Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 11 mars 2011

FUNES (Navarra), dimanche 6 mars, 10h37

Dans le feu de la passion, je vous ai fait partager en priorité ce moment unique vécu avec le Maître FRASCUELO.
Pour autant, la tienta de Funes a réservé quelques autres plaisirs non négligeables.

L'accueil tout d'abord, et la rencontre avec la famille DOMINGUEZ, une dynastie de ganaderos qui fournissait les festejos mineurs en tous genres et les rues des pueblos de Navarre.
Enrique qui préside aux destinées de la ganaderia a une bonne bouille de Sancho Panza, mais dans sa tête et dans ses rêves, c'est un vrai Don Quijote.
Il nous avait organisé le tour détaillé du propriétaire d'une finca certes modeste mais remarquablement bien tenue et équipée, typiquement navarraise avec ses clôtures de bric et de broc, où palettes et traverses de chemin de fer trouvent une seconde jeunesse plutôt poétique.
Après avoir passé  les serres et les champs d'asperges (d'appellation d'origine contrôlée navarraise) on découvre la finca, en bordure de la rivière,  qui se décline sur des terrains alluvionnaires animés ça et là par des bosquets de peupliers.
La diversité du bétail traduit les diverses sources de l'apport Escudero, et constitue un rébus morphotypique que le compañero Thomas THURIES, maître incontestable (et incontesté) de http://www.terredetoros.com/ a trouvé une volupté toute particulière à décoder. Un plaisir et un privilège de l'entendre reconnaitre tel ou tel trait Coquilla, tel profit asaltillado au grand contentement d'Enrique tout aussi passionné.
Des gens de toros sérieux qui connaissent les arcanes secrets des toros et les traitent avec pragmatisme.

Il persiste toujours  dans ces élevages l'ambition secrète d'accéder à l'«autre» tauromachie, celle qu'ils perçoivent comme la grande, la vraie.
Chez Hermanos Dominguez, l'entreprise semble prendre forme avec le rachat du bétail de l’élevage de Jesus Perez Escudero (Tenebron près de Ciudad Rodrigo) qui décline le santacoloma dans ses variantes Saltillo et Coquilla.
Une entreprise rude, en dépit des atouts d'un sang aristocratique, la conduite de la ganaderia d'origine s'étant quelque peu relachée (il n' y a pas eu de tientas depuis 8 ans).
Tout est à faire, et d'abord prendre la mesure des 200 vaches achetées, à sélectionner sévèrement. Celles qui ne satisferont pas ne seront pourtant pas dédiées au matadero, elles s'en iront gambader dans les rues des villages de Navarre pour y perpétuer la flamme.

C'est dire que les tientas y compris celle du 6 revêtent une importance fondatrice en ce qu'elles s'avèrent déterminantes pour l'architecture et le faciès futur de la ganaderia.
Il n'est nullement anodin qu'on y tiente des vaches de 4 ans y picos, évènement en raréfaction, .
De la tribune, Enrique dirige les opérations avec autorité et compétence.
Il sait ce qu'il veut, vérifiant et validant le moindre indice, par exemple en fin de faena, la fijeza des candidates à la gésine.

 Outre le sieur Frascuelo, une poignée de toreros ou prétendants à l'être, se trouvèrent en lice.
Parmi eux, Jean-Baptiste MOLAS, issu d'une lignée d'aficionados dacquois (petit-fils de Pierre Molas qui présida aux destinées du ruedo dacquois) se distingua par une prestation d'une grande élégance sous la houlette de son père Vincent.
Il y avait là un sitio, un temple et une finesse de geste qui augurent heureusement. A suivre avec attention!
Mise à part une, les vaches surprirent par une grande suavité à la muleta pour qui savait mobiliser le bagage technique indispensable avec des santacolomas.
Elles allèrent crescendo à la pique, fuyant plutôt sur la première, par timidité, avant d'aller a más sur les suivantes. Classique dans cet encaste!
Deux furent exceptionnelles «pour le torero», comme on dit dans les callejons (dont celle de Frascuelo).
Dans le prochain épisode, l'ultime de la série, nous nous transporterons à Lodosa, à la rencontre de Raul VELASCO.
Xavier KLEIN
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