Humeurs taurines et éclectiques

dimanche 20 décembre 2009

LE DEBAT CONTINUERAIT-IL A S'INSTAURER?

Monsieur COLEMONT engage un dialogue sur l'inscription de la tauromachie au Patrimoine Immatériel de l’Humanité.
Comment ne pas répondre à cette démarche puisqu'elle est formulée de manière courtoise et mesurée (
http://www.echoducallejon.com/article.php?id=5486).
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Tout d'abord une mise au point préliminaire fondamentale.
Lors du vote à l'U.V.T.F. de la motion pour cette inscription, à partir des éléments dont nous disposions, c'est à dire l'unique déclaration orale de Monsieur ZUMBIELH, J'AI VOTE POUR. Ce qui suffit je pense, à démontrer que dans le principe je n'y suis nullement opposé. Il n'y a donc nullement lieu d'évoquer de votre part une «critique négative de la démarche». Si j'avais été négatif, j'aurais voté contre.
Ceci dit, je trouve pour le moins cavalier qu'on nous ait demandé de nous prononcer à la va-vite, sans réflexion et examen préalable, sans documents écrits, sur une orientation d'une telle importance, qui eût justifié d'un débat préparé et approfondi. Faut-il être contraint à signer, comme ce fût le cas, des chèques en blanc?
Par contre, j'ai émis de fortes réserves, d'une part sur l'opportunité, d'autre part sur les contingences de cette démarche.
Il faut bien comprendre qu'en ce qui me concerne, il convient de séparer nettement les attributions et les fonctions, ce dont d'autres ne se soucient guère en entretenant une confusion préjudiciable.
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En l'occurrence, lorsque je siège à l'U.V.T.F., élu par mes collègues conseillers municipaux en séance, j'y représente le Conseil Municipal et Monsieur le Maire d'Orthez. J'y figure en tant qu'élu du peuple, et suis tenu à une réserve et à une distance parce que j'y représente la globalité des citoyens de ma cité.
Lorsque je siège à l'«Association des organisateurs de corridas et novilladas du Sud-Ouest», j'y figure en tant que Président de la Commission Taurine, élu par mes collègues conseillers municipaux en séance, pour l'organisation des activités taurines.
Lorsque je m'exprime sur mon blog, je le fais à titre privé et personnel, et je n'engage que moi.
Il me paraît important de souligner cette nécessaire distinction.
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Venons en aux faits.
Vous concluez: «Ce que nous n'approuvons pas non plus c'est le fait d'affirmer que ne pas répondre aux abolitionnistes serait la meilleure des manières de lutter».
Tout vient me semble t-il, d'une certaine méconnaissance, et de ce que suis, et de ce que je fais.
Vous semblez actuellement vous détacher du discours entretenu par Monsieur VIARD, ce qui me semble tout à fait heureux. Vous avez pu mesurer la distance entre les belles paroles et l'absence du soutien au moment de l'épreuve. Il ne vous aura nullement échappé qu'il n'y a eu aucun commentaire de ma part sur ce sujet. Et pour cause!
Je ne suis nullement en accord avec vous sur le ton que votre ardeur aficionada vous porte à employer à l'endroit des «zantis». Pour autant, je vous ferai remarquer que je ne vous ai jamais «enfoncé la tête sous l'eau» à cette occasion. Si nous en avions parlé, je vous aurais dit, très tranquillement mon sentiment à ce sujet.
En l'occurrence:
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1°) Il convient d'évaluer justement l'importance et l'acuité de la menace et de ses vecteurs.
Sur ce point, de quoi parlons-nous? D'une cinquantaine d'activistes qui se déplacent de plaza en plaza, en profitant de l'écho donné à des manifestations spectaculaires et provocatrices. Pour le reste nous faisons face, comme depuis un siècle, à l'hostilité traditionnelle de la S.P.A.
Qui gagne à l'exacerbation et à la médiatisation de cette confrontation? Assurément les «zantis», parce que nos discours n'ont qu'un usage interne, et les leurs s'adressent à l'ensemble de l'opinion publique.
Mais aussi certains de nos grands penseurs taurins, pour réaliser l'union sacrée, et se dédouaner des critiques internes sur leurs thèses et sur leurs personnes.
La guerre contre l'ennemi extérieur constitue toujours l'ultime recours des régimes menacés. Celui qui conteste à l'intérieur devient alors un traitre. C'est vieux comme le monde, c'est bien commode, et le gogo naïf se laisse toujours avoir.
Il serait par contre indispensable de nous questionner sur les raisons de ce regain d'activité anti-taurine.
Et, de ce point de vue, il me semble que l'évolution de la corrida (et son expansionisme) vers des pratiques de plus en plus commerciales, et vers le toreo moderne avec des toros de plus en plus collaborateurs, et de moins en moins adversaires, met à mal la principale justification de la corrida: le combat et le risque. On peut défendre une tradition, on aura beaucoup de mal à défendre une opération commerciale qui la dénature, «on peut tuer le loup, mais on ne peut maltraiter son chien».
Il me semble que nous forgeons ainsi les armes de nos adversaires.
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2°) La situation de la France n'est pas celle de l'Espagne, où elle est fiesta nacional. En France, qu'on le veuille ou non, la corrida est IMPORTEE et TOLEREE. Ce n'est pas une opinion, c'est un fait! C'est à dire qu'elle ne concerne qu'une minorité de territoires, tous sis dans le sud, et que sa survivance résulte d'un rapport de force établi il y a un siècle, qui a évolué depuis.
Ce rapport de force a entériné une situation de compromis où la république, devant la levée d'étendard au nom des libertés et traditions locales, n'a pas voulu se mettre à dos une population a priori favorable et «radsoc», alors qu'elle luttait sur divers fronts (laïcité, affaire Dreyfuss) pour s'imposer.
Depuis l'eau a coulé sous les ponts, et les populations ne présentent plus le même caractère d'homogénéité culturelle. A Dax, il y a un siècle, 90% de la population était de souche, parlait le gascon, et occupait les gradins. Ce n'est plus le cas. La feria fonctionne désormais avec une très forte proportion du public, étrangère au canton. En outre, à cause du prix des places, un élitisme de fait a découplé la tauromachie de son assise populaire.
Il va sans dire que la situation espagnole n'est nullement la même, bien qu'aussi complexe. A l'inverse de la France, la corrida y incarne d'une part un symbole de l'état espagnol centralisateur, d'autre part, elle a été instrumentalisée par le franquisme et porte une forte charge symbolique de ce fait. Soutenir la tauromachie sous-entend là-bas porter des valeurs que l'Espagne, et particulièrement ses provinces veulent oublier. D'autant plus que «l'appareil économique» qui préside à la gestion des affaires taurines regroupe toujours le gotha des grands propriétaires, des capitaines d'industrie, voire des affairistes de la péninsule.
Ce n'est pas la poignée d'élus locaux, de députés et de sénateurs qui nous protégeront d'un changement de politique française à l'égard des toros. Les politiques actuels sont avant tout des pragmatiques pour qui, malheureusement, les sondages pèsent infiniment plus que les convictions. Nos gouvernants pourraient être tentés de capitaliser le gain électoral indiscutable de positions anti-taurines susceptibles de drainer les votes des «mémères à leur toutou» et de nos concitoyens hyper-sensibles à la dictature de l'émotion dans une «société de la victime». D'autant que les voix gagnées compenseraient très largement, nationalement, les voix perdues localement, qui plus est dans des zones «roses», qui ne votent pas pour eux. Vous verrez alors, Monsieur COLEMONT s'égayer nos courageux politiques comme une volée de moineaux, devant la réalité des urnes. La situation espagnole et la démission de nombre d'élus devrait là aussi nous alerter.
Y compris localement, les élus sont les représentants du peuple, dont ils doivent porter les attentes et les aspirations. Il est normal qu'ils les prennent en compte, à moins de se comporter en dictateurs. Une initiative intelligente serait d'ores et déjà de procéder à des sondages confidentiels pour évaluer tout cela. Les résultats risquent d'en surprendre plus d'un, et de nous ramener à plus de modestie et plus de réserve.
Je suis intimement convaincu que la tauromachie relève totalement d'un Patrimoine Immatériel de l'Humanité. Mais ce que j'en pense importe peu, pas plus que l'avis de la centaine d'aficionados «encartés», et les 200 ou 300 sympathisants d'Orthez. Ce qui compte, c'est le positionnement des 10.000 qui restent. Et là, nous nous aventurons sur des terrains hasardeux.
Sommes-nous en situation de mener des offensives? Là est la problématique.
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3°) Il convient d'adapter et de proportionner la réponse à la question.
C'est à dire d'adopter des discours et de prendre les mesures pondérées, qui s'imposent.
Répondre à l'insulte par l'insulte ne mène à rien, sinon à l'escalade et aux procès. Vous êtes bien placé pour le savoir. On peut parler paisiblement avec des anti-taurins, je le fais sur mon blog. Certes il y a des abrutis et des excités, mais pas plus (et pas mloins) que "chez nous".
Lorsque qu'on est sûr de son droit, et serein dans ses convictions, on méprise les coups d'épingle auxquels on répond par l'indifférence, ou mieux par l'humour.
En réponse aux happenings dénudés du PETA, le mieux serait de les enclôre et d'aller, rigolards, leur jeter des cacahouettes. Peut être même de leur fournir l'opportunité de mettre en pratique leur compassion animalière en leur débarquant une coursière, qu'ils pourraient s'essayer à convaincre.
Monsieur le Maire d'Orthez, sur mes recommandations, a été l'un des seuls de France à prendre en 2009, arrêté d'interdiction de toute manifestation à proximité des arènes (et ce affiché sur les portes de la plaza).
De même, nous avons mis un point d'honneur à appliquer à la lettre, et au delà, les préconisations de l'U.V.T.F. et de la F.S.T.F. en matière de piques, de présidences, de trophées, de prix des places, etc.
De même, nous ne nous contentons pas de nous lamenter sur le triste sort des ganaderias ou encastes en danger. Nous les programmons.
De tout cela, a t-on parlé? Pas que je sache. Ou bien péjorativement. Les beaux discours priment d'évidence sur les actes.
En tout état de cause, il ne m'est jamais apparu que ma position soit frileuse, poltronne ou défaitiste. Pour moi, elle est sereine et paisible. Elle est également active, mais dans l'optique d'oeuvrer pour une tauromachie indemne de toute critique affairiste, et qui ait un sens et un contenu. Il faudra vous faire à l'idée que je me battrai pour défendre ce en quoi je crois, mais comme beaucoup d'autres, je ne lèverai pas le petit doigt pour défendre les intérêts privés de Monsieur VIARD ou de Monsieur CASAS.
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4°) La valorisation de la corrida relève avant tout de notre volonté et de notre action POSITIVE et non d'une REACTION au discours de l'«Autre».
Devenir crédible par des spectacles de qualité, revenir à des tarifs plus raisonnables et populaires, c'est à dire renoncer à la dérive inflationniste actuelle et mettre un terme à l'affrontement des "seigneurs de la guerre" des grandes plazas.
Accéder à l'indépendance par rapport aux intérêts du mundillo qui pèsent trop sur la forme et l'évolution de la corrida.
Admettre, expliquer, mettre en valeur, promouvoir, TOUTES LES FORMES ET SENSIBILITES TAURINES, sans chercher à les opposer, ou à en privilégier une particulière.
Prendre conscience que le terreau de fond de l'aficion, c'est avant tout le réseau des petites plazas, qu'il convient de soutenir et de promouvoir, même si leurs spectacles ne peuvent systématiquement rivaliser avec les moyens mobilisés ailleurs.
Sur ces divers points, les commentateurs (et donc vous-même) avez une responsabilité écrasante. L'assumez-vous comme il conviendrait? Pouvez-vous vous départir de vos goûts et propensions personnelles pour entrer dans d'autres logiques, et d'autres systèmes de valeurs qui, pour vous être étrangers n'en sont pas moins respectables?
Pouvez-vous accepter, et valoriser, qu'un «bon toro» ne soit pas pour beaucoup, votre toro, un toro qui «sert» et donne des passes? Mais que des aficionados en attendent d'autres vertus qui vous importent moins.
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Il faut, Monsieur COLEMONT, vous savoir gré de vouloir sortir du discours dépréciateur de Monsieur André VIARD, dont je conteste les idées et les orientations en argumentant.
M'opposent à lui plusieurs griefs:
- Il divise l'aficion au lieu de la fédérer.
- La multiplicité de ses casquettes, ses parti-pris, discréditent son discours, et discréditent notre cause.
- Je désapprouve sa stratégie d'affrontement.
- Il défend avant tout un certain type de tauromachie (le «toreo moderne»), dont les arrières pensées ne sont rien moins qu'intéressées, et ce au détriment d'autres types de sensibilités taurines, et de l'intérêt des petites plazas qui ne veulent ou ne peuvent s'aligner sur ses critères.
Tout cela procède d'un discours cohérent, argumenté et respectable qu'il conviendrait d'écouter et d'analyser plutôt que d'essayer de le diaboliser pour le marginaliser.
Il me semble que beaucoup d'aficionados, dont vous, commencent à le comprendre, ce qui explique la violence des attaques dont je fais l'objet, intra muros.
Je ne cherche à convaincre ni les «zantis», ni les contradicteurs taurins, je ne convoite aucune fonction, je cherche seulement à expliquer et à exposer un autre point de vue, une autre conception.
Cela deviendrait-il possible?
Xavier KLEIN
PS: Impossible de vous contacter, pour vous communiquer une réponse (pas de mail, pas de tel).
NOTA: Plutôt que de «parler en pec», se rapporter à la source: http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?pg=00002

vendredi 18 décembre 2009

LA POLITIQUE DE L’AUTRUCHE?

«Dieu n'est-il pas un extrémiste?»
Martin Luther King «Discours»
Faut-il absolument se montrer excessif pour devenir crédible?
Le paradoxe absolu de notre panorama taurin, et de la radicalisation délibérée du débat par les «faucons», c’est que les avis les plus modérés passent à leurs yeux pour être les plus extrémistes.
Je ne suis ni torista, ni torerista, je dénie ces deux étiquettes qui veulent classer caricaturalement les gens dans des catégories. J’appelle tout au contraire à valoriser la diversité d’approches différentes, et je défends ardemment la pérennité de TOUTES les formes de tauromachies (la plus en péril étant néanmoins celle qui veut présenter des élevages ou des encastes en danger de disparition...). Mais je serais extrémiste.
Je dénonce l’excès et la dérive commerciale, sans pour autant nier la réalité de la chose économique. Mais je serais extrémiste.
Je désapprouve «l’expansionnisme taurin» et les velléités d’aller susciter des débats dont, à terme, nous ne sortirons pas grandis, parce que l’opinion publique française ne sera jamais sur la même longueur d’onde culturelle que dans nos terroirs du sud, et surtout parce que je respecte ceux qui n’approuvent pas la tauromachie. Mais je serais toujours extrémiste.

J'appelle les représentants de l'U.V.T.F. à la prudence quant aux "résolutions" qui peuvent susciter des conflits dans les équipes municipales, mais je reste inébranlablement extrémiste!
Qu'on m'explique alors quel est le langage de la modération.
En revanche, je pointe aussi avec lucidité et avec vigueur, tous les faux-semblants, tous les travers, toutes les contradictions, tous les vices d’un mundillo qui prétend nous défendre, nous représenter, mais veut en fait s’approprier ce qui appartient à la communauté des aficionados.
Et c’est ce que l’on ne me pardonne pas. C’est ce qu’on ne nous pardonne pas.
De cet extrémisme là on ne veut pas: "Cachez ce sein..."
Refuser de donner dans le manichéisme, les bons (ou supposés tels) d’un coté, les méchants (ou supposés tels) de l’autre, constitue pour les esprits étriqués une faute impardonnable, pire que d’être de leurs adversaires. Ils ne pardonneront jamais qu’on dénonce leur délire et leur furie. On devient le renégat, le traitre.
Qui n’est pas avec eux est contre eux, et ils emploient alors à votre égard les mêmes manœuvres dilatoires dont ils n’hésitent pas à user avec leurs ennemis «officiels».
Pour autant, le fait de DIRE LES CHOSES n'implique pas une condamnation de l’Autre, mais plus simplement un constat.
Cela fait belle lurette que j’ai compris que la vie et les êtres (y compris moi-même) ne devaient pas se décliner en noir ou blanc, mais en nuances de gris, et que l’important était de n'être dupe ni de soi, ni des autres. A cela, clef du chemin de la sagesse, on donnait un nom: le DISCERNEMENT.
J’ai souvent souligné ici que le débat entre taurins et anti-taurins était, en fin d’analyse, voué à la stérilité dans la mesure où, fondamentalement, il ne reposait pas sur des faits mais sur des convictions, c’est à dire une logique de l’ordre de la foi.
Et je voudrais reprendre cette idée pour expliciter par une comparaison, la position qui est la mienne, et qui me semble t-il, n’a rien à voir avec la politique de l’autruche dont on se plait à m’affubler.
Je suis catholique et en tant que tel me rend à l’office dominical.
Pour autant, je respecte, je discute, je vis, j’entretiens des amitiés avec des multitudes de gens qui sont, protestants, juifs, musulmans, bouddhistes, et même athées. Il ne me viendrait nullement à l’idée d’aller les provoquer, les insulter, les convertir, au motif qu’ils ne partagent pas des idées dont je suis personnellement convaincu. Tout au contraire ils sont respectables et «aimables» dans leur différence et leur altérité.
Je crois qu’on appelle «cela» de la «tolérance», et il semble me souvenir vaguement que «cela» est garanti par une valeur qu’on appelle «laïcité
De même que certains veulent affirmer leur identité en allant rechercher une reconnaissance à l’U.N.E.S.CO., il m’a paru saugrenu et déplacé, de vouloir imposer dans la défunte constitution européenne une mention aux racines chrétiennes de l’Europe. Tout simplement parce que ce n’était pas opportun, et que la chose me paraissait tellement évidente qu’elle en était superfétatoire. Cela marchera peut-être, mais au bout du compte, cela sera ravageur, et les dommages collatéraux irrémédiables.
Assumer sereinement ce que l’on est ne suppose pas de l’imposer. On peut se proposer, on n'a pas à s'imposer.
Ce que je ne trouverai pas normal, ce serait que des militants de la «Libre Pensée», ou l’«Union Athéiste» viennent manifester dénudés, à la sortie de la messe, mènent des campagnes de presse, refusent l’entrée de mes enfants dans l’église, ou leur catéchisation, au prétexte que ma croyance leur déplait et qu’ils sont convaincus que la religion leur transmettrait des valeurs néfastes.
Le fait religieux, comme le fait taurin procèdent d’une logique culturelle. Il n’est pas anormal que sur la multitude d’émissions de la profusion de chaînes, une ou deux émissions leur soit affectée, comme «Trente millions d’amis», et bien d’autres, le sont aux adorateurs des animaux. Comme il n’est pas anormal qu’il existe des arènes, des temples, des mosquées, des synagogues et … des refuges de la S.P.A. C’est là aussi acte de tolérance.
Si l’on prétendait m’empêcher de pratiquer ma religion, comme d’aller aux arènes, cela romprait de facto le «contrat social» et républicain qui lie les citoyens entre eux et leur permet de vivre ensemble dans la paix. Cela me mettrait aussi très en colère, et capable d'une violence légitime pour défendre une liberté fondamentale. La résistance à l'oppression est garantie par la Constitution.
Je ne suis pas du tout persuadé que derrière la reconnaissance de la tauromachie comme Patrimoine Immatériel de l’Humanité, fausse bonne idée, ne se cache pas une volonté du «complexe taurino-industriel» pour légitimer une expansion de son activité, et une base pour s’étendre, ce que je désapprouve fondamentalement.
La corrida doit demeurer dans l’aire historique et culturelle, où elle prend un sens, et ne pas viser à en sortir.
De même, elle devrait conserver des pratiques artisanales et non dériver vers l’industrialisation et la concentration monopolistique qui sont actuellement à l’œuvre et qui la dénaturent.
Oui à l’autruche libre dans les savanes africaines,
Non à son introduction en Sibérie ou à son élevage dans le Périgord.
Refuser de même d’être agressé et d’agresser, c’est simple non, Monsieur COLEMONT?
Xavier KLEIN

jeudi 17 décembre 2009

LA BOITE DE PANDORE

En général, un bon stratège n’entreprend une bataille qu’avec la certitude de la remporter. C’est du moins le B-A-BA de tous les traités militaires.
Les grands esprits qui prétendent nous gouverner -tauromachiquement parlant- n’ont pas de ces finasseries. On donne dans la charge de la Brigade Légère à Balaclava («C’est magnifique, mais ce n’est pas de la guerre») ou la bataille de Courtrai, qui vit le massacre de la fleur de la chevalerie française. A moins que l’on n’ait décidé de «faire Camerone».
Depuis ce matin, j’entends ci ou là, qu’on m’interpelle: «Alors? La tauromachie patrimoine immatériel de l’Humanité?». Il paraît que les radios nationales en parlent. S’ensuivent des débats, pour ou contre, qui enflamment ma petite communauté scolaire. Le brûlot est mis à feu et navigue au gré des vents, nul ne sait quel camp il affectera.
Il faut absolument espérer que les choses en resteront là, et que medias et politiques ne s’empareront pas du sujet, soit par attrait du sensationnel (l’odeur du sang attire toujours les requins), soit pour trouver là un exutoire aux maux et déconvenues des temps, soit pour se créer une popularité à bon compte.
Car n’en doutons pas, le goût tauromachique n’est pas la chose la mieux partagée en France, et il faudrait craindre, comme je l’ai déjà avancé, qu’un referendum (ou même un sondage) vienne stigmatiser la chose. D’autant que l’on a vu comment nos hommes d’états actuels peuvent user de toutes les expédients de la démagogie pour éloigner d’eux la coupe vénéneuse de la crise.
Dire cela n’est nullement un repli honteux, mais c’est tout simplement prendre acte d’un rapport de force défavorable, qui devrait inciter à la circonspection.
La dernière grande échauffourée sur le sujet intervint lorsque la République se préoccupa, dans un grand élan de modernisme, de faire appliquer dans toute sa rigueur, la loi Grammont. S’ensuivirent les épisodes homériques qui virent s’affronter les maires du sud et les préfets de la République.
Les taurins avaient alors le dos au mur, et brandirent l’étendard des libertés et traditions locales. Le combat était alors vital et légitime.
Nous n’en sommes plus là. La population de nos communes est désormais très «métissée» (de concitoyens de tout le pays...) et ne présente plus ce caractère d’homogénéité culturelle et sociale qu’elle conservait au début du XXème siècle.
En outre, malheureusement, la corrida a perdu le soutien populaire local. La hausse disproportionnée et continue du prix des places depuis trente ans, complètement déconnectée de l’évolution du pouvoir d’achat, mais aussi la politique d’abonnement des grandes ferias, ont considérablement accru la proportion du public exogène. De fait, les classes défavorisées de notre société et surtout les jeunes, ne peuvent plus accéder, ou si peu, à une activité devenue élitiste.
Comment un allocataire du R.M.I. (454 euros pour une personne seule) ou un smicard (1051 euros net), qui peinent déjà à joindre les deux bouts, peuvent-il accéder à des abonnements dont les moindres sont à 100 euros (pour 5 corridas), s’il peuvent avoir la chance d’en trouver?
Et qu’on n’aille pas se lamenter hypocritement sur les «prix des fournisseurs». Ce sont là des choix délibérés, conséquences de la lutte féroce des grandes plazas, et d’un dessein sous-jacent limpide pour qui veut voir lucidement les choses.
En fait, tout cela obéit à une logique économique que nous développerons ultérieurement.
L’O.N.C.T., embarquant dans sa galère d’autres instances, dont l’U.V.T.F., a pris le risque d’un casus belli et d’ouvrir la boite de Pandore, tout cela pour permettre à son président d’assumer son fantasme: EXISTER. Espérons seulement que le retour prévisible du boomerang n’assommera pas le lanceur, et surtout ceux qui se trouvent à côté et qui n’ayant rien demandé se retrouveront à mener une guerre déclenchée par le faucon (faux???) de Vieux Boucau.
On verra alors qui montera au front et quels sont ceux qui se défileront prudemment après avoir claironné la charge. Les généraux sont rarement meurtris par les guerres.
Mais quand l’on parle de tout cela et qu’on mobilise contre l’adversaire, réel ou supposé, cela évite d’aborder d’autres sujets plus sensibles: l’afeitado des miuras, par exemple.

Si, ce qu'à Dieu ne plaise, ces inquiétudes se voyaient confirmées, il faudrait en tirer des conséquences, et que des têtes tombent.

Xavier KLEIN

lundi 14 décembre 2009

«Mentez! Mentez! Il en restera quelque chose.»

«En politique, ce qui est cru devient plus important que ce qui est vrai.»
Talleyrand

Le bon Docteur Joseph Goebbels, Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda (ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande) du IIIème Reich a fait bien des émules, de son pendant contemporain Staline, à Nicolas Sarkozy, en passant par Jacques Séguéla, et toute l'école de marketing politique de Boston, tous lecteurs attentifs de ses «Discours», et de son «Journal».
Il semblerait que certain «inénarrable» taurin compte au nombre des adeptes de ces méthodes toujours très actuelles que sont la désinformation, l'amalgame, la citation tronquée, quand ce n'est pas le mensonge et la calomnie.
Encore une fois, l'«inénarrable» n'a pas su se cantonner à l'observation et à la réserve que lui aurait imposée sa présidence du «machin» pour mélanger les genres et se livrer à son passe temps favori: la bassesse.
A moins, ce qui n'est pas totalement à exclure, qu'aveuglé par la haine, la vanité ou plus simplement la connerie, il ne soit, de manière permanente ou occasionnelle, dans l'incapacité d'entendre et encore plus de comprendre ce qui se dit, surtout lorsque la chose suppose de la subtilité.
Au congrès de l'Union des Villes Taurines de France, Monsieur François Zumbiehl s'est livré à un remarquable et brillant plaidoyer pour porter l'idée que la (ou les) tauromachie(s) soi(en)t reconnue(s) comme Patrimoine immatériel de l'Humanité par l'U.N.E.S.C.O.
Cette démarche, qui comporte certainement des aspects positifs, demande toutefois à être réfléchie, et non adoptée sur un coup de tête, après une intervention aussi brillante et convainquante soit-elle.
Pour ce faire, il serait entre autres prôné que les municipalités adhérentes adoptent une «résolution» favorable à la défense des cultures taurines, voire à leur valorisation.
Et c'est là que le bât blesse.
Le délégué d'Orthez (votre serviteur) a fait remarquer que s'il était parfaitement en sympathie avec l'intention, la mise en oeuvre posait tout de même quelques problèmes.
En effet, les élus locaux (et nos concitoyens) sont loin de tous adhérer à la tauromachie, y compris dans les villes taurines. On serait sans doute surpris si l'on y organisait des referendum sur le sujet.
En outre, cet intérêt fluctue selon les villes, et n'est nullement le même à Dax ou Mont-de-Marsan, en pleine zone d'influence taurine, et dans des lieux plus aux marges, ce qui est le cas d'Orthez.
Ces élus nous font la bonne grâce d'une neutralité passive. Il ne faudrait pas pousser le bouchon trop loin en leur demandant, en plus, de voter un texte de soutien.
Bien entendu, mes observations ne constituent sans doute que des subtilités byzantines, aux yeux de notre croisé d'un nouveau genre. Elles résultent pourtant du quotidien d'un élu de base qui se doit d'entendre ses collègues et ses concitoyens: la démocratie quoi!
On voulut donner dans le frippon en suggérant de noyer la chose dans un remaniement du règlement, ce qui dénote un certain état d'esprit pour le moins macchiavélique et peu porté à la transparence.
Dans la foulée on s'enthousiasma derechef pour des panneaux «Ville de tradition taurine» qu'il convenait de placer d'urgence aux portes des cités. Ce qui ferait un support parfait pour les taggueurs du voisinage. Ou bien pour le dernier avatar de l'affaire de la pique, c'est à dire l'intitution d'une pique française, pour sans doute remplacer la pique andalouse, sans qu'elle en ait le nom. Une pique Canada Dry en quelque sorte. Et de rêver au marché ainsi ouvert à nos entreprises tricolores qui pourraient les fabriquer...
Le comble de la démagogie fut la réponse de Madame le Maire de Mont-de-Marsan qui déplora que certains eussent ainsi «l'aficion honteuse». Le comble du ridicule impartissant à celui qui évoquait le classement «terroriste» du P.E.T.A. (association animaliste qui organise les réjouissances devant nos arènes) par le «gouvernement OBAMA»: en dépit des propensions atlantistes et libérales de nos gouvernants, on n'est pas encore obligé de suivre les «States» dans leurs délires maccarthistes!
Tant d'amabilité m'a ému. Et je laisse juge l'habitué de ce blog au sujet de mes honteux penchants.
J'adore tous ces braves gens qui se lamentent sur la disparition de certaines ganaderias mais au pis les descendent, au mieux les évitent, qui déplorent le prix excessif des places tout en ayant les tarifs les plus chers, qui parlent culture mais pensent gros sous, qui, qui, qui...
La tartufferie a de beaux jours devant elle.
Pour ma part, je demeure excessivement réticent à l'endroit de tout ce vacarme.
En effet, j'ai souvent dit ici que je me refusais à une «aficion défensive», celle qui se croit obligée de porter le fer contre la S.P.A. et de harceler ces braves andouilles pour se persuader qu'on sert à quelque chose, et entretenir son fonds de commerce. Cet affaire du Patrimoine immatériel de L'Humanité me semble aussi procéder d'une REACTION à l'autre, de la même nature que ce débat actuel sur l'identité nationale, et dénoter beaucoup plus la crise interne que la réponse à une question réelle et urgente.
En ce qui me concerne, j'ai plutôt «l'aficion sereine» et ne me crois nullement obligé de justifier, de quelque manière que ce soit, auprès de qui que ce soit, mon désir et mon plaisir. De même que je ne me sens nullement obligé d'aller provoquer des réactions hostiles en «affirmant notre identité taurine». Tout ce que je demande c'est le droit inaliénable à l'indifférence, qu'on nous foute la paix.
Mais peut-être peut-on également lire l'évolution actuelle comme une retour de bâton.
Certains se sont abondamment livrés ces dernières décennies à des surenchères hasardeuses. Il fallait absolument organiser des spectacles taurins sur des terres où l'usage en avait disparu, provoquant des réactions de rejet. Cet expansionnisme, à mon sens, n'avait rien d'innocent pour les tenants d'un «marché» en développement. Sans doute la corrida, enjeu économique et touristique, paye t-elle sa marchandisation croissante et son découplage d'une véritable culture populaire proposée à tous.
Et de cela, qui constitue pour moi le vrai débat, on ne parlera jamais à l'U.V.T.F., pas plus que de ce qui mine la corrida de l'intérieur. Faudrait pas pousser tout de même!
Pour clore cette affaire et résumer parfaitement ma pensée, une gentille citation du regretté Pierre Desproges: «Jacques Séguéla est-il un con? De deux choses l'une: ou bien Jacques Séguéla est un con, et ça m'étonnerait quand même un peu; ou bien Jacques Séguéla n'est pas un con, et ça m'étonnerait quand même beaucoup!»
Xavier KLEIN
RAJOUT ULTERIEUR: Il n'y a pas d'élus écologistes dans le Conseil Municipal d'Orthez. Quand on vous parle de désinformation!!!
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mercredi 9 décembre 2009

INTIMITE

Dans la vie, il y a des gens que l'on rencontre, et que l'on a toujours plaisir à revoir.
C'est le cas d'Yves PETRIAT, un aficionado croisé, maintes et maintes fois sur les gradins, depuis des années. D'autant que nous voisinons aux mêmes numéros de tendidos depuis des lustres. Avec Yves, toujours un petit mot gentil, des impressions d'arènes échangées en sortant des arènes, ce sentiment que les toros, la passion, rapprochent les hommes.
Et puis, Yves, je l'ai recroisé, à Orthez, quand je m'y suis installé.
Nous avons ferraillé l'un contre l'autre en politique, lui dans "un camp", moi dans l'autre. Toujours à la loyale, et toujours en gardant d'excellentes relations, passé le débat parfois hard.
Yves a monté sa petite entreprise de vidéo, "La vie en Ymages". Sa connaissance taurine, sa passion depuis des années, il a su l'utiliser et la mettre à profit pour fabriquer des clips, des présentations, dont vous avez pu voir les premières moutures sur le site de la Commission Taurine.
Aujourd'hui, avec Agnès sa "doulce", ils proposent un DVD livret-photos: "INTIMITE" et vous proposent de vous amener dans le monde du toro brave, avant qu'il n'entre dans l'arène, autour de quatre films et 15 photos.
Allez donc faire un tour sur son site, si le coeur vous en dit.
Ah! Au fait, Yves est un copain, je ne touche aucune royalties.
Xavier KLEIN
Yves Pétriat-Agnès Garrigues- 06.64.21.39.73
188, chemin Cametot -64300 Orthez
11, rue Auguste Chabaud - 13200 Arles

mardi 1 décembre 2009

IL FAUT SAUVER LE SOLDAT JUAN

Photo de Yannick OLIVIER.

Beaucoup ne connaissent pas intimement Sánchez Fabrés et c'est bien dommage.
Truculent, haut en couleur, pétillant de malice, de finesse et d'esprit, l'homme a du caractère et ne manque pas de susciter des réminiscences hemingwayiennes.
Par delà la dimension humaine, Don Juan s'évertue depuis des années, contre vents et marées, à maintenir les derniers vestiges d'une lignée et d'un sang qui furent des plus glorieux: les COQUILLAS.
Las! La marchandisation de la corrida, cette "modernité" que nous dénonçons régulièrement dans ces colonnes, mais aussi et surtout, l'usure et les multiples tracasseries d'une administration tant espagnole qu'européenne au mieux indifférente, au pire hostile, vont peut être avoir raison de la résistance du vieux lutteur, fort tenté de jeter les gants.
Ce ne sera pas un sang, une ganaderia de plus à disparaître, laissant le champ libre à une vision utilitariste et commerciale de la fiesta brava, c'est un SYMBOLE, celui de la disparition programmée de la diversité des approches et des sensibilités en matière de tauromachie.
Certes pour beaucoup de lecteurs de ce blog, pour beaucoup d'aficionados, la chose pourra paraître anecdotique, et somme toute, négligeable.
Avec les coquillas de Sánchez Fabrés, ce serait pourtant, sans bruit et dans l'indifférence, un monde qui disparaîtrait, une certaine vision héroïque et romantique de la corrida, empreinte de bruit et de fureur, de combat, de sauvagerie et d'incertitude.
La Commission Taurine d'Orthez avait visité son élevage en novembre 2008, son nom figurait (et figure toujours) parmi ceux évoqués pour des cartels futurs.
Il faut que Don Juan fléchisse, il faut surtout le convaincre que ce qu'il incarne, représente pour une partie de l'aficion, qu'elle soit torista ou torerista, ou plus simplement de verdad, un enjeu majeur pour l'avenir.
Je me méfie toujours des feux de paille, des intentions subites et passagères, sous le coup de l'émotion, des grands mouvements suivis de peu d'effets où on se retrouve seul, brave couillon, après que l'émoi se soit dissipé.
Juan Sánchez Fabrés a besoin de deux choses essentielles. D'une part, de pouvoir vendre REGULIEREMENT son bétail, ce qui suppose qu'un public, et donc une organisation, soient susceptibles de s'y intéresser. D'autre part, d'être soulagé des multiples embarras administratifs qui minent, par la force d'inertie et de résistance, les plus beaux enthousiasmes.
Ce dernier problème est un problème purement politique, celui de la déconnection de l'administration de Bruxelles, et de ses relais locaux espagnols, avec les situations particulières, en l'espèce la gestion d'un bétail brave d'un élevage de type extensif.
Les contraintes, et les directives se multiplient qui menacent à terme d'étouffer la pratique taurine, et à Saint-Sever, les éleveurs présents, dont Juan Sánchez Fabrés ont poussé un cri d'alarme, dont on espère qu'il ne soit pas d'agonie.
La disparition de la corrida qu'on ne peut obtenir frontalement, on la programme en douce, par des manoeuvres de cabinets et des mesures qui, sans en avoir l'air (transport du bétail), rendront les choses impossibles.
Il faudrait une réaction significative, mais les instances autoproclamées, sensées défendre nos intérêts préfèrent enfourcher d'autres chevaux de bataille, plus médiatiques ou moins engageants, quand elles n'ont pas fait le deuil, au nom de la "modernité" d'une mort programmée qu'elles tiennent pour inéluctable.
Les combats désespérés étant toujours les plus beaux, le sort et le faciès de la tauromachie de demain tenant à celui-ci, il paraît nécessaire de se mobiliser.
Sánchez Fabrés, s'il l'accepte, doit devenir un étendard.

Je propose donc, dans un premier temps que les lecteurs qui se sentent concernés le contactent d'urgence par le truchement ci-dessous.
Dans un deuxième temps, un collectif franco-espagnol Sánchez Fabrés pourrait être créé, qui soutienne non seulement la démarche de Juan, et relaie ce soutien et ces préoccupations auprès des politiques espagnols, mais au delà, se préoccupe de la pérennité des encastes rares et des ganaderias en danger de disparition.
L'affaire Don Bull est anecdotique, et ne représente pas vraiment une menace sérieuse. En revanche, quand les coquillas auront disparus au matadero, les conséquences seront définitives. Et après ce fer, quel autre disparaitra dans une vertueuse indignation impuissante?
Bien entendu, cette affaire doit être menée par tous les canaux qui se préoccupent de la chose, et notamment par la nébuleuse de blogs et de sympathisants français et espagnols, qui se sentent concernés.
Je vous prie de bien vouloir signifier votre sentiment quant à cette idée dans les commentaires, suite à quoi, selon les résultats, nous envisagerons une rencontre.

Xavier KLEIN

La ganadería de Sánchez Fabrés está a punto de desaparecer y, con ella, el encaste coquilla, que se encuentra en vías de extinción.La diversidad de la cabaña brava es cada día más pobre, y así la tauromaquia pierde fuerza y belleza.Nosotros los aficionados no tenemos muchas posibilidades de reacionar frente a esta triste noticia, pero lo mínimo que podemos hacer es decir a Sánchez Fabrés que apoyamos, por lo menos moralmente, su tarea. Aunque es muy difícil, vale la pena intentarlo.Por eso invitamos a aficionados, críticos taurinos, empresarios, ganaderos, mozos de espada, o cualesquiera otros a que mandéis un mensaje de apoyo antes del miércoles a nuestro email contact@camposyruedos.com o a sitecamposyruedos@yahoo.com .Se los remitiremos al ganadero.Pedimos a los webmasters de páginas taurinos, grandes o pequeñas, que difundan este mensaje de la forma más amplia posible.
Gracias a todos.

La ganaderia de Sánchez Fabrés est sur le point de disparaître et avec elle, c’est l’encaste Coquilla qui se retrouve en voie d’extinction. La diversité de la cabaña brava s’amenuise tous les jours un peu plus, la tauromachie y perdant sa force et sa beauté.Les aficionados que nous sommes ont peu de moyens de réaction face à cette triste nouvelle mais le minimum que nous puissions faire est de montrer à Juan Sánchez Fabrés que nous le soutenons, ne serait-ce que moralement. Le combat, si dur fut-il, vaut peut-être la chandelle d’être poursuivi…Pour cela, que vous soyez aficionado, chroniqueur taurin, empresario, torero, ganadero, mozo de espada ou autre, écrivez avant mercredi soir (02 décembre 2009) un message de soutien à Juan Sánchez Fabrés à l’adresse suivant : contact@camposyruedos.com ou au site camposyruedos@yahoo.com, nous ferons suivre au ganadero.

lundi 30 novembre 2009

La tauromachie formica.

Dans les années 50-60, une certaine engeance arpentait les campagnes pour convaincre nos sympathiques péquenauds de la France profonde, d’échanger leurs vieux meubles vermoulus contre le nec plus ultra, le fin du fin, l’apothéose de la modernité, j’ai dit le meuble de formica.
J’en connais certains qui ont ainsi cédé aux caprices du temps et troqués des vénérables reliques de famille contre des horreurs flamboyantes, et bien pratiques, ma bonne dame!
Facile d’entretien avec ça: un bon coup d’éponge (avec eau de Javel pour les bactéries) sans crainte de décirer et hop! Emballez, pesez, l’affaire est dans le sac!
Plus tard on a fait mieux, mais en passant de l’ignorance à l’iconoclastie.
Le formica ne tenant pas à l’usage, s’usant ou se décollant, on lui préféra le sapin nordique, et les rescapés de la première vague se virent condamnés par l’avènement du «dézingne », façon Monsieur Ikéa. Vous savez, les trucs qui font, paraît-il, classe à bon marché.
Il y eut pire encore: la re-peinture en laqué brillant. J’ai récemment vu une bonnetière Louis XV d’époque, ainsi massacrée avec beaucoup de talent.
Ah! Vous les auriez vu les commis-voyageurs, minauder dans les cambrouses avec la rombière, lorgnant en loucedé sur l’antiquité convoitée, pour convaincre la brave ménagère, qu’il lui fallait AB-SO-LU-MENT la pointe de la technique plastique pour être dernier cri, pour pêle-mêle, impressionner les voisines, chârmer le daron, chasser les microbes, égayer les mouflets par des couleurs vives et, surtout, sortir glorieusement de la condition misérable de ruraux dégénérés.
La modernité, vous dis-je!
Il y a vingt ans de cela, je sauvais in extremis, un vaisselier XVIIIème, qu’on allait brûler après tronçonnage, pour mettre indignement un terme à une longue carrière, achevée dans le poulailler comme pondoir.
Démonté, restauré avec amour, le vendeur s’est extasié, sans le reconnaître au premier abord, avant que je ne lui crache le morceau.
« -Si j’aurais su, je te l’aurais vendu» m’assura le con joli sans vergogne.
Ce à quoi je lui répondis qu’il était vraiment indécrottable, car s’il aurait su, il aurait mieux fu de se le gardu, le glandu.
Mais que peut-on attendre de bon d’un abruti qui préfère vous boire cinq viskis-coca(et du Prince Edward hors d'âge, SVP, acheté aux ventas d’Ibardin, comme chez le voisin), quand on lui offre de déguster un bon sauternes?
Mais les toros dans tout cela?
Et bien, c’est la même chose.
La modernité, frappe aussi.
Le pis sans doute, c’est l’hypocrisie du discours ambiant. Tout le monde déplore, mais que voulez-vous braves gens, il faut bien se résoudre aux réalités du «marché», et surtout aux exigences, soigneusement orientées et conditionnées, du public, pardon, du client lui aussi «moderne».
Quitte là aussi à user de mauvaise foi.
On répute les élevages braves, ou au moins ceux sortant du bien-disant taurin, ne pas plaire au public. Est-ce si vrai?
Je constate que bon an, mal an, l’immense majorité des novilladas du sud-ouest, ont sorti de ces élevages honnis. Parentis, Saint-Sever, Roquefort, Hagetmau, Orthez, Garlin, Dax, Vic, et j’en oublie, ont fait courir des lots dont le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas courus par les vedettes.
Et si l’on fait le compte des corridas, entre Vic, Céret, Alès, Istres, Beaucaire, Aire, Orthez, Aignan (annulée), La Brède, et j’en passe là aussi, de quelques manières qu’ils soient sortis, les élevages hors modernité, ont été représentés en nombre.
A y bien regarder, seules les grandes ferias, celles qui remplissent, et celles qui, comme par hasard, peuvent se payer le luxe d’appointer une «com» voire une claque, ont usé et abusé du toro moderne, avec un résultat généralement peu convainquant d’ailleurs, au regard du battage médiatique.
Encore faut-il également souligner l’incohérence de beaucoup de soit-disant toristas, qui attendent qu’on leur sorte le même produit conforme et garanti, mais en «dur», que dans les corridas toreristas.

Il faut choisir messieurs entre la grande série calibrée et l’artisanat inconstant. On ne peut, à la fois, vouloir une chose et son contraire, la poésie et le prosaïque.
Ne peut-on dés lors parler d’intox, quand les seuls critères, les seuls faits considérés, relèvent exclusivement ou presque de «l’événement» de ces grandes foires taurines, au détriment de «l’autre tauromachie», dont les canons –toréer et non pas uniquement faire des passes, un toro qui charge, et non pas uniquement qui passe- ne sont nullement pris en compte.
Qu’est-ce qu’une bonne corrida? Celle où les trophées faciles ou programmés dégringolent, où l’on sort a hombros, ou bien est-ce autre chose, de non assuré, de non garanti?
Tout est dans ce choix, comme il est de choisir entre le bois vénérable patiné par les ans et le fade et impersonnel revêtement de formica.


Xavier KLEIN


NOTA: Le vrai Formica (marque déposée), travaillé par de grands stylistes, dés les années 30, peut être réellement superbe.

mercredi 25 novembre 2009

Une pierre de l'édifice...

Bernard Grandchamp, érudit, hédoniste, gastronoble et oenophile de qualité, a découvert, comme une pierre qu'on ramasse au détour du chemin, mais une pierre semble t-il philosophale, ce beau texte de Pascal QUIGNARD - ''Dernier royaume'', égarée de son VIe et dernier tome - ''La barque silencieuse'', en son chapitre L (50, en chiffre romain!) – pages 146 et 147 de l'édition originale (Seuil 2009):
«La force, telle fut la première signification de la vertu. […] La virtus c'est la mise en acte de la puissance sexuelle propre au mâle quand il se trouve face à face avec la femelle. Puis c'est le courage frontal du héros devant la menace de la bête à cornes signifiant la possibilité de la mort donnée. C'est ce que dessine la lettre alpha dans notre tradition. Face à face (coït), front à front (corrida), corps à corps, lutte romaine, combat singulier des Francs, tournoi moyen-âgeux, duel sous Louis XIII. Vis est une activité qui mêle la force et le mépris de la mort (fortitudo) de façon active, violente. Virtus d'un fascinus, vertu d'une plante, valeur d'une monnaie, sens d'un mot: tout est vis.
-
C'était plus fort que moi.
Telle est la phrase des héros. Voilà comment le sujet (celui qui dit
je) définit le symptôme (le je plus je que soi). C'était plus fort que lui. Telle est la puissance prédatrice du meurtrier. Telle est la violence démoniaque du violeur. Telle est la force démiurgique du créateur. Telle est au sens strict la vis de la vertu.
L'affrontement dans le taureau mais aussi la sève dans la fleur sont plus fort qu'eux. Ils sont virulents.
Virus désignait le suc des plantes, le sperme des mammifères, le venin que crachent les serpents.»
Bernard commente:
Il me semble bien que QUIGNARD nous parle là, avec ses manières inimitables d'érudit à l'antique, de notre ''bravoure'' tauromachique... Certes, à cette aune – et quant à cracher du venin, nos post-modernes ''toros à roulettes'' en seraient plutôt à cracher... leurs poumons! Et même si nous ressentions que, pour le toro brave, ''c'est plus fort que lui'', nous saurons mieux désormais ce qu'est un toro vertueux...
Merci Bernard de cette précieuse pierre laissée dans certains jardins.
Xavier KLEIN

lundi 16 novembre 2009

SAINT-SEVER, LE RETOUR

"La novillada du 11 novembre organisée par la Peña Jeune Aficion de St Sever a été reportée compte tenu de la météo et de l’état de la piste.Le paséo aura donc lieu le samedi 28 novembre à 15h30 aux arènes de Morlanne.Toros et cartel inchangés.5 novillos de Mariano Cifuentes pour Alberto LOPEZ SIMON, Adolfo RAMOS, David GALVAN et SOFIAN.Nous vous serions très reconnaissant de faire passer ce message à vos socios, amis et relations.La Peña vous en remercie d’avance."
Le président Jean Gilbert"

jeudi 12 novembre 2009

ECOLE, VOUS AVEZ DIT ECOLE?

«Si on pouvait recouvrer l'intransigeance de la jeunesse, ce dont on s'indignerait le plus c'est de ce qu'on est devenu.»
André Gide

Dans son éditorial du 27 octobre 2009 (BLOG CONTRE BLOC, http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-10-09/27-10-091.php), André VIARD dénonce ces féroces soldats qui viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes, ces vilains, ces affreux, ces pelés, ces galeux, ces empêcheurs de toréer moderne en rond, ces grands méchants blogs qui se permettent de venir troubler la doulce jouissance des tendidos heureux des grandes ferias commerciales (un beau pléonasme… puisque feria signifie foire).
Il faut être un bien grand maître pour s’autoriser ainsi à distribuer les bonnes notes et dire où est la bonne aficion et où est la mauvaise.
La maîtrise s’acquiert de deux manières: par la réussite et/ou par l’étude sanctionnée par un diplôme. Ce cher André ayant sans doute satisfait aux deux -un succès éclatant dans les ruedos et un doctorat es tauromachie décerné par l’Académie Don José Maria COSSIO- il peut en parler en parfaite connaissance de cause.
Dans tous les cas de figure, seule la reconnaissance des pairs sanctionne la maîtrise, et il reste à prouver qu’en dehors de sa chapelle, et des quelques gogos espagnols qui, ne le connaissant pas, célèbrent les grandes qualités qu’il se prétend, dear André provoque le consensus en la matière.
L’une des premières marques de la maîtrise trouve sa source dans des qualités particulièrement absentes de notre société: le discernement, la pondération et surtout la hauteur et la largeur de vue.
J’ai connu le privilège de croiser deux ou trois fois dans ma vie des maîtres, des vrais. L’un d’entre eux s’appelait Louis LEPRINCE-RINGUET, un autre se nommait Haroun TAZIEFF, un troisième Arnaud DESJARDINS. La caractéristique commune de ces maîtres là, quelque idée que l’on ait de leur compétence, c’est que leur commerce vous laissait le sentiment d’être intelligent, mieux, sans doute, ils vous RENDAIENT intelligent par la sollicitation de votre intelligence.
Ils auraient pu, comme d’autres, vous écraser de leur savoir, de leur génie, de leur sagesse ou de leur célébrité, vous balancer un «casse toi, pauvre con!». Que non pas! Tout au contraire, ils accueillaient le jeune esprit enthousiaste, passionné, parfois excessif avec patience, humour et compréhension. Car les maîtres, les vrais, savent qu’il faut savoir prendre la mesure des choses et considérer un être humain dans ses capacités, dans ses possibilités, dans son évolution.
«La plus inquiétante jeunesse est celle qui n'a pas d'opinions extrêmes.» notait Hugo, un homme qui resta très vert, très longtemps, ce qui n'a pas peu contribué à sa popularité.
Ils savent aussi ces maîtres, par dessus tout, qu’il n’est d’autre recours qu’en l’humilité, et que plus l’on pousse dans la connaissance, plus l’on entrevoit l’immensité de ce que l’on ne sait pas.
A cette aune, selon ces critères, on ne perçoit pas très bien quel maître s’imposerait dans le paysage taurin français actuel et sûrement moins André VIARD que les autres. Une superbe lettre ouverte de la revue TOROS ("Mon tout petit...") était naguère venue le lui remémorer.
Et c’est tout le problème de la situation présente. On manque cruellement de Tio Pepe, de Pelletier, et autre Paco Tolosa.
La condamnation «urbi et orbi» fulminée par le pape de l’Observatoire sent donc son vieux con racorni et rassoté ou son beauf conformiste et étriqué.
Il a «maître» et «maître» et André Viard aborde un problème qu’il maîtrise sans doute aussi parfaitement que le reste: l’ECOLE.
Ayant exercé depuis 35 ans au sein de l’honorable institution qu’est l’Education Nationale la plupart de ses métiers («pion», enseignant, CPE, «formateur de formateurs», formateur pour adultes, tuteur, et maintenant chef d’établissement), y ayant accédé à chaque fois par la voie du concours (et non celle de la cooptation), je ne puis prétendre à la même «maîtrise» du sujet.
Nous vivons des temps où chacun, ayant connu une petite expérience de la chose dans sa jeunesse, se croit obligé d’émettre sur la question un point de vue autorisé et sans réplique. Toutefois, en dépit de mes nombreuses insuffisances, j’ai néanmoins réussi à tirer quelques modestes conclusions de ma pratique.
Il faut trois exigences pour faire un enseignant, bon ou mauvais:
1°) Des connaissances à transmettre. Connaissances généralement consacrées par un diplôme universitaire (pour l’enseignement général).
2°) Des techniques pour transmettre ce savoir (la pédagogie et plus généralement la didactique).
3°) Un «charisme» particulier fait d’intelligence, de sensibilité, d’empathie, d’écoute. En fait une aptitude spécifique à la communication.
A ces qualités s’en rajoute une dernière, utile mais nullement nécessaire: il faut aimer ça!
Ces qualités, précisons le bien vite, ne constituent pas l’apanage des enseignants patentés. Et, par le passé, on a connu de ces mentors, péons en retraite ou vieilles figuras retirées des affaires, qui les réunissaient à la perfection sans avoir de titre, ni s’en faire une gloire.
Précisons également que l’excellence ou l’expertise n’est aucunement la garantie de la qualité d’un enseignant. On connaît d’illustres chercheurs, athlètes, acteurs, artistes, etc., autorités incontestées, qui sont de piètres pédagogues.
L'époque héroïque où l'on se formait au contact d'un maître (comme un apprenti dans le compagnonnage) paraît révolue, comme est révolu le temps des grouillots. Aujourd’hui, semblerait-il, il faut nécessairement passer par l’école.
Le problème, et les professionnels de l’enseignement le savent, c’est que l’école est NORMATRICE. C’est à dire qu’elle transmet le corpus de connaissances et de valeurs que la société lui délègue la responsabilité de transmettre.
«être bon à l’Ecole», c’est «être bon pour l’Ecole», autrement dit satisfaire aux exigences et aux injonctions du système. Ce n’est sûrement pas pour rien que l’Ecole fut le bras armé de la République et que cette dernière, pour s'imposer et faire triompher ses idées à la fin du XIXème siècle, l'a investi, depuis Jules Ferry jusqu'à nos jours, d'une fonction et d'un enjeu essentiel.
Si cette fonction normatrice peut valoir pour la transmission des connaissances et des valeurs de bases qui forment le socle d’une société démocratique, elle est infiniment moins effective et pertinente en matière artistique où, l’originalité et la créativité doivent primer, ce qui est le cas de la tauromachie.
Les écoles taurines PRODUISENT donc des élèves conformes, reflets des normes et valeurs de leurs maîtres et de «l’idéologie» ambiante.
VIARD cite le cas d’une immense pédagogue, unanimement reconnue pour ses compétences et ses savoirs. Une pédagogue qui d’après ses propres déclarations, dans une tragi-comédie courtelinesque, se préoccupe surtout du service après vente, c’est à dire, des conditions d’engagement de ses pupilles, autrement dit de «l’exploitation de sa production».
Pourquoi pas après tout. Sauf que la tradition française de l’Education (avec un grand E, on parlait autrefois d’Instruction Publique), se situe, au contraire d’autres systèmes éducatifs, dans une éthique de l’universalité de la connaissance transmise pour elle-même, sans arrière pensées économiques et utilitaristes.
L’Ecole française (et notamment le collège unique) ne produit pas de l’insertion professionnelle (c’est le rôle de l’enseignement professionnel), elle produit du savoir. Elle prétend former «l'Homme et le Citoyen». Et c’est son honneur, quoiqu’on en dise!
Il ne me semble guère ni utile, ni pertinent de favoriser le développement d’écoles qui ne seraient que les relais et les réservoirs de la profession, parce que nous sommes en tauromachie dans le domaine de l’art, de l’inventivité, de la variété, et non dans celui de la norme.
Qu’un postulant apprenne, avec quelques «disciples», comme Leonardo DA VINCI, PLATON ou Moriheï UESHIBA en eurent, tant mieux. La transmission de l'art et de la technique doit passer par un rapport de Maître à Disciple. C’est une logique d’atelier.
Mais de grâce qu’on nous évite les écoles taurines telles qu’elles fonctionnent en Espagne. Et qu’on nous évite aussi de singer un système éducatif français, dont on devrait savoir qu’il transmet AUSSI et SURTOUT de la contrainte (en termes de savoirs et de socialisation), qui s’oppose au discours sur le plaisir et l’accomplissement utopique du désir qu’on entend se développer sur les hypothétiques gloires taurines franchouillardes.
J’en connais les vertus aussi bien que les vices.
Ceci dit, comment faire pour que les jeunes gens qui désirent s'engager dans la carrière, puissent en acquérir les fondements?
Comment faire en évitant de passer par «la profession», qui dans ce champ d'activité, plus que dans tout autres, voit en l’humain un simple investissement, rentable à plus ou moins long terme?
Comment faire pour pallier au défaut majeur des écoles taurines espagnoles, c’est à dire la production en série de parfaits techniciens stéréotypés du toreo moderne.
Comment faire enfin, pour armer des jeunes gens pour la vie, sans détruire leurs rêves, mais en prenant en compte une réalité qui leur laisse peu de chances de les voir réalisés?
Comment les préparer à un échec prévisible pour la grande majorité d’entre eux, pour que justement, ce qu’ils auront appris soit au contraire une richesse et un atout, et non le désert stérile des illusions perdues?
Dans l’Education Nationale, nous sommes constamment confrontés à cette problématique que nous essayons de gérer au mieux, ou au moins mal. C’EST UN METIER, et C’EST UN SAVOIR, pour lesquels nous sommes formés et informés, en sachant que les choix sont des deuils, et qu’ils engendrent frustrations et insatisfactions.
D’évidence, certains croient pouvoir se passer impunément de cette réalité. Il serait cruel de rappeler certains noms de pupilles et de «grands espoirs», montés au pinacle, et qui se retrouvent maintenant dans des ornières dramatiques. Certains ne seraient certainement pas étrangers au Président de l'O.N.C.T., à moins que l'oubli ne soit une vertu salvatrice.
Des solutions sont possibles, à condition qu’elles soient mises en œuvre non par des amateurs, aussi dévoués soient-ils, ou des taurinos nécessairement «intéressés», mais par des professionnels de l’Education qui portent une éthique, une pratique, et des techniques appropriées.
Cela n’exclut nullement la participation et le concours indispensables des premiers, mais cela apporte des garanties incontournables.
Il existe dans les lycées et collèges, des ateliers de danse, de cinéma, de théâtre, de mîme, de cirque, qui fonctionnent, SOUS L’AUTORITE et le contrôle de l’institution, avec des partenaires extérieurs qualifiés. C’est sans doute cette voie là qu’il conviendra d’explorer, après des études approfondies et un dossier étayé.
Inutile de préciser, qu’en ce qui me concerne, j’y œuvre, sans avoir attendu, en cette matière comme dans d'autres, que le gourou ait parlé…

Xavier KLEIN

mardi 10 novembre 2009

"EL PIMPI" à Pau


Pas trop le temps en ce moment de concocter des articles.

Pourtant, il faut annoncer une initiative intéressante de la Peña Taurine Joseph PEYRE de PAU (la banlieue taurine d'Orthez) qui organise un débat sur les piques, avec la participation de l'excellent picador "EL PIMPI" et de l'excellent chroniqueur Miguel DARRIEUMERLOU , le Vendredi 20 novembre 2009 dès 19 h 30.

On ne se réjouira jamais assez du travail de pédagogie entrepris par les peñas sérieuses, c'est à dire, celles qui ne se préoccupent pas seulement de festoyer.


A noter qu'une délégation de la Commission Taurine d'Orthez était en visite dimanche dernier à Poyartin (40) ou "El Pimpi" présentait avec Nathalie, sa compagne, la cuadra de caballos qu'ils proposeront aux empresas dès cette année.

Une cuadra de caballos à propos de laquelle, nous ferons un article dans le trimestre qui vient.


Bodega de MEILLON, 7 rue de la Mairie (64) MEILLON

Roger CHAGUE au 05.59.82.05.74 ou par mail roger.chague@wanadoo.fr

lundi 9 novembre 2009

TOROS ORTHEZ 2010

Les élevages retenus pour la journée taurine du 25 juillet 2010 sont publiés sur le site de la Commission (à partir de 21h, le 9/11), ainsi que quelques photos.

mercredi 4 novembre 2009

Claude LEVI-STRAUSS est mort…

«L'humanité est constamment aux prises avec deux processus contradictoires dont l'un tend à instaurer l'unification, tandis que l'autre vise à maintenir ou à rétablir la diversification.»
«Race et histoire»
«Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses, c’est celui qui pose les vraies questions.»
«Le cru et le cuit»
«Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui.»
«Tristes tropiques»
D'aucuns s’émeuvent du décès d’une princesse d’Angleterre, d’autres de tel chanteur ou de tel acteur, on me pardonnera ici de m’affliger de la disparition de Claude LEVI-STRAUSS.
Non pas qu’elle fut prématurée, 100 ans, presque 101, c’est un âge plutôt confortable pour le grand voyage, d’autant que Claude LEVI-STRAUSS lui même pensait qu’il n'avait que trop vécu.
Plutôt parce qu’avec l’un des derniers témoins d’un esprit et d’une culture français, héritier des lumières, disparaît une certaine pratique de l’intelligence, qui ne se préoccupait en rien de l’agitation fébrile du temps, mais au contraire s’inscrivait dans l’éternité et l'universalité de la pensée humaine.
Enfin, parce que l’ayant connu, ayant assisté à plusieurs de ses interventions en Sorbonne, ayant conversé avec lui, grâce au truchement du Professeur PITT-RIVERS (cf. dans le blog), j’avais pu apprécier, très imparfaitement certes –quand on bénéficie de la jeunesse, l’ouïe est meilleure mais l’écoute déficiente- la puissance de sa pensée, la rigueur de sa logique et la grandeur de son autorité.
A l’époque, j’appartenais à un courant de pensée qui commençait à remettre sérieusement en cause le structuralisme et l’anthropologie structurale, ce qui n’empêchait nullement le respect dû au maître.
Ce décès annonce malheureusement le déclin, quasi irréversible, de notre culture, dans sa dimension universelle, et l’on comptera désormais sur les doigts d’une main qui se referme inéluctablement les derniers tenants d’une pensée haute, libre et puissante (René GIRARD, Michel SERRES).
Désormais commence la dictature de celle du court terme et de l’utilité, la péroraison des médiocres, le triomphe des "philosophaillons", le sarkosysme intellectuel en quelque sorte (superbe antinomie)!
Que vient faire LEVI-STRAUSS dans ce blog "d’humeurs taurines et éclectiques"?
C’est que contrairement à l’opinion de certains qui se piquent de savoir, sans s’être donné la peine de connaître, avec ce vernis culturel qui ne s’impose qu’aux sots ou aux naïfs, le cher Claude s’intéressait particulièrement à ce phénomène si singulier qu’est la tauromachie, qu’il qualifia un jour dans une conversation de «survivance extraordinaire et atypique». Il suivit d’ailleurs avec intérêt les travaux de Julian PITT-RIVERS sur ce sujet.
Il portait sur le monde, sur la fin de sa vie, une vision plutôt pessimiste, ou pour le moins désabusée, déclarant en 2005: «Ce que je constate: ce sont les ravages actuels; c’est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu’elles soient végétales ou animales; et que du fait même de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne - si je puis dire - et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n’est pas un monde que j’aime.» (France 2 émission Campus du jeudi 17 février 2005)
La dernière fois que je l’ai rencontré, en 1984, j’ai évoqué avec lui et avec PITT-RIVERS, une tauromachie qui allait déclinant, dévorée par l’emprise économique, dont le contenu symbolique, la signification du rituel disparaissaient sous les coups de boutoirs de l’exigence commerciale, de l’évolution du marché diraient certains.
Il était là aussi à la fois réaliste et pessimiste, ayant vu périr ces cultures, ces tribus qu’il avait fréquentées. J’avais noté son appréciation: «Tout cela terminera en mascarade, comme les indiens qui font la danse de la pluie pour réjouir les touristes. Les seules cultures qui résistent sont celles qui ne composent ni avec leurs valeurs, ni avec leurs modes d’expression. En la matière, l’intransigeance paye.»
Las Vegas vient célébrer en fanfare l’aboutissement d’une logique enclenchée par les mêmes apprentis sorciers qui, avec des pudeurs de vierges outragées, à grands coups de cris d’orfraie, en condamnent la caricature. La même tartufferie que nos élites économiques et politiques qui appellent à moraliser un libéralisme qu’ils ont promu et choyé.
LEVI-STRAUSS était un philosophe de l’impermanence, une notion bouddhique dans laquelle il se retrouvait. Il savait que certaines choses se perdent à jamais, ou comme l’écrivait Buddhaghosa dans le Visuddhimagga au Vème siècle de notre ère: «L'impermanence des choses, c'est l'apparition, le passage et la transformation des choses ou la disparition des choses qui ont commencé à être ou qui ont apparu. Cela signifie que ces choses ne persistent jamais de la même façon, mais qu'elles disparaissent et se dissolvent d'un moment à l'autre»
Pour aller dans le fil de sa pensée, la tauromachie survivra peut-être, mais son adaptation se fera au prix de la perte irrémédiable de son contenu symbolique et de son signifiant rituel pour se muter en simple objet économique, uniquement gouverné par des contraintes marchandes.
Cela en vaut-il la peine? Pour répondre ici très clairement, je dirai, qu’en ce qui me concerne, je défendrai une tauromachie qui ait du sens, je défendrai une éthique, je ne me battrai jamais pour défendre les intérêts des négociants qui s’en sont emparés.
De ce point de vue, l’intervention de Jean-Michel MARIOU dans l’émission «La voix est libre» de FR3 AQUITAINE du 24 octobre 2009, m’a paru marquée au coin du bon sens, et éviter la platitude des propos convenus et de la langue de bois taurine qui ne manque jamais de foisonner dans un type d’exercice de style qui prédispose aux sempiternels discours "tauromachiquement corrects". (
http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=e33b_voixlibre&video_number=1)
Laissons le dernier mot à Roger-Pol Droit qui a superbement résumé l’homme dans un article du Monde: «
Dans une époque pressée, confuse, massivement portée à la veulerie et au simplisme, l’homme passait fréquemment pour distant. Tous ceux qui eurent la chance de l’approcher peu ou prou savent combien cet esprit universel, profondément attaché à la dignité de tous peuples, savait être proche, amical, fidèle et chaleureux, surtout si l’on avait su tenir le coup sous son regard, le plus acéré qui fût.
Hautain? Non. Seulement exigeant, suprêmement intelligent, et peu enclin au mensonge. Cela fait évidemment beaucoup de défauts, surtout si l’on est en outre l’auteur d’une des œuvres majeures du XXe siècle. Dans la cacophonie de l’heure, une partition exemplaire. Et l’élégance altière, à côté du solfège, d’un musicien de l’esprit.
»
On comprendra que la récupération de LEVI-STRAUSS par certaines plumes frise au mieux le ridicule (sanctionné par un contresens magistral), au pis l’obscène.

Xavier KLEIN
P.S.: Pour l’anecdote, LEVI-STRAUSS s’amusait de mon patronyme. Il avait en effet utilisé la notion de "groupe de Klein" dans un ouvrage majeur: «Les structures élémentaires de la parenté».

vendredi 23 octobre 2009

HIATUS MALTAPROPOS

Nicolas BOILEAU
« Je vais ou je vas mourir, l'un et l'autre se dit ou se disent.»

prêté à Claude Favre de Vaugelas, à l'heure de son trépas.

Jean François m'a récemment aimablement brocardé au sujet d'un point d'orthographe, sur lequel je l'avais envoyé paître sans aménité.
En effet, j'avais employé l'expression «sa ire», et il me faisait remarquer qu'on disait «son ire» (comme on dit «son âme»).
A l'écriture, l'expression m'avait passablement raclé le tympan et, j'avais consulté un ami et collègue agrégé es lettres à ce sujet. Sans doute un peu distrait, il n'avait sur le coup, rien trouvé à redire. Donc Jean François fut prestement et mâlement envoyé aux pelotes.
Il s'avère que Jean François avait raison et me voilà dans la nécessité, en chemise et la corde au cou, comme un empereur d'Allemagne, de faire de bonne grâce amende honorable, et surtout de remercier Jean François de m'aider à améliorer mon écriture.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hiatus
J'en profite pour vous appeler à me signaler toute faute que j'omettrais.
En effet, avec l'âge, je constate que mon orthographe tend à se dégrader. Alors que jusqu'à présent, je jouissais de la grâce, ô combien imméritée, de ce que l'on appelle une orthographe naturelle, c'est à dire que le repérage des fautes s'effectuait par le constat que «quelque chose ne colle pas» à la relecture, sans que je pusse toujours me référer à une règle précise pour expliquer ce qui clochait et pourquoi.
Cette exigence d'une recherche de la belle langue semble passer pour certains, soit pour de l'emphase, soit pour de la prétention, voire pour du snobisme.
Je reconnais volontiers une prétention, celle de vouloir bien manier l'une des plus belles langues qui soient (
http://www.guichetdusavoir.org/ipb/index.php?showtopic=9699).
Ce n'est certes pas très...moderne, cela ne m'attire pas non plus foule de lecteurs comme certaines officines callejonesques qui revendiquaient récemment des milliers de contacts quotidiens, mais je suis par nature, par goût, par conviction et par profession attaché à quelques exigences dans ce domaine.
Je dois humblement avouer, être irréversiblement allergique à la démagogie orthographique et à l'éloge du SMS.
«Verba volent, scripta manent» (Les paroles s'envolent, les écrits restent.).
Il importe donc de s'essayer à des écrits de qualité, sinon sur le fond, où rien ne nous préserve de l'erreur ou de la bêtise, au moins sur la forme.
Ceci dit, nous avons la chance d'user d'une langue riche et variée, une langue qui inclut aussi bien le parler parfait d'un Flaubert, que la diversité et la créativité d'un Rabelais, d'un Céline, d'un Queneau, d'un Audiard ou d'un Frédéric Dard, tous auteurs que je révère. Et ces diverses formes d'expressions de la vigueur linguistique méritent toutes d'être explorées et exploitées, sans exclusives, tout comme en matière de tauromachie.
Merci à mes maîtres de m'en avoir donné, sinon l'emploi accompli, du moins le goût.
Sans disserter longtemps sur le thème (j'ai en horreur l'onanisme de certains à évoquer leur écriture et ses ressorts), il me faut avouer que l'exercice ne m'est guère aisé. Les premiers jets sont particulièrement lourds et empesés. Sans doute du fait de vouloir trop dire. Et il me faut élaguer et simplifier à plusieurs reprises pour parvenir à un écrit à peu prés comestible. Voilà en fait une excellente discipline de l'âme qui conduit à brider les méandres hasardeux de la pensée pour la contraindre à l'essentiel et au plus dur des arts: celui de la simplicité (que je suis astronomiquement loin de maîtriser...).
Merci à l'ordinateur de le permettre, sans passer par une consommation excessive de papier et de brouillons.
Voilà un an au 15 du mois, que le blog fonctionne. Je ne pensais pas être capable de tenir aussi longtemps, et avec une si relative régularité.
Vous m'y avez encouragé, et je suis souvent sincèrement surpris de l'intérêt et de la fidélité de beaucoup d'entre vous, ainsi que des liens cordiaux et féconds noués au fil du temps.
Sans autre prétention que de partager des analyses, des états d'âmes, des constats et parfois des provocations (autant à la réflexion qu'à l'indignation), le suivi de ce blog m'apporte un grand plaisir et sollicite de ma part un effort salutaire.
Puisse t-il continuer à vous intéresser.


Xavier KLEIN


Aimez donc la raison : que toujours vos écrits
Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.
[...]
Quoi que vous écriviez, évitez la bassesse
[...]
[...] Soyez simple avec art,
Sublime sans orgueil, agréable sans fard.
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont, d'un nuage épais, toujours embarrassées;
Le jour de la raison ne le saurait percer.

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
[...]
Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
[...]
Soyez-vous à vous-même un sévère critique.
L'ignorance toujours est prête à s'admirer.
Faites-vous des amis prompts à vous censurer;
[...]
Mais sachez de l'ami discerner le flatteur.
[...]
Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on vous loue.
[...]
L'ouvrage le plus plat a, chez les courtisans
De tout temps rencontré de zélés partisans;
Et, pour finir enfin par un trait de satire,
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire.
Nicolas BOILEAU "Art poétique. Chant I"

dimanche 18 octobre 2009

PILAR 2009

Quelques clichés pris sur le vif lors de l'expédition à Saragosse les 16 et 17 octobre (Dolores AGUIRRE, MIURAS).
Sans prétentions.
Ils n'ont pas la qualité des productions des maîtres CyRiotes.
D'autant, qu'horreur, j'use parfois du mitraillage, ce qu'un puriste ne saurait supporter. Ils ne visent en rien à rendre la beauté plastique d'une passe, plutôt à saisir un instant, une posture, un détail qui tire l'oeil, une incongruité.
En outre, la lumière artificielle de l'arène couverte dénature les couleurs, d'où le recours au bon vieux noir et blanc.
Joselillo dans ses oeuvres. D'aucuns lui trouvent des airs de parachutiste, je pencherai plutôt vers le légionnaire romain. Dans tous les cas, ses manières de belluaire, sa mâle résolution lui permirent de tirer parti honorablement de l'après-midi.
Une après-midi d'Aguirre intéressante, mais marquée par la mansedumbre et surtout par le sempiternel constat de l'incapacité de la toreria actuelle à lidier ces toros difficiles, si éloignés du prêt à toréer actuel. On aura compris que par lidier, il ne faut nullement entendre l'alignement réglementaire des 50 passes liées indispensables à la satisfaction du public (et même de l'aficion) moderne.
Serranito dans les choux, Robleño "fatal". Panique à bord quoi...
Et pendant que le Titanic coulait, l'orchestre jouait.
Evidemment, ce n'est pas en déchargeant la suerte de cette manière, en se découvrant et en ne se croisant jamais qu'on peut espérer dominer des toros con genio (une vingtaine de photos encore moins charitables le confirme).
La finesse de Serranito ne s'acommodera guère plus de ces cactus.

Il y eût un jour, il y eût un soir, il y eût un matin (difficile), premier jour.




N'allez pas croire les fadaises, qu'on lit sur maints journaux et blogs du système, il n'y avait, à grand peine, qu'une grosse moitié d'arènes. Une pitié pour un samedi de miuras.

Pas de miracles pour le petit Jesus (Milian)
Encore moins pour un autre torero de la tierra, Alberto ALVAREZ, qui n'avait que son courage à opposer aux deux adversaires les plus incommodes.





Seul sous le dais, Rafaelillo disposait de la technique, de la pratique, et de l'expérience pour fort bien et valeureusement toréer son premier, et de la rouerie et du mauvais goût pour chaparder une oreille de pueblo à son second.



Conclusion déprimante pour ma part. Cette détestable hypocrisie, sous couvert d'introduire dans des cartels des toreros locaux, en fait de faire des économies pour financer les vedettes du reste de la feria, devient insupportable.
Jouer avec la peau et l'aficion de momes qui n'ont que 2 ou 3 corridas dans les pattes est proprement ignominieux.
Pendant ce temps les figuras se coltinent les carretons les plus commodes...
Il fût un temps où, dans une grande feria, les têtes d'escalafon se seraient disputées les miuras, pour l'honneur.
Mais il paraît qu'on a jamais si bien toréé...
Décidemment la tauromachie me paraît parfois comme le monton de fleur de la Vierge du Pilar après 5 jours de fêtes: bien défraichie!