Sur la politisation de la corrida, il me semble effectivement que coté ganaderos, la chose coule de source, sans parler de celui emblématique, qui le lendemain de l'insurrection franquiste fusilla au hasard 6 hommes (ses serfs), pour «dar animo» aux autres.
C'est vrai aussi, qu'une très grande famille ganadera, les Tabernero pour ne pas les nommer, aménagea un aérodrome de fortune sur ses terres pour accueillir les généraux qui feraient de Franco le «Généralissime», chef unique des armées, un peu moins d'une semaine qu'après, cornaqué par le beau frère, et fort du désir d'Hitler de ne traiter qu'avec lui et dès début août 1936, on l'intronisa Caudillo, et chef de l'Etat, le 1er octobre 1936.
Il est également vrai, que les latifundistas (grands propriétaires terriens méditerranéens) en général ganaderos, pour n'avoir pas trop de terres à mettre en cultures, éviter de sordides problème salariaux qui gâchaient leurs séjours à Madrid, San Sébastien, Biarritz ou Londres, ou pour se soustraire à la réforme agraire, conservèrent et développèrent leurs élevages.
Mais à cette époque, c'était pure gloriole, où la rentabilité et les préoccupations financières n'avaient rien à voir, au profit d'une tradition.
Ils fournirent une très précieuse aide logistique et financière à la rébellion qui partait mal, au moins dans la semaine ou les quinze jours qui suivirent le 18 juillet, avant qu'Hitler et Mussolini ne s'engagent résolument à leur côté.
Pour ceux qui m'objecteraient que les soviétiques aussi se sont investis, via les communistes, je leur préciserais que Staline a beaucoup hésité, avant que son aide ne soit opérationnelle en novembre 1936, mais la guerre était déjà probablement perdue pour le camp républicain.
Cette caste ne voyait finalement dans la préservation du toro qu'un moyen de sauvegarder un certain mode de vie et un certain prestige, mais nourrissait aussi, une aficion indéniable en produisant des toros qui lui ressemblaient, reconnaissables comme des emblèmes, capables de vous étriper de la basse piétaille.
On assiste, suite à des démembrements liés aux héritages, à l'intrusion de «nouveaux riches», soucieux de recycler de l'argent, avides de la gloriole des autres, mais surtout, appliquant de stricts concepts de rentabilité à la chose. On a pu encore l’entendre récemment sur les ondes: «-C’est normal, un chef d’entreprise», disait récemment avec gourmandise un commentateur télé, minaudant et plutôt admiratif, veau sous la mère du système, «n’a pas à se soucier de morale mais de servir des dividendes à ses actionnaires». CQFD!
Va donc pour les éleveurs historiques, qui au moins s’appuyaient sur une tradition historique, et disons, un certain panache. De nos jours, les bienheureux de l’immobilier espagnol ou des produits annexes, et bien d’autres moins reluisants, viennent ici, aristocratiquement, recycler, je n’ai pas dit -relevez ma modération- «blanchir» un argent durement épargné.
Donc, un élevage de toros, en général trop réduit en superficie -successions et ventes obligent- est devenu un objet de «rentabilité». Ce qui échappait totalement à nos ganaderos réactionnaires d’antan. Maintenant on amortit l’investissement, on «passe» tout en Domecq pour que les figuras veuillent bien risquer leur petit cul délicat, et imposer un bétail qui leur sied.
Tout nouveau ganadero, avocat, marchand d’embutidos, promoteur, banquier ou fabricant de portes coulissantes, se doit d’avoir ses deux cents hectares de «tierra brava». Il achète alors des vaches et des étalons à la «Casa», que des figuras viendront tienter et tout ceci finit dans l’eau de boudin consanguine que nous subissons.
Un toro indéfinissable, gonflé, boursouflé, qui s’affale, qui ne ressemble à rien, qui court tout droit, tête à mi hauteur, et que surtout il ne faut pas faire humilier, c'est-à-dire toréer par le bas, ce qui le ferait tomber, qu’il ne faut surtout pas piquer non plus car il mourrait sous le peto tant sa bravoure est immense, et que surtout, goût du public oblige nous dit-on, il faut faire «durer».
Les toreros ne furent que très peu politisés, si on excepte «El Algabeno», ami intime de Queipo de Llano qui alla très vite se faire occire sur le front de Séville. Doit-on rappeler qu’il avait les faveurs de Juan Leal, et que pour des raisons purement politiques et idéologiques, il s’opposait à Don Severo, résolument «radsoc». Ce Don Severo qui avait écrit, au sujet du très franquiste Dominguin, quelque chose comme «le public le traita de rempailleur de chaises, sans ce douter du tort qu’il faisait à cette honorable profession». Ca faisait pisser de rire mon mécano d’oncle Fernand. A cette époque, le bas peuple se foutait des figuras et pouvait leur envoyer quelques projectiles légumineux au visage et quelques volées de qualificatifs d’une répugnante mais saine vulgarité.
«Rempailleur de chaises» ça a une autre gueule que nos reseñas actuelles de veaux sous la vache de l’empire, non!
Restait que la corrida était un spectacle transgressif, un lieu où le «peuple» pouvait d’une certaine façon s’exprimer, j’ai déjà parlé à ce sujet de «vomitorium psychique».
Les figuras faisaient le salut qui convenait selon la couleur des plazas (nota: salut fasciste).
Le problème le plus troublant, et je ne suis pas sociologue, à la différence de Dédé de Vieux Boucau, qui a aussi compris ça, est de voir ces arènes vides en Espagne, sauf en périodes festives, où il est de bon ton de se montrer. Comme si, de fait, ce «Patrimoine Universel de l’Humanité» n’avait plu rien à dire, sauf à ceux qui en vivent.
Inquiétant, bien sûr, beaucoup plus que les zantis, qui répètent à foison les mêmes conneries.
Les arènes vides, c’est comme si ce spectacle ne parlait plus à ce con de peuple, qui n’a même plus les moyens de se l’offrir, ce chien de pauvre! Selon une formule de «l’inénarrable», «laissons donc à ceux qui ont le pouvoir et l’argent le soin de décider».
Les catalans ont toujours préféré la «sardane» au «paso doble». On semble découvrir ce truisme.
Heureusement, Dédé, l’homme qui «murmure à l’oreille des sénateurs espagnols» qui n’ont sans doute rien d’autre à foutre, celui qui conjure la «conspiration catalane», qui bénit la malheureuse Esperanza Aguirre (qui, elle non plus, n’en est pas à une connerie près), nous vend le pestilentiel «Mundotoro» et le douteux P.P. qui tente de renaître via sa branche la plus malodorante.
Ceci dit, nous avons aussi Le Pen et le F.N. en France !
L’immense différence, et tu l’as souligné Xavier, est qu’en France la corrida reste une caractéristique régionale, qui fut populaire et plutôt transgressive, par rapport au pouvoir jacobin.
Jusqu’à quand?
Ce sont ces caractéristiques que nos massacreurs s’appliquent à gommer, dans leur délire ultra libéral et leur recherche d’un autre public friqué et gogo qu’ils peuvent traire avec de succulents «mano a mano» qui prétendent ressusciter artificiellement de mythiques rivalités.
Des «mano a mano», ego des acteurs oblige, qui ôtent toute possibilité à un troisième torero de briller dans un contexte à fortiori favorable.
Une évolution tout simplement mortifère.
C'est vrai aussi, qu'une très grande famille ganadera, les Tabernero pour ne pas les nommer, aménagea un aérodrome de fortune sur ses terres pour accueillir les généraux qui feraient de Franco le «Généralissime», chef unique des armées, un peu moins d'une semaine qu'après, cornaqué par le beau frère, et fort du désir d'Hitler de ne traiter qu'avec lui et dès début août 1936, on l'intronisa Caudillo, et chef de l'Etat, le 1er octobre 1936.
Il est également vrai, que les latifundistas (grands propriétaires terriens méditerranéens) en général ganaderos, pour n'avoir pas trop de terres à mettre en cultures, éviter de sordides problème salariaux qui gâchaient leurs séjours à Madrid, San Sébastien, Biarritz ou Londres, ou pour se soustraire à la réforme agraire, conservèrent et développèrent leurs élevages.
Mais à cette époque, c'était pure gloriole, où la rentabilité et les préoccupations financières n'avaient rien à voir, au profit d'une tradition.
Ils fournirent une très précieuse aide logistique et financière à la rébellion qui partait mal, au moins dans la semaine ou les quinze jours qui suivirent le 18 juillet, avant qu'Hitler et Mussolini ne s'engagent résolument à leur côté.
Pour ceux qui m'objecteraient que les soviétiques aussi se sont investis, via les communistes, je leur préciserais que Staline a beaucoup hésité, avant que son aide ne soit opérationnelle en novembre 1936, mais la guerre était déjà probablement perdue pour le camp républicain.
Cette caste ne voyait finalement dans la préservation du toro qu'un moyen de sauvegarder un certain mode de vie et un certain prestige, mais nourrissait aussi, une aficion indéniable en produisant des toros qui lui ressemblaient, reconnaissables comme des emblèmes, capables de vous étriper de la basse piétaille.
On assiste, suite à des démembrements liés aux héritages, à l'intrusion de «nouveaux riches», soucieux de recycler de l'argent, avides de la gloriole des autres, mais surtout, appliquant de stricts concepts de rentabilité à la chose. On a pu encore l’entendre récemment sur les ondes: «-C’est normal, un chef d’entreprise», disait récemment avec gourmandise un commentateur télé, minaudant et plutôt admiratif, veau sous la mère du système, «n’a pas à se soucier de morale mais de servir des dividendes à ses actionnaires». CQFD!
Va donc pour les éleveurs historiques, qui au moins s’appuyaient sur une tradition historique, et disons, un certain panache. De nos jours, les bienheureux de l’immobilier espagnol ou des produits annexes, et bien d’autres moins reluisants, viennent ici, aristocratiquement, recycler, je n’ai pas dit -relevez ma modération- «blanchir» un argent durement épargné.
Donc, un élevage de toros, en général trop réduit en superficie -successions et ventes obligent- est devenu un objet de «rentabilité». Ce qui échappait totalement à nos ganaderos réactionnaires d’antan. Maintenant on amortit l’investissement, on «passe» tout en Domecq pour que les figuras veuillent bien risquer leur petit cul délicat, et imposer un bétail qui leur sied.
Tout nouveau ganadero, avocat, marchand d’embutidos, promoteur, banquier ou fabricant de portes coulissantes, se doit d’avoir ses deux cents hectares de «tierra brava». Il achète alors des vaches et des étalons à la «Casa», que des figuras viendront tienter et tout ceci finit dans l’eau de boudin consanguine que nous subissons.
Un toro indéfinissable, gonflé, boursouflé, qui s’affale, qui ne ressemble à rien, qui court tout droit, tête à mi hauteur, et que surtout il ne faut pas faire humilier, c'est-à-dire toréer par le bas, ce qui le ferait tomber, qu’il ne faut surtout pas piquer non plus car il mourrait sous le peto tant sa bravoure est immense, et que surtout, goût du public oblige nous dit-on, il faut faire «durer».
Les toreros ne furent que très peu politisés, si on excepte «El Algabeno», ami intime de Queipo de Llano qui alla très vite se faire occire sur le front de Séville. Doit-on rappeler qu’il avait les faveurs de Juan Leal, et que pour des raisons purement politiques et idéologiques, il s’opposait à Don Severo, résolument «radsoc». Ce Don Severo qui avait écrit, au sujet du très franquiste Dominguin, quelque chose comme «le public le traita de rempailleur de chaises, sans ce douter du tort qu’il faisait à cette honorable profession». Ca faisait pisser de rire mon mécano d’oncle Fernand. A cette époque, le bas peuple se foutait des figuras et pouvait leur envoyer quelques projectiles légumineux au visage et quelques volées de qualificatifs d’une répugnante mais saine vulgarité.
«Rempailleur de chaises» ça a une autre gueule que nos reseñas actuelles de veaux sous la vache de l’empire, non!
Restait que la corrida était un spectacle transgressif, un lieu où le «peuple» pouvait d’une certaine façon s’exprimer, j’ai déjà parlé à ce sujet de «vomitorium psychique».
Les figuras faisaient le salut qui convenait selon la couleur des plazas (nota: salut fasciste).
Le problème le plus troublant, et je ne suis pas sociologue, à la différence de Dédé de Vieux Boucau, qui a aussi compris ça, est de voir ces arènes vides en Espagne, sauf en périodes festives, où il est de bon ton de se montrer. Comme si, de fait, ce «Patrimoine Universel de l’Humanité» n’avait plu rien à dire, sauf à ceux qui en vivent.
Inquiétant, bien sûr, beaucoup plus que les zantis, qui répètent à foison les mêmes conneries.
Les arènes vides, c’est comme si ce spectacle ne parlait plus à ce con de peuple, qui n’a même plus les moyens de se l’offrir, ce chien de pauvre! Selon une formule de «l’inénarrable», «laissons donc à ceux qui ont le pouvoir et l’argent le soin de décider».
Les catalans ont toujours préféré la «sardane» au «paso doble». On semble découvrir ce truisme.
Heureusement, Dédé, l’homme qui «murmure à l’oreille des sénateurs espagnols» qui n’ont sans doute rien d’autre à foutre, celui qui conjure la «conspiration catalane», qui bénit la malheureuse Esperanza Aguirre (qui, elle non plus, n’en est pas à une connerie près), nous vend le pestilentiel «Mundotoro» et le douteux P.P. qui tente de renaître via sa branche la plus malodorante.
Ceci dit, nous avons aussi Le Pen et le F.N. en France !
L’immense différence, et tu l’as souligné Xavier, est qu’en France la corrida reste une caractéristique régionale, qui fut populaire et plutôt transgressive, par rapport au pouvoir jacobin.
Jusqu’à quand?
Ce sont ces caractéristiques que nos massacreurs s’appliquent à gommer, dans leur délire ultra libéral et leur recherche d’un autre public friqué et gogo qu’ils peuvent traire avec de succulents «mano a mano» qui prétendent ressusciter artificiellement de mythiques rivalités.
Des «mano a mano», ego des acteurs oblige, qui ôtent toute possibilité à un troisième torero de briller dans un contexte à fortiori favorable.
Une évolution tout simplement mortifère.
El Chulo
2 commentaires:
Chulo ami,
Ma louange sera française parce que je ne sais pas l'espagnol: voilà, c'est tout simplement superbe!... A lire, relire et faire lire! (quand c'est clair, tout le monde comprend)
Et puis, panache, honneur, ça sentirait presque son Bernanos (celui des "Grands cimetières sous la lune"...)!
Et moi, du Sud-Est, ça me fait penser aussi à ces mots de notre chanson gardiane "Mi fraïre gardian, sian qu'uno pougnado..." (facile à traduire): et cette "pougnado", tant qu'elle aura quelques euro en poche, elle pourra les donner à quelques uns des derniers "honorables" éleveurs de toros "de combat"
Je t'embrasse - Bernard "largo campo"
PS 1 : Merci à Xavier de t'avoir laissé (fait) parler chez lui
PS 2 : je suis rentré d'Arles avec des prémices de senteurs fortes et capiteuses venant d'une "Flor de Jara" de 4 ans, et authentique Sainte Colombe - façon de dire(?) "Tout est perdu... fors l'honneur"!
à lire absolument.
de l'excellente nadege vidal que je ne suis pas toujours dans ses extases castellanas.
http://nadegevidal.blogspot.com/
toujours sur le thème si imprudemmentr soulevé par l'inénarrable incorrigible.
merci nadege
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