Humeurs taurines et éclectiques

jeudi 9 décembre 2010

La colonisation à venir

Indiens de Floride chassant le crocodile.
Observez les caractéristiques de la pique floridienne!
Que faisaient les "zantis"?

En regardant hier un reportage durant le journal de France 2, j’appris incidemment que les prospectives démographiques de l’INSEE à l’horizon 2050 prévoyaient d’une part une augmentation de la population nationale de 62,7 millions à 73 millions (ce qui va à rebours de la plupart des pays européens qui diminueront…); d’autre part, d’un déplacement de la population vers l’ouest.
On eût l’excellente idée d’interwiever Pierre BONTE, l’ex-complice de Jacques MARTIN, dont on ne sait pas assez, qu’il n’est pas qu’un aimable et courtois chantre des terroirs, mais que passé par Sciences Po et l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, il est expert es démographie.
Très intelligemment il notait que ce mouvement de fond, enclenché depuis une décade par ce qu’on a appelé la «ruée vers le soleil», n’allait pas s’effectuer sans problèmes.
Problèmes d’infrastructures et d’équipements certes, mais surtout problèmes de cohabitation entre autochtones et migrants.
Le dossier était opportunément illustré par un reportage sur le BAB (Bayonne-Anglet-Biarritz pour les ignares, le BAB de MAM pour les analphabètes) qui connaît un développement tel que l’on assiste à l’émergence d’une conurbation depuis la frontière jusqu’à Dax.
Les difficultés apparaissent déjà. Le prix du foncier explose, sous la pression conjuguée des espagnols qui traversent la frontière pour s’installer en France (mais continuent à travailler en Espagne) et l’afflux des retraités, parisiens entre autres.
En 1980, j’ai travaillé sur les bourgades littorales landaises et notamment sur Vieux Boucau-Port d’Albret, qui en dehors de sa célébrité locale, se voyait envahie par par une colonie d’origine germanique.
Les terrains, les villégiatures étaient rachetés comme résidence secondaire par des ménages d’Europe septentrionale, par le truchement d’agences spécialisées.
C’est également le cas de zones rurales telles que le «Deep Béarn» où je travaille: 10% des élèves sont de nationalité britannique.
Cet état de fait entraîne des problèmes de fond.
Quand la population exogène atteint une proportion critique, elle commence à peser sur les politiques locales, surtout quand elle provient d’Europe du Nord où les ressortissants veulent –et c’est bien normal- assumer leur pleine citoyenneté (les ressortissants de l’Union Européenne votent et peuvent être élus aux suffrages locaux).
Ainsi, dés dans les années 80, les communes littorales subissaient la pression d’un électorat exogène qui réclamait que les investissements se portassent sur leurs centres d’intérêt: on privilégiait l'aménagement de la bourgade centre au détriment de l’entretien des chemins vicinaux, l’activité agricole traditionnelle n’ayant plus le poids électoral pour défendre ses intérêts propres.
*
Cette dérive, avec notamment un afflux de retraités, transforme nos contrées en nouvelle Floride, modifiant profondément les équilibres internes et la culture locale. On voit ce que cela a pu donner sur la Costa del Sol ou aux Baléares, où l’on parle parfois plus anglais, néerlandais ou allemand qu’espagnol.
En fait, cela pose le problème de l’immigration. Non plus d’une immigration économique de travailleurs pauvres du 1/3 monde ou de l’Europe défavorisée, mais d’une immigration de cadres et de retraités le plus souvent "éduqués" et politiquement actifs.
Personnellement, ce défi de l’immigration et de «l’incorporation» des arrivants m’a toujours à la fois passionné et … préoccupé. La question se résumant à l’interrogation (très résumée) suivante: «Comment PLEINEMENT accueillir l’Autre, lui faire une place, accepter son altérité, sans «perdre son âme?». La solution, n’est nullement évidente, et ce ne sont pas les propositions ou assertions simplistes (Front National, U.M.P.) ou la politique de l’autruche (Gauche) qui permettront d’avancer.
C’est de poser sereinement la question, en mettant TOUT sur la table, y compris les peurs, phobies et fantasmes, mais en éclairant le débat par le cœur, la raison et la mobilisation des valeurs philosophiques humanistes que nous affichons aux frontons de nos prétoires.
*
Et la tauromachie dans tout cela?
Comme dans moult autres domaines, elle constitue une pierre de touche de l’état de notre société.
Alors que jadis les populations autochtones s’accommodaient parfaitement du fait taurin qui faisait partie intégrante de l’identité locale (qu’elles y adhèrent ou non!), certains nouveaux venus prétendent s’y opposer et l'interdire.
Ainsi me suis-je trouvé confronté sur le marché, à deux énergumènes à l’accent pointu, qui militaient pêle-mêle contre le gavage des canards, la chasse et la corrida, avec pétitions et affiches à l’appui.
Ces gens m’ont pris à partie, en tant qu’élu, alléguant du fait qu’ils payaient des impôts et votaient à Orthez, ce qui évidemment leur confère le droit d’y tout bouleverser. Je leur ai répondu qu’il fallait se satisfaire qu’ils ne fussent pas musulmans intégristes pour prétendre nous imposer la charia, ou «teapartistes» pour nous réduire à l’ordre moral US.
Cela va encore plus loin, tel ce ménage fraîchement débarqué de Strasbourg qui s'est mis en tête d'aller voir le maire-délégué pour mettre un terme aux activités néfastes des cloches de l'église qui égrennent les heures, puis voulurent intenter un procès à mon voisin agriculteur parce que le chant de son coq le réveillait matin. Ces braves gens très revendicatifs s'étonnent que plus personne ne veuillent leur parler. Bizarre en effet! L'indigène est ,on le sait, bourru et mal embouché.
Je suis un homme simple, grand voyageur, et mon éducation m’a toujours porté à penser qu’«à Rome, il convient de faire comme les romains», et qu’il n’est rien de plus vulgaire et insupportable que ces visiteurs étrangers arrogants qui se permettent de toiser et de porter jugement sur les us et coutume des gens qui ont la courtoisie de les accueillir.
En 1970, j’ai pérégriné en Afghanistan. Quoique j'en pense, il ne me serait pas venu à l’idée de critiquer l’hôte qui m’accueillait royalement à sa table en critiquant le fait que ses femmes portaient la burka. De même, lorsqu’il m’a rendu visite, il ne se serait pas permis de critiquer le fait que la mienne ne la porte pas. Cela ne nous a nullement empêché d’avoir chacun, une idée sur la question…
*
Dans les villages et petites villes, les sociétés ont suffisamment d’anti-corps pour résister à de tels virus, avec le risque, que s’y développent la xénophobie ou le rejet de «l’étranger». Ce n’a pas été le cas des grandes agglomérations telles que Bordeaux ou Toulouse où la tauromachie a disparu noyée par le brassage et le métissage culturel.
Accepter et accueillir l’Autre, ne peut et ne doit nullement signifier le renoncement à soi même, à ses valeurs, à sa culture, comme il ne s’agit pas de lui demander de renoncer à lui même, à ses valeurs et à sa culture.
Mais c’est à l’Autre de s’adapter et de se conformer à un environnement qu’il ne saurait prétendre bouleverser.
Il ne sert à rien de refaire l’histoire, mais je déplore les dégâts et ravages du colonialisme, la destruction ou la perversion de cultures et civilisations riches et variées au nom des valeurs, soit-disant universelles des colonisateurs.
Il n’est donc pas question de se laisser coloniser par un «bien penser» anglo-saxon ou nordiste. C’est tout l’enjeu des années à venir et de la mutation à gérer, si les prévisions de l’INSEE s’avèrent.
Ô bons apôtres, laissez-nous à notre barbarie, et identifiez la vôtre. On est toujours le barbare de quelqu'un.
Xavier KLEIN

Barbare landais vêtu de peaux de bêtes.

*

17 commentaires:

el chulo a dit…

Formidable réflexion, ami Xavier.

Ce sont toujours les mouvements migratoires soit internes, (migration des provinces rurales vers les centres industrialisés ou en cours d'indistrualisation) soit externes (exogènes) qui ont créé les transformations sociales les plus profondes et souvent violentes.

Ceci se faisant aussi par de profondes évolutions des comportements ou d'usages, pas toujours forcément néfastes, lorsque le meilleur est pris dans chacune des deux cultures.

Ce qui pose le plus problème c'est la rythme de ces mutations lorsqu'il ne laisse pas le temps aux cultures de s'inter-pénétrer ou que c'est la seule loi du pognon et de l'offre et de la demande qui définit les positions dominantes, pour effectivement déboucher sur un processus de type colonial.

C.Crépin a dit…

Comme tu le dis toi-même, ami Xavier, "Quand la population exogène atteint une proportion critique, elle commence à peser sur les politiques locales" mais je retirerais de ton propos : " surtout quand elle provient d’Europe du Nord où les ressortissants veulent –et c’est bien normal- assumer leur pleine citoyenneté". A l'évidence, il en va ainsi de toutes les populations migrantes. Et quand cette proportion critique est atteinte, il arrive qu'elle ne révèle pas seulement la difficulté de "l"incorporation", mais bien aussi d'un refus d'intégration assorti de comportement ou d'exigences qui, pour les natifs locaux peut être une véritable source de traumatisme dont personne ne se soucie. Et il en va effectivement de même pour la tauromachie. Faut-il alors imposer des règles à l'immigration et un droit inaliénable des cultures et traditions locales ? Je pense que oui, même si cela suppose une doctrine qui transgresse certaines règles républicaines généreuses et utopiques .

C.Crépin a dit…

Comme tu le dis toi-même, ami Xavier, "Quand la population exogène atteint une proportion critique, elle commence à peser sur les politiques locales" mais je retirerais de ton propos : " surtout quand elle provient d’Europe du Nord où les ressortissants veulent –et c’est bien normal- assumer leur pleine citoyenneté". A l'évidence, il en va ainsi de toutes les populations migrantes. Et quand cette proportion critique est atteinte, il arrive qu'elle ne révèle pas seulement la difficulté de "l"incorporation", mais bien aussi d'un refus d'intégration assorti de comportement ou d'exigences qui, pour les natifs locaux peut être une véritable source de traumatisme dont personne ne se soucie. Et il en va effectivement de même pour la tauromachie. Faut-il alors imposer des règles à l'immigration et un droit inaliénable des cultures et traditions locales ? Je pense que oui, même si cela suppose une doctrine qui transgresse certaines règles républicaines généreuses et utopiques .

Xavier KLEIN a dit…

Par, «surtout quand elle provient d’Europe du Nord où les ressortissants veulent –et c’est bien normal- assumer leur pleine citoyenneté» je veux signifier que les ressortissants que j'évoque s'impliquent directement, soit en intervenant auprès des élus, soit en militant, soit en se présentant aux suffrages.
A mon sens -et ce n'est qu'une opinion- j'émets l'hypothèse que le problème que tu évoques provient d'un DEFICIT d'implication des migrants d'origine «tiers-mondiste» pendant des années pour un certain nombre de raisons, surtout culturelles.
Les émigrés maghrébins de la «première génération» des années 60 fermaient leurs gueules. Ne serait-ce que parce qu'ils n'envisageaient pas de rester, mais aussi parce que le système colonial qui les considérait comme des citoyens de deuxième zone (ou même pas citoyens du tout...) le leur avait appris, et qu'en sus, la LOI NE LE PERMETTAIT PAS. A cette époque, beaucoup, surtout ceux qui envisageaient un destin français voulaient s'intégrer, ce qui advint (tardivement hélas) avec les harkis.
Ils n'ont pu et n'ont su participer à une transition progressive et paisible, ils n'ont pas été associés à la résolution des problèmes.
L'impossibilité de facto de l'intégration est pour moi à l'origine du repli, voire du refus actuel. En gros, se vivant rejetés (à tort ou à raison), ils en ont pris acte.
Tu le sais, Charles, j'essaie de ne pas porter de regard manichéen sur les phénomènes humains: un conflit, quel qu'il soit, requiert 2 protagonistes dont chacun peu ou prou porte une part de responsabilité.
J'ai pu constater par exemple à Mourenx où j'ai vécu et travaillé, qu'un ghetto se construit à deux: refus d'intégrer ET refus de s'intégrer.
Évidemment, après des décades d'immobilisme et de pourrissement, les solutions deviennent complexes et les positions figées.
Une tradition politique bien française que de ne régler les problèmes qu'à la dernière extrémité et dans la crise.

Anonyme a dit…

La fin des corridas à Bordeaux (Floirac) n'a dérangé qu'une partie de l'aficion bordelaise alors que l'interdiction en Catalogne, qui ne prendra effet qu'en 2012, dérange toute l'aficion du sud-ouest.
D'un coté une mort par abandon, de l'autre une mort calculée.

Jean-Paul a dit…

XK : « Et la tauromachie dans tout cela? »

Ah, je me disais aussi...

XK : « Alors que jadis les populations autochtones s’accommodaient parfaitement du fait taurin qui faisait partie intégrante de l’identité locale (qu’elles y adhèrent ou non!), certains nouveaux venus prétendent s’y opposer et l'interdire.
...
Ces gens m’ont pris à partie, en tant qu’élu, alléguant du fait qu’ils payaient des impôts et votaient à Orthez, ce qui évidemment leur confère le droit d’y tout bouleverser.
»

Il me semble que, dès lors qu'on paie des impôts et des taxes, la moindre des choses est de pouvoir s'exprimer quant à l'usage qu'il en est fait.
A moins que votre conception de la démocratie soit "Paie et tais-toi".
Au fait, combien coûte à la municipalité d'Orthez l'organisation des spectacles taurins ?

XK : « Cela va encore plus loin, tel ce ménage fraîchement débarqué de Strasbourg qui s'est mis en tête d'aller voir le maire-délégué pour mettre un terme aux activités néfastes des cloches de l'église qui égrennent les heures »

Force est de reconnaître que les cloches font chier. Autant les églises font incontestablement partie de l'espace visuel français, autant une laïcité bien comprise doit leur imposer de ne pas envahir l'espace sonore, tout comme pour les muezzins. Fut un temps où dans ma Bretagne natale je fréquentais une copine qui demeurait tout contre une église. On y était réveillé le dimanche dès potron-minet par un fracas de cloches. J'aurais habité là qu'une pétition n'aurait pas tardé.

XK : « Mais c’est à l’Autre de s’adapter et de se conformer à un environnement qu’il ne saurait prétendre bouleverser.
...
Il n’est donc pas question de se laisser coloniser par un «bien penser» anglo-saxon ou nordiste.
»

Vous me faites rigoler, avec votre vision étriquée d'une identité locale éternelle et intouchable.

Si vous voulez bien reviser l'histoire de l'humanité, depuis les cités mésopotamiennes, vous vous apercevrez que les coutumes, les mentalités, les pratiques culturelles ou les techniques ont été sans cesse remaniées par les flux humains, qu'il s'agisse des intrusions guerrières ou des colonisations, mais également des échanges marchands, des voyages, des populations importées de prisonniers ou d'esclaves, ou encore des populations immigrées par force ou par choix. Sans parler du jeu des alliances entre membres des castes régnantes.

Et je ne peux rien pour vous si vous ne voyez pas la double contradiction entre se réclamer, au nom de l'identité béarnaise, d'une pratique importée d'Espagne, et refuser la remise en cause de cette pratique par des barbares "à l'accent pointu", ou, horresco referens, des barbares anglosaxons ou germano-néerlandais.
D'ailleurs, corrigez-moi si je me trompe, la tauromachie espagnole à Orthez est loin d'être une tradition multiséculaire, elle doit avoir à peu près votre âge ?

Ceci dit, j'entends qu'on puisse résister contre la dilution des identités locales et des pratiques coutumières dans la néoculture mondialisée. Mais il s'agit là d'une réflexion sérieuse. Les causes de cette dilution sont plurielles (urbanisation à marche forcée, industrialisation de la production des biens et colonisation du marché par les groupes les plus puissants, massification de la circulation des personnes, des biens, et de l'information...). Sa réalité est malaisée à évaluer, car presqu'aucune société n'est restée immobile. Et surtout, ses conséquences sont difficiles à analyser, car on ne peut nier que cela comporte à la fois des aspects positifs (par exemple sur le droit des hommes, des femmes, des enfants ou des bestioles) et des aspects regrettables (par exemple sur le sentiment d'identité collective, part fondamentale du sentiment de soi, ou sur la qualité de vie, ou tout simplement sur la diversité du monde,qui peuple les rêves de chacun).

Xavier KLEIN a dit…

Tout à fait d'accord, un citoyen a tout à fait ces droits. J'ai également celui de l'envoyer promener, étant d'une opinion différente, et étant élu pour la mettre en oeuvre. De même celui de lui faire remarquer que si tellement de choses le contrarient dans nos contrées et dans nos coutumes, personne ne l'a obligé à venir s'y installer.
Si vous voulez savoir ce que cela coute à la municipalité d'Orthez, il vous suffit de vous déplacer à la Mairie, premier étage, service financier, où l'on informe tout habitant d'Orthez du budget et de l'utilisation qui est faite de ses impôts. Il vous faudra également y habiter pour en payer. Justement, nous manquons de psys dans la France profonde et arriérée.

En ce qui concerne les cloches, je vous rappelle que la laïcité bien comprise, au moins sur une partie du territoire national (moins les départements concordataires, les Comores et Wallis et Futuna: zut encore une exception inadmissible à la loi, comme la corrida!) ne signifie en rien la négation du religieux, mais la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Sans doute faudrait-il empêcher de chanter des cantiques, la procession de la Fête Dieu, ou les troménies en Bretagne? Et chez nous, les agriculteurs qui labourent, moissonnent ou vendangent de nuit. Et les cabots qui hurlent, les chouettes qui hululent, les palombes qui roucoulent, les moutons...! La vie quoi! Vous allez aussi leur adresser des pétitions!
Pétitions! Pétitions! Décidément, c'est une obsession chez vous de vouloir interdire ce qui ne vous plait pas.

Je n'ai pas une vision étriquée d'une identité locale éternelle et intouchable, loin de là! Je pose la question de préserver cette dernière et de la faire évoluer harmonieusement. Rien n'est immuable. Mais sûrement pas sous la pression de concepts qui nous sont imposés d'ailleurs.
Ainsi, j'ai été en première ligne pour que les citoyens musulmans de Mourenx (20kms d'Orthez) puissent jouir d'un lieu de prière décent, comme je défends le droit de nos jeunes à profiter de concerts de musiques qui leur plaisent (même si le rap ou la techno ne sont pas ma tasse de thé). Je défends le droit pour tous, d'accéder à tout moyen culturel qui lui convienne, y compris la corrida.
Quant à la tauromachie, on courrait des taureaux de par les rues d'Orthez depuis le Moyen-Age, la tauromachie «à l'espagnole» s'y est implantée progressivement à compter du XIXème, comme se sont implantés le golf à Salies, le basket, le foot, le rugby, l'eau courante, l'électricité, et même la démocratie à partir de 1870. Et si vous connaissiez un peu l'histoire taurine, vous sauriez que la corrida «à l'espagnole» est née d'un prince français, a de tout temps été influencée par la France, y compris pour le traje de luces qui est à l'origine un habit à la française.
Vous sauriez également que les frontières n'existaient pas entre les vallées pyrénéennes et espagnoles, unies entre elles par des juntas et des fors (fueros en espagnol), et qu'il était souvent de coutume d'aller chercher épouse chez les voisins.
Les ganaderos DOMECQ, LAMAMIE DE CLAIRAC, SANTA COLOMA sont issus de familles béarnaises, comme le Roi d'Espagne d'ailleurs, un Bourbon descendant d'Henri IV, roi de Navarre. Sans parler de tout l'héritage navarrais et basque.
Evidemment pour accéder à tout cela, il vaut mieux s'y intéresser que de vouloir l'interdire, ou...pétitionner.

Jean-Paul Richier a dit…

XK : « Justement, nous manquons de psys dans la France profonde et arriérée. »

Méfiez-vous, ce sont de plus en plus les médecins étrangers qui "bouchent les trous" des secteurs hospitaliers difficiles ou des zones géographiques délaissées.
Mais les P.A. restent un département où la démographie médicale est supérieure à la moyenne, même si la présence médicale est surtout concentrée sur la côte et autour de Pau. L'attrait du soleil et de la mer...

XK : « En ce qui concerne les cloches, je vous rappelle que la laïcité bien comprise, au moins sur une partie du territoire national (moins les départements concordataires, les Comores et Wallis et Futuna: zut encore une exception inadmissible à la loi, comme la corrida! »

Tout à fait ! D'ailleurs le régime concordataire va bien finir par faire l'objet d'une question prioritaire de constitutionnalité, procédure entrée en vigueur depuis mars dernier suite à la réforme constitutionnelle de juillet 2008.

XK : « Sans doute faudrait-il empêcher de chanter des cantiques, la procession de la Fête Dieu, ou les troménies en Bretagne? »

Les processions liturgiques, dès lors qu'elles se déroulent dans l'espace public, posent effectivement un problème de principe, parfois un problème pratique lorsqu'elles gênent les déplacements des citoyens. Comme c'est le cas des prières du vendredi rue Myrha, à Paris dans le 18ème, autour de la mosquée.
Mais les processions catholiques sont à bien des égards devenues des manifestations folkloriques qui entretiennent le tourisme et le commerce.

XK : « Et les cabots qui hurlent, les chouettes qui hululent, les palombes qui roucoulent, les moutons...! La vie quoi! Vous allez aussi leur adresser des pétitions! »

On peut éviter les muezzins en évitant les pays musulmans, mais les concerts de clebs ou autres coqs qui cocoriquent à toute heure de la nuit sont un grand classique dès qu'on voyage. Peut-être dans certaines zones de la France rurale, mais surtout dans les pays dits en développement de tous les continents. Quand on n'a pas l'habitude, il est aussi important de penser à emmener ses boules Quiès que son passeport et sa CB. Comme vous dites, c'est la vie.

XK : « Pétitions! Pétitions! Décidément, c'est une obsession chez vous de vouloir interdire ce qui ne vous plait pas. »

Je ne suis pas un fanatique de la pétition, c'est un procédé qui n'est pas dénué d'effets pervers. Mais la pétition est l'arme du pauvre, une sorte d'expression de la démocratie participative. L'arme du citoyen qui n'a pas l'entregent nécessaire pour exercer du lobbying auprès des cercles de pouvoir hexagonaux (exécutifs, législatifs, territoriaux, judiciaires et médiatiques), ni l'argent nécessaire pour entretenir des sociétés de lobbying et de communication, ou organiser des colloques, des journées, des soirées, des expos...
Mais rassurez-vous : vu l'inflation démesurée de pétitions à laquelle à donné lieu Internet, elles n'ont plus guère de valeur.

Jean-Paul Richier a dit…

XK : « Quant à la tauromachie, on courrait des taureaux de par les rues d'Orthez depuis le Moyen-Age, la tauromachie «à l'espagnole» s'y est implantée progressivement à compter du XIXème »

Elle ne s'est pas implantée par l'opération du Saint-Esprit, mais par l'opération de Saint-Esprit, sans vouloir faire de mot d'esprit.

XK : « Et si vous connaissiez un peu l'histoire taurine, vous sauriez que la corrida «à l'espagnole» est née d'un prince français »

Aha ? Vous allez nous préciser ça, n'est ce pas ?

XK : « a de tout temps été influencée par la France, y compris pour le traje de luces qui est à l'origine un habit à la française. »

Calembredaines. On doit le déguisement des toréadors aux Andalous Rodríguez ("Costillares") dans la seconde partie du XVIIIe, puis Montes ("Paquiro") dans la première partie du XIXe, même si le Figaro de Beaumarchais aurait contribué à l'inspirer, et même si le Carmen de Bizet a contribué à le populariser.

XK : « Vous sauriez également que les frontières n'existaient pas entre les vallées pyrénéennes et espagnoles, unies entre elles par des juntas et des fors (fueros en espagnol), et qu'il était souvent de coutume d'aller chercher épouse chez les voisins. »

Vi vi, n'oubliez pas les lies et passeries. Il s'agit d'ailleurs de droits locaux tout à fait intéressants, ancrés dans la géographie, pour ne pas dire dans l'écologie.

XK : « Les ganaderos DOMECQ, LAMAMIE DE CLAIRAC, SANTA COLOMA sont issus de familles béarnaises, comme le Roi d'Espagne d'ailleurs, un Bourbon descendant d'Henri IV, roi de Navarre. Sans parler de tout l'héritage navarrais et basque.
Evidemment pour accéder à tout cela, il vaut mieux s'y intéresser que de vouloir l'interdire, ou...pétitionner.
»

Figurez-vous que je pensais entre autres aux tauromachies, lorsque je faisais référence à l'influence du "jeu des alliances entre membres des castes régnantes" sur les coutumes et les pratiques.
Mais cher Monsieur, si vous voulez faire parler l'Histoire, n'oubliez pas les liens de la France avec l'Europe germanique, les Habsbourg et toutes ces sortes de choses. Maintenant, libre à vous de ne vouloir laisser la parole qu'aux Ibères. Mais méfiez-vous, de plus en plus d'Ibères sont opposés à la corrida. Tout fout le camp, mon pauvre Monsieur...

Xavier KLEIN a dit…

Encore une fois vous me caricaturez. Mais vous aimez cela. Les «étrangers» ne me dérangent aucunement, au contraire, tant qu'ils respectent la société qui les accueille, je ne dis pas autre chose. Toutefois vos sous-entendus sont offensants, je ne suis nullement xénophobe.
Allez bientôt plus de cloche, ni de processions! Le compromis, le consensus vous sont étrangers, vous êtes un bel héritier de Saint Just et de Robespierre, qui étaient comme vous aussi intelligents que fanatiques, au nom de la ...raison.
On y arrivera à votre meilleur des mondes désinfecté.
Mais des gens comme moi n'auront plus rien à y faire, et Dieu me garde de connaître votre Eden.
Vous resterez entre vous, un monde peuplé de gens parfaits, de milliers de J.P. RICHIER parfaitement convenables, propres sur eux, intérieur, extérieur, parfaitement rationnels, équilibrés, non fumeurs, hygiénistes, CON-VE-NA-BLES.
Le jour où la corrida ne sera plus (mais derrière la corrida il y a la chasse, le gavage, les zoos, les ..., les …, les …, enfin tout ce qui ne vous convient pas) cela fera une raison de plus que je n'y sois plus, et sans regrets!
Ca fera cher la victoire n'est-ce pas? Votre acharnement me semble procéder d'un projet de mort de l'Autre qui vous gêne et vous contredit. Et ce n'est pas un argument pour vous blesser, mais ce que je ressens intuitivement de vous.
A quoi sert de discuter? Vous déniez systématiquement tout.
Un exemple? Je vous parle de l'influence de la France sur l'Espagne, de Philippe V qui interdit à sa cour de se mêler des jeux d'arènes, ce qui permit à la tauromachie à pied d'émerger, et vous me demandez de vous informer de tout ce qui constitue une CULTURE.
Vous avancez des choses sur des sujets que vous ne connaissez pas: lisez tous les tomes du Cossio et vous connaitrez par le menu l'histoire du traje de luces.
Allez, je vous aide: les gravures de Goya de la Tauromaquia exécutées en 1815, soit 15 ans après la mort de Costillares, ne présentent nullement le traje de luces (qu'il a commencé à fixer). Pas plus que les portraits existants des toreros de l'époque. C'est l'influence française sur les élites espagnoles «afrancesadas», alors que la France était l'arbitre des élégances, qui pèse sur les goûts de la société espagnole. C'est Francisco Montes PAQUIRO qui fixe le costume dans les années 1830. Un costume dit «à la française» (bas, culottes, gilet, cravate) qui est ensuite approprié et adopté par les espagnols à partir des représentations qu'ils se faisaient de l'élégance française qui usait et abusait de galons et de dorures sous l'Ancien Régime.
Mais à quoi sert-il de vous parler de ce «déguisement» (on croirait un missionnaire qui rencontre un aztèque!)?
Pour le reste, vous me lassez, je cesserai donc là, ayant mieux à faire.

el chulo a dit…

oufffffffffffff!

Philippe Marchi a dit…

Messieurs Klein et Richier,

Vous allez me faire le plaisir de vous rabibocher, et vite ! Vos dialogues courtois jusqu'à il y a peu, en plus d'être fort intéressants et instructifs, prennent ces temps-ci une tournure qui ne me plaît guère...

Bien cordialement à vous deux,
Philippe

NB : pour les cloches je ne me prononcerai pas, mais j'en connais un — à Salies — qui ficherait bien en l'air la sirène des pompiers ;-)

Jean-Paul Richier a dit…

XK : « Toutefois vos sous-entendus sont offensants, je ne suis nullement xénophobe. »

Arrêtez de me jouer la dignité outragée pour un oui ou pour un non, personne ne vous accuse de xénophobie.

XK : « Allez bientôt plus de cloche, ni de processions! Le compromis, le consensus vous sont étrangers »

On connaît le sens du compromis et du consensus de notre Sainte Mère l'Église quand elle est en position de force, alors épargnez-moi aussi ce genre de jérémiades.

XK : « vous êtes un bel héritier de Saint Just et de Robespierre
...
Votre acharnement me semble procéder d'un projet de mort de l'Autre qui vous gêne et vous contredit.
»

La pirouette rhétorique consistant à attaquer le contradicteur quand on ne sait pas quoi lui répondre est décidément un des points communs incontournables des taurins.

Ne vous donnez pas tant de peine, ma FAQ à l'usage des aficionados reste à votre disposition :
II – 1 – d : Qu'est-ce qu'un anti-corrida ? Un ayatollah dogmatique, un taliban inapte au dialogue, un extrémiste agressif, un intégriste intolérant, un terroriste intellectuel.
II – 3 – b : Ils haïssent fondamentalement l'homme et tout ce que fait l'homme, ils méprisent la civilisation, la culture, les traditions.


XK : « A quoi sert de discuter? »

J'ai bien compris que vous n'appréciez de discuter qu'avec ceux qui sont d'accord avec vous. C'est plus reposant, je vous l'accorde.
IV – 1 a : Comment ne pas répondre à un anti-corrida qui vous parle gentiment ? Je ne lui réponds pas, un point c'est tout, ça ne m'intéresse pas d'alimenter des bla-bla stériles, de toute façon il y connaît rien et il y comprend rien.

XK : « Je vous parle de l'influence de la France sur l'Espagne, de Philippe V qui interdit à sa cour de se mêler des jeux d'arènes, ce qui permit à la tauromachie à pied d'émerger »

Ah, c'est parce que Philippe V n'appréciait pas la tauromachie que vous claironnez que la corrida espagnole est née d'un prince français ! Les nobles à dada se sont retirés, et le petit peuple est entré à pied dans les arènes par un simple effet de vase communiquant, bien sûr...

XK : « Vous avancez des choses sur des sujets que vous ne connaissez pas: lisez tous les tomes du Cossio et vous connaitrez par le menu l'histoire du traje de luces. »

Parce que vous avez lu les 12 tomes du Cossio en VO ? Il est vrai que vous êtes amateur de Textes Sacrés.

XK : « Un costume dit «à la française» (bas, culottes, gilet, cravate) qui est ensuite approprié et adopté par les espagnols »

Les étoffes précieuses et les broderies d'argent, d'or et de pierres sont plutôt empruntées à la noblesse espagnole et aux Vierges andalouses.
Mais surtout, savez-vous que d'après des auteurs comme Jacques Maigne (co-auteur de "L'habit de lumière, voyage en tauromachie", 1985), Paquiro a repris les codes des majos de Madrid : culottes serrées, ceintures d'étoffe, gilets courts chargé de broderies, chevelure tenue par un filet... Je ne vous apprendrai pas que les majos ont été l'un des symboles de la résistance à Napoléon, à l'influence française, et aux afrancesados. Et de fait Goya les a volontiers représentés. Alors vos leçons d'histoire vestimentaire...

XK : « Pour le reste, vous me lassez, je cesserai donc là, ayant mieux à faire. »

J'ai remarqué de longue date que la contradiction vous lasse très vite. Je vous laisse avec vos amis.
Et puisque vous ne trouvez jamais de contradicteur à votre niveau, faites enfiler un tee-shirt "Non à la corrida" à l'un de vos compadres, vous aurez enfin l'interlocuteur de vos rêves.
Bonjour chez vous.

oeil de Caïn a dit…

Oui, le barbare est en chacun, mais ce qui fait la différence c'est que certains ont interiorisé suffisamment le sens moral pour lutter contre, tandis que d'autres élèvent leur monstruosité à la dignité d'un des beaux arts.
en afrique du sud, 40 hommes contre 1 taureau tout seul: encore plus "couillu" que nos toreros qui s'y mettent à 6. Ils appellent ça du courage, là bas aussi ...Et, curieusement, ça se passe pendant une cérémonie au doux nom de "cérémonie des fruits"
Contre l'horreur du toro zulu, écrivez vite là. En fait, la lettre est faite, y a plus qu' à passer 5 secondes à signer.:
http://www.unleashed.org.au/take_action/south-african-bull-killing/

faites passer, merci.
extrait :


"Plus de 40 minutes d'agonie, le taureau sans défense a sa langue tirée et arrachée , les yeux crevés, ses organes génitaux tordus et liée à un nœud, le sable poussé dans sa gorge et sa tête est arraché péniblement autour par les cornes dans un effort pour briser son cou. Les 40 hommes alors le pietinent et donnent des coups de pieds au taureau agonisant jusqu'à ce qu'il soit mort.
Cette mort violente choquante est tout sauf simple, et il est difficile d'imaginer la terreur le taureau serait sentiment au cours de la longue agonie sous cette torture."
Ici on a les aficionados des corridas hideuses que l'on sait. Là-bas, ils ont d'autres marteaux. Mais l'esprit sadique est le même. Et l'alibi de la tradition identique.
Sauvages de tous les pays, " p'unissez" vous.
Et foutez nous la paix!
Dans le "nous", je mets les animaux que vous martyrisez en nous broyant le coeur.
Je mets aussi le NOUS grec, l'être que vous attaquez et que vous massacrez sous divers pretextes mystico-débiles. N'est-ce pas messieurs les prétentieux KLein , Wolff, mme Roudinesco, M.Soller et tant de barbares déguisés en sommets de la culture pouet pouet ?
c'est sur mon blog

ali lodelpiton a dit…

oui, je suis d'accord avec phil Marchi, revenez donc à plus de dialogues pralinés, djonpol et xavier."je cesserai donc là " et "je vous laisse avec vos amis" est un peu court et navrant, ne trouvez-vous pas ? reprenez calme et force. revigorez-moi ces arguments, ces passe d'armes, ces escarmouches. c'est mille fois plus délicieux que trente tonnes d'éditos lourdingues de la chandelle boucalaise.
ah, oui, au fait, djonpol, pourrie-vous aimablement , féru d'Histoire que vous êtes, expliquer à l'oeil de caîn que les "barbares" ne sont pas forcément à associer à des vocables emphatiques tels que monstruosité, horreur et débile. cette vision spécieuse a un peu évolué depuis Les belles histoires de l'Oncle Paul ( celui du journal spirou dont cain ne s'est semble-t-il pas désabonné ).

ali lodelpiton

Ben Ticinco a dit…

dis donc m'sieur Richier, tu dois connaître Mosterin ? si oui, attends deus secondes, si non prends le temps de passer chez wiki...
bon, alors ton défenseur des taureaux ( ce type n'y connait pas lgrand chose comme toi mais il pérore et édite, tu vois tu peux encore fairte mieux que nous les briser ici )il a des fonctions éditoriales importantes che zhachette. tu vois ? hachette,mais si un effort...oiui, c'est ça ,hachette, lagardère, matra, le marchand d'armes quoi...
elle est pas jolie la ligue des défenseurs des zanimos.les zentilzantils.
tu vas l'acheter son bouquin ? bling, bling, bling et un canon pour dubaï...merci qui ? merci m'sieur Richier.

Ben Ticinco

Unknown a dit…

le barbare landais......... pas que des peaux de bêtes... souvent des peaux de bettes