Humeurs taurines et éclectiques

jeudi 22 mars 2012

Le consensus compassionnel


«[…] Qui voulez-vous qui nous regrette,
Puisque nous sommes des réprouvés.»
Chant de Marche des Bataillons d’Afrique

Régulièrement, j’ai dénoncé dans la Brega la dictature compassionnelle qui marque de son empreinte les sociétés de type occidental. L’apitoiement et l’émotion se substituent de manière outrancière à la nécessité de la réflexion.
Certes l’émotion est nécessaire, certes elle doit recevoir son lot, certes on ne peut et ne doit s’y soustraire au risque de la sécheresse de cœur et d’une forme de déshumanisation. Mais pour autant doit-on tout lui sacrifier, abdiquer la raison, renoncer à la réflexion? N’est-il pas de la responsabilité de nos responsables politiques, de nos intellectuels (complètement muets en la circonstance) d’œuvrer à la mise à distance, à la contention de cet excès d’émotion qui parasite l’exercice de la Raison et de la pensée?
C’est pourtant ce qui se déroule en ce moment à propos de l’abomination des crimes d’un fanatique.

Toute société, de tous temps et de tous horizons génère ses 0,2% de sages ou de saints et ses 0,2% de fous ou de criminels. Ces franges extrêmes -aussi monstrueuses (au sens étymologique du terme) soient-elles- procèdent de l’humanité, de notre humanité. Nous portons tous en germes le sublime comme l’abominable. De vouloir ignorer cette réalité, en premier lieu en nous même, nous expose à l’incompréhension de ce type d'évènements.

La cohue des politiques de tous bords (à part Mélenchon) qui se bousculent pour se grandir de la proximité des cercueils, l’hypocrisie de la pause de la campagne, les mines composées de mater dolorosa, les discours faussement réconfortants, l’union sacrée de façade, le diktat émotionnel d’une tragédie nationale surdramatisée de toute pièces: tout cela me donne la nausée quant à l’état de déliquescence de notre communauté nationale.
Car n’en doutons pas, cette émotion collective est générée, fabriquée, entretenue, pilotée par un petit monde médiatique qui prétend exprimer l’état d’esprit du pays et le manipule par un matraquage incessant.
La mise en scène de la peur et son exploitation, l’exécution libératoire et cathartique qui vient conclure le psychodrame composent une tragédie en 3 actes dont il convient de s’interroger sur la fonction sociétale et l’utilisation politique qui en est faite.
Comment ne pas être troublé par la teneur malsaine des réactions, la vindicte, la haine portées par les commentaires des Messieurs Tout-le-monde qu'on peut croiser ça et là (lire les commentaires http://www.sudouest.fr/2012/03/22/direct-toulouse-guerre-d-usure-entre-mohamed-merah-et-les-policiers-666265-5215.php)


Je ne prétends nullement à la vérité et je voudrais ici confier quelques considérations qui me sont venues au gré des évènements. Des ressentis personnels dont je n’ai reconnu aucuns échos dans les débats et commentaires en cours. Se peut-il que je sois le seul à penser cela? Peut-être ces réflexions parleront-elles aux lecteurs?

1°) Le «péché originel».

Le Premier Ministre de l’Autorité Palestinienne, Salam Fayyad a eu parfaitement raison de dénoncer l’instrumentalisation par les fanatiques de tout poils de la situation de son pays et du sort de ses enfants. Néanmoins, peut-on ignorer que le foyer d’infection de la question palestinienne pollue depuis plusieurs années le Moyen-Orient et que l’attitude pour le moins équivoque des occidentaux et leur soutien inconditionnel à Israël nourrit toutes les haines de la communauté arabo-musulmane?
Je précise ici que je fais partie de ceux qui éprouvent de la sympathie pour Israël, seule démocratie véritable de la région, mais que l’intransigeance et les provocations du Likoud de Sharon à Netanyahou m’exaspèrent. Si la communauté internationale avait écarté les lobbies et pesé pour obliger les parties à négocier, on aurait ôté depuis longtemps l’alibi palestinien aux extrémistes.

2°) Le plusieurs poids, plusieurs mesures.
Les vies d’un enfant libyen «colatéralisé» par les missiles français, d’un gamin irakien ou afghan «bavuré» par la Coalition, ou, quotidiennement, celle d’un gosse syrien massacré par El Assad (avec des armes vendues par la France) ont-elles moins de valeur et d'importance médiatique que celles d’enfants français exécutés par un fanatique?

On me dira que c’est en France… Mais il y a 9 mois, en France, à Pau,  le petit Alexandre JUNCA disparaissait, atrocement assassiné et démembré; en 2002, Sohane était brûlée vive à Vitry sur Seine. Il n’y a pas de mois sans que se produisent des meurtres innommables, fruits de la folie raciste ou du fanatisme religieux.
D’évidence pour être honoré par la Nation, il vaut mieux être assassiné durant une campagne électorale.
Comment cautionner cette hiérarchisation des victimes, ces victimes dont on s’émeut et celles que l’on tait?


3°) Un communautarisme qui ne dit pas son nom.
La «qualification» des victimes m’a particulièrement frappé. Ce ne sont pas des soldats français qui ont été tués, ce sont des «militaires d’origine maghrébine». Ce ne sont pas des enfants qui ont été exécutés, mais des enfants juifs. Personnellement, je serais incapable de distinguer un enfant juif d’un autre, comme lorsque je vois l’un des mômes de mon collège, sa couleur, sa religion ou sa nationalité me sont parfaitement indifférents. Ce sont des mômes, un point c’est tout!
Il me vient alors une idée déplaisante: si ces gosses là s’étaient retrouvés avec les autres dans un collège de la République, qui aurait pu les distinguer? Qui aurait pu «frapper la judéité» si celle si ne s’était pas différenciée? La revendication communautaire a donc autorisé une revendication communautaire différente. N’y a t-il pas là motif à réflexion?
Tant qu’avant de revendiquer d’être humains, français, les juifs comme les musulmans préfèreront se sentir peu ou prou mandataires ou solidaires de leur communauté culturelle ou cultuelle d'origine, les conflits d’ailleurs ne continueront-ils pas à déborder chez nous?
Dans ce sens, hier, la présence exclusive de représentants juifs et musulmans à l'Elysée ne consacre t-elle pas ce communautarisme quand la présence de TOUS les courants de pensée philosophiques ou religieux (chrétiens et non croyants) eût été indispensable?

4°) L’Ecole prise en otage.
Il devient extrêmement lassant que les desiderata ou lubies d’un responsable politique –fût-il Président de la République- s’imposent à une institution comme l’Education Nationale en évidente contravention avec sa mission.
Comme pour la lecture de la lettre de Guy MÔQUET, on a contraint à une minute de silence: une manière de mobiliser notre jeunesse dans le courant de l’émotion cathartique générale. Or, justement, la fonction d’éducation est de développer l’usage de la raison, de porter au sens critique, de faire œuvre d’histoire et non de mémoire.
Un enseignant n’a pas à «affectiser», il est là au contraire pour donner du sens, pour promouvoir l'observation, l'analyse des causes et des conséquences, en mettant justement l'émotion à distance.
Il faut croire notre petit Nicolas bien frustré de n’avoir pas été capable de devenir enseignant. On sent chez lui toute la rancune accumulée contre une institution qui n’a jamais reconnu ses médiocres mérites scolaires ou universitaires. Après avoir voulu inféoder les instituteurs aux prêtres ou aux pasteurs, ne voilà t-il pas qu’il se préoccupe de faire le job par lui même en intervenant lamentablement dans un collège, sur un registre désastreux, celui de la peur.
Décidément!

5°) Un «pourquoi» absent
Pourquoi, par quelles causes et quels ressorts, un jeune homme peut-il être conduit à de si épouvantables extrémités? Comment des valeurs extrêmes peuvent-elles à ce point supplanter les valeurs de la République?
Un détail a attiré mon attention. A plusieurs reprises Mohamed MEHRA avait postulé pour intégrer l’armée puis la Légion Etrangère. Pour des raisons de casier judiciaire chargé, sa candidature n’a pas été retenue. Qu'en aurait-il été si cette voie lui était demeurée ouverte?
Ce rejet objectif qui se conjugue au ressenti d’exclusion de beaucoup de jeunes beurs doit nous questionner.
«J’ai la haine» constitue le refrain ressassé de nombre de mômes des banlieues.
Cette haine, cette violence portées en soi, quelles qu’en soient les origines et la légitimité réelle ou supposée sont bien présentes. Ce sont des réalités qui ne trouvent ni solutions, ni exutoires satisfaisants.
Au début du XXème siècle, les «mauvais garçons», les Pierre GILIETH/Jean GABIN de «La Bandera» trouvaient dans la Légion ou les «Bats d’Af» un exutoire à leur nature violente ou à leur révolte.
Ces réponses là, aussi critiquables ou sommaires qu'elles puissent paraître  n’existent plus dans une société policée qui postule l’a priori idéologique d’une négation de la violence.

Et c’est peut-être là que réside le nœud de l’énigme, de l’interjection obscène jetée par Mohamed MEHRA par ses actes apparemment insensés.
N’est-ce pas l’irruption inévitable d’une violence et d’une sauvagerie que notre société ne veut plus voir, mais qui n’en demeure pas moins omniprésente et irréductible? Apparemment et généralement domptée, mais qui n’attend qu’un prétexte, qu’une faille, que la rupture du maillon faible de la chaîne sociale pour fendre le vernis et s’exprimer dans toute sa scandaleuse crudité.
Cette même barbarie qui conduisit de braves pères de familles allemands à s’impliquer dans les Einsatzgruppen de la «Shoah par balles» ou de gentils pioupious franchouillards à torturer ou à cautionner la gégène en fermant les yeux pendant la Guerre d’Algérie, il n’y a que 50 ans.
Mohamed MEHRA ne serait-il pas la face émergée d’un iceberg dont nous ne voulons pas avoir à connaître?
C’est toute la question que je pose en ne voulant pas me satisfaire de réponses confortables ou simplistes.
C’est également toute la question posée par la corrida, mode culturel et rituel de gestion et de sublimation de la violence sociale.
Quand donc sortirons nous d'un consensus compassionnel qui nous transforme en autruches et obère notre capacité à penser?
Xavier KLEIN

Pour mieux comprendre


12 commentaires:

Jean-Paul Richier a dit…

Remarquable tribune, dont l'audace laisse même sans voix vos habituels thuriféraires.

Oui, « Nous portons tous en germes le sublime comme l’abominable ». C'était d'ailleurs l'un des messages-clés de la mythologie chrétienne, mais qui a fait flop comme les autres, l'« abominable » étant inlassablement projeté sur les autres par ceux-là même qui s'en sont réclamés.
Et tous les angles de réflexion que vous évoquez font cruellement défaut dans la salade de commentaires circulaires qui ont enseveli l'espace médiatique (sauf à être martelés isolément dans des prises de positions partisanes).

Mais voilà qu'il faut que vous gâtiez tout en vous sentant obligé d'ajouter « C’est également toute la question posée par la corrida, mode culturel et rituel de gestion et de sublimation de la violence sociale. »

Pour sûr, la violence sociale a vachement été sublimée en Espagne, en Colombie ou au Mexique, c'est bien connu.
Une icône ibérique de cette sublimation par la culture taurine est par exemple Millàn-Astray, le sympathique franquiste borgne et manchot fondateur d'El Tercio, la Légion espagnole, évoqué par le personnage du capitaine Weller dans La Bandera, puisque vous y faites allusion.

Je l'ai déjà remarqué, dès qu'il est question de votre passion tauromachique, votre QI est en chute libre. La psychiatrie classique française reconnaissait le délire en secteur, je vais proposer pour le DSM V la connerie en secteur.

Après tout, Millàn-Astray est passé à la postérité non seulement pour avoir lancé « ¡ Viva la muerte ! », mais aussi pour s'être écrié face à Unamuno « ¡ Muera la inteligencia ! ».

Xavier KLEIN a dit…

Je commençais à m'ennuyer sans vous J.P.
Comme dab, vous avez de curieuses façons de voir les choses. Par exemple pour le christianisme, un truc parti il y a 2000 ans d'une poignée de juifs et qui compte actuellement 2,2 milliards de supporters. Comme flop, on fait mieux!
Je vous renvoie vers ce que j'ai déjà écrit sur Millàn-Astray (http://bregaorthez.blogspot.fr/2009/01/de-sous-la-couette-2-le-discours-de.html)
Bien sûr que les sociétés hispanophones dont vous parlez ont été ou demeurent extrêmement violentes. Colonialisme, inégalités sociales hurlantes, héritage de l'esclavage, etc. sont à l'origine de cette violence. Je remarque toutefois que celles où la corrida n'existe pas ou a été supprimée depuis longtemps (Chili, Argentine, Cuba, etc. n'ont pas été particulièrement mieux loties de ce point de vue.
Je ne pense pas que Mohamed MEHRA ait été aficionado. Pas plus qu'un certain nombre d'animalistes brevetés qui se sont révélés des assassins hors normes.
Le problème est donc ailleurs.

Je pensais surtout à ce que je connais dans le sud-ouest, où divers «rituels» de mise en scène de la violence s'acclimatent plutôt bien (corrida, rugby, course landaise, et.). Un sud-ouest rural où les taux de faits de violence aux personnes sont très largement inférieurs à la moyenne nationale et où gendarmes et policiers, comme d'ailleurs beaucoup de fonctionnaires veulent être affectés à cause, outre la qualité de vie, à un sentiment de sécurité.
Quand la violence est explicitement mise en scène sur la pelouse d'un stade de manière codifiée et régulée, elle ne s'exprime pas dans les tribunes. En général, le rugby ne connait pas de hooligans.
Très sincèrement, je ne connais pas dans les quelques centaines d'aficionados que je rencontre et chez les toreros, de personnes qui se signalent par des comportement particulièrement violents. A tout prendre, il vaut mieux que la pulsion meurtrière s'exprime avec des toros qu'avec des hommes...
Vous devriez être de toutes manières parfaitement satisfait qu'un aficionado assume complètement ce genre d'analyse, comme j'assume de même -vous le savez- sadisme et masochisme au sein du fait taurin.
Quand le déni s'impose dans la langue de bois taurine, vous persiflez à juste raison, et quand les choses sont assumées et reconnues, vous classez le cas dans la «connerie en secteur». Allez comprendre?
Le psychanalysé lacanien que je suis vous saurait gré de ne pas trop écorcher sa susceptibilité avec vos DSM. La stratégie des étiquettes réductrices manque tant de subtilité!

Ceci dit, je serais très curieux de savoir comment dans votre expérience de psychiatre, vous parvenez à traiter les individus hyper-violents.

Jean-Paul Richier a dit…

XK : « pour le christianisme, un truc parti il y a 2000 ans d'une poignée de juifs et qui compte actuellement 2,2 milliards de supporters. Comme flop, on fait mieux! »

Je ne parle pas du nombre d'adhérents supposés (j'imagine qu'on me comptabilise dedans), lequel n'est lié qu'à des facteurs politiques et militaires, comme toutes les sectes qui ont réussi. Dès le départ, si Julien dit l'Apostat n'avait pas été tué en 363, qui sait ce qu'aurait été le sort du christianisme...

Je parle de la réussite à transmettre les messages qu'il portait, notamment l'amour d'autrui, ou le pardon, ou la reconnaissance par chacun de sa part d'ombre. Un flop gigantesque, complet, absolu. D'ailleurs si le génocide du IIIème Reich a décimé la communauté qui portait depuis 2000 ans sur ses épaules la mort de Monsieur Jésus, au-delà des divagations racialistes, ce n'est évidemment pas un hasard.

XK : « Je ne pense pas que Mohamed MEHRA ait été aficionado. »

Mettez le H où il faut, rapport au bon référencement des mots-clés : MERAH.

XK : « Je pensais surtout à ce que je connais dans le sud-ouest, où divers «rituels» de mise en scène de la violence s'acclimatent plutôt bien (corrida, rugby, course landaise, et.). Un sud-ouest rural où les taux de faits de violence aux personnes sont très largement inférieurs à la moyenne nationale »

S'il y avait un quelconque rapport avec la corrida, comment expliquez-vous, cher Monsieur Klein, que, pour rester en Aquitaine, la Dordogne, département non taurin, soit moins touchée par la violence que les Pyrénées-Atlantiques ou les Landes, départements taurins (pour ne pas parler de la Gironde) ?
Comment expliquez-vous que dans le Midi-Pyrénées, le département le plus taurin, à savoir la Haute-Garonne, soit également de loin le plus violent ?
Comment expliquez-vous que dans le Languedoc-Roussillon, le Gard avec ses arènes de Nîmes dépasse le niveau national moyen de violence, et que le seul département non taurin, la Lozère, soit également de loin le moins violent ?
Comment expliquez-vous qu'en PACA, l'un des départements les plus violents de France, les Bouches-du-Rhône, soit un département taurin, et que l'un des départements les moins violents de France, les Hautes-Alpes, soit un département non taurin ?

Vous me répondrez que ce type de statistiques est finalement une ineptie ? Et vous aurez raison, cher Monsieur Klein. Un phénomène aussi complexe que la violence est multifactoriel, faisant intervenir de nombreux paramètres sociologiques, économiques, culturels, familiaux, urbanistiques, et ne peut être étudié que par des méthodes d'analyses multivariées.

XK : « Quand la violence est explicitement mise en scène sur la pelouse d'un stade de manière codifiée et régulée, elle ne s'exprime pas dans les tribunes. En général, le rugby ne connait pas de hooligans. »

La fonction anthropologique du rugby est la même que celle du foot (et des sports de ballon en général) : le recyclage de pulsions agressives issues de divers instincts (affrontement de mâles, conquête de territoires, prédation...). Les pulsions agressives y font l'objet d'une "formation de compromis", comme disent les psychanalystes, particulièrement rigoureuse, avec son cortège de proscriptions (en termes de gestes ou d'espaces).

L'importance des charges agressives mises en oeuvre autour des matchs reste parfaitement contrôlée dans le cas du rugby, alors que ce n'est pas toujours le cas dans le cas du foot. C'est une donnée sociologique qui n'a rien à voir avec la culture géographique (les supporters de l'OM n'ont rien à envier à ceux du PSG), mais avec la culture sportive. Dans un cas comme dans l'autre, rien à voir avec la corrida.

Jean-Paul Richier a dit…

XK : « A tout prendre, il vaut mieux que la pulsion meurtrière s'exprime avec des toros qu'avec des hommes...
Vous devriez être de toutes manières parfaitement satisfait qu'un aficionado assume complètement ce genre d'analyse, comme j'assume de même -vous le savez- sadisme et masochisme au sein du fait taurin.
Quand le déni s'impose dans la langue de bois taurine, vous persiflez à juste raison, et quand les choses sont assumées et reconnues, vous classez le cas dans la «connerie en secteur». Allez comprendre?
»

La connerie n'est pas de reconnaître sa part de violence (je vous en ai toujours donné acte), c'est d'attribuer à la corrida une soi-disant fonction cathartique ou sacrificielle censée contribuer à métaboliser la violence.
Sans doute certaines pratiques ritualisées avaient-elles jadis une fonction de régulation de la violence, dans les sociétés traditionnelles fermées et homogènes, et le mécanisme d'ailleurs résidait davantage dans une sorte d'efficacité symbolique, pour reprendre l'expression de Lévi-Strauss sur les pratiques médicales, que dans la violence objectivement contenue dans le rituel.
Dans nos sociétés actuelles, cette hypothèse est une pure fiction.

A moins que vous ayez la naïveté de penser qu'il y a un "stock" de violence, laquelle, si elle s'exprime sur les bestioles, ne s'exprimera pas sur les hommes, en vertu de je ne sais quel principe de vases communicants. J'ose espérer cependant que vous savez que la violence n'est pas un fonds quantifié, mais une dynamique qui, loin de s'épuiser, s'auto-entretient et même se potentialise.
Allez sinon jusqu'au bout de vos élucubrations, et posez pour une pub, à côté d'un bovin ensanglanté, avec "Grâce à la corrida, vous aussi, gérez en toute tranquillité votre capital violence !"

XK : « Ceci dit, je serais très curieux de savoir comment dans votre expérience de psychiatre, vous parvenez à traiter les individus hyper-violents. »

Deux cas de figure :

- La violence est liée à une pathologie caractérisée (notamment délirante). La réponse est médicamenteuse (la psychanalyse a ses limites).

- La violence est liée à une personnalité pathologique, en particulier s'il y a soit des traits impulsifs, soit une addiction alcoolique. Dans ce cas il s'agit plus d'une violence banale que d'une "hyper-violence". La réponse dépendra de la conscience et de la reconnaissance des troubles, et de la coopération thérapeutique. Ces personnalités sont à cheval entre le psychiatrique et le judiciaire, et la réponse à apporter n'est pas univoque, elle dépend des normes liées au pays et à l'époque.
Force est de reconnaître que les personnalités violentes sont souvent le fait de facteurs sociaux et familiaux. Un garçon (oui, de sexe masculin, c'est comme ça) qui est élevé dans une famille pauvre, analphabète, issue d'une culture différente, éventuellement monoparentale, et qui grandit dans une banlieue bétonnée où les bandes font la loi, a plus de risques de développer une personnalité chaotique qu'un fils de bourges de Paris Ouest (attention, ce n'est qu'une observation statistique, en aucun cas une règle).
Et force est de reconnaître que, par la force des choses, une des fonctions des psychiatres est de canaliser cette violence d'origine familiale, sociale ou économique, si besoin à coups de médocs.

Mais je tiens à préciser que ce qui caractérise nos patients, c'est la souffrance et non la violence. L'essentiel de leurs actes violents s'exercent envers eux-mêmes. Si les comportements ultra-violents de personnes souffrant de troubles psychiatriques font la une des médias, c'est précisément parce que c'est rare, très rare.

Et je suis toujours très virulent envers les anti-taurins qui traitent stupidement les taurins de malades mentaux.

[NB : le processus pour poster des commentaires sur votre blog est devenu assez relou]

el Chulo a dit…

Il faudra qu'il m'explique le psy de servivce ce que la corrida vient foutre avec Millan Astray. le viva la muerte? le muera la inteligencia, qu'on ne retrouve pas, curieusement dans tous les compte rendus, concernait plus la haine viscérale de ces franquistes là ( les officiers du Maroc)pour les intellectuels. Haine qui ne se démentirait jamais chez Franco, qui par ailleurs n'était absolument pas un aficionado. Allons, allons!
Amalgame habile, pseudo érudit et parfaitement pervers et malhonnête.
en tous cas j'y dénote une perte substancielle de QI chez notre éminent psy.

Xavier KLEIN a dit…

Les départements "violents" dont à propos desquels vous causez sont ceux qui comptent de grandes métropoles où la "surveillance sociale" est évidemment moindre, ce qui n'est pas le cas de la Dordogne. Mais tout à fait d'accord avec l'aspect multifactoriel.
Ceci dit, je pense que le facteur culturel joue grandement, c'est en tout cas ma perception. Par expérience, les fêtes de village en Béarn ou en Charentes donnent lieu à infiniment plus de bagarres que dans les Landes. Une ville comme Dax qui passe de 20000 à 300000 personnes très imbibées, avec un taux de violences faible (au regard du nombre) mais cependant croissant, est difficilement envisageable dans la plupart des autres régions.
Vous n'avez pas répondu à ma dernière question, pourtant très sérieuse, et qui me concerne professionnellement.

Xavier KLEIN a dit…

Les départements "violents" dont à propos desquels vous causez sont ceux qui comptent de grandes métropoles où la "surveillance sociale" est évidemment moindre, ce qui n'est pas le cas de la Dordogne. Mais tout à fait d'accord avec l'aspect multifactoriel.
Ceci dit, je pense que le facteur culturel joue grandement, c'est en tout cas ma perception. Par expérience, les fêtes de village en Béarn ou en Charentes donnent lieu à infiniment plus de bagarres que dans les Landes. Une ville comme Dax qui passe de 20000 à 300000 personnes très imbibées, avec un taux de violences faible (au regard du nombre) mais cependant croissant, est difficilement envisageable dans la plupart des autres régions.
Vous n'avez pas répondu à ma dernière question, pourtant très sérieuse, et qui me concerne professionnellement.

Xavier KLEIN a dit…

Les départements "violents" dont à propos desquels vous causez sont ceux qui comptent de grandes métropoles où la "surveillance sociale" est évidemment moindre, ce qui n'est pas le cas de la Dordogne. Mais tout à fait d'accord avec l'aspect multifactoriel.
Ceci dit, je pense que le facteur culturel joue grandement, c'est en tout cas ma perception. Par expérience, les fêtes de village en Béarn ou en Charentes donnent lieu à infiniment plus de bagarres que dans les Landes. Une ville comme Dax qui passe de 20000 à 300000 personnes très imbibées, avec un taux de violences faible (au regard du nombre) mais cependant croissant, est difficilement envisageable dans la plupart des autres régions.
Vous n'avez pas répondu à ma dernière question, pourtant très sérieuse, et qui me concerne professionnellement.

Xavier KLEIN a dit…

Les départements "violents" dont à propos desquels vous causez sont ceux qui comptent de grandes métropoles où la "surveillance sociale" est évidemment moindre, ce qui n'est pas le cas de la Dordogne. Mais tout à fait d'accord avec l'aspect multifactoriel.
Ceci dit, je pense que le facteur culturel joue grandement, c'est en tout cas ma perception. Par expérience, les fêtes de village en Béarn ou en Charentes donnent lieu à infiniment plus de bagarres que dans les Landes. Une ville comme Dax qui passe de 20000 à 300000 personnes très imbibées, avec un taux de violences faible (au regard du nombre) mais cependant croissant, est difficilement envisageable dans la plupart des autres régions.
Vous n'avez pas répondu à ma dernière question, pourtant très sérieuse, et qui me concerne professionnellement.

Jean-Paul Richier a dit…

Chulo : « Il faudra qu'il m'explique le psy de servivce ce que la corrida vient foutre avec Millan Astray. »

Il faudra qu'il m'explique, le remora de service, ce que la corrida venait foutre après La Bandera.

Jean-Paul Richier a dit…

XK : « Une ville comme Dax qui passe de 20000 à 300000 personnes très imbibées, avec un taux de violences faible (au regard du nombre) mais cependant croissant, est difficilement envisageable dans la plupart des autres régions. »

Parce que vous pensez que les 800 000 gus qui débarquent à la féria de Dax viennent tous des Landes ? De toute façon, comme vous le remarquez, le taux de violence est croissant au point d'être devenu l'une des premières préoccupations de la municipalité concernant la féria. Et en tout cas tout ça n'a rien à voir avec notre sujet, la corrida.

XK : « Vous n'avez pas répondu à ma dernière question, pourtant très sérieuse, et qui me concerne professionnellement. »

Soit vous n'avez pas bien compris ma réponse, soit je n'ai pas bien compris votre question.

A propos d'ultra-violence (non psychiatrique), l'affaire des 4 jeunes de 15 à 17 ans qui ont tué par balles et brûlé le corps d'un de leurs "camarades" attiré dans un guet-apens, pour s'assurer son silence, est particulièrement inquiétante. Un procédé typiquement maffieux, de la part de jeunes sans antécédents judiciaires caractérisés. De braves Normands de souche, même pas "issus de l'immigration".

el Chulo a dit…

très cher jean paul, la bandera, je n'en ai vraiment rien à faire, pour être poli.
ce qui me gonfle, si j'ose dire, c'est cette obstination à associer toros et dans le cas précis à fascisme, en parlant de franquisme.
sachant que de plus, le franquisme est un objet politique volant non identifié, un peu comme le sarkozisme dont le seul but est de diriger le pays.
de plus nous verrons bientôt en france et sous sarkozy les syndicats verticaux, pure phalange.