Humeurs taurines et éclectiques

lundi 9 août 2010

COSA NOSTRA

Ce dimanche 8 août 2010, le système mafieux qui essaie de s'implanter en France comme il sévit déjà en Espagne dans les milieux taurins a donné pleine mesure.
On dira que j'exagère encore.
On fustigera mes propos ou on écartera mes arguments d'un revers de manche.
On fulminera contre l'un de ces imprécateurs-qui-divisent-l'aficion-quand-le-péril-«zanti»-est-à-nos-portes-qui-vient-jusque-dans-nos-bras-égorger...
On invoquera les règlements de comptes, les inimitiés personnelles.
On stigmatisera l'aigreur chronique, l'insatisfaction permanente.
Et pourtant!

Voilà un conjuration de «taurinos»* qui se mobilise, comme par enchantement, pour assurer la promotion d'un jeune torero français, ni plus ni moins doué que ces congénères gaulois et à fortiori espagnols, mais qui bénéficie de l'avantage d'être apodéré par l'un des «leurs».
Qui sont ces «leurs»? Des gens qui se fréquentent depuis 35 ans, qui ont lutté pour se faire une place au soleil, qui ont rêvé, toréé, galèré, maquignonné, comploté, et finalement émergé chacun dans son ou ses répertoire(s). Mais également des jeunes cadres dynamiques en mal de célébrité et d'opportunités de tienter à l'oeil.

Car chez ces beaux messieurs on donne dans la polyvalence et le multicarte, comme chez les V.R.P. d'élite.
Le point commun de cette aimable compagnie et communauté d'intérêt est de noyauter tous les lieux de pouvoir et de décision. Sans parler du Capo di tutti capi, qui règne depuis Vieux Boucau, comme d'autres le faisaient depuis Corleone.

Prenons le cas tout à fait représentatif de l'honorable sociétaire** bayonnais Don Olivier BARATCHART. Non content de sévir comme «directeur» des arènes de Bayonne, titre et fonction par ailleurs fort imprécis, il préside l'Association des Organisateurs de Corridas et Novilladas du Sud-Ouest, trône dans les instances dirigeantes de l'Union des Villes Taurines de France, et non tantum sed etiam, oeuvre dans le Comité Central de l'O.N.C.T.
Ces multiples à côtés lui conservant quelque loisirs, il les met utilement à profit pour apodérer le jeune Julien LESCARRET. Évidemment, tout cela n'a rien à voir avec la présence de ce dernier dans les cartels de Bayonne. Comme quoi il semble que si l'on ne peut, paraît-il, être à la fois aficionado et empresa, il semble qu'on puisse (voire que l'on doive) être à la fois apoderado et empresa.

Le charmant Julien -garçon tout à fait intelligent et séduisant au demeurant, ce n'est pas lui qui est en cause ici- ayant connu l'an dernier quelques déconvenues, "on" a donc fait le forcing auprès des «amis» pour qu'il puisse figurer sur quelques affiches. "On" a aussi fait le forcing auprès des autres en exerçant force pressions et en les assortissant de coups bas, ce qui, entre nous soit dit, ne peut que nuire à son pupille.

Il fallait donc s'attendre à ce que le moindre début d'embryon (merci Marc...) de commencement de succès se voie monté au pinacle par la claque et le concert des copains réunis afin de relancer la carrière du sympathique concurrent.
Il semblerait que le prodige potentiel soit finalement parvenu à aligner quelques séries à peu près comestibles devant un ou deux bestiaux, et qu'il ait récolté en un week-end quelques pavillons de complaisances dont on sait ce qu'ils valent, et comment ils sont distribués par des présidences «compréhensives».

Cela suffit pour que la mobilisation des copinages s'opère, que Don Dédé pérore et mette en demeure les réticents, avec force insistance, pour qu'ils réparent l'injustice faite à «Juju» (http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-08-10/08-08-102.php).

Dieu et sa Commission Taurine nous en préservent pour Dax tout au moins!

Ou bien il leur faudrait ignorer la campagne de dénigrement systématique que le sieur Olivier ne s'est pas gêné de mener durant plusieurs mois contre les «maudits et perfides dacquois» qui en 2009 avaient sournoisement placés un grand sobrero du Conde de Mayalde qui fit malencontreusement trébucher le pauvre LESCARRET.

Les agissements de la Mafia ne me perturbent nullement lorsqu'ils restent dans leur aire d'appellation contrôlée. Ca fournit l'occasion de films à grand spectacle, de musiques géniales d'Ennio MORRICONE et file le frisson au touriste en villégiature à Palerme.
Par contre la chose m'importune passablement dans un sud-ouest où l'esprit gascon épris de liberté, d'indépendance et de pondération s'est toujours refusé à la mainmise des affairistes.

On parle depuis des années de limiter le cumul des mandats chez les politiques, on serait bien inspiré de le réclamer également en matière taurine.
Cela éviterait sans doute que la gangrène mundillopathe qui sévit au sud des Pyrénées n'en gagne aussi le nord, avec les conséquences néfastes qui y tuent la tauromachie à petits feux.

Xavier KLEIN


* http://www.sudouest.fr/2010/08/08/julien-en-son-royaume-156297-716.php
** On appelle aussi la Mafia: Società onorata (l'«honorable société»)
.

11 commentaires:

Pierre a dit…

J'ai eu quelques commentaires sur la corrida de Vic (surtout concernant les piques)mais n'ayant pu me rendre ni à cette dernière ni à celle de Bayonne où officiait Julien quelqu'un peut il confirmer que les oreilles ont été 'gentiment" données ?

el chulo a dit…

ta douleur duperrier sera donc éternelle?

au fond, j'envie ta capacité d'indignation.

je me dis aussi que le pire que l'on puisse imaginer est toujours en dessous de la réalité.

Xavier KLEIN a dit…

Moi pas savoir bwana Pierre

FiX a dit…

Ha bon! tu sais pas: "Il semblerait que le prodige potentiel soit finalement parvenu à aligner quelques séries à peu près comestibles devant un ou deux bestiaux, et qu'il ait récolté en un week-end quelques pavillons de complaisances dont on sait ce qu'ils valent, et comment ils sont distribués par des présidences «compréhensives»."
Pourtant tu portes un jugement définitif sur deux spectacles que tu n'as pas vu. Et c'est aussi condamnable que les reproches que tu adresses à... à qui au fait. A la cantonade... sans doute. Ton "article" m'a choqué cher président. Je n'étais pas à Vic et encore moins à Bayonne (huit toros!!!!), je ne sais pas si les oreilles étaient généreuses. Ce que je note:
Julien a mis en valeur un bon toro de F Ymbro et a su saisir sa chance face à un Margé incomplet (premier tiers). Contrairement à Dax, il ne s'est pas laissé aller à une "danse" mais a taillé son succès sur les fondamentaux. Je crois que Julien, dont j'aime le toreo, doit rester simple. Il n'a pas la maestria pour se laisser aller à des pirouettes qu'il affectionne sans doute mais... Donc c'est positif pour lui; il a compris son "péché" et corrigé le tir. Prouvant l'intelligence que tu soulignes. Et je suis choqué que le pédagogue que tu es n'ait pas souligné ce point. Pour le lecteur de passage je précise que je tiens Julien en grande amitié, que je le connais depuis l'époque des capeas.J'ai même toréé avec lui. J'ai, je crois, toujours eu un regard critique, mais affectueux envers lui. Et comme je lui écrivais par texto: "enhorabuena..."

Xavier KLEIN a dit…

Le problème c'est qu'on aimerait qu'il "triomphe" par ses propres mérites et non par le soutien de la claque et les pressions de ses supporters.
Si systématiquement on ne le portait exagérément au nues, le doute n'existerait pas.
La nuance sémantique du "Il semblerait" ne t'échappera sans doute pas.
Tiens cet après-midi j'ai vu Morante. J'idolatre Morante, mais cet après-midi il fut infâme.
Le dire ce n'est pas lui faire du tort mais simplement énoncer une vérité.
Je te renvoie également à l'article de TT en lien. S'il n'y a pas là quelque pression, je ne sais pas ce qu'il te faut.
Et personnellement, je n'aime pas les pressions.
Si Julien était d'évidence aussi valable, il n'y aurait besoin d'aucune pression, sa valeur s'imposerait d'elle-même...

FiX a dit…

la nuance du "il semblerait" c'est de la grammaire, cher maitre. La sémantique, elle, exprime sous le conditionnel, la véracité de ce qui est avancé...
Je me fous des pressions qui n'engagent que ceux qui les profèrent. Et je ne te savais si sensible pour juger un évènement (où tu n'étais pas) par la "pression" que tu ressentirais dans un site d'information et quelques resenas... "allons allons..." comme dirait un ami commun. Que de choses non dîtes, que de réalités faussement cachées...
Tu t'es livré à un mauvais procès. Si tu considères que l'entourage de Julien Lescarret cherche à l'imposer à n'imorte quel prix; dis le de manière ouverte et claire, mais ne mets pas en cause son succès auquel tu n'as pas assisté. Si par ailleurs tu as des informations sur ces succès soit disant généreux (là sémantiquement je suppute qu'ils ne le sont pas) livre les et lançons le débat. Sinon il est parfois sage de se taire. Personnellement je suis content pour Julien, non pas du succès en soi, mais surtout de la manière dont il l'a obtenu d'après les observateurs. Je ne sais pas si cela lui ouvrira les portes mais cela peut montrer qu'il mérite de toréer, si il fait les efforts nécessaires. Aupa Julien!

Xavier KLEIN a dit…

Cher FIX,
Il me semble, cher disciple, que je dis tout à fait clairement, que l'entourage de Julien Lescarret cherche à l'imposer. Et que ces pressions sont inadmissibles.
Ceci dit, si pour évoquer quelque chose, il faut en être directement témoin, cela va limiter draconiennement le champ de la discussion en général et le travail des historiens en particulier.
A t-on massacré des arméniens en 1915? Envoyé Appollo sur la lune? Brûlé Giodano Bruno? Atomisé Hiroshima? etc., etc., etc.
Je ne pourrais le savoir et en parler, me fiant à d'autres pour l'attester?
"Allons, allons"
En revanche, je peux attester l'avoir vu 4 fois en 2008, 4 fois l'an dernier, dont devant un toro du Conde de Mayalde en 2009, et 1 fois cette année à Labrède. Et toutes ces fois, je l'ai vu très décevant et en dessous de ses toros.
Il est vrai que mon jugement est dénué d'affects, alors qu'étant son ami (loyal comme de coûtume) le tien ne l'est pas.
Il mériterait de toréer? Et pourquoi donc? Parce qu'il est français? Parce qu'il est de la tierra? Parce sur la dizaine de contrats de cette année, il aurait réussi deux fois à être à la hauteur?
Pour moi, le mérite ne connait pas de frontière, et ils sont beaucoup a en avoir bien plus que lui.
Maintenant si tu veux que j'explique en quoi, précisemment, il ne me paraît à la hauteur de la situation (en dehors de son piètre taux de réussite évoqué plus haut), je peux le faire.

FiX a dit…

Donc tu fais travail d'historien sur ce blog... et en relatant ces corridas... Magnifique! et je ne l'avais pas encore remarqué. Quant à dire pourquoi tu ne le trouves pas à la hauteur, tu serais dans ton rôle de bloggeur aficionado qui disserte de ses opinions. Et j'engagerais bien le débat avec toi sur le sujet. Mais je persiste; tu ne peux alléguer de triomphe de complaisance si tu n'y étais pas. En tant qu'historien, tu peux citer certains, recueillir le témoignage d'autre et ainsi écrire ta vérité. Dans ton article rien de tout cela. L'objectif n'étant pas de descendre le dit Julien mais son entourage, je te le concède. Néanmoins je suis choqué du procédé.
Il mérite de toréer car il semble qu'il ait prouvé des progrès intéressant, méritant de confirmer s'il a pris le chemin du serieux et de l'engagement. et oui c'est important que des français, des Landais fassent le paseo; pour l'aficion, pour les gosses qui peuvent s'identifier, pour la compétence du public, des aficionados... Comme il est triste que El Palmeral soit fini, il est important que Julien torée et triomphe. Mais cela ne l'impose en aucune manière.
"taux de réussit"... laissez M l'historien les mathématiques en dehors de tout ça... Elles vous en prient!

Xavier KLEIN a dit…

Je ne partage pas ton opinion sur l'importance de disposer de toreros français et même landais.
Le seul intérêt serait d'ordre économique pour les impôts qu'il pairait en France ou comme pour Palmeral, l'activité que cet élevage génèrait (comme en génère la cuadra d'El Pimpi...).
Ce qui m'importe c'est ce qu'il fait, beaucoup plus que ce qu'il est et infiniment plus que l'endroit où le hasard du destin et de la nature l'ont fait naitre.
Le seul argument quant à l'origine tient au bain culturel qui l'aurait formé et dont il serait la manifestation.
Cela vaut pour l'Andalousie, la Castille ou le Mexique, mais je ne vois pas qu'une "french touch" se dégage.
Le "taux de réussite" est une subtile allusion aux membres de la Società onorata, notamment il capo, qui le soutiennent.

Xavier KLEIN a dit…

NOTA: Tu as bien compris que ce qui est en cause ce n'est nullement J. LESCARRET (ce que je précise), mais son instrumentalisation ainsi que les pressions exercées.

FiX a dit…

Je sais que tu ne partages pas mon opinion. Mais je crois que le "bain culturel" est à double sens: une ganaderia, un torero (matador, novillero, subalterne...)fabrique, catalyse, fermente de l'aficion. Si l'aficion sevillanne est à ce point érudite, compétente, cela vient de l'infusion du toreo dans le siècle. En ce sens tenir des toreros, des ganaderias en notre tierra est, pour moi, primordial. Mais ce n'est qu'une opinion.