«Un héros se révèle dans l'adversité et non dans la facilité.»
«Alexandre et Alestria» SHAN SA
A la réflexion, et après ces discussions si savoureuses qui rythment la vie aficionada, une conclusion m'apparaît de plus en plus évidente dans le débat actuel.
A l'issue d'une faena, si un «grand toro» peut exister sans un «grand torero», l'inverse relève le plus souvent de l'imposture et du battage médiatique.
A l'issue d'une faena, si un «grand toro» peut exister sans un «grand torero», l'inverse relève le plus souvent de l'imposture et du battage médiatique.
On parle alors de l'admirable virtuosité de Trucmuchito qui aurait «créé un toro»...
Créer un toro!!! Quelle fumisterie et quel dévoiement des valeurs du combat! Si l'on peut «créer un toro», c'est qu'il n'existait pas, c'est qu'on envisage une tauromachie sans toro, c'est à dire du «toreo de salon» en quelque sorte...
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Combien en avons nous connu de ces fauves de grande caste, dont les qualités guerrières s'imposaient d'elles mêmes, y compris lorsque les hommes qui les affrontent n'étaient que rarement à la hauteur! Très frustrant d'ailleurs!
Ils sont de ceux dont on prétend qu'ils remettent «cada uno en su sitio» (chacun à sa place). Ils persistent dans la mémoire des aficionados de verdad, alors même que l'on a depuis longtemps oublié qui les avait affrontés.
Je n'ai pas grande mémoire, mais je me souviens bien de ces Miuras de Dax en 1975 ou 76, de ces Yonnet de Saint-Sever, des lots de Fraile de Bayonne, alors que je n'ai plus qu'une faible réminiscence des cartels qui leur étaient opposés. Je revois leur image, leurs charges, leur furie alors que le reste, le visage des hommes, la fugacité des passes, s'est effacé.
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Le nec plus ultra consisterait bien sûr à allier les «grands toros» et les «grands toreros», mais de nos jours, une telle proposition n'a guère de sens. Car si les «grands toreros» actuels -ou prétendus tels- sont aujourd'hui à la place où ils sont, ce n'est sûrement pas à cause des «grands toros» qu'ils auraient rencontrés, mais par le fait bien plus prosaïque des dithyrambes concoctés par des medias spécialisés et d'un public de spectateurs abusés.
Si parmi un G10 en décomposition avancée (Ponce, Morante de la Puebla, César Jimenez, El Juli, El Fandi, Manzanares, El Cid, Perera, Cayetano et Talavante), il se trouvait des maestros qui, jadis, avaient pu se confronter avec des toros sérieux (Ponce, El Cid), pour le reste, aucun des autres n'a vraiment apporté la preuve avérée et répétée -j'exclus les «gestounets» exceptionnels tel le mano a mano de Morante/Le Cid devant des Victorino à Séville- de leur MAÎTRISE devant tout type de bétail, ce qui est pour moi la condition sine qua non pour évoquer une authentique maîtrise.
On peut dés lors gloser à l'infini sur tel qui disposerait d'un sitio fabuleux, tel dont le temple figerait les horloges, tel dont le toreo serait «millimétré», tel dont l'«inventivité» s'affirmerait exceptionnelle et autres facéties envisageables devant tous les Desgarbados du monde. Cependant, jusqu'à preuve du contraire, le véritable exploit s'exerce devant l'impensable et la difficulté maximale.
Le héros n'est pas celui qui fait ce que tout le monde (ou la plupart) peut faire ou rêver de faire, mais celui qui fait ce que nul ne saurait envisager possible. Et la notion d'héroïsme ne saurait faire l'économie du risque, de l'action menée au péril le plus extrême, sans pour autant qu'elle fût déraisonnable.
S'il est prêt à la sacrifier, le héros aime la vie et porte la conscience de l'oeuvre utile, y compris si cette oeuvre n'a d'autre utilité que l'esthétique ou le symbole. Héraclès purge le monde des calamités, Gilgamesh le civilise, comme Perceval quête le Graal, source de vie ou Modigliani consomme ses jours à la poursuite du beau.
Que font d'autre nos modernes titans de l'arène, sinon se garnir la bourse?
Il paraît, à ce que l'on dit, que ces beaux messieurs «pourraient».
Ouais! Un peu comme le grand Sar Rabindranathduval: «Il peut le faire»:
S'il est prêt à la sacrifier, le héros aime la vie et porte la conscience de l'oeuvre utile, y compris si cette oeuvre n'a d'autre utilité que l'esthétique ou le symbole. Héraclès purge le monde des calamités, Gilgamesh le civilise, comme Perceval quête le Graal, source de vie ou Modigliani consomme ses jours à la poursuite du beau.
Que font d'autre nos modernes titans de l'arène, sinon se garnir la bourse?
Il paraît, à ce que l'on dit, que ces beaux messieurs «pourraient».
Ouais! Un peu comme le grand Sar Rabindranathduval: «Il peut le faire»:
«Tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute»: cela ne me dérangerait en rien, si tout cela ne participait de la duperie majuscule dont on sait qu'elle ne profite réellement qu'à ceux qui s'en gobergent. Mais tout cela conserve t-il encore un sens quand on se dispense de l'épreuve, quand le mérite ne procède que du vent d'une éphémère et fallacieuse publicité?
En tauromachie, tout vient du toro et tout y retourne.
En tauromachie, tout vient du toro et tout y retourne.
C'est lui et lui seul l'aune de la valeur et du triomphe. L'été dernier, les publics trop longtemps abusés de Dax ou de Mont de Marsan ne s'y sont pas trompés quand la gloire irréfragable des toros d'Escolar Gil s'est naturellement exprimée, et lorsque les hommes qui les affrontaient surent se hausser à la mesure de l'enjeu.
Il ne saurait exister de «grands toreros» sans «grands toros». Ceux qui aspirent au faîte de l'escalafón (nota: l'échelle) devraient s'en persuader, au risque de réduire l'échelle à un misérable escabeau.
Xavier KLEIN
3 commentaires:
Pour ce qui concerne la Miurada culte de Dax du 5 juin 1975,j'ose prétendre que Manolo CORTES (qui figurait au cartel avec Jose FUENTES et TININ)était AUSSI un GRAND TORERO
Le hautboismélancolique
Ose à juste raison ô Hautbois!
Il est quand méme "gravissime" de méconnaitre la date exacte de cette R.E.M.A.R.Q.U.A.B.L.E corrida dacquoise qui a marqué à jamais notre aficion :: LE 8 juin 1975 ::..avec comme principaux z'acteurs : LORITO-BOLIGUERO- MATABUEY-JARILLO-APERADOR-FLORERO..Remarquables et
Inoubliables Toros de Lidia.
le vieil ernesto.
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