Humeurs taurines et éclectiques

lundi 16 janvier 2012

Qui va à la chasse perd sa place.

Photo Burladero.com
Lors de l’Assemblée Générale de l’U.V.T.F., une demande a été formulée pour proposer un vote de soutien à l’initiative du «G7», c’est à dire, pour ceux qui en ignoreraient encore, l’entente des 7 arènes françaises de 1ère catégorie pour imposer aux figuras du G10 une baisse de 20% et une augmentation de 20% également des cachets des autres toreros.
En tant que mandant de la Ville d’Orthez (arène de 3ème catégorie), sans me prononcer sur le contenu et le bien fondé de cette mesure, j’ai considéré sans objet d’avoir à approuver et soutenir une disposition qui, pour le fond, ne concernait que les intéressés, et pour la forme, avait fait l’objet de débats et de tractations auxquelles les autres arènes n’avaient été nullement associées.
J’ai donc refusé de voter (et il n’y a d’ailleurs pas eu de vote).
Ceci dit, en tant qu’aficionado et «taulier» de la Brega, je ne me désintéresse nullement de ce débat, ne serait-ce qu’au niveau anecdotique.

Je dois reconnaître mon scepticisme originel en la matière. Un scepticisme lié à l’inaptitude, présumée de ma part, quant à la solidarité et à la fiabilité de cette collection de grands fauves.
Toutefois, la détermination et la clarté du discours, l’engagement -qui plus est public- solemnisé par la présence des protagonistes, la publicité dispensée autour de l’événement qui lie les acteurs et leur interdit l’échec, tout cela donne à penser que les 7 cavaliers de l’Apocalypse ont brûlé leurs vaisseaux.
On voit mal comment, sans se ridiculiser, ils pourraient faire machine arrière et se déjuger.
D'autant plus qu'en l'occurence, l'afición ne peut que les soutenir dans une épreuve de force dont elle sera globalement bénéficiaire.
Elle a d'ailleurs tout à y gagner et rien à y perdre. De deux choses l'une:
          · Soit les figuras cèdent et la situation ubuesque et délétère que nous connaissons (des vedettes honteusement surpayées qui imposent leur diktat pour se confronter à des animalcules) connaît un début de régulation. Je précise début parce que même réduits de 20%, leurs honoraires sont encore scandaleusement exorbitants.
          · Soit les dites figuras tentent l’épreuve de force et prennent le risque d’être absentes des ferias françaises. Auquel cas, elles verront de toute manière leurs revenus amputés des 20% qu’elles n’auront pas voulu consentir.

Cette dernière hypothèse serait à mon sens une excellente nouvelle pour la tauromachie. La nature ayant horreur du vide, la politique de la chaise vide n’a jamais conduit à des succès.
Les défections seraient avantageusement compensées par toute une génération de toreros talentueux qui frappent à la porte. Des toreros moins exigeants, à qui l’on pourrait proposer –pour ne pas dire imposer- un bétail qui corresponde un peu plus à ce que l’on peut attendre d’un toro de combat.

En fait, c’est l’opportunité d’un grand bouleversement et du redressement salvateur attendu vers plus d’authenticité et de vérité qu’attend, toutes tendances confondues, une afición à juste titre indignée. Même si les ambiguïtés persistent quant aux motifs d’indignation.

Il n’est d’ailleurs pas dit que la manœuvre française ne fasse pas tache d’huile outre Pyrénées et dans ce cas, les figuras s’exposeraient à un véritable changement générationnel qui les remiserait au rancard, ce qui personnellement ne m’affligerait pas réellement.
Bis repetitas placent, de tels bouleversements radicaux se sont déjà produits dans l’histoire taurine. Ils ont même constitué l’un des moteurs de son évolution en mettant en scène une alternance entre les deux pôles que représentent la tendance torista et la tendance torerista. Un mouvement historique de balancier indispensable à la vitalité et au dynamisme d’un fait culturel.

Cette ère de transition potentielle dont l’opportunité se présente promet d’être passionnante. Il est heureux que le mouvement parte de France, illustrant ainsi la vigueur d’une afición gauloise globalement moins passive, plus exigeante et plus «cultivée» taurinement parlant.
En tous cas, tant les déclarations publiques que l’état d’esprit des Gseptistes (j’ai longuement discuté avec deux d’entre eux) n’est pas à la capitulation. Surtout qu'on a toutes les raisons de penser qu'ils bénéficient sans doute du soutien des aficionados qui comprendront le bien fondé de cette position.
En témoigne la déclaration ci-dessous.
On ne peut que leur souhaiter «buena suerte», c’est l’intérêt de tous.
Xavier KLEIN
Mercredi 11 janvier 2012
«La coyuntura y la situación económica actuales obligan, entre otras decisiones, a mantener la reducción de los honorarios de algunos toreros, como el precio de las corridas de ciertas ganaderías, respetando el acuerdo alcanzado en Bayona el 22 de Octubre de 2011, a iniciativa de los Alcaldes de la Unión de Ciudades Taurinas, con el apoyo y la conformidad de los empresarios de las plazas francesas de 1ª categoría.»
«La conjoncture et la situation économique actuelle obligent entre autres décisions à maintenir la réduction des honoraires de quelques toreros, comme le prix de certains élevages, conformément à l'accord passé à Bayonne le 22 octobre 2011 à l'initiative des Maires de l'Union des Villes taurines (sic!), avec l'appui et l'accord des empresas des arènes françaises de 1ère catégorie.»
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5 commentaires:

el Chulo a dit…

putain, ne me dis pas que juli va perdre son AAAA, et oui, quadruple!

Marc Delon a dit…

sauf qu'à mon humble avis, pour les arènes de plus de dix mille places il faut des figuras pour les remplir...
A Nîmes où l'on entend toujours réclamer des toros, quand il y en a bien présentés et bien combatifs il y a trois mille spectateurs...

cette mesure utile ne peut fonctionner que si elle est unanimenent appliquée.

Xavier KLEIN a dit…

Tout à fait d'accord.

el Chulo a dit…

casas a un sourire carnassier!

Michèle a dit…

D'accord avec vous Marc et Xavier.
Même en étant torista, je ne peux imaginer une féria sans un Morante, un Manzanarès, etc...
Il semble que l'Espagne "copie" notre Casas national.