Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 29 mai 2009

GENIO

SENS GENERAL
(Del lat. genĭus).
1. m. Índole o condición según la cual obra alguien comúnmente. Es de genio apacible.
2. m. Disposición ocasional del ánimo por la cual este se manifiesta alegre, áspero o desabrido.
3. m. Mal carácter, temperamento difícil.
4. m. Capacidad mental extraordinaria para crear o inventar cosas nuevas y admirables.
5. m. Persona dotada de esta facultad. Calderón es un genio.
6. m. Índole o condición peculiar de algunas cosas. El genio de la lengua.
7. m. carácter ( firmeza y energía).
8. m. En la gentilidad, cada una de ciertas deidades menores, tutelares o enemigas.
9. m. Ser fabuloso con figura humana, que interviene en cuentos y leyendas orientales. El genio de la lámpara de Aladino.
10. m. En las artes, ángel o figura que se coloca al lado de una divinidad, o para representar una alegoría.
DICCIONARIO DE LA LENGUA ESPAÑOLA - Vigésima segunda edición REAL ACADEMIA ESPAÑOLA

Du latin genius (Génius (dieu qui donnait la vie à toutes choses), «génie» (dieu propre à chaque personne, à chaque lieu, dieu protecteur qui partage la vie d’une personne, ses fêtes…).
Le mot est issu d’une racine de l’indo-européen commun (voir le grec ancien γεννάν, gennan («générer», «former»)) qui a donné géniteur, génération, genèse, génital, progéniture, gens, gène, etc.
(Mythologie) Esprit ou démon qui, selon l’opinion des anciens, présidait à certains lieux, à des villes, etc. Il se dit aussi des gnomes, des sylphes, des ondins et autres personnages fantastiques, qu’on trouve dans les traditions populaires et dans les contes de fées.
Entité magique bonne ou mauvaise ayant une influence sur la destinée.
(Par extension) Personne qui par ses conseils ou ses exemples (Par extension) La personne dotée d’un tel talent.
(Par extension) La Qualité des esprits supérieurs qui les rend capables de créer, d’inventer, d’entreprendre des choses extraordinaires, etc.
Caractère propre et distinctif.
Allégorie, personnification des arts, de la science, de l’industrie, d’une idée abstraite.
(Militaire) Art de fortifier, d’attaquer, de défendre une place, un camp, un poste.
(Par extension) Corps des officiers des soldats qui font l’application de cet art.
EXPRESSIONS
Tener el genio vivo: ETRE UNE TÊTE DE MULE
Echar mal genio: DEVENIR GROGNON, FAIRE LA MAUVAISE TÊTE, BOUDER

DEFINITIONS TAURINES
GENIO: [au sens littéral: tempérament] Qualifie l'instinct défensif du toro. Quand sa nervosité naturelle s'accuse, il est porté à tenir la tête haute, à frapper violemment de la corne. Tandis que la bravoure commande l'instinct offensif du toro (ou sa charge), le genio suscite seulement sa défense de la tête. Ce sont deux réactions de la bête indépendante l'une de l'autre. La bravoure est un attribut de naissance; le genio se développe généralement avec l'âge de l'animal. Un peu de genio donne de l'émotion au combat, trop le rend difficile et particulièrement dangereux, incitant les toreros à prendre alors quelques précautions élémentaires. ("La Tauromachie", 1970, Claude Popelin, Seuil)
GENIO: [tempérament, caractère] Terme ambigu et difficile à traduire, entraînant souvent incompréhension et confusion. Pour les uns (dont les toreros) c'est un défaut, une déviance de la bravoure se manifestant par un comportement rugueux à tendance défensive. Le malen­tendu qu'ils installent dans la perception qu'ils ont du genio est tel que parfois ils le considèrent comme un début de sen­tido. Pour d'autres (dont beaucoup d'éle­veurs) le genio résulterait d'un excès de qualités, fruit de la conjonction de caste, de bravoure et surtout d'impétuosité, donc un toro qu'il faut lidier sérieuse­ment. De deux toros ayant la même bra­voure on pourrait dire qu'a du genio celui dont la bravoure affleure, immédia­tement mobilisable, prête à fonctionner à la moindre provocation, un toro qui com­prend vite et le montre. D'où l'interpré­tation particulière donnée par les toreros.
Alors que la bravoure est peut-être un acquis génétique, un toro acquiert et développe une dose plus ou moins importante de genio lors des affronte­ments qu'il a régulièrement au campo avec ses congénères et ce caractère s'ac­croît avec l'âge. C'est un acquis d'ap­prentissage qui tempère la noblesse. En l'absence totale de genio, on constate un toro qui n'est plus noble mais se voit atteint de soseria, sorte de servilité imbécile, ce qui retire au com­bat son intérêt.
Pour l'aficionado torista, outre un excellent potentiel physique, un bon toro doit allier dans l'ordre bravoure, genio et noblesse. P.M. ("La Tauromachie, histoire et dictionnaire", 2003, sous la direction de Robert Bérard, collection Bouquins)
GENIO: Signe de l'instinct défensif du taureau, qui charge avec hésitation, en relevant la tête. (http://www.cercle-taurin-biterrois.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=190&Itemid=60)(http://fr.wikipedia.org/wiki/Glossaire_de_la_tauromachie#G)
GENIO: Voir : nerf. NERF : Traduction: genio. Contrairement à la bravoure qui commande l'instinct offensif du taureau, le nerf ou "genio" commande son instinct défensif, plus particulièrement de la tête, ce qui le pousse à raccourcir sa charge, tenir la tête haute et frapper de la corne avant la fin de la passe. Le "genio" a ses degrés : si le taureau a peu de nerf, on parlera d'un taureau "aspero", s'il a trop de nerf, on parlera d'un taureau "bronco". Si la bravoure est un attribut de naissance, le "genio", apanage d'un taureau de caste s'accuse avec l'âge.(http://www.corrida.tv/data/Boutique/articles/1/dico.htm#G)
GENIO: TEMPERAMENT. On dit d?un toro qu?il a ?du genio? quand il a du nerf alli? ? une tr?s grande bravoure. (http://www.echoducallejon.com/lexiquetaurin.php?pageNum_pagelexique=1&totalRows_pagelexique=19&start=g&Submit=Chercher) Beaucoup d'interrogations à l'Echo?
Je m'abstiens pour l'instant. Le débat est ouvert.
ATTENTION ABSENT SAMEDI (VIC) et DIMANCHE et LUNDI (photos et film des novillos et toros d'Orthez)

LE SENS DES MOTS

J’aime à discuter avec l’ami Fix. Des débats toujours empreints de passion, mais également de courtoisie et d’humour.
Hier, comme dab, nous nous sommes plongés dans l'une de ces interminables et savoureuses «disputes» aficionadas sur les mérites comparés de tel torero ou de telle ganaderia.
Fix est un fin aficionado. Sans trahir sa pensée, son intérêt se porte plutôt vers les toreros que vers les toros, et le coeur de notre conversation portait sur les qualités -ou les défauts- que l’on prête aux cornus.
Il est apparu dans le développement des arguments réciproques que l’une des raisons de notre divergence tenait à une définition différente des notions que nous mobilisions: genio, noblesse et surtout bravoure.
Le quiproquo est récurrent. Ce n’est pas la première fois que je m’aperçois du décalage engendré par une appréciation différente de la terminologie taurine et comme dirait l’autre «- Ca m’interpelle!».
Tout le monde sait, ou devrait savoir, que la langue est chose vivante et évolutive. Des mots apparaissent, disparaissent, changent de sens. Cela reflète l’évolution des idées et des mœurs, ainsi que la vigueur culturelle d’une société ou d’une activité.
En matière taurine, le problème est encore plus complexe dans la mesure ou le verbiage taurin procède du jargon, c’est à dire d’un langage technique et spécialisé. En outre, il s’agît pour nous français d’un langage étranger, dont ne possédons nullement la maîtrise ne serait-ce que dans l’élaboration du mot.
Le langage véhicule la culture et n’a rien d’anodin, il traduit ce que nous sommes et modèle notre pensée. Penser et parler en français sous-entend et détermine des structures mentales et psychologiques spécifiques et différentes des locuteurs chinois, arabes ou…espagnols.
Le lecteur de la Brega aura remarqué la préoccupation plutôt évidente que j’entretiens pour un langage de qualité, même et y compris s’il s’exprime sur des registres différents (argot, humour, polissonnerie, analyse, élégie, plaidoyer, etc…). Cela se traduit par une référence fréquente à l’étymologie, l’histoire et l’origine du mot.
Ce dernier point me paraît fondamental, pour une série de raisons dont la première tient à l’idée que le mot préexiste à ce qu’il est sensé déterminer. En gros l’idée précède la chose, ce qui n’a rien de scientifiquement assuré, je le concède volontiers, bien que des travaux soient en cours sur le sujet.
J’ai beaucoup travaillé sur certains textes fondamentaux, et, la traduction littérale de la Bible par André Chouraqui, s’est avérée une révélation dans la mesure où la translation brute et directe de l’araméen au français fait exploser un texte et révolutionne sa compréhension.
Dans cette version, le récit de la Genèse (Création du monde) prend un tout autre relief. Par exemple le texte «traditionnel» (Genèse I-5) «- Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour.» que Chouraqui traduit ainsi: "Elohîms crie à la lumière : "Jour". À la ténèbre il avait crié : "Nuit". Et c'est un soir et c'est un matin : jour un.».
On constate que selon la conception des Anciens, c’est quand on (Dieu, mais ce pourrait être l’homme!) nomme une chose qu’elle commence à exister. «Appeler» quelque chose, c’est l’interroger et lui permettre d’exister.
Il existait dans le monde juif antique une malédiction particulière qui s’appelait l’anathème (herem en hébreu). L’anathème était un rituel très précis de destruction d’un bien ou d’une personne, destruction totale, absolue et définitive. Ce rituel se terminait par la formule: «- Que ton nom ne sois plus!», ce qui supprimait complètement la «cible» de «l’existant» et l’anéantissait. Là aussi la suppression du nom supprime la chose, comme sa création la crée.
On retrouve cette pensée dans tout le monde antique et «traditionnel», des chamans indiens ou mongols aux égyptiens qui martelaient les cartouches (les noms) des pharaons ou des Dieux pour les rendre au néant.
Ce type de pensée, nonobstant notre conscience, subsiste dans nos mécanismes psychiques, sociaux et culturels. Il n’est donc nullement indifférent de s’en instruire pour donner du sens à l’évolution du jargon taurin.
On sait également que l’usage d’un jargon ne recèle pas simplement une utilité fonctionnelle. La clef du pouvoir c’est la connaissance, et la clef de la connaissance, c’est la maîtrise du langage. User d’un certain langage, et à fortiori le maîtriser, c’est déclarer implicitement l’appartenance à un groupe, et c’est une façon de se différencier, de manière jugée positive et valorisante de ceux qui ne n’en possèdent pas les codes. Parler «taurin», signifie à l’autre qu’on lui est supérieur quant à la connaissance et à l’appartenance à une supposée élite aficionada. Cela peut aussi signifier l’exclure et le dominer.
On peut d’ailleurs se questionner sur l’inopportunité de traduire certains termes qui pourraient l’être sans dommages et sans perte de sens, mais qui ne le sont pas. Ainsi, si l’usage a consacré la «bravoure», la «caste» ou la «noblesse», «genio», «nervio», «sentido» ou simplement «suerte», restent, à juste raison, intraduisibles en un seul mot.
L’évolution de la lingua taurina n’a donc rien de gratuit, ni dans son sens pratique, ni dans son message non dit, ni dans le rapport de force qu’elle induit.
Je constate, mais peut-être que je me trompe, que certains termes ou expressions, auparavant inexistants, inusités ou peu utilisés se répandent quand d’autres disparaissent.
Ainsi, il y a une trentaine d’année, à mon entrée en tauromachie, des termes comme «fijeza», «son», «chispa» étaient peu ou pas employés. Cela fait pourtant bien dans la conversation! Effet de mon imagination? Que non pas! En effet, il reste des preuves éclatantes: les écrits (livres, traités, dictionnaires, encyclopédies) qui témoignent de l’usage des mots. A un instant T, le sens d’un mot est figé, telle une photographie, par la définition qu’en offre le Cocio, Popelin ou Tio Pepe.
Les mots sont aussi les armes de la pensée, et le débat de définition du terme de «bravoure» qui m’opposait au «Dear Fix», recouvrait la confrontation des conceptions de la tauromachie, c’était évident.

On voit comment sur le terrain politique par exemple, des stratégies sont régulièrement développées pour créer des concepts, voire pour s’approprier la terminologie de l’autre, surtout pour la neutraliser. Ainsi, se sont succédés les termes de rigueur, d’austérité, de réforme pour recouvrir une réalité qui a besoin d’être fardée pour ne pas révéler son sens réel trop souvent insupportable. Ainsi, notre vénéré président s’approprie t-il sans vergogne l’héritage culturel et sémantique traditionnel de la gauche pour mieux la réduire.
La bravoure, telle que l’évoquait Fix, recouvre en grande partie ce que j’aurais quant à moi, surtout qualifié de noblesse. Est-ce vraiment important?
Le problème, c’est que pour communiquer les mots doivent avoir un minimum de communauté de sens pour toutes les parties. Si je pense «radis» et que je vous dis «carotte», nous ne pourrons nous comprendre. Il y a donc nécessité d’un consensus sur le sens qu’il convient d’attribuer aux mots.
Cela m’a donné l’idée d’un nouveau thème d’article, et d’un processus novateur: utiliser le blog pour constituer un mini dictionnaire taurin participatif.
La règle du jeu sera simple: on lance le débat sur un mot ou une expression, pour ce faire, on fournit les définitions «généralistes» et l’étymologie en français et espagnol. Puis les contributions des lecteurs seront progressivement intégrées au cours du débat, non pas comme commentaires mais par modification du texte de l’article. L’humour n’est pas interdit non plus, comme dans la rubrique «dico» des joyeux forbans de CyR (
http://camposyruedos2.blogspot.com/search/label/DicO)
Amusant n’est-ce pas?
A vos plumes…



Xavier KLEIN

vendredi 22 mai 2009

SOUFFRIR or not SOUFFRIR

En recherchant des documents exploitables sur la toile pour illustrer NAZISME et ANIMALISME 3, j’ai découvert deux ou trois pépites dont seul le net garde le secret.
Secret est beaucoup dire, internet privilégiant le dévoilement permanent. Dans une époque plutôt sombre, il faut d’ailleurs se réjouir de cet extraordinaire instrument de savoir, et s’émerveiller de la vitesse à laquelle se constituent (et se sont déjà constituées en 10 ans) des masses gigantesques d’informations et de contributions accessibles à tous.
Puisque nous parlons d’informations, bon nombre de lecteurs ont sans doute eu l’opportunité de consulter sur le site de la Fédération des Sociétés Taurines de France, un article détaillé, traduit par l’excellentissime Marc ROUMENGOU sur le thème: «Le taureau ressent-il la douleur durant le combat?» (
http://www.torofstf.com/infos2009/090511douleurillera.html). Cet article du professeur Juan-Carlos ILLERA DEL PORTAL, fait le point sur la série d’études et d’analyses effectuées sur la production neuro-endocrinienne des toros pendant la lidia.
Tout cela est bel et bon, comme dirait l’Ecriture, l’affaire est entendue, exit l’argument du sadisme aficionado.
Il n’y a qu’un hic: l’honorable professeur précité n’est pas le seul vétérinaire qui se préoccupe de la question.
José Enrique ZALVIDAR LAGUIA, membre de l’Illustre Collège de Vétérinaires de Madrid semble remettre en doute les conclusions du professeur ILLERA DEL PORTAL, avec une argumentation qui me paraît d’autant plus devoir être prise en compte, qu’il connaît d’évidence son sujet et que la terminologie qu’il utilise est celle d’un aficionado.
Que Monsieur ZALVIDAR ou Monsieur ILLERA DEL PORTAL aient raison ou non importe moins, à mon sens, que l’essence même du débat.
Certains «taurins» croient avoir trouvé avec le rapport d’ILLERA DEL PORTAL, l’arma absoluta contre l’un des griefs les plus encombrants de leurs adversaires: on ne fait plus souffrir la bébête et évacuent le phénomène taurin vers les sphères éthérées de l’art.
Et c’est là qu’est l’erreur originelle et stratégique.
Le thème central et incontournable du phénomène taurin ne réside pas dans son caractère artistique, mais comme je ne cesse de le ressasser, dans la thématique du combat, de la souffrance et de la mort, comme dimensions essentielles de la condition humaine.
Et c’est parce qu’un pan majoritaire de l’aficion se dupe sur la signification profonde de ce qu’elle va voir dans les arènes, duperie savamment entretenue par les medias spécialisés et le discours du mundillo, que la corrida se trouve particulièrement sur la sellette.
Pour l’opinion publique, il n’est rien de pire que le déni, surtout le déni obstiné. Tenter de prouver par A+B, au quidam de Roubaix, que le toro ne souffre pas, c’est à dire de nier ce que ses yeux voient, c’est à dire de nier sa propre expérience, c’est à dire de nier sa propre projection dans l’animal, est aussi stupide que contre-productif.
Nous avons tous, peu ou prou, une expérience de la souffrance, dont on sait qu’elle n’est pas égale pour tous, ni qu’elle n’est pas vécue de la même manière par tous.
Le spectacle de la souffrance peut être parfaitement admis et même valorisé.
Spectacle d’une souffrance réelle: le boxeur qui prend une raclée, le rugbyman qui ramasse un tampon, le marathonien au bout de lui même, le conquérant de l’Annapurna aux doigts gelés, etc.
Spectacle d’une souffrance évoquée qui sert d’argument à nos plus grandes œuvres, littéraires, musicales, picturales, théâtrales. La souffrance et la mort constituent la thématique principale de nos opéras, de nos tragédies, de nos fims, bref de nos chefs d’œuvres.
En revanche, le déni de la souffrance, sa négation ne peuvent être perçu que comme de l’indifférence, voire pire, comme de la perversion.
Avaliser l’argumentation d’ILLERA DEL PORTAL reviendrait à affirmer qu’un accouchement (sans péridurale…) n’occasionne pas de souffrance excessive en raison de l’excitation émotionnelle de la maman qui se réjouirait de la venue au monde de son bébé. Billevesées que tout cela!
Oui, nous souffrons et nous souffrirons tous! Oui nous mourrons! Et nous mourrons seuls, l’expérience n’étant jamais partageable, et encore moins reproductible!
L’important est de savoir comment nous y faisons face, et quel sens cela revêt. C’est de cela que la corrida parle avant tout.
A cela les anti-corridas ne peuvent rien redire, parce que cela est indéniable et cela est vérité.
En revanche, la logorrhée et la langue de bois tenue par certains avocats autoproclamés de la tauromachie devient vraiment insupportable, car elle n’abuse nullement ceux qui connaissent les coulisses.A ce sujet, le débat entre Christian LABORDE et Simon CASAS est vraiment consternant, et l’on aimerait se passer des mensonges évidents de celui qui ignore tout des fraudes et paraît drapé dans une vertu et une indignation qui ne trompe personne. La vraie question est de savoir à qui et à quoi profite le mensonge.
Sans doute que ce débat faussement intellectualisé de deux bonimenteurs qui veulent nous fourguer leur camelote, l'un dans le registre de la provocation paperassière, l'autre dans celui de la tauromachie commerciale, ne sert avant tout que leurs intérêts, qu'ils soient pécuniaires ou médiatiques (ce qui revient dans leur cas au même). Quelles vérités peut-on attendre de mercenaires?

Faut-il haïr ou adorer la corrida ? - Le Figaro

On apprécie d’autant plus les justes, ceux qui n’hésitent pas à dire les choses, même quand elles font mal.
Merci Monsieur Marc ROUMENGOU de lutter depuis 30 ans contre ce qui menace la tauromachie… de l’intérieur.

Xavier KLEIN

RAPPORT TECHNIQUE VÉTÉRINAIRE SUR LES CORRIDAS: POURQUOI IL EST INDÉNIABLE QUE LE TAUREAU SOUFFRE.
Il y a un peu plus d'un an, en février 2007, de nombreux médias se sont fait l'écho d'une étude neuroendocrinienne sur les réactions hormonales du taureau pendant la corrida. Cette étude a été menée par un groupe de vétérinaires de l'Université Complutense de Madrid, et plus précisément, par le Département de Physiologie de la Faculté Vétérinaire.
Alors que personne, ni taurins, ni abolitionnistes de la tauromachie, ne remettait en cause le fait que, dans ce spectacle, le taureau était soumis à un dur châtiment en termes de douleur physique et de souffrance psychique, cette étude semble indiquer le contraire.
Avant d'expliquer les raisons qui m'ont poussé à me pencher sur cette question, j’analyserai tout d’abord en quoi consiste une corrida. Pendant toute la durée de la corrida, soit une vingtaine de minutes, le taureau est soumis à ce que l'on appelle des suertes1. Une fois dans l’arène, il est soumis à une série de passes de capote (cape), puis on procède à ce que l'on appelle la suerte de varas, ou « tiers de piques2 ». Pour ce faire, le picador utilise une puya, un instrument tranchant très acéré, long de 9 cm et divisé en deux parties: une pointe pyramidale de 3 cm et une autre pointe de 6 cm en acier encordé. Cet instrument devrait normalement servir à léser certains muscles et ligaments de la zone anatomique du taureau connue sous le nom de morrillo3. L’objectif recherché est qu’une fois ces structures anatomiques endommagées, le taureau ne puisse plus relever la tête afin de faciliter le travail du matador.
Malheureusement (entre guillemets), il n'en est rien. On sait que, dans 90% des cas, les puyas sont placées beaucoup trop en arrière, dans des zones où les vertèbres sont beaucoup plus exposées. De plus, certaines manoeuvres illégales des picadors entraînent des lésions beaucoup plus importantes, comme par exemple le barrenado (également appelé la « vrille ») qui consiste à utiliser la puya comme on débouche une bouteille de vin, et le mete y saca (ou « la pompe ») par laquelle le picador introduit et extrait la puya à plusieurs reprises, ce qui finit par produire les mêmes effets que si elle avait été enfoncée 7 fois, empêchant le taureau de s'enfuir lorsqu’il ressent la douleur. Les hémorragies dues à l’utilisation de telles méthodes entraînent une perte de sang pouvant atteindre 18 %, alors qu’on considère « souhaitable » (entre guillemets) qu’elle se situe autour de 10 %. Par ces manoeuvres, une puya peut provoquer des blessures de plus de 20 cm de profondeur jusque sur 5 trajets différents. Je dois dire que pendant la feria de San Isidro qui a eu lieu récemment à Madrid, j'ai pu voir plusieurs corridas à la télévision, et sur les 36 taureaux que j’ai vus combattre, dans un seul cas la puya a été placée dans le morrillo (1 sur 36).
Le second tiers de la corrida est celui des banderilles: il s'agit de bâtons terminés par une pointe en acier de 6 cm de long. Six banderilles sont plantées dans le dos du taureau. Pour éviter qu’elles ne se décrochent, ces banderilles sont munies d’un harpon de 16 mm de large.
S’ensuit la faena4 du matador qui exécute une série de passes avec la muleta5. C'est la seule partie de la corrida où aucune douleur physique n’est infligée au taureau, bien qu’on exige de lui une grande dépense physique et psychique.
La corrida prend fin avec l’estocade qui consiste à planter, dans ce qu'on appelle en espagnol el hoyo de las agujas (« la croix6 »), une épée de 80 cm de long qui provoquera la mort du taureau. Précisons qu’il est rare que cette épée soit enfoncée là où il faut et remplisse sa fonction, à savoir, léser les gros vaisseaux. Dans la majorité des cas, elle lèse des cordons nerveux latéraux de la moelle épinière, ce qui provoque la désolidarisation de la cage thoracique qui entraîne à son tour une grave lésion du poumon. Le sang peut passer du poumon aux bronches, des bronches à la trachée, et ressortir par la gueule et le mufle, parfois à grands flots. Dans d’autres cas, l’estocade est tellement en arrière qu'elle est capable de perforer le diaphragme et même de perforer la panse et le foie. Dans ce cas, le taureau meurt en avalant son propre sang.
La corrida s’achève avec le descabello et la puntilla. Le descabello est effectué à l’aide d’une épée semblable à l'estoc mais munie d’un butoir de 10 cm; il consiste à sectionner la moelle épinière au niveau de l'espace intervertébral situé entre la première et la deuxième vertèbre cervicale. La puntilla poursuit le même objectif que le descabello, mais est effectuée à l’aide d’un poignard de 10 cm.
L'étude à laquelle nous allons nous référer a analysé certaines caractéristiques hormonales chez différents groupes de taureaux, ainsi répartis:
1- Taureaux n’ayant subi que le transport en camion.
2- Taureaux entrés dans l’arène, puis renvoyés au corral7 en raison d’un problème physique quel qu’il soit, sans être passés par aucune des suertes précédemment décrites.
3- Taureaux ayant subi les piques avant d’être renvoyés au corral.
4- Taureaux ayant subi les piques et les banderilles avant d’être renvoyés au corral.
5- Taureaux étant passés par toutes les suertes de la corrida et, par conséquent, morts dans l’arène.
Nous pensons que les groupes 1 et 5 sont majoritaires car les circonstances envisagées pour les groupes 2, 3 et 4 ne se présentent que rarement. Je dis bien «nous pensons» puisque, presque un an et demi après avoir été rendue publique, l'étude n'a été publiée dans aucune revue scientifique.
L'étude est basée sur la détermination d'une série d'hormones:
1. ACTH: hormone sécrétée par l’hypophyse, précurseur de la production de cortisol.
2. Cortisol: hormone sécrétée par les glandes surrénales.
3. Bêta-endorphines: hormones sécrétées à différents endroits de l'organisme.
L’étude se réfère par ailleurs à deux autres hormones, l'adrénaline et la noradrénaline, dont je
ne parlerai pas ici pour ne pas trop prolonger mon intervention.
L'ACTH et le cortisol sont les hormones impliquées dans la réponse de tout organisme au stress. Plus la décharge d’ACTH et de cortisol est grande et plus le stress est important. En présence d’un stimulus stressant, la décharge de ces hormones se produit à partir d’une série d’ordres canalisés par le système nerveux.
Et qu’est-ce que le stress? A quoi sert-il? Quelles conséquences a-t-il sur la santé? On définit le stress comme « une agression contre un organisme vivant », ou comme « l'ensemble des réactions biologiques et psychologiques qui se déclenchent au sein d’un organisme brutalement confronté à un agent nocif de quelque nature que ce soit ». On peut encore le définir comme: « la situation d'un individu ou d’un de ses organes ou appareils qui, parce que l’on exige de lui un rendement supérieur à la normale, risque de tomber malade ».
Si l’on s’en tient à ces définitions, il serait logique de penser que les taureaux du groupe 5 (ceux qui sont passés par toutes les suertes de la corrida et sont morts dans l’arène) devraient avoir davantage d’ACTH et de cortisol dans le sang que les taureaux des autres groupes, et évidemment, beaucoup plus que ceux du groupe 1. Autrement dit, plus le châtiment est important, plus il devrait y avoir de stress.
Eh bien non, d’après cette étude, il n'en est rien. Cette étude nous révèle que les taureaux transportés (groupe 1) et les taureaux du groupe 2 sont trois fois plus stressés que les autres, c'est-à-dire qu’ils présentent davantage d’ACTH et de cortisol. De la même manière, ceux du groupe 3 sont également plus stressés que ceux du groupe 4, et ces derniers sont plus stressés que ceux du groupe 5.
Si l'étude et ses conclusions disent vrai, et nous ne devons pas douter de leur véracité, que peut-il bien se passer pour que tout fonctionne à l’inverse de ce que l’on pourrait logiquement penser? Est-il vrai, comme on nous le dit, que le taureau soumis à une corrida est un animal à part sur le plan neuroendocrinologique, et qu'il est parfaitement adapté à la corrida?
Si je vous dis que pour pouvoir prendre en considération certaines réponses endocriniennes, comme la libération de cortisol par l'ACTH, IL EST INDISPENSABLE QUE LA STIMULATION NEURONALE ET LA TRANSDUCTION DU SYSTÈME NERVEUX SOIENT INTACTES, c'est-à-dire que si une quelconque lésion a endommagé le système nerveux, ces réponses hormonales ne peuvent pas être prises en compte car elles ne sont pas produites normalement: quelle conclusion en tirez-vous?
Nous savons par de nombreuses études et publications de vétérinaires taurins que les puyas provoquent la rupture des apophyses épineuses des vertèbres thoraciques, endommagent des vaisseaux sanguins qui irriguent des muscles importants pour la locomotion, sectionnent ou lèsent les branches dorsales des nerfs spinaux, ce qui peut entraîner, et entraîne parfois, des claudications transitoires ou des chutes par inhibition réflexe du plexus brachial, le centre nerveux d’où partent les nerfs qui innervent les extrémités antérieures. Nous savons que les puyas sont capables de provoquer d'importantes hémorragies dans le canal médullaire et de léser le haut des côtes. Certains coups de puyas, les plus en arrière, peuvent perforer la plèvre, toucher le poumon et provoquer un pneumothorax et l'insuffisance respiratoire qui s’ensuit.
Nous savons que les banderilles, par l’action de la gravité et des mouvements du taureau, provoquent la rupture de certains nerfs, muscles et vaisseaux sanguins. Nous savons que l’estocade sectionne elle aussi des nerfs importants, et enfin, que le descabello et la puntilla sectionnent la moelle épinière. Nous savons par conséquent que, pendant la corrida, le système nerveux du taureau subit d'importantes lésions qui rendent impossible toute réponse normale en termes de décharge d'ACTH et de cortisol. Il est par conséquent logique, et nous reprenons ici les conclusions de l'étude que nous réfutons, que le taureau transporté et le taureau entré dans l’arène avant d’en être renvoyé sans avoir subi de dommages physiques, aient davantage de cortisol que ceux qui ont subi ces dommages. Cela ne signifie pas qu’ils sont plus stressés, c’est simplement que leur système nerveux est intact, condition indispensable, comme je l'ai dit auparavant, pour que ce type de réponses hormonales puissent être prises en considération dans une démarche scientifique rigoureuse. Savez-vous que chez des personnes accidentées présentant d'importantes lésions de la moelle épinière, la réponse hormonale qui devrait aboutir à une décharge de cortisol est extrêmement faible et même abolie? Peut-il y avoir une situation plus stressante pour une personne que de penser qu’elle va passer le reste de sa vie dans un fauteuil roulant? Existe-t-il un dommage neurologique plus grave que la section de la moelle épinière par le descabello et la puntilla? N'oublions pas que le sang de ces taureaux a été prélevé après leur mort, alors que ceux-ci avaient subi les lésions précédemment décrites.
La seconde partie de l'étude s’intéresse à la production d'autres hormones, les bêtaendorphines.
Nous savons que ces hormones sont sécrétées par l'organisme lorsque celui-ci est confronté à la douleur et/ou à l’effort. Puisqu’il semble que le taureau en sécrète une quantité énorme pendant la corrida, l’étude en conclut que les bêta-endorphines sont quasiment capables d'annuler la douleur qui lui est infligée. On nous dit que le taureau produit dix fois plus de bêta-endorphines que l’homme. Mais dans quelles circonstances? Aucun de nous n’a été ni ne sera jamais soumis à une corrida. Pour pouvoir faire ce type d'affirmations, les espèces comparées devraient être soumises aux mêmes situations, et ce n'est pas le cas, et ce ne sera jamais le cas. De plus, le sang qui a servi à déterminer le taux de présence de ces hormones appartient en grande majorité à des taureaux morts, c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas savoir à quel moment de la corrida ces hormones ont été sécrétées. Est-ce après les coups de puyas comme l’affirment les auteurs de l'étude? Est-ce après la pose des banderilles? Et pourquoi pas après le descabello ou la puntilla? Les auteurs de l’étude n’ayant pas procédé à des prélèvements séquentiels, on ne peut donc pas le savoir actuellement. Il faudrait pouvoir arrêter la corrida de temps en temps pour savoir à quel moment précis se produit cette décharge hormonale démesurée, soi-disant capable de réduire la douleur de l'animal.
Je dois ajouter qu’on attribue aux bêta-endorphines des propriétés qu'elles n'ont pas. On dit d’elles qu’elles neutralisent la douleur, alors que la seule chose que nous puissions en dire, c’est qu’elles servent à la pallier. Ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’elles sont médiatrices de la douleur et du stress et, bien plus important encore, elles permettent de les MESURER.
Je n'ai trouvé aucune étude où il soit dit qu'elles neutralisent la douleur, que grâce à leur production et à leur action, un organisme peut cesser de ressentir sur le champ la douleur qu’on est en train de lui provoquer. Nous ne parlons pas de douleurs banales, ou tout du moins, moi, en tant que vétérinaire, je ne peux qualifier ainsi les douleurs que l’on inflige au taureau tout au long de la corrida. De nombreuses études effectuées auprès de femmes pendant l'accouchement (et il s’agit bien dans ce cas d’études séquentielles) démontrent que plus la quantité de bêta-endorphines dans le sang est élevée, plus la douleur est importante pendant l'accouchement. Les femmes qui ont déclaré que l'accouchement avait été insupportable étaient celles dont les analyses présentaient le plus fort taux de bêtaendorphines, et curieusement, les foetus qui avaient le plus souffert pendant l'accouchement étaient ceux qui avaient le plus de bêta-endorphines dans le sang. Et fait important: les femmes qui avaient suivi des cours de préparation à l’accouchement étaient celles qui avaient le moins de bêta-endorphines, c'est-à-dire celles dont le stress face à cette situation était le moins important.
Comment se peut-il que les hormones du stress -comme le cortisol- soient presque normales chez le taureau APRÈS la corrida, alors que d'autres, les bêta-endorphines –qui permettent de mesurer le stress- sont si élevées? Eh bien, pour moi, la réponse à cette question est dans l'intégrité des structures nerveuses, car on sait qu’en cas de dommage neurologique ces hormones, les bêta-endorphines, peuvent être sécrétées dans les lieux où se produit la douleur, grâce à certains mécanismes cellulaires sans médiation du système nerveux.
Les conclusions que je tire de cette étude sont par conséquent claires: Les réponses hormonales au stress sont celles attendues pour les dommages neurologiques causés au taureau pendant la corrida par les puyas, les banderilles, l'estoc, le descabello, la puntilla et l’épuisement (syndrome général d'adaptation) auquel est soumis l'animal. Ce syndrome qui a été étudié il y a de nombreuses années est toujours en vigueur actuellement.
Lorsque son équilibre est menacé, tout organisme émet une réponse afin de s'adapter. On peut donc définir ce syndrome comme la réponse physiologique spécifique de l'organisme face à toute demande ou agression d’ordre physique ou psychologique. Ce qui est certain c’est que quand l'agression se répète fréquemment ou est de longue durée, et quand les ressources de l'animal sont insuffisantes pour s’adapter, on passe de la phase d'adaptation à la phase d'épuisement dans laquelle les réponses hormonales devant l'effort ne sont pas viables.
Les réponses hormonales à la douleur, c'est-à-dire la décharge de grandes quantités de bêtaendorphines détectées dans le sang du taureau après la corrida, sont la réponse normale d'un organisme soumis à une forte douleur et à un grand stress; elles n’ont pour ainsi dire rien à voir avec la capacité des bêta-endorphines à neutraliser la douleur, c’est même tout le contraire; autrement dit, ces réponses hormonales nous sont utiles pour quantifier la douleur, mais rien ne nous permet d’affirmer qu’elles sont capables de l'annuler.

José Enrique Zaldivar Laguía.
Vétérinaire, Membre de l'Illustre Collège de Vétérinaires de Madrid.

1 N.D.T.: La suerte ou «chance» désigne, dans la terminologie taurine, chacune des manoeuvres réalisées pendant la corrida.
2 N.D.T.: La suerte de varas ou «tiers de piques» constitue le premier volet (tiers ou tercio) de la corrida. Les picadors interviennent munis d’une pique (vara), hampe de bois terminée par un instrument tranchant, la puya. Le but est de tester la «bravoure» du taureau, de réduire sa force et de l’amener à baisser la tête en vue de l’estocade finale.
3 N.D.T.: Le morrillo, parfois orthographié morillo, désigne la partie charnue qui se développe sur le cou du taureau de combat, entre la nuque et le haut du garrot.
4 N.D.T.: Littéralement, «le travail» du matador. Première partie du troisième tiers de la corrida, la faena désigne une série de passes avant l’estocade.
5 N.D.T.: La muleta est le leurre de tissu rouge utilisé par le matador lors du dernier tiers de la corrida.
6 N.D.T.: Chez le taureau de combat, la croix désigne le point de croisement de la ligne passant par les omoplates et de la colonne vertébrale.
7 N.D.T.: Le corral est la cour où sont enfermés les taureaux avant la corrida.

vendredi 15 mai 2009

NAZISME ET ANIMALISME 2

photographie d'Oleg KULIK
Quand bien même la cause animale et plus largement l'animalisme ne seraient-ils perçus que comme une récupération ou une instrumentalisation du régime («La Protection législative de l'animal sous le nazisme. Un recyclage français de la propagande nazie (autour des ouvrages de Luc Ferry)» article d'Elizabeth Hardoin Gugier), le fait n'en demeure pas moins que de manière parfaitement délibérée, organisée et argumentée, le nazisme a mis en avant ces valeurs animalistes.
Dans le cadre du Tierschutzgesetz (loi de protection de l'animal), la vivisection, interprétée comme «science enjuivée et internationaliste» témoigne pour les nazis d'un rapport de domination à la nature plutôt que d'une relation de respect.
On sait que la conception occidentale des rapports entre l’humain et l’animal comme l’ensemble de la culture occidentale procède de l’héritage multiple de la pensée grecque, du droit romain et surtout, pour cette question, du christianisme.
Pour schématiser, l'humanité chrétienne est la "couronne" de la Création, et a été faite à "l'image de Dieu". Comme tous les récits créationnistes, la Genèse montre que l'homme se perçoit différent des autres êtres vivants. Les animaux, les plantes ont été créés par la parole. Mais l'homme est créé à partir de la poussière et du souffle divin. La singularité de l'homme par rapport au règne animal procède de ce souffle divin que Dieu a insufflé en lui. C'est ce souffle qui lui permet de penser, d'avoir une conscience morale.
«
- Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu'ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre.
Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.
Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre.
»
BIBLE de JERUSALEM Genèse I.26-28
On voudra bien noter que dans le verset suivant:
« - Dieu dit : Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence: ce sera votre nourriture.»
Genèse I.29-30
L’humain en «état paradisiaque» est donc strictement végétarien. Par contre après le malheureux épisode du déluge, conséquence du péché, Dieu installe l’Homme dans un régime omnivore. L’accès à la nourriture carnée, limité par l’interdit du sang (kashrout) est traditionnellement interprété tant par l’exégèse juive que chrétienne, comme conséquence de l’imperfection de l’Homme, et comme une donnée fondamentale de sa condition.
« - Soyez la crainte et l'effroi de tous les animaux de la terre et de tous les oiseaux du ciel, comme de tout ce dont la terre fourmille et de tous les poissons de la mer : ils sont livrés entre vos mains.
Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes.
Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est-à-dire le sang.
Mais je demanderai compte du sang de chacun de vous. J'en demanderai compte à tous les animaux et à l'homme, aux hommes entre eux, je demanderai compte de l'âme de l'homme.
Qui verse le sang de l'homme, par l'homme aura son sang versé. Car à l'image de Dieu l'homme a été fait.
Pour vous, soyez féconds, multipliez, pullulez sur la terre et la dominez.
Dieu parla ainsi à Noé et à ses fils.
»
Genèse IX 2-8
Ce sont donc ces textes fondateurs qui instaurent pendant 2000 ans la représentation collective du rapport animal-humain: un rapport dissymétrique où l’humanité se définit par rapport à l’animalité. Même l’école cartésienne (Méditations, 1641 et le Discours sur la Méthode, 1637 de René Descartes) entre dans cette logique.
Au cours du XIXème siècle, apparaissent les bases du jus animalium (droit animal).
Dans les pays du nord de l’Europe, Grande Bretagne, Allemagne, le mouvement romantique et l’exaltation de la nature se conjugue avec la découverte des philosophies orientales (hindouisme, bouddhisme) pour introduire un nouveau rapport à l’animal. Schopenauer et tout un pan de la philosophie allemande se penchent sur la culture indienne et découvre des concepts comme l’Ahimsa (non violence) hindouiste.
Cette nouvelle conception du rapport à la nature, à l’environnement et plus particulièrement à l’animal résulte donc de l’intrusion d’éléments culturels exogènes, le plus souvent isolés du paradigme qui les a produit, ou bien dans le cas qui nous concerne, celui de l’Allemagne nazie, de mouvements d’idées (romantisme paganiste wagnérien) dont la validité et l’orthodoxie morale restent sujettes à cautions.
Le romantisme wagnérien, grand inspirateur du nazisme portait déjà l’empreinte profonde de l’antisémitisme forcené du cher Richard. L’antichristianisme (ou au choix le néopaganisme) du nazisme, le conduit à proposer une nouvelle relation à l’animal, antithétique de la vision chrétienne traditionnelle.
C’est la vision anthropocentrique de l’Homme qui est clairement et délibérément visée par la législation nazie. Car le nazisme ne s’y trompe pas, sous l’amour et la mystique immodérés de la nature et des animaux, se tapit une haine inextinguible de l’Homme qui transparaît sans cesse dans les textes et les discours.
A SUIVRE
Xavier KLEIN

NAZISME ET ANIMALISME 1


Mise en ligne d'un texte de recherche en plusieurs parties sur les liens historiques étroits entre les courants d'extrême-droite et l'animalisme.

30 janvier 1933: Adolf Hitler devient chancelier
Dés cette date et pendant l'année 1933, les nazis font passer la série de lois et de décrets la plus développée qui existe en Europe, en faveur du statut et de la protection animale. La plupart de ces lois est d'ailleurs toujours en vigueur.
Mais déjà dès 1927, des députés nazis au Reichstag appelaient à des sanctions contre les cruautés envers les animaux et spécifiquement contre les bouchers kashers.
Le 16 août 1933, Hermann Göring, en tant que Premier Ministre de Prusse, conformément aux voeux d'Hitler, annonça préalablement une interdiction, notamment de la vivisection, confirmée et précisée le 5 septembre 1933, par huit conditions limitatives, justifiées par la «nécessité de sacrifier certains individus, à l'intérêt collectif», il concluait que ceux qui «croient toujours qu'ils peuvent continuer à traiter des animaux comme des propriétés inanimées» seraient envoyée en camps de concentration.
A noter que les accusations de vivisection furent dés lors couramment employées à l’encontre de scientifiques d’origine juive.
On sait comment, par la suite, les expérimentations médicales furent conduites sur des déportés juifs ou tziganes et des prisonniers russes, notamment à Auschwitz par le Docteur Mengele. Il n'est pas indifférent de se rappeler que devant l'ineptie des résultats constatés sur des prisonniers réduits à l'état de loques humaines, le Dr Hans Nachtheim, par exemple, dut se résoudre à confirmer les résultats sur des lapins.
Le 28 août 1933, Göring annonçait à la radio: «- Un interdit absolu et permanent sur la vivisection n'est pas seulement une loi nécessaire pour protéger des animaux et montrer de la sympathie pour leur douleur, mais c'est aussi une loi pour l'humanité elle-même....J'annonce la prohibition immédiate de la vivisection et sa criminalisation en Prusse. Le coupable sera envoyé dans un camp de concentration, jusqu'à sa condamnation effective.»
L'avertissement n'était pas de pure forme puisqu'un pêcheur se retrouva incarcéré en camp de concentration pour avoir prélevé, comme appât, des cuisses de grenouille...
Le 24 novembre 1933, Adolf Hitler introduit le Reichstierschutzgesetz (loi du Reich de protection de l'animal) en lançant le mot d'ordre: «Im neuen Reich darf es keine Tierquälerei mehr geben.» («dans le nouveau Reich, plus aucune cruauté envers l'animal ne sera admise») discours radio-diffusé du 1 février 1933.
Clemens Giese et Waldemar Kahler, les deux légistes du Ministère de l'Intérieur allemand responsables de l'élaboration du texte législatif, ont précisé dans leur commentaire juridique, que selon la loi, l'animal devait être «um seiner selbst willen geschützt» (protégés pour eux-mêmes) et «Objekt eines weit über die bisherigen Bestimmungen hinausgehenden Schutzes» (objet d'une protection sortant des définitions jusqu'alors admises).
Cette loi innove en abolissant clairement la traditionnelle distinction entre animaux domestiques et sauvages et définit comme sujets de droit «Toutes les créatures vivantes, biologiquement et communément considérées comme des animaux. Juridiquement et pénalement il n'y a aucune distinction entre animaux domestiques et sauvages, animaux supérieurs ou inférieurs, animaux utiles ou nuisibles.»
Ces premiers pas furent suivis de bien d'autres:
3 juillet 1934: Reichsjagdsgesetz, loi de restriction de la chasse du Reich.
1 juillet 1935:
Naturschutzgesetz, loi de protection de la nature.
13 novembre 1937: loi sur le transport automobile des animaux.
8 septembre 1938: loi sur le transport par rail des animaux.
Dès 1940, avec les restrictions de guerre, des mesures furent envisagées concernant l’alimentation des animaux de compagnie, elles se traduisirent, sur intervention personnelle d’Hitler à des interdictions ne concernant que les non-aryens.
Le 15 février 1942, un décret interdisait aux juifs la possession d’un animal de compagnie.
Ce corpus législatif extrêmement détaillé envisage et réglemente, avec l'obstination pointilleusement méthodique que l'on connaît à l'âme allemande, aussi bien la meilleure et plus agréable manière de ferrer un cheval, que le mode d'emploi pour cuire un homard sans l'ébouillanter vivant, l'utilisation des animaux dans les films, le gavage des volatiles en passant par l'interdiction de prélever des cuisses sur les grenouilles vivantes. C'est, encore à l'heure actuelle la législation la plus sévère et restrictive qui existe.
A la suite d'Adolph Hitler, nombre de dignitaires nazis tels Rudolf Hess, Joseph Goebbels, Alfred Rosenberg ou Heinrich Himmler pratiquaient le végétarisme plus ou moins rigoureusement ou professaient des opinions ouvertement environnementalistes ou conservationnistes. Himmler intervint à de multiples reprises contre la chasse.
Ces opinions qui ne constituent pas un élément central de la doctrine nazie, s'inscrivent toutefois pleinement dans sa logique et s'y rattachent périphériquement. Hitler est systématiquement présenté par la propagande nazie comme un grand ami des animaux que l’on se plait à filmer jouant avec son berger allemand (natürlich!) Blondie.
Autant l'idéalisation de la nature, que les théories naturistes et naturalistes, issues du romantisme et du néo-paganisme panthéiste wagnérien conduisent le nazisme à une conception animaliste. Ce penchant affirmé se trouve clairement confirmé par la référence permanente au darwinisme social d'Herbert Spencer (application perverse des théories de l'évolution et notamment de la sélection naturelle aux populations et aux sociétés humaines).
Le nazisme comme ses cousins latins (fascisme italien, Garde d'Acier roumaine, etc.) s'affirme clairement comme anti-humaniste et professe un mépris voire une haine féroce de tout ce qui procède du genre humain. Il s'avère donc logique et naturel qu'il ait trouvé toutes les vertus à l'animalisme.
La sémantique nazie, l'emploi et même l'abus, à travers discours, symbolique, et comme nous venons de le montrer, la législation, survalorisent l'image animale.
Il n'est que d'évoquer l'abondance des représentations totémiques d'Adolf Hitler figuré comme l'aigle (Berchtesgaden: «nid de l'aigle») ou le loup (treize Führerbunker ou abris du führer furent construits de Gierloz en Pologne à Margival en Picardie ou Brûly-de-Pesche dans les Ardennes et étaient dénommés Wolfsschlucht: repaire du loup, suivi d'un numéro).
L'animal valorisé est chaque fois un prédateur, l'homme est mort...
Xavier KLEIN
Giese, Klemens and Kahler, Waldemar. «Das Deutsche Tierschutzrecht: Bestimmungen zum Schutz der Tiere». Berlin: Duncker and Humbolt, 1939
Sax, Boria. «Animals in the Third Reich: Pets, Scapegoats, and the Holocaust»
Luc Ferry, «Le Nouvel Ordre écologique, l’arbre, l’animal et l’homme», Paris, Bernard Grasset, 1992
Luc Ferry, Claudine Germé «Des animaux et des hommes, anthologie des textes remarquables écrits sur le sujet, du XVe siècle à nos jours», Paris, Livre de Poche, 1994

mardi 5 mai 2009

GRIPPE PORCINE


«Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l'homme, ce n'est pas la mort, mais la crainte de la mort?»

Epictète «Manuel»

Du temps de ma folle jeunesse, la «mexicaine» évoquait surtout une gâterie genre cravate notariale, que les demoiselles bien élevées consentaient aux chenapans entreprenants ou aux vieux kroumirs affligés d’un retard à l’allumage. Le mot portait alors à sourire.
A en croire les medias, le Mexique est maintenant la source de la pandémie du début du siècle, du fléau qui ravagera nos maisons de retraite, exterminera nos enfants et dépeuplera nos campagnes.
On rabâche à l’envie les 50 millions de victimes de l’épidémie de grippe espagnole de 1918-1920, sans préciser bien sûr que les temps n’étaient pas les mêmes. Que l’hygiène, les soins, les médicaments, n’avaient rien de commun avec le contexte actuel. Que cette épidémie s’est développée à la fin du conflit dans le contexte de malnutrition de nations ravagées, affaiblies et désorganisées par la Grande Guerre.
Je regardais hier soir l’excellente émission de France 5 «C dans l’air» sous le titre «Le virus qui affolait la planète» (
http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_rubrique=1149). Yves CALVI, excellent journaliste s’il en est, posait, me semble t-il, les bonnes questions: désinformation? Surinformation? Information?
Il est corsé le corse, il pose souvent les questions qui dérangent, du type: « -Parler de ça, n’est-ce pas s’abstenir de parler d’autre chose? Mobiliser sur ça, n’est ce pas démobiliser sur autre chose?». On se demande à quoi peut-il bien faire allusion. Tout ne va'ty pas pour le mieux dans le meilleur des mondes? La suractivité hystérique de nos gouvernants, l'image rassurante des hangars bourrés de caisse de Tamiflu, auront-ils le même effet lénifiant et régulateur que les injonctions ministérielles d'antan pour stopper le nuage de Tchernobyl à nos frontières? Comment ne pas penser qu’ils oeuvrent utilement au salut de la patrie, les braves gens ?
En France on a toujours goûté de ces rodomontades qui apaisent le bon peuple. En 1870, il ne manquait pas un bouton de guêtre, en 1940, la «poche était colmatée», alors que les fridolins étaient à Bordeaux. L’important en la matière, c’est de mettre de la conviction dans le propos.
En introit, l’émission donnait dans le catastrophisme ambiant. Un éminent virologue, à la mine funèbre et angoissée de circonstance, au teint fielleux de croque-mort en nervous breakdown, entonnait l’hymne mortifère d’une catastrophe annoncée, alertant l’opinion sur le péril des maladies respiratoires (notamment de la grippe), première cause de mortalité, loin devant les cancers et les pathologies cardiaques. On apprenait ainsi qu’au hit-parade de la gueuse, la pneumonie recevait le césar, sans contestation possible. A quand un pneumoniethon?
Et puis vers la fin, on concéda la parole à l’emmerdeur de service. Vous savez, ce genre de rombier qui, avec calme et autorité, vient vous «chier la baraque» que vous avez laborieusement édifiée.
Ce monsieur rappela qu’il ne s’agissait après tout que d’une grippe, que parmi les peurs éternelles de l’humanité, figurait celle des «grandes épidémies» et que peur et réalité étaient deux choses différentes.
On peut résumer sa conclusion par une question ô combien simple, ô combien évidente, mais ô combien troublante pour notre société: « - Mais de quoi voulez-vous qu’on meure, sachant qu’il faudra bien mourir?»
Et là est tout le problème.
Ce refus obstiné et pathétique d’accepter l’évidence de notre condition d’humains et de ses contingences.
Une canicule, quelques virus, une poignée de bactérie, et l’on déclenche le plan ORSEC. On ne se résout plus à l’inéluctabilité des lois de mère nature, à la fatalité d’un destin dont on veut ignorer qu’il n’est pas un long fleuve tranquille. On veut tout contrôler, tout maîtriser, pour écarter à tout prix cette angoisse existentielle qui accompagne l’homme depuis son aube (en tant qu’individu et en tant qu’espèce), celle de son incontournable mortalité.
Pour échapper à cette angoisse, qui est, rappelons le, consubstantielle de notre humanité, de notre fonctionnement psychique, sans laquelle nous ne serions pas humains, notre société est disposée à s’imposer des amputations et des sacrifices sans commune mesure, et au premier plan de ceux-ci, la mutilation du plaisir et de la volupté.
Il y a ce chiste du clampin qui va voir son toubib et lui demande comment faire pour vivre longtemps. Le chaman lui répond: «- Manger, mais très modérément, pas d’alcool, pas de graisse, viande ou poisson une fois par semaine, pas de foie gras, pas de confit (pourtant c’est pas gras le confit!), pas de sauces, pas de sucreries. Puis le sport attention! 2h de marche quotidienne soutenue, éviter les efforts violents. Le sexe, avec précaution: une séance hebdomadaire au plus avec bobonne (attention aux M.S.T.!), sans mignoteries épuisantes. La boisson? Eau minérale. Lever 6h. Coucher 22h. Pas d’émotions fortes. Air pur. Vie saine.». Vaguement inquiet, le gazier insiste: «- De cette manière, vivrai-je longtemps?». «- Sûrement répond le docteur, mais qu’est-ce que ce sera long!».
Nous vivons une société de la rassurance et de la sécurité: on ne boit plus, on ne fume plus, on ne baise plus, on roule lentement, on surveille sa ligne. Bientôt il faudra assurance, permis, diplôme, adhésion à une fédération, pour accomplir des taches aussi naturelles que de se baigner dans l’océan, faire de la montagne, de la voile ou grimper aux arbres. Des fois que…
On étouffe aussi et l’on s’ennuie ferme, mais qu’importe, les légumes aussi dans leur serre.
«- Tuer, c’est pas beau!» hébétait récemment Francis LALANNE lors d’un énième débat stérile sur la corrida, comme il eût pu de même ânonner: «- La mort, c’est pas beau!». Tout un programme!
Shivale bon», «le gentil») est dans l’hindouisme le Dieu de la destruction, et par là même celui de la régénération de la renaissance et la source créatrice. Il n’y a pas de vie sans mort.
Les anciens sous toutes les latitudes et depuis l’aube des temps jusqu’au début du glorieux vingtième ont vécu dans la proximité de la mort, dans un équilibre entre pulsion de vie et pulsion de mort, entre Eros et Thanatos.
La folie contemporaine, l’abandon des racines et des traditions nous conduit à une vision du monde pervertie et dangereuse.
C’est contre cette tendance que se célèbre un rite taurin marqué par un message actuellement subversif, en ce qu’il contrevient à la vulgate moderniste.
La corrida, n’en déplaise à ses défenseurs esthétisants, c’est surtout et avant tout la commémoration de l’histoire de l’homme et la célébration de son destin tragique. C’est la mise en scène ritualisée de l’objet principal de son existence: la mort et la conscience de sa propre fin. Car la conscience est d’abord le savoir de sa propre mort, qui permet le savoir de sa propre vie.
Laissons les insensés poursuivrent leurs chimères, c’est leur droit, même si c’est leur illusion.
Mais ne permettons pas qu’ils se mêlent de nous imposer leur folie, et n’autorisons pas non plus qu’on altère l’essence même de cette vérité.
La corrida est ésotérique et ne se dévoile réellement qu’au chercheur de vérité.

Xavier KLEIN

TOROS Y PEÑAS à ORTHEZ VENDREDI 8 MAI 2009

Les peñas d’Orthez organisent leur traditionnel rendez-vous taurin VENDREDI 8 MAI, à la suite d’un report pour cause de mauvais temps.
Qu’on se le dise on festoiera agréablement et sans chichis!
Dés 8h30, petit déjeuner «sérieux».
A 11h00, 3 novillos d’Alma Serena seront opposés au cavalier Thomas BAQUE, au piquador (et néanmoins cavalier) Laurent LANGLOIS, et aux novilleros Mario GUIRAO et Morenito d’Istres.
A 12h30, apéritif suivi d’un repas.
Suerte!