Le dernier «beuzze» chébran concerne la rabrouade infligée
à Toros y movida par l’association Emmaüs.
En ce qui me concerne, cela prête à sourire à
plusieurs titres.
Lorsque l’on donne, il me paraît indispensable auparavant de s’assurer que l’autre veut recevoir, au risque de s’exposer à un refus.
Lorsque l’on donne, il me paraît indispensable auparavant de s’assurer que l’autre veut recevoir, au risque de s’exposer à un refus.
Il faut bien mal connaître l’esprit d’Emmaüs, son goût forcené pour l’indépendance, son principe même qui repose sur la prise en charge par les concernés eux-mêmes de leur problématique, pour avoir seulement envisagé que l’intention –généreuse certes, mais l’enfer n’en est-il pas pavé- puisse prendre corps.
Emmaüs n’aime pas la charité. Emmaüs veut la
solidarité. Et c’est bien ainsi!
Emmaüs n’aime pas l’assistance. Emmaüs veut la
responsabilité. Et c’est bien ainsi!
Emmaüs n’aime pas l’inféodation. Emmaüs veut la
liberté. Et c’est bien ainsi!
Emmaüs ne veut pas subir mais prétend agir. Et
c’est bien ainsi!
Certes on peut déplorer que le refus d’Emmaüs
–encore convient-il de savoir dans quelles conditions et sous quels motifs il s’est exprimé!- fasse
suite aux sempiternelles et intolérables campagnes de pression de quelques
hurluberlus qui manient l’internet à merveille et savent comment procéder pour
le miracle de la multiplication des e-mails. Mais dans son fondement, l’idée
même de spectacle «caritatif» me déplait et me dérange souverainement, dans
quelque champ culturel que cela soit.
***
Pour moi, la charité, vertu morale, ne peut-être qu’individuelle,
car collectivement elle doit se transformer en solidarité, vertu civique, qui est une
obligation sociale et politique et non reposer sur le libre arbitre de chacun.
Cette charité, dont je rappelle qu’elle fut une
invention du christianisme, doit se faire dans l’intime du cœur, comme un don
absolu, sans attente de quelque retour, dans la discrétion et le secret:
«Comme les disciples s'étaient rassemblés sur la
montagne, autour de Jésus, prenant la parole, il leur disait: «Si vous voulez
vivre comme des justes, évitez d'agir en présence des hommes pour vous faire
remarquer. Autrement, il n'y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père
qui est aux cieux.
Ainsi, quand tu fais l'aumône, ne fais pas sonner
de la trompette devant toi, comme ceux qui se donnent en spectacle dans les
synagogues et dans les rues, pour se faire valoir devant les hommes . Vraiment,
je le déclare: ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu fais
l'aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite , afin que ton
aumône reste invisible.»
Evangile selon Saint Matthieu (VI,
1-12)
Je hais, j’abhorre, je déteste, j’honnis et enfin j’exècre ces expressions tapageuses d’une générosité qui se met en scène, comme l’hypocrisie et même le cynisme de ces charity-business (quel oxymore!) très en vogue dans les pays anglo-saxons. Quand des coteries de privilégiés ou de grands humanistes autoproclamés du type Bill GATES se préoccupent de distiller une partie des bénéfices réalisés par un système impitoyable d’exploitation de l’humain, et surtout quand ils s’avisent de le faire savoir à grands frais, histoire de valoriser leur image, on atteint des abysses de tartufferie sociale et politique.
Et que dire de ces confréries (Rotary, Lions et
autres Kiwanis), ces ghettos sociaux de «gens comme il faut» qui ne recouvrent,
sous prétexte de caritatif ou d’éducatif, que des pratiques d’évitement social,
de réseaux, ou de soupers fins où l’on se retrouve entre gens du même monde.
L’altruisme à peu de frais n'est là que pour servir de frêle
alibi, de grotesque cache-sexe à la ségrégation sociale et à la philanthropie intéressée.
Les repas, les festivals, les services «au profit
de», où l’on s’exhibe, de préférence en smoking, ou tenue de gala ne remplaceront
jamais la véritable générosité incognita, l’enveloppe anonyme que l’on glisse dans la boite aux lettres à
destination d’A.T.D., du secours catholique ou populaire, etc. Celle des petites gens qui, selon toutes les études, donnent beaucoup, donnent le plus, à la mesure de leurs moyens restreints. Et qui le font dans la plus grande discrétion et cette vertu si désuète et si précieuse: la pudeur...
Est-il besoin d'une occasion pour donner?
Est-il indispensable de le faire savoir?
Qu'est donc cette société qui progressivement substitue la générosité privée à ses devoirs sociaux?
Est-il besoin d'une occasion pour donner?
Est-il indispensable de le faire savoir?
Qu'est donc cette société qui progressivement substitue la générosité privée à ses devoirs sociaux?
***
En tous cas, pourquoi, au nom de quoi, un festival ou quelque
manifestation taurine que ce soit devraient-ils se faire au bénéfice d’une
cause «humanitaire»?
Entre les estropiés, les veuves, les élevages qui
crèvent, les débutants, les prix à décerner, les arènes incendiées à
reconstruire, les campagnes de promotion, le lobbying, la lutte antizantis -que
sais-je?- n’existe t-il pas d’objectifs plus utiles, plus proprement taurins à
satisfaire? Sans qu’en outre, on ne prête complaisamment et inutilement le
flanc à la critique et une faille exploitable par nos très opérants et très
efficaces adversaires?
***
N’a t-on pas déjà été suffisamment échaudé par des
précédents de ce type?
N’a t-on rien compris, rien appris?
Ou bien trouve t-on quelque jouissance morbide, quelque attrait malsain à se mettre en situation de se faire sadiser par les «zantis», à se coller des poux dans la tonsure et à se faire rembarrer?
N’a t-on rien compris, rien appris?
Ou bien trouve t-on quelque jouissance morbide, quelque attrait malsain à se mettre en situation de se faire sadiser par les «zantis», à se coller des poux dans la tonsure et à se faire rembarrer?
Il y a là un symptôme qui procède de l’art de
piétiner les râteaux, ou du masochisme militant.
A moins –pire!- qu’incapable d’appréhender les
logiques sociétales et communicationnelles à l’œuvre, l’afición ne se trouve
dans l'incapacité chronique à comprendre la société dans laquelle elle vit, et les
manœuvres de ses adversaires.
Auquel cas, la tauromachie sera bel et bien
condamnée: l'enfermement intellectuel, la stratégie de la tour d’ivoire et du suprême isolement sont voués à
l’échec. Ne serait-ce que par la prohibition du commerce de l’ivoire!
Evidemment, on peut toujours se rassurer en
communiant dans une vertueuse indignation de clocher.
Le jour où l’on se décidera à penser la défense et
la promotion de la tauromachie, non à partir de notre perception, non en
réaction à celle des «zantis», mais en adoptant le regard et l’entendement des péquins néophytes,
la perception des 90% de français qui ne la connaissent pas mais n’en ont que
des échos déformés, on aura fait un grand pas.
Un pas que les «zantis», eux, ont fait depuis
longtemps!!!
Xavier KLEIN
2 commentaires:
Au moins ca c'est dit !
Olééééééé !
Mon cher, une fois de plus vous parlez d'or.
Un Chrétien pas très catholique en somme.
Un peu comme mon cher Brassens…
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