Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 16 septembre 2011

Le syndrome dacquois


Pour clore momentanément des débats qui deviennent stériles et malsains et revenir aux données essentielles du problème, une contribution explicative.

1°) La tauromachie connaît depuis 3 ou 4 ans une évolution générale rapide dont on n’a pas pris la mesure et dont on n’a pas envisagé concrètement les répercussions locales.
L’émergence du «G10» qui impose ses normes en terme de bétail, d’émoluments, etc., l’affadissement du bétail qui en résulte, le rétrécissement du nombre de spectacle (surtout en Espagne), les répercussions de la crise économique, la mutation des publics qui deviennent spectateurs plus qu’aficionados et qui «s’élitisent socialement» du fait du renchérissement des places, la multiplicité et la conjugaison des facteurs bouleverse profondément la donne actuelle et appelle des adaptations.
2°) La crise qui se déroule actuellement à Dax, loin d’être un débat de clocher, intéresse l’ensemble de l’afición, car elle stigmatise une situation globale. Dans le registre torerista, il faudrait avoir l'honnêteté de reconnaître qu'ON NE FAIT PAS MIEUX NI DIFFEREMMENT AILLEURS… On voudra bien se souvenir des critiques acerbes formulées -à juste raison- à l'issue de la Madeleine, dans la Préfecture des Landes.
3°) Crise existentielle et subjective plus que crise structurelle: la plaza de Dax remplit et génère des bénéfices.
Le «modèle dacquois» en tant qu’organisation autonome de gestion directe n’est pas en cause. Il a fait ses preuves et doit absolument persister en dépit des convoitises.
Par contre, le «modèle dacquois» en tant que ligne artistique d’une «tauromachie-champagne», atteint ses limites. Des limites qui ne lui sont pas propres mais qui résultent directement de l'évolution précitée et du diktat exorbitant imposé par les figuras du G10 qui posent des exigences croisées sur leurs émoluments, les élevages, les toros retenus et leur présentation, les compagnons de cartel. Le beurre, l’argent du beurre et …
4°) Le problème n’est pas les 50 kg de poids supplémentaire et les 5 cm de cornes mieux affûtées qui donnent le change et servent d’alibi. Le problème de fond se trouve dans le déficit en caste, en piquant, en force des «ganaderias du G10». Le problème est celui du «toro moderne», seul consenti par les «toreros modernes» pour un «toreo moderne». A CELA, DAX ET SES RESPONSABLES NE PEUVENT RIEN.
5°) La France qui traditionnellement est souvent en pointe sur les mutations taurines, et Dax qui fut souvent en pointe en France sur des concepts taurins (tout à fait contestables et contestés par ailleurs!) ne représentent que la pierre de touche et –dirons-nous- le catalyseur du malaise actuel.
6°) L’ampleur du mouvement d’insatisfaction manifesté «à la dacquoise» lors de Toros y Salsa résulte de la jonction de deux types de critiques:
D’une part, la critique récurrente d’une afición de verdad qui manifeste une traditionnelle exigence éthique. C’est la critique de l’AFICIONADO.
D’autre part, la critique émergente d’un public de SPECTATEURS qui prend conscience de la caricature à l’œuvre d’un toro trop commode et trop collaborateur qui génère d’autant moins d’émotion que ses mensurations deviennent misérables.
7°) Le problème, c’est que les revendications de ces deux types de public divergent sur le FOND. Les uns viennent voir un combat quand les autres viennent voir des passes. Il convient donc de ne pas se tromper quant à la réponse pour éviter de s’asseoir à côté de la chaise.
8°) La satisfaction des attentes des SPECTATEURS ne comblera nullement celles des AFICIONADOS. Et, en règle générale, vice-versa. On l’a vu avec la corrida de Dolores Aguirre, passablement incomprise, malgré qu’elle fût à porter au crédit de l’empresa. Bizarrement, personne ne l'évoque ces jours-ci, alors qu'elle témoignait d'un réel infléchissement.
9°) Il sera quasiment impossible de satisfaire SIMULTANEMENT les deux types de public, à part l’exception miraculeuse dont toute empresa rêve. L’harmonie doit donc émerger, non de compromis boiteux (élevages abusivement qualifiés de «toristas»), mais d’un juste dosage dans la programmation, afin que chacun des publics y trouve son compte. Elle dépend également d’un intense travail de formation et d’information mené par la presse, l’empresa et les peñas. Pour ce faire, il faut renoncer à la «réclame», à la pub, pour communiquer intelligemment sur un champ plus pédagogique et informatif et ne pas leurrer le public sur ce qu’il va voir.
10°) Il faudra également choisir, sur certaines corridas, entre remplir les arènes à tout prix (mais pourquoi faire et où se situe alors la défense de la culture et de la tradition?) et organiser des festejos de qualité, dont certains, pouvant être déficitaires (je pense à la corrida-concours) en équilibreront d’autres plus … clinquants. Tout cela procède de choix politiques et éthiques.

Il est assez ironique de constater que la majorité des protestations et les critiques les plus virulentes proviennent du pôle «SPECTATEURS» et des auteurs-compositeurs-interprètes qui en font la promotion. Des spectateurs qui ont tout subi et tout admis sans rien dire (jusqu’à Desgarbado), sans que cette atonie ne gêne grand monde, jusqu’à ce qu’on leur casse leur jouet.
Si les SPECTATEURS constituent le fond de l’arène, les AFICIONADOS en sont l’honneur et en entretiennent la réputation.
C’est dans les termes de ces multiples et complexes ambiguïtés, de ces contradictions difficilement compatibles, que l’organisation dacquoise devra composer une partition de haute tenue.
Elle en a les moyens financiers et de prestige.

On se trouve à Dax au milieu du gué (normal avec les ondes fugitives de l’Adour…), non au bord du précipice.
Il n’est que de regarder ailleurs pour constater le pire.

On considèrera avec humour, qu’en matière de prise de conscience et de réaction, Dax est aussi leader…
Laissons donc les dacquois travailler sereinement.
Xavier KLEIN

8 commentaires:

el Chulo a dit…

incorrigible optimiste!

Xavier KLEIN a dit…

Yes!

velonero a dit…

Si l'on ne peut agir sur la caste, alors il est important que le physique (et l'âge) soient irréprochables. On va aussi aux arènes pour voir de "beaux toros".

Anonyme a dit…

Une fois n'est pas coutume Xavier mais tes analyses dacquoises sont pour moi et en grande partie à la limite du supportable....Je ne me suis pas exprimé sur Dax et je le ferai peut être, bien que la tradition voudrait que ce soit réservé aux daco-dacquois du premier cercle des dacquois qui ont huit quartiers de noblesse et qui ont été allaités au péloïde. Et je ne vois pas de plus ce qui t'autorise à clore des débats dont tu n'es pas propriétaire et qui qui ont le mérite d'exister avec leurs imperfections. Nous aurons je l'espère le temps de revenir la-dessus tranquilement cet hiver un soir au coin du feu.
mario

Xavier KLEIN a dit…

Cher Mario,
J'ai commis plusieurs posts sur le sujet. Loin de moi l'idée de fermer le dossier. J'ai écris sciemment "momentanément".
Je veux simplement laisser refroidir la daube. recuite plus tard, elle n'est que meilleure.
Il ne m'étonne pas que le discours t'insupporte, car il est insupportable.
J'essaie d'apporter une "contribution explicative". C'est à dire que l'analyse et les solutions des divers articles sont envisagées dans une OPTIQUE DACQUOISE. Il ne sert à rien à mon sens de tirer des plans sur la comète complètement déconnectés de la réalité.
Dax n'est pas une page blanche, elle a son histoire, son style, son public, et je ne suis pas un révolutionnaire qui veut du passé faire table rase.
Mon propos va dans le sens de gommer les excès et de valoriser taurinement ce qui peut l'être, pour aller vers la qualité optimale DANS LE REGISTRE DACQUOIS.
Ce que je veux surtout faire entendre, c'est que Dax n'est qu'un thermomètre, non la fièvre.
Il convient de distinguer la cause du symptome.
Mais grand coquin, tout cela tu le sais bien!
Cela nous promet d'heureux et riches débats.
Tu peux écrire un texte que je passerai, si tu le désires.
Abrazos

Xavier KLEIN a dit…

Velonero,
Je préfère passer la nuit avec un laideron ardent et expert qu'avec une mannequin lymphatique et passive.
Une bombe sexuelle canon n'est pas dans mes moyens physiques et financiers, si tant est qu'elle consente, ce qui serait le plus ardu.
Mais on peut toujours fantasmer...
Amitiés.

Anonyme a dit…

Il m'est arrivé d'aller à Dax, il y a quelques années, où une corrida-concours faisait le plein ...
Ces arènes ont de spécial le fait qu'elles font le lleno quel que soit le cartel !
Pourquoi leur dirigeants n'essaient-ils pas de profiter de leur rendement économique pour proposer de vraies corridas : des toros de respect et des toreros idem ?!!! Aucun risque pour eux, puisque le public est toujours là ...
Et, ainsi, le public venu pour voir du "spectacle" verra-t'il enfin ce qu'est un toro et la lidia
qui lui correspond ! Et, ça, c'est vraiment le plus beau spectacle qui soit !
Que Dax, la nantie, montre la voie aux autres et démontre que les toros sont l'essentiel et les stars qui "ne jouent pas le jeu" ne sont qu'accessoires ...
Cordialement,
SR.

Anonyme a dit…

Génial, ce matin un appel aux milices civiles d'auto-défense chez le Benito du Boucau :
"Faut-il que celle-ci organise sa propre défense pour se faire respecter ? Faut-il aller à l'affrontement pour que l'on prenne conscience de la gravité du problème ? Faut-il réagir à la violence par la violence et nettoyer physiquement le parvis des arènes la prochaine fois que de tels faits se produiront ? Car ils se reproduiront, dans la mesure où le principe de ce terrorisme de rue repose sur le harcèlement permanent et l'escalade à des fins de propagande."
quelle grande âme, quel coeur vaillant, quel visionnaire !
on attend les propositions des uniformes avec impatience!

Barnabé Croussatémasse