Humeurs taurines et éclectiques

dimanche 22 décembre 2013

Liberté, liberté chérie!!!

«Les lois et les censures compromettent la liberté de pensée bien moins que ne le fait la peur. Toute divergence d'opinion devient suspecte et seuls quelques très rares esprits ne se forcent pas à penser et juger "comme il faut".»
André Gide «Journal 1939-1949»
 
 
Je reçois hier (21/12/2013) un email (cf. ci-dessous avec PJ) de Mme Claire STAROZINSKI, Présidente de l’Alliance Anticorrida dont l’organisation, certes plus civilisée que ses congénères se prévaut toutefois de nombreux actes de pressions et de censure qui représentent autant de limitations inacceptables dans une démocratie plurielle à la liberté de pensée, de créer, de «culturer» (cf la rubrique «A notre actif» dans leur site   http://www.allianceanticorrida.fr/.
On en est maintenant parvenu à la remise en cause de la liberté de s’exprimer, c'est-à-dire dans l’article mis en cause (http://bregaorthez.blogspot.fr/2012/11/zantimails.html), de ne rapporter que la stricte réalité des faits.
Bluff? Intimidation? Ces gens là ne doutent de rien!
Vous trouverez ci-dessous l'échange de courriels.
Xavier KLEIN
 
M KLEIN
Vous nous accusez ici  par ricochet  http://bregaorthez.blogspot.fr/2012/11/zantimails.html d'avoir des liens avec le député belge populiste Louis 
Il n'en est rien et vous le savez (voir  PJ) je vous mets donc  en demeure de supprimer ces propos sous 48 heures. (avec un forte participation de flamands (verts!) de confession belgeoise, comme leur charmant député d’extrême-droite Laurent LOUIS)
Dans la négative je me verrai dans l'obligation d'exercer au civil l'action en justice que la loi me réserve, l'action au pénal étant prescrite.
Toutes les villes taurines sont systématiquement bombardées de courriels de pression (63 à ce jour), expédiés sur l’injonction de l’Alliance Anticorrida (avec un forte participation de flamands (verts!) de confession belgeoise, comme leur charmant député d’extrême-droite Laurent LOUIS): «Conformément à mon aversion pour la pratique tauromachique je réprouve le fait que ma famille et moi-même, subissions la vue ou l’évocation de spectacles mettant à l’honneur la violence infligée à un être vivant.
Je participe, par conséquent, à la campagne de l'Alliance Anticorrida et m'engage à éviter toutes les villes au sein desquelles de telles manifestations sont organisées.».
Bien à vous
Claire Starozinski
Présidente
PJ courrier Claire STAROZINSKI
REPONSE
Chère Madame,
Avant que de vous lancer dans une entreprise hasardeuse, vous devriez lire le contenu, souvent scandaleux, des quelques centaines de mails qui reprennent -partiellement- les "courriels de pression" que nous recevons à la mairie d'Orthez (dont consciencieusement, j'ai conservé trace).
Je veux bien reconnaitre que vous vous distinguez de nombre de vos coreligionnaires anti-corridas par une relative modération. Il n’en demeure pas moins que vos appels et incitations sont abondamment repris par des partis et des mouvances extrêmes (http://www.marinelepenelysee2012.com/t5346-petition-soutien-au-professeur-hubert-montagner-pour-interdire-l-acces-aux-corridas-aux-enfants-de-moins-de-16-ans).
Je ne vous ferai pas non plus l’injure de vous rappeler les prises de positions réitérées de Brigitte Bardot, grande prêtresse anti-corrida et soutien actif des idéologies les plus malodorantes.
Qu’y puis-je si vos idées trouvent un écho particulièrement favorable auprès de cette mouvance. Il vous faut assumer, et peut-être, si vous en êtes capable, en appréhender les tenants et aboutissants.
Je me permets de vous rappeler en outre que votre campagne de courriels s’apparente fort à un boycott à l’encontre d’une communauté agressée en raison de ses pratiques culturelles, ce qui, à ce qui me semble, tombe sous le coup des articles 225-1 et 225-2 du code pénal.
Le retour de bâton risque donc de vous être pénible si, comme j’en ai les preuves, je puis attester de la réalité des écrits de vos amis belges.
Enfin, ne vous imaginez pas pouvoir m'imposer la censure intellectuelle, artistique, littéraire et pseudo-morale que vous vous évertuez à développer en tous lieux à l'encontre de la corrida. Je suis d'ailleurs étonné que vous n'ayez pas encore exigé le retrait des centaines de chefs d'oeuvres taurins des musées et des bibliothèques en vue d'un autodafé géant!!!
En tout état de cause, je me refuse catégoriquement à obtempérer.
Je vous prie de croire, chère Madame à mes sentiments aficionados.
Xavier KLEIN

Avant, c'était le couteau entre les dents! Mais c'était avant...


Quelqu'un peut-il faire RAPIDEMENT la capture totale d'écran pour mes archives, et me la transférer, je n'y parviens pas.
Merci.
Xavier KLEIN

Additif postérieur: Merci pour la capture... Cliquer sur la photo pour distinguer plus nettement.

 

jeudi 12 décembre 2013

S'ils vous filment, filmez les!

Barbarella, hommage à FOREST par Milo MANARA
Après une longue période d'impossibilité à écrire, me revoilà à m'essayer à l'exercice.
 
Ce ne sont pourtant pas les sujets de méditation -non transcendantale- qui ont manqué: la tauromachie est en mutation, tant dans ses fondements que dans ses modalités pratiques et cette période s'avère difficile à négocier, surtout chez nos cousins ibériques.
Le danger surgit tant de l'extérieur (nos «zamis les zantis»), que de l'intérieur où d'une part l'évolution actuelle des spectacles et de leur (manque) de contenu, d'autre part les querelles du mundillo et l'impossibilité en Espagne d'élaborer un front commun, enfin la prépondérance portée à l'argent par rapport au fait culturel alimentent et confortent l'argumentation «zantie».
Nous y reviendrons dans un prochain article.
La France est bien mieux lotie, notamment le Sud-Ouest où prédominent largement les organisations municipales ou associatives. La corrida s'y assume avant tout comme un fait culturel et identitaire, ce qui explique non seulement le consensus des aficionados, mais également et surtout le sérieux dont nous créditent envieusement nos amis espagnols.
 
Le discours français sur la corrida s'est homogénéisé, notamment par l'évolution tardive mais bien réelle d'André Viard depuis 2 ans, sur les fondements taurins. Certes, il n'y a pas eu de mea culpa chez l'ex-grand prêtre de la tauromachie, du toreo et du toro «modernes», mais là n'est pas l'important.
L'important n'est pas qu'avec quelques uns nous ayons eu raison avant les caciques, l'important est que le fond et la forme pour lesquels nous nous battions se soient progressivement imposés comme des réalités désormais incontournables. Un peu partout, les changements dans les cartels, les nouveaux élevages apparus, l'attention développée au premier tercio sont là pour le confirmer. Pour résumer on ne parle plus guère d'ayatollahs ni de talibans...
 
J'ai toujours milité pour une tauromachie diverse, dans laquelle les écoles, les perceptions, les sensibilités puissent s'exprimer, dialoguer, se répondre, s'influencer, se conjuguer. L'évolution actuelle va dans ce sens, et, s'il fallait un symbole à cette état nouveau, le mieux choisi serait cette faena marquante de Morante de la Puebla en septembre à Dax face à un toro de Victorino Martin. Un de ces gestes qui consacrent -s'il en était besoin- un «maestro de verdad»!
 
Toutefois, si les raisons d'espérer se manifestent -je le redis, toujours en France- les raisons de s'inquiéter s'y développent, dont il y a lieu de prendre toute la mesure.
Le changement de stratégie des «zantis» et ses conséquences ne sauraient plus être occultés, notamment par la phalange des «aficionados de tour d'ivoire» qui méprisent avec altitude toutes ces vicissitudes qui ne rapportent pas à leur vision romantisée des campos.
Les attaques -violentissimes- visent désormais les petites arènes qui ne disposent pas des moyens de réponses adaptés.
Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, depuis toujours je postule que la survivance de la tauromachie tient à la solidité des petites plazas: Barcelone est «tombée» parce qu'il n'y avait plus rien autour!
Le vrai peuple du toro porte volontiers béret, parle parfois rocailleux, souvent en gascon, chasse, pêche, tue le cochon et gave ses oies et canards. Il est bien éloigné des uniformisés rouges et blancs qui peuplent les ferias. Fin connaisseur aux mains calleuses, à la réplique prompte, à l'esprit affûté, il se pèle le postérieur en novembre à Saint-Sever ou à Rion des Landes, avant de rissoler sur les tendidos surchauffés de Parentis, d'Hagetmau ou de Roquefort. C'est lui, ce descendant des Tarusates ou autres Tarbelles, les «peuples du taureau» (radical indo-européen *tarb-/*tarv- qui signifie taureau) qui tiendront un jour la première ligne de défense d'une certaine conception du monde, de la vie, de la mort, du rapport à la nature.
 
Les honorables associations «zanties» se dissimulent et sous-traitent désormais leur activisme à des nervis embrigadés et importés de Paris, de Bretagne, de Belgique, d'Allemagne, de GB voire des USA. Ces jeunes gens charmants portant uniformes (comme le 11 novembre à Saint-Sever), cagoules ou capuches (Rion) viennent gambader et se distraire autour de nos placitas avec des ustensiles bien peu champêtres (barres de fer, chaînes, bombes lacrymo, engins pyrotechniques). Chaleureux (ils n'hésitent pas à incendier les arènes de Rion), ils pratiquent une communication directe, certes fondée sur un vocabulaire châtié («enculés», «salauds», «sadiques», «barbares», «tortionnaires», etc.) mais directement compréhensible par les «dégénérés provinciaux» que nous sommes à leurs yeux.
 
C'est sans doute sur ce mode distingué que les chevaliers nordistes de Simon IV de Montfort communiquaient avec les Albigeois, Cortes avec les Aztèques et Bugeaud avec les Kabyles, sans parler des hussards noirs de la République qui ont réprimé les langues régionales en humiliant les gamins qui les pratiquaient. Que voulez-vous, lorsqu'on est fanatique et sûr de son droit, c'est toujours la même chose! Bien sûr, les leaders médiatiques qui poussent à l'acte sans s'y engager parlent un tout autre langage très bisounours: entendre Hély délirer sur la compassion est dans ce contexte un plaisir délectable.
 
Le problème, c'est que pour faire face à ces situations de troubles volontaires à caractère émeutier, les communes concernées sont obligées de mobiliser les grands moyens (services d'ordre, CRS, etc.) ce qui s'avère coûteux et surtout inassumable par les budgets locaux.
On pourrait d'ailleurs envoyer les factures … salées à ceux qui n'ont de cesse de glapir à l'encontre des soi-disant subventions publiques qui irrigueraient généreusement la tauromachie. Ces déploiements entraînent des choix: à Orthez lorsque 50 gendarmes sont requis durant un jour, ils manquent ailleurs, notamment pour couvrir la sécurité des autres jours de fêtes. Il ne s'agît donc ni plus ni moins que de gestion de la sécurité publique de base.
 
Le problème également, c'est que si dans le cas des hooligans les désordres se produisent DANS les stades par des SUPPORTERS, dans le cas des «zantis», les manifestations des «zantis» se produisent la plupart du temps HORS des arènes par des OPPOSANTS.
 
Le problème enfin serait de savoir si la puissance publique admettrait de même, des manifestations de ce type organisées par des libre-penseurs devant et dans des églises, temples, synagogues ou mosquées, des royalistes devant et dans l'Elysée, le Front de Gauche devant la statue de Jeanne d'Arc le 1er mai, des antimilitaristes le 14 juillet à l'Arc de Triomphe, etc.
 
Les guerres picrocholines entamées par les «zantis» -car n'oublions pas que dans cette affaire, il y a des agresseurs en série et des agressés systématiques- se déplacent également sur le plan juridique. Les actions en justice (plaintes, référés, etc.) se multiplient et les juristes qui y ont paré jusqu'à présent l'ont fait gratis pro deo, une situation qui ne saurait durer, d'autant que ces dossiers exigent urgence, temps et moyens. Des juristes que les petites communes n'ont pas les moyens de mobiliser.
 
Plus grave est l'occupation du terrain médiatique par les «zantis» qui se victimisent alors même qu'ils provoquent une confrontation dont ils espèrent tirer profit. La stratégie est désormais patente: provocations, insultes jusqu'à l'exaspération d'un aficionado qui sera filmée et largement exploitée par la suite. Réseaux sociaux et images sont largement exploités et il n'est nullement indifférent que la presse télévisuelle nationale ait largement utilisé pour illustrer ses reportages des images exclusivement fournies par les «zantis».
Dorénavant, les moyens employés, dans le fond comme dans la forme, n'ont plus grand chose à voir avec l'amateurisme d'antan. Ce sont quasiment des techniques d'intox, de «guerre psychologique» et de guérilla urbaine qui mobilisent des groupes extrêmes organisés, motivés et surtout entraînés.
 
Par delà, c'est toute une dialectique de l'HUMILIATION qui est mise en œuvre. Pour preuve ces «haies de déshonneur» particulièrement explicites qui rappellent douloureusement le supplice des verges où le condamné devait traverser une double haie de bourreaux qui l'insultaient et le fustigeaient. Une pratique initiée dans les légions romaines, perpétuée à coup de baguettes à fusil dans les régiments de l'Ancien Régime (notamment en Prusse où elle est demeurée en usage jusqu'en 1870) et portée à son aboutissement par les unités SS à grands renforts de schlague sur les malheureux juifs des ghettos (évidemment, je ne compare nullement le statut de ces derniers avec ceux des aficionados ou celui des «zantis» avec les SS, mais seulement la volonté explicite d'humilier).
 
A cette nouvelle conjoncture, il convient d'apporter des réponses adaptées et de passer du «bricolage» (le mot n'a rien de péjoratif pour ceux qui ont œuvré bénévolement) à une professionnalisation accrue de la réplique.
Si un consensus semble commencer à se créer dans l'afición quant à la nécessité d'une réaction significative, si lors des assemblées de l'A.C.O.S.O. (organisateurs de corridas et novilladas du Sud-Ouest) et de l'U.V.T.F. (Union de Villes Taurines de France), le thème s'est imposé, il reste à déterminer les contingences. Autrement dit: qui fait quoi et comment?
QUI? La question étant avant tout financière, il s'agit de savoir quelle est l'instance la plus à même de lever des fonds. L'A.CO.S.O.? Pourquoi pas, mais elle ne réunit que les organisateurs du Sud-Ouest! L'U.V.T.F.? Si elle apporte la caution du politique, elle ne dispose pas en l'état des fonds propres, ni de la possibilité en l'état de les réunir?
QUOI? C'est la mise en place d'un réseau de juristes professionnels spécialisés et disponibles pour informer, conseiller et plaider, offert à toutes les plazas, notamment celles qui ne pourraient y recourir par leurs propres moyens internes. C'est également le recours à des spécialistes de la communication. C'est enfin contrecarrer le lobbying effréné des «zantis» soutenus par le «complexe animalo-industriel» (soit de 4,5 à 5 milliards d'euros de chiffre d'affaire annuel).
COMMENT? Tout cela suppose un budget dont il conviendra d'évaluer l'ampleur. De même que devront être mis en place des instances et des mesures de contrôle de l'exécution de ce budget. Des idées diverses ont émergé, dont la plus opérationnelle serait un pourcentage des recettes (0,5 à 1%???).
 
En attendant, l'afición dans sa globalité pourrait se préoccuper de s'investir d'avantage surtout en ne laissant pas le champ libre aux «zantis».
 
Quoi faire?
D'abord, autant que possible, garder son calme et ne pas céder aux provocations.
Ensuite occuper le terrain en répondant -toujours sereinement- dans les rubriques commentaires de tous les articles de presse portant sur la tauromachie, systématiquement envahies par les «zantis» pour donner à croire qu'ils sont majoritaires.
Prendre contact et développer les relations pour créer un front commun, expliquer à d'autres secteurs de la ruralité que si nous sommes la cible principale, eux aussi sont dans le collimateur (éleveurs, gaveurs, chasseurs, pêcheurs, etc.).
 
Comme évoqué plus avant, parmi la panoplie des armes médiatiques utilisées par nos adversaires, il en est une qui a fait des ravages sans que quiconque dans l'afición ne paraisse songer à la retourner contre eux: l'IMAGE. Tous les reportages réalisés par les medias régionaux ou nationaux ont utilisés à l'envi des images (photos ou vidéos) issues (et manipulées) par les «zantis». On y voit les pauvres bêtes gazées, déménagées, parfois matraquées. Ou bien de dignes vieillard(es) bousculé(e)s, des jeunes femmes malmenées (après leur crise d'hystérie), leur progéniture pleurer (après avoir gentiment traité les gens de mots doux lors des haies de déshonneur), etc.
Bien évidemment la caméra filme toujours dans le même angle: tournée vers les vilains aficionados et les méchantes forces de l'ordre, et toujours après avoir charcuté au montage l'«indésirable».
La réponse semble évidente: s'ils vous filment, filmez les!
Xavier KLEIN


lundi 19 août 2013

Les brutes d’Avalon

Photo Alexandre KLEIN

En 1983, sortait un tome d’une saga de Marion Zimmer BRADLEY, intitulé: «Les brumes d’Avalon» qui évoquait cette île de la mythologie celtique et de la légende arthurienne.
En fait, via Saint Isidore de Séville, le mythe trouve sa source dans une description par Pomponius Mela, le plus ancien des géographes romains lorsqu’il évoque ces «Îles Fortunées où la terre produit sans culture des fruits sans cesse renaissants, et où les habitants, exempts d’inquiétude, coulent des jours plus heureux que dans les villes les plus florissantes.».
Avalon est le lieu frontière entre les mondes du réel et de l’irréel, celui des hommes et celui des fées et des elfes, la patrie secrète où les héros, las des turpitudes des hommes se retirent emportés par Morgane, l’ainée des sept sœurs.
Avalon est cachée aux yeux du commun des hommes, nul n’en connait la réalité.
Seuls peuvent l’appréhender et y accéder les cœurs purs, les âmes altières, les vertueux et chevaleresques. Seuls peuvent y pénétrer ceux qui croient à l’empire des rêves et à la course effrénée des chimères.
Avalon existe, ne le répétez pas.

Où? Je ne vous le dirai pas, il faut le mériter.
D’ailleurs, même (et surtout!!!) les «grands esprits» du monde du toro ne le savent pas non plus.
A preuve, samedi 10 et dimanche 11 août, il y avait fête de toros en Avalon, et dimanche, dans les gazettes, dans les grands quotidiens de la PQR (dont trop souvent le R est superfétatoire), personne n’a relaté ce qui s’y était passé. Tous réfugiés plus au sud, les canardiers, les plumitifs, les griffoneurs de babillards, les pisseurs d’encre, et autres tire-poires, dans l’attente d’extases fandiñesques, d’exploits fuenteymbresques gagnés à grandes brassées d’invitations gratuites, de formules mathématiques hasardeuses bourrées de 1 (le chiffre de Dieu) et de 6 (le chiffre de la bête) ou de douleurs extrêmes.

En Avalon, on ne se préoccupe pas excessivement du faste et des manières sophistiquées. Lorsqu'il y pleut, ce sont les «clients» (ici on appelle ces derniers des «aficionados», qui aident à débâcher le ruedo. Pour se sustenter, les tréteaux s’imposent, la vaisselle est de plastique, on s’entasse en se bousculant pour trouver un coin d’ombre, mais toujours on se pousse pour vous laisser assoir.
Le maître des lieux, le grand marabout au profil d’aigle, court de griot en griot, avec une douce gasconnade pour chacun, parfois agrémentée d’un viatique armagnacais. Idem de ses acolytes, mâles et femelles qui s’ingénient à rendre la vie de leurs hôtes plus soyeuse, à les convier à un avant-goût de la fraternité céleste.
Tout n’est ici que simplicité et camaraderie, où il est doux de laisser passer le tantôt dans une quiète somnolence, sans autre obligation que de choisir entre «cluquoter» et batailler avec d’autres heureux élus.

En Avalon, tout n’est pourtant pas idyllique: pour que les verts pâturages le demeurent, il faut bien qu’il pleuve de temps à autres! Apprécie t-on la grâce d’un grand met ou d’un grand cru si l'on en abuse au quotidien?
Photo Alexandre KLEIN

Cette année, en dépit des efforts forcenés et des espoirs des hôtes, le dieu cornu n’avait pas outrancièrement béni la fête. Et quand, parfois, sortait dans l’enclos sacré un regalo, l’officiant ne savait pas toujours l’honorer comme il eût convenu.
On vit des toros d’un autre âge, de ceux que la plupart des toreros ne VEULENT plus affronter.
On en vit d’autres qu’ils ne PEUVENT plus affronter, ayant perdu ou négligé le savoir pour le faire.
On vit de jeunes gens s’y confronter sans certes toujours se hisser au niveau de leurs opposants, mais sans qu’aucun n’ait démérité, ni se soit déconsidéré par manque d’honneur ou de volonté.
Qu’importe ! Jamais l’ennui ne fut au rendez-vous, jamais on ne vit de ces bestioles ridicules qui font honte au nom de toro. Jamais n’apparurent de ces collaborateurs de bas étage, conçus tout exprès pour que des divas puissent s’en amuser.
On éprouva la peur et souvent cette admiration pour la fougue destructrice des fauves.
Il n’y eut rien d’indigne (le mot est à la mode!!!), bien au contraire, rien que du sérieux, du sans complaisance commerciale.
Photo Alexandre KLEIN


A l’ultime vesprée, portés par l’ambition la plus respectable, celle qui a nom afición de verdad, déçus dans leurs espérances, certains des avalonites laissaient poindre quelque humidité océane dans des regards perdus. La poussière du ruedo, sans doute.
Qu’ils en soient assurés, tous les preux, tous les Quijotes, tous ceux qui savent que la loi du désir et de la volupté s’établit sur l’attente et l’acceptation de l’échec seront présents l'an prochain à la San Bertomiu. 
Xavier KLEIN

mercredi 7 août 2013

ORTHEZ 2013, le bilan

Photo Pierre THOMAZO
Comme dab, après l’édition 2013, quelques propos forcément subjectifs sur la journée taurine d’Orthez.

On se reportera, utilement à mon sens, aux reseñas précises et documentées d’Olivier BARBIER (http://torobravo.fr/orthez-les-novillos-de-zaballos-meritaient-mieux/)
et http://torobravo.fr/orthez-lennui-sinstalle/) ou de Dominique VALMARY de la FSTF (http://www.torofstf.com/content/dimanche-28-juillet-2013-novillada-de-miguel-zaballos-et-corrida-de-raso-del-portillo-%C3%A0)

Après lecture de divers commentaires, me viennent quatre considérations préalables.
 
1°) La difficulté, voire l’impossibilité de beaucoup de «reseñeros» à remettre les évènements dans leur contexte. Orthez n’est ni Vic, ni Céret, ni Dax, ni Arles, ni Béziers, etc...
Elle n’en a ni les moyens financiers, ni le poids!
Il convient d’y juger ce qui s’y fait, avec les moyens dont elle dispose. D’autant qu’hors des circuits mundillesques, Orthez n’a aucune aide à attendre –tout au contraire- du «milieu»… De plus, sa ligne taurine est à contre-courant.
Orthez ne se veut pas restaurant 4 étoiles avec chasseurs, sommeliers et cuistot à toques, mais halte de campagne à coté de la rivière, avec la «daoune» qui fait une savoureuse cuisine de terroir avec les produits de la tierra. Et quelquefois, quand «lou maiste» passe et lui pince coquinement la fesse, il peut arriver que la garbure soit un peu plus salée…
 
2°) De même, il me semble aberrant de ne tenir aucun compte des critères que la Commission se fixe de façon délibérée et transparente: une lidia complète, notamment la revalorisation du premier tercio, la présentation d’encastes et d’élevages rares ou méconnus, des toros intègres et dans le type. Mais également le souci de conserver des tarifs raisonnables pour que la corrida demeure ouverte à tous.
 
3°) Certains aficionados français ont la mémoire courte: c’est parce quelques rares ruedos comme Orthez se sont battus pour maintenir des toros ou des pratiques différents que le courant amorcé cette année dans les grandes plazas a pu s’initier. Il s’agirait d’apprécier cette différence en se départissant de la vision des toros «actuels» et ne pas demander aux «toros d’Orthez» qu’ils se comportent et soient toréés comme ces derniers.
 
4°)  L’exigence de certains aficionados et de certains commentateurs me paraît souvent paradoxale et parfois outrancière : pour paraphraser Figaro, «Aux vertus qu’on exige dans un torero, Vos Excellences connaissent-elle beaucoup d’aficionados émérites qui fussent dignes de l’être.».
J’entends par là qu’on leur demande d’être toujours à 300%: nous le demandons-nous de même manière ? Et lorsque je lis, comme souvent, des mots définitifs sur tel ou tel maestro (en l'occurrence ROBLEÑO), mots qui s’évaporeront au premier triomphe, je me prends à sourire.
Le triomphe est et doit rester exceptionnel. Il ne saurait être la norme. Quand il n’est pas au rendez-vous, sans que pour autant la journée soit indigne, y a t-il pour autant matière à glapir?
Une dernière réflexion me vient:
En tant qu'organisateur, à partir du moment où un aficionado nous fait l'honneur et l'avantage de venir à Orthez et de soutenir la plaza en y payant sa place, il peut y siffler ou y applaudir autant qu'il lui plait. Peu me chaut et je ne regarde quasiment jamais le public. Pitos ou palmas sont des informations.
En tant qu'aficionado, il me semble qu'il y a l'essentiel (la présentation, l'intégrité des toros, le désir de faire vivre une lidia de qualité, de valoriser le premier tercio, etc.), et le secondaire (musique, oreilles, etc.). Le mieux étant l'ennemi du bien, vouloir être intransigeant pour tout me semble contre-productif, d'autant qu'une bonne moitié du public est composée de néophytes dont il convient de prendre en compte ces désirs secondaires. On ne remplit pas une arène qu'avec des aficionados, et le jour où elle sera désertée par les locaux (qui financent partiellement la chose sur leurs impôts), on sera bien avancés!!!
 
Novillos et toros ont été ce qu’on leur demande d’abord d’être à Orthez: bien présentés, dans le type, forts (plus de 3 piques de moyenne), relativement complets (il y eu des troisièmes tercios).
Le lot de Zaballos m’a paru très intéressant, encasté, mais manquant peut-être de ce zeste de piquant, de cette «chispa» qui lui eût permis d’exploser. Encore eut-il fallu que tous leurs opposants trouvent la mèche ou sachent l’allumer.
Rappelons toutefois que peu de postulants se manifestent devant ce type de bétail et que le jeune Alberto POZO par exemple,  qui mit du cœur à l’ouvrage sans le maîtriser (mais le cœur, l’engagement et l’émotion ne sont-ils pas ce qui manque le plus fans la toreria actuelle), ne compte qu’une demi-douzaine de contrats au compteur depuis l’an dernier. Ceci expliquant et excusant cela.
Le fait est que ces novillos furent largement inemployés et que leurs exigences techniques ne trouvent plus guère d’opposants à même de mettre en valeur leurs superbes embestidas, museau au sol.
Seul Jesus FERNANDEZ sut le faire. En fut-il justement récompensé à son premier novillo?
 
Les Raso de Portillo sortent habituellement en novillada et le mot qui me vient pour les qualifier serait «rustiques» (au coté positif et originel de l’acception).
Il y avait là aussi de quoi faire, car, à part le cinquième que les cuadrillas ne voulaient pas voir (depuis le sorteo de la veille qui s’était prolongé durant 2h), aucun ne présentait de difficulté et tous se prêtaient au jeu, avec sans doute un léger manque de fond. Pour autant, me semble t-il, un lot qui, sans être exceptionnel se situait nettement au dessus de l'ordinaire par sa force, sa présentation, ses qualités morales différentes.
Ils ne se sont pas éteints au fer comme l’année dernière les Vega Teixeira, en dépit d’un tercio de pique conséquent.
 
Je note que le cinquième qui a tant fait jaser ne présentait, de mon point de vue, nul symptôme de difficultés durant les deux tercios  précédant (on se reportera aux vidéos existantes). Sans doute procédait-il de ce que je qualifierais de «toro d’émotion», tel que le premier colorado de Vega Teixeira l’an passé. De ces toros de 4 ou 5 tandas, qui par leur transmission autorisent les triomphes à ceux qui les consentent. Un toro pour Robleño, type de torero guerrier qui apparaît vite fade avec des exemplaires trop pastueños, mais brille dans la difficulté.
Un Fernando Robleño qui ne me paraît mériter en rien l’excès des critiques dont certains l’accablent. La temporada 2012 fut un moment de grâce qu’il peine pour l’heure à renouveler. En termes de contrats, en a-t-il été récompensé comme il eut convenu? Il y a là quelque chose de désespérant! En tous cas, il fut professionnel et honnête, conservons notre confiance à cet homme de pundonor.
Passons charitablement sur Morenito de Aranda qui sut avec maîtrise empocher le sueldo, pour terminer avec Oliva SOTO qui voulut mais ne parvint point, notamment avec le sixième. Il lui manqua toujours les 10 cm qui permettent d’être présent et si le buste souhaitait, les pieds se refusaient de suivre. Il n’est aucunement accoutumé au Santa Coloma. Un pari perdu! Mais faut-il renoncer à vouloir confronter des toreros fins avec des toros encastés?
 
On notera pour le coté pratique:
1°) La durée excessive de la novillada résultant d’une piste défoncée (le vendredi précédant par un spectacle équestre) qu’il a fallu arroser et retracer plusieurs fois, de la difficulté des novilleros et cuadrillas à mettre correctement en suerte pour des tercios de piques qui se sont prolongés, ainsi qu’à la cogida d’Alberto POZO.
2°) Le retard des paseos dus à l’informatique de la billeterie dont l’ordinateur a «flambé» avant la novillada.
3°) Des doubles numérotations de billets (cf 2°).
4°) Un cheval un peu trop lourd.
 
Au final, une journée à mes yeux intéressante, avant tout pour des aficionados affirmés mais qui consacre le paradoxe ortheziens : des toros qui offrent des possibilités souvent inexploitées faute d’opposants motivés ou confirmés. Une journée qui stigmatise une situation actuelle préoccupante où même avec 3 ou 4 contrats, des toreros qui devraient s’engager à fond se permettent des délicatesses de repus. Signe des temps !!!
Des réflexion, des efforts, des améliorations à poursuivre.
6,5/10
On voudra bien excuser les phôtes de style, d’orthografe, de synthaxe et de grandmaire, j’ai beaucoup de difficultés à écrire…
Xavier KLEIN