Humeurs taurines et éclectiques

jeudi 31 janvier 2013

La passivité en action

Ne croyez surtout pas que je puisse en rien être obsédé par la clique bestialiste!
En fait, j'aurais plutôt tendance à en sourire.
Je ne m'en suis jamais préoccupé jusqu'à il y a une demi-douzaine d'années, la matière demeurant anecdotique.

Actuellement, une majorité d'aficionados affecte d'ignorer la chose pour des raisons diverses.
Pas envie de s'emmerder, repli sur le petit train-train taurin, pas concerné, refus de «s'abaisser» à des querelles considérées comme triviales, sentiment d'inutilité de se préoccuper de ces «détails», fatalisme, répugnance à l'engagement, etc..., tout concours à une absence de réactions que je perçois comme des plus inquiétantes.

A mon sens, ils ont tort, profondément tort. Car s'ils ne s'investissent pas dans la défense de la tauromachie, d'autres se mobilisent fortement, en permanence et se préoccupent obstinément de l'attaquer.
Prend-on réellement la mesure de la menace et des réponses nécessaires pour y parer?
Je ne le crois pas.
Réalise t-on la masse de pressions auxquelles sont soumis désormais les mairies taurines (dizaines de messages), les partenaires (Afflelou et consorts), les medias (centaines de réactions à chaque reportage ou article), les institutions (ministère de la culture, Conseil Constitutionnel, Education Nationale, etc.), les organisations?
Réalise t-on que par sa passivité, par son absence d'investissement et de mobilisation, l'afición laisse ces divers protagonistes confrontés à la pression des «zantis» et ainsi fait le jeu de ces derniers?

La grande différence avec un passé récent, c'est le poids croissant des medias et la révolution des techniques d'information, c'est la mutation internet. Cette évolution n'a réellement été prise en compte par les aficionados que pour ses avantages (blogs, mundomachin, reportages, vidéos), nullement pour ses inconvénients, soit la facilitation et la massification de l'audience des antitaurins.
Eux l'ont très bien compris et utilisent toutes les ressources de la «com», de l'information et surtout de la désinformation. Thierry HELY par exemple, pompeusement bombardé «chargé de com» de la F.L.A.C., et maître es duperies, maîtrise parfaitement le «mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose». Il balance tout et n'importe quoi, pourvu que ça fasse du bruit. La réponse étant plus subtile et complexe que l'affirmation à l'emporte-pièce n'a pas le même impact. En outre, dévoilé, il fait diversion et passe à autre chose, en noyant si besoin le poisson.
Tout comme l'allumé breton et son faux toro qu'il trimballe en laisse à travers la belle Armorique en débitant n'importe quoi à un public néophyte, sans être jamais contredit. Facile de convaincre dans ces conditions!

Quand il y a 10 ans, il fallait déployer des masses d'efforts, de moyens matériels et financiers pour mobiliser et agir, pour envoyer par exemple une lettre indignée à un maire ou un entrepreneur, ce peut être fait actuellement dans l'heure, gratuitement ou à moindre frais et à grande échelle, par le biais d'un e-mail, d'une liste de diffusion bien garnie et d'une liste des «cibles».

Deux exemples:
                    1°) Amusez-vous à parcourir la masse et la teneur des commentaires qui ont suivi l'excellente émission «Philosophie» d'Arte où Francis Wolff fut l'invité de Raphaël Enthoven (http://www.arte.tv/fr/corrida-francis-wolff-est-l-invite-de-raphael-enthoven-dans-philosophie/2235124,CmC=7248632.html)
Ajout ultérieur:
Pourquoi les anti-corrida sont-ils si violents?
Jamais cause noble n'eut de plus calamiteux porte-parole, estime Raphaël Enthoven dans sa chronique.
Leur cause est noble, pourtant. Mais jamais cause noble n'eut de plus calamiteux porte-parole. Qu'on me pardonne, à cet égard, d'utiliser cette tribune pour répondre aux anathèmes ahurissants dont Francis Wolff (1) et moi-même faisons l'objet depuis la diffusion d'une émission de philosophie consacrée à la corrida, sur Arte, dimanche 20 janvier dernier.
En elle-même, l'émission ne casse pas trois pattes à un canard - ni à un taureau : Francis Wolff y fait valoir, au cours d'un dialogue hospitalier, qu'à son goût (et donc à son avis) la corrida est un art, pathétique et sublime, de "tromper sans mentir", qui réclame courage, maîtrise de soi et sens de l'honneur, où les taureaux sont traités comme des individus et dont la raison d'être est de donner forme à une matière en rendant vaine une charge faite pour tuer ; qu'à tout prendre il vaut mieux mourir dans l'arène en défendant sa liberté que dans un abattoir et qu'enfin, même si "on ne peut tuer l'animal qu'en mettant sa vie en jeu", la vraie barbarie serait que l'homme et le taureau courent le même risque... Autant d'arguments qui se défendent et qui méritent un débat vainement espéré.
Car le vrai spectacle n'est pas dans l'arène, ni dans l'émission, mais dans les réactions que sa diffusion a suscitées. Je dis sa diffusion, je ne dis pas son contenu, car, à de très rares exceptions et de leur propre aveu, aucun des imprécateurs n'a regardé l'émission incriminée. Mais qu'importe ? A les en croire, la corrida est une "barbarie", une "horreur", une "terreur", une "décadence inhumaine", une "boucherie satanique", un "abrutissement collectif" conduit par des "tortionnaires", des "psychopathes", des "tueurs à gages", dont le "sadisme jouissif" et "l'apologie du sang" méritent le "boycott", sinon la mort.
Ils dénoncent le voyeurisme des aficionados, mais abreuvent le Web de récits morbides.
Faute de convaincre qui que ce soit, leurs insultes ont au moins le mérite de montrer que le véritable intérêt de la corrida est peut-être, d'abord, dans la façon dont ses adversaires voient rouge. Car on assiste rarement de si près, et si évidemment, aux manoeuvres d'un lobby. Méthodiques, organisés, hyperréactifs et doués du même lexique, les "anti-cor" se comportent comme un virus, ou comme un pitbull bâti pour le combat, qui se jette sur l'aficionado pour lui arracher la langue. Les plus modérés dénoncent une "monstruosité à visage humain", les plus rousseauistes réclament la censure et la déprogrammation d'une émission que "les gens ne devraient pas voir", les plus fous célèbrent la "défense de la vie", les plus grégaires invoquent la désapprobation (imaginaire) d'une majorité de Français et les plus bêtes menacent d'en parler à leurs "600 amis sur Facebook". Mais l'intérêt culmine avec leur fascination pour le sang, la jubilation avec laquelle, tout en dénonçant le voyeurisme des amateurs de corrida, ils abreuvent le Web de récits morbides et d'images épouvantables d'éviscérations, voire d'émasculations taurines... Etonnant refus de la "monstruosité" qui s'épanouit dans une attirance pour l'atroce. Mais c'est bien connu : quand on fait la morale, tous les coups sont permis. Reste à espérer, pour eux, que la meute belliqueuse de ces enragés du dimanche ne porte pas un coup fatal à la cause qu'ils ont peut-être raison de défendre.
Raphaël Enthoven, «L'EXPRESS» du 02/02/2013
(1) Philosophe, professeur à l'Ecole normale supérieure, éminent spécialiste d'Aristote, auteur d'une excellente Philosophie de la corrida, désormais disponible en poche (éd. Fayard/Pluriel) et dont je recommande vivement la lecture aux partisans comme aux adversaires de cette discipline.                     2°) Le Midi Libre, tabloïd populiste, surtout préoccupé de vendre du papier, organise le 28/01/2013 sur son site, un «sondage» auprès des lecteurs. Immédiatement les réseaux «zantis» répondent à l'alerte et en deux temps trois mouvements, grâce aux listes de diffusion, des centaines de votes jaillissent, y compris des complices belges russes et serbo-croates. Moi, «pôv'con» je n'ai reçu l'info que lorsque le scrutin était clôt!

Observez combien dans les deux cas, la mobilisation massive et quasiment instantanée du lobby «zanti» a fonctionné pour occuper le terrain, glapir, s'imposer ou censurer!

Une autre anecdote attrapée au vol dans le journal du jour. samedi 19 janvier à Sauvagnon, charmante bourgade rurale béarnaise, le Maire Adjoint de permanence, est appelé pour régler le problème d'un chien accidenté et mourant dans un fossé. En week-end, allez quérir un vétérinaire pour un truc pareil, sans compter les frais à la charge du contribuable! Le brave homme a résolu au mieux la question en achevant la bébête de deux coups de fusil (facturera t-il les cartouches à la municipalité?).
J'en aurais fait autant!!!
D'ailleurs, j'en ai déjà fait autant!
Comme c'est courant dans nos campagnes, chopez-vous un chevreuil ou un sanglier en pleine pampa à 3h du mat' et vous verrez si vous êtes disposé à jouer les SAMU animaux!
La dernière fois -c'était il y a 6 ans- j'ai «servi» un chevreuil dont les reins étaient brisés, pour ne pas laisser souffrir la bête.
Ca m'est également arrivé de chercher durant 20 minutes, le propriétaire d'un chien kamikaze à la patte brisée...  Je suis tombé sur la fillette de la casa que j'ai dû consoler et me suis tapé le convoyage chez le véto et retour au logis. J'attends toujours qu'on me rembourse la consultation, en dépit de l'errance du toutou sur la voie publique, z'ont pas voulu raquer les proprios, fallait laisser faire!

On croyait la Momie de la Madrague en voie de congélation sibérienne. Il semble qu'il n'en est malheureusement rien, Wladimir étant sans doute trop occupé avec une chasse au loup dans sa sous-république de Sakha (Yakoutie) dont le président a ordonné l'abattage de 3000 des 3500 exemplaires de ce désert grand comme l'Inde.
Passant des éléphantes tubardes (au fait qu'est-ce qu'elles deviennent?) au toutou chevrotiné, l'inénarrable et fascisante Brigitte BARDOT, qui n'a sans doute pas d'autres chats ou chattes à fouetter, va désormais exister en pourrissant la vie des braves hommes d'élus sauvagnonnais en portant plainte contre eux.
Un procès et les frais afférents pour une telle couillonnade, c'était indispensable!

Mais pourquoi se gêner quand après sa dernière sortie, notre cher Président s'abaisse à donner suite à ces provocations (http://www.liberation.fr/societe/2013/01/14/elephantes-de-lyon-hollande-repond-a-bardot_873920). Qui soutiendra les braves élus sauvagnonnais ainsi injustement harcelés?
Le fait, brutal et incontournable, c'est que le temps de trouver un vétérinaire, le clébard aurait souffert plus longtemps pour parvenir au même résultat, mais à la seringue plutôt qu'au fusil.
L'autre fait, c'est qu'une rombière passant par là soit tellement décalée d'une REALITE qui la bouleverse -la souffrance et la mort- qu'elle se trouve incapable de la supporter et qu'elle se croit obligée d'ameuter la population pour remédier à son symptôme.
Le troisième fait, c'est qu'il se trouve des tordu(e)s pour se saisir d'un évènement aussi anodin et le monter en épingle.
Le dernier fait, c'est l'exploitation médiatique qui, à aucun moment, ne souligne qu'on nage dans le merdique à trois sous et remette les évènements à leur juste place.

Nous en sommes là, avec la complicité des medias: le moindre délire de ces allumés donne suite à garde à vous avec petit doigt sur la couture du pantalon.
C'est assez (cétacé?)!
Quelle est la réponse à ces excès, à ce terrorisme intellectuel et moral très réel?
Aucune ou presque, sinon lâcherie, veuleté, escapade et ouverture généralisée de parapluies, un must de notre époque.

Il ne faudrait pourtant pas grand chose.
Une association (il en existe déjà mais que font-elles?) qui se préoccuperait d'entretenir une cellule de veille et pourrait appeler son fichier d'aficionados à réagir en urgence à chaque événement par l'envoi de mails modélisés. Exactement comme font les autres!!!
Qui a fait pression (ou proposé de le faire) sur Afflelou ou Emmaüs comme les autres n'ont pas hésité à le faire?
Pourquoi cela ne se fait pas?

Sans doute parce que le désir forcené des uns d'interdire les corridas est plus violent que celui des autres de les péréniser (cf le premier paragraphe).
C'est comme cela qu'on perd les combats: le plus ardent et le plus décidé finit toujours par gagner.
Après tout, peut-être la critique des «zantis» serait-elle justifiée: les aficionados n'auraient pas de couilles!
De grâce, sortons de l'immobilisme et battons-nous à armes égales!
Xavier KLEIN

mercredi 30 janvier 2013

Mathieu, le don de Dieu

Mathieu SODORE est, à mon sens, l'illustration parfaite de ceux que les espagnols qualifient de «buena persona».
Il n'y a pas plus aimable, discret, et de cette vive intelligence qui interroge le monde sans «la ramener».
Aficionado fin et profond, plus que «practico» en sa jeunesse, homme de culture, il a su quitter ses Landes natales pour courir ses rêves et enfin trouver leur fabrique dans les quartiers populaires et colorés de Lisbonne.
Mathieu est un artiste comme on est torero (on nait...), ce n'est pas dans son cas une carte de visite, une profession, c'est un état de l'âme, un regard porté sur le monde, une manière d'être qui se traduit par son intérêt pour les diverses manières dont un humain peut traduire ses émotions.

J'ai souri en découvrant son blog (le lien figurera désormais ci-contre), dont l'image d'accueil est semblable à un tableau qu'il a bien voulu me céder, il y a un an.
Tout dans cette oeuvre est à son image: la pudeur d'un homme dévoilé à moitié qui s'interpelle dans le même regard qui questionne le monde et le spectateur.
Mathieu, c'est un prénom d'évangéliste et l'évangile (εὐαγγέλιον) signifie la «bonne nouvelle».
Mathieu nous annonce donc une bonne nouvelle!

Mathieu a porté l'habit de lumière en son temps. Il a quitté depuis longtemps l'habit, mais il a conservé la lumière!
Abrazos fuertes Don Mateo.
Xavier KLEIN

lundi 28 janvier 2013

Arènes sanglantes

L’incompétence historique se marie à ravir avec l’impéritie littéraire quand nos contempteurs se préoccupent de prendre Vicente Blasco Ibáñez à témoin dans l’argumentation anti-taurine.
Contresens dans la perception de la critique sociale qui est le véritable thème sous-jacent d’«Arènes sanglantes» du digne représentant dans sa culture de l'Ecole naturaliste, celui qu’on surnommait le «Zola espagnol».
Mais également perception -hors du contexte- d’un texte écrit en 1908, utilisé pour une critique de la corrida en 2013!!!
Dans la mauvaise foi et la bétise on ne saurait mieux faire. C’est comme si l’on critiquait la condition des mineurs européens contemporains (du moins ce qu’il en reste) en utilisant «Germinal»…
La physionomie de la corrida, tant dans son contenu que dans l’attitude du public a autant évolué en un siècle, que tout autre type d’activités, du théâtre au tennis.
Cela ne gêne en rien nos imprécateurs, qui, tels les moutons de Panurge –normal pour des bestialistes- citent à l’appui un texte que je les défie de trouver dans le roman (je fournis même le texte: http://editions.sillage.free.fr/pdf/blasco-arenessanglantes.pdf): «Dans une corrida, ce qui m’écoeure, c’est la foule. Là, la foule donne libre cours à ses instincts de grossièreté, de férocité, avec une ardeur plus véhémente que dans une émeute ou à la guerre, car elle sait qu’elle ne risque rien. Là, l’homme du monde y devient pareil au pire voyou de la rue, et derrière la balustrade solide, il vocifère comme un dément, dans son désir de sang et carnage. La lâcheté de tous ces gens excitant les autres à s’entretuer est, à mon sens, une des choses les plus ignobles qui soit au monde, c’est un odieux assassinat de chevaux et de taureaux.»
Blasco Ibanez, «Arènes sanglantes»

Par contre, pour qui connaît le texte et son exégèse, Blasco Ibañez, aficionado de verdad, mais également scrutateur intransigeant de son temps, livre ci-après, sous le couvert du Docteur Ruiz, son sentiment.
Une façon de voir à laquelle, j’ai une forte tendance à adhérer: «Le docteur insistait sur son idée : «Un progrès incontestable ! Et voilà la raison pour laquelle, moi qui suis révolutionnaire en toutes choses, je n’ai pas honte d’avouer que j’aime les courses de taureaux. Ces courses sont barbares, j’en conviens. Mais les peuples qui se disent civilisés n’ont-ils pas d’autres plaisirs aussi sauvages ? Est-ce en Espagne seulement qu’on se délecte à des spectacles mortels ? Les inutiles courses de chevaux qui se pratiquent en Angleterre, en France et partout, ne laissent-elles pas chaque année sur les hippodromes plus d’hommes tués qu’il n’en périt dans nos redondels ? Et la chasse à courre, et les combats de coqs, et les séances de boxe, et tous ces sports brutaux qui écrasent les nez, cassent les jambes, fracturent les crânes, sont-ils donc des passe-temps anodins ? En somme, chaque peuple a ses jeux violents ; et, qui sait ? peut-être un peu de brutalité est-il nécessaire pour secouer la monotonie de notre existence trop douce, pour réveiller dans nos organismes débilités les énergies viriles. Que des hommes valeureux et adroits, s’astreignant à observer des règles d’une indubitable sagesse, affrontent et tuent, au grand soleil, sous un ciel de feu, en présence d’une foule multicolore qui les applaudit, une bête énorme et féroce, c’est sans doute un spectacle sanglant, mais, à coup sûr, c’est aussi un spectacle de beauté… ».
Encore une imposture, celle d’ignares et de fanatiques plus préoccupés de plier les réalités à leurs désirs forcenés et à leurs thèses, que de s’informer objectivement des faits.
Xavier KLEIN

Corrida et franquisme

Tous les moyens sont bons!
Certaines désinformations nauséabondes tendent à la récupération de la «gauche libertaire» en introduisant l'idée fausse et pernicieuse que la corrida serait un pur produit franquiste.
Le dernier cri en la matière est à l'idée que la République du Frente Popular s'apprêtait à prohiber la corrida avant que d’être vaincue par les putschistes.

S’il ne fallait qu’un seul argument-massue pour prouver le contraire, il suffirait de demander quel est le symbole le plus évident que l’on associe à la Guerre Civile.
Il en est un qui s’imposerait immédiatement: Guernica le chef d’œuvre de Pablo Picasso.
Tant le contenu du tableau que la personnalité de son auteur se rapportent sans ambiguïté aucune à la tauromachie.
Et si l’on demandait le nom d’une personnalité incarnant le calvaire républicain, sans doute sortirait majoritairement celui de Federico Garcia LORCA, lui aussi panégyriste de la «fiesta brava».
Bien entendu, on pourrait en citer par dizaines et la cause est entendue auprès de tous les historiens un tant soit peu sérieux et objectifs. Ce qui n’empêche nullement les négationnistes à tête chercheuse, contre toute évidence, et en les sortant du contexte, de faire feu de tout bois.
On trouvera toujours des photos où des toreros font le salut fasciste, comme l’on en trouverait d’athlètes, de footballeurs, d’artistes, voire d’employés municipaux.
Il en va de même pour l’une des uniques corridas célébrées en France sous l’Occupation, où les tendidos de Bayonne sont noyés sous les uniformes feldgrau. Une expérience non renouvelée, Adolf comme le Haut Commandement de la Wehrmacht, n’adhérant nullement à ce spectacle barbare et dégénéré, si peu aryen.
On ne songerait aucunement à reprocher au milieu du spectacle et de l’art français, du music-hall au cinéma, en passant par le théâtre et la chansonnette d’avoir abondamment prospéré durant cette période (qui fut d’ailleurs une période d’intense production artistique), pour distraire les troupes allemandes qui venaient en permission se refaire une santé et un moral dans le gai-Paris, entre deux massacres de partisans sur le Front de l’Est.
Mais on se le permet pour la tauromachie, comme on se permet tant de choses: les aficionados ne sont-ils pas des barbares que l’on peut traiter de la manière la plus dégradante, tout en conservant la bonne conscience des gens chébrans et comme il faut?
Jean ORTIZ, universitaire palois qui n’est pas précisément -c’est le moins qu’on puisse dire- un suppôt du franquisme, de l’extrême droite, voire de la droite, à écrit sur le blog «Lo taure roge» (cf ci-contre) un article édifiant à ce sujet.
ORTIZ, fils de républicain espagnol, n’étant pas particulièrement un plaisantin, on aura profit à en déguster chaque mot.
Xavier KLEIN


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mercredi 16 janvier 2013

Fadjen's News

Si dans mon dernier article -comme dans nombre d'autres- je dénonce librement et abondamment les travers, les perversions d'un système du mundillo pour qui l'argent prend de plus en plus le pas sur l'afición, cela ne m'empêche nullement de considérer par ailleurs les mêmes vices chez les contempteurs de la corrida.
L'argent coule à flot chez les «zantis» dans le cadre d'une compassion animale très … rémunératrice. Il n'est simplement que de considérer le chiffre d'affaire global du secteur économique du «bien être animal», les profits énormes réalisés par toutes les firmes prospérant sur le «Miaoumiam» ou le «Canidélice», sans compter l'activité des S.P.A. , des vétérinaires à toutous, et bien sûr, des associations de défense animale.
4,5 milliards d'euros annuels dépensés en France pour les bébêtes (Lire l'ensemble du dossier: http://www.capital.fr/enquetes/dossiers/le-marche-en-or-des-animaux-de-compagnie-696388). 750 euros annuels pour un clebs ou un matou!
Le R.S.A. mensuel pour une personne seule et sans enfants étant de 483,24 euros mensuels, pour le coût annuel de 7 toutous ou minets on peut se payer un pauvre français! Mais le seuil mondial d'extrême pauvreté (qui concerne 1,2 milliards d'humains) étant de 0,75 euros/jour, soit 275 euros annuels, pour le coût annuel du même toutouminet, on pourrait se payer 2,7 superpauvres mondiaux!!!
Génial, non?
Le budget PETA US pour 2011 n'était pas moins de 37,394 millions de dollars (http://www.peta.org/about/learn-about-peta/financial-report.aspx), celui de la S.P.A. (le plus gros «euthanasieur» d'animaux de compagnie, munis des subvention publiques afférentes et de rapports successifs de la Cour des Comptes alarmants) s'élevait quasiment à 29 millions d'euros. Avec tout ça on pourrait fournir de l'eau potable à l'Afrique et aux Amériques.
A côté de ces chiffres, le secteur taurin fait figure d'activité artisanale! Et que dire de l'indécence du reportage ci-dessous?
Attention ce reportage comporte des images et des commentaires difficilement supportables!!!



Même les «petits» s'y mettent.
Toute galette -même bretonne- étant bonne à prendre, notre vieille connaissance, le gugusse armoricain qui chaperonne Fadjen, a agrémenté sa très pure, noble et gratuite compassion animale par le secours utile et bienvenu de revenus annexes sonnants et trébuchants.
«Sauver» une bestiole c'est bien, faire payer le sauvetage aux autres, c'est mieux!
Ce qui s'apparente de plus en plus à une entourloupe, compte tenu du fait qu'on ne sait toujours pas d'où vient ce soit-disant toro de combat, à qui il a été acheté et quelles sont ses origines (mansas?) débouche sur la phase lucrative du recueil de fonds.
Adhésion au club de soutien: 15 euros, autocollant (anti-corrida, anti UV, garanti 3 ans): 3 euros, calendrier: 15 euros. Par ici la bonne soupe à l'oseille!
Je constate que si nombre d'associations «zantis» collectent abondamment et activement des fonds pour abolir la corrida (c'est du moins ce qu'elles prétendent), à ma connaissance, à part l'«Observatoire», en France, il n'existe aucune association d'aficionados qui fasse la quête pour la défendre. Qui plus est, il ne me semble pas que le dit «Observatoire» croule sous les dons.
Le commerce «zanti» fonctionne donc à plein rendement, sans que l'on sache très bien d'ailleurs comment, par qui et pour quoi sont utilisés ces subsides.

Le fadjenophile forcené m'a d'ailleurs inspiré une excellente idée, dont la mise en oeuvre pourrait faire la joie tant des «pros» que des «zantis».
Il s'agirait de proposer à ces derniers, l'achat de l'ensemble du desecho de tientas, des invendus qui encombrent les ganaderias françaises.
Il y en aurait pour tout le monde!
Ainsi, chaque «zanti», un tant soit peu cohérent, aurait, pour lui tout seul, l'usage de son toro ou de sa vache de combat sauvé par ses soins de l'enfer des arènes.
Il va de soi que les dits zanimaux seraient livrés sains, propres, vaccinés, accompagnés d'un ruban cadeau, d'un certificat d'origine, et d'un superbe diplôme de «sauveteur de toro».
Évidemment, cela obligerait sans doute à la multiplication des associations de soutien, des autocollants garantis 3 ans et des calendriers, mais il me semble que chaque «zanti» doit comprendre où est son devoir et se fera une obligation d'emménager son appartement parisien ou sa villa «S'am suffit» en conséquence.

La balle est donc dans le camp des Hely et consorts qui après s'être eux-mêmes dévoués, auront à coeur de solliciter leurs nombreux soutiens et en premier lieu, les pipoles dont ils se réclament tant, pour montrer le bon exemple (http://www.flac-anticorrida.org/qui-sommes-nous/comite-honneur/).
J'imagine assez Gérard LENORMAN, Francis LALANNE, Michel DRUCKER ou Milène DEMONGEOT allant quotidiennement porter à la bébête sa ration de foin.
L'engagement et la militance exige bien quelques menus sacrifices!!!
Xavier KLEIN

mardi 15 janvier 2013

Télé létale: l'est-elle?

 En ce moment, l’attention mundillesque s’obnubile sur des terrains qui n’ont que peu à voir avec la réalité de ce qui se passe dans les ruedos entre un toro et un torero. La saison hivernale taurine, contrairement à l’art polémologique (art de la guerre) est propice aux grandes manœuvres. C’est le temps des échauffourées, de la guerilla entre empresas, apoderados, syndicats, et agences de «com».
Ce serait passablement comique si la situation n’était si préoccupante: le ménage démuni se dispute le canapé alors que la maison brûle. Tout ce petit monde semble vivre virtuellement en dehors de la réalité taurine (en 5 ans, chute drastique en Espagne du nombre de festejos), comme de la réalité d’une économie sinistrée.

L’un des «marronniers» les plus en vogue depuis quelques années tourne autour de la problématique des droits de diffusion télévisuelle. Un thème qui donne lieu au foisonnement des lieux communs et des présupposés gratuits que je me fais toujours une délectation de traquer impitoyablement en ce qu’ils sont source de nos plus grandes bévues.
Très curieusement, si ces dénonciations font polémique sur l’instant, je relève qu’elles s’imposent ensuite comme des évidences que personne ne songerait à remettre en cause. Ainsi, lorsqu’il y a 4 ou 5 ans, je remettais en cause (avec d’autres) des babioles comme le «toro» ou le «torero» modernes, la désuétude du premier tercio, le danger de disparition des encastes minoritaires, l’appauvrissement de l’encaste majoritaire, les travers de la novilleria et de la «production» des écoles taurines, la désaffection prévisible pour les corridas de figuras et les dérives de ces dernières, le cas Michelito, etc. cela provoqua des levées de boucliers. On parla même de boycott d’Orthez du coté de Vieux Boucau!
Tout cela, je ne l’ai pas oublié et je conserve précieusement archives et écrits des fois qu’on dût rafraîchir quelques mémoires défaillantes ou rappeler certaines vérités aux résistants de la dernière heure…

La corrida cumule un certain nombre de particularités qui lui confèrent sa singularité.

Elle procède de ce qu’on qualifie de «spectacle vivant», comme le théâtre, le jazz ou le flamenco. Ces exemples ne sont pas choisis au hasard, tous ont en commun une relation sui generis entre le public présent et les acteurs qui autorise, parfois, la manifestation d’un état particulier que les espagnols ont cultivé et qui s’appelle le duende.
Le mot duende provient de l’expression «duen de casa» (de dueño de casa: le seigneur, le maître de maison, un petit génie ou lutin domestique). Le duende, c’est tout à la fois le charme (aux deux sens de rompre un/le charme), l’inspiration, la classe, le génie, l’âme, c’est à dire cette exaltation, cette quasi transe créative qui s’empare de quelqu’un, devenant «maître en sa maison». Or, cette sublimation ne peut intervenir que dans la relation à l’autre: le duende doit avoir des témoins, des récepteurs, on ne saurait avoir du duende tout seul.
Acteurs, chanteurs ont besoin du soutien, de la compréhension, de l’adhésion, de … l’amour du public, comme on le constate à ces toreros fustigés par des lazzi, qui se mettent soudain à toréer.
Lorca dans «Jeu et théorie du duende» évoque le duende: «Pastora Pavón terminait de chanter au milieu du silence. Seul et sarcastiquement, un tout petit homme seul, qui sortent tout à coup en dansant des bouteilles de gnole, glissa à voix très basse : «Vive paris!», comme s’il disait: «Ici, peu importe le savoir-faire, la technique, la virtuosité. Ce qui nous importe, c’est autre chose.».
Alors, la Niña de los Peines se leva comme un folle, pliée en deux comme une pleureuse médiévale, elle avala d’un trait un grand verre d’anis de Cazalla, brûlant tel le feu, et se rassit pour chanter sans voix, sans souffle, sans finasseries, d’une gorge embrasée, mais … avec du duende. Elle avait réussi à tuer toute architecture élaborée de sa chanson pour ne laisser passer qu’un duende furieux et dévastateur, ami des vents chargés de sable, qui poussait l'auditoire à déchirer ses vêtements presque dans le même rythme qui saisit les nègres antillais de rite lucumi, quand ils se les arrachent, pelotonnés devant l’image de Sainte Barbe.
La Niña de los Peines dut déchirer sa voix parce qu’elle savait s’adresser à un auditoire exquis qui ne demandait pas les formes, mais la moelle des formes, une musique pure, épurée, pour demeurer suspendue dans l'air. Il lui fallait se dépouiller de toute habileté et de toute assurace, c’est à dire éloigner sa muse, rester désemparée, pour que son duende jaillisse et daigne lutter à mains nues. Quel chant! Sa voix alors ne joua plus, sa voix était  jet de sang par sa douleur et sa sincérité, elle s’ouvrait comme une main de dix doigt sur les pieds encloués, mais pleins de bourrasque, d’un Christ de Juan de Juni.».
Ce que traduit ici le maître poète, c’est la magie même qui émerge d’une situation artistique, d’un lien indicible et bouleversant qui se crée directement entre l’artiste et son auditoire, parce qu’il y a artiste et parce qu’il y a auditoire.
Ce lien là est irremplaçable, aucun truchement ne saurait lui être substitué, surtout pas celui de la télévision.
Exprimé autrement et narquoisement, la «télé» ne peut rendre compte de la corrida, car une caméra n'aura jamais les poils qui se hérissent...

Une autre particularité de la corrida est d’être, comme l’opéra, une manifestation luxueuse. Une manifestation luxueuse MAIS populaire (et non de masse!). Du moins l’était-elle jusqu’à ces dernières années, lorsque les tendidos des ferias françaises étaient surtout garnis d’indigènes et ceux de Las Ventas de tout le petit peuple aficionado madrilène. Depuis que l’argent-roi inspire nos modernes empresas plus que l’aficion, depuis que les abonos sont distillés comme des cadeaux d’entreprise, depuis que le touriste chinois ou russe a remplacé le chulo, on court à la banalisation et à la disparition du sens. En effet, le luxe s’accommode mal de la massification et pâtit d’être galvaudé.

Un cha-no-yu (cérémonie du thé) ou une jam session n’intègrent la plénitude de leur sens et de leur goût qu’in situ, à Kyoto ou Greenwich Village, replacés dans leur contexte et dans leur public, comme le Gospel doit être compris et vécu dans une église baptiste de Géorgie, plutôt que sur le plateau d’un zénith de province. Certes on peut en rendre compte, certes on peut les donner en spectacle, mais on ne peut éviter alors d’en altérer l’âme, de les dénaturer…
Il en va ainsi des corridas télévisées qui perdent la plus grande partie de leur signification –sans parler de leur saveur- en passant du statut de rituel à celui de spectacle, comme le public, l’aficionado, devient téléspectateur.
Une corrida doit faire rêver, se mériter, être ACTE de DESIR et non ACTE de CONSOMMATION. 
D’un coté l’on est acteur d’un événement ne serait-ce que parce qu'y réagissant, de l’autre on est spectateur passif, ne serait-ce que parce qu’impuissant.
Lorsqu’en 1975, pour la première fois, j’ai foulé le sable et les tendidos des sanctuaires de Ronda et de la Maestranza, après avoir économisé toute l’année pour accéder à la Terre Promise, cela n’avait sûrement ni le même sens, ni la même intensité que lorsqu’on se branche sur Canal + pour la énième corrida du cycle sévillan. C'était l'aboutissement d'une espérance, le produit maturé d'une longue attente, le pèlerinage tant désiré à La Mecque, comme ces bouteilles de grands crus que l'on se retient de boire trop vite pour les déguster à leur acmé. 
La «banalisation télévisuelle» -y compris du fait des limitations de la technique et des choix subjectifs des opérateurs- tue la magie de la corrida et son exceptionnalité: c’est le syndrome du foie gras servi à tous les repas!
Non seulement elle tue les corridas même qui sont télévisées, mais également celles qui ne le sont pas: comment toutes les petites plazas qui programment des corridas «normales» pourraient-elles rivaliser avec la somptuosité des programmations des grandes ferias, où l’on sait que les figuras qui les animent s’obligeront à des efforts ou à des «gestes» auxquelles elles rechigneraient ailleurs?
Que l’on me comprenne bien: il n’est pas question ici de faire l’apologie d’une pratique élitiste réservée à quelques privilégiés argentés. Il s’agit de la réenchanter par la parcimonie: ce qui est rare est précieux.

Il faudrait également que l’on puisse me démontrer en quoi l’absence ou l’indigence de couverture télévisuelle empêchent des activités artistiques, culturelles ou sportives de vivre. Et a contrario, en quoi une surcouverture les porte à prospérer, ce qui ne fut guère le cas ces dernières années pour la corrida en Espagne.
Des sports réputés «luxueux» comme l’équitation, le golf ou la voile se sont développés et démocratisés, sans support télévisuel, il en va de même du tai chi chuan, du surf, de l’opéra, du théâtre, de la danse classique, des expositions graphiques, etc. qui ne sont que chichement médiatisées ou sur des chaînes spécialisées. Cela n’empêche nullement golfeurs, surfeurs, divas ou acteurs d’être plus que convenablement rémunérés.
A l’opposé, j’émets l’hypothèse que la «confidentialité» de ces activités, supposant l’adhésion à un club fermé, à une élite (fondée sur la passion et non sur l’argent ou le statut social), œuvre pour leur attractivité. Tout compte fait, un abonnement à l’opéra ou une place de corrida ne coûtent guère plus cher qu’une place à l’année des Girondins ou un concert de Johnny! Un tendido en novillada, c’est le prix de 3 paquets de clopes! C'est à dire l'accessibilité ouverte à tous.
Que provoquerait une absence de couverture télévisuelle de la feria de Séville, de la San Isidro ou de la San Fermin? Une baisse globale de l’afición?
Cela reste à prouver sur le moyen et le long terme. Par contre, ce dont on peut-être assuré, c’est que les vrais passionnés (et non les touristes) se débrouilleront toujours, consentiront les sacrifices nécessaires pour y assister.
Si les aficionados de la lucarne magique (et j’en connais nombre qui s’en contentent exclusivement) étaient privés de corridas, sans doute les verrait-on (plus souvent?) dans les arènes, en quoi ils gagneraient en sagacité, en sociabilité et en convivialité.
Evidemment, et là tient tout le problème, quel est l’objectif des promoteurs: maintenir et célébrer un rituel taurin qui ait du sens ou bien se remplir les poches? On entend et on lit surtout ceux qui se gobergent. Bizarre, non?
Cela expliquerait toutefois pourquoi ils s'en soucient tellement...
Xavier KLEIN

samedi 5 janvier 2013

L'année commence bien!

Vladimir Vladimirovitch POUTINE, grand humaniste et démocrate internationalement reconnu, défenseur des libertés publiques, tchétchénisator d'élite, l'homme qui a fait goulaguiser les morpionnes des «Pussy Riots», a décidé de naturaliser et recycler nos déchets cinématographiques.
Après Gérard Depardieu, c'est au tour de notre momie national(ist)e de requérir l'asile politique au cas où l'on abattrait deux éléphantes tubardes.
Poutine qui a récemment comparé Lénine à un saint et fait actuellement restaurer son mausolée sur la Place Rouge envisagerait-il de l'enrichir de notre momie française? Cela ne serait guère étonnant tant la vieille chose lui témoigne régulièrement une affection débordante:

En 2009 elle lui écrivait: «Monsieur le Premier ministre, vous qui restez mon président de coeur, je tiens à vous remercier très sincèrement d'avoir entendu mon appel. Aujourd'hui, j'aimerais être à Moscou pour vous embrasser et vous assurer de ma fidèle amitié.».
L'an dernier, elle reprenait la plume pour le féliciter à nouveau lorsque le Parlement russe interdisait le commerce des peaux en provenance du Groenland: «Mon Premier ministre préféré, je vous souhaite le meilleur pour les mois et les années qui viennent».
Avant de déclarer hier: «J'ai pris la décision de demander la nationalité russe afin de fuir ce pays qui n'est plus qu'un cimetière d'animaux.».
Pourquoi pas, c'est bien dans la logique animaliste: Poutine massacre les hommes,  muselle son opposition, fait assassiner ses adversaires ou des journalistes, met l'économie en coupe réglée de ses amis mafieux, bloque toute intervention internationale en Syrie ou son pote EL ASSAD taquine l'opposant, mais il adore les bébêtes. Un modèle quoi!
La vieille se barre: BON DEBARRAS!!!
La tête de proue des anti-corridas français ne les gêne t-elle pas aux entournures? Thierry HELY, soutien, admirateur et contributeur actif du blog de fanatiques http://brigitte-bardot.over-blog.net/article-communique-de-la-flac-114036170.html apprend-il en urgence le cyrillique et prépare t-il un déménagement précipité à Vladivostok?
Il faut l'espérer, comme il faut espérer que les pouvoirs publics français et surtout la justice ne cèderont pas devant les pressions inacceptables de ces enragés.
Xavier KLEIN
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jeudi 3 janvier 2013

καλὸς καὶ ἀγαθός

Manuel LEGRIS et Stéphane BULLION
Dans l'antiquité grecque, on célébrait le modèle absolu de la virilité: «καλὸς καὶ ἀγαθός» (kalos kai agathos: «beau et bon»), l'«idéal chevaleresque de la personnalité humaine complète, harmonieuse d'âme et de corps, compétente au combat comme en paroles, dans la chanson comme dans l'action» («Les idéaux de la culture grecque», Werner Jaeger.
Les athlètes triomphateurs des 4 jeux panhelléniques (Olympiques, Pythiques, Isthmiques, Néméens) accédaient au statut de demi-dieux en remportant ces joutes qui étaient à l'origine, des rites à fonction religieuse.
Comme les guerriers distingués pour de hauts faits d'armes (c'était parfois les mêmes), ils étaient spectaculairement célébrés pour avoir porté et grandi l'honneur et le prestige de leur cité. On leur réservait les places de choix aux banquets ou au théâtre, ils étaient entretenus à vie, on leur composait hymnes ou poèmes, et on leur élevait des statues.
La statuaire classique en témoigne: la beauté de l'homme vertueux (selon les critères grecs), courageux et triomphant était le signe de la faveur des dieux que les hommes louaient et exaltaient à l'envi. Le Discobole de Myron, le Doryphore («porteur de lance») de Polyclète, l'Apoxyomène (le «racleur») de Lysippe de Sycione ou le célèbre Aurige de Delphes exaltaient la beauté physique masculine, toujours sous-tendue dans l'âme grecque par la vertu morale.
A l'ère moderne, les choses n'ont guère changé si ce n'est qu'on s'en tient uniquement à la beauté physique, au «kalos», la dimension morale étant passée à la trappe. C'est là, à mon sens toute la différence, de taille, entre une culture porteuse de valeurs et «l'épicerie». Là où la beauté portait un «autre sens» transcendant, où elle était conçue comme le reflet de l'âme du sujet, elle est devenue objet de négoce.

De la part d'un homme contemporain, célébrer la beauté en général et la beauté masculine en particulier ne va pas dans nos campagnes sans provoquer une «certaine suspicion» quant à l'orthodoxie des moeurs de l'impétrant.
Malgré la «révolution sexuelle» des années 60, par delà le lobbying effréné des associations gay et lesbiennes, en dépit de la répression de l'homophobie, le regard d'un homme sur le corps d'un homme continue à susciter des appréciations pour le moins goguenardes dans la franchouillarderie militante.
Avec un auditoire de mâles aquitains, rugbypèdes si possible, amusez-vous à l'apéro à dire votre émotion ou vos larmes devant un splendide coucher de soleil, un paysage mordoré d'automne, un bronze de Donatello, une oeuvre de Boticelli ou une prestation du danseur étoile Roberto Bolle et vous m'en direz des nouvelles!
Roberto BOLLE
Faut-il être femme ou gay pour admirer le corps d'un homme, zoophile pour se régaler des formes parfaites d'un cheval ou d'un toro et pourquoi pas «cosmophile» pour jouir d'une nuit étoilée?
Et puis c'est facilement faire fi de ce que les sciences de l'homme, la psychanalyse entre autres, nous ont appris de nos pulsions secrètes, inavouées et férocement refoulées, y compris de l'homosexualité latente qui git aux tréfonds de tous les humains. Pour parodier Groucho Marx, il n'y a que les imbéciles pour ignorer que «les hommes sont des femmes comme les autres»!

Je lis ça et là, une réprobation récurrente à l'endroit du sieur Jose Maria MANZANARES qui s'afficherait par trop, dans des errements pipoles ou des tabloïds d'autant plus malodorants que féminins et populaires.
Nomdediou!
Comment? Caisse? Decoi, decoi? Un dieu de l'arène se laisserait aller à ces décadences de dégénérés? Pas étonnant avec les chèvres qu'il torée, le minet!
Que non pas monsieur, un torero, ça doit être viril et tout et tout, ça doit être cicatrisé voire borgne, ça peut être découillé par des cornes assassines, mais ça reste un mâle, un vrai!
Le procès en tantouzerie n'est pas loin...
Cette réaction m'interroge.
Manzanares n'est nullement le premier à subir cette critique. On reprochait presque à José Gómez Ortega «Joselito» sa beauté qui contrastait tant avec la laideur -tout aussi subjective!- du gnome Belmonte, comme on reprocha à Ignacio Sánchez Mejías sa fréquentation de l'intelligentsia des années 30 ou son amitié avec cette lopette de Lorca, comme on glosa sur ces empaffés de Dominguin et de Cordobes, qu'on accusait de la même manière de ne faire leur ordinaire que de petits toritos sur mesure.
On reprendrait les commentaires d'époque on retrouverait les mêmes mots, les mêmes arguties. Pourtant, le temps passant, l'histoire faisant justice, qui refuserait à chacun de ces «bellâtres», jadis pressés de femmes et de mondanités, la gloire de maestros d'anthologie?
Il n'en demeure pas moins que toritos ou pas toritos, ces bestioles là blessent et tuent, et même statistiquement plus souvent que les autres. En outre, même si je ne professe jamais le respect quasi religieux paraît-il dû à celui qui «se met devant les toros», il faut reconnaître qu'il faut quand même … «s'y mettre»! Ce qui n'est tout de même pas à la portée du premier clampin venu...
La dérision a donc ses limites que la décence et le respect devraient imposer.

Peut-être faudrait-il se demander si, se déshabillant pour les magazines, Jose Maria ne transgresse pas un tabou?
Le «traje de luces» révèle le corps en le vêtant. Il suggère, cache, masque, pour mieux provoquer l'énigme et le désir.
Songe t-on à cet artifice qui mue la silhouette plutôt longiligne, presque androgyne du torero standard, dont le morphotype idéal, fruit d'une exigence de souplesse et d'agilité, s'apparente plus au danseur qu'à l'haltérophile, en mâle conquérant?
Examinons ces broderies qui élargissent les cuisses, cette chaquetilla et ses épaulettes qui développent la carrure, cette montera qui hausse la taille et en rajoute coté poil...
S'il est évident que le costume de lumière «masculinise» le torero, allant jusqu'à exacerber une virilité, un «paquet» que nul costume depuis les volumineuses braguettes de la Renaissance n'avait ainsi glorifié, s'en départir, se déshabiller sur des photos de mode, ne signifierait-il pas le danger d'une «efféminisation» rampante?
MANZANARES ne choque t-il pas surtout en dévoilant un corps qui doit rester caché, qui doit demeurer un inaccessible objet de désir dont la révélation ferait choir la magie et le charme?
Ne choque t-il pas parce qu'il brise l'image?
D'aucuns (dont je suis) se passionnent pour la beauté rugueuse des gueules burinées et expressives de ces vieux toreros dont le physique raviné colle à l'idée romantique -très XIXème- que l'on aime à se faire du monde des toros. C'est à la fois une mode (comme l'hyperréalisme des portraits romains du Ier siècle) et un tropisme permanent. Est-il incompatible avec la légèreté et la grâce?
Opposer la «gueule» d'un Frascuelo et la tendre juvénilité d'un Manzanares me semble aussi stupide et vain que d'opposer la fraîcheur insouciante des majos madrilènes des tapisseries de Goya et la dure profondeur de ses portraits de vieillesse. Chaque âge a ses plaisirs et ses vertus.
Jose Maria MANZANARES fête ses 31 ans aujourd'hui, il est jeune, beau comme un dieu, riche, bien portant et adulé. Les femmes matent ses fesses et sa gueule de tendre voyou, les hommes jalousent ses abdominaux et sa ceinture d'Apollon et lui, ma foi, semble assez heureux de l'ensemble. Qui cela dérange t-il?
Il ne va tout de même pas attendre d'avoir cinquante piges, la viande pendante et couturée, la ventripotente déliquescence de la vieillesse pour s'afficher avec des beautés? Voilà là la véritable indécence, celle des barbons!

Et puis zut! «La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde».
La laideur aussi malheureusement...
Xavier KLEIN