Humeurs taurines et éclectiques

jeudi 23 décembre 2010

CONTRITION

Nous vivons sur une bizarre planète et à une curieuse époque où, en application de la prédiction d'Andy WARHOL, d'aucuns se sentent tenus de vivre leur heure de gloire en venant disserter sur les médias et nous entretenir des convictions les plus diverses, comme si elles représentaient des vérités révélées.
Ainsi Thierry HELY, l'un des animateurs de la mouvance «zanti» s'acharne t-il à bombarder régulièrement les boites mails d'un certain nombre d'aficionados (ou supposés tels...) de communiqués, de messages et de liens anti-taurins.
Il y a dans une telle attitude, quelque chose d'excessivement puéril, un désir de provoquer, de titiller, d'agacer, comme une mouche du coche ou un bambin de maternelle?
Ou bien s'agirait-il de tirer une jouissance particulière des déconvenues, et donc de l'affliction présumée des destinataires?
A moins que tout cela ne procède plus simplement de l'acharnement du prêcheur qui ne renoncerait jamais à la conversion du pêcheur.
Sans doute une large dose de tout cela, avec une prépondérance de l'esprit missionnaire.
Dans tous les cas, cela traduit une bien piètre relation à «l'autre», considéré comme obscurantiste et/ou pervers à priori, qui dénote un incontestable sentiment de supériorité à l'endroit des misérables que nous sommes.
Certains, experts dans les mécanismes de l'âme, glapiront à la victimisation.
Ce à quoi je rétorquerai très simplement, qu'on ne voit guère d'aficionados ressentir le besoin d'envoyer des courriers et de vouloir «convertir» les «zantis». Ceci expliquant sans doute l'éternelle rengaine sur les aficionados qui ne veulent pas débattre. A quoi bon d'ailleurs!
*
Le Révérend Père HELY, indéfectiblement guidé par sa mission divine de salvation des aficionados égarés, nous conseille aimablement d'écouter le sermon d'un «ancien aficionados» (l'Esprit Saint ne confère pas automatiquement le don des langues et de l'orthographe!) sur le lien suivant: http://www.vivrefm.com/podcast/2010/12/05/animag-du-051210/
Je m'y dirige derechef, alléché par la perspective d'une révélation quasiment transcendantale.
L'introït mérite déjà son pesant de nougat montilien. Avant de copier/coller la biographie de l'intervenant, tirée de son site (bonjour l'esprit critique d'investigation du journaliste!), le premier paragraphe annonce (je cite) une «émission choc sur un repenti qui nous explique pourquoi il a aimé la corrida et pourquoi maintenant il la rejette. C’est la première fois qu’un ancien aficionados se livre à un micro, émission passionnante.». Tout un programme!
A cet instant, la perception que j'ai pu envisager du sieur HELY me saute au visage à la lecture d'un seul mot: REPENTI.

Un ex-aficionado qui ne va plus aux arènes est donc un REPENTI.
Si je ne m'abuse, le terme relève originellement du langage religieux, faisant écho à la fameuse repentance qui insupporte tant de grincheux -moi le premier- dans la mesure où elle fait rentrer une notion d'essence fondamentalement et authentiquement théologale dans l'espace public et laïque.
Un REPENTI renvoie à deux sens contemporains. Celui qui regrette ses fautes et ses péchés, ce qu'on nomme aussi la CONTRITION ou bien le malfaiteur qui décide de coopérer avec la justice en dénonçant ses anciens complices.
Nous autres aficionados n'avons donc le choix implicite qu'entre le statut de damnés et celui de criminels... Et l'on nous parle de respect, de tolérance, de compassion! Quelle hypocrisie!
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Il faut ensuite s'enfiler le discours très new age, d'un peintre-philosophe-ex-aficionado-repenti, Valentin CARO, qui développe paisiblement et sans excès sur le ton d'un nouveau converti la thèse du «à notre époque on ne peut plus supporter de montrer ainsi la souffrance de «l'autre».
Je plains le pauvre sophiste car il a du pain sur la planche.
Il lui faudra supprimer 70% de la littérature (hormis les romans de la bibliothèque rose et le journal de Mickey), la quasi totalité des opéras, idem pour le cinéma, sans compter la pratique de nombre de sports, à commencer par la boxe. Plus d'informations télévisés, plus d'haïtiens cholériques, plus de soudanais faméliques, plus d'irakiens torturés ou bombardés, etc., etc.
Il lui faudra aussi brûler dans un grand autodafé, des croutes comme «Le cri» d'Edvard Munch ou mieux, «Guernica»du grand pervers aficionadoS Picasso, mais également ses propres oeuvres qui ne suintent pas le wonderful word qu'il appelle de ses voeux.
Finis le sado-maso (ce n'est pas ma cup of thea), les chats qui bouffent les souris, les lions qui boulottent les zèbres, et les crucifix (instruments de supplice) dans les églises ou sur le domaine public.
Il faudra surtout expliquer à ce grand penseur, que pour d'autres humains, très dégénérés j'en conviens, la notion «d'autre» n'inclut nullement les «zanimaux».
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Valentin CARO est peut-être adepte de la communauté bishnoï ou jaïn, dont certains sādhus ne se déplacent que de jour en balayant le sol devant eux pour éviter de blesser ou tuer tout être vivant. Des doctrines religieuses sans doute admirables, mais dont on conserve encore le droit de ne pas y adhérer.
La prédication systématiquement répétée par nos amis «zantis», le langage employé, et ce sentiment qui transpire sans cesse d'être pris de haut par des émules d'une vérité qu'ils voudraient universelle finit par devenir passablement pénible à la longue. De même que les procédés de diabolisation, d'exécration et notamment de culpabilisation systématiquement employés.
Surtout lorsque tout ce pathos camoufle difficilement les pulsions beaucoup moins avouables dont ces braves gens pensent être dispensés. Il y a également cette manie typiquement totalitaire et fanatique, d'interdire ou de détruire ce qui ne leur convient pas. Staline a fait dynamiter les églises, Hély en veut aux arènes. C'est bizarre, ces préjugés des liberticides contre l'architecture monumentale!
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Je suis intervenu plusieurs fois avec des publics d'élèves de classes préparatoires (à la demande de l'institution) pour expliquer ce qu'était la tauromachie. Je me suis toujours astreint à «respecter les consciences» comme le disait Jules Ferry, sans prosélytisme, simplement en témoignant de mon ressenti.
Lors d'un débat contradictoire, j'ai pu remarquer, très amusé, comment les arguments et le ton excessifs de mon opposante (prof de philo) ont plutôt eu un effet répulsif. Certains étudiants, à priori opposés, ont largement tempérés leurs appréciations sur la question.

La thématique taurine se pose avec une actualité brulante dans une société où l'ordre moral et hygiéniste qu'on voudrait nous imposer, le «monstre doux», commence depuis quelque temps à être violemment remis en cause.
Il est des signes qui ne trompent pas. Il n'est que de considérer les manifs violentes qui se développent un peu partout en Europe, de Londres à Athènes: l'âge des gentils moutons semble se terminer.

Place à l'incorrect et à la subversion: qu'on respire bordel!
Xavier KLEIN




1 commentaire:

Alain Lagorce a dit…

"mais également ses propres oeuvres qui ne suintent pas le wonderful word qu'il appelle de ses voeux"

Comme le beaucoup plus talentueux Botticelli le fit suite aux prêches pour le moins… enflammés de Savonarolle.