Humeurs taurines et éclectiques

mardi 13 septembre 2011

Les toros profitent-ils de la manducation de la feuille de choux?

Photo "Signes du toro", revue et corrigée
Sans doute me fais-je une trop grande idée de la profession.
Sans doute entretiens-je des illusions particulièrement mal fondées sur la compétence, l’honnêteté et les intentions d’un métier souvent décrié mais toujours considéré.
J’attends du journaliste que par delà les faits –mais encore faut-il les choisir et les sérier- sa démarche, lorsqu’elle se veut critique, tende à donner du sens à l’actualité.

Evidemment, tout un chacun peut se tromper, tout un chacun, surtout en matière de tauromachie fait parler son cœur, ses appétences, ses critères. Cela n’est pas gênant tant qu’on le sait et que la démarche ne se voile ni d’hypocrisie, ni de mauvaise foi, ni d'improbité.
C’est en règle générale le cas de ce vieux forban de Zocato, dont l’aficionado quelque peu averti connaît les appétences, ou les partis pris.
On le lui pardonne d’autant plus volontiers que le bonhomme a du talent et de la verve, et qu’il n’a jamais cherché à cacher ses «péchés mignons». Dans son cas les choses sont claires, torerista il est, torerista il demeure. Julista il est, Julista il reste.
Pourquoi pas, tant qu’on le sait et qu'il ne s'en cache pas?

Dans un article de Sud-Ouest (http://www.sudouest.fr/2011/09/12/-496695-4583.php), Tonton Zocato se risque sur le terrain glissant de l’analyse d’un public dont il ne connaît vraiment que les exemplaires atypiques et généralement frelatés qui traînent dans le hall du Splendid. Un public réel dont il ne reçoit que des échos lointains et déformés depuis le callejon.

Les vilains, les affreux, les gueulards, les grognards de la Vieille Garde, ceux qui suent comme à la galère sur les tendidos sol, il les voit en face, de l’autre coté du ruedo, protégé de cette réalité là par le filtre ô combien déformant de ses congénères de l’oligarchie callejonesque.

Zocato ne peut pourtant pas ignorer la réalité. Notamment que nonobstant la présentation des toros, et hormis quelques citadelles espagnoles (Bilbao, Pampelune), l’immense majorité des corridas pour figuras sombre peu à peu dans une soseria qui explique en grande partie la désaffection croissante du public.
Zocato ne peut également ignorer, au risque de se déconsidérer, qu’un étron même bien présenté demeure toujours un étron, que l’inconsistance ne gagne guère à peser plus de 500 kg avec des cornes astifinas, qu'un beau trapio n'a jamais été gage de puissance ou de force. Ou bien que ce qui fait le toro, comme ce qui fait l’homme, ce n’est pas tant le physique que le caractère, ce qu'on vérifie à chaque comice agricole.
Zocato, grand voyageur devant l’éternel, devrait essayer de se taper la traversée des Andes en Rolls équipée d’un moteur de 2CV. Je préfèrerais personnellement le contraire, même si les fauteuils ne sont pas rabattables, le chauffage approximatif et qu’il faut manœuvrer l’essuie-glaces manuellement. Au moins on est sûr qu’elle atteigne la ligne de crête. Pour la descente, pas de problème: roue libre! La motorisation, n'est-ce pas le plus important, avec le carburant qui fait fonctionner l'ensemble?
Zocato nous joue la sorcière qui s’assoie sur le nez de Pinocchio en lui demandant de lui confirmer qu’elle est bien toujours la plus belle.

Heureux Zocato qui véhicule des questions dont à l’évidence il n’aimerait nullement qu’on formule des réponses qu’il connaît: «Salades russes commandées par qui? Choisies comment? Avec ou sous influence?».
Mais tu le sais bien cher Zocato! Pourquoi ne le dis-tu pas? Voilà qui informerait utilement le public et le porterait à changer l’objet de son juste courroux, à désigner les costards aurifiés plutôt que ceux qui subissent leurs caprices de diva.
Te vidaliserais-tu (là, peut-être que j'exagère dans l'outrage!), ô Nemrod des callejons, chrisostome des figuras? Le Pommerybas de gamme te monterait-il à la tête?

«El Cid ne comprenait rien. Il ne toréait pas si mal.»
«Que reprocher à Morante de la Puebla? Absolument rien, bien au contraire.»
«Quand à El Juli, maître-nageur-sauveteur, lui aussi s’interrogeait. Mais que se passe t-il? […] Il n’était pas coupable, encore moins responsable d’un tel calice bu jusqu’à la lie.»
Devant une telle conviction, je me prends à douter. C'est qu'il a l'air d'y croire l'animal!
Vincent Bourg «Zocato» commencerait-il à sincèrement se persuader des fadaises dont il se fait régulièrement le propagandiste? Passerait-on du commis-voyageur multicarte au sectateur aveugle et sourd? Déraisonnerait-on sans l'humour pour excuse?
Certes Zocato et Zheimer (Al), commencent comme Zorro, mais notre chère vieille chose, l’âge et les infirmités venant, perdrait-il la vue et l’entendement au point de ne plus voir que par les yeux et entendre par les oreilles de ces figuras pour qui un toro se réduit à un instrument, à un moyen et non à une fin?

Le plus grave n’est pas l’égarement, c’est l’audience d’un journaliste écouté et respecté qui fourvoie le public et le détourne des vrais causes, des vraies responsabilités, et par là même contribue activement au délitement ambiant.
Quand Zocato, à moins qu’il le méconnaisse, désignera ses chères figuras, son cher Juli, comme uniques et pleins responsables des animalcules auxquels ils daignent se confronter –si l’on peut dire- on sera sur la voie de la rédemption.
A défaut, Zocato fait œuvre de fossoyeur.
L’a pourtant pas une gueule de pompe funèbre le garçon!
Xavier KLEIN

NOTA: La remise de prix étant très tendance (et plutôt bienvenue), il conviendrait de remettre à l’honneur un prix au meilleur journaliste taurin.
Le prix Albert Madrid? Ou bien si l’on veut nuancer, le prix Albert Séville pour le journaliste torerista, le prix Albert Céret ou Albert Vic pour le torista, le prix Albert Nîmes pour le people, le prix Albert Mimizan pour Vidal, le prix Albert Olamelas pour Orthez (je m'égare), etc.

RAJOUT ULTERIEUR: Edifiant!

8 commentaires:

el Chulo a dit…

il faudrait voir ou il va chasser!

Marc Delon a dit…

Aaaaahrgh ! Que ce doit être dur de tremper dans le système sans qu'il vous déteigne dessus !

ne jamais y entrer est la solution ! (putain j'ai un callejon pour les vendanges... chuuut)

le prix "Albert Tine" pour le plus joli costume
le prix "Albert Resina" pour le fracaso le plus total
le prix "Albert Lusconi" pour l'enculette la plus manifeste...

el Chulo a dit…

profite du callejon, c'est super!

Anonyme a dit…

Le prix Albert Olamelas pour Orthez sera t-il remis par Vincent L. ou bien par Jacques M.???????

el Chulo a dit…

merde, attention xavier! de quel Vidal parles tu?
le seul que je connaisse que la mouvance de nos amis ont tant discrédité, notre prince de l'écriture, de la tauromachie, et de l'intégrité, joaquin donc, ne mérite certainement pas d'être comparé à zocato.

Bernard a dit…

M'enfin, depuis le temps, ce brave Vincent Z devrait le savoir qu'en matière de toro, c'est le moine qui fait l'habit, et pas l'inverse... ou alors c'est qu'il a pas vu de (vrai) moine depuis longtemps...

A part ça, ça vendange ferme!

Abrazo - Bernard

PS: Xavier, si tu vois "Fanchou", donne lui le bonjour de ma part

el Chulo a dit…

tu te fais du mal, mon xavier!

Marc Delon a dit…

Voilà, avant on écrivait "Los clarines del miedo" et maintenant ce serait "Aller à la corrida en toute joie et confiance"
Sauf qu'il n'a pas vraiment l'air de croire à ce qu'il dit, il est juste en train de communniquer pour le système.
S'ils font la gueule dans le patio de caballo de Madrid c'est qu'ils en savent l'enjeu. S'ils n'étaient que contrariés et boudeurs ils bâcleraient or, curieusement tout le monde va là-bas pour "l'infirmerie ou le triomphe" n'y a-t-il pas là comme un hiatus avec les arguments très réduits de Zocato ? Qui dira le contraire s'il est reçu par une pena torista...