Beaucoup de lecteurs de la Brega, et par delà un certain nombre d'aficionados m'interrogent sur les changements de dates des fêtes 2012 (et années suivantes), leurs causes, leurs incidences.
Je suis actuellement en situation d'en dire plus, d'une part parce que les divers protagonistes se positionnent de manière définitive, d'autre part parce que le débat étant lancé à Orthez, j'ai toute liberté d'en parler.
Sans aucune concertation préalable (seule une réunion d'information a été réalisée par Madame le Maire de Mont de Marsan), les municipalités de Bayonne et de Mont-de-Marsan ont décidé UNILATERALEMENT de changer les dates de leurs fêtes.
Victime de son succès, confrontée à des difficultés croissantes avec des publics «difficiles», Bayonne a avancé d'une semaine des ferias qui se déroulaient auparavant en août. Pour l’instant, aucune activité taurine (sinon une corrida équestre) n’est prévue durant les ferias. Il faut dire qu’à Bayonne, depuis longtemps, feria et tauromachie ne «collent guère», pour des raisons d’us et coutumes locaux.
Par contre, «la Madeleine» montoise qui commençait traditionnellement la veille du samedi le plus proche du 14 juillet à condition que le 14 juillet ne soit pas un samedi, et se terminaient le jeudi soir suivant.(http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAtes_de_la_Madeleine) recule d'une semaine.
Féminisme déplacé? Impulsion démocrate-chrétienne d’une élue MODEM pour la sainte-pécheresse (et non Pécresse!)? Madame le Maire a voulu que ces festivités coïncidassent et inclussent désormais le jour de Sainte Madeleine (le 22 juin). Cela provoque un recul d’une semaine des dates normales.
Si ces modifications portent des répercussions lourdes sur la tenue et les conditions générales des autres fêtes existantes (Saint Vincent de Tyrosse, Orthez, Garlin), du point de vue strictement taurin, elles peuvent s’avérer funestes pour tout le monde, et notamment pour les petites plazas.
C’est une chose pour Orthez d’être en concurrence le même jour avec nos amis de Tyrosse, c’en est une autre de l’être également avec Bayonne ou le Moun.
J’ai souvent écrit ici, que si la problématique des grandes plazas se posait surtout en termes de DEPENSES (qui pourraient être réduites avec une politique taurine plus pondérée et moins axée sur les figuras), celle des petites plazas, qui montent des festejos ad minima (c’est à dire avec un niveau de dépenses quasiment incompressible) se posait en terme de RECETTES.
100 places de corrida, cela représente 4500 euros (à Orthez). 200 ou 300 places en moins constituent dans ces conditions un déficit supplémentaire inacceptable pour le contribuable et intenable pour les budgets municipaux locaux.
On peut d'ailleurs sérieusement se demander si tout cela ne procède pas d'une stratégie murement réfléchie: celle d'une conquête des parts de marché représentées par le public des petites plazas.
Bayonne comme MdM connaissent les difficultés financières que l'on sait, qui ne font mystère pour personne. L'élimination des «petits» bénéficierait ainsi aux «grands».
Toutefois, les répercussions ne sont pas uniquement financières.
Toutes les communes n’ont pas la chance de bénéficier de la gouvernance de despotes, fussent-ils éclairés. Ainsi, si à Bayonne ou MdM les tsars procèdent par oukases, il demeure, encore, quelques lieux où le mot démocratie porte, envers et contre tout, un sens.
Ainsi à Orthez, une consultation est menée auprès de la population et des acteurs économiques et associatifs pour connaître leur sentiment sur l’opportunité des diverses options possibles pour réagir à cette situation (maintien ou changement des dates).
Le problème de la démocratie, tous les tsars vous le diront, c’est que lorsque l’on donne la parole aux gens, ces cons ont tendance à la prendre. Et pas toujours dans le sens qu’on attend. Personnellement, cela ne me dérange nullement, bien au contraire.
Mais il peut y avoir des effets pervers, entre autres, même si ce n’est pas le sujet central, de remettre en cause la tauromachie tout court. Indirectement, les caciques montois et bayonnais peuvent donc s’avérer responsables d’un débat et de réactions anti-taurines: merci Jeannot! merci Gene!
«Pousse toi de là que j’m’y mette», les mastodontes bayonnais et montois, ne considérant que leurs intérêts bien compris, des intérêts mesquins à court terme, qui font l’économie d’une vision globale, prennent le risque de la disparition des minots tyrossais et ortheziens, dans une compétition déloyale entre pots de fer et pots de terre.
C’est pour le moins curieux de la part de deux villes taurines -du moins paraît-il- dont le député-maire de l’une, Jean GRENET, dirige le groupe parlementaire taurin de l’Assemblée Nationale et le directeur des arènes, Olivier BARRATCHART, est président de l’Association des Organisateurs de Corridas et Novilladas du Sud-Ouest, et la maire de l’autre, Geneviève DARRIEUSSECQ est présidente de l’Union des Villes Taurines de France!
«Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais!».
Merci pour la concertation!
Merci pour l’intérêt général!
Merci pour cette défense de la tauromachie régionale!
Je souriais plutôt lors des grands discours de ces éminentes personnalités taurines, de ces avocats passionnés de «la cause», de ces soutiens inconditionnels du Patrimoine Trucmuche, je souriais à leur rodomontades, à leurs déclarations éperdues d’aficion, une main sur le cœur et l’autre sur le porte-monnaie.
Désormais, en contemplant cette charlottade, je me tordrai de rire, et vous aussi sans doute, pour ce qu’il vaut mieux en rire pour ne pas avoir à en pleurer…
En général, je tiens à régler mes problèmes moi-même, à l'ancienne, sans le secours de personne.
Pourtant, devant ce diktat des grandes plazas, il sera intéressant de voir la réaction, la mobilisation et la solidarité de l'afición.
Le problème n'étant pas de savoir si l'on est d'accord avec la ligne taurine ou la personnalité de tel ou tel, le problème de fond étant de savoir si l'on cautionne ces coups de force, objectivement préjudiciables à la tauromachie du sud-ouest.
N'oublions pas que Barcelone a chu parce qu'il n'y avait plus de tissu taurin secondaire en Catalogne. A ce compte, il y a péril à détruire celui du sud-ouest pour des petits profits à court terme.
Il sera également intéressant d'observer le positionnement des uns et des autres.
Moi, en tous cas, je serai le 22 juillet 2012 à Tyrosse, ne serait-ce que pour soutenir les copains.
Depuis le temps que je n'y suis pas allé! A quelque chose malheur est bon...
Xavier KLEIN
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