils réparent l'injustice faite à «Juju» (http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-08-10/08-08-102.php).

Dieu et sa Commission Taurine nous en préservent pour Dax tout au moins!

Ou bien il leur faudrait ignorer la campagne de dénigrement systématique que le sieur Olivier ne s'est pas gêné de mener durant plusieurs mois contre les «maudits et perfides dacquois» qui en 2009 avaient sournoisement placés un grand sobrero du Conde de Mayalde qui fit malencontreusement trébucher le pauvre LESCARRET.

Les agissements de la Mafia ne me perturbent nullement lorsqu'ils restent dans leur aire d'appellation contrôlée. Ca fournit l'occasion de films à grand spectacle, de musiques géniales d'Ennio MORRICONE et file le frisson au touriste en villégiature à Palerme.
Par contre la chose m'importune passablement dans un sud-ouest où l'esprit gascon épris de liberté, d'indépendance et de pondération s'est toujours refusé à la mainmise des affairistes.

On parle depuis des années de limiter le cumul des mandats chez les politiques, on serait bien inspiré de le réclamer également en matière taurine.
Cela éviterait sans doute que la gangrène mundillopathe qui sévit au sud des Pyrénées n'en gagne aussi le nord, avec les conséquences néfastes qui y tuent la tauromachie à petits feux.

Xavier KLEIN


* http://www.sudouest.fr/2010/08/08/julien-en-son-royaume-156297-716.php
** On appelle aussi la Mafia: Società onorata (l'«honorable société»)
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vendredi 6 août 2010

TRIOMPHER et TROMPER

Dans la continuité du dernier article qui évoquait la SEMANTIQUE, il est toujours utile de se référer à l'étymologie des mots (c'est à dire à leur origine et à leur histoire) pour appréhender le sens profond des choses.
Je suis régulièrement agacé par l'emphase et l'exagération systématique de moult commentaires et reseñas qui usent et abusent de superlatifs qui frisent le ridicule.
En dehors du fait que tout ce qui est excessif est insignifiant, on en arrive à une déconsidération des commentaires comme de ce (et de ceux) qu'ils sont sensés commenter.
Personne n'est plus dupe, surtout chez les aficionados. Et même le public néophyte prend ces propos avec distanciation, se doutant bien que tant d'éloges, par leur excès même, sont contestables.
Ma grand-mère avait coutume de dire (je traduit du patois): «Louange de soi, couronne de crotte». J'ai eu bien de la chance d'être éduqué par cette grand-mère là...

Pour en revenir à l'étymologie, travaillant il y a quelques années sur les emblèmes du pouvoir dans la Rome impériale, j'avais constaté que le mot TRIOMPHE (du latin triumphus: entrée solennelle d'un général en chef victorieux) avait des racines communes avec le mot TROMPER (du latin vulgaire trumpare, altération de triumphare: triompher).
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le triomphe des généraux romains vainqueurs (qui à l'occasion accédaient à un statut quasiment divin) s'est peu à peu dévoyé.

Tout d'abord on a commencé à accorder le triomphe pour n'importe quoi, y compris pour des escarmouches. Puis on a fini par l'accorder à n'importe qui.
Ainsi, les empereurs ne pouvant autoriser que quiconque pût rivaliser avec leur majesté, s'attribuaient les triomphes de leurs généraux. Et l'on voyait des débiles incapables défiler sur la voie sacrée pour célébrer des victoires remportées par leurs généraux aux marges de l'empire, alors qu'ils n'avaient pas quitté leurs orgies du Palatin.
Ce sont d'ailleurs là les signes de la décadence qui ruina l'Empire romain.
On en est quasiment rendu à ce point, si l'on en croit la tendance qui donne progressivement plus d'importance à certaines empresas médiatiques, qu'aux spectacles et aux acteurs qu'elles sont réputées gérer. Dans les amphithéâtres antiques, rien de nouveau sous le soleil.
Le petit peuple de Rome ne s'est pas fait embobiner. Les TROMPES et buccins qui TROMPAIENT le peuple se sont vite confondues avec les TRIOMPHES à bon compte.
Ceux donc qui, à tous propos, invoquent le TRIOMPHE, devraient, avec quelque entendement, vite prendre conscience qu'ils trompent les gens, se trompent eux même, et surtout trompent de jeunes toreros ou novilleros sur ce qu'ils font.
Je ne suis nullement une référence ou un docteur en tauromachie, mais je reste surpris par le nombre croissant de gens qui à l'issue d'une corrida ou d'une novillada viennent me demander un avis parce qu'ils pressentent confusément que les commentaires «officiels» ne rendent pas souvent compte de la réalité. Sans prétentions de vérité, je leur dis ce que j'ai vu et ressenti, et force est de constater qu'il en résulte souvent de la défiance à l'endroit des laudateurs. Le public n'est pas idiot, quand il en a l'opportunité, il préfèrera toujours un avis critique, lorsqu'il est argumenté et expliqué, à la retape du fournisseur.
«Tout trompeur vit au dépens de celui qui l'écoute». C'est malheureusement le public et surtout les jeunes prodiges abusivement portés aux nues qui paieront la note.
Parmi ceux qui croulent sous des déluges de trophées factices, combien survivront aux réalités? Combien quémanderont des contrats quand, ayant passé l'alternative, ceux là même qui les auront encensés se détourneront péteusement de leur route?
Cessons d'invoquer sans cesse des triomphes, ils ne trompent que ceux qui veulent y croire.
Xavier KLEIN

NOTA: «Encyclopédie de la corrida» d'A. LAFRONT (Paco Tolosa) de 1950, on peut lire à l'article «oreille»: «La cession de l'oreille par la Présidence est, en principe, la plus haute récompense que reçoit un matador pour un travail de qualité supérieure. L'oreille du taureau ne devrait être accordée que dans des cas exceptionnels, à la suite d'un succès ininterrompu obtenu par l'artiste dans toutes les phases du combat.»

jeudi 5 août 2010

APRES LAS VEGAS et PEKIN, ABOU DHABI?

Abd el-Kader

Je révère, j'adule, je panthéonise la grande civilisation arabo-musulmane, celle de:
**** Muhammad ibn Muhammad ibn Tarkhan ibn Uzalagh al-Farabi (محمد فارابی). appelé le «second maître», qui fit revivre la philosophie grecque.
**** Muhammad ibn Ahmad Abū al-Rayhān «Al-Bīrūnī» (ابوریحان بیرونی), mathématicien, philosophe, médecin, voyageur.
**** Abū ‘Alī al-Husayn ibn ‘Abd Allāh ibn Sīnā dit «Avicenne» (ابو علی الحسين بن عبد الله بن سينا), celui que ses disciples appelaient Cheikh el-Raïs, prince des savants, le plus grand des médecins, le Maître par excellence, le troisième Maître (après Aristote et Al-Farabi)
**** Abū l-Walīd Muhammad ibn Ahmad ibn Muhammad ibn Ahmad ibn Ahmad «ibn Rušd» (أبو الوليد محمد بن احمد بن محمد بن احمد بن احمد بن رشد) dit «Averroès», immense penseur médiéval et l'un des fondateurs de la pensée laïque moderne.
**** Ibrahim ibn Sinan ibn Thabit ibn Qurra (philosophe, astronome, mathématicien et géomètre)
**** Ghiyath ed-din Abdoul Fath Omar Ibn Ibrahim al-Khayyām Nishabouri (غياث الدين ابو الفتح عمر بن ابراهيم خيام نيشابوري), dit «Omar Khayyām»*, «celui qui distribue ou ignore les biens du monde constituant un fardeau dans le voyage qu'il entreprend sur le sentier soufi», anticipateur de l'agnoticisme qui a écrit: « -Réveille-toi! Car le matin, dans le bol de la nuit,/A jeté la pierre qui met en fuite les étoiles:/Et voyez! Le chasseur de l'est a saisi/La tourelle du sultan dans un nœud de lumière.», un des plus grands rubayat de la plus haute mystique
**** Abu Bakr Mohammad Ibn Zakariya al-Razi, connu en occident comme Razi ou Al-Razi (رازی)
**** Abou Hamid Mohammed ibn Mohammed al-Ghazālī (أَبُو حَامِد الغَزَالِيّ), Algazel en occident.
**** Mohyiddîn Abu Bakr Mohammad Ibn Alî 'Ibn Arabî al-Hâtimî, dit Moheïddine Ibn ’Arabî (محي الدين ابن عربي), pour moi, le plus grand de tous.
**** Abū-Muhammad Muslih al-Dīn bin Abdallāh Shīrāzī, dit Saadi* (سعدی), prince des poètes.
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Mais aussi l'apport juif sépharade de Moïse Maïmonide, médecin et philosophe qui influença, comme les précédents, toute la chrétienté occidentale. Ou bien Moïse de Leon, le compilateur du Sefer HaZohar, l'ouvrage fondamental de la Kabbale, Salomon ibn Gabirol de Malaga, «poète parmi les philosophes, philosophe parmi les poètes» ou Moïse ibn Ezra de Grenade.
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Mais encore Al-Malik an-Nâsir Salâh ad-Dîn Yûsu, (أبو المظفر صلاح الدين "الملك الناصر" يوسف بن نجم الدين أيوب بن شاذي) appelé aussi Saladin , le sultan-chevalier, poète et philosophe.
Et surtout l'émir Abd el-Kader ben Muhieddine ( عبد القادر ابن محي الدين), l'Abdelkader qui lutta implacablement contre la colonisation française en Algérie et pourtant fut surnommé l'«Ami des Français». Grand guerrier certes, mais surtout écrivain, poète, philosophe et théologien soufi, Grand-croix de la Légion d'Honneur et titulaire de … l'Ordre de Pie IX (un comble pour un musulman). On dit aussi qu'il adhéra à la franc-maçonnerie (Grand Orient de France, loge Henri IV). IL FAUT LIRE sa «Lettre aux français» et surtout ses «Ecrits Spirituels» qui témoignent de la plus profonde des pensées.
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Pourquoi cette énumération très limitative (elle pourrait comporter des centaines de noms) qui pourrait paraître fastidieuse?
Parce que ces phares de l'Islam arabo-musulman (ou plus précisément de l'immense civilisation qui rêgnait d'Al-Andalus aux confins de la Perse) ont assuré du VIIème au XIVème siècle une suprématie absolue sur les lettres, les sciences et les arts, et la pensée de l'Humanité.
Parce qu'ils ont été le maillon indispensable dans la longue chaîne de l'évolution de la pensée et de l'art de l'Humanité.
Parce qu'ils faut les découvrir, les connaître, les lire, les savourer, sans modération ni retenue et surtout les CELEBRER.
Parce qu'aucune bibliothèque «d'honnête homme» ne saurait les ignorer.
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Al-Andalus, qui maintint dans le tohu-bohu des âges sombres, le frêle lumignon de l'intelligence et du savoir de l'Homme, ne conserve quasiment plus rien de ses fastes d'antan. Ruinés par le fanatisme des Reconquistadores fanatiques, la même stupide frénésie de destruction, au nom de préjugés aveugles, que celle qui prétend de nos jours abolir la corrida.
Mais de cet âge d'or, demeure le souvenir mythique (et souvent mythifié) des contacts permanents entre le Khazrem d'Asie Centrale et les rives du Guadalquivir, en passant par la Bagdad d'Haroun al Rachid, l'Abbasside ou la Damas omeyyade. Les savants et les lettrés ne connaissaient alors nulle frontières et sultans, califes et vizirs se disputaient leur compagnie.
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Il n'en va plus de même. Quand l'on recherchait avant le SAVOIR, on convoite désormais l'argent, seul étalon du POUVOIR .
Il paraît que les émirs modernes veulent collectionner les «attractions», telles que des îles et lagons du meilleur goût, les plus hauts gratte-ciels, la plus grande patinoire du monde ou une piste de ski artificielle sur les bords du Golfe Persique. Ou bien un Louvre miniature ou une Sorbonne au petit pied.
Ils ne leur manquait que d'importer à grands frais la TAUROMACHIE, en dépit d'un contexte économique qu'on dit difficile.
Il se trouve toujours des hurluberlus, des aventuriers ou des mercenaires pour profiter et cultiver le snobisme, le mauvais goût et la connerie humaine.
Les mêmes qui assuraient il y a peu sur les ondes nationales, à propos du vote catalan, « -Que la corrida n'était pas expansionniste».
Il est certain qu'elle ne devrait pas l'être, car elle ne peut se découpler de la civilisation et de la culture qui l'ont vu naître et qui portent les valeurs qui la sous-tendent. C'est cela même que les islamistes fondamentalistes honnissent: l'invasion de leur culture par des «produits occidentaux» imposés par les tyranneaux locaux.
Au fait, les femmes seront-elles admises? Ou bien au dernier rang, histoire de ne pas trop reluquer les sexes avantageusement moulés dans la soie?
Abou Dhabi...
«Exporter» la tauromachie à Abou Dhabi constitue non seulement un non-sens absolu, mais également une provocation inutile et surtout une désintégration du seul argumentaire qui tienne pour la justifier, celui du lien à l'identité et à la culture locale.
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Simon CASAS démontre que l'appât du gain, le profit à court terme constituent bien la principale des motivations de ce mundillo aveugle, sourd et cupide.(http://www.aplausos.es/noticia/1799/Noticias/abu-dhabi-podr%C3%ADa-tener-gran-feria-taurina-a%C3%B1o.html)
Se prostituer ainsi pour trente deniers, jeter le discrédit et la honte sur notre cause, prendre le risque du conflit et de la déroute (car déroute il y aura, comme en Chine ou à Las Vegas), alors même qu'il s'est instauré sur les ondes l'avocat de la tauromachie est...misérable.
C'est à vomir.
Et que faisons nous?
Nous laissons faire!
Quand donc nous lèverons-nous?
Xavier KLEIN
* Pour la petite histoire, Henry de MONTHERLANT, l'auteur des «Bestiaires» vouait un véritable culte à Omar Khayyām et à Saadi (comme Lazare CARNOT, le révolutionnaire qui voulut qu'on prénomma son petit fils Sadi CARNOT, président de la IIIème République assassiné en 1894).

NOTA: Pour s'initier, lire les ouvrages de Frithjof Schuon et notamment l'excellent: «Comprendre l'Islam». Éd du Seuil.1976