Humeurs taurines et éclectiques

samedi 17 décembre 2011

CRYING FREEMAN

«Dieu me garde de mes amis; mes ennemis je m'en charge!»
Antigone II «Doson»  de Macédoine
Maréchal de Villars
Il y eût ce film chanbara (film de sabre) franco-canadien, sorti en 1995 d'après un manga de Kazuo Koike. Il traite des exploits d'un tueur apointé par les triades chinoises qui verse une larme chaque fois qu'il remplit un contrat et exécute une victime.
«Crying freeman» pourrait se traduire par «l'homme libre qui pleure». Un comble, car le dit tueur n'est à l'origine qu'un potier enlevé, drogué et conditionné pour en faire un tueur impitoyablement efficace. Son office n'est donc pas le fait d'un homme libre, mais d'une coercition.

Il y eût ces toreros -on n'ose plus parler de matadors!- qui se prêtèrent à Quito à une parodie pitoyable qui dépouillée de tous sens par l’amputation de la «hora de verdad» se réduit à un spectacle touristique pour bouffons en goguettes.

Il y eût enfin cet ultime et dérisoire dérapage d’une «figura» (comme ils disent…) c’est à dire d’une icône, d’une exemple, qui au lieu de cacher l’indigence de son entendement derrière le paravent salvateur du silence, se croit obliger de déblatérer.
Dans son édition du 6 décembre 2011, le quotidien équatorien «HOY» publie une entrevue avec le grand penseur taurin Sébastien CASTELLA sous le titre 'No me gusta ver a los animales sufriendo' («Je n’aime pas voir souffir les animaux»)
On peut lire les versions française et espagnole de l'article sur le site de la Fédération des Sociétés Taurines de France (http://www.torofstf.com/infos2011/111206entrevista_castella_quito.html)

Morcifs de choix:

Publicado el 06/Diciembre/2011 00:43
Entrevista
Sebastián Castella, matador de toros, número 8 del escalafón mundial.
[…]
Hay gente que considera una cesión a una decisión política que grandes figuras hayan venido a la feria.
Il y a des gens pour considérer que des figuras ont cédé à une décision politique pour venir à la feria.
Creo que, antes de dejar morir un arte, hay que apoyarlo. En Portugal, no se mata, no se pica, no se banderilla, y van los toreros. Y aquí, que tiene más cultura, que tiene más vida, que se pican los toros... Es insignificante decir y largar cosas que no tienen sentido. Para mí forma de ver las cosas, después de debatir tanto, hay que apoyar. (La muerte del toro) es algo que volverá.
Je crois qu'avant de laisser mourir un art, il faut le soutenir. Au Portugal, on ne tue pas, on ne pique pas, on ne banderille pas et pourtant les toreros y vont. Et ici, où l'on a plus de culture, plus de vie, on pique les toros... Il est insignifiant de dire et de lancer des choses dépourvues de sens. Pour ma part, après avoir tant débattu, il faut soutenir. (La mort du toro) C'est quelque chose qui évoluera.
[…]
¿Y qué argumentos darías para que se restablezca el tercio de muerte?
Et quels arguments donnerais-tu pour le rétablissement de la mise à mort?
Te voy a contar una historia. Antes de querer ser torero, tenia afición a los toros. Mi padre me llevaba a las corridas, a la feria de Béziers (sur de Francia), y me fascinaba el arte del toreo, pero me daba una pena tremenda del animal.
A mí, no me gusta la caza, no me gusta la pesca, no me gusta ver animales sufriendo. No me gusta un caballo o un perro dejado así porque ya no sirve, y que se va a morir. A mí, me da una pena tremenda, porque yo hasta lloro. Cuando me metí en el toreo, fui entendiendo que la parte de la muerte del toro es necesaria porque el toro es un animal que tiene una bravura y una inteligencia que no tiene ningún otro animal. El toro bravo es el animal que tiene la inteligencia más elevada dentro de los animales. El argumento te lo da el toro mismo.
El toro se va para adentro pero lo matan con un balazo, y nadie lo ve. Esa no es la muerte que quiere ese animal. No estamos dentro de él, pero llevan cientos de años criándolo y ya lo conocemos, que tiene esa fuerza, esa aletilla y esa verdad. Porque el único que, en el mundo del toreo, tiene la verdad es el toro. Los demás solo estamos ahí acompañando.
Je vais te raconter une histoire. Avant de vouloir devenir torero, j'avais de l'afición a los toros. Mon père m'amenait aux corridas, à la Feria de Béziers (sud de la France) et l'art du toreo me fascinait mais me procurait une peine terrible pour l'animal.
Je n'aime ni la chasse, ni la pêche, ni la souffrance des animaux. Je n'aime pas qu'un cheval ou un chien soit abandonné parce qu'il ne sert plus et qu'il va mourir.
Cela me procure une peine terrible à en pleurer.
Quand j'ai commencé à toréer, j'ai compris que la suerte de la mort du toro était nécessaire parce que le toro est un animal qui fait preuve d'une bravoure et d'une intelligence que n'a aucun autre animal. Le toro brave est l'animal qui possède l'intelligence la plus élevée parmi les animaux. L'argument, il te le donne lui même.
Le toro sort de l'arène, mais on le tue d'un coup de feu, et personne ne le voit. Ce n'est pas la mort que veut cet animal. Nous ne sommes pas à sa place, mais  cela fait des centaines d'années qu'on l'élève et nous savons qu'il possède cette force, cette ardeur et cette vérité. Parce que dans le monde du toreo, le seul qui détienne la vérité, c'est le toro.
Nous ne faisons que l'accompagner.

¿Qué fue lo primero que pensaste con la prohibición?
Qu'as-tu d'abord pensé de la prohibition?
Dentro de lo malo, le di gracias a Dios de que no quitaran el toreo entero. Hay que ser inteligentes. Ellos no han sido inteligentes. Quieren hacer una cosa pero les ha faltado inteligencia, y no voy a decir más porque con eso, ya lo digo todo. Y eso nos beneficia a nosotros.
Le moindre mal, grâce à Dieu c'est qu'il n'aient pas abandonné la corrida entière. Il faut être intelligent. Ils ne l'ont pas été. Ils voulaient agir, mais ils ont manqué d'intelligence, et je n'en dirai pas plus parce qu'avec ça, j'ai tout dit. Et cela tourné à notre bénéfice.

Cuando te toca entrar a matar y no puedes, ¿cómo te sientes?
Quand vient le moment de tuer et que tu ne le peux, comment te sens-tu?
Yo voy a la plaza a torear, no a matar a un toro.
Je vais aux arènes pour toréer, non pour tuer un toro.

Pero te llaman matador...
Mais on te dit matador (tueur)...
Sí, obviamente, porque en los principios, solo se pegaban dos muletazos y se mataba. Ha evolucionado y los toreros no vamos a matar, sino a torear. La gente no quiere ver cómo matan a un toro, sino que quiere ver arte. Y hace parte dentro de ese arte la parte final, que es matar al toro.
Oui, évidemment, parce qu'à l'origine, on se contentait de deux passes puis on tuait. Cela a évolué et les toreros ne vont pas tuer mais toréer. Les gens ne veulent pas voir comment on tue le toro, mais veulent voir de l'art. Et la partie finale de tuer le toro fait partie de cet art.

Que penser de telles déclarations?
C'est un lieu commun depuis des lustres que certains toreros, notamment dans le registre artistique n'éprouvent guère d'appétence pour la mise à mort.
Des maîtres comme Curro Romero ou le grand Rafael n'ont jamais caché -il eût été difficile de le faire étant donné leurs piètres prestations à la rapière!- que ce qui les intéressait dans l'acte de toréer, c'était de «s'accoupler» avec le toro pendant le «ballet amoureux» que constituait pour eux une faena. Renacler à tuer «l'objet du désir», le partenaire d'un instant d'harmonie parfaite peut parfaitement être entendu et compris.
Mais dans cet article, par delà les lieux communs et les platitudes, derrière l'anthropocentrisme de pacotille, Castella va beaucoup plus loin que l'expression d'un goût ou d'un dégoût personnel.
Malheureusement, à travers l'article, court cette nouvelle posture -on n'ose parler de philosophie!- du toreo moderne tant promue par certains.
Un cri du coeur: on va aux arènes «pour toréer, non pour tuer un toro », «les toreros ne vont pas tuer mais toréer». Et pourquoi s'émouvoir du syndrome de Quito puisque «le moindre mal, grâce à Dieu c'est qu'il n'aient pas abandonné la corrida entière» et qu'en fin de comptes «cela ait tourné à notre bénéfice».
Qu'un propos ait été déformé, c'est possible, que la teneur globale d'un article soit le fruit d'une incompréhension, ne l'est pas.
Surtout de la part de l'ex-gamin que «l'art du toreo fascinait mais procurait une peine terrible pour l'animal».

On se trouve en présence soit d'une terrible hypocrisie soit plus probablement, vu la personnalité de l'intéressé, d'un déni de réalité d'anthologie, voire même d'un trouble de la personnalité.
Surtout lorsqu'on entend lors de l'assemblée de l'U.V.T.F. que le pôvre drôle a même consulté des psys pour résoudre son problème.
Dommage que le révérend père J.P. n'ait pas trainé dans le secteur, une conversion était à portée!

Le tueur qui pleure sur sa proie, le «Crying freeman» de la tauromachie, c'est sans doute le dernier must de notre «société de la victime». Mais bon sang que ce môme aille planter des choux ou coincer la bulle sous les tropiques si tuer un toro ne lui convient pas et le peine à ce point! Assez de tartufferie!

Ecoeurant!!!
Avec de tels «héraut(o)s», nous n'avons plus besoin de «zantis».
Xavier KLEIN

2 commentaires:

el Chulo a dit…

sans vouloir te choquer xavier, je pense bien que "la messe est dite". et encore le malheureux castella a t'il le courage de dire tout haut ce que bien d'autres pensent toyut bas tout en agissant pour cette issue. on mesure quelle fut l'anerie de passer la corrida à la culture.

Anonyme a dit…

Hé bien oui, Castella, lorsqu'il entend le mot "culture", au lieu de se profiler, il rengaine son épée. Je ne pense pas qu'il y ait eu la moindre velleité de "courage" dans ses propos pas plus que la moindre envie de parler plus fort que ses compañeros. Seulement une énorme bourde de la part de quelqu'un qui n'a pas les moyens de s'exprimer. Depuis qu'il fréquente les dîners de l'Ambassadeur à Madrid, il se croit autorisé à parler comme les philosophes de Normale Sup. Subjugué par l'appel de Séville il a voulu nous faire l'appel de Quito. Et c'est la pelle de Quito qu'il s'est ramassée. L'hiver étant la saison des labours, la pelle, c'est quand même mieux pour la "culture"...
Les zantis doivent quand même vachement se marrer : pourquoi, par exemple, iraient-ils encore à Mimizan puisque l'un de ses inénarrables représentants a volé au secours de notre pauvre torero français ? (L'ambulance a d'ailleurs fait demi-tour en chemin...)
Pin-Pon Pin-Pon !
JLP