Humeurs taurines et éclectiques

jeudi 15 septembre 2011

L’afghanisation taurine.

Pendant que le nouveau chef des talibans fondamentalistes, le mollah Oviard, s’est réfugié dans les territoires tribaux pour distiller ses fatwas en ralliant les mécontents de toutes extractions, les seigneurs de guerre confèrent (http://www.sudouest.fr/2011/09/15/dax-a-mal-a-sa-corrida-499848-727.php#commentaire_marqueur_position).

Barratchart Shah, dont la clairvoyance est proverbiale (il avait jadis déclaré qu’Orthez avait une politique taurine absurde qui ne répondait en rien aux goûts du public) n’a nullement empêché que cette année Bayonnabad connaisse des déficits abyssaux. Devant une telle déconvenue, on en connaît qui auraient fermé leur clape-merde, mais il faut croire que le ridicule ne tue pas, ou que le cher Olivier bénéficie comme les shahs de plusieurs vies.

«Momo» Behro Khan, «journaliste» (sic!), «éleveur taurin» (re-sic!), caravanier bien connu dans les tractations interlopes, virtuose du cirage de babouches, squatteur de callejon à Dax où il bénéficie d’un diwan à demeure, soutien actif de la Peña Enrique Ponce défend les intérêts du mundillo, des fois qu’il y aurait quelques avantages ou quelques dinars à glaner.

On ne sait ce que vient ramer dans cette félouque, Beuglot Bey, sinon proposer l’impensable à Dax: la privatisation des arènes. Etranger aux coutumes locales, Beuglot Bey vient porter ce parfum exotique de néo-libéralisme dérégulateur qui manquait tant dans le souk ambiant.

Quant à mollah Oviard, pressé par la traque des aficionados de verdad, il tendait à déserter les terres taurines françaises et à se réfugier avec sa pétrolette dans des lieux où sa funeste renommée était encore inconnue et où il pouvait encore faire passer ses vessies pour des lampes magiques. Or donc, le grand fakir, apprenti sorcier rescapé des flammes, s’empresse de voler, en tapis persan, au secours des victimes du djihad du «toro moderne», qu’il a si puissamment contribué à déclencher. Histoire de se rallier quelques sectateurs à l’occasion…


On attend avec impatience la Loya Jirga (Grand Conseil) qui doit se réunir en octobre. Dans le genre panier de scorpions, on pourra difficilement faire mieux, d’autant que les intérêts et les contextes divergent, entre sunnites bayonnais, chiites dacquois, salafistes vicois, etc.
On célèbrera bien entendu, la main sur le caftan, avec force enthousiasme théologique les piliers de la foi:
Figuras tu engageras.
Par leurs caprices tu passeras.
Gogos tu satisferas.
Trophées et indultos tu dispenseras.
Arènes tu combleras.
Tiroir-caisse tu rempliras.
De l’afición tu te contrefoutras.
Galimatias tu débiteras.
Et puis après la grande prière du vendredi, chacun s’en retournera dans son fief faire ce qui lui plait et convient au mieux à ses intérêts bien compris.
On connaît ce genre de truc avec les réunions de la Ligue Arabe où l’on parle d’autant plus fort qu’on est bien décidé à ne rien faire.

Tout cela me fait penser à une partie de rugby durant ma jeunesse.
Un match amical qu’ils disaient: les pires pour les initiés!
Les choses avaient débuté façon coupe-gorge. Fourchettes, cuillères, essuyages de crampons, tout l’ordinaire du ménage rugbystique y passait.
A l’issue d’un énième relevage de mêlée, l’arbitre lassé des taquineries convoque les deux capitaines, les mettant en demeure de tenir leurs troupes.
Le nôtre, nous réunit, sis à l’arbitre pour en être bien entendu, et nous passa une semonce terrible -nous appelant à la grandeur et au fair-play- que nous reçûmes, penauds et contrits. Puis repartant vers nos sitios, laissant un arbitre ravi et rasséréné, de rajouter hors de portée, avec un geste de chicorne pleinement significatif: «Et maintenant, «a matia»! (au boulot)».
La rouerie gasconne et la distance entre le discours affiché et la réalité opérante est une tradition qu’il conviendrait de ne pas ignorer.
On se rappellera, pour les plus vieux, les joutes épiques des Intervilles zitronnesques où l’on faisait assaut entre Dax et Bayonne des entourloupes les plus clochemerlesques.
On n’en finira jamais de savonner en douce le mat de cocagne du voisin. Cela fait partie du charme de notre doux pays de Gascogne.

Ce qui ne laisse pas d’étonner, c’est qu’on contrevienne aussi imprudemment au vieil adage: «Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.» en demandant leur avis à quatre jean-foutres qui ne savent même plus à quoi ressemble un billet de corrida et combien il peut valoir.
Sans compter que certains points de vue sont tout sauf désintéressés. Consulter Barratchart Shah sur les affaires dacquoises, c’est comme si l’on avait demandé à Ben Laden de conseiller Bush ou la CIA

Laissons les pachtouns dacquois (dont je suis) régler leurs différends dans un débat local. Toute autre intervention est une intrusion, dont il ne peut résulter qu’un enlisement, comme nos braves pioupious en Afghanistan.
Xavier KLEIN




5 commentaires:

el Chulo a dit…

oui, mon vieux xavier, on est vraiment dans la merde!
un peu comme si tout le monde attendait cette catastrophe pour sortir du bois!
on va rire cet hiver, car les loups chzassent en meute et se battent pour les dépouilles.

Anonyme a dit…

Oui mais ce qui est certain c'est que les loups ne se mangent pas entre eux

Anonyme a dit…

Du coup, on se sent moins seul.


JPc

Ludovic Pautier a dit…

allons, allons, la cuillère comme le raffût sont autorisés en rugebi macarelle ! pas la fourchette ni la mêlée relevée, ni le pain en pleine cabine style "éh ! il a mis le nez à la fenêtre , j'ai fermé les volets".
sinon , à propos de tout ça , m'est avis que comme on dit tras los montes : "mucho ruido y pocas nueces". je noterai quand même que c'est à Dax que fut ouverte la boîte de Pandore le jour de "Desgarbado". relisons les positions de chacun à l'époque et rions, jaune, ensemble talibans que nous sommes (bravo pour le retournement de tapis Don Xavier ).
Salam.

Ludo

velonero a dit…

A l'heure où l'Europe regarde cyniquement crever la Grèce la perspective d'une union entre les principales arènes du Sud-Ouest fait figure de farce grotesque.