Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 23 avril 2010

LE LLANO EN FLAMMES

photos du film de Sergueï EISENSTEIN "Que viva Mexico"
Je viens de relire un chef d'oeuvre absolument indispensable d'un écrivain par trop méconnu, Juan RULFO, obscur archiviste au bureau de l'Immigration de Mexico, qui a pourtant porté le feu dans les lettres mexicaines du siècle précédant, inspirant à GARCIA MARQUEZ, dans son roman «Pedro Paramo», le matériau de «Cent ans de solitude». La succession de nouvelles laisse un tableau incandescent, halluciné et hallucinant du Mexique des années 1920 et de la guerre des cristeros.
Des récits de fournaises, de poussière, de sang et de mort.

Des récits qui pourraient aussi bien se situer aujourd'hui ou demain, dans une vallée afghane, ou un plateau du Darfour.
Ce n'est pas gai, mais c'est fort.
Et cela remet nos soucis quotidiens à la toute petite place où ils devraient demeurer.


Xavier KLEIN
«Le Llano en flammes»El llano en llamas») de Juan RULFO (1953)

Un peu d'humour dans un monde de brutes

La fin du monde.......
Dieu en a ras le bol de l'humanité, de ses péchés, de ses vanités et des politiciens.
Il décide de mettre fin à l'expérience.
Il réunit tous les chefs d'états et leur annonce qu'il détruira la race humaine dans 24 heures: «- Je vous laisse le soin de l'annoncer vous-même à vos peuples respectifs!»
Le premier à parler est Barack Obama en direct du salon ovale de la Maison Blanche:
« - Peuple bien-aimé, j'ai une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle pour vous. La bonne est que Dieu existe. Mais nous le savions déjà. Il m'a parlé. La mauvaise nouvelle, c'est que cette grande nation, notre grand rêve n'existera plus dans 24 heures. Ceci est la volonté de Dieu.»
Fidel Castro a réuni tous les Cubains sur la place de la Révolution et dit :
« - Compañeros, peuple cubain, j'ai deux mauvaises nouvelles. La première est que Dieu existe, il s'est adressé à moi. Oui, je l'ai vu. La seconde mauvaise nouvelle, c'est que cette merveilleuse révolution pour laquelle nous nous sommes battus sera terminée. C'est la volonté de Dieu.»
Nicolas Sarkozy intervient au 20h de TF1 :
« - Aujourd'hui est un jour très spécial pour nous tous.
Pourquoi?
Je vais vous le dire!
J'ai deux bonnes nouvelles à vous annoncer. La première est que je suis le messager choisi de Dieu, car il m'a parlé en personne. La seconde bonne nouvelle, c'est que dans les 24 heures, oui vous avez bien entendu, dans 24 heures, le problème du chômage sera résolu, la crise financière sera résolue, il n'y aura plus de reconduites aux frontières, plus de copinage, plus de népotisme, plus de violence, plus de hausses d'impôts.
Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis. Les promesses seront tenues! »

jeudi 22 avril 2010

Qu’est-ce que le bon toreo? SUITE de la SUITE

Je suis sans doute déjà une vieille barbe.

La vieillesse, de nos jours, s’accompagne rarement de la sagesse, quand le «jeunisme» sévit, elle est vécue comme une tare.
Un jeunisme de l’apparence, suscité par la décrépitude inéluctable du corps et l'angoisse de la mort, diamétralement opposé à la jeunesse de l'âme.
Combien de mes pairs quinquagénaires s’évertuent férocement à maintenir leur ventre plat et leur esprit étriqué? Si jamais ils ont porté quelque grain de fantaisie, de révolte, d’imagination, d’indignation, ils se sont acharnés à les détruire ou du moins à les amnésier.
Rester jeune à cinquante piges (et plus si affinités), ce n'est point s'obliger au footing quotidien, à se travestir en ado, a affecter le copinage avec les teenagers ou la connaissance approfondie des téléstars, c’est par dessus tout vouloir absolument se souvenir de ce que l’on a été. Et surtout ne jamais ni oublier, ni trahir, ni renier ses rêves, ses espoirs, ses excès passés.
Le seul véritable privilège de la vieillesse, n'est pas de savoir mieux, mais de savoir plus, c’est l’accumulation des expériences, et des références. Le disque dur est presque saturé, mais fonctionne t-il plus vite et plus efficacement?
Il fût un temps où, avec le pire (présentation souvent indigne des toros), s’accouplait le meilleur.
Il fût un temps où une figura telle que J. M. MANZANARES se pointa un jour à Tyrosse, plaza de 3ème, fiévreux, harassé et de mauvais poil, pour y composer, de son propre aveu presque contre son gré, l’une des plus grande faenas de sa carrière.
Possible aujourd’hui?
Il fût un temps où sous les sifflets et les coussins de Bilbao, le grand El Viti, "travailla" (je hais ce mot, mais pour le coup il s'impose) un manso royal, de trincheras et de doblones, de piton a piton, pendant 10 minutes, avant d’en tirer quatre séries extraordinaires de pureté (2 de chaque coté), et de sortir sous les acclamations.

Il fût un temps où les toros sortaient…comme ils sortaient. Rarement comme des loukoums, on n’en appréciait que mieux le délice du toro noblissime, l’art du toreo visait avant tout à «améliorer» le «matériau» disponible.
AMELIORER, quel beau mot désuet! Régler un port de tête, atténuer un hachazo ou un derroteo, allonger une charge, pétrir un toro, comme le potier l’argile ou le boulanger sa pâte voilà ce qui valait!
On attribuait des oreilles pour cela, on triomphait par cela, pour des faenas valeureuses de 20 passes extirpées aux forceps à des toros parfois impossibles. Des toros que nos héros contemporains expédieraient aujourd’hui bassement parce qu’incompatibles avec le «toreo moderne».
On mesurait, l’effort, la progression. On prenait en compte la complexité du toro, et ce qu’en faisait le torero,quel profit il en tirait. Il y avait tout un glossaire pour qualifier les toros (broncos, tardos, terciados, parados, gazapon, de bandera, etc…) et tout un répertoire pour résoudre les difficultés.
Cela conserve t-il un quelconque sens aujourd’hui où se départagent bipolairement les toros «qui servent», ceux qui «permettent» l'exploit programmé et… les autres?
On n’allait pas, comme chez l’épicier, pour un oui ou un non à Séville, à Madrid, à Valence. Un tel voyage était un rêve, un aboutissement, une consécration.
On s’y rendait comme en pèlerinage, et l’on en revenait auréolé du prestige du Hadj qui revient de la Mecque.
Nulle retransmission de corrida d’outre-pyrénées, nul D.V.D, qui viennent pâlement remédier à l'impératif du voyage.
La réalité quotidienne de la corrida, son ordinaire se vivait dans les faenas locales de Bayonne, de M.d.M., de Dax, de Vic ou de Tyrosse, ou de toutes ces plazas où vivaient cette aficion populaire à goût de clocher.
Jusque dans les années 70, chaque feria était égayée par quelques sauts de toros dans le callejon et parfois, d’espontaneos dans le ruedo. On se gaudriolait d’anecdotes, de toros qui se relèvent à l’arrastre, de volteretas spectaculaires, de gestes de pundonor, de broncas d’anthologie, d’échanges entre spectateurs outrés et Paquirri-diva, de Cordobes qui toréait les coussins, d’Ordoñez expédiant systématiquement l’un de ses deux toros, de Curro refusant de tuer, etc… Rien de routinier là dedans, ou si peu, on est loin de nos ronds-de-cuir toreros actuels, de nos fonctionnaires des ruedos, assurés de la paye à l’échéance, du treizième mois et des congés payés, qui s’assurent une longue retraite paisible et rapidement acquise.
Où sont-ils ces toreros à nuque chenue, qui se livraient «de verdad» en dépit des rhumatismes et du tiraillement de leurs nombreuses et valeureuses cicatrices?
Lorsqu’un s’y risque désormais (le maestro Frascuelo par exemple) c’est pour recueillir les quolibets ou le scepticisme.
Il fût un temps où la transmission s’opérait entre aficionados grâce à quelques solides fondamentaux, grâce également à de laconiques maximes qui disent tant ou tout en peu de mots.
Il en est une que je chéris particulièrement pour la profondeur des divers niveaux de compréhension qu’elle suppose, une fois qu’on en a mesuré les termes.

A CADA TORO SU LIDIA (A CHAQUE TORO SON COMBAT)

Signifie t-elle encore quelque chose à l’heure du toro de grande série, du produit normalisé voué à la consommation de masse?
Nous en serions plutôt A CADA LIDIA SU TORO, ou mieux A TODOS TOROS LA MISMA LIDIA
De fait, cette simple petite phrase ne relève même plus de l’ordre du désuet, mais de celui de la provocation ou du manifeste.
A CADA TORO SU LIDIA est devenu l’étendard en lambeaux, outragé par tant de batailles, que prétendent brandir ceux qui veulent croire que la tauromachie peut encore conserver un sens.

CADA TORO suppose tout d’abord la diversité intrinsèque qui doit prévaloir chez nos chers bovidés.
Chaque toro est et doit demeurer différent pour s’affirmer comme un être individualisé et unique.
Non pas l’uniformité préfabriquée qu’on nous propose, mais la collection complète de tous les types et de tous les tempéraments, l’éventail et la combinaison infinis du vivant et du brave. La vie quoi!
Et ce n’est pas un hasard si chaque toro a un nom.

SU apporte ici non seulement l’idée d’une individualité qu’il convient de prendre en compte pour elle-même, mais remet le toro au centre: c’est SON combat. Pas celui du torero qui SE SERT d’un toro, mais celui d’un toro qui se sert du torero pour exister et s’éterniser.
Aussi bien nous faudrait-il opérer une révolution mentale et substituer au «le toro a bien servi», un «torero a bien servi», qui induit que le torero EST AU SERVICE du toro.
Sodomisation de diptères objecteront les fâcheux. Ceux qui ne voient dans ce blog que l’exposé de divagations intellectualistes et donc décadentes.
Que non pas! C’est l’un des fondements même du débat avec les «zantis».
Chaque toro doit exister et se valoriser par sa propre singularité, par sa propre personnalité.
C’est, pour simplifier, la même thématique qu’entre Coco, le coq de ferme qui sonne quotidiennement le réveil matinal, qui picore imperturbablement sur le tas de fumier, et qui terminera glorieusement un dimanche de fête dans une splendide livrée de Gevrey Chambertain et X2345 le produit anonyme d’un élevage en batterie.

LIDIA. Il reste tant à dire qu'il nous faut envisager la SUITE de la SUITE de la SUITE
Xavier KLEIN

mardi 20 avril 2010

MUGRON 2010


Quelques photos de la novillada de Mugron, sans prétentions, comme dab.
Juste ces détails qui me tirent l'oeil... et le coeur, et la tentative de saisir sur les visages et à travers les traits et les corps, l'infinie palette des sentiments et des émotions.
La concentration, la fatigue, la satiété, le soulagement, et sur les gradins le récital ubuesque d'un hautbois mélancolique réclamant la lumière là où d'autres se réjouissent de l'ombre.
Un grand merci à l'organisation de Mugron de m'avoir autorisé le callejon pour saisir ces tranches de vie.

NOTA: Je ne fais pas profession de la photographie, mais je souhaiterais que contrairement à de fâcheux précédents, ceux qui voudraient utiliser celles-ci aient la gentillesse et la courtoisie de me le demander, ce que je ferai avec plaisir et gratuitement.






































lundi 19 avril 2010

Meilleurs souvenirs d'AIGNANS

Une bien sympathique virée au coeur de la Gascogne profonde, au confluent des délices, Armagnac, Madiran, garbure, clochers aux allures moraves et surtout bonne franquette sans prétention.
La novillada sans piquée de Malabat avec un nouveau rejeton de la dynastie Leal, fort plaisant.


Un salle des fêtes fort animée avec quelques accents trianeros


Sous l'oeil enjoué du Maestro Marc ROUMENGOU
Les brunes s'y mettent aussi... pourtant Monsieur Delon était absent

et quand le duende surgit, alors...
En revanche, question duende, c'était pas le jour pour Valverde



Ni pour le beau Serge

Un oubli, sans doute!
Ce que c'est que l'usure naturelle quand même!
Muy asaltillado, isn't?
Le grand moment de la journée, une énorme estocade de Bolivar