Picadilly circus. Photo perso |
Pour Noël, mes enfants avaient gentiment offert à leurs parents un vol aller-retour sur 4 jours à London.
Allons donc pour London!
Cela faisait quelques years que je n'avais eu l'opportunité de fouler le pavé de Londinium, mes derniers séjours s'étant voués à l'Oxfordshire, au Wiltshire (Salisbury et Stonehenge), à la Cornouailles et au Lake District (Cumbria). Je ne compte pas la Calédonie, étant donné ses légitimes aspirations indépendantistes qui l'excluent du domaine godon.
Il faut préciser qu'en règle générale, les grandes villes n'ont jamais vraiment constitué ma tasse de tea, fut-il british: trop de gens, trop de circulation, trop d'agitation, trop d'inconnues, trop d'odeurs d'égouts, trop de trop. Je m'y trouve sur la défensive, appréhendant l'art naque, les piquepoquettes ou l'indifférence de ces masses qui vaquent à leurs occupations multiples et variées, sans se soucier du voisin.
Excellente raison pour «se déranger» et ne pas céder à la routine et à l'encroutement.
Dans ma jeunesse, l'affaire était d'importance, le trajet déjà représentait une aventure: il fallait prendre le train jusque dans le grand nord et s'embarquer dans un ferriboate jusqu'à Douvres. Après, l'exotisme persistait sous la forme de wagons de bois, tels qu'on les voit dans les films illustrant Agatha Christie ou Conan Doyle, dont chaque compartiment donnait de plain-pied sur les quais de Victoria Station.
A notre époque moderne, le parcours dure 1h30 (sans compter les préambules) de Biarritz à Stansted, à 60 kms au Nord-Ouest de Londres.
Ceci dit, les épreuves ne manquent pas non plus. Les formalités de sécurité, qui remplacent dans l'U.E. l'antique rituel de la douane, sont tout aussi exotiques.
N'ayant droit qu'à un luggage de cabine aux dimensions réduites, il faut se taper la litanie à la Prévert (en moins poétique) de tout ce qui est interdit. Pas question d'emporter son Verney-Carron bécassier à canons superposés, ni même son minuscule coupe-ongles. On pousse même l'avanie jusqu'à vous prohiber toute bouteille d'eau ou déodorant de moins de 100 ml.
Au retour, on s'est même fait confisquer un malheureux bocalito de marmelade à l'orange de Dundee, au motif que l'opacité de la chose ne permettait pas d'en identifier le contenu: la marmelade piégée par Al-Qaïda doit être un must!
Tout ça est stupide, definitively stupid. Pour qui sait faire, on peut tuer avec un simple quotidien roulé en pointe ou même à mains nues, on peut planquer n'importe où une once de Semtex ou une rasade de nitroglycérine et le faire péter y compris en y laissant sa couenne, ce qui ne dérangera guère les amateurs des 70 «houris aux grands yeux». Stupide et illusoire tant l'on sait qu'un fanatique décidé au martyre réussira toujours. Là comme ailleurs, seul un patient travail préventif de renseignement et d'infiltration peut payer.
J'ai toujours eu des problèmes à la douane, tout mes copains vous le diront.
Quand durant les seventies, on affrétait des bus pour la San Isidro, les gabelous s'intéressaient systématiquement à mon cas. Les copains rigolaient et prédisaient: «Xavier, c'est pour toi», ce qui ne loupait jamais...
C'est toujours le cas. M'étant dépouillé pire que Job, le passage sous le portique déclencha la sonnerie funeste. Retour au point de départ, on enlève les groles. Re-sonnerie, on quitte les bretelles ou la ceinture, idem pareil. Je les préviens qu'entre mon râtelier et la ferraille que j'ai dans la gambette, ça m'étonne pas. Veulent rien savoir les vigilants: faut palper!
J'aime pas trop les tripotages, surtout que maintenant avec le «mariage pour tous», on risque autant avec les mecs qu'avec les bergères et on ne voit pas pourquoi la décence exigerait qu'on se fasse palper par un quidam de même sexe.
Tant qu'à se faire tâter les burnes, autant que ce soit par une dame, en uniforme qui plus est, c'est plus coquin!
Va te faire foutre! J'ai eu droit à un blondinet boutonneux que j'ai fusillé d'un regard soupçonneux, histoire de désapprouver l'inspection et de le malaiser. Ça a marché, il s'est excusé en bredouillant: «Désolé, c'est le règlement!». Heureusement que le règlement n'impose pas de touchers rectaux, on était mal barré!
Scannerisé de partout, ayant fait le plein de rayon X, scruté jusqu'au moindre nonosse, on se résout à vous laisser passer.
Big Brother a fait son job!
Perso, ça ne me rassure pas du tout ce cirque. Les «vigiepirates», le défilé des flics et zuniformes dans les lieux publics, baïonnette au canon et peur au fusil, les contrôles, ça m'inquiète plutôt que ça me rassérène: c'est quand on n'y voit pas un képi qu'un pays fait preuve de son état démocratique et paisible et c'est quand on en voit trop qu'il y a lieu de s'alerter. Les pays totalitaires sont toujours très sûrs...
M'enfin, paraît que ça apaise le péquin ce déballage de militaires déguisés en soldats!
Le vol Ryanair constitue une bonne transition vers l'Albion post-thatchérienne.
Patrie de l'ultralibéralisme, nous voilà!
Tout y est étudié pour baisser les coûts, tout en ménageant des aménagements salvateurs pour les enflouzés nantis. Ainsi, au prix d'une modeste obole de 10 euros, vous pouvez être «privilégié» et passer avant tout le monde sans poireauter pour choisir votre place.
La culture du privilège, tout un programme: certain n'ont pas désarmé et aucunement compris depuis le 4 août 1789...
Et tout à lavement, comme disait l'autre.
Z'ont du étudier le «market» à la loupe, vu que les sièges sont calibrés pour l'européen moyen. Les dodus font le voyage façon statue égyptienne: de profil assis sur une fesse; quant à boucler la ceinture, macach bono, en cas de crash vous êtes bon pour vous retrouver copilote ou décalqué sur le fuselage. Pendant tout le trajet, les stewards et hôtesses, transformés en V.R.P. volants essaient de vous fourguer toutes sortes de trucs bizarres, y compris un grand loto pour des oeuvres de bienfaisance.
Sont bien les zultra-libéraux: on ruine les services publics con remplace par les dons des pognonisés, on troque la solidarité pour la charité (non, pas l'hôpital!).
C'est futé quand même!
Tenez, un billet de métro de la Eratépé parigote, entreprise d'état, coute 1,33€ (par 10); pour son homologue londonnien, chez London Tube, en voie de privatisation, vous devrez débourser £4.50, soit 5,20€.
C'est sûr qu'on raque moins d'impôts, mais si c'est pour tout payer plus cher, c'est kifkif au bout du compte. Y'en a qui préfèrent financer des actionnaires que des fonctionnaires, la seule différence -notable- c'est qu'un fonctionnaire, c'est un emploi, quand un actionnaire, c'est de la spéculation!!!
Tout ça pour vous affranchir: London is expensive and their tailors are rich.
Xavier KLEIN
Photo perso |
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