Mon Dieu qu'il était laid!
Laid et tordu de partout, autant au physique qu'au moral!
Ensellé, hirsute: un quasimodo des toros, puissant et difforme.
On comprend aisément que le ganadero ait voulu qu'on l'expédie en privé.
Raul VELASCO est un garçon dont l'afición est chevillée au corps, nous en avons déjà souvent parlé.
Pour lui, le rêve n'est pas tant de devenir une «figura» que de bouffer du toro, d'en bouffer jusqu'au rabo et aux pezuñas, à s'en faire péter la muleta, à s'en horripiler la coleta, à s'en dépendre les machos de la chaquetilla.
Enragé, certes, mais de cette passion qui n'exclut jamais l'usage de la raison et de l'intelligence, servie par un courage à toute épreuve.
Voir Raul observer un toro, c'est comme voir Garry Kasparov préparer un gambit décisif, c'est le spectacle de l'intelligence dans le toreo.
Raul ne ment pas, Raul ne triche pas, il résout l'équation taurine avec les toros dont les autres ne veulent pas, et il aime cela.
Avec cet affreux, il était servi!
D'entrée l'autre le regardait en coin, d'un oeil torve, à l'affût de la moindre faute, d'une brusque révélation du corps au détour malencontreux d'une passe, de ces fautes qu'on se permet sans conséquences avec les toros «modernes», mais que ce spadassin là ne laisserait pas passer. Il ne quittait pas l'homme du regard, n'apportant qu'un intérêt très mitigé à l'étoffe.
Il fallut monter à l'assaut baïonnette au canon pour un corps à corps sauvage dans un nuage de poussière.
Le teigneux fit choir la cavalerie dans une charge rageuse.
L'empoignade reprit de plus belle, dans une lutte pied à pied de passes de châtiment par le bas, de muletazos pitón a pitón. Raul se croise, leurre le monstre autant qu'il peut, courant la main pour allonger sa course dans une extension démesurée. Peu à peu il le civilise, l'incurve, lui apprend la muleta.
Jamais le toro ne s'abandonne vraiment. Jusqu'au bout il ne cessera de manifester du genio, ne consentant l'étoffe qu'à regret, la prunelle toujours inquisitrice et soupçonneuse, la corne chercheuse de l'opportunité.
Mais il passe. Malgré tout il passe et s'assouplit, s'incurve peu à peu autour de l'homme, obligé par sa volonté et son art.
La plupart n'aurait pas essayé, encore moins insisté.
Mais Raul n'est pas tout le monde. Il porte l'esprit de la lidia à son paroxysme: résister, dominer et vaincre. Jusqu'au coup d'épée complètement engagé: une épée contraire, quoi de plus probant?
Se battre avec autant d'engagement et d'intensité, sans public, juste quelques amis et aficionados, dans ce monde grisâtre de parpaings si peu romantique, risquer un méchant coup de corne, sans recours et sans secours, c'est cela l'afición...
Xavier KLEIN
2 commentaires:
putainggggggggggg! qu'il est laid ce toro!
Raúl tien un sitio web :
www.raul-velasco.com
Y tambien una cuenta Facebook
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