Humeurs taurines et éclectiques

lundi 30 novembre 2009

La tauromachie formica.

Dans les années 50-60, une certaine engeance arpentait les campagnes pour convaincre nos sympathiques péquenauds de la France profonde, d’échanger leurs vieux meubles vermoulus contre le nec plus ultra, le fin du fin, l’apothéose de la modernité, j’ai dit le meuble de formica.
J’en connais certains qui ont ainsi cédé aux caprices du temps et troqués des vénérables reliques de famille contre des horreurs flamboyantes, et bien pratiques, ma bonne dame!
Facile d’entretien avec ça: un bon coup d’éponge (avec eau de Javel pour les bactéries) sans crainte de décirer et hop! Emballez, pesez, l’affaire est dans le sac!
Plus tard on a fait mieux, mais en passant de l’ignorance à l’iconoclastie.
Le formica ne tenant pas à l’usage, s’usant ou se décollant, on lui préféra le sapin nordique, et les rescapés de la première vague se virent condamnés par l’avènement du «dézingne », façon Monsieur Ikéa. Vous savez, les trucs qui font, paraît-il, classe à bon marché.
Il y eut pire encore: la re-peinture en laqué brillant. J’ai récemment vu une bonnetière Louis XV d’époque, ainsi massacrée avec beaucoup de talent.
Ah! Vous les auriez vu les commis-voyageurs, minauder dans les cambrouses avec la rombière, lorgnant en loucedé sur l’antiquité convoitée, pour convaincre la brave ménagère, qu’il lui fallait AB-SO-LU-MENT la pointe de la technique plastique pour être dernier cri, pour pêle-mêle, impressionner les voisines, chârmer le daron, chasser les microbes, égayer les mouflets par des couleurs vives et, surtout, sortir glorieusement de la condition misérable de ruraux dégénérés.
La modernité, vous dis-je!
Il y a vingt ans de cela, je sauvais in extremis, un vaisselier XVIIIème, qu’on allait brûler après tronçonnage, pour mettre indignement un terme à une longue carrière, achevée dans le poulailler comme pondoir.
Démonté, restauré avec amour, le vendeur s’est extasié, sans le reconnaître au premier abord, avant que je ne lui crache le morceau.
« -Si j’aurais su, je te l’aurais vendu» m’assura le con joli sans vergogne.
Ce à quoi je lui répondis qu’il était vraiment indécrottable, car s’il aurait su, il aurait mieux fu de se le gardu, le glandu.
Mais que peut-on attendre de bon d’un abruti qui préfère vous boire cinq viskis-coca(et du Prince Edward hors d'âge, SVP, acheté aux ventas d’Ibardin, comme chez le voisin), quand on lui offre de déguster un bon sauternes?
Mais les toros dans tout cela?
Et bien, c’est la même chose.
La modernité, frappe aussi.
Le pis sans doute, c’est l’hypocrisie du discours ambiant. Tout le monde déplore, mais que voulez-vous braves gens, il faut bien se résoudre aux réalités du «marché», et surtout aux exigences, soigneusement orientées et conditionnées, du public, pardon, du client lui aussi «moderne».
Quitte là aussi à user de mauvaise foi.
On répute les élevages braves, ou au moins ceux sortant du bien-disant taurin, ne pas plaire au public. Est-ce si vrai?
Je constate que bon an, mal an, l’immense majorité des novilladas du sud-ouest, ont sorti de ces élevages honnis. Parentis, Saint-Sever, Roquefort, Hagetmau, Orthez, Garlin, Dax, Vic, et j’en oublie, ont fait courir des lots dont le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas courus par les vedettes.
Et si l’on fait le compte des corridas, entre Vic, Céret, Alès, Istres, Beaucaire, Aire, Orthez, Aignan (annulée), La Brède, et j’en passe là aussi, de quelques manières qu’ils soient sortis, les élevages hors modernité, ont été représentés en nombre.
A y bien regarder, seules les grandes ferias, celles qui remplissent, et celles qui, comme par hasard, peuvent se payer le luxe d’appointer une «com» voire une claque, ont usé et abusé du toro moderne, avec un résultat généralement peu convainquant d’ailleurs, au regard du battage médiatique.
Encore faut-il également souligner l’incohérence de beaucoup de soit-disant toristas, qui attendent qu’on leur sorte le même produit conforme et garanti, mais en «dur», que dans les corridas toreristas.

Il faut choisir messieurs entre la grande série calibrée et l’artisanat inconstant. On ne peut, à la fois, vouloir une chose et son contraire, la poésie et le prosaïque.
Ne peut-on dés lors parler d’intox, quand les seuls critères, les seuls faits considérés, relèvent exclusivement ou presque de «l’événement» de ces grandes foires taurines, au détriment de «l’autre tauromachie», dont les canons –toréer et non pas uniquement faire des passes, un toro qui charge, et non pas uniquement qui passe- ne sont nullement pris en compte.
Qu’est-ce qu’une bonne corrida? Celle où les trophées faciles ou programmés dégringolent, où l’on sort a hombros, ou bien est-ce autre chose, de non assuré, de non garanti?
Tout est dans ce choix, comme il est de choisir entre le bois vénérable patiné par les ans et le fade et impersonnel revêtement de formica.


Xavier KLEIN


NOTA: Le vrai Formica (marque déposée), travaillé par de grands stylistes, dés les années 30, peut être réellement superbe.

mercredi 25 novembre 2009

Une pierre de l'édifice...

Bernard Grandchamp, érudit, hédoniste, gastronoble et oenophile de qualité, a découvert, comme une pierre qu'on ramasse au détour du chemin, mais une pierre semble t-il philosophale, ce beau texte de Pascal QUIGNARD - ''Dernier royaume'', égarée de son VIe et dernier tome - ''La barque silencieuse'', en son chapitre L (50, en chiffre romain!) – pages 146 et 147 de l'édition originale (Seuil 2009):
«La force, telle fut la première signification de la vertu. […] La virtus c'est la mise en acte de la puissance sexuelle propre au mâle quand il se trouve face à face avec la femelle. Puis c'est le courage frontal du héros devant la menace de la bête à cornes signifiant la possibilité de la mort donnée. C'est ce que dessine la lettre alpha dans notre tradition. Face à face (coït), front à front (corrida), corps à corps, lutte romaine, combat singulier des Francs, tournoi moyen-âgeux, duel sous Louis XIII. Vis est une activité qui mêle la force et le mépris de la mort (fortitudo) de façon active, violente. Virtus d'un fascinus, vertu d'une plante, valeur d'une monnaie, sens d'un mot: tout est vis.
-
C'était plus fort que moi.
Telle est la phrase des héros. Voilà comment le sujet (celui qui dit
je) définit le symptôme (le je plus je que soi). C'était plus fort que lui. Telle est la puissance prédatrice du meurtrier. Telle est la violence démoniaque du violeur. Telle est la force démiurgique du créateur. Telle est au sens strict la vis de la vertu.
L'affrontement dans le taureau mais aussi la sève dans la fleur sont plus fort qu'eux. Ils sont virulents.
Virus désignait le suc des plantes, le sperme des mammifères, le venin que crachent les serpents.»
Bernard commente:
Il me semble bien que QUIGNARD nous parle là, avec ses manières inimitables d'érudit à l'antique, de notre ''bravoure'' tauromachique... Certes, à cette aune – et quant à cracher du venin, nos post-modernes ''toros à roulettes'' en seraient plutôt à cracher... leurs poumons! Et même si nous ressentions que, pour le toro brave, ''c'est plus fort que lui'', nous saurons mieux désormais ce qu'est un toro vertueux...
Merci Bernard de cette précieuse pierre laissée dans certains jardins.
Xavier KLEIN

lundi 16 novembre 2009

SAINT-SEVER, LE RETOUR

"La novillada du 11 novembre organisée par la Peña Jeune Aficion de St Sever a été reportée compte tenu de la météo et de l’état de la piste.Le paséo aura donc lieu le samedi 28 novembre à 15h30 aux arènes de Morlanne.Toros et cartel inchangés.5 novillos de Mariano Cifuentes pour Alberto LOPEZ SIMON, Adolfo RAMOS, David GALVAN et SOFIAN.Nous vous serions très reconnaissant de faire passer ce message à vos socios, amis et relations.La Peña vous en remercie d’avance."
Le président Jean Gilbert"

jeudi 12 novembre 2009

ECOLE, VOUS AVEZ DIT ECOLE?

«Si on pouvait recouvrer l'intransigeance de la jeunesse, ce dont on s'indignerait le plus c'est de ce qu'on est devenu.»
André Gide

Dans son éditorial du 27 octobre 2009 (BLOG CONTRE BLOC, http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-10-09/27-10-091.php), André VIARD dénonce ces féroces soldats qui viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes, ces vilains, ces affreux, ces pelés, ces galeux, ces empêcheurs de toréer moderne en rond, ces grands méchants blogs qui se permettent de venir troubler la doulce jouissance des tendidos heureux des grandes ferias commerciales (un beau pléonasme… puisque feria signifie foire).
Il faut être un bien grand maître pour s’autoriser ainsi à distribuer les bonnes notes et dire où est la bonne aficion et où est la mauvaise.
La maîtrise s’acquiert de deux manières: par la réussite et/ou par l’étude sanctionnée par un diplôme. Ce cher André ayant sans doute satisfait aux deux -un succès éclatant dans les ruedos et un doctorat es tauromachie décerné par l’Académie Don José Maria COSSIO- il peut en parler en parfaite connaissance de cause.
Dans tous les cas de figure, seule la reconnaissance des pairs sanctionne la maîtrise, et il reste à prouver qu’en dehors de sa chapelle, et des quelques gogos espagnols qui, ne le connaissant pas, célèbrent les grandes qualités qu’il se prétend, dear André provoque le consensus en la matière.
L’une des premières marques de la maîtrise trouve sa source dans des qualités particulièrement absentes de notre société: le discernement, la pondération et surtout la hauteur et la largeur de vue.
J’ai connu le privilège de croiser deux ou trois fois dans ma vie des maîtres, des vrais. L’un d’entre eux s’appelait Louis LEPRINCE-RINGUET, un autre se nommait Haroun TAZIEFF, un troisième Arnaud DESJARDINS. La caractéristique commune de ces maîtres là, quelque idée que l’on ait de leur compétence, c’est que leur commerce vous laissait le sentiment d’être intelligent, mieux, sans doute, ils vous RENDAIENT intelligent par la sollicitation de votre intelligence.
Ils auraient pu, comme d’autres, vous écraser de leur savoir, de leur génie, de leur sagesse ou de leur célébrité, vous balancer un «casse toi, pauvre con!». Que non pas! Tout au contraire, ils accueillaient le jeune esprit enthousiaste, passionné, parfois excessif avec patience, humour et compréhension. Car les maîtres, les vrais, savent qu’il faut savoir prendre la mesure des choses et considérer un être humain dans ses capacités, dans ses possibilités, dans son évolution.
«La plus inquiétante jeunesse est celle qui n'a pas d'opinions extrêmes.» notait Hugo, un homme qui resta très vert, très longtemps, ce qui n'a pas peu contribué à sa popularité.
Ils savent aussi ces maîtres, par dessus tout, qu’il n’est d’autre recours qu’en l’humilité, et que plus l’on pousse dans la connaissance, plus l’on entrevoit l’immensité de ce que l’on ne sait pas.
A cette aune, selon ces critères, on ne perçoit pas très bien quel maître s’imposerait dans le paysage taurin français actuel et sûrement moins André VIARD que les autres. Une superbe lettre ouverte de la revue TOROS ("Mon tout petit...") était naguère venue le lui remémorer.
Et c’est tout le problème de la situation présente. On manque cruellement de Tio Pepe, de Pelletier, et autre Paco Tolosa.
La condamnation «urbi et orbi» fulminée par le pape de l’Observatoire sent donc son vieux con racorni et rassoté ou son beauf conformiste et étriqué.
Il a «maître» et «maître» et André Viard aborde un problème qu’il maîtrise sans doute aussi parfaitement que le reste: l’ECOLE.
Ayant exercé depuis 35 ans au sein de l’honorable institution qu’est l’Education Nationale la plupart de ses métiers («pion», enseignant, CPE, «formateur de formateurs», formateur pour adultes, tuteur, et maintenant chef d’établissement), y ayant accédé à chaque fois par la voie du concours (et non celle de la cooptation), je ne puis prétendre à la même «maîtrise» du sujet.
Nous vivons des temps où chacun, ayant connu une petite expérience de la chose dans sa jeunesse, se croit obligé d’émettre sur la question un point de vue autorisé et sans réplique. Toutefois, en dépit de mes nombreuses insuffisances, j’ai néanmoins réussi à tirer quelques modestes conclusions de ma pratique.
Il faut trois exigences pour faire un enseignant, bon ou mauvais:
1°) Des connaissances à transmettre. Connaissances généralement consacrées par un diplôme universitaire (pour l’enseignement général).
2°) Des techniques pour transmettre ce savoir (la pédagogie et plus généralement la didactique).
3°) Un «charisme» particulier fait d’intelligence, de sensibilité, d’empathie, d’écoute. En fait une aptitude spécifique à la communication.
A ces qualités s’en rajoute une dernière, utile mais nullement nécessaire: il faut aimer ça!
Ces qualités, précisons le bien vite, ne constituent pas l’apanage des enseignants patentés. Et, par le passé, on a connu de ces mentors, péons en retraite ou vieilles figuras retirées des affaires, qui les réunissaient à la perfection sans avoir de titre, ni s’en faire une gloire.
Précisons également que l’excellence ou l’expertise n’est aucunement la garantie de la qualité d’un enseignant. On connaît d’illustres chercheurs, athlètes, acteurs, artistes, etc., autorités incontestées, qui sont de piètres pédagogues.
L'époque héroïque où l'on se formait au contact d'un maître (comme un apprenti dans le compagnonnage) paraît révolue, comme est révolu le temps des grouillots. Aujourd’hui, semblerait-il, il faut nécessairement passer par l’école.
Le problème, et les professionnels de l’enseignement le savent, c’est que l’école est NORMATRICE. C’est à dire qu’elle transmet le corpus de connaissances et de valeurs que la société lui délègue la responsabilité de transmettre.
«être bon à l’Ecole», c’est «être bon pour l’Ecole», autrement dit satisfaire aux exigences et aux injonctions du système. Ce n’est sûrement pas pour rien que l’Ecole fut le bras armé de la République et que cette dernière, pour s'imposer et faire triompher ses idées à la fin du XIXème siècle, l'a investi, depuis Jules Ferry jusqu'à nos jours, d'une fonction et d'un enjeu essentiel.
Si cette fonction normatrice peut valoir pour la transmission des connaissances et des valeurs de bases qui forment le socle d’une société démocratique, elle est infiniment moins effective et pertinente en matière artistique où, l’originalité et la créativité doivent primer, ce qui est le cas de la tauromachie.
Les écoles taurines PRODUISENT donc des élèves conformes, reflets des normes et valeurs de leurs maîtres et de «l’idéologie» ambiante.
VIARD cite le cas d’une immense pédagogue, unanimement reconnue pour ses compétences et ses savoirs. Une pédagogue qui d’après ses propres déclarations, dans une tragi-comédie courtelinesque, se préoccupe surtout du service après vente, c’est à dire, des conditions d’engagement de ses pupilles, autrement dit de «l’exploitation de sa production».
Pourquoi pas après tout. Sauf que la tradition française de l’Education (avec un grand E, on parlait autrefois d’Instruction Publique), se situe, au contraire d’autres systèmes éducatifs, dans une éthique de l’universalité de la connaissance transmise pour elle-même, sans arrière pensées économiques et utilitaristes.
L’Ecole française (et notamment le collège unique) ne produit pas de l’insertion professionnelle (c’est le rôle de l’enseignement professionnel), elle produit du savoir. Elle prétend former «l'Homme et le Citoyen». Et c’est son honneur, quoiqu’on en dise!
Il ne me semble guère ni utile, ni pertinent de favoriser le développement d’écoles qui ne seraient que les relais et les réservoirs de la profession, parce que nous sommes en tauromachie dans le domaine de l’art, de l’inventivité, de la variété, et non dans celui de la norme.
Qu’un postulant apprenne, avec quelques «disciples», comme Leonardo DA VINCI, PLATON ou Moriheï UESHIBA en eurent, tant mieux. La transmission de l'art et de la technique doit passer par un rapport de Maître à Disciple. C’est une logique d’atelier.
Mais de grâce qu’on nous évite les écoles taurines telles qu’elles fonctionnent en Espagne. Et qu’on nous évite aussi de singer un système éducatif français, dont on devrait savoir qu’il transmet AUSSI et SURTOUT de la contrainte (en termes de savoirs et de socialisation), qui s’oppose au discours sur le plaisir et l’accomplissement utopique du désir qu’on entend se développer sur les hypothétiques gloires taurines franchouillardes.
J’en connais les vertus aussi bien que les vices.
Ceci dit, comment faire pour que les jeunes gens qui désirent s'engager dans la carrière, puissent en acquérir les fondements?
Comment faire en évitant de passer par «la profession», qui dans ce champ d'activité, plus que dans tout autres, voit en l’humain un simple investissement, rentable à plus ou moins long terme?
Comment faire pour pallier au défaut majeur des écoles taurines espagnoles, c’est à dire la production en série de parfaits techniciens stéréotypés du toreo moderne.
Comment faire enfin, pour armer des jeunes gens pour la vie, sans détruire leurs rêves, mais en prenant en compte une réalité qui leur laisse peu de chances de les voir réalisés?
Comment les préparer à un échec prévisible pour la grande majorité d’entre eux, pour que justement, ce qu’ils auront appris soit au contraire une richesse et un atout, et non le désert stérile des illusions perdues?
Dans l’Education Nationale, nous sommes constamment confrontés à cette problématique que nous essayons de gérer au mieux, ou au moins mal. C’EST UN METIER, et C’EST UN SAVOIR, pour lesquels nous sommes formés et informés, en sachant que les choix sont des deuils, et qu’ils engendrent frustrations et insatisfactions.
D’évidence, certains croient pouvoir se passer impunément de cette réalité. Il serait cruel de rappeler certains noms de pupilles et de «grands espoirs», montés au pinacle, et qui se retrouvent maintenant dans des ornières dramatiques. Certains ne seraient certainement pas étrangers au Président de l'O.N.C.T., à moins que l'oubli ne soit une vertu salvatrice.
Des solutions sont possibles, à condition qu’elles soient mises en œuvre non par des amateurs, aussi dévoués soient-ils, ou des taurinos nécessairement «intéressés», mais par des professionnels de l’Education qui portent une éthique, une pratique, et des techniques appropriées.
Cela n’exclut nullement la participation et le concours indispensables des premiers, mais cela apporte des garanties incontournables.
Il existe dans les lycées et collèges, des ateliers de danse, de cinéma, de théâtre, de mîme, de cirque, qui fonctionnent, SOUS L’AUTORITE et le contrôle de l’institution, avec des partenaires extérieurs qualifiés. C’est sans doute cette voie là qu’il conviendra d’explorer, après des études approfondies et un dossier étayé.
Inutile de préciser, qu’en ce qui me concerne, j’y œuvre, sans avoir attendu, en cette matière comme dans d'autres, que le gourou ait parlé…

Xavier KLEIN

mardi 10 novembre 2009

"EL PIMPI" à Pau


Pas trop le temps en ce moment de concocter des articles.

Pourtant, il faut annoncer une initiative intéressante de la Peña Taurine Joseph PEYRE de PAU (la banlieue taurine d'Orthez) qui organise un débat sur les piques, avec la participation de l'excellent picador "EL PIMPI" et de l'excellent chroniqueur Miguel DARRIEUMERLOU , le Vendredi 20 novembre 2009 dès 19 h 30.

On ne se réjouira jamais assez du travail de pédagogie entrepris par les peñas sérieuses, c'est à dire, celles qui ne se préoccupent pas seulement de festoyer.


A noter qu'une délégation de la Commission Taurine d'Orthez était en visite dimanche dernier à Poyartin (40) ou "El Pimpi" présentait avec Nathalie, sa compagne, la cuadra de caballos qu'ils proposeront aux empresas dès cette année.

Une cuadra de caballos à propos de laquelle, nous ferons un article dans le trimestre qui vient.


Bodega de MEILLON, 7 rue de la Mairie (64) MEILLON

Roger CHAGUE au 05.59.82.05.74 ou par mail roger.chague@wanadoo.fr

lundi 9 novembre 2009

TOROS ORTHEZ 2010

Les élevages retenus pour la journée taurine du 25 juillet 2010 sont publiés sur le site de la Commission (à partir de 21h, le 9/11), ainsi que quelques photos.

mercredi 4 novembre 2009

Claude LEVI-STRAUSS est mort…

«L'humanité est constamment aux prises avec deux processus contradictoires dont l'un tend à instaurer l'unification, tandis que l'autre vise à maintenir ou à rétablir la diversification.»
«Race et histoire»
«Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses, c’est celui qui pose les vraies questions.»
«Le cru et le cuit»
«Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui.»
«Tristes tropiques»
D'aucuns s’émeuvent du décès d’une princesse d’Angleterre, d’autres de tel chanteur ou de tel acteur, on me pardonnera ici de m’affliger de la disparition de Claude LEVI-STRAUSS.
Non pas qu’elle fut prématurée, 100 ans, presque 101, c’est un âge plutôt confortable pour le grand voyage, d’autant que Claude LEVI-STRAUSS lui même pensait qu’il n'avait que trop vécu.
Plutôt parce qu’avec l’un des derniers témoins d’un esprit et d’une culture français, héritier des lumières, disparaît une certaine pratique de l’intelligence, qui ne se préoccupait en rien de l’agitation fébrile du temps, mais au contraire s’inscrivait dans l’éternité et l'universalité de la pensée humaine.
Enfin, parce que l’ayant connu, ayant assisté à plusieurs de ses interventions en Sorbonne, ayant conversé avec lui, grâce au truchement du Professeur PITT-RIVERS (cf. dans le blog), j’avais pu apprécier, très imparfaitement certes –quand on bénéficie de la jeunesse, l’ouïe est meilleure mais l’écoute déficiente- la puissance de sa pensée, la rigueur de sa logique et la grandeur de son autorité.
A l’époque, j’appartenais à un courant de pensée qui commençait à remettre sérieusement en cause le structuralisme et l’anthropologie structurale, ce qui n’empêchait nullement le respect dû au maître.
Ce décès annonce malheureusement le déclin, quasi irréversible, de notre culture, dans sa dimension universelle, et l’on comptera désormais sur les doigts d’une main qui se referme inéluctablement les derniers tenants d’une pensée haute, libre et puissante (René GIRARD, Michel SERRES).
Désormais commence la dictature de celle du court terme et de l’utilité, la péroraison des médiocres, le triomphe des "philosophaillons", le sarkosysme intellectuel en quelque sorte (superbe antinomie)!
Que vient faire LEVI-STRAUSS dans ce blog "d’humeurs taurines et éclectiques"?
C’est que contrairement à l’opinion de certains qui se piquent de savoir, sans s’être donné la peine de connaître, avec ce vernis culturel qui ne s’impose qu’aux sots ou aux naïfs, le cher Claude s’intéressait particulièrement à ce phénomène si singulier qu’est la tauromachie, qu’il qualifia un jour dans une conversation de «survivance extraordinaire et atypique». Il suivit d’ailleurs avec intérêt les travaux de Julian PITT-RIVERS sur ce sujet.
Il portait sur le monde, sur la fin de sa vie, une vision plutôt pessimiste, ou pour le moins désabusée, déclarant en 2005: «Ce que je constate: ce sont les ravages actuels; c’est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu’elles soient végétales ou animales; et que du fait même de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne - si je puis dire - et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n’est pas un monde que j’aime.» (France 2 émission Campus du jeudi 17 février 2005)
La dernière fois que je l’ai rencontré, en 1984, j’ai évoqué avec lui et avec PITT-RIVERS, une tauromachie qui allait déclinant, dévorée par l’emprise économique, dont le contenu symbolique, la signification du rituel disparaissaient sous les coups de boutoirs de l’exigence commerciale, de l’évolution du marché diraient certains.
Il était là aussi à la fois réaliste et pessimiste, ayant vu périr ces cultures, ces tribus qu’il avait fréquentées. J’avais noté son appréciation: «Tout cela terminera en mascarade, comme les indiens qui font la danse de la pluie pour réjouir les touristes. Les seules cultures qui résistent sont celles qui ne composent ni avec leurs valeurs, ni avec leurs modes d’expression. En la matière, l’intransigeance paye.»
Las Vegas vient célébrer en fanfare l’aboutissement d’une logique enclenchée par les mêmes apprentis sorciers qui, avec des pudeurs de vierges outragées, à grands coups de cris d’orfraie, en condamnent la caricature. La même tartufferie que nos élites économiques et politiques qui appellent à moraliser un libéralisme qu’ils ont promu et choyé.
LEVI-STRAUSS était un philosophe de l’impermanence, une notion bouddhique dans laquelle il se retrouvait. Il savait que certaines choses se perdent à jamais, ou comme l’écrivait Buddhaghosa dans le Visuddhimagga au Vème siècle de notre ère: «L'impermanence des choses, c'est l'apparition, le passage et la transformation des choses ou la disparition des choses qui ont commencé à être ou qui ont apparu. Cela signifie que ces choses ne persistent jamais de la même façon, mais qu'elles disparaissent et se dissolvent d'un moment à l'autre»
Pour aller dans le fil de sa pensée, la tauromachie survivra peut-être, mais son adaptation se fera au prix de la perte irrémédiable de son contenu symbolique et de son signifiant rituel pour se muter en simple objet économique, uniquement gouverné par des contraintes marchandes.
Cela en vaut-il la peine? Pour répondre ici très clairement, je dirai, qu’en ce qui me concerne, je défendrai une tauromachie qui ait du sens, je défendrai une éthique, je ne me battrai jamais pour défendre les intérêts des négociants qui s’en sont emparés.
De ce point de vue, l’intervention de Jean-Michel MARIOU dans l’émission «La voix est libre» de FR3 AQUITAINE du 24 octobre 2009, m’a paru marquée au coin du bon sens, et éviter la platitude des propos convenus et de la langue de bois taurine qui ne manque jamais de foisonner dans un type d’exercice de style qui prédispose aux sempiternels discours "tauromachiquement corrects". (
http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=e33b_voixlibre&video_number=1)
Laissons le dernier mot à Roger-Pol Droit qui a superbement résumé l’homme dans un article du Monde: «
Dans une époque pressée, confuse, massivement portée à la veulerie et au simplisme, l’homme passait fréquemment pour distant. Tous ceux qui eurent la chance de l’approcher peu ou prou savent combien cet esprit universel, profondément attaché à la dignité de tous peuples, savait être proche, amical, fidèle et chaleureux, surtout si l’on avait su tenir le coup sous son regard, le plus acéré qui fût.
Hautain? Non. Seulement exigeant, suprêmement intelligent, et peu enclin au mensonge. Cela fait évidemment beaucoup de défauts, surtout si l’on est en outre l’auteur d’une des œuvres majeures du XXe siècle. Dans la cacophonie de l’heure, une partition exemplaire. Et l’élégance altière, à côté du solfège, d’un musicien de l’esprit.
»
On comprendra que la récupération de LEVI-STRAUSS par certaines plumes frise au mieux le ridicule (sanctionné par un contresens magistral), au pis l’obscène.

Xavier KLEIN
P.S.: Pour l’anecdote, LEVI-STRAUSS s’amusait de mon patronyme. Il avait en effet utilisé la notion de "groupe de Klein" dans un ouvrage majeur: «Les structures élémentaires de la parenté».