Humeurs taurines et éclectiques

mardi 27 décembre 2011

Don Fernando De Castro Van Zeller Pereira PALHA

Don Fernando De Castro Van Zeller Pereira Palha est un aigle.
Un aigle au yeux de fauve.

Lorsque son regard se porte sur le lointain, toisant sa terre blanche, distinguant dans les broussailles la silhouette d'un de ses pensionnaires cornus, la flamme embrase son regard.
La flamme d'une passion viscérale, d'un attachement à sa terre et à son émanation la plus éclatante: ses toiros. Ses toiros, mais aussi les splendides coursiers lusitaniens qui font également sa fierté.

Don Fernando est un poète, un coureur d'utopies.
Don Fernando est un charmeur, pour qui accepte d'embarquer dans ses caravelles, défricheuses d'horizons oniriques.
Don Fernando témoigne à chaque instant de cette grâce et de cette élégance que confèrent la noblesse de l'âme lorsqu'elle se marie à l'héritage séculaire d'une tradition aristocratique de bon aloi.

Don Fernando inspire un sentiment qui ne saurait mieux se traduire que par un mot: la CLASSE. La vraie, celle qui, patinée par l'éducation, la civilité et l'épreuve du temps luit dans l'obscure banalité de nos temps comme une escarboucle, un Graal précieux et rare.

On m'excusera d'y être sensible.
La chose est certes bien passée de mode dans un monde de rollex et de nouveaux riches où le penchant va au «people» et au clinquant.

Du haut de ses quatre vingts printemps, Don Fernando a connu les vicissitudes du siècle.
La société où il est né n'a plus rien de commun avec celle où il continue obstinément à poursuivre des rêves périmés. Des rêves sans concessions à la modernité, peuplés de toros braves comme il lui semble que la bravoure dût s'exprimer: sans rien céder à la commodité et au confort de ceux qui les affrontent.
Don Fernando façonne donc ses toros à l'empoignade, au combat, au duel sauvage et épique, loin des fadaises, des frivolités, des ganaderos-épiciers qui vendent leurs bestioles comme des paquets de lessive, en ne songeant qu'à les adapter au sacro-saint «marché», les Garcimachins ou les Victoriano de la Cuneta (http://camposyruedos2.blogspot.com/2011/12/joyeux-noel.html).
Don Fernando nourrit des élans et des fantaisies de gentilhomme campagnard du Grand Siècle. Quand d'autres eussent herborisé, lui collectionne des toros remarquables, s'étant attelé à la reconstitution de la souche «Palha blanco» de la ligne vasqueña d'implantation portugaise.

Il faut parcourir avec lui sa finca, se régaler des mille et une anecdotes d'une longue existence de ganadero et de caballero, sourire à la vue de l'arbre mort où il grimpa jadis pour éviter l'ire d'un de ses toros d'or, imaginer les acosos y derribo où l'on jouissait des grâces des toros, en habit, dans le tournoiement des ombrelles, revivre le toast du roi des portugais au roi des ganaderos.
C'est tout cela Fernando Palha, c'est une histoire, ce sont des histoires, et par dessus tout une conception héroïque et élevée du monde et de la vie, c'est l'un des derniers témoins d'un monde et d'une caste qui n'existent et n'existeront plus.
Des regrets? Non, mais une nostalgie au goût de fado.

Don Fernando De Castro Van Zeller Pereira Palha sera à Orthez en juillet, avec ses mignons. Nul doute que nombreux seront ceux qui voudront honorer sa venue.
Xavier KLEIN






samedi 17 décembre 2011

CRYING FREEMAN

«Dieu me garde de mes amis; mes ennemis je m'en charge!»
Antigone II «Doson»  de Macédoine
Maréchal de Villars
Il y eût ce film chanbara (film de sabre) franco-canadien, sorti en 1995 d'après un manga de Kazuo Koike. Il traite des exploits d'un tueur apointé par les triades chinoises qui verse une larme chaque fois qu'il remplit un contrat et exécute une victime.
«Crying freeman» pourrait se traduire par «l'homme libre qui pleure». Un comble, car le dit tueur n'est à l'origine qu'un potier enlevé, drogué et conditionné pour en faire un tueur impitoyablement efficace. Son office n'est donc pas le fait d'un homme libre, mais d'une coercition.

Il y eût ces toreros -on n'ose plus parler de matadors!- qui se prêtèrent à Quito à une parodie pitoyable qui dépouillée de tous sens par l’amputation de la «hora de verdad» se réduit à un spectacle touristique pour bouffons en goguettes.

Il y eût enfin cet ultime et dérisoire dérapage d’une «figura» (comme ils disent…) c’est à dire d’une icône, d’une exemple, qui au lieu de cacher l’indigence de son entendement derrière le paravent salvateur du silence, se croit obliger de déblatérer.
Dans son édition du 6 décembre 2011, le quotidien équatorien «HOY» publie une entrevue avec le grand penseur taurin Sébastien CASTELLA sous le titre 'No me gusta ver a los animales sufriendo' («Je n’aime pas voir souffir les animaux»)
On peut lire les versions française et espagnole de l'article sur le site de la Fédération des Sociétés Taurines de France (http://www.torofstf.com/infos2011/111206entrevista_castella_quito.html)

Morcifs de choix:

Publicado el 06/Diciembre/2011 00:43
Entrevista
Sebastián Castella, matador de toros, número 8 del escalafón mundial.
[…]
Hay gente que considera una cesión a una decisión política que grandes figuras hayan venido a la feria.
Il y a des gens pour considérer que des figuras ont cédé à une décision politique pour venir à la feria.
Creo que, antes de dejar morir un arte, hay que apoyarlo. En Portugal, no se mata, no se pica, no se banderilla, y van los toreros. Y aquí, que tiene más cultura, que tiene más vida, que se pican los toros... Es insignificante decir y largar cosas que no tienen sentido. Para mí forma de ver las cosas, después de debatir tanto, hay que apoyar. (La muerte del toro) es algo que volverá.
Je crois qu'avant de laisser mourir un art, il faut le soutenir. Au Portugal, on ne tue pas, on ne pique pas, on ne banderille pas et pourtant les toreros y vont. Et ici, où l'on a plus de culture, plus de vie, on pique les toros... Il est insignifiant de dire et de lancer des choses dépourvues de sens. Pour ma part, après avoir tant débattu, il faut soutenir. (La mort du toro) C'est quelque chose qui évoluera.
[…]
¿Y qué argumentos darías para que se restablezca el tercio de muerte?
Et quels arguments donnerais-tu pour le rétablissement de la mise à mort?
Te voy a contar una historia. Antes de querer ser torero, tenia afición a los toros. Mi padre me llevaba a las corridas, a la feria de Béziers (sur de Francia), y me fascinaba el arte del toreo, pero me daba una pena tremenda del animal.
A mí, no me gusta la caza, no me gusta la pesca, no me gusta ver animales sufriendo. No me gusta un caballo o un perro dejado así porque ya no sirve, y que se va a morir. A mí, me da una pena tremenda, porque yo hasta lloro. Cuando me metí en el toreo, fui entendiendo que la parte de la muerte del toro es necesaria porque el toro es un animal que tiene una bravura y una inteligencia que no tiene ningún otro animal. El toro bravo es el animal que tiene la inteligencia más elevada dentro de los animales. El argumento te lo da el toro mismo.
El toro se va para adentro pero lo matan con un balazo, y nadie lo ve. Esa no es la muerte que quiere ese animal. No estamos dentro de él, pero llevan cientos de años criándolo y ya lo conocemos, que tiene esa fuerza, esa aletilla y esa verdad. Porque el único que, en el mundo del toreo, tiene la verdad es el toro. Los demás solo estamos ahí acompañando.
Je vais te raconter une histoire. Avant de vouloir devenir torero, j'avais de l'afición a los toros. Mon père m'amenait aux corridas, à la Feria de Béziers (sud de la France) et l'art du toreo me fascinait mais me procurait une peine terrible pour l'animal.
Je n'aime ni la chasse, ni la pêche, ni la souffrance des animaux. Je n'aime pas qu'un cheval ou un chien soit abandonné parce qu'il ne sert plus et qu'il va mourir.
Cela me procure une peine terrible à en pleurer.
Quand j'ai commencé à toréer, j'ai compris que la suerte de la mort du toro était nécessaire parce que le toro est un animal qui fait preuve d'une bravoure et d'une intelligence que n'a aucun autre animal. Le toro brave est l'animal qui possède l'intelligence la plus élevée parmi les animaux. L'argument, il te le donne lui même.
Le toro sort de l'arène, mais on le tue d'un coup de feu, et personne ne le voit. Ce n'est pas la mort que veut cet animal. Nous ne sommes pas à sa place, mais  cela fait des centaines d'années qu'on l'élève et nous savons qu'il possède cette force, cette ardeur et cette vérité. Parce que dans le monde du toreo, le seul qui détienne la vérité, c'est le toro.
Nous ne faisons que l'accompagner.

¿Qué fue lo primero que pensaste con la prohibición?
Qu'as-tu d'abord pensé de la prohibition?
Dentro de lo malo, le di gracias a Dios de que no quitaran el toreo entero. Hay que ser inteligentes. Ellos no han sido inteligentes. Quieren hacer una cosa pero les ha faltado inteligencia, y no voy a decir más porque con eso, ya lo digo todo. Y eso nos beneficia a nosotros.
Le moindre mal, grâce à Dieu c'est qu'il n'aient pas abandonné la corrida entière. Il faut être intelligent. Ils ne l'ont pas été. Ils voulaient agir, mais ils ont manqué d'intelligence, et je n'en dirai pas plus parce qu'avec ça, j'ai tout dit. Et cela tourné à notre bénéfice.

Cuando te toca entrar a matar y no puedes, ¿cómo te sientes?
Quand vient le moment de tuer et que tu ne le peux, comment te sens-tu?
Yo voy a la plaza a torear, no a matar a un toro.
Je vais aux arènes pour toréer, non pour tuer un toro.

Pero te llaman matador...
Mais on te dit matador (tueur)...
Sí, obviamente, porque en los principios, solo se pegaban dos muletazos y se mataba. Ha evolucionado y los toreros no vamos a matar, sino a torear. La gente no quiere ver cómo matan a un toro, sino que quiere ver arte. Y hace parte dentro de ese arte la parte final, que es matar al toro.
Oui, évidemment, parce qu'à l'origine, on se contentait de deux passes puis on tuait. Cela a évolué et les toreros ne vont pas tuer mais toréer. Les gens ne veulent pas voir comment on tue le toro, mais veulent voir de l'art. Et la partie finale de tuer le toro fait partie de cet art.

Que penser de telles déclarations?
C'est un lieu commun depuis des lustres que certains toreros, notamment dans le registre artistique n'éprouvent guère d'appétence pour la mise à mort.
Des maîtres comme Curro Romero ou le grand Rafael n'ont jamais caché -il eût été difficile de le faire étant donné leurs piètres prestations à la rapière!- que ce qui les intéressait dans l'acte de toréer, c'était de «s'accoupler» avec le toro pendant le «ballet amoureux» que constituait pour eux une faena. Renacler à tuer «l'objet du désir», le partenaire d'un instant d'harmonie parfaite peut parfaitement être entendu et compris.
Mais dans cet article, par delà les lieux communs et les platitudes, derrière l'anthropocentrisme de pacotille, Castella va beaucoup plus loin que l'expression d'un goût ou d'un dégoût personnel.
Malheureusement, à travers l'article, court cette nouvelle posture -on n'ose parler de philosophie!- du toreo moderne tant promue par certains.
Un cri du coeur: on va aux arènes «pour toréer, non pour tuer un toro », «les toreros ne vont pas tuer mais toréer». Et pourquoi s'émouvoir du syndrome de Quito puisque «le moindre mal, grâce à Dieu c'est qu'il n'aient pas abandonné la corrida entière» et qu'en fin de comptes «cela ait tourné à notre bénéfice».
Qu'un propos ait été déformé, c'est possible, que la teneur globale d'un article soit le fruit d'une incompréhension, ne l'est pas.
Surtout de la part de l'ex-gamin que «l'art du toreo fascinait mais procurait une peine terrible pour l'animal».

On se trouve en présence soit d'une terrible hypocrisie soit plus probablement, vu la personnalité de l'intéressé, d'un déni de réalité d'anthologie, voire même d'un trouble de la personnalité.
Surtout lorsqu'on entend lors de l'assemblée de l'U.V.T.F. que le pôvre drôle a même consulté des psys pour résoudre son problème.
Dommage que le révérend père J.P. n'ait pas trainé dans le secteur, une conversion était à portée!

Le tueur qui pleure sur sa proie, le «Crying freeman» de la tauromachie, c'est sans doute le dernier must de notre «société de la victime». Mais bon sang que ce môme aille planter des choux ou coincer la bulle sous les tropiques si tuer un toro ne lui convient pas et le peine à ce point! Assez de tartufferie!

Ecoeurant!!!
Avec de tels «héraut(o)s», nous n'avons plus besoin de «zantis».
Xavier KLEIN