Humeurs taurines et éclectiques

mercredi 27 juillet 2011

EXCUSES

Dimanche 24, à l'issue de la novillada, un charmante dame, joliment prénommée Sara, engoncée dans l'imperméable de circonstance vu la météo bretonne, m'accostait pour me remettre un pli.
Avec infiniment de gentillesse et de retenue, courtoisement mais fermement, elle m'expliqua longuement combien elle avait été choquée par un mien article (http://bregaorthez.blogspot.com/2011_06_01_archive.html) mettant en cause Monsieur Philippe Bélaval.
Sollicité par d'autres préoccupations, je ne la revis que le soir dans les pénates malheureusement désertées de la Peña SOL qui avait dû annuler sa traditionnelle tertulia pour cause d'humidité excessive.
Une dame qui fait 500 kms y picos pour venir porter une parole, mérite tout particulièrement d'être écoutée avec attention. D'autant plus d'attention que ce qu'elle venait me confier rejoignait d'autres interventions du même tonneau.
En effet, quelques semaines auparavant Marcel Garzelli, puis Roger Merlin et pour conclure, le matin même Vincent Bourg m'interpellaient sur la même question.

Ces derniers ne se sont jamais mêlés jusqu'à présent d'une démarche similaire, y compris dans mes démêlés avec le Torquemada de l'O.N.C.T.. Nous avons souvent «bataillés», mais ils m'alertaient là d'une injustice que j'aurais commise. Je ressentais dans leurs propos une intention bienveillante et gratuite, sans arrières pensées.
***
Un tel faisceau d'interventions différentes me donna à réfléchir. Surtout sur le ton amical avec lequel elles avaient été exprimées.
Tous m'ont fait de Monsieur BELAVAR le portrait élogieux (à mes yeux) d'un homme extrêmement sensible, discret, cultivé, éloigné de toutes manigances et de tout esprit de polémique. Un homme qui aurait été très affecté de mes propos.
Il peut m'arriver d'être sévère, de tacler rudement, mais si quelque chose me révolte, c'est bien de blesser gratuitement et délibérément quelqu'un qui ne le mérite pas.
Il apparaît donc que j'ai été tout à fait injuste à son endroit et que je lui ai fait du tort, ce que JE REGRETTE TRES PROFONDEMENT et me pardonne difficilement.
Je présente donc à Monsieur Philippe BELAVAR mes plus sincères excuses et je rétracte les commentaires que j'ai tenu à son sujet.
J'espère qu'il daigne m'en pardonner et pouvoir un jour lui communiquer personnellement mes regrets.
Merci également à ceux qui ont eu la délicatesse de me permettre de réparer.
Xavier KLEIN

L'ESSENCE DES FLAMMES

Je ne suis ni juriste, ni policier, mais il me semble qu'en matière criminelle, il convient toujours d'afficher une prudente réserve, et d'attendre que les enquêteurs aient mené leurs investigations et que la justice passe pour se constituer une opinion éclairée.

Désigner à priori, sans preuves, qui que ce soit à la vindicte publique relève de l'instrumentalisation et de la dénonciation calomnieuse. Les exemples ne manquent pas, pas plus que les retournements de situation où l'on s'aperçoit au final que les choses n'étaient pas exactement ce que l'on croyait initialement.
Prenez le cas par exemple d'un certain attentat commis en 1959 avenue de l'Observatoire, ou l'enlèvement bidon en 1982 de Jean-Edern Hallier.
Ou bien ces nombreux actes de terrorisme où l'on regarde du coté des fanatiques qui ont souvent bon dos alors que l'on aboutit souvent à des logiques crapuleuses.
En matière taurine même, que n'avait-on avancé sur la responsabilité des «zantis» dans l'incendie de Saint Perdon qui résultait en fait d'une imprudence de potaches!

La circonspection et le recul s'imposent donc.

Il existe toutefois un vieil adage policier qui guide généralement les enquêteurs: «Cherche à qui le crime profite!» que l'on pourrait aussi décliner en «Vois qui en tire profit!».
Je n'ai aucune idée sur l'identité de celui ou de ceux qui se se sont promenés récemment avec des allumettes du coté de Vieux Boucau.

Dans tous les cas de figure, l'acte est ignoble.

Ce que je sais par contre, c'est que certains feux sont boutés bien avant que les flammes ne jaillissent, que les synagogues ont brûlé en 1938 en Allemagne, mais que l'incendie était programmé depuis longtemps par ces mots qui banalisent, préparent et justifient les crimes à venir.

La radicalisation du débat taurin d'un coté, comme de l'autre, par des gens qui y voient un intérêt à exister me paraît porteuse de sombres présages.
Je ne cesse de le dénoncer et de m'élever contre les provocations incessantes, d'où qu'elles viennent.

On m'en tient d'ailleurs grief et nul doute que je ne figure, par l'une de ces allusions anonymes et fielleuse, en tête de ces «"aficionados" qui n'ont de cesse d'enrichir les arguments des anti taurins par les attaques viles qu'ils portent depuis des mois à mon encontre - point besoin de les nommer chacun les connaît - en entretenant avec eux une correpondance si ignoble que les enquêteurs les ont classés dans le même panier qu'eux, s'interrogeront aussi sur leur part de responsabilité, pas au regard de ce qui m'est arrivé, mais au regard du monde de l'aficion dans son ensemble.».

Qu'importe! On sait que dans les situations de conflit ce sont ceux qui appellent à la raison qui tombent les premiers et sont la cibles des enragés de tous bords. Il en a toujours été ainsi depuis l'aube des temps. C'est une vieille histoire depuis que l'on forçât Socrate à boire la cigüe.
On sait également les profits que l'on peut tirer de la victimisation.
On sait enfin que le seul et ultime antidote à la violence, c'est la parole. Une parole libre à laquelle il n'est nullement question de renoncer. C'est pourquoi, j'ai toujours accepté et voulu, contre vents et marées, échanger avec les «zantis», que pourtant je ne ménage guère.
Que cela ne soit pas entendu par ceux qui préfèrent en découdre que comprendre n'est guère étonnant.

Pour reprendre une image récemment employée, l'Inquisition catholique qui pratiquait les autodafés s'est infiniment plus préoccupée de ses ouailles que des juifs, des protestants ou des mahométans, de même que les terroristes islamistes frappent plus leurs coreligionnaires que les Infidèles: la cohésion dogmatique du groupe doit être maintenue à tout prix.
Répèterait-on alors l'histoire de l'inquisiteur calciné?

Il n'empêche que l'on ne déchaîne pas non plus impunément les furies. La terminologie volontairement dégradante («tortionnaires», «sadiques», «barbares», «pervers», etc.) utilisée systématiquement par les «zantis» cultive le terreau des passages à l'acte futurs.
La destruction méthodiquement programmée de l'estime et du respect dû à l'autre par des «gens très comme il faut», fussent-ils psychiatres ou psychanalystes -mais la science s'accorde t-elle toujours à la conscience?- qui donnent libre cours à leur violence verbale latente armera un jour le bras agissant d'un «déséquilibré». Ce ne sera évidemment la faute de personne.
Il faudra bien qu'un jour la justice s'en mêle pour réguler et prévenir les excès à venir puisqu'elle n'a su le faire des avanies passées.
Il faudra bien qu'un jour un procès intervienne pour qu'un juge, au nom du droit, interdise qu'on se permette ainsi l'insulte impunie.
Il faudra bien aussi se prémunir des indignations sélectives. Nombreux ont été ceux qui se sont trouvés esseulés à l'heure de l'épreuve, sans recours et sans soutien de quelque observatoire que ce soit.
Demandez à Eric Colemont, ce qu'il en pense...
Enfin qu'on se rassure dans les chaumières boucaliennes, et qu'on s'épargne des efforts, comme homme public j'ai déjà un dossier chez les R.G., nul besoin de me dénoncer...
Tiens! Délation, inquisition, procès d'intention, cela rime!
Xavier KLEIN

mardi 26 juillet 2011

ORTHEZ 2011, PREMIER BILAN



Comme dab, quelques impressions PERSONNELLES, bien entendu SUBJECTIVES et forcément partiales sur la journée taurine du 24.
Je passerai rapidement sur la prestation des hommes du jour. D'abord parce que souvent mobilisé par ailleurs, je n'ai pu consacrer une attention régulière et soutenue aux lidias. Ensuite parce que, comme je l'ai souvent exprimé, le callejon n'est pas le meilleur lieu pour apprécier un festejo (déficit de vision globale en 3 dimensions), surtout lorsque votre «référentiel» n'est pas habitué à cet angle. Enfin parce qu'il serait de ma part inélégant de porter jugement sur des hommes que j'ai engagé et avec qui je ne peux m'empêcher d'entretenir des affects. On voudra bien le comprendre.
***
Tout d'abord on ne peut éluder la composante climatique très défavorable qui a influé toute la journée, et tout particulièrement pour la corrida.
Une influence sur le moral des troupes et du public. Trempé et transi, on ne voit pas les choses de la même manière qu'avec soleil et mouches.
Influence également sur la lidia dans la mesure où l'incertitude quant aux appuis sur sol glissant et détrempé augmente le niveau de risque. Or l'après-midi les Dolores ne se sont pas exactement comportés comme des soeurs de charité.
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En ce qui concerne la novillada, la présentation m'a semblé indiscutable. Trapio et têtes correspondaient totalement à nos exigences. Par contre, j'attendais ces novillos avec un peu plus de piquant et de force. Ceci dit, ils n'ont nullement démérité et leur prestation a rendu la matinée intéressante. Dommage pour le splendide cárdeno dont l'éleveur (et votre serviteur) attendait beaucoup.

Le cartel en hommes a été composé très tardivement. Devait primitivement y figurer Cayetano ORTIZ, qui s'est retiré d'un commun accord avec la Commission pour pouvoir pleinement se consacrer à sa programmation prévue le soir à Madrid. Nous avons voulu présenter des nouvelles têtes, ou du moins des novilleros peu vus en France, mais il fut difficile de mener avec eux le travail préalable d'échanges que nous menons habituellement.
Cristian ESCRIBANO (il toréait le soir à Madrid) m'a intéressé, je lui ai trouvé une certaine sincérité et des talents de lidiador.

L'immense déception vient du tercio de piques qui n'a aucunement répondu à nos attentes et surtout aux efforts déployés. Personnellement, j'aurais laissé le prix «desierto», mais le jury, qui a toute ma confiance est souverain et s'exprimera sans doute pour expliquer sa décision. Un tercio a RETRAVAILLER néanmoins sous toutes les coutures.
Pour employer un mode d'évaluation scolaire, je noterai la matinée, tout compris, d'un 12/20: «Encourageant mais peut mieux faire.»
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Etant donné la prestation de l'an dernier, le lot de Dolores AGUIRRE avait infiniment plus de chance de décevoir que d'étonner. En outre, nous avions été exceptionnellement bien servis.
Le choix de ce lot nous a gêné, ce n'était un secret pour personne. Nous nous sommes sentis obligés de répéter cette ganaderia alors que notre penchant allait à changer chaque année. Ceci dit, étant donné le sérieux de la maison AGUIRRE, cela ne fut nullement une contrainte.
La donne ayant changée, il était tout aussi évident pour tout aficionado lucide et informé que l'engouement aidant, passant après des plazas beaucoup plus «puissantes», nous ne pourrions bénéficier d'atouts aussi propices. NOUS N'AVONS PAS LES MOYENS FINANCIERS DE VIC, NI MÊME DE CERET (ni les mêmes tarifs d'ailleurs). C'est quasiment un miracle que nous ayons eu ce lot.

Pour autant, je le dis avec force, il m'a paru honorable et tout à fait digne d'intérêt. Pensons aux lots que nous avons vus sortir dans le sud-ouest, à ceux que nous allons voir et les choses ressortent sous un autre angle, tempérant les déceptions excessives.
D'un trapio très respectable en accord avec la taille du ruedo, musculeux et dans le type, la critique pouvait porter sur les têtes.
J'entends ça et là émettre des réserves.
Dans ce genre d'élevages de grande notoriété et de camada relativement courte, la différenciation entre les lots attribués se fait sur ce critère. De plus, les possibilités de choix sont réduites (on choisit entre 8, 9 toros).
C'était cela ou c'était rien! Nous avons choisi cela, car «cela» n'avait rien d'indigne. C'est une présentation objectivement en dessus de notre catégorie d'arène pour cette catégorie d'élevage.

Doña Dolores n'est pas une «maquignonne», elle n'est aucunement dans une logique de compromission commerciale, pas plus que Fernando son mayoral. On N'AFEITE PAS chez Aguirre. Si on se promène parmi les cercados, on voit souvent des toros cornigordos. Je ne suis nullement un érudit en la matière, mais il me semble que c'est une caractéristique de la maison avec la forte proportion de bizcos, surtout dans la ligne Atanasio.
En outre, qui dans le cartel aurait eu le poids d'imposer ce genre de saloperie? Enfin afeiter un ou deux toros dans un lot et pas les autres n'a absolument aucun sens.

Appréhendant un «syndrome sévillan», nous avons réduit draconiennement l'accès aux corrales, en élaborant notamment un laissez-passer. Toutes les précautions ont été prises. Cela n'a pas empêché que 3 toros «s'escagassent» dans les opérations d'embarquement-débarquement par des embestidas répétées dans les cajones ou les portes, malgré nos précautions. Le toro placé en sobrero le fut pour cette raison.
Ce que je remarque, c'est que les cornigordos du lot ont été «péter» plusieurs fois dans les burladeros sans dégâts notables, et surtout sans «l'effet balayette» caractéristique.

En ce qui concerne le comportement, le lot a mis en exergue la diversité de ce que présente la casa Dolores, depuis le manso rugueux et âpre, querencioso à l'occasion, jusqu'au manso con casta y nobleza. Une vraie «Aguirrada» dans la tradition, moins suave qu'à Vic, plus qu'à Pamplona, un lot qui a ménagé l'attention jusqu'à la fin, malgré la pluie. Quelle que fût la qualité des piques, la quantité ne fut jamais en cause, pas plus que la faiblesse.

Même analyse du tercio de piques que pour la novillada, même si les suertes m'ont semblé plus consciencieusement effectuées. Le prix à Ramito m'a paru entièrement justifié. C'est un jeune piquero de Logroño, EXCELLENT CAVALIER, avec qui nous envisageons d'entreprendre un travail de fond pour «recruter» un fond de picadores motivés.

La brega et notamment les mises en suerte furent absolument lamentables dans l'ensemble, les toros abandonnés à eux-même, les peones exerçant dans un désordre préjudiciable, chacun y allant de son capotazo approximatif dans l'anarchie la plus totale. Certains toros ont eu bien du mérite à n'être pas «décomposés» à ce régime. On peut expliquer la chose -sinon la justifier- par la catégorie des toreros qui ne toréant pas souvent usent de cuadrillas de raccroc peu expérimentées et peu accoutumées à oeuvrer de concert.

Frascuelo était un pari...
J'ai apprécié l'entame du premier toro de Raul VELASCO avec ces séries basses très bien dessinées puis la faena du second. Il ne m'a nullement déçu, bien au contraire. C'est à mon sens un torero à voir et à revoir. Considérons surtout la qualité de son toreo au regard du peu de corridas engrangées, une insuffisance qui l'handicape à la suerte de verdad.
Alberto LAMELAS a fait preuve d'engagement et de courage sur ses deux toros. Sa faena à son premier, insuffisamment piqué selon moi, a été très sincère et valeureuse. Il s'est montré plus brouillon à la seconde.
Aucun regret d'avoir fourni une opportunité à ces deux jeunes matadores qui paient comptant avec leurs tripes.
Il manquait surtout un chef de lidia opérant.

J'ai bien entendu soigneusement relevé et inscrit sur mes tablettes les diverses réactions concernant les alguaziles et la cuadra.

En conclusion, une après-midi fortement obérée par la pluie et par certains choix qu'il reste à améliorer. Nous nous y attacherons cet hiver.
Merci à tous ceux qui nous ont aidé, soutenu et encouragé.
Merci à tous ceux qui ont formulé les critiques bienveillantes et constructives qui nous aident à progresser.
Xavier KLEIN
***

AMUSE-BOUCHES

Avant que de commettre d'ici peu, comme l'an passé, les quelques impressions marquantes que m'a laissée la journée taurine, faisons-nous un palais avec les agaceries de circonstance.
En l'occurrence, une historiette, certes futile, mais ô combien révélatrice de la créativité putassière infinie de la nature humaine.

Comme chacun le sait, il y a de tout dans la presse dite taurine, comme dans toute profession. Il s'y trouve des gens sérieux, rigoureux et intègres, des toristas et des toreristas et même des propinistas, il y aussi des incompétents et des connaisseurs.

Il m'est souvent arrivé ici d'en égratigner quelques uns.
Certains pour qui j'ai de la sympathie, même si je ne partage pas leurs vues et leurs analyses (c'est le cas de Vincent Bourg «Zocato»). D'autres qui galvaudent leur compétence dans des compromissions ou des discours inadmissibles.
Et puis il y a, comme ailleurs, quelques jeanfoutres qui «s'autoproclament».
Cette dernière catégorie se subdivise entre les inoffensifs, qui affichent gentiment et sans prétention leur passion et leur enthousiasme, et «les ceusses» qui ne doutent de rien, ce qui constitue le privilège imprescriptible des cons.

En général, je professe un respect absolu de la presse, surtout lorsqu'elle exerce sa fonction en toute impartialité et sans malveillance. C'est pourquoi, je ne me suis jamais autorisé à refuser une accréditation à Orthez (quand elle est sollicitée dans les règles et délais).
Une seule exception depuis cette année, un certain A.V. De Vieux Boucau, ce qui importe peu puisque souffrant d'alzheimer précoce, il ignore désormais jusqu'à l'existence de notre plaza. Ce dont nous le remercions vivement puisqu'il n'y vint que pour coincer des toritos dans les burladeros (lorsqu'il prétendit la diriger) ou pour la critiquer. Le bougre a cependant fait des émules dans le registre de la bassesse.
***
Il était une fois une plumitif de troisième ordre, persuadé de constituer le vivant avatar des amours d'Albert Londres et de José María de Cossío, qui exerçait ses fonctions dans un honorable quotidien local.
Par la brigue, il parvint à persuader sa rédaction qu'il pouvait parfois sortir du placard à balais où ses brillantes compétences l'avaient confiné, pour bénéficier de l'air vivifiant des callejons et des quelques menus avantages que d'aucuns se plaisent à y grappiller accessoirement (une réception par ci, une flute de rôteux par là, deux trois invitations supplémentaires, etc.).
Ajoutons que cet aimable garçon fait depuis longtemps l'admiration de l'aficion régionale par sa prétention à écrire, sur des sujets auxquels il n'entend guère. L'écoute attentive des commentaires de patio des aficionados compétents lui permettant de -parfois- camoufler ses insuffisances avec un immense talent.
Se présentant d'aventure à Orthez, il fut au début très agréable, d'une obligeance à la mesure des retours sur investissement qu'il en attendait.
Le problème, c'est que ce n'est pas trop le genre de la maison. Poliment on lui signifia qu'on n'y disposait pas de distributeur automatique de billets de faveur, et qu'en se livrant à une courte randonnée de quelques mètres, il pourrait trouver, sis à l'entrée principale, des embrasures, certes discrètes, où il pourrait trouver son bonheur, contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Il conçut donc une certain dépit de ne point avoir été choyé à l'aune des léchages de pompes consentis (mais nullement requis).
Le ton des commentaires s'en ressentit fortement dés l'année suivante. Il nous fit même la disgrâce de nous bouder l'an dernier, épreuve terrible, à laquelle nous parvînmes néanmoins à survivre.
Entretemps, inconscients de ses formidables capacités taurines et journalistiques, divers médias -à regret sans nul doute- consentirent à se priver de ses précieux services, quand l'heure fatidique de la retraite advint. On le remplaça donc promptement par un jeune journaliste modeste et tristement compétent.
Adieu veau, vache, cochon, couvée! Le pôvre hère se voyait réduit à la portion congrue et à la condition des simples mortels qui doivent payer leurs places.
En dépit de l'avis de ses coreligionnaires, le gourou de la secte orthézienne lui octroya dimanche un sésame qui lui permit d'accéder à la ruelle, où certains lui firent sentir -on se demande bien pourquoi!- leur étonnement de le voir en ces lieux, lui qui les honnissait tant.
Le cher brave homme se préoccupa même d'aller vérifier la qualité des vins qu'on servait à l'étage d'où il fut éconduit fermement. On se demande toujours pourquoi!
Certains eussent accepté ce triste sort avec fatalité, mais point notre homme.
Avec une grandeur et une élégance remarquables, notre héros s'en prit à son successeur, l'accablant de son juste courroux, critiquant ces salauds d'ortheziens qui font outrancièrement payer les spectateurs *.
Des cuistres autochtones s'étant mêlés de la querelle, tel le prophète Isaïe, il fulmina derechef un poulet anathèmique afin de confondre les fâcheux**. Que voulez-vous, nonobstant le callejon octroyé, l'ingratitude est l'apanage des grands!
On reconnaît dans cette encyclique guerrière la profondeur de pensée, l'objectivité, la mesure qui font les grands journalistes.
Certes, il demeure quelques approximations qu'un homme de plume ne peut que négliger. Ainsi, depuis 4 ans, l'arène ne fut jamais aussi remplie, malgré les intempéries. Mais qu'importent ces menus détails qui ne relèvent que de la licence poétique puisque «Orthesio delenda est» (Orthez doit être détruite).

Si bizarrement on ne le vit point à Arzacq (dont il fut d'après lui le pilier), si tout aussi inexplicablement on ne lit plus sa prose dans le blog d'une honorable peña paloise, qu'on ne s'étonne pas.
Nul n'est prophète en son pays, et notre Caton moderne se tourne depuis peu vers d'autres horizons où il sera sans doute mieux compris.
Nul doute qu'à Mimizan par exemple, où il ambitionne de monter une feria taurine à lui tout seul (c'est du moins ce qu'il confie en privé), il donnera sa pleine mesure, dans l'esprit de sincérité, d'honnêteté, et surtout d'éthique qui fait tant défaut aux hérétiques ortheziens, qu'il aime tant malgré tout et à qui il veut tant de bien...
Nul doute non plus qu'on y verra une corrida française, labellisée Patrimoine Français, de toros français de premier choix, remarquablement encastés, qui prendront un record français, de puyazos français, avec des piques françaises, servie par une pléïade de toreros 100% français et un déluge d'oreilles, de queues et peut-être même d'indultos français. Avec en prime, des commentaires dithyrambique FRAN-CAIS.
C'est bien parti, il ont déjà droit à une manif de "zantis", devinez? FRAN-CAIS!!!
Olé (merde, comment ça se dit en français?)!
Edifiant n'est-ce pas?
Le gourou de la secte orthézienne


NOTE POSTERIEURE: Comme par extraordinaire, les articles et commentaires incriminés ont été effacés, ce qui n'est guère étonnant vu leur teneur particulièrement contestable. Pour autant, je maintiens la présente.
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vendredi 22 juillet 2011

IMMONDE ET STUPIDE

En 1975, quand Simone VEIL (et non pas WEILL) monte courageusement à la tribune de l'Assemblée Nationale pour défendre avec une immense dignité la loi qui légalise l'avortement, ce fut un déchaînement d'immondices de la part de la droite la plus conservatrice et l'extrême droite antisémite.

Comme le rappelle Jean d'Ormesson (discours du jeudi 18 mars 2010 de réception de Simone Veil à l'Académie Française) «Beaucoup d'entre nous, aujourd'hui et ici, se souviennent encore de ce spectacle où la grandeur se mêlait à la sauvagerie.».
L'Assemblée tanguait comme un navire dans la tempête, la houle mauvaise soulevant les rumeurs et les imprécations les plus ignobles.
Simone VEIL fut alors attaquée dans son identité et dans son vécu. On s'en prit, comble de l'ignominie, à son passé de déportée (à 16 ans).
C'est précisément ce jour là que j'ai compris à quels extrêmes pouvait conduire l'aveuglement, le fanatisme et l'obscurantisme, surtout en politique.

Aujourd'hui, dans un éditorial infâme, frappé au coin de la bêtise la plus crasse, inauguré par un contre-sens pitoyable («obsolescence» au lieu de «sénescence») André VIARD, celui qui depuis bien longtemps ne me fait plus sourire par ses avanies, se permet avec fatuité d'attaquer MADAME Simone VEIL, plusieurs fois ministre, députée puis Présidente du Parlement Européen, membre du Conseil Constitutionnel, académicienne, humaniste et autorité morale.

Dans un courrier du 30 juin 2011, Madame Simone VEIL écrivait:
«Monsieur,
J'ai bien reçu votre lettre me demandant de bien vouloir signer le manifeste de la Fédération des Luttes pour l'Abolition des Corridas qui souhaite interdire l'accès des corridas aux enfants de moins de seize ans.
N'ayant jamais apprécié les corridas du fait de la violence et de la cruauté qui en émanent, c'est volontiers que je signe votre pétition.
Je vous prie d'agréer Monsieur, l'expression de ma considération distinguée
Simone Veil»

On notera que Madame VEIL n'appelle nullement à l'interdiction des corridas.

Il va sans dire que je ne partage nullement cette opinion.
Pour autant, Madame VEIL, à moins que nous ne soyons subitement entrés en totalitarisme a non seulement le droit imprescriptible de l'exprimer, mais également celui tout aussi imprescriptible d'être respectée dans sa pensée comme dans sa parole.
Mettre sur un même plan le statut des enfants avortés et le sort des toros relève de la même perversion et de la même insanité morales que l'argument de ces bestialistes qui font le parallèle, entre l'élevage des poulets en batterie et les camps de concentration.

C'est tout simplement abject!!!

C'est également une atteinte intolérable à l'honneur et à la conscience morale de l'immense majorité des aficionados qui ne sauraient en rien cautionner des discours aussi indignes et extrémistes tenus par un individu qui prétend les représenter. Des discours qui ne peuvent que nous coller une réputation de réactionnaires d'extrême-droite que la plupart d'entre nous ne saurait assumer.

Combien de temps encore les caciques de l'O.N.C.T. accepteront-ils par veulerie, passivité ou commodité de cautionner des écarts aussi préjudiciables?

Je ne connais pas Madame VEIL et je ne partage pas ses idées, mais si j'en avais la possibilité, je lui témoignerais mon indignation et ma solidarité devant l'inqualifiable outrage qu'elle subit injustement.

La défense de la tauromachie ne justifiera JAMAIS qu'on use d'arguments indignes et qu'on salisse la réputation d'une femme éminemment honorable.
Xavier KLEIN

mercredi 20 juillet 2011

Les blondinets d'Aurelio. ORTHEZ 2011

La novillada d'Aurelio HERNANDO constituera la vraie découverte de la journée. Une ganaderia qui essaye de faire revivre le sang veragua.
Si elle sort comme les vaches que nous avons vu tienter, avec un physique de springbok, un fighting spirit d'irlandais et le talent d'all-blacks, le résultat risque d'être intéressant.
Ce sont des novillos plutôt techniques qui demandent à être lidiés.
Ce qui est pourtant indéniable, c'est la présentation, me semble t-il inattaquable des sympathiques concurrents: jugez par vous même...
Toujours les photos du petit.

  
  
 

La «plaza qui n'existe pas» ORTHEZ 2011

Il y a aux confins méridionaux du pays taurin, une «plaza qui n'existe pas».
Dans les opus glacés, dans les chroniques complaisantes et convenues, dans les radios d'état de certains caciques, Orthez n'existe pas.
Que son nom ne soit plus!
En d'autres temps, sous d'autres cieux, on maquillait photos et films. Trotsky disparaît de la compagnie de Lénine pour ne pas offenser la grande sensibilité de Staline, comme Rudolf Hess disparaît de celle d'Adolf. Le moujik qui suspend le drapeau rouge sur le dôme du Reichtag en mai 45, n'a plus au poignet les 3 ou 4 montres qu'il vient de piller.
On pourrait multiplier les exemples de falsification qui sont devenus autant d'icônes.
Dans le domaine taurin, nous avons aussi nos tyranneaux de bas étage. On a lu récemment avec délectation certains opus (dei) où s'entretenant de Dolores AGUIRRE, dans la plus pure tradition de la censure totalitaire, on a soigneusement ca(viar)dé toute allusion passée ou future à la «plaza qui n'existe pas».
Une telle vindicte parée d'une telle mesquinerie prête surtout à sourire par sa puérilité. On sait combien l'absence motive le désir, combien la dissimulation engendre la curiosité. Pour l'imbécile, ignorer l'autre, c'est le nier, c'est l'empêcher d'exister. Une logique égocentrique et parano, combien éloignée des réalités, en cela comme pour le reste.
L'aficionado avisé et informé ne tirera donc sans doute qu'une conclusion: dimanche, tous à Tyrosse!
Quand à moi, pauvre homme, je serai dans la «plaza qui n'existe pas», à regarder des «toros qui n'existent pas», toréés par des «toreros qui n'existent pas», d'une «corrida qui n'existe pas» avec des «aficionados qui n'existent pas».
«The» pied et «the» must!
***
Un an d'attente, de travail, d'espérance, de passion, de désir quoi, qui va se conclure dimanche en un paroxysme de deux heures.
Voilà bien de cette déraison qui permet d'exister.
Ils ont débarqué ce mardi, au petit matin, dans les corrales de Dax, sous l'averse.
Déjà les paris sont ouverts, les conjectures se bousculent, les pronostics s'affrontent: le chorreado enthousiasme l'un mais d'autres lui préfèrent la «gueule» du 19, certains votent bajito, d'autres pitones.Ils sont jolis, musculeux à souhaits, de ce trapio adapté à la mobilité et au ruedo que nous recherchons à Orthez.
Tout le plaisir de la dispute théologique taurine.
Toutes les joies de l'échange et de l'aficion partagée!
La tauromachie est culture et rencontre avant tout, et les moments de campo, de corral, sont ceux que l'aficionado goûte le plus.
Mon fils Alexandre s'est plu à les photographier.
Les voili, les voilà les «douleurs» de Constantina:
Xavier KLEIN
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jeudi 14 juillet 2011

Madre Coraje


Il en est que l'adversité réduit à l'état de carpette, qui comme certains toreros à leur première blessure grave ne passent pas l'épreuve du sang.
Il en est aussi, bien plus rares, que l'adversité grandit et révèle.
Nathalie VALLEJO-HICAUBE fait partie de ces femmes fortes et débordantes de vie qui ne se laissent pas abattre par le destin, relèvent fièrement la tête, serrent les dents et se remettent en marche.
Cette Scarlett O'HARA des temps modernes lutte avec ténacité, détermination et bonne humeur, pour que le rêve qu'elle avait nourrit avec le regretté Luis continue à vivre. Femme de caractère, Nathalie sait ce qu'elle veut. Elle ne mâche pas plus ses mots qu'elle ne transige sur ses conceptions de ce que doit être pour elle le rôle et la tache d'un cheval de piquero.
Animée par une afición ardente, sa haute ambition s'appuie sur une expérience, un savoir et une pratique éprouvés de l'art et de la science équestre.
Il faut l'entendre raconter avec passion les milles anecdotes d'une vie cavalière, s'épancher avec verve sur le quotidien de chacun de ses pensionnaires, sur ses manies, ses qualités, ses défauts, son tempérament. Ce discours de feu qui fait écho à celui que l'on entend au fin fond du campo sur d'autres quadrupèdes, cornus ceux-là.
Afición, compétence, engagement. Qui en douterait après l'avoir vue monter au débotté (c'est le cas de le dire) pour remplacer le piquero en retard lors de la tienta d'avril?

Outre sa forte personnalité, Nathalie sait écouter et débattre. La scandaleuse polémique entretenue l'an passé pour des motifs moins avouables que les arguments avancés (la concurrence est rude et certaines prises de positions camouflent en fait des intérêts cachés) n'a fait que conforter sa résolution. Une résolution qui n'exclut nullement l'écoute, le désir de progresser et de se perfectionner.
Les difficultés ne manquent pourtant pas. Former une cuadra de caballos, entretenir et dresser une dizaine de chevaux, assurer les engagements exige un travail acharné et combien de sacrifices.
 Petit à petit, cheval après cheval, Nathalie constitue sa cuadra, avec l'aide et le soutien de ses amitiés espagnoles. Les chevaux sont acquis avec une manière de lising.
Malgré un intérêt et un engouement croissant des empresas (elle officiera dans 7 ou 8 plazas cette année), faute de suffisamment de contrats, plutôt que de tous les garder à demeure, avec les coûts que cela implique, elle préfère qu'à la morte saison, certains de ces chevaux «travaillent», s'entraînent, se bonifient encore en Espagne, avant leur domiciliation définitive en France.
C'est un recours indispensable à qui n'est pas né avec une cuillère d'argent dans la bouche, et n'a pas trouvé tout cuit, tout servi, comme c'est le cas pour d'autres.

Qu'importe, Rome ne s'est pas construite en cinq jours!
Nathalie a parfaitement compris la demande qui émerge, notamment à Orthez. Preuve en est l'entrainement et le régime diététique draconiens qu'elle impose à ses champions pour parvenir au poids, à la mobilité et au dressage optimaux.

Quand nous sommes allé la voir avec l'ami Laurent, nous n'étions nullement inquiets sur la cuadra qui officierait à Orthez, nous en sommes revenus carrément enthousiastes...
Si un jour vous passez par Poyartin, dites lui votre soutien, mais ne vous attardez pas trop: Nathalie bosse dur, pour elle, et le petit Antonio!
Intelligente, décidée et qui plus est ravissante, je l'adore notre «Pimpinette», et je la soutiens, elle en vaut la peine.
Suerte Nathalie!
Xavier KLEIN


lundi 4 juillet 2011

LA DEMOCRATIE ET SES LIMITES

«La démocratie, c'est le pouvoir pour les poux de manger les lions.»
Georges CLEMENCEAU (dit le Tigre!)
«Le plus grand nombre est bête, il est vénal, il est haineux. C'est le plus grand nombre qui est tout. Voilà la démocratie.»
Paul LEAUTAUD, «Passe-temps»


Quand je regarde avec attention cette vidéo, je suis pris de réflexions contradictoires, sur fond de nausée.

De quoi s’agit-il?:
Un groupe d’aficionados sont réunis dans le parc parisien des arènes de Lutèce pour une séance d’apprentissage de toreo de salon.
Qui? Comment la chose s’organise? Quelle publicité (ou non) a été donnée à l’événement? Il semblerait que Culturafición, le Ruedo Newton et La Belgicana de Bruxelles aient organisé ce «Toreo-Picnic» a priori sympathique et bien inoffensif.
Il est incontestable que cette manifestation réunissant des personnes privées ne contrevient à aucune loi: il n’y a ni sang, ni toro, rien qui puisse choquer le passant, quel qu’il soit.
Ces gens là sont dans l’exercice légitime de leur liberté, sans que nul ne puisse y redire.
Etait-il pour autant opportun, en dehors des zones où la tauromachie porte un sens, de se livrer à un tel exercice public, au risque de choquer ou de provoquer? Pourquoi pas au congrès annuel de la S.P.A. tant qu’on y est?

C’est une vraie question que je pose souvent! C’est une des petites choses que l’on intègre profondément avec la pratique des arts martiaux: le bon budoka évite à tous prix les situations conflictuelles et préfère se retirer, voire piquer un sprint, quitte à passer pour un dégonflé, que de se mettre en situation de se battre inutilement. Le meilleur combat est celui que l’on parvient à éviter, quand évidemment on n'a pas le dos au mur et on ne peut faire autrement.
Je n’ai nullement –c’est le moins qu’on puisse dire- l’afición  honteuse, mais pour autant, je ne vois nullement l’utilité de l’afficher hors de son contexte géographique. Pour gagner le droit à l'indifférence, à ce qu'on nous foute la paix, il convient en contrepartie, sans donner dans l'attitude péteuse, d'éviter toute provocation, tout expansionnisme.

Concluons donc en établissant que leur attitude, pour ne pas être des plus pertinentes (à mon sens) n’a rien de honteuse, de scandaleuse, ni d’attentatoire à la loi et aux bonnes mœurs.
Mais sacrebleu, qu’allaient-ils faire dans cette galère lutécienne (Fluctuat nec mergitur)?
***
A cette manifestation, se convoque –sans y avoir été invité- un commando d’hurluberlus sur le pied de guerre, qui avait troqué la panoplie de Zorro de ses années bisounours contre l’équivalent adulte, plus «citoyenneté New age» de «zanti de base»: banderolles, tee-shirts ad hoc, sono, grandes proclamations, et tutti quanti.

Les perturbateurs semblaient très motivés par cette pulsion très gauloise qui consiste à emmerder ses contemporains au nom de la Très Sainte Conviction de détenir une vérité révélée qu’il s’agît d’imposer à l’abruti qui ne l’a pas encore comprise. Depuis la Sainte Inquisition en passant par Robespierre ou Saint-Just, c’est un sport national que l’on consacre au nom de Sainte Démocratie.
Beaucoup de saint dans tout cela, penserez-vous. Normal, on n’est pas dans le champ de la raison, du bon sens, de la tolérance ou du «vivre ensemble», mais dans celui de la croisade contre les hérétiques et relaps qu’il convient d’humilier, d’exterminer, d’annihiler, de ridiculiser, de culpabiliser comme on le fit jadis des juifs, des sorcières ou des Cathares.

Le problème avec tout cela, c’est que d’une certaine manière, ces gens là on déjà gagné. Ils ont déjà remporté la victoire de la honte, comme leurs prédécesseurs prédicateurs avaient réussi à convaincre des bienfaits de la «civilisation», la multitude des peuples colonisés, d’où l’on éradiqua nudité, liberté des mœurs, toutes différenciations , tout art ou identité culturelle, au nom de la bien pensance (européenne, nordiste et anglo-saxonne).
Les bons pères blancs faisaient des autodafés des idoles bantoues ou dogon, ont fondu les trésors de l'art aztèque ou inca, ont soutiengorgisé vahinés et négresses, ont appris aux sauvages qu'on ne pouvait faire l'amour que dans les liens sacrés du mariage, avec quelqu'un de sexe différent et dans la position du ... missionnaire. Chacun porte sa croix: nous avons les zantis avec les mêmes discours moralisateurs et dogmatiquement désinfectés et Jean Paul RICHIER dans le rôle du Cardinal Lavigerie!

***
Si l’on transpose cette attitude sur d’autres champs, la chose devient d’évidence intolérable, c’est un point de «détail» que j’ai souvent soulevé. On en vient donc à accepter des comportements, inacceptables par ailleurs.
On peut considérer la religion comme l’opium du peuple, une pratique profondément nuisible pour l’épanouissement humain. Les croyants (et les vrais démocrates!) accepteraient-ils qu’on manifestât ainsi devant églises, temples, synagogues ou mosquées?
On peut considérer que la boxe ou le rugby sont des pratiques violentes, dégradantes, porteuses d’un message d’agressivité et de domination. Les supporters (et les vrais démocrates!) accepteraient-ils qu’on manifestât ainsi devant les stades ou les rings?
On peut considérer que tel ou tel parti encourage ou véhicule des messages néfastes ou liberticides. Admettrait-on qu’on manifestât ainsi devant leur siège ou dans leur congrès.
On peut considérer que les courses de chevaux, les zoos, l’élevage, le gavage des oies et canards sont une instrumentalisation inacceptable de l’animal, etc., etc.
La tradition démocratique française a toujours veillé à soigneusement éviter ce genre de frictions.

En fait, on peut ainsi s’émouvoir et se scandaliser de tout, mais qui se permet-on ainsi d’agonir d’insultes et de bassesses en toute impunité sinon l’aficionado avec qui on croit tout pouvoir parce que le plus souvent il est bonhomme et ne ressent pas le besoin de se justifier?
De quoi sont bâtis ces aficionados pour accepter qu’on vienne ainsi les provoquer, les agresser, les agacer sans risques et sans vergogne?
Je les trouve quant à moi bien gentils et bien patients.
***
Se pose alors le problème de ce que je qualifie souvent de logique des conséquences.
C’est bien beau, au nom d’une certaine conception dévoyée de la démocratie, de permettre que des citoyens comme les autres, comme vous et moi, puissent être ainsi agressés, sans qu’il en coûte aux agresseurs, mais c’est aussi prendre un risque. Qu'on prenne les choses comme l'on veut, je ne vois là que des citoyens empêchés d'exercer sereinement une liberté fondamentale et agressé verbalement. Que la plupart des bobosparigots présents et persuadés de contribuer ainsi au progrès de l'humanité s'en persuadent, il n'en faut pas douter, mais que les grands penseurs zantis cautionnent ce genre d'outrance, ou parviennent à les justifier m'apparaît, au risque du discrédit, mission impossible.
Je ne suis nullement quelqu’un de violent dans mes actes, tout au contraire, je m’astreins obstinément à réprimer en moi toute pulsion de ce genre. Pourtant, je suis également passionné, et je n’apprécie pas que l’on veuille me contraindre à penser, à dire ou à faire ce qui ne me convient pas en conscience.
Je n’aurais sûrement pas été me placer dans un «sitio» adverse, fût-ce dans les arènes de Lutèce, mais je n’aurais sûrement pas accepté non plus, que l’on me traitât ainsi, et «l’ouverture de la boite à claques» et l'emploi du «distributeur de pieds au cul» aurait sans doute été au programme quand ma patience se serait (vite) épuisée.
En dépit de mes convictions profondément catholiques et romaines, j'aspire à la sagesse certes, à la sainteté, non! Ou alors dans le genre doncamillesque...
Il m’apparaît donc que la puissance publique, dont l’une des fonctions majeure et régalienne est de garantir la sûreté, la liberté de conscience et de pensée, celle de réunion et d’association doive garantir leur exercice.
D’autres libertés fondamentales, celles d’expression et de manifestation, n’incluent en rien celle d’aller provoquer ceux que l’on conteste dans leur activité ou leur intimité.
Ces pratiques douteuses relèvent de conceptions anglo-saxonnes de la démocratie, nullement de notre tradition française, ce qui en soi indique parfaitement d’où vient le vent mauvais.
Le contrat social établit la paix sociale en garantissant au citoyen que justice sera faite pour que ce dernier renonce à se faire justice lui-même. C’est un principe civilisateur élémentaire pour faire obstacle à la barbarie. La renonciation à la vengeance personnelle permet la justice collective. Il s’agirait donc que les contempteurs de ces libertés dussent payer le prix de leurs actes inconsidérés.
Il y a dans cette vidéo (diffusée triomphalement à tous les vents), tous les éléments patents de plusieurs délits constitués: insultes, provocations, incitation à la haine. N’importe quel juge ou procureur peut y constater l’impavidité opposée à l’agression. Il serait indispensable qu’ils disent le droit et rappellent la règle pour éviter, qu’un jour, les choses ne dégénèrent et qu’on en vienne aux mains. Sans réponse de la puissance publique, cela deviendra inévitable! Est-ce ce que l'on souhaite?
Il paraît que nous avons de grands observateurs, plaideurs qualifiés de surcroît et maîtres es chicaneries procédurières, voilà le terrain où par delà les mots ronflants, ils pourraient exercer leurs talents avec profit.
Plutôt que d’appeler sans cesse les autres à agir, les maires à promulguer des édits, que ne le font-ils?

Pour illustrer l’ensemble de mon propos et mettre en exergue le péril que court la démocratie et la liberté à laisser ainsi transgresser impunément les règles, je recommande de nouveau à ceux qui ne l’auraient pas vu, AGORA, ce film édifiant sur l’histoire et la mort de la liberté intellectuelle à Alexandrie sous les coups du fanatisme religieux. Là aussi, il y avait des gens persuadés d’avoir raison.
Remplacez les chrétiens par les zantis, les néoplatoniciens par les aficionados, la question religieuse par la question taurine et vous comprendrez complètement mon point de vue!
Xavier KLEIN


PS: Le mot de la fin à une grande humaniste, icone et orgueil de nos zamis zantis: «En 1981, Mitterrand choisissait de défendre l’éthique en abolissant la peine capitale. En 2011, l’autre Mitterrand choisit d’anoblir la torture animale… Trente ans de régression ont fait de la France une fosse à purin, où toute la merde des autres cultures est venue polluer la nôtre!» Brigitte BARDOT