Humeurs taurines et éclectiques

jeudi 24 juin 2010

EXPOSITION LAURENT FRONTERE

Laurent FRONTERE est un esprit libre et original qui batifole entre la littérature, les arts graphiques, la céramique, tout cela au gré de sa fantaisie.
C'est surtout un graphiste de formation classique qui connait les bases et les grands fondamentaux du dessin, c'est une chose qui se fait tellement rare!!!
Laurent manie l'humour avec un dénuement complet de prétention, ce qui rend sa compagnie des plus délectables.
Allez faire un tour et dénichez son antre de par les ruelles fleuries et patinées de Salies, vous jugerez par vous-même...
Laurent, j'espère trouver un moment de répit dans la frénésie du quotidien, qui sera à n'en pas douter un moment de grâce.
Xavier

GRANDES MANOEUVRES et PETITS DEBOIRES

Dans un article du quotidien Sud-Ouest (page Orthez) en date du 13 avril, Olivier BARATCHART, président de l'Association des organisateurs de novilladas et de corridas du sud-ouest et directeur des arènes de Bayonne, dérogeant aux usages, se permettait avec beaucoup d’élégance et d’à propos de porter une appréciation élogieuse et valorisante sur la programmation taurine d’Orthez avec le sous titre «Un manque d’attractivité»:
«Je suis un peu entre deux feux. Il y a quand même un grand pas par rapport à l'an dernier : il y a un Français. Mais c'est un cartel qui manque d'attractivité. Je n'ai vraiment rien contre ces toreros, mais les trois ensemble, ce n'est pas évident. Ce sont des garçons qui ne toréent pas souvent. Ils vont avoir envie de le faire, c'est sûr, mais tout torero qui arrive au paseo, dans l'arène, a envie.
Ce qui est bien, c'est qu'on va voir des toros qu'on ne voit pas ailleurs avec les Dolores Aguirre. La commission taurine mise beaucoup sur le toro. Mais je suis d'un parti pris qui considère que ce n'est pas en misant uniquement sur des vedettes - comme on le voit dans certaines arènes - ou uniquement sur des toros, qu'on va arriver à passionner le maximum de monde. Tout le monde n'aime pas le combat pur et dur. Faire venir un toro trois fois à la pique, cela va faire plaisir à 10 % des arènes. Il faut penser aux 90 % restants. Il ne faut pas oublier que la corrida est un spectacle et qu'il y a une rentabilité à rechercher. Les gens doivent être satisfaits pour qu'ils aient envie d'y retourner. C'est vital pour la tauromachie.
»
Evidemment tout cela n’a rigoureusement rien à voir avec le fait que Julien LESCARRET, que notre homme-orchestre apodère, ne figure pas au cartel d’Orthez.
On notera avec satisfaction qu’Olivier BARATCHART, honorant et justifiant par là ses responsabilités de président de l'Association des organisateurs de novilladas et de corridas du sud-ouest s’emploie avec brio à promouvoir les spectacles d’un des adhérents de son association. Chacun appréciera…
Mais le cher Olivier ne limite pas à ces broutilles, tel un «Père Joseph» (l’éminence grise de Richelieu:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Leclerc_du_Tremblay) de l’O.N.C.T., il semble qu’il œuvre efficacement en sous main «ad majorem mundilli gloriam» (pour la plus grande gloire du mundillo).
C’est en tout cas l’opinion qui se répand outre-pyrénées (
http://www.elplural.com/tribuna_libre/detail.php?id=47820) à propos de «l’affaire de la liste truquée», une bavure qui, si elle s’avère, ne peut que contribuer au crédit de la cause taurine.
On ne doute pas que, négligeant les attaques infondées, Olivier BARATCHART saura avec tout autant de combativité, trainer les calomniateurs devant les tribunaux, les accusations portées ne pouvant rester sans réponses au risque d’entacher l’honneur et la crédibilité de l’ensemble du monde taurin français.
Xavier KLEIN
*

mercredi 23 juin 2010

AIRE sur ADOUR: le sérieux mal récompensé.

Depuis pas mal de temps, lorsqu’on rappelle que la civilisation repose dans la soumission à la loi et le respect de l’autorité chargée de la faire appliquer, à condition bien sûr que l’une comme l’autre soient démocratiques, légitimes et respectueuses du droit, on passe pour un vieux con.
Il convient en matière de législation de faire preuve de discernement, et de ne pas multiplier les contraintes inutiles pour mieux préserver l’essentiel.
Depuis quelques années on assiste à l’inflation des lois et règlements, on légifère sur tout, on régit à foison l’accessoire, tout en ayant perdu de vue le principal.
Les contraintes de toutes sortes viennent envahir la vie du citoyen, le plus souvent sur le mode de la culpabilisation: pas bien de fumer, de boire, de polluer, de rouler trop vite, d'assister à une corrida, de…, de …, etc.
L’hygiénisme et la dictature des faux bons sentiments font rage dans un maelström qui s’apparente de plus en plus au chaos. On «emmerde» les gens avec des détails périphériques quand les grands fondamentaux sont régulièrement sacrifiés.

On se passionne pour le sort fait aux toros quand des gens crêvent misère , se suicident, se désespèrent à nos portes.
Cette évolution devient ravageuse dans le contexte français, où le rôle et la fonction de l’Etat ont toujours été extrêmement prégnants, où l’autorité est très sacralisée. Non seulement cette autorité se délite depuis des décennies sous la poussée des individualismes, mais elle œuvre à sa propre disqualification par la démagogie et le populisme.
Quand un président (Jacques Chirac) trouve des excuses au «coupd’boul» de Zidane, quand un autre se collète en termes inacceptables au salon de l’Agriculture ou avec des marins, quand son épouse justifie la victoire par la tricherie («pas vu, pas pris» suite au but de T. Henry), ils concourent à la destruction et de la règle, et du respect, et du fondement même de leur autorité.
On voit où cela mène lors de la Coupe du Monde de football (dont je me fous parfaitement par ailleurs), seul m’intéressant le fait de société.
Tous ces épiphénomènes constituent des indicateurs très significatifs de l’état de déliquescence de notre société. Car il est facile de stigmatiser des politiques qui ne sont que le reflet et l’émanation d’une société, de ses valeurs et de ses attentes.
Le thermomètre n’est pas la fièvre.
La même gangrène concerne la globalité des activités humaines, et la tauromachie n’échappe pas au mouvement général.
Quand dans ces colonnes, semaine après semaine, je vitupère contre les excès de l’argent-roi, contre un système taurin qui se commercialise, contre les indultos ou les coliques de trophées, contre l’appauvrissement de la formation des jeunes toreros, contre la disparition en cours de l’art de la lidia et des toros, des élevages qui vont avec, contre les broncas adressées aux palcos qui "résistent", je condamne les mêmes travers que ceux qui affectent le football.
Il ne s’agit pas d’un combat flamboyant dans de grandes mêlées ponctuelles, des charges héroïques, des victoires décisives. Non, c’est une guerre de tranchées, jour après jour, dans le cambouis et la désespérance. C’est Verdun et le front de l’Ebre: s’accrocher au terrain et RESISTER aux petites capitulations et au chant des sirènes.
C’est au sein des peñas, des tertulias, des commissions taurines, des blogs qu’il convient de se battre au quotidien pour conserver, en dépit de la démagogie ambiante et des modes, malgré l’appel lancinant et trompeur au «réalisme», au goût supposé du public, au «quand tu es organisateur tu n’es plus aficionado», une tauromachie qui porte encore quelque sens et surtout quelque justification.
Dimanche à Aire sur Adour, j’ai vu quelques petites choses porteuses de ce sens.
J’ai vu un lot honorable de présentation et intéressant de comportement, rien d'exceptionnel certes, mais correspondant à ce qui devrait être la NORME MEDIANE de la programmation taurine. Des toros plutôt encastés et pourtant tout à fait toréables. Mais également un cartel d’hommes sortant des chemins battus.
J’ai vu le public vivre le plus grand des enthousiasmes (et le meilleur moment de l’après-midi) lorsque le tercio de piques s’est correctement déroulé avec un toro brave.
J’ai vu Marcel GRAZELLI (certains béotiens comprenant "grizzly", ce qui ne lui va pas mal au demeurant), à la présidence, sous les broncas refuser les changements de tercios inopportuns, les oreilles ou les vueltas de toros galvaudés, tenir ferme sous l’outrage (on l’a même traité -insulte suprême- de «Domenech»!), et ne pas se commettre à la démagogie et à la demande de plaisir d’une partie minoritaire du public. On regrettera peut-être des tercios écourtés.
Tout cela est tout à fait encourageant. Il suffisait seulement de le faire pour éviter qu’une soirée des plus agréables ne vire à la pantalonnade triomphaliste.
Hier, même si les résultats en terme de trophées ne sont pas au rendez-vous, les choses étaient sérieuses en Aire, avec un lot digne de plazas plus importantes.
Pourtant, on n’a guère vu la foule des férias «mayor» (entre 1/4 et 1/3 d'arène). Et l’on pourrait se demander si moult grands aficionados autoproclamés et péremptoires, dont ce type de corridas devrait être la tasse de thé, demeurent vraiment crédibles en étant absents.
Par contre, j’ai rencontré beaucoup de «mauvais esprits» ou estampillés tels. Vous savez, ceux qui s’expriment sur les blogs extrémistes tels Campos y Ruedos.
Je ne sais pas s’ils valent grand chose (suis-je hypocrite!), mais ils y étaient EUX
Hier, il y avait toros en Aire, peut-être parmi les plus valables que la temporada 2010 du sud-ouest mettra en scène vu comment courrent les choses, mais on n’en parlera guère. On préfèrera sans doute gloser sur les mignoteries gentillettes des grands rendez-vous, ou des corridas télévisées.
Ainsi va le monde, incohérent!!!
Xavier KLEIN
AIRE SUR ADOUR, DIMANCHE 20 JUIN 2010
Toros de Baltasar Ibán
Uceda LEAL
Javier VALVERDE
Julien MILETTO

mardi 22 juin 2010

FOOTBAL-TAUROMACHIE, MÊME COMBAT?

Sur le blog de l'ami Alain DELON (non zut Marc!) , bref et intense, un remarquable article et un lien fourni dans un commentaire (http://photosmotstoros.blogspot.com/2010/06/arguments.html), vers un article de Jean François KAHN que j'ai trouvé tellement pertinent que je le livre tel quel.

A noter que vous pouvez aussi, dans l'esprit de son article, remplacer le mot foot par le mot tauromachie, ça marche aussi.

La pelle du 18 juin des Bleus: Domenech est vraiment l’homme de la situation.
le blog de Jean-François KAHN

Ecoutez les commentaires sportifs, écoutez même nos anciens footballeurs vedettes analyser les causes de notre raclée en coupe du monde.
Et oubliez un instant qu’il s’agit de foot : on croirait qu’ils décrivent l’état de notre société ou même qu’ils stigmatisent notre mode de gouvernance, voire qu’ils dépeignent le système de pouvoir sarkozyen.
Que disent-ils en effet ? Qu’il n’y a plus, chez les Bleus, le moindre esprit collectif tant l’équipe est rongée par l’hypertrophie des égos et le choc des narcissismes rivaux.
Tout y est : l’arrogance, la fatuité de petits parvenus décervelés, l’exacerbation de la peoplisation orchestrée par TF1, le mépris de ce peuple qu’incarne le public des stades, l’argent qui coule à flots, amollit, pervertit et corrompt, la grande vie entre Fouquet’s et poules de luxe, palaces cinq étoiles et extras dans la pub, des rémunérations de nababs, des dessous de table défiscalisés, la surexposition médiatique qui fait qu’un Thierry Henri poussant un ballon avec ses pieds — parfois avec sa main — devient cent fois plus célèbre que tous les Einstein, Balzac ou Mozart de notre temps.
Or cette équipe lamentable, traversée de haines recuites —comme au PS en somme—, pour qui jouer en national est d’ailleurs une corvée, que rien en réalité n’attache au pays qu’elle est censée représenter, parce que le fric n’a pas plus de patrie que d’odeur, cette équipe, donc, ainsi que son boss ne sont-ils pas l’exact reflet du système politico-social qui en a fait son symbole. Celui du chacun pour soi plutôt que du tous ensemble. Du clanisme plutôt que de l’action solidaire. Du drible individuel qui promotionne le moi au détriment de la passe qui valorise la communauté, du jeu perso qui subvertit toute construction collective.
Au fond, pour qui travaillent les joueurs de l’équipe de France ? Pour la France ? Non, pour le mercato, c’est-à-dire pour le marché. A qui rendent-ils compte ? Aux supporters ? Non, au seul capital qui subventionne leurs clubs. Quelle stratégie ? Aucune autre que celle qui consiste à mettre en valeur la star, à attirer l’attention des médias, à faire monter le cours de l’action de ses jambes et de son nombril. Ça vous rappelle quelque chose ou quelqu’un ?
Aucune âme, aucune tripe, les petits calculs. Les meilleurs sur le banc de touche, les copains jamais écartés, eux. Aucune capacité d’anticipation, du coup par coup, une balle qui ne circule pas, de la frime en guise d’attaque. Quatre tirs seulement cadrés dans les buts sur douze frappes. Un Malouda qui sauve l’honneur, mais un Ribéry qui joue avec lui-même comme s’il tenait à imiter notre avant-centre présidentiel.
Maintenant il va falloir mettre fin à l’indécence. J’aime le foot (en revanche je ne comprends rien au rugby) : la Suisse battant l’Espagne, la Corée du Nord infligeant un but au Brésil, ça oui ce sont des événements. Mais le petit-déjeuner des Bleus, l’humeur des Bleus au saut du lit, le footing des Bleus, le shopping des Bleus, les femmes et les maîtresses des Bleus, la vacuité étalée des Bleus, je m’en fous comme de la première paire de baskets de Ribéry.Et si les journalistes sportifs nous parlaient de sport ?
C’est Rama Yade qui aurait dû refuser des rencontrer des blaireaux, et pas l’inverse.

vendredi 18 juin 2010

VIDEOS DES NOVILLOS ET TOROS D'ORTHEZ

Novillo de Saltillo
Merci à Yves PETRIAT (www.lvyg.fr) de son travail remarquable, fruit de ses expériences conjuguées de vidéaste et d'aficionado averti.

NOVILLADA de la Ganaderia de Saltillo

CORRIDA de Doña Dolores AGUIRRE

Pas mal me semble t-il...
ATTENTION! Novillos et toros seront choisis parmi ceux que vous voyez. Les lots définitifs dépendront des "accidents de campo".
Et oui, les toros ne sont pas des bestioles paisibles et se battent, les vilains!
Vos réactions?
Abrazos.
Xavier KLEIN
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jeudi 17 juin 2010

REPONSE DE THIERRY HELY: SUBTIL ET RAFFINE

On s’enfonce grave coté «zantis», et on répond maladroitement aux arguments par la caricature débile, qui est au débat ce que le Macdo est à la gastronomie: le degré zéro.
Dur la choucroute pour pédaler...
Populisme et démagogie quand vous nous tenez!
Ceci dit, en dehors du fait, qu’à ma connaissance, il n’existe pas l’équivalent, produit par des «pros» à l’encontre des «zantis», on relèvera l’intention évidente et particulièrement aimable et bienveillante de blesser et d’humilier.
Comment appelle t-on cela déjà? Sa…sad… Ah oui, sadisme! Mais un sadisme exercé contre des humains, ce qui semblerait mieux et plus justifié que contre des animaux selon l’auteur.
Qui disait déjà que lorsque l’on commence à traiter les Hommes comme des animaux, cela finit dans des wagons à bestiaux?

Ceci dit examinons avec humour la représentation fantasmatique qu’un authentique «zanti» se fait d’un aficionado.
Je ne sais pas si vous vous y retrouvez, mais elle en dit plus long sur l’auteur que sur le supposé «objet» (sujet, il ne saurait être, le pauvre) du délit.
De quoi s’agit-il?
D’un beauf bedonnant, chauve (Superdupont peut-être?) mais velu DONC bestial. Bestialité renforcée par le fait qu’avec sa main gauche il s’empoigne le sexe. Bestial et onaniste, victime de pulsions malsaines et sûrement incontrolées.
Nous ne manquerons pas non plus de relever le tarin rougeoyant et le litron accessoire. Taré l’aficionado! Et alcoolique de surcroît! Exemplaire pitoyable d’une humanité dégénérée. Syphilitique? Peut-être et sans doute…
On se croirait revenu aux beaux jours des caricatures de Gringoire ou de l’expo du «Juif et la France», c'est du même tonneau. Vous ne lui trouveriez pas un petit air sémite, avec ce long nez qui rejoint la bouche?
Le texte également vaut l’analyse. Tant dans sa formulation assez bizarre et inusitée, que dans l’importance accordée par la mise en gras et la typographie de certains termes. «Devant», «sang», «devenez», «aficionado», «passion», «surtout».
Je ne me risquerais pas à dévoiler ici, ce que ces «signifiants» m’inspirent, et chacun pourra se questionner à ce sujet, mais sa hantise du SANG ainsi dévoilée par Monsieur HELY en dit long…
Bien sûr tout cela n’est sûrement pas intentionnel, tout au plus très révélateur des parts d’ombre et de fantasme de Monsieur HELY, et surtout de son désir effréné, mais violemment réprimé d’en «devenir» un, d’aficionado.
Moi aussi, je vous aime Monsieur HELY…
Xavier KLEIN


NOTA: Si je suis certes bedonnant, je ne suis ni chauve, ni glabre, ni juif, ni alcoolique. Nul doute que Fédérico Lorca, Michel Leiris ou Jean Cocteau, entre autres, se seraient reconnus aussi dans ce délicieux et réaliste portrait.
Au fait, il n’y a plus de corridas à Rieumes: encore un fantasme!!!

mardi 15 juin 2010

LES "ZANTIS" FONT DE LA GONFLETTE

Rajout ultérieur (envoi de Puntilla. Merci Alain)
En général, j'évite d'évoquer les «zantis», hormis dans le cadre d’un débat argumenté et courtois, mais en batifolant sur le net, et sur le site de la FLAC, je suis tombé sur l’article suivant pas piqué des hannetons.
http://flac.over-blog.com/article-venez-nous-rejoindre-51730830.html
Pour le coup, on s’éloigne des gentils «zantis» («action musclée», «bras de fer») et on évolue vers le moyen terme entre la gay pride version extrême-droite néerlandaise et le service d’ordre du Front National (culturistes, paras, etc.).
On s’habillera noir, on s’habillera cuir et chaînes pour intimider le chaland («Je peux vous dire que l'année dernière […] les aficionados ne la ramenaient pas...»).

Ceci dit, cela nous changera du public habituel d'adolescents boutonneux, de rombières vinaigrées, de vieillards cacochymes, et d'aigris asociaux qui forment à l'ordinaire les gros bataillons du tourisme anti-corrida.
Rien d’étonnant dans tout cela. On connaît déjà l’appétence de nombre de figures de proue de l’animalisme pour certains courants fascisants, à commencer par la Madone de la Madrague, la chartreuse des baudets, notre B.B. ultra-nationale.

Appétence largement partagée par les grupies de ces mouvements où dans un grand élan poujadiste, le concert des concierges, des mémés à leur chienchien, des paumés de tous poils qui s'assimilent à leur bêbête communie dans la compassion de bas étage. On ignore et on méprise son voisin, mais on cajôle Médor. Ah, s'il pouvait parler celui-là! Et surtout remplacer le mari ivrogne ou le conjoint blasé...
Commencerait-on à montrer son vrai visage? Celui de l’intolérance et du fanatisme, qui est déjà le lot de la plupart des mouvements animalistes anglo-saxons?
Bon, va pour Thierry HELY dont c’est le fond de commerce (juteux), mais que vient faire le subtil Jean Paul RICHIER dans cette galère aux rameurs musculeux?

Que cherche la F.L.A.C.? Le conflit? Des incidents?

On espère que les autorités compétentes prendront les mesures qui s'imposent face à une provocation aussi grossière.

Xavier KLEIN





Vous êtes en vacances? Vous êtes en famille? Dans la mesure du possible, essayez de vous joindre à nous !
Chers amis, Le COLBAC, association anti-corrida biterroise, membre de la FLAC,organise au mois d'août une présence pacifique devant les arènes de Béziers vers 10h 30. Juste avant les premiers massacres. D'ici là, vous aurez plus de détails.
Cette opération "bras de fer" présente la singularité suivante: une grosse partie des manifestants sera composée d'hommes plutôt baraqués (culturistes, anciens parasanti-corridas,rugbymans) avec des tee-shirts "Corrida Basta !".
Je peux vous dire que l'année dernière, lors de la mise en scène de rugbymans de près de 100 kgs devant le théâtre de Béziers (voir le lien ci-dessous), les aficionados ne la ramenaient pas...

http://www.colbac.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=66%3Arugby-et-corrida&catid=36%
3Acatdossier&Itemid=38&limitstart=1

Contact : Thierry Hely - tel: 06 23 94 84 83

vendredi 11 juin 2010

Eloge de la majesté, ou la maîtrise du temps

«Festina lente»
(Hâte toi lentement)

Caius Octavius Thurinus, Caesar Divi Filius Augustus Imperator
ou plus simplement Empereur César Auguste

A chaque époque, il s’est toujours trouvé un moraliste pour déplorer la décadence, pour regretter le «bon vieux temps», pour magnifier l’hier, dénigrer l’aujourd’hui et diaboliser le demain.
Je dois avouer qu’il peut m’arriver de tomber, comme beaucoup, dans ce travers.
Sauf que…
Depuis la révolution des idées nouvelles apparues avec la Renaissance, l’Histoire, objectivement, ne cesse de s’accélérer. Karl Marx, ce sociologue visionnaire l’avait parfaitement identifié et pensé.
Jusqu’à la dernière guerre mondiale et l’essor des «Trente glorieuses» par exemple, on vivait encore dans nos campagnes, comme il y a deux ou trois siècles.
J’ai connu dans mon enfance les derniers labours à la charrue et aux bœufs ou l’art complexe de la confection des dernières meules de foin. J’ai vu l’affluence aux lavoirs pour la bugade. J’ai été élevé dans le souci de la récupération et de l’usage prolongé des objets. J’ai achevé, en troisième ou quatrième position, les vêtements portés par les cousins. Toutes choses inconcevables pour nos galapiats contemporains.
Un paysan des années 50 ou 60 connaissait un labeur aussi dur et harassant que les agriculteurs modernes. Lever et coucher avec le soleil et les poules.
Sauf que…
Il y avait un rythme différent, on «collationnait» à 5h, 8h, 10h, au déjeuner, au goûter, avant que de conclure avec la soupe vespérale. Tout cela cadencé par des pauses et un petit «cluc» réparateur à la méridienne. On travaillait autant, mais on travaillait plus paisiblement, me semble t-il. Du moins dans les campagnes, car l’O.S. aux 3/8, soumis au taylorisme, n’était pas quant à lui à la noce.
Il faut relire Daudet ou Pagnol et les comparer aux écrivains actuels pour prendre la mesure de la fébrilité contemporaine. César, Panisse, le curé de Cucugnan ou le Sous-Préfet aux champs seraient tenus de nos jours pour de bien étranges oiseaux!
Prendre le temps, prendre SON temps. Qu’on veuille bien tourner et retourner ces expressions apparemment anodines pour en exprimer tout le suc.

Quand l’exaspération vous saisit après une longue attente dans une antichambre chez le médecin ou le dentiste, ou dans la queue à la poste ou à la banque, d’où vient cette colère?
On vous PREND VOTRE temps. Et c’est l’un des plus grands pouvoirs qui se puisse exercer que de maîtriser le temps de l’autre. Le toubib (le grand sorcier), ou l’honorable guichetière FAIT DU POUVOIR sur vous en disposant de votre temps.
Bien sûr la chose est inconsciente, du moins faut-il l’espérer, mais elle est tout à fait réelle et étudiée. C’est une réalité qu’on maîtrise parfaitement à l’orient, où la durée de l’attente est fonction de l’importance de l’interlocuteur.
Faire du pouvoir mais également humilier. Je regardais récemment un superbe téléfilm sur la vie d’Aristides de Sousa Mendes
Désobéir» http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9sob%C3%A9ir_(t%C3%A9l%C3%A9film) où l’une des scènes montrait comment le Dictateur Salazar s’acharnait sur le héros et le faisait "poireauter" des heures durant, debout dans un couloir, jouissant en cachette de son humiliation.
Disposer du temps, et surtout du temps de l’Autre est donc l’une des clefs majeures du pouvoir et de la domination. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que sous l’Ancien Régime, la classe supérieure, la noblesse, bénéficiait du privilège de ne pas travailler et donc de maîtriser son temps. Et ce n’est qu’avec l’accession au pouvoir de la bourgeoisie que le modèle du Travail (Famille, Patrie) s’impose comme l’apanage du puissant.
Nous pouvons mesurer notre degré de perte des valeurs en considérant le modèle qui nous est proposé par le (petit) Prince qui nous gouverne. Frénésie, précipitation, urgence, remue-ménage, «vibrionage» sont devenu les apanages d’un pouvoir en perdition, ô combien éloigné de la MAJESTE des vrais grands.
En 50 ans, de De Gaulle à Sarkozy, on est passé de l'EMPIRE à l'EN PIRE, de la MAJESTE à la FAMILIARITE (sans doute excessives l'une comme l'autre).
Kronos (ou Cronos), dieu primordial des grecs, est le père des dieux et le maître du temps. La maîtrise du temps constitue donc sans conteste la marque de la plus grande des puissances.

Il en va de même dans un ruedo.
C’est évident avec la notion de temple, bien qu’à mon sens il s’agisse moins d’une durée que d’un rythme.
Templer, me semble t-il, c’est CADENCER un toro, transformer son tempo, et non comme on le prétend parfois, toréer lentement. Le temple n’est pas la lenteur. Le temple, vise à s’extraire du «temps ordinaire», à changer l’ordre «normal» et normé des choses.
Dans tous les cas de figures, templer constitue l’un des moyens fondamentaux par lesquels l’homme s’assure la domination sur le toro, par lesquels il exerce son pouvoir.

En dehors de toute arrière pensée politique, lorsque De Gaulle perd la main en mai 68 et file à Baden Baden, il la reprend en «cassant le temps», en prenant le temps de la non-action. Le vide, l’absence, l’attente, donc le désir ainsi engendré par cette rupture, lui confèrent l’opportunité de changer le destin.
A ce moment De Gaulle a templé l’histoire.

Toutefois, la domination ne s’exerce pas dans une lidia que par le temple.
La majorité des grandes faenas dont nous pouvons entretenir le souvenir mobilise également une gestion rigoureuse du temps. Non seulement du temps de l’action (la série de passes) mais surtout la gestion du temps de la non-action, cette pause, au sens quasiment musical du terme, où le torero laisse poser le toro (poser/pauser) pour mieux le reprendre par la suite. C’est par la présence des silences que la musique peut émerger.
Action/non-action, plénitude/vide, intensité/vacuité, voilà l’apanage des très grands toreros que de savoir gérer ces différents temps (encore le temps) d’une grande faena.
La vuelta que donne gravement un maestro, tournant autour du toro, remobilisant l’énergie dissipée après le dernier pecho, tout en le laissant récupérer de l’effort consenti, cela aussi procède de la domination.
On sent en ces instants la promesse d’un nouveau paroxysme, la jouissance de l’emprise, la concentration de la volonté. Il s’agit d’un temps vide d’action, mais non d’un temps mort, tant il porte de contenu.

Comment ne pas évoquer également la maîtrise du temps sous l’angle de la durée de la faena. On constate depuis quelques années un prolongement systématique des faenas, sanctionné par la multiplication des avis. A telle enseigne que certains se risquent à proposer de changer le règlement pour prendre en compte cette nouvelle donne.
La limitation du temps imparti trouve son origine, mais je ne suis guère érudit en la matière, dans la protection du torero qui est avisé que le temps étant dépassé, son toro peut s’aviser lui aussi. Les choses étant devenues ce qu’elles sont, il est vrai que le degré de stupidité atteint par la plupart des toros dits «modernes» rend cette précaution superfétatoire. Certains pourraient être toréés jusqu’à la fin des temps sans qu’une once de malice ne leur vienne.
On peut donc légitimement se demander si la limitation ne joue plus aujourd’hui que le rôle de protection du toro, afin que le combat ne fût pas remporté «à l’usure» par nos modernes gladiateurs et que le sprint prévu initialement ne finisse pas en marathon.
Je tendrais facilement, au risque du passéisme, à m’en remettre à la sagesse empirique des Anciens qui ont ainsi codifié les opérations. Un avis était conçu comme un avertissement au torero et non comme une sanction.
Quand la cloche retentit, il est tant de rendre sa copie!
Notre époque adore changer les cadres, quand les cadres gênent, sans se préoccuper outre mesure de leur utilité. On prétend savoir mieux que les générations de cons qui nous ont précédées.

Il est vrai que du temps où l’on préférait toréer que de faire des passes, une bonne série bien sentie du père Ortega ou du révérend Viti ne laissait pas un toro indemne. On n’en pouvait aligner des semblables ad vitam aeternam.
Evidemment, maintenant que le jeu ne consiste plus à lui faire baisser la tête mais à maintenir la bestiole debout, la justification d’un temps limité contredit la prolongation du plaisir, même si ce plaisir ne porte plus d’autre sens que sa satisfaction.
La limitation de la durée de la faena conserve donc toute son acuité s’il s’agît d’éviter les dérives qui d’ores et déjà se manifestent sans émouvoir grand monde.
En ce domaine aussi, la gestion du temps relève de l’expression de la maîtrise.
Le toreo majestueux, donc complètement maîtrisé, suppose la parcimonie, comme l’expression majestueuse du pouvoir des princes s’exerce par la rareté et le laconisme. C’est du moins ce qui a fait siècle après siècle les grands hommes de pouvoir, comme cela engendre dans l'arène les plus grands maestros.
La modernité n’y change rien, tout au plus dévoile t-elle les insuffisances de nos contemporains.
La grandeur, la vraie, la majesté, demeureront toujours inchangées, ce sont les hommes qui rapetissent…
Xavier KLEIN

«La grandeur a besoin de mystère. On admire mal ce qu'on connaît bien.»
Charles de Gaulle

NOTA: et je suis nullement gaulliste...
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jeudi 10 juin 2010

LA DEROUTE DES FIGURAS

photo de Illiana Tamayo.

Enfin une bonne nouvelle!
Après leur inexistence à la San Isidro, on ne manque pas de relever l'absence ou «l'économie» ô combien criante des «figuras» dans les cartels des grandes ferias de Pamplona et Bilbao.
Caprices de divas? Exigences financières excessives? Prétentions outrancières d'imposer toros ou compagnons de cartels?

Qu'importe, le résultat est là.

Et loin d'annoncer un désastre, nous voyons peut-être les prémices d'une nouvelle ère avec cette défection (ou cette démission) collective .
Les toros remettent chacun à sa place. Peut-être une page se tourne t-elle en catimini, celle de la surévaluation organisée d'un quarteron d'enfants gâtés qui exigent beaucoup et paient parcimonieusement, souvent en monnaie de singe.

Il n’est pas indifférent de relever que seul El Juli, torero complet, dont nous savons tous qu’il sait tout du toro et du toreo, sera omniprésent.
Il y a sans doute plus élégant et plus artiste, mais cet homme là entretient à mon sens une aficion des plus pures et une intelligence de son office qui se traduisent par nombre de ses choix et de ses actes.
Il est en train de comprendre et d’anticiper les évolutions en cours en modifiant petit à petit ses choix vers une camada dont il sait qu’elle pourra lui permettre de faire la différence grâce à sa technique éprouvée.
La dérive –la décadence?- esthétisante en cours, délite le sens profond de la fiesta brava et sans doute El Juli le perçoit-il.


D’autant qu’en dépit de ses talents il ne peut guère s’aligner sur ce terrain là avec des Morante, des Tomas ou des Talavante.
En parfait lidiador, il paraît vouloir porter la compétition sur un terrain qui lui sera favorable: celui de toros plus techniques et moins complaisants, avec lesquels ses rivaux pourront sans doute beaucoup moins plastronner.
El Juli est jeune, il peut vieillir comme un grand cru et se hausser encore, dépassant le simple usage parfait de la technique pour, sans passer par le truchement de l’art de pacotille, parvenir au dépouillement et à la simplicité absolue qui sont la marque de la vraie grandeur.
El Juli est enthousiaste. On sent régulièrement en lui cette joie profonde de toréer.
El Juli a su s’ouvrir par le biais de sa fondation, un acte qui démontre qu’il ne court pas qu’après l’argent, même si nous ne devons pas oublier qu'il est l'initiateur du mouvement d'inflation des cachets (il a été le premier à passer la barre symbolique des 100.000 euros).

On aimerait que ce mouvement de deux grandes plazas se voie accompagné et soutenu par d’autres. Notamment par des arènes françaises qui, par là, se refuseraient aux diktats imposés par les vedettes génératrices d’une inflation ségrégatrice des tarifs qui prive progressivement la corrida de son assise populaire.
Et par dessus tout qu’elles reviendraient à une expression plus équilibrée de la tauromachie, tendance dont je suis personnellement assuré qu’elle finira par s’imposer.
Malheureusement, on préfère de ce coté des Pyrénées subir les modes que de les lancer.
On préfère surtout privilégier l’aspect économique de la «feria», dont la corrida ne constitue plus que l’ornement dérisoire et factice, un investissement à haut rendement et retombées multiples, à l’aficion de verdad.
Il s’agît là certes d’une tentation à laquelle il est difficile de résister politiquement et économiquement, mais il s’agît aussi à moyen et long terme de ne pas risquer le baiser mortel du cobra.
Culture et profit cohabitent mal quand il faut défendre la corrida. En tout cas, la culture ne saurait être le dérisoire alibi du profit.

Je pressens depuis longtemps, et la grogne montante de Las Ventas tend à le confirmer, que la génération des aficionados-gogos-bobos des années 90 est en train, soit d’être relevée par une autre cohorte, soit de muter vers plus d’exigence.
Peut-on se satisfaire longtemps de l’ennui prodigieux qu’on éprouve depuis 2 ou 3 ans dans les grandes arènes, devant des bestioles incolores, inodores et sans saveur, devant ces triomphes programmés et mis en scène, devant ces indultos de convenance?

Nul n’est indispensable et la nature a horreur du vide.
La floppée de ceux qu’on nomme «figuras» pourrait rapidement se voir débordée et remplacée par de nouvelles têtes.
Qui avait prévu Paco Ojeda, César Rincon ou José Tomas?
Ils ont jailli d’on ne sait où, parce que le besoin s’en faisait sentir et que les opportunités se présentaient.
Les absents pourraient bien avoir tort.
Qui va à la chasse perd sa place…



Xavier KLEIN

lundi 7 juin 2010

LA RUPTURE DE LA TRANSMISSION

«Les moyens de télécommunication, non contents de restreindre l'étendue abolissent aussi toute durée, tout délai de TRANSMISSION des messages, des images. Comment vivre vraiment «ICI» SI TOUT EST «MAINTENANT»?»
Paul VIRILIO «Le monde de l'Education», juillet-août 2001
Je participais ce week-end à un stage d’arts martiaux avec Maître Daniel CHABAUD, un homme sage, savant et avisé.
J’ai parfois évoqué dans ces lignes le parallélisme et la proximité particulièrement frappants entre l’esprit et la technique des «budos» et la tauromachie.
Bénéficier des enseignements de maîtres de grande qualité qui enrichissent la pratique «ordinaire» de commentaires qui apportent du sens, constitue un privilège qui tend malheureusement à se raréfier.
L’évolution de nos sociétés vers des postures consuméristes, le culte du plaisir sans entraves, la prétention de la «connaissance de tout par tous», la désertion de la nécessité de l’effort et de la ténacité, se ressentent dans l’ensemble des activités qu’elles soient sociales, politiques (au sens noble du terme), culturelles ou… tauromachiques.
Ceux ou celles qui, passant par delà les modes ou l’esprit du temps, persistent dans une EXIGENCE font malheureusement figure d’esprits rétrogrades ou sectaires.
Notre société porte au pinacle ses meilleurs fossoyeurs: les apôtres de l’éphémère, du paraître, de la facilité ou de la vénalité, en ignorant ou en cachant sous le boisseau ceux-là qui seraient par leur parole et par leurs actes à même de la régénérer.

Samedi et dimanche, j’ai entendu ce qu’on n’entend plus.
* Qu’il faut apprendre l’alphabet pour savoir lire et écrire, et qu’il convient également de maîtriser la lecture et l’écriture avant de disserter. Avoir beaucoup lu et beaucoup écrit avant de prétendre «savoir», c’est à dire savoir qu’on ne sait pas grand chose et surtout l’étendue de ce que l’on ne sait pas
* Que des techniques ont été travaillées, expérimentées, étudiées, polies et repolies par des centaines de maîtres depuis des lustres, qui les ont enrichies de leur savoir, de leur expérience, de leur personnalité.
* Que chaque situation, chaque possibilité ainsi que la ou les solutions qui en découlent ont été explorées, codifiées et répertoriées par des générations de «chercheurs de vérité».
* Que chaque «voie» est un univers en soi, qu’une vie ne suffit pas à connaître.
* Que la connaissance ainsi accumulée par les générations est l’objet d’une TRANSMISSION par des «sachants», et qu’il n’existe pas en la matière de «science infuse» ou de génération spontanée.
* Que toute technique possède une logique éprouvée par des expériences successives dont on ne saurait impunément modifier la forme, surtout quand on n’en maîtrise nullement la globalité.
* Qu’un «maître», un VRAI, ne cesse JAMAIS de poursuivre l’étude.
Dans certains budos, les plus hauts gradés retrouvent la ceinture blanche des débutants, ce qui devrait questionner.

Cet ensemble de considérations (et bien d’autres sur le mouvement, l’adaptation, la vigilance, la disponibilité, etc.) me semble difficilement transposable à la tauromachie.
Non par essence, bien au contraire, mais parce que la longue chaîne de la transmission traditionnelle a été rompue depuis bien longtemps et qu’il n’existe plus vraiment de MAÎTRES, tant dans la pratique (connaissance globale et polyvalente du toreo devant TOUS toros) que dans la manière de l’enseigner.
Considéré sous cet angle, on peut et on doit s’interroger sur cet état de fait et sur ce qui l’a engendré.
La tauromachie, activité quasiment tricentenaire, a malheureusement connu le destin de la plupart des traditions occidentales. La succession des bouleversements historiques depuis la Renaissance jusqu’à mai 68, en passant par la révolution «scientiste» du XIXème siècle a mis à mal cette notion et cette pratique empirique de la transmission.
Qu’on comprenne bien ici, qu’il ne saurait être question d’un quelconque esprit rétrograde ou «réactionnaire».
Il s’agît simplement de considérer qu’on n’a cessé de jeter le bébé de l’incontournable transmission de maître à disciple, parfaitement adapté à certains arts ou disciplines, avec l’eau du bain de la «modernité».
En 68, on n’a pas seulement supprimé les estrades, on a supprimé également les «maîtres qui allaient avec». On est passé d’un extrême à l’autre, d’une société trop fermée et contraignante à une société trop ouverte et permissive.
Les extrêmes ne me tentent en rien et la mesure, le metron (grec μέτρον) me semble toujours préférable.
Une mesure qui ne procède en rien de l’atonie ou de la passivité.
La sagesse ne consiste pas à se taire, mais à lever le ton lorsqu’il le faut.
Elle n’est pas résignation mais révolte devant l’inacceptable.
La colère est dans la tradition religieuse l’apanage de Dieu: dies irae (jour de la colère divine). Mais comme Dieu paraît-il n’existe plus!!!
Avec l’eau du bain!
Avec l’eau du bain!
Xavier KLEIN