Humeurs taurines et éclectiques

samedi 14 juillet 2012




J-7 ou git mon set, au choix...

Dans 604800 secondes, le premier novillo de Dom Fernando PALHA giclera du toril de la placita du Pesqué.
Plus qu'un novillo, c'est l'un des cinq coups de coeur aux robes variées qu'il nous importait de proposer au public d'Orthez. Des coups de coeur romantiques, en référence à un ganadero et à une éthique en décalage brutal, presque obscène, avec l'air du temps.
Ce que nous avons envisagé, ce dont nous avons rêvé, ce qui se produira peut-être, c'est une novillada d'un autre âge, à des années-lumière de ce que l'on peut voir dans la plupart des ruedos.
La fracture abyssale entre le marketing taurin contemporain et la philosophie du vieux Maître Palha, celle d'un toro fier, sauvage et insoumis qui s'oppose et qui lutte ne pourra que s'en trouver encore approfondie. Car n'en doutons pas, il s'agît bien d'une césure majeure, celle qui sépare le spectateur de l'aficionado, le voyeur du «contempleur», le divertissement du rituel.

Nul ne sait comment sortiront les diables palhesques de leur boite, moins encore que pour la généralité des toros. On les attend fougueux, trinitoglycerinesques, indisciplinés et farouches, novillos de premier tercio, ne concédant que de rares muletazos dérobés à coups de cojones dans une lutte âpre.
On le sait d'autant moins que ce ganadero là se refuse à la programmation de bestioles normalisées, prévisibles et surtout collaboratrices. Ce vieux sage sait bien que le désir ne peut exister et s'enfler qu'à la condition de ne jamais avoir la certitude de se réaliser. A l'inverse d'une société de la satiété du fantasme, de la jouissance garantie sur facture, avec service après vente du consommateur insatisfait, il oppose l'imprévisibilité et le doute.
Ses novillos sont plus que des bovins irascibles et guerriers, ils sont un énorme glaviot craché à la face d'un monde de la manufacture et de l'assurance tout risque.
Et c'est ce discours là, cette déclamation tragique, immémoriale et imprécatrice que nous voudrions entendre à Orthez.

Quelques milliers de secondes plus tard, à l'heure des vêpres orthéziennes, on sortira les dagues et ce seront les pensionnaires de Dom Antonio Da Vega Teixeira qui reprendront le flambeau. Eux non plus, ne constituent pas précisément l'ordinaire des gentils membres du G10, loin s'en faut! Ne serait-ce déjà que par des mensurations tout à fait remarquables: un «lot pour Madrid» a t-on entendu dans les coulisses.
Si avec les copains (et copines) de la Commission on les a retenus ces oiseaux là, c'est parce qu'on supputait, et même qu'on subodorait qu'ils pussent s'enquiller dans les 3 puyasos sans flageoler des fumerons, et conserver le fighting spirit pour quelques amusettes à la flanelle. En général, c'est assez joueur ces zanimaux, du moins avons nous pu le constater en tienta avec leurs dulcinées. Pas dans le genre partie de cricket à Oxeforde mais plutôt finale de rugby France-Rosbifland par gros temps froid et pluvieux à Touiquenname, à 10 mn de la fin avec match nul.
Évidemment, là non plus on ne remboursera pas les billets si la «furia portuguese» n'est pas au rendez-vous, bien que nous ayons tout fait pour qu'elle y soit. L'homme propose et Dieu (sorry pour les païens) et les toros disposent...

J'entends ci et là que d'aucun(e)s se rueraient mater l'arrière train d'un jules gesticulant harmonieusement devant une énième collection de produits de consommation courante. Comme disait l'autre avec ses rillettes Bordeau-Chesnel: «Nous n'avons pas les mêmes valeurs».
Perso, je préfère collationner avec le foie-gras frais de Marie-Jo (d'Audon en Chalosse), l'agneau de pré salé et le frometon pur brebis de mon ami Francis (de Lescun en Béarn), le tout arrosé d'un Madiran, pur tannat de Berthoumieu et d'un Sauternes 1985 de «La Tour Blanche» que de boulotter le panier repas de chez Fauchon.
Que voulez-vous, je suis snob!

Samedi prochain, on comptera donc sur les tendidos d'Orthez les gourmets, les arriérés, les nostalgiques, les jouisseurs, les blasés, les atypiques, les undergrounds, les délicats, les indélicats, les paumés, les économiquement faibles, les allergiques, les curieux, les curistes, les curés, les mécréants, les allergiques au Modem, les résistants, les résidents, les résignés, les résiniers, les raies signées, et peut-être … quelques aficionados.
Hasta luego.
Xavier KLEIN

1 commentaire:

Bernard a dit…

Et même des qui seront passés quelques jours avant par la case "Céret"... Parce qu'après Céret, on fait Orthez! (What else? comme disent les marchands de café)

Abrazo fraternel - Bernard