Humeurs taurines et éclectiques

samedi 30 août 2014

PARENTIS FOR EVER… SAINT-PERDON TOO!


Avec retard, mais le plaisir ne réside t-il pas dans la tente (comme disait Trigano…), revenons sur la bonne cité de Parentis en Born et les assises taurines qui s’y tinrent les 9 et 10 août 2014 pour la Sen Bertomiu.
Une cuvée dans la grande tradition de la plaza au regard de ce que les amis de l’A.D.A. qui la concoctent et des aficionados-sentbertomiuistes qui la savourent attendent de ce lieu béni des toros.
L’organisation parfaite à tous points de vue a pourtant pêché en nous promettant en vain le concours de quelques «zantis» qui devaient venir gambader et s’ébattre aux alentours: beaucoup d’archanges de Sainte Matraque pour rien!
Ce qui est extraordinaire à Parentis, c’est que même si –rarement- les novillos viennent à manquer de gaz, ce défaut de combustible est largement compensé par l’énergie des organisateurs et surtout des organisatrices puisque la parité est ici, depuis longtemps assumée et même consommée. Et on peut garantir qu’il y a de la caste !!!

 

Si la novillada matinale et dominicale du Marques de ALBASERADA a beaucoup déçu question bétail (faible) et surtout novilleros qui eussent pu et dû se retirer du lieu avec moult trophées étant donné l’amabilité des bestioles, il n’en fut pas de même aux vêpres quasi siciliennes où les panzers surarmés de la casa Hubert et Françoise YONNET (auquel il fut rendu un vibrant hommage) entretinrent en permanence l’émotion issue du danger. Les mômes qui s’y confrontèrent ne déçurent pas, s’accrochant à la mesure de leurs moyens mais toujours avec vaillance à ce bétail que l’on sait difficile à manier. En bref, un vrai lot de Yonnet dans l’esprit et la présentation de la maison mère…

Photo du divin Antoine TORRES
Terminons par le début et une novillada que je tiens –côté novillos- comme la meilleure que j’ai vue durant la dernière décade. L’ultime chant du cygne de la ganaderia prestigieuse des Hros GUARDIOLA FANTONI.
Présentation exemplaire, comme toujours en ces lieux, mais surtout comportement qui incarne ce qui me paraît être l’idéal d’un toro bravo. Caste piquante, bravoure inoxydable (3, 4 voire 5 piques par individu), noblesse intelligente, petit zeste de genio et pincée de sentido, tout cela agrémenté d’une légère dose de sauvagerie. Vous me rétorqueriez que tout cela fait 4 tiers, mais je vous répondrai comme César que tout dépend de l’importance des tiers.
Diego FERNANDEZ déroula un toreo technique, parfois élégant mais manquant de piment.
Passons sur Curro de la CASA qui témoigna des pires défauts de son homonyme de prénom sans en avoir aucune qualité et qui devrait retourner rapidement à ce que son nom désigne. Le garçon laissa sonner 3 avis sans en paraitre outre mesure affecté comme on le constata avec son second novillo traité avec autant de désengagement: de la confiture donnée au goret.
Quant à César VALENCIA, il se montra déterminé, habile lidiador dans un style fleuri et allègre : un véritable novillero à l’ancienne qui ne chicane pas sur les accrocs au traje de luces.
Déplorons l’attitude du palco qui ne sut pas célébrer ce lot magnifique en n’accordant aucune vuelta à au moins 2 novillos qui les méritaient.
Parentis vit, Parentis dure, Parentis reste telle qu’en elle-même.
Parentis for ever !


Célébrons également la novillada concours qui se donnera Dimanche 31 Août de l’an de grâce 2014, à 17h30 dans les arènes du Plumaçon sous le patronnage de SAINT-PERDON.
Les Saint-Perdonnais toujours fidèles s’accrochent avec ténacité à leur renaissance comme le peuple hébreu à la Terre Promise. Quel courage et quelle énergie !
On ne dira jamais assez les efforts conséquents et méritoires que les petites organisations –dont Saint-Perdon- apportent à la qualité de leurs spectacles. Cela transparaît particulièrement lors des premiers tercios où on réalise l’importance heureusement alloué à des piques bien faites.
L’an dernier, la novillada-concours avait été une grande réussite en donnant à voir, découvrir ou redécouvrir des ganaderias souvent délaissées. Certains novillos avaient ainsi prouvé la stupidité de méconnaître ces encastes noyés dans la domecquisation généralisée.
Cette année, bis repetita placent. C’est à un feu d’artifice des ganaderias les plus intéressantes et en forme du moment que nous sommes conviés: Valdellan, Pedraza de Yeltes. Mais également à des confirmations: Palha, Castillejo de Huebra. Enfin à des (re)découvertes: Astarac, Hnos Sanchez Herrero. Un vrai menu 4 étoiles où l'amateur éclairé peut déguster aussi bien des plats traditionnels que les nouvelles créations du chef.
Quant aux novilleros, on aura hâte de vivre la competencia qui ne manquera pas de se jouer entre un novillero puntero tel que Jose GARRIDO et l'exquis régional de l’étape Louis HUSSON (avec Alejandro MARCOS en arbitre) , surtout avec un bétail nettement plus complexe que celui qu’ils toréent habituellement.

Pour conclure, et pour ceux que cela intéresse, naissance d’un site politique de votre serviteur: http://www.orthezcitoyennete.com. Les assidus de La Brega ne s’y retrouveront peut-être pas du point de vue de leurs convictions, mais ce qui compte, c’est l’amitié, le débat et …la tolérance (quoique paraît-il, il y ait des maisons pour cela !).
Xavier KLEIN

lundi 21 juillet 2014

Reprenons !!! Avec la «Condesa»

2 juin 2014. Intronisation de Philippe V. Puerta del Sol (enfin, je crois... à moins que ce ne fût Plaza Mayor)

Ecrire, quoi de moins naturel ? Quoi de plus difficile à part le bilboquet et les puces picardes ?
C’est devenu pour moi une tache herculéenne qui requiert dix fois plus de temps et surtout d’efforts qu’à l’antan. J’en souffre et ne puis me résoudre à ne pouvoir y remédier. Pardon mille fois, amis lecteurs et surtout amis tout court qui me sollicitez et m’encouragez à reprendre la plume.
Pourtant, que de sentiments à exprimer, que d’idées à débattre, que d’événements à rapporter, que d’analyses à entreprendre !
Evoquer mes très chers amis lillois, les dernières visites en tierra campera, les conversations avec les acteurs de la planète des toros ou les constats tirés: que de sujets qu’il m’aurait importé d’aborder mais qu’il me fut impossible de poser par écrit.

A l’issue d’un séjour à Madrid, il y a un mois, j’ai promis à Carmen, la «Condesa» du cher Chulo, de «me secouer grave» et d’entamer ma convalescence littéraire. Cédons à cette injonction thérapeutique.

Calle de Alcala, 17h30, terrasse d’un bar face à Las Ventas.
Dans le beau visage de Carmen, les yeux sont rougis par la poussière et le vent de la Sierra de Guadarrama où nous rendions visite le matin même au plus aimable et au plus sincère des ganaderos que je connaisse: Aurelio HERNADO. Avec patience, pédagogie et gentillesse, il nous présenta ses «crus» dont je suis si friand, ses splendides veraguas aux robes variées où dominent les jaboneros. Il faut admirer ces toros au crépuscule, lorsque le soleil s’échappe derrière les montagnes et que les cercados s’inondent de lueurs florentines. Les toros se mordorent me rappelant à chaque fois les vers du roi des poètes:
«A la mitad del camino
cortó limones redondos
y los fue tirando al agua
hasta que la puso de oro»
(Lorca, «Romancero gitano» «A mi-chemin, il cueillit des citrons rebondis et les jeta dans l'eau jusqu'à la rendre d'or»)
Ce matin là, Carmen s’est enivrée de toros, palabrant avec Aurelio des potins du mundillo, se découvrant des relations communes, se situant par leurs goûts respectifs bien souvent identiques. Tous deux défendent la même éthique que je partage complètement, celle d’un toro intègre qui combat.

Comme les dames de fort caractère, Carmen a ses coquetteries. En l’espèce, elle aime boire la bière dans des verres tubes, ce qui nécessite quelques explications aux serveurs intrigués. J'aime ces petites manies qui crée la différence dans une époque qui pousse à l'homogénéité.
On me l’avait décrite comme une personne extravagante.
Peut-être, sans nul doute !
Moi, je pressens une femme qui a vécu une existence riche et passionnée, emplie de voluptés, de douleurs et surtout d’intensité. Quelqu’un qui s'embarrasse peu d’emprunter les sentiers balisés du commun et se fiche comme d’une guigne des jugements hâtifs et superficiels.
Ses traits allient énergie et douceur, ses propos, convictions et empathie. Fière, libre, passionnée, elle va sa vie avec cette philosophie de la «gitanitude» dont elle revendique la filiation culturelle et familiale.
Cette liberté et cette impétuosité me plaisent, qui bousculent la morne platitude de notre société du consensus mou.

Carmen connait son monde. A notre table s’assoient des taurinos, comme le père de Sergio AGUILAR, ex-torero avec qui nous conversons une demie-heure. J’apprends beaucoup !

Las Ventas, 18h51
Nous grimpons dans les tendidos où Carmen a ses habitudes. Au programme novillos de María Cascón  (branche Atanasio-Lisardo de la maison J. L. Fraile) pour Raúl Cámara, Jorge Escudero et Juan Miguel Benito.
Le public est réduit à 1353 chinois, 17 coréens, 32 japonais, 8 scandinaves, 28 amerloques, 4 français, etc. et … une poignée d’aficionados blanchis sous le harnais qui ne se résolvent pas à déserter l’antique ruedo. Las Ventas est désespérément désertée et le spectacle d’une assistance aussi parcimonieusement disséminée dans les gradins porte un goût d’absurde. En dessus et au dessous de nous, dix rangées de tendidos vides; idem sur notre droite.
Pourquoi ne pas inciter les spectateurs à se regrouper autour du ruedo ce qui serait plus convivial, propre à motiver les toreros et plus économique pour l’organisation qui doit financer les placiers et la logistique de toute une arène lorsque qu’un dixième seulement est occupé? On sent les tauliers plus contraints de se débarrasser d’une contrainte financière contractuelle que d’assurer la pérennité d’une fiesta brava vivante et authentique. Ici comme ailleurs Mammon préside.
A notre gauche, cela foisonne un peu plus : des madrilènes ou des voisins venus au rendez-vous dominical des novilladas estivales. Là, s’est regroupé un quarteron de connaisseurs qui donnent de la voix et conspuent régulièrement présidence et surtout organisation.
Il y a de quoi, les critiques acerbes et «colorées» sont pertinentes. Devant des bestiaux ternes et affaiblis, sans race et sans jus, trois novilleros standardisés «remuent» et débagoulent leur morne leçon d’élèves consciencieux. Toreos sans caractère, décroisé, au pico, séries et faenas interminables qui se généralisent et assassinent peu à peu la fiesta bien plus efficacement que les zantis. On s’emmerde ferme !!!
Le spectacle est tellement passionnant qu’avant la sortie du cinquième les touristes quittent massivement l’amphithéâtre. Quelle image ces gens là garderont-ils de l’unique festejo de leur vie? Des novillos qui se cassent la gueule? Une chorégraphie bien réglée et sans risque? Où est l’émotion?
Une oreille tombe à l’ultime, non pour le meilleur mais pour le moins pire, histoire que les visiteurs d’un jour puisse l’annoter dans les photos de voyage: seront content les cantonnais…
Carmen demeure philosophe, s’enflammant parfois: les trois tours de ruedo que les cuadrillas encouragent à l’entrée de chaque animal, les embestidas délibérément provoquées sur les burladeros, la brega lamentable, les piques sabotées, les génuflexions multiples, les boiteux qu’on ne change pas.
Pourtant, taurinement parlant, Carmen n’a rien d’une ultra. Par le passé, elle eût maille à partir avec les affreux du tendido 7, qui l’ont fort malmené avec des imprécations dont les vrais gentlemen s’abstiennent à l'égard d'une dame. Carmen a la rancune tenace, elle ne fraie pas avec ces gens là.
Pour résumer, un magnifique  spectacle anti-taurin!
J’ai mal à Las Ventas, la supposée Mecque taurine.

A l’issue, tristement, nous nous quittons à la bouche du métro. Il y a quelque chose de dérisoire et d’inquiétant à nous voir s’engloutir ainsi dans les entrailles du ver urbain, sans l’ambiance festive de nos agapes taurines françaises, comme si cette corrida urbanisée, industrialisée, détachée de la culture sacrée et sacrificielle qui devrait la porter crevait de cette fade banalité.
Hasta luego Carmen. Nous nous reverrons en octobre.
Xavier KLEIN


samedi 29 mars 2014

LIENS

Suite à une erreur de ma part, l'ensemble des liens vers des blogs ou sites existants a disparu de LA BREGA.
Je les ai reconstitués autant que je m'en souvienne.
Veuillez me communiquer les oublis, ou si vous désirez y figurer.
Cordialement.
Xavier KLEIN