Humeurs taurines et éclectiques

lundi 12 septembre 2011

Les vêpres dacquoises

L'assassinat du Duc de Guise "Il est plus grand mort que vivant!"
L’homme est un animal social, et il chasse en meute, conservant présent cette impitoyabilité de la horde qui le conduit à se retourner vers le dominant déchu ou en difficulté pour mener la curée.
Il en va de même chez les toros ou le mâle dominant se voit parfois condamné par une sentence secrète et exécuté par ses congénères dés qu’une faiblesse se manifeste.
Constatant ce principe de réalité incontournable, il n’est pas question pour autant de le justifier. L’Homme n’est pas que cela, heureusement, mais il est aussi cela, ce que veulent par trop oublier les angélistes de tous poils qui rêvent d’un monde de bisounours dont toute violence et toute agressivité serait exclue.

Hier à Dax, toute la journée, certains affûtait les couteaux en vue de l’hallali qui guettait l’empresa. Une ambiance lourde et délétère d'assassinat du Duc de Guise ou de vêpres siciliennes où la question taurine, aussi prégnante fût-elle, ne camouflait que fort mal des motivations moins avouables et fort peu aficionadas. Une banderole «Aficion indignée» ne s’improvise pas et ne surgit pas ex nihilo (ceci dit, on aurait tort d’ignorer le message…).

Le cancrelat de service avait en coulisses préparé le forfait par une campagne savamment orchestrée dont les titres évocateurs, loin d’apaiser le climat, s’employaient surtout à jeter de l’huile sur le feu pour satisfaire on ne sait quelle rancune personnelle ou se venger bassement de quelque déconvenue.
Cela ne surprendra plus personne de la part du pompier pyromane qui déplore depuis quelques mois les effets des toros modernes et d’un système gangrené qu’il s’est acharné à promouvoir activement pendant des années.

Hier à Dax, on assista au paradoxe absolu de voir sortir sous les applaudissements, les responsables mêmes de la situation que le public stigmatisa dans la foulée. On n’en est plus à une aberration près! C'est cette aberration là qu'il convient de pointer, de commenter, de dénoncer, et non les épiphénomènes qui en sont les conséquences!
Acclamer El Juli, Morante et El Cid pour beugler ensuite «Des toros!» démontre s’il en est encore besoin non seulement la versatilité ou l’illogisme du public, mais surtout sa totale inculture taurine qui le conduit à ignorer que c’est parce qu’il y a ces toreros là, QU’IL RECLAME, qu’il y a ces toros là.
Pour aller admirer Morante à Dax avec la secrète espérance de lui voir opposer des adversaires de respect et de caste, il faut être con, masochiste, ou bien comme le dit si bien l'un de mes bons amis "croire à la poupée qui pète"...
On rétorquera que tout cela n’excusait en rien la présentation pour le moins déficiente des bestioles.
Certes! Mais même si on n’est pas un spécialiste de la question, on ne saurait ignorer que le recours à la vaseline n’a jamais empêché la sodomisation. Au contraire, il la facilite!

Dans tous les cas de figure, il y a quelque chose de passablement méprisable dans la curée à l’œuvre. Surtout quand elle est tellement excessive, téléguidée et si peu motivée par des propositions alternatives. Des temporadas foireuses, des journées noires, qui n’en a pas connu? Faut-il rafraîchir les mémoires et rappeler combien s’ingéniaient jadis à maquiller de maigres succès en jours de gloire?
Christian LABORDE et le «staff» dacquois ne manqueront pas de repérer où sont leurs vrais amis.
Non pas ceux qui leur passaient la main dans le dos en attendant quelques unes de ces faveurs dont certains sont friands.
Non pas ceux qui prudemment s’éclipsent des lieux (local de la Commission) auparavant très convoités lorsque tout allait pour le mieux.
Non pas ceux qui se refusaient à la flatterie et persistaient dans une critique bienveillante et constructive.
Mais ceux qui restent à l’heure de l’épreuve et qui tiennent ferme parce qu’il en va du destin dacquois, et que ce destin exige les mutations complexes, risquées et difficiles à mettre en œuvre auxquelles on s’est refusé sous les mandats précédents.

Il est facile et misérable de courir le coutelas à la main pour servir l’adversaire blessé, de «tatanner» l’ennemi à terre. On en voit peu qui s’y frottaient lorsqu’il était triomphant, lorsqu’on indultait dans l’allégresse et que de s’en émouvoir vous attirait les foudres.
Il y a aussi du «Boule de suif» dans cette affaire là, de cette hypocrisie et de cette bassesse des notables de la diligence qui méprisent la prostituée qui s’est donnée au prussien pour leur sauver la vie.
On devrait créer un Grand Prix du tir sur ambulance ou un concours de mansos. Les primés se bousculeraient au portillon!
Xavier KLEIN

A lire aussi l'article de notre bon Chulo, composé sur le même thème sans concertation préalable. Les grands esprits se rencontrent: http://adioschulo.blogspot.com/2011/09/maintenant-le-pompier-pyromane.html
***

6 commentaires:

Bernard a dit…

Mon cher Xavier,

A propos des sortes de vêpres que tu évoques, ce mot du grand Georges Bernanos définissant le diable comme "l'ami qui ne reste jamais jusqu'au bout"...

Abrazo fraternel - Bernard

William LUCAS a dit…

Bonjour Xavier,
dans ce cas expliquez moi la phrase de Mr LABORDE dans le Sud-Ouest d'hier:
"Les figuras ne sont intervenus en aucun cas. Les toros qui sont là, c'est nous qui les avons choisis, on s'est trompé - ou pas trompé - mais les toreros n'ont rien décidé. "

http://www.sudouest.fr/2011/09/12/un-bilan-toreros-qui-m-a-laisse-sur-ma-faim-496691-716.php

Xavier KLEIN a dit…

Je ne l'explique pas.
Tout ce que sais, c'est que lors du changement du Bohorquez de Morante durant la feria, c'est l'apoderado qui a imposé de ne pas sortir le sobrero prévu et programmé sur le sorteo.
Peut-être Christian Laborde redoute-il plus de faire aveu d'impuissance que d'incompétence.
L'erreur est moins ravageuse du point de vue "com" que la faiblesse: l'une s'excuse et surtout se corrige, l'autre pas!

el Chulo a dit…

mouais, curieux.

William LUCAS a dit…

Impuissance ou incompétence, ces deux termes ne sont pas très adéquat avec le fait de diriger une commission taurine d'arènes de première catégorie... c'est mon point de vue.
et je tiens à signaler que je me réjouissais de l’élection de Monsieur Bellocq lors des dernières municipales. Je le précise avant que l'on ne m'accuse de mélanger politique et corrida...

Dimanche soir, j'essayais en vain de chercher des excuses a la commission, en expliquant aux gens autour de moi qui applaudissaient les figuras que les principaux fautifs de ce fiasco étaient en train de quitter les arènes... Comme je l'ai fait le mardi de la féria. Malheureusement en lisant et relisant toutes les interviews données par Christian Laborde, je ne lui trouve plus aucune excuse... sa dernière dans Sud-Ouest nous démontre bien que ce Monsieur est "Impuissant" à diriger et à s'imposer "ses" arènes

Xavier KLEIN a dit…

J'ai aussi du mal à tout saisir.
Ceci dit, n'étant ni l'avocat de C. LABORDE, ni dans le secret des dieux, je me limite simplement à introduire des éléments qui me semblent fondamentaux et à marquer ma désapprobation face au lynchage en cours.
Pour information, j'ai piqué quelques colères tonitruantes samedi et dimanche...
Par expérience, lorsqu'on est très en colère, c'est aussi souvent contre soi-même. En l'espèce, on pouvait tout à fait subodorer la tournure prise par les évènements, vu les cartels et eu égard à ce que ce type de choses donne partout.