Vous ai-je déjà entretenu d’Edward Sheriff CURTIS?
Oui, bien sûr, dans un précédent article (http://bregaorthez.blogspot.fr/search/label/Edward%20Sheriff%20Curtis).
J’ai réussi à me procurer son «meilleur vendeur»: «Les Indiens d’Amérique du Nord, les Portfolios complets» Edward Sheriff Curtis, Taschen, 1997 dont on peut encore récupérer quelques exemplaires avant épuisement définitif.
Ses clichés me laissent rêveur. Voilà bien l'un des rares produits qui font honneur au Nouveau Monde. Mi-Indiana Jones, mi-Jack London et pour faire bonne mesure avec un troisième «mi» de Danse avec les Loups.
Un autodidacte complet, qui fabriqua sa propre machine à voler les images. D’apprenti photographe à 18 ans, il se mue en explorateur qui ne cessera plus de 1907 à 1930 d’arpenter l’Amérique du Nord pour recueillir précieusement les derniers témoignages d’une civilisation et d’un peuple qui se mourraient. Et d'explorateur, il deviendra ethnologue, mieux: humaniste! Tout cela sans savoir le grec, le latin et l'usure des fonds de culottes sur les mornes bancs d'université. Le miracle américain, le vrai, celui qui permettait de tout rêver, avant les subprimes, les fonds de pension et la dictature des Standard & Poor's et des Lehman Brothers.
80 tribus visitées au cours de plus de 125 voyages, 40000 clichés réalisés sur 30 ans, sans compter dessins, enregistrements et films.
Quand je contemple ses photos -ses chefs d’œuvres devrais-je plutôt écrire- j’y retrouve l’émotion que délivre l’œuvre également inégalable de ce grand «pec» de Félix Arnaudin qui a de même capturé les derniers frémissements de la vie de la Grande Lande de Gascogne, du temps où l’on pouvait y contempler l’horizon à perte de vue, sans que la forêt vienne cacher l’arbre.
Les deux types se ressemblent physiquement d’ailleurs et les deux usaient du matériel le plus rudimentaire qui soit, sans pixels, sans super zooms, sans électronique, mais avec les deux ingrédients indispensable du génie photographique: le coup d’œil et l’art et le désir de raconter quelque chose qui ait du sens. Tout les deux sont demeurés longtemps inconnus et incompris.
Oui, bien sûr, dans un précédent article (http://bregaorthez.blogspot.fr/search/label/Edward%20Sheriff%20Curtis).
J’ai réussi à me procurer son «meilleur vendeur»: «Les Indiens d’Amérique du Nord, les Portfolios complets» Edward Sheriff Curtis, Taschen, 1997 dont on peut encore récupérer quelques exemplaires avant épuisement définitif.
Ses clichés me laissent rêveur. Voilà bien l'un des rares produits qui font honneur au Nouveau Monde. Mi-Indiana Jones, mi-Jack London et pour faire bonne mesure avec un troisième «mi» de Danse avec les Loups.
Un autodidacte complet, qui fabriqua sa propre machine à voler les images. D’apprenti photographe à 18 ans, il se mue en explorateur qui ne cessera plus de 1907 à 1930 d’arpenter l’Amérique du Nord pour recueillir précieusement les derniers témoignages d’une civilisation et d’un peuple qui se mourraient. Et d'explorateur, il deviendra ethnologue, mieux: humaniste! Tout cela sans savoir le grec, le latin et l'usure des fonds de culottes sur les mornes bancs d'université. Le miracle américain, le vrai, celui qui permettait de tout rêver, avant les subprimes, les fonds de pension et la dictature des Standard & Poor's et des Lehman Brothers.
80 tribus visitées au cours de plus de 125 voyages, 40000 clichés réalisés sur 30 ans, sans compter dessins, enregistrements et films.
Quand je contemple ses photos -ses chefs d’œuvres devrais-je plutôt écrire- j’y retrouve l’émotion que délivre l’œuvre également inégalable de ce grand «pec» de Félix Arnaudin qui a de même capturé les derniers frémissements de la vie de la Grande Lande de Gascogne, du temps où l’on pouvait y contempler l’horizon à perte de vue, sans que la forêt vienne cacher l’arbre.
Les deux types se ressemblent physiquement d’ailleurs et les deux usaient du matériel le plus rudimentaire qui soit, sans pixels, sans super zooms, sans électronique, mais avec les deux ingrédients indispensable du génie photographique: le coup d’œil et l’art et le désir de raconter quelque chose qui ait du sens. Tout les deux sont demeurés longtemps inconnus et incompris.
Il y a dans leurs clichés cette humanité, cette sensibilité, cette intelligence de l’autre qui lient le photographe et son sujet. Curtis aime les indiens. Il ne les photographie pas seulement comme des spécimen, des phénomènes de foire ou des mannequins.
On le sent désireux de beauté, non de folklore, de beauté intérieure et de saisir l’âme de ceux qu’il regarde et fixe sur la plaque. Tout cela à une époque où «le seul bon indien est un indien mort», au mieux un va-nu-pieds famélique, fainéant et alcoolique, ou pire, le faire-valoir «objetisé» du bon blanc civilisateur.
Ma préférée!!! |
Quand j’étais môme, grand lecteur de Fenimore Cooper et des ses Mohicans ultimes, je ne parvenais jamais à me complaire dans la peau du cow-boy. En conséquence de quoi, volontairement cantonné au rôle de l’Apache ou du Sioux de service, je finissais toujours mal durant les récréations, ce qui m’importait peu d’ailleurs. Toutefois –et ce fut là l’un des ressorts d’un tempérament frondeur et rebelle- je compris rapidement qu’il y avait quelque chose de louche dans les triomphes programmés de John Wayne, de cette Amérique à si parfaite bonne conscience et que les choses ne pouvaient être si simples.
Ce fut le film, magnifique, de John Ford, «La prisonnière du désert» qui me délivra pour la première fois de la naïveté, et de l’illusion que le genre humain était intrinsèquement bon. A partir de là, ce fut comme le bout de laine qui dépasse: on tire, on tire, et tout vient, déconstruisant le beau pull-over.
Et puis il y eut «Hombre» avec Paul Newman, puis «Little Big Man», «Danse avec les loups», «Cœur de tonnerre», «Phoenix Arizona» et tout le toutim, jusqu’au récent «Même la pluie» de Icíar Bollaín (qui se passe au Brésil).
Mais mon préféré, parce qu’il rend compte d'un humour indien fort à mon goût, c’est «Dance Me Outside», 1994, de Bruce McDonald. Un film qui se refuse au piège du misérabilisme ou de la pleurnicherie et peint les amérindiens contemporains dans leur réalité prosaïque.
Sans doute que Edward Sheriff Curtis aurait également aimé les photographier…
Xavier KLEIN