Humeurs taurines et éclectiques

mercredi 1 décembre 2010

PIQUE FRANCAISE, LE RETOUR

"Pique" de tienta chez Sanchez Fabres: la tradition
Décidément, certains ont de la suite dans les idées, et le lobby du toreo moderne ayant d'ores et déjà accentué son emprise sur le rouage des Villes Taurines s'en verra conforté dans ses velléités de, comment dit-on déjà? DEPOUSSIERAGE.
On va récurer plus blanc que blanc dans les mois qui viennent.
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Mais en préliminaire quelques mignardises de mise en bouche tirées d'un interview de l'honorable quotidien Sud-Ouest (http://www.sudouest.fr/2010/12/01/le-mundillo-doit-se-serrer-les-coudes-254593-716.php) que les gastronomes n'ayant pas accès à cette prose aquitaine pourront déguster avec délice.
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Bien que de convictions plutôt misogynes, j'essaie désespérément de demeurer galant.
C'est pourquoi j'ai péché quelques perles que je déposerai cérémonieusement aux pieds charmants –bien que d’attaches enflées- de la doulce dame DARRIEUSSECQ, ci-devant maire de Mont de Marsan.
Tout d'abord le titre de l'article qui en soi exprime déjà tout: «Le mundillo doit se serrer les coudes». Souhait? Rêve? Voeux pieux? Injonction? Cri d'un coeur passionné et candide? On ne sait.
On admirera ensuite l'objectivité du narrateur qui a «recueilli», sans doute après un sondage rigoureux, la conviction que la candidature d'Orthez était «jugée déplacée par beaucoup au sein de l'UVTF».
On se doute qu'on a beaucoup «recueilli» du côté de Vieux Boucau, ce qui confirme, s'il en était besoin, la collusion entre la presse et le mundillo «serreur de coudes».
Un journaliste fort bien informé par ailleurs, puisqu'il savait depuis 3 semaines le désistement de Vic Fezensac que les vulgaires membres de L'UVTF n'ont appris que 4 jours avant.
Que ne l'a t-il annoncé avant le bougre? Faute professionnelle! Où sont passés les scoops d'antan?
Madame le Maire ne fait pas de politique, ce qui pourrait poser problème partout sauf apparemment à Mont de Marsan. Bizarre tout de même ce refus de faire de la politique chez un élu !
Nous apprenons toutefois avec surprise que «Les petites arènes sont cruciales, à la fois pour former les toreros de demain, mais aussi les aficionados qui les accompagneront, sûrement, plus tard, dans les arènes de première catégorie. Tout le monde a son rôle à jouer.».
Alors là chapeau! Celle là on nous l'avait pas encore faite: vlà qu'on nous transforme en centre de formation de toreros et d'aficionados et en vestibule (ou plutôt marchepied) des arènes de première!
Remarquez qu'il vaut mieux ça que son contraire. Si l'on veut être diplomé es-tauromachie à Mont de Marsan, dans la succursale Casas, on n’a pas fini de voir tomber les oreilles … et les toros, à Vic, Parentis, Céret ou Orthez.
Mont de Marsan ne paraît pas encore complètement au point, mais cela ne saurait tarder avec l’actuel tandem Darrieussecq-Cas... pardon, Darrieussecq-Sara.
Tenez, je connais des amis qui s'étaient inscrits à un séminaire de formation montois dirigé par un certain José Tomas, qui ont vu le stage annulé faute de formateur en congé de maladie de longue durée.
Au Moun on est vertueux certes, mais faut quand même pas pousser, et d’abord cracher au bassinet! Au poker on paye pour voir, au Moun, c’est pour ne pas voir.
Madame le Maire se montre quand même prudente autant que positive: «Elle (l’UVTF) a mené une action sur les cornes, qui porte ses fruits, pour donner des toros plus «intègres». D’autres, moins circonspects, auraient bêtement omis le «plus» avant «intègres».
Dans le bilan détaillé de la temporada 2010, établi par la Fédération des Sociétés Taurines de France, je lis à la rubrique Mont de Marsan :
«Points positifs: Prêt des arènes à Saint Perdon; lot de Fuente Ymbro ; El Juli»
«Points négatifs: Feria en chute libre: présentation des toros, déroulement des corridas; triomphalisme; absence du contrôle des piques; non respect des deux piques minimum; petits et tristes Miuras aux cornes suspectes».
Nous voilà rassérénés quand Madame le Maire veut nous convaincre qu’«Il faut être toujours à la recherche de perfection sur le déroulement des spectacles et des trois tercios» et «Il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit d'abord et avant tout de respecter le public».
Pour ce faire, l’urgence semble d’être de réintégrer Nîmes dans le concert taurin. Madame le Maire semble disposer de quelques contacts utiles sur ce point. Si Nîmes rejoint le giron de la grande famille de l’aficion de verdad, nous voilà sauvés!
D'ailleurs on a fêté par anticipation le retour de l'enfant prodigue en tuant une série de veaux gras pendant toute la temporada.
L'U.V.T.F. a-t-elle vocation à intervenir sur le calendrier, en France? En voilà une question qu'elle est stupide, comme dirait Nicolas… Depuis quand l'U.V.T.F. devrait-elle régler les problèmes? Faudrait pas pousser mémé Darrieussecq dans les orties bayonnaises tout de même!
Et telle Athéna Niké, déesse de la Sagesse, Madame le Maire de se faire pensive, sentencieuse et profonde: «Parce qu'il en va de la sauvegarde de la tauromachie! Je ne vais rien inventer, mais il va bien falloir tous comprendre que le mundillo doit se serrer les coudes. Que tout dépendra aussi de son propre fonctionnement. Que les ganaderos envoient des toros de qualité; que les matadors fassent aussi des efforts et que l'inflation des prix cesse…». On dirait du Sophocle, revu et corrigé par les Marx Brothers ou bien l’une de ces nombreuses cartes que les enfants adressent au Père Noël.
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Soyons pourtant positifs et causons piques.
Causons en rapidement d’ailleurs, d’autres blogs amis en causant aussi bien sinon mieux (http://vingt-passes-pas-plus.over-blog.org/article-experimentation-la-pique-bonijol-62010897.html
http://camposyruedos2.blogspot.com/2010/12/pique-francaise.html http://camposyruedos2.blogspot.com/2010/12/uvtf-2.html).
Monsieur BONIJOL est un professionnel de grande qualité, sérieux, compétent, créatif et sans nul doute animé des meilleures intentions du monde.
On l’a commandité pour élaborer une pique qui réponde au désir de remise en valeur du tercio de piques.
Les choses commencent à se gâter lorsque dans le préambule de son allocution, interviennent deux trois «détails» qui n’auront aucunement échappé à des oreilles attentives. On m’excusera de ne pas citer exactement et on corrigera éventuellement.
1°) On ne peut pas faire grand-chose sans la bénédiction et l’accord de la corporation piquière.
2°) Ce qui importe surtout à la plupart des picadors, c’est de «faire saigner».
3°) Le cordage de la pique actuelle ne permet pas une bonne pénétration, ce qui pousse les picadors à «pomper» pour faire rentrer le merdier et ainsi provoquer un éclatement de la peau et des chairs et une large blessure plutôt qu’une lésion plus franche et limitée (Moun Diu ! Moun Diu! Si Jean Paul ou quelque «zanti» nous lit!).
A quoi notre ami Hubert COMPAN, éminent vétérinaire taurin ET NATIF D’ORTHEZ (Tarta gueule à la récré Batacazo ! Touche pas à mon pote…) rajoute que la saignée n’apporte rien quand elle est excessive, ce en quoi je le rejoins (jusqu’à la pesuña suffit).
Piquer (ou châtier) n’est pas saigner. L’épanchement sanguin proprement dit n’intervenant utilement que pour éviter les phénomènes de congestion.
Sauf male interprétation de ma part, Monsieur BONIJOL part donc sur un «cahier des charges» qui vise à:
1°) Minimiser la taille et la profondeur de la blessure.
2°) Favoriser une pénétration correcte du fer en toute situation (pour que le fer rentre à tous coups).
3°) Limiter l’épanchement sanguin.
4°) Dégager le picador du «souci» de la pénétration (sic) pour qu’il se concentre pleinement sur le maniement du cheval et la conduite de la suerte.
J’objecterai les arguments suivants :
1°) Quand la pique traditionnelle ne pénètre pas, c’est que dans la plupart des cas elle a été MAL PORTEE. Le plus souvent parce qu’elle n’est pas entrée en contact avec le toro pendant sa charge (et qu’il s’enferre dessus). Dans ce cas, NORMALEMENT, il y aurait lieu de remettre le toro en suerte pour piquer correctement. La pique française n’encouragera t-elle pas une mauvaise exécution de la pique, PUISQU’ELLE RENTRERA A TOUS COUPS?
2°) Si l’objectif non avoué des piqueros est «de faire saigner », ILS FERONT SAIGNER, quel que soit l’outil. Pis ! Si la taille de la blessure est plus réduite et donc moins «saignante», ne seront-ils pas tentés d’apesantir leur pression et de fouailler plus pour parvenir au même résultat.
3°) Il faudra quand même qu’on m’explique comment une pique plus effilée pénètrera moins profond que la pique encordée. Déjà que certains constats font état avec la pique actuelle de pénétration de 30 cm, on n’ose penser à ce qui pourrait advenir avec un diamètre et surtout une surface lisse de pénétration.
4°) En quoi la nouvelle pique remédiera t-elle à la monopique qui vise à économiser le toro pour le 3ème tercio, en quoi rendra t-elle les toros plus solides?
5°) En quoi évitera t-on les cariocas, le «vrillage», le «pompage», les mises en suerte ou les bregas inexistantes ou approximatives?
6°) En quoi rendront-elles les chevaux moins lourds, plus mobiles et les picadors bons cavaliers?
De fait, je constate –et c’est un fait et non une hypothèse- que la pique actuelle n’empêche nullement les tercios de piques de qualité, là où l’on veut qu’ils existent. Pour ne parler que de ce que je connais : 18 piques en juillet avec les Dolores Aguirre…
J’ai également la faiblesse de croire que l’outil n’est pas tant en cause que celui qui s’en sert, de son intention, de son action, et que d’utiliser les meilleurs skis olympiques ne feront jamais de moi un champion du slalom.
En stratégie on apprend qu’à chaque arme nouvelle on trouve une parade, et que ce sera le cas avec la pique française si la mentalité, l’intention et la motivation des picadors n’évolue pas.
Ce qui suppose surtout une évolution de leurs patrons, et de leurs pratiques...
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Pour autant, restons ouverts.
Alain BONIJOL a effectué un travail sans aucun doute sérieux, qu'il convient d'EXPERIMENTER tout aussi sérieusement, plutôt que de demeurer sur des conjectures qu'elles soient favorables ou défavorables.
Il faudra donc soumettre son travail à une série de tests crédibles avec un protocole rigoureux effectué par des vétérinaires impartiaux et scrupuleux sur un échantillon suffisamment varié et étendu pour être incontestable, avec toutes les cuadras de caballos.
Il me semblerait particulièrement intéressant de le tester dans quelques arènes espagnoles où la pique est le cadet des soucis du public pour constater ce qu'elle donne en usage «ordinaire», avec des picadors «ordinaires».
Je ne doute pas que la Commission Taurine d'Orthez, ouverte aux novations approuvera cette «prueba» lors de la prochaine journée taurine.
Xavier KLEIN
NOTA : on lira avantageusement le programme d’action de l’U.V.T.F. sur son site: http://www.uvtf.com/dyn_img/actus_31.pdf dans lequel on relèvera que seules figurent les photos de la Présidente et du Prince consort, les autres n'ayant probablement pas de droit à l'image.
RENOTA: Il faudrait informer Madame le Maire que l'expression "fracture sociale" date un peu et s'avère fortement connotée U.M.P./canal historique chiraquien: pas de politique!

4 commentaires:

el Chulo a dit…

mouais, ça rentrera plus directement sur la colonne vertébrale, par une jolie petite plaie, ça raclera gentiment, là où c'est invalidant, avec la benediction des représentants de l'ordre dans le ruedo, qui, surtout ne veulent pas froisser les figuras.
piquons donc où il faut piquer!
que mierda!

pedrito a dit…

Chapeau pour cet article, Don Javier. Quel bon moment !

Il y a tant à relever, parmi les conneries de la dame du ruisseau sec, que l'on pourrait en rire- plutôt en pleurer - jusqu'à la prochaine crue de l'Arros et du Boués.

J'en garde une, hénaurme, irréelle: le mundillo devra se serrer les coudes ! Cela, il fallait oser l'inventer... Comme si la mafia taurine ne se serrait pas les coudes !! Et comme s'ils avaient pas tous ensemble déjà suffisamment de sbires et de lèche-culs dans les callejons et dans les journaux, pour encenser leurs méfaits, faut-il qu'une élue vole à leur secours, au nom de l'avenir de la corrida??

Sans doute une représentante caviardisée du petit peuple, et apolitique, comme il se doit, lorsqu'on a le cul entre deux chaises.

Saludos a todos los de verdad

Pedrito, aficionado de Marciac

Skeb' a dit…

Seul énorme bémol à cet article : pas une seule fois le mot MORRILLO n'a été cité. C'est grave.

Xavier KLEIN a dit…

Skeb,
L'objet de l'article est de poser le problème, et de parler de l'outil et non de l'endroit où il doit atterrir. Ce que j'évoque en disant: "J’ai également la faiblesse de croire que l’outil n’est pas tant en cause que celui qui s’en sert, de son intention, de son action...".
Il va de soi qu'un toro doit être piqué dans la chute arrière du morrillo, ca qui n'est pas l'objet de l'article.