A mon entrée à l’université en 1975, muni de la majorité à 18 ans fraîchement votée par l’inaltérable et torride V.G.E. (loi 74-631 du 5 juillet 1974), je décidai de m’engager en politique.
A l’époque –l’histoire se plait à balbutier- on connaissait déjà une certaine déconvenue à l’égard du politique (on voudra bien se rappeler l’épisode Coluche aux présidentielles de 81!).
La seule source d’air un peu moins frelaté se nichait alors dans les idées nouvelles qui composaient le bouquet final des derniers brandons rougeoyants de la «Révolution de 68».
Parmi celles-ci, je fus séduit par les Amis de la Terre, alors animé par René Dumont puis par le Mouvement Ecologique naissant où grenouillaient Antoine Waechter et Brice Lalonde qui n’avaient pas encore viré leur cuti en se compromettant avec les plus offrants.
Fédéralistes, européens, humanistes, «non alignés» politiquement, les néanderthaliens de l’écologie française introduisaient des thèmes novateurs, le «vivre ensemble», le 1/3 monde, un regard différent sur la société, l’économie, etc. En fait, ils illustraient avec beaucoup d’ingénuité et de fraîcheur la chanson de Maxime Le Forestier: «Ça sert à quoi tout ça».
J’y fus sensible.
A l’époque –l’histoire se plait à balbutier- on connaissait déjà une certaine déconvenue à l’égard du politique (on voudra bien se rappeler l’épisode Coluche aux présidentielles de 81!).
La seule source d’air un peu moins frelaté se nichait alors dans les idées nouvelles qui composaient le bouquet final des derniers brandons rougeoyants de la «Révolution de 68».
Parmi celles-ci, je fus séduit par les Amis de la Terre, alors animé par René Dumont puis par le Mouvement Ecologique naissant où grenouillaient Antoine Waechter et Brice Lalonde qui n’avaient pas encore viré leur cuti en se compromettant avec les plus offrants.
Fédéralistes, européens, humanistes, «non alignés» politiquement, les néanderthaliens de l’écologie française introduisaient des thèmes novateurs, le «vivre ensemble», le 1/3 monde, un regard différent sur la société, l’économie, etc. En fait, ils illustraient avec beaucoup d’ingénuité et de fraîcheur la chanson de Maxime Le Forestier: «Ça sert à quoi tout ça».
J’y fus sensible.
Malheureusement, l’homme qui m’avait attiré par sa modestie, ses idées généreuses, son sérieux et son humanisme, Papy Dumont, l’homme au pull-over rouge, une vraie pointure, a progressivement disparu. Son influence a fondu devant les ambitions des jeunes loups (ou louves) qui foisonnent dans les partis politiques, dés que le «créneau paraît porteur».
1972 : René Dumont réclame des pistes cyclables... L'eau manquera en 2000!
On sait ce qu’il en est advenu. Brice de Nice (cousin germain de John Kerry, l’ex-candidat à l’élection US de 2004) a été récupéré par Tonton, Tonio Weightwatcher s’est droitisé, les repreneurs Verts ont joué (et continuent…) les supplétifs indigènes du PS. Le mouvement écolo est et demeurera inopérant tant qu’une réunion de 3 militants produira au moins 5 opinions différentes et tant qu'on n'y gèrera pas sereinement l'implacable réalité des ambitieux dont les ratiches rayent la pelouse.
Le plus triste de l’affaire, c’est que l’écologie est à l’origine l’étude des écosystèmes, des relations du vivant avec son environnement, entre individus et milieux biotiques et abiotiques. Une origine qui me tient à cœur puisque j’ai participé, comme étudiant, à la naissance universitaire de l’écologie, comme science humaine.Ce champ scientifique était initialement, complètement dépourvu de toute consonance morale et encore moins moralisatrice.
J'ai rapidement (dés 1985) plaqué le merdier.
Etre «écolo» en 2012, ce n’est plus du tout cela.
Etre «écolo» en 2012, ce n’est plus du tout cela.
C’est plutôt pour la majorité des sectateurs, adhérer à un méli-mélo de tendances vaguement gauchistes, hygiénistes, new-âge, etc... Un brouet idéologique bizarre, plutôt sympathique, mais qui peut conduire, comme les autres «istes», à tous les abus, tous les fanatismes, tous les totalitarismes.
D’une démarche visant à explorer, harmoniser, traduire dans la vie de la cité un rapport individuel et collectif équilibré à son milieu de vie, on est passé à une espèce de mystique environnementale, à un nouveau mode d’idéologie morale, accompagnée comme il se doit de ses dogmes, de son clergé, de son canon, de son eschatologie et bien sûr de sa charge culpabilisante, de son enfer et de sa damnation.
Foutez-vous à poil sur une plage familiale, investiguez coquinement votre voisine de natte et vous ne choquerez personne, balancez y un papier gras ou tapez-vous un havane et vous verrez le ramdam (sisi, j’ai vérifié)!
Il y a moins de risques de sanctions pécuniaires à truander ses impôts locaux qu’à se gourer en foutant les ordures de la boite jaune dans la boîte verte, ou en calcinant ses feuilles mortes dans un coin du jardin. Pour ces crimes désormais inexpiables, c’est dorénavant le pilori (j’ai entendu certains élus écolos demander la publication des noms) et l’amende.
Les parents d’élèves sont infiniment plus préoccupés des menus «biologiquement corrects» de leurs têtes blondes que de leurs résultats et de leur comportement.
Et tout à lavement…
Le passage à cette «intoxication écologique de masse» s’opère, comme pour l’«intoxication religieuse sectaire», par le truchement des sentiments «à bon marché», surtout lorsque ces derniers sont soutenus par une dialectique simpliste de truismes et de lieux communs.
En la matière, la sémantique joue un rôle capital.
Figurez-vous que notre bonne ville d’Orthez s’est récemment dotée d’une célébrité médiatique en la personne d’une certaine Pilar LOPEZ, ex candidate de l’émission de TF1 «Masterchef».
Cette brave dame dont le parcours est édifiant (lire le délirant CV sur son site: http://www.cuisiner-autrement.com/extra_info_pages.php/pages_id/2), cuirassée de la panoplie complète de la militante de choc «New Age» se pique de reconstruire l’harmonie universelle par la voie intestinale. Ad augustas per angustas!. Le tout pimenté (d’Espelette) d’un altruisme extraordinaire toutefois gaillardement monnayé, si l’on en croit les tarifs!
Dans un récent article de Sud-Ouest (http://www.sudouest.fr/2012/03/15/une-maitresse-chef-pour-une-autre-cuisine-659019-4037.php), Maîtresse Pilar opère une conversion sémantique de toute beauté.
Expliquant «qu'au pays du veau sous la mère, le mot «végétarien» faisait un peu peur, la Béarnaise préfère parler de «cuisine saine» où les légumes gardent la vedette.», Pilar fait une démonstration très convaincante de l’art de l'évitement et d’avancer masqué! Ainsi la cuisine végétarienne étant posée comme une «cuisine saine», le péquin intègre insidieusement que la cuisine carnée serait donc «malsaine», sans que jamais la chose ne soit clairement affichée.
On en apprend plus à la lecture du site (http://www.cuisiner-autrement.com/respecter-la-nature/articles.php/tPath/10051), par exemple que «le foie gras est un concentré de souffrance». Des propos qui passeraient sans doute très mal s’ils étaient publiés dans le journal «Sud-Ouest» pour peu que la journaliste investigue sur les coulisses de Pilar.
Les affirmations sont péremptoires, les références extrêmement douteuses, comme celles au Docteur Seignalet, mis en cause par le Conseil National de l’Ordre des Médecins pour son régime alimentaire «ancestral».
Allez baguenauder du coté de la rubrique «Propriétés de l’eau», flâner parmi les assertions, les chiffres, les pourcentages sans sources (http://www.cuisiner-autrement.com/regime-eau-ou-regime-coca-/article_info.php/articles_id/217) On y apprend «qu’un verre d’eau enlève la sensation de faim pendant une nuit pour presque 100% des personnes au régime». On savait bien que «qui dort dine», mais qu'avec la baille, hein! On n'arrête pas le progrès: en voilà une bonne nouvelle pour la faim dans le monde!
Buvez, dormez, les gueux du monde et foutez nous la paix avec vos fringales si aisément curables! Une variation taquine sur l'inoubliable «Ils n'ont pas de pain qu'ils mangent de la brioche» de Marie-Antoinette Capet.
En résumé l’attirail dialectique complet des dérives sectaires.
Utilisation du tofu, du gomashio, ces extravagances «écolo-new age» très «chébran» vont à l’encontre de la véritable écologie scientifique dont l’un des intérêts est justement d’étudier comment les cultures locales ont élaboré une adaptation au milieu et un rapport particulier au vivant. Une écologie qui prône le maintien de la DIVERSITE tant biologique que culturelle. Quand je vais au Japon, j’aime consommer du tofu, un pur produit de la culture orientale (consommé à la japonaise, celui du restaurant OKUTAN à Kyoto, servi dans les pavillons d'un jardin traditionnel est un vrai moment de grâce). Mais le lait de soja fermenté, base du tofu, n’appartient pas à notre culture, sans compter que le coût de ce type de fantaisie, comme des produits bios en général n’en autorise l’usage qu’à des privilégiés.
Okutan à Kyoto |
Tout cela ne serait qu’anecdotique et plutôt sympathique si derrière le discours public apparemment gentillet et consensuel, ne se dissimulait un activisme végétarien et animaliste pur et dur. Un activisme qui ne dit pas son nom: c’est une chose d’encourager à manger sain, à consommer moins ou mieux de viande, cela en est une autre de militer en sous-main pour la cause végétarienne et activités animalistes associées.
C’est ainsi, sous des dehors trompeurs, que l’intoxication des esprits s’accomplit. Benoîtement, la pimpante Pilar voulait voici quelques mois organiser une «journée sans viande» à Orthez. Tout aussi benoîtement, je faisais savoir que ce même jour, nous organiserions avec l’ensemble des professionnels de la filière, une journée de promotion pour les produits de notre terroir, avec dégustation festive sur la place publique d’entrecôtes de Blonde d’Aquitaine, de côtelettes d’agneau des Pyrénées, de magrets de canards, etc.
Bizarrement l’idée de la journée sans viande a disparu de l’agenda! Comme quoi la «résistance» à du bon.
Il importe absolument de lutter sur tous les terrains pour que le vert n’entre pas dans le fruit…
Xavier KLEIN
5 commentaires:
je viens de m'engueuler avec madame qui a jeté un extraordinaire fond de boeuf qui stagnait dans ma cocotte après que j'ai fait un merveilleux pot au feu de joues et de queues de boeuf... je le conservais comme la prunelle de mes yeux mais trop tard... je ne l'ai revu qu'au fond de l'évier... elle a prétexté que c'était gras, ce à quoi j'ai répondu que les pâtes goûteuses auxquelles on aurait pu le mélanger se chargeront de beurre bien gras et insipide (en comparaison de cet élixir que j'avais obtenu après un investissement mirliton que je ne peux reproduire facilement)
Je l'ai nommée aussi sec chef des légumes et lui ai prié de considérer que je m'auto-proclamais chef des viandes et résidus subséquents. Non mais...
Le ver est dans le fruit comme Madame Delon dans la cuisine.
Que voulez-vous, c'est le fond (de boeuf) qui leur manque le plus...
Madame Delon, occupez-vous de vos oignons !
JLB compatissant
M. Klein, OKUTAN à Tokyo, c'est beau mais pour le tofu ils repasseront. Allez ABSOLUMENT le manger chez TOFUYA à Ise.
Quoique, certains marchands ambulants en proposent parfois de sublimes, n'importe où. A tenter.
JLB
Info dernière minute :
Les hommes du RAID auraient investi un clapas nîmois. La police scientifique serait entrain d'effectuer des prélèvements dans les égouts du quartier afin d'y retrouver des traces de fond de boeuf. Le Président de la République et les autres candidats à la présidence seraient sur le point d'atterrir à Nîmes-Garons. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés de ces évènements.
C. Guéant
Moi, j'ai rarement souffert en mangeant du foie gras
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