Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 14 octobre 2011

Des têtes coupées à la pointe des piques


Christian LABORDE a été débarqué. «Remercié», comme «ils» disent si abominablement.
La populace -j’ai trop de respect pour le peuple- a obtenu la tête qu’elle réclamait. Une populace qui ne sera pas vraisemblablement reconnaissante à ceux qui leur a concédé ce menu plaisir. D'avoir sacrifié les chrétiens après l'incendie de Rome n'avait pas sauvé Néron de la déchéance!

Je n’apprécie guère cette pratique des politiques –de quelque bord qu’ils fussent- qui consiste en cas de panne à se défausser sur les fusibles ou sur le lampiste, lorsque la cause est la surtension du réseau ou le mauvais état de l'installation.
C’est trop facile et c’est abdiquer leur propre responsabilité.
De deux choses l’une, soit Maître LABORDE n’était pas à la hauteur de la situation ou commettait des erreurs et il eût fallu s’en apercevoir avant et intervenir pour «recadrer», soit on cautionnait sa politique taurine en toute connaissance de cause et ce lâchage est peu glorieux.
On a donc le choix entre l’aveuglement et la faiblesse.

Loyauté et fidélité représentent à mes yeux des valeurs fondamentales qui doivent s’accorder avec la plus importante de toutes: l’humanité. On est loin de tout cela.
Cette question de la loyauté me paraît primordiale et revêt des contenus différents selon qu’on soit suzerain ou vassal. Quand le premier demande par là une adhésion voire une soumission absolue, l’honneur du second sera dans la franchise, le franc-parler et le soutien conditionné à une certaine éthique.
Me suis-je fait bien comprendre?

De même qu’en des temps disons «desgarbadiens», pour la «corrida du siècle» de Toros y Salsa 2010,  j’ai été de ceux qui refusaient à Christian LABORDE tant d’honneurs, je prétends aujourd’hui qu’il ne mérite aucunement tant d’indignités. Je le dis d’autant plus que je n’ai jamais été de ceux qui ont bénéficié de faveurs, et qui faisaient la cour.
Rien de particulier ne me lie à Christian LABORDE, mais s’il ne doit n’y en avoir qu’un à refuser la curée et le lâche soulagement de ce dénouement misérable, je serai celui-là!

Certes tout le monde s’en fout, certes tout le monde se voit soulagé, voire satisfait, de l'octroi cette ration de chair fraiche, certes Dax lavé de l’affront par le sacrifice du bouc émissaire, renvoyé au désert chargé de tous les péchés, se prépare à un avenir paraît-il radieux puisque LABORDE n’en ferait plus partie.

Mais la question était-elle là?
Mais n’est-ce pas reculer pour mieux sauter tant qu’on a pas identifié le, les vrai(s) problème(s)? Et n’est-ce pas faire peu de cas de la dignité d’un homme ainsi accablé, et comme il fut dit, «livré aux chiens»?
***
Ce qui me frappe avant tout dans cette affaire qui m’intéresse en ce qu’elle illustre bien la «commedia umana» dans toute sa dérision, c’est ce qui se profile en arrière plan.
Avant tout, prenons de la hauteur et dénonçons cette pratique à la mode qui consiste à ne pas juger les actes dans la durée, mais à viser au seul bénéfice à court terme.
On la voit à l’œuvre très significativement dans le monde du rugby où jadis une équipe constituée, hormis les éclopés, faisait l’intégralité d’une compétition.
Lorsqu’un Serge Blanco ou un Pierre Villepreux «contreperformaient» sur un match, on constatait seulement que ce n’était pas leur jour et que celui d’après serait meilleur.
On ne les renvoyait pas pour autant dans leurs pénates. Blanco était l’arrière en titre, sans contestation, jusqu’à ce que l’on décidât d’en changer.
C’était admettre la faillibilité de la nature humaine et l’accepter comme condition sine qua non de notre humanité. L’Homme, dans ses grandeurs comme dans ses faiblesses était considéré et respecté.

Il n’en va plus de même dans notre société post-moderne de l’homme-kleenex. Désormais ce n’est plus l’humain qui est au centre, mais l’efficacité, et par delà, le profit. C’est cela que je dénonce, et c’est cela qui me révolte. Surtout quand la règle s’applique aux sous-fifres et jamais aux décideurs.
***
En ce moment, les charognards volètent déjà en tous sens, se préparant à se régaler du mets de choix de la manne dacquoise. On envisage déjà dans la presse des «interventions extérieures» (http://www.sudouest.fr/2011/10/14/quel-avenir-pour-la-gestion-des-arenes-525792-716.php), c’est à dire, pour parler clair, de renoncer à la gestion autonome pour transférer, tout ou partie vers le privé.
La peste libérale serait-elle appelée à sévir en ces lieux aussi?
Dans quel monde vivons-nous pour qu’une plaza de premier plan, dont les comptes sont assurés, qui remplit ses gradins, se voit ainsi déstabilisée et promise aux intérêts privés à cause d’une mauvaise temporada?

Gaby, Cacou, relevez-vous et «aguantez», nom de Dieu!
Ne laissez pas place au doute, aux spéculations et aux convoitises au seul motif que le mundillo a perdu son pundonor et n’a pas assuré et justifié à Dax des prestations pour lesquelles ces beaux messieurs ont été grassement rémunérés!
***
Il y a surtout, à Dax comme ailleurs, un problème de forme qu’il convient de régler, celui de la séparation entre la fonction d’organisation et la fonction de contrôle.
Le règlement de l’U.V.T.F. définit clairement le rôle que doit jouer dans toutes les villes adhérentes, la Commission Taurine Extra-municipale (C.T.E.M.).
C’est un rôle de proposition, de contrôle et de supervision, dans lequel il est fondamental que les peñas aient leur part (il est d’ailleurs souhaitable, par delà les dispositions du règlement, qu’elles désignassent librement leur délégué). Ce faisant, les peñas conservent intactes leur indépendance et leurs fonctions de critique (constructive si possible!) en évitant de devenir otage des compromissions liées à l’organisation.
Dans une ville à gestion directe, il en va tout autrement de la fonction d’organisation, qui doit faire l’objet d’une autre commission dont la fonction spécifique est la mise en place des spectacles taurins. Les membres de cette dernière instance sont quant à eux DESIGNES par le maire pour leurs COMPETENCES TECHNIQUES et doivent à l’endroit de leur tutelle un devoir de réserve et pour le coup de loyauté.
C’est sans doute cette confusion des genres, et la «mesclagne» entre ces deux fonctions qui explique dans la forme, la «crise dacquoise», qui à mon sens était inscrite en germes depuis que Dax vit en gestion directe. Un dilemme, source de conflits, qui traîne depuis longtemps et n’a jamais été réglé.

Eclaircir cela, c’est déjà régler la moitié du problème en renvoyant chacun à ses responsabilités propres. Chacun à sa place et une place pour chacun...
Tout le monde ne peut qu’y gagner, notamment les peñas qui retrouveront un totale liberté de parole et de critique, ce qui est sain et nécessaire pour un équilibre des forces entre organisateurs et afición. Elles ne seront plus déchirées par des conflits internes entre «ceux qui en sont», et «ceux qui n’en sont pas».
On voit donc que si les décisions structurelles (ci-dessus exposées), comme les décisions purement «taurines» (évoquées dans des articles précédents) ne sont pas prises, ce n’est pas la tête de Christian LABORDE, victime expiatoire, qui résoudra la question.
Ce que je dis ici, ne va pas peut-être pas faire plaisir à certains, mais cela peut leur faire du bien, s’ils y voient un regard lucide et bienveillant, même s’il est critique.
La véritable loyauté, c’est cela!
Xavier KLEIN

17 commentaires:

Marc Delon a dit…

Oh putain xavier, nooooon, pas sympa... je t'avais demandé de ne jamais publier cette photo où j'apparais comme un ver, merde...

( non pcq moi Dax, j'y comprends rien...)

Xavier KLEIN a dit…

On te reconnait à la taille de l'outil, Marc?

Anonyme a dit…

C'est le système !
On débarque les gens en place sans motif, on met les copains à la place pour renvoyer l'ascenseur et quand ça merde on jette le tout à la poubelle pour montrer son attachement à la cause.

En 2012 on rase gratis et en décembre on est tous mort.

JPc

Pierre Thomazo a dit…

Cette façon de faire n'est pas terrible. Débarquer comme ça un homme parce que ca n'a pas marché alors que lors de la présentation des cartels tout le monde le félicitait... ! Des erreurs ont été commises certes et des grosses mais ce n'est pas en changeant un homme que le problème va être résolu.
On passe d'un extrême à l'autre. Que les décideurs se posent les bonnes questions ?

el Chulo a dit…

oui, les décideurs et les opposants d'ailleurs!

el Chulo a dit…

JPc je ne comprends pas bien! quels gens ont été débarqué sans motif, et par qui?renvoyer l'ascenseyur à qui? quand? comment ? pourquoi?explicite ta pensée!

Anonyme a dit…

Il y avait une équipe en place à Dax avant celle de Laborde, elle a été débarquée à l'issue d'un changement de municipalité. C'est une pratique fréquente en politique, on renvoi l'ascenseur aux amis qui œuvrent dans l'ombre d'un parcours politique.
Une chose est sûre, les résultats n'étaient pas en cause.

On rase gratis en 2012, c'est une proposition de promesse électorale.

En décembre (2012) on est tous mort : voir du coté des mayas aux alentours du 21.

JPc

Marc Delon a dit…

Ben, ça dépend, pourquoi ? Tu l'as trouve petite ou grande sur la photo ? C'était plutôt ses abdos que j'enviais ;-)

Jean-Paul Richier a dit…

Quelle idée d'illustrer cette exécution de Laborde par une représentation de Judith et Holopherne ! Et quelle idée d'avoir choisi la version de Cocteau !

Est-ce l'aficion de ce dernier ?
Est-ce la réalisation à partir de son carton, pour la Villa Santo Sospir, d'une tapisserie d'Aubusson, ces tissages étant inscrits comme on sait à la liste représentative du PCI de l'Unesco, Eldorado du Viardistan ?
Ou est-ce, au pied de la tapisserie, l'éphèbe en tenue légère, pour une fois flaccide, du genre qu'affectionnait le futur académicien ? On comprendrait alors les fantasmes que vous projetez sur Monsieur Hély. De la part d'un torerista, on aurait pu comprendre, mais quand même, venant d'un digne torista !?

Ah, au risque de vous décevoir, les généraux assyriens empalaient volontiers les vaincus, mais pas par le fondement.

Les amoureux de los toros glosent à l'envi sur l'affrontement entre l'humanité et l'animalité. Mais on les entend moins sur les curieux allers et retours entre la virilité et la féminité.

Ah, ces hommes en bas roses et au port altier, le fessier et les attributs moulés dans la taleguilla, chatoyant dans leurs habits serrés aux couleurs vives, qui se cambrent, puis serrent le cul, qui s'offrent puis s'esquivent, face à la masse musculeuse et couillue de la bête, puissante incarnation de la virilité, dont la corne dangereusement érigée vient frôler encore et encore, sans jamais s'y enfoncer, le souple bassin qui s'écarte et se garde... Qui, durant la faena aiment entre deux passes à présenter leur croupe aux cornes en une posture hiératique, lorsque le bovin est suffisamment hébété.

Loin de moi l'idée que certains aficionados, public masculin d'un combat réputé masculin, viendraient contempler l'éternelle métaphore de leur part féminine luttant inlassablement contre le désir d'être pénétrée. Qu'ils viendraient se rassurer au spectacle de cette part féminine victorieuse et intouchée, et de celui de la bête membrue terrassée, ses dangereuses pulsions mises hors d'état de nuire, jusqu'à ses attributs, désignés par les oreilles et la queue, remis, coupés et inoffensifs, à l'homme intact en habit de lumière virginal. Avec toujours latent le risque d'une sanglante défloration accidentelle.

Loin de moi l'idée que la fête taurine pourrait être un rituel conjuratoire pour certains refoulés d'une attirance pour leur propre genre. Même si le Nîmois Marc Fabre livre pp 187-190 de son bouquin Les Mythes tauromachiques quelques réflexions sur la place de la femme dans la tauromachie, avec un paragraphe sur l'homosexualité qui se termine sur cette jaculation attribuée à Bernard Dombs/Simon Casas : « Quand je vois un jeune torero triompher, je bande, ça n'a pas de prix »

Quant à moi, je préfère évidemment l'"autre" Christian Laborde.

Enfin bon, pour en rester aux images, au moins vous avez eu le bon goût d'illustrer votre billet sur l'anniversaire du blog par Le Scélérat de Messerschmidt ...

el Chulo a dit…

oui JPc, c'est bien ce que je pensais! Déjà en campagne électorale?

Xavier KLEIN a dit…

Mais bien sûr JP qu'il y a ça aussi!
Vous venez de vous en apercevoir?
Et alors?

velonero a dit…

On a fait confiance à Monsieur Christian Laborde, il a échoué, on le remercie. Je ne vois là rien de scandaleux. Tant mieux si d'autres sont prêts à prendre la relève car je pense souhaitable que Dax reste indépendant.

Anonyme a dit…

El Chulo :
Ce qui est arrivé à Dax cette année était prévisible alors que l'ancienne équipe était encore en place avec : la mono pique, la tendance bobo, le trapio en baisse, les figuras, les élevages de figuras...

Donc à Dax tout ce bordel ne serait qu'un enjeu politique ? La banderole des indignés serait-elle sortie avec l'ancienne équipe ?

JPc

(El Chulo : ma carte d'électeur est au fond d'un puits depuis plus de vingt cinq ans).

el Chulo a dit…

JPc, je n'en doute pas. Pour le fond du puits. Que je sache, les "tetes pensantes" de l'ancienne l'équipe ont démissionné dès l'annonce des résultats, et il en est même qui se ont vus proposer la présidence et ont décliné, préférant attisaer les braises.
ceci dit les "rats cornus" et autres putadas n'ont pas été inventées par christian laborde. qu'on parle d'un historique des corridas à Dax et d'un type de corridas, ququel je n'adhère pas, je veux bien, qu'on déforme la réalité celà m'ennuie.

Jean-Paul Richier a dit…

XK : « Et alors? »

Alors rien.

Simplement je ne sais pas si vos compadres le prendraient avec autant de sérénité, tant ils semblent peu au clair avec leur monde intérieur.

Au fait, paraît que l'injure préférée des addictionados à l'encontre les anticorridas de genre masculin qui protestent sur le terrain est "Pédés !". Comment vous expliquez ça ?

Xavier KLEIN a dit…

Comme vous, JP, parce qu'ils ont peur d'identifier cela en eux!
C'est pourtant en tout homme et en toute femme, vous le savez bien...

Anonyme a dit…

votre site "taurin" est indécent... à la solde d'un parti internationaliste et antitaurin.
vous êtes ridicule et inconsistant