2 juin 2014. Intronisation de Philippe V. Puerta del Sol (enfin, je crois... à moins que ce ne fût Plaza Mayor) |
Ecrire,
quoi de moins naturel ? Quoi de plus difficile à part le bilboquet et les puces
picardes ?
C’est
devenu pour moi une tache herculéenne qui requiert dix fois plus de temps et
surtout d’efforts qu’à l’antan. J’en souffre et ne puis me résoudre à ne pouvoir y
remédier. Pardon mille fois, amis lecteurs et surtout amis tout court qui me
sollicitez et m’encouragez à reprendre la plume.
Pourtant,
que de sentiments à exprimer, que d’idées à débattre, que d’événements à
rapporter, que d’analyses à entreprendre !
Evoquer
mes très chers amis lillois, les dernières visites en tierra campera, les conversations avec les acteurs de la planète
des toros ou les constats tirés: que de sujets qu’il m’aurait importé d’aborder
mais qu’il me fut impossible de poser par écrit.
A
l’issue d’un séjour à Madrid, il y a un mois, j’ai promis à Carmen, la «Condesa»
du cher Chulo, de «me secouer grave»
et d’entamer ma convalescence littéraire. Cédons à cette injonction
thérapeutique.
Calle de Alcala, 17h30, terrasse d’un bar face à Las Ventas.
Calle de Alcala, 17h30, terrasse d’un bar face à Las Ventas.
Dans le
beau visage de Carmen, les yeux sont rougis par la poussière et le vent de la Sierra de
Guadarrama où nous rendions visite le matin même au plus aimable et au plus
sincère des ganaderos que je connaisse: Aurelio
HERNADO. Avec patience, pédagogie et gentillesse, il nous présenta ses
«crus» dont je suis si friand, ses splendides veraguas aux robes variées où dominent les jaboneros. Il faut admirer ces toros au crépuscule, lorsque le
soleil s’échappe derrière les montagnes et que les cercados s’inondent de lueurs florentines. Les toros se mordorent me rappelant à chaque fois les
vers du roi des poètes:
Ce matin là, Carmen s’est enivrée de toros, palabrant avec Aurelio
des potins du mundillo, se découvrant
des relations communes, se situant par leurs goûts respectifs bien souvent
identiques. Tous deux défendent la même éthique que je partage complètement,
celle d’un toro intègre qui combat.
«A la mitad del camino
cortó limones redondos
y los fue tirando al agua
hasta que la puso de oro»
(Lorca, «Romancero gitano» «A mi-chemin, il cueillit des citrons rebondis et les jeta dans l'eau jusqu'à la rendre d'or»)
Comme les dames de fort caractère, Carmen a ses coquetteries. En
l’espèce, elle aime boire la bière dans des verres tubes, ce qui nécessite
quelques explications aux serveurs intrigués. J'aime ces petites manies qui crée la différence dans une époque qui pousse à l'homogénéité.
On me l’avait décrite comme une personne extravagante.
Peut-être, sans nul doute !
Moi, je pressens une femme qui a vécu une existence riche et passionnée, emplie de
voluptés, de douleurs et surtout d’intensité. Quelqu’un qui s'embarrasse peu
d’emprunter les sentiers balisés du commun et se fiche comme d’une guigne des
jugements hâtifs et superficiels.
Ses traits allient énergie et douceur, ses propos, convictions et
empathie. Fière, libre, passionnée, elle va sa vie avec cette philosophie de la
«gitanitude» dont elle revendique la filiation culturelle et familiale.
Cette liberté et cette impétuosité me plaisent, qui bousculent la
morne platitude de notre société du consensus mou.
Carmen connait son monde. A notre table s’assoient des taurinos, comme le père de Sergio
AGUILAR, ex-torero avec qui nous conversons une demie-heure. J’apprends
beaucoup !
Las Ventas, 18h51
Las Ventas, 18h51
Nous grimpons dans les tendidos
où Carmen a ses habitudes. Au programme novillos de María
Cascón (branche Atanasio-Lisardo
de la maison J. L. Fraile) pour Raúl Cámara, Jorge Escudero et Juan Miguel
Benito.
Le public est réduit à 1353 chinois, 17 coréens, 32 japonais, 8
scandinaves, 28 amerloques, 4 français, etc. et … une poignée d’aficionados blanchis sous le harnais qui
ne se résolvent pas à déserter l’antique ruedo.
Las Ventas est désespérément désertée et le spectacle d’une assistance aussi parcimonieusement disséminée dans les gradins porte un goût d’absurde. En dessus et au
dessous de nous, dix rangées de tendidos
vides; idem sur notre droite.
Pourquoi ne pas inciter les spectateurs à se regrouper autour du ruedo ce qui serait plus convivial, propre à motiver les toreros et plus économique pour l’organisation qui doit financer les placiers et la logistique de toute une arène lorsque qu’un dixième seulement est occupé? On sent les tauliers plus contraints de se débarrasser d’une contrainte financière contractuelle que d’assurer la pérennité d’une fiesta brava vivante et authentique. Ici comme ailleurs Mammon préside.
Pourquoi ne pas inciter les spectateurs à se regrouper autour du ruedo ce qui serait plus convivial, propre à motiver les toreros et plus économique pour l’organisation qui doit financer les placiers et la logistique de toute une arène lorsque qu’un dixième seulement est occupé? On sent les tauliers plus contraints de se débarrasser d’une contrainte financière contractuelle que d’assurer la pérennité d’une fiesta brava vivante et authentique. Ici comme ailleurs Mammon préside.
A notre gauche, cela foisonne un peu plus : des madrilènes ou
des voisins venus au rendez-vous dominical des novilladas estivales. Là, s’est
regroupé un quarteron de connaisseurs qui donnent de la voix et conspuent
régulièrement présidence et surtout organisation.
Il y a de quoi, les critiques acerbes et «colorées» sont
pertinentes. Devant des bestiaux ternes et affaiblis, sans race et sans jus,
trois novilleros standardisés «remuent»
et débagoulent leur morne leçon d’élèves consciencieux. Toreos sans caractère, décroisé,
au pico, séries et faenas interminables qui se généralisent et assassinent peu à peu la fiesta bien plus efficacement que les zantis. On s’emmerde ferme !!!
Une
oreille tombe à l’ultime, non pour le meilleur mais pour le moins pire,
histoire que les visiteurs d’un jour puisse l’annoter dans les photos de
voyage: seront content les cantonnais…
Le spectacle est tellement passionnant qu’avant la sortie du cinquième les touristes quittent massivement l’amphithéâtre. Quelle image ces gens là garderont-ils de l’unique festejo de leur vie? Des novillos qui se cassent la gueule? Une chorégraphie bien réglée et sans risque? Où est l’émotion?
Carmen demeure philosophe, s’enflammant parfois: les trois tours
de ruedo que les cuadrillas encouragent à l’entrée de chaque animal, les embestidas délibérément provoquées sur
les burladeros, la brega lamentable, les piques sabotées,
les génuflexions multiples, les boiteux qu’on ne change pas.
Pourtant, taurinement parlant, Carmen n’a rien d’une ultra. Par le
passé, elle eût maille à partir avec les affreux du tendido 7, qui l’ont fort
malmené avec des imprécations dont les vrais gentlemen s’abstiennent
à l'égard d'une dame. Carmen a la rancune tenace, elle ne fraie pas avec ces gens là.
Pour résumer, un magnifique spectacle anti-taurin!
J’ai mal à Las Ventas, la supposée Mecque taurine.
A l’issue, tristement, nous nous quittons à la bouche du métro. Il
y a quelque chose de dérisoire et d’inquiétant à nous voir s’engloutir ainsi
dans les entrailles du ver urbain, sans l’ambiance festive de nos agapes
taurines françaises, comme si cette corrida urbanisée, industrialisée, détachée
de la culture sacrée et sacrificielle qui devrait la porter crevait de cette fade
banalité.
Hasta luego Carmen. Nous nous reverrons en octobre.
Xavier KLEIN
Xavier KLEIN
12 commentaires:
Je te lis avec plaisir depuis santa barbara californie. Excellente reprise. Il est vrai que ma chere carmen, tout comme angel et probafblemnt aurelio sont d es sujets d elite.
tres heureux ENFIN de vous voir reprendre la plume Xavier
P. Sabatier 13 salon
Nous aussi, dans le Grand Nord, nous sommes très contents
de te lire à nouveau
Nous aussi, dans le Grand Nord, sommes très heureux de pouvoir te lire à nouveau !
Enfin!!!!!!!
Enfin!!!!!!!
Retrouve un peu d'entrain stp!!!! Ca nous manque les réglements de compte avec AV ! Ben oui! Il est où le contre pouvoir?
Une belle reprise. Enfin!
Xavier, dada mi nula soltura con este puto medio como bien sabe el Chulo, no soy capaz de poner un comentario, voy a ver si te llega éste tras intentarlo por enésima vez.
Gracias, miles de gracias, amigos, volveré por aquí a explayarme y te contestaré a tu correo mail, pendiente, en cuanto pueda.
Bs.
La condesa de Estraza
Buen retorno !..le vieil ernesto rajeunit.
De temps à autres, la formule espagnole "de vez en cuando" s'y appliquant poétiquement, je venais voir ce qu'il y avait derrière le XK habilement inscrit dans "mes favoris toros".
Vérifier si l'image fixe avait évolué. Non, pas encore.
Alors, je reprenais mon tour habituel des sites dans lequel le passage par le tien ne devenait qu'une vérife rapide. Mais je n'abandonnais pas, car quelques mots échangés de temps en temps me confortaient dans la certitude d'un retour proche.
Puis ce matin, Ayé.
L'image a changé. Et je m'aperçois que c'est moi qui suis à la bourre depuis le 21 Juillet.
On peut te lire a nouveau.
Pour moi, c'est simple, je reprendrai donc tout simplement ma chronologie habituelle de lecture, meme si l'image se refigera de temps à autres pour que tu reprennes ton souffle pour mieux nous le transmettre, car la pluralité des airs est meilleure que le vent unique surtout quand, pour les toros, il souffle toujours ans le meme sens.
Il ne te reste plus qu'à réaffûter les dagues qui sont restées à portée de ta main. Bizzzz DG.
De temps à autres, la formule espagnole "de vez en cuando" s'y appliquant poétiquement, je venais voir ce qu'il y avait derrière le XK habilement inscrit dans "mes favoris toros".
Vérifier si l'image fixe avait évolué. Non, pas encore.
Alors, je reprenais mon tour habituel des sites dans lequel le passage par le tien ne devenait qu'une vérife rapide. Mais je n'abandonnais pas, car quelques mots échangés de temps en temps me confortaient dans la certitude d'un retour proche.
Puis ce matin, Ayé.
L'image a changé. Et je m'aperçois que c'est moi qui suis à la bourre depuis le 21 Juillet.
On peut te lire a nouveau.
Pour moi, c'est simple, je reprendrai donc tout simplement ma chronologie habituelle de lecture, meme si l'image se refigera de temps à autres pour que tu reprennes ton souffle pour mieux nous le transmettre, car la pluralité des airs est meilleure que le vent unique surtout quand, pour les toros, il souffle toujours ans le meme sens.
Il ne te reste plus qu'à réaffûter les dagues qui sont restées à portée de ta main.
DG.
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