Humeurs taurines et éclectiques

lundi 27 avril 2009

ESCAPADE SEVILLANE: POESIA

"Le paradis de la terre se trouve entre les seins d'une femme, sur le dos d'un cheval, dans les pages d'un livre"
Al-Mu`tamid

أبو القاسم محمد "المعتمد" بن عباد


Abû al-Qâsim Muhammad “Al-Mu`tamid” ben Abbad (1040-1095), communément appellé Al Mutamid Ibn Abbad, régna sur l'émirat de Séville de 1068 à 1091. Monarque impitoyable mais poète de génie, il chanta l'amour, l'exil (il fut débarqué par les Almoravides marocains après les avoir "invités" pour l'aider à résister aux entreprises de reconquête du roi Alphonse VI de Castille et mourut en exil au Maroc), et le désespoir d'avoir perdu ses fils au combat.
Al-Mu'Tamid est l'un des phares de la littérature arabo-andalouse, et sans doute le plus grand poète que Séville ait porté.
L'espagnol ne rend pas la beauté, les nuances et la profondeur de la langue arabe si poétique, mais ces vers sont tellement proches du cante jondo, qu'ils ne peuvent vraiment vivre que non traduits.
Enfin, la chanson de Paco Ibañez en hommage à l'émir.
Vivre Séville au bras de sa bien aimée, porté par ces paroles est un luxe de roi...

TE HE VISTO

Te he visto en sueños en mi lecho,
Y era como si tu brazo mullido fuese mi almohada;
Era como si me abrazases, y sintieses
El amor y el desvelo que yo siento;
Era como si te besase los labios, la nuca,
Las mejillas y lograse mi deseo.

¡Por tu amor! Si no me visitase tu imagen,
en sueños, a intervalos, no dormiría más.

Al Mu'tamid de Seville


JE T'AI VUE


Je t'ai vue en songes dans ma couche
Et c'était comme si ton bras était mon oreiller
C'était comme si tu m'embrassais et sentais
L'amour et l'insomnie que je sens
C'était comme si je te baisais les lèvres, la nuque,
Les joues et satisfaisais mon désir.

Pour ton amour! Si ton image ne me visitait pas
En songes, par moments, je ne dormirais plus.

Al Mu'tamid de Seville





EL REY ALMUTAMID

Soñaba en su lecho el rey
soñaba de madrugada
que entre las ondas del rio
buscaba manzanas blancas.

Noche de miedo en Sevilla
vispera de la batalla.

Y el rey Almutamid
en el sueño contemplaba
la dulce fruta de nieve
que en los espejos temblaba.

Noche de miedo en Sevilla
vispera de la batalla.

En Sevilla, Almutamid
abrio los ojos alba
cuando el sol enrojecia
en la ventana más alta
y ni amanecer halló
ni arrayan bajo la almohada

ni del agua en dulce nido
donde vió manzanas blancas

Noche de miedo en Sevilla
vispera de la batalla.

"El Rey Almutamid" Paco Ibanez

Dans sa couche le roi dormait
il rêvait dans l’aube
que dans les ondes de la rivière
il recherchait des blanches pommes.

Nuit de terreur à Séville
la veille de la bataille.

Et le roi Almutamid
contemplait dans le rêve
le doux fruit de neige
qui tremblait dans les miroirs.

Nuit de terreur à Séville
la veille de la bataille.

À Séville, Almutamid
a ouvert les yeux à l’aube
quand le soleil a empourpré
la plus haute fenêtre
Mais de matin il ne vit
ni de myrte sous l'oreiller
ni de l'onde le doux nid
où il avait vu des pommes blanches

Nuit de terreur à Séville
la veille de la bataille.


6 commentaires:

Anonyme a dit…

mais faut-il réunir les trois conditions simultanément ? Parce que lire un livre entre les seins d'une femme à cheval...

Xavier KLEIN a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Xavier KLEIN a dit…

Tout l'art est là, à condition de ne pas se mélanger les pinceaux, la SPA ne le supporterait pas.

Pedrito a dit…

Chevaucher une femme qui fait des mots croisés, çà s'est déjà vu, preuve qu'elles sont beaucoup plus fortes que nous, qui sommes pas toujours capables de lire dans leur regard. Alors, lire un livre entre leurs seins....
Bonne et enrichissante lecture, comme d'habitude, ce soir, chez Xavier

Xavier KLEIN a dit…

L'ami Jacques m'envoie un texte dont il convient d'apprécier la beauté:
Nous sommes vagabonds, ivrognes, libertins et voyeurs.
Mais qui ne l'est pas dans cette ville?
Ne me dénoncez pas au prévôt, car, enfin, tout comme nous,
Lui même cherche le plaisir.
Khâjé Hafez Shirâzi

el chulo a dit…

me cago!