Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 24 juin 2011

La stratégie du caviar

On connaissait «Arsenic et vieilles dentelles», on nous joue maintenant «Magouilles et petits fours».
Est-il normal que l’argent du contribuable, bien malmené en temps de crise, soit affecté aux sauteries (sotteries?) mondaines organisées par l’Ambassade de France à Madrid?
Qu’on en juge d’après le reportage très «Point de vue, images du monde», la revue des Altesses, publié par le site EUROTORO2010:  (http://www.eurotoro2010.com/revistas/n43.pdf).
Tant comme citoyen et contribuable français que comme élu, en charge des affaires taurines (qui consacre beaucoup de temps et d’énergie à se décarcasser pour promouvoir une tauromachie populaire et trouver les 3 francs 6 sous pour équilibrer notre budget), je ne peux qu’être scandalisé par ce spectacle de pique-assiettes endimanchés venus à la curée (il y a quand même dans le lot quelques personnes honorables).
Quand je vois tant d’argent gaspillé en vain et sans effets, je pense aux efforts consentis pour promouvoir, à Orthez, et ailleurs, l’accès aux arènes de nos concitoyens défavorisés, des jeunes, des chômeurs et des RMIstes afin que le fait taurin demeure l’affaire de tous, et non l’apanage d’une élite.
Nul angélisme dans tout cela: la tauromachie n’échappe aucunement aux injustices du monde, aux données sociales et économiques. L’arène est le lieu du conflit, de la subversion et de la sublimation de ceux-ci. Encore faut-il qu’y puisse toujours siéger les acteurs de ce rituel social, dans leur diversité.
Il faut vraiment solliciter les ressources d’un humour fellinien pour supporter sans nausée, le spectacle navrant d’une brochette de «people» endimanchés et profiteurs, plus soucieux de paraître et de profiter des ors et des lustres déclinants de la Grande Nation, que de défendre une cause qu’ils seront les premiers à déserter lorsqu’elle ne sera plus «chébran».
Ce n’est ni l’idée que je me fais de l’afición, la vraie, celle qui sue dans les tendidos, ni la solution aux arènes qui se vident car elles perdent leur assise populaire. Tout au contraire.
Tout cela traduit les expédients calamiteux auxquels on recourt désormais pour se faire un nom, une réputation, pour soigner ses egos par l’illusoire convocation de célébrités de pacotille.

L’avenir de la tauromachie ne se décidera jamais dans les salons dorés d’une ambassade ou l'antichambre feutrée d'un ministère. Ce type de pratique n'a plus cours.
Il se décidera d'abord par le rapport de force, la passion, la mobilisation et la détermination des aficionados de base. Parce qu’au bout du compte, ce sont eux qui pèseront auprès des élus locaux, pour la défense de leurs droits et de leur culture. Comme il en a toujours été depuis un siècle.
Il se décidera aussi par le DROIT -y compris contre la majorité- le droit des minorités culturelles.
Le reste n’est que palinodies et amusailles sans conséquences autres que néfastes.
Sont-ce ces pitoyables vestiges maquillés, parés, liftés, d’une caste qui se meurt, comme les émigrés emperruqués de l’Ancien Régime qui préserveront la tauromachie du tsunami programmé d’une société qui ne sachant plus d’où elle vient, ne sait pas où elle va?
Comment ces images ne pourraient-elles conforter l’image déliquescente d’une tauromachie conservatrice, rassotée, et disons le mot franquiste, promue et défendue par le ban et l’arrière ban d’une Espagne que l’on voudrait oublier?
Est-ce ce genre de démonstration qui va convaincre la jeunesse espagnole, les forces vives de la Péninsule qui ploient sous le fardeau de la crise et s’en prend aux élites vermoulues et corrompues?
***
On apprend par ailleurs, qu’une fois de plus la manigance a sévi.
La triomphale proclamation de l’inscription de la tauromachie au Patrimoine Culturel Immatériel français n’était en fait que la résultante d’un tripatouillage douteux.
Monsieur Philippe Bélaval est Directeur Général des Patrimoines. En tant que tel, c’est lui qui a supervisé et avalisé la fiche d’inventaire qui a engendré l’inscription au patrimoine.
Le problème, c’est que Monsieur Bélaval est également membre fondateur de l'Observatoire National des Cultures Taurines (ce qu’on a essayé de camoufler), sans compter son affiliation à un club taurin (La Querencia à Paris).
Monsieur Bélaval a parfaitement le droit de ses opinions et de ses goûts. Il n’a ni à en rougir, ni à les renier. Il me paraît en outre évident qu’un fonctionnaire de haut rang au Ministère de la Culture se doit d’avoir des compétences, des avis, et inévitablement qu'il professe des inclinations en matière culturelle. Il en a toujours été ainsi. Pourquoi pas en matière taurine?
Par contre, sur une question aussi épineuse et polémique que la tauromachie, il est absolument intolérable qu’il use et abuse de sa fonction pour, de manière quelque peu opaque, en avançant masqué, pousser et favoriser ce dossier. Le lobbying, s’il est en vogue dans les pays de tradition anglo-saxonne, n’a pas (encore) officiellement droit de cité en France, ce qui est heureux à mon sens.

Il me semble éthiquement et démocratiquement inacceptable qu’un fonctionnaire soit juge et partie, et dispose du pouvoir que lui confère la Nation pour privilégier des options personnelles, en l'espèce, l’inscription de la corrida au Patrimoine Culturel Immatériel français.
Comme dirait plaisamment l’ami Chulo, c’est comme «donner les clefs d’un jardin d’enfant à un pédophile», celles du harem de l’émir du Koweit à DSK, ou celles de l'ONCT à un boucalais grisonnant.
La fin ne justifie nullement les moyens.
Ce coup fourré, après l’affaire de la liste truquée des élus qui soutenaient la tauromachie en Catalogne, s’ajoute à l’interminable litanie des magouilles en tous genres qui font l’ordinaire de nos stratèges taurins.

C’est stupide: comment nos comploteurs d’opérette ont-ils pu penser que la manoeuvre allait passer à l’as?
C’est contre-productif pour le gain négligeable d’un effet d’annonce qui risque d’être invalidé.
C’est extrêmement préjudiciable en ce que la systématisation de ce genre de pratiques de bas étage conforte la réputation de «mafia taurine» aux pratiques occultes et peu ragoûtantes qui nous fait d’autant plus de torts qu’elle n’est le fait que d’une minorité de taurinos qui abusent la majorité intègre des aficionados.

L’exercice de la rouerie gasconne est difficilement exportable hors des terrains de rugby ou des coteries locales, surtout dans une société démocratique et développée où l’information circule librement.
Il faut beaucoup d’immaturité, d’incompétence et de balourdise provinciale de la part de nos têtes pensantes pour imaginer que telles pratiques puissent s’épanouir sans coup férir à l'échelle nationale.
Avec des gens pareils nous n’avons pas besoin de «zantis», les «pros» nous discréditent bien plus efficacement.
Au mieux, cette affaire du «Patrimoine» sera une victoire à la Pyrrhus, au pis une décapilotade.
Et dans les deux cas un discrédit supplémentaire dont on se serait bien passé.

Quand donc l’afición française comprendra t-elle que nous avons plus besoin de tribuns éclairés que de stratèges véreux?
Xavier KLEIN


mardi 21 juin 2011

La vérité sort du puits: «Napoléon VIARD et ses grandes manoeuvres»

A lire d'extrême urgence ce magnifique morceau de bravoure trouvé sur le site de La Asociación Nacional de Presidentes de Plazas de Toros de España (ANPTE), entité partenaire de la «Coordinatrice Internationale de la Tauromachie» qui se donne pour objectif l'inscription de la tauromachie au Patrimoine Culturel et Immatériel de l'Humanité.
Pour ceux qui lisent la langue de Cervantes, il vaut mieux se rendre directement sur le site (en fin de page).
Pour ceux qui lisent celle de Pepe Botella (surnom de Joseph Bonaparte), ci-dessous une traduction (le texte est difficile à transcrire) réalisée par El Chulo et Maja Lola (qu'ils en soient remerciés).
Sans commentaires de ma part, la chose se suffisant à elle-même, sinon une grande satisfaction de constater qu'en Espagne aussi on finit par prendre conscience de certaines choses...
Je voudrais seulement souligner pour ceux qui depuis longtemps ont imputé mes critiques à une inimitié personnelle, que d'évidence mon "inimitié" n'est pas isolée. Peut-être pourrait-on commencer à parler de problème objectif de fond?

«IL FAUT TRAVAILLER, PAS SE FAIRE PHOTOGRAPHIER»

L'Observatoire Français des Cultures Taurines, présidé par André Viard, se désolidarise de la «Coordinatrice Internationale de la Tauromachie» qui s'est tenue hier.
Jeudi dernier se tenait à las Ventas la Coordinatrice Internationale de la Tauromachie dont l'objectif est que l'UNESCO déclare la Fiesta Patrimoine Culturel et Immatériel de l'Humanité.
Un acte auquel n'a pas participé André Viard, président de l'Observatoire Français des Cultures Taurines, qui fut l'organisme en pointe pour obtenir que la France ait récemment déclaré la corrida Patrimoine Culturel. «Nous avons demandé aux promoteurs de ce projet d'organiser une réunion de travail pour fixer les objectifs et définir les stratégies communes. Il ont refusé. Et nous, nous considérons que ce qu'il faut faire c’est travailler, pas se faire photographier» dit Viard à El Mundo.
Le président de l’Observatoire se plaint du manque de structure et de concertation. «Ils n'ont aucune feuille de route, ils ont utilisé un texte de l'Observatoire et c'est tout. Ce que nous avons réussi en France le fut en travaillant dans l'ombre, en cachette, c'est la raison pour laquelle nous préférons commencer depuis zéro avec des gens qui travaillent. En fait, ni les représentants du Portugal, ni le président de la Mesa del Toro, Carlos Nunnez, qui sont d'accord avec nous n'ont assisté à la dite manifestation. Et si Zumbiehl (vice président de l’Observatoire) y a assisté, c'est à titre personnel», assure t-il.

À quelques aficionados saboteurs
André Viard, Président de l’Observatoire Français.
Réponse de Julio Martinez. Secrétaire Général de l'ANPTE, à l'auteur de “Il faut travailler, pas se faire photographier
Cher André,
Dans le dictionnaire espagnol, crétin a les acceptions suivantes «Stupide, sot, je préfère l'ignorer parce que c'est un crétin...», point à la ligne. Personnellement, il ne me viendra jamais à l'idée que de tels majestueux attributs puissent te concerner. Mais avec tout le respect que tes agissement ne méritent pas, je me risquerai à quelques affirmations ici et maintenant:
Dès le début, tu es venu pour empoisonner et gêner la manifestation. Soit la tenue et l’existence même de la Coordinatrice Internationale. Mais, tu n'as pas lésiné sur les moyens pour répandre des contre-vérités, des mensonges éhontés, des cancanages, des venimosités verbales et une longue litanie d'injures contaminées. Tout ceci avec des manières dignes de la voyoucratie plus que de quelqu’un que nous estimions digne et respectable. Ainsi, tu as offensé la dignité de tous, de ceux qui participaient à la manifestation comme des autres, qui sans y être, y étaient. Mais la principale victime, c'est toi même, tu seras difficilement à nouveau crédible. Tu as été ton mensonge, tu es ta propre escroquerie, tu as tué la dignité de tout ce que tu représentais jusqu’à il y a quelques heures, cette dignité que tu revendiquais comme représentant de l'Observatoire de Cultures Taurine de France.
Connaissant les capacités de chacun, il nous apparaît que le succès français ne te doit rien. Je n'ai jamais douté de la capacité intellectuelle de quiconque, -y compris des voisins et voisines du voisinage que je croise chaque jour dans le palier de l'escalier- mais nous savons tous et c'est un secret de polichinelle que François Zumbiehl, est le moteur et l'artisan du succès français.

Tu sais que nous avions un pacte par l'entremise de François, pacte scellé et fermé qui impliquait du temps et des stratégies -y compris la promulgation limitée de la DECLARATION INTERNATIONALE DE LA TAUROMACHIE-. Ceci tu ne peux pas l'ignorer, vu que François est ton vice-président. Si tu ne sais pas ce que fait ton «second», dis moi, à moi, quel ou quelle «….....» tu contrôles (que chacun remplisse les guillemets avec ce qu'il veut), on appelle cela de la sottise, de l'incompétence ou ce qui est pire de la déloyauté envers les tiens et une trahison sournoise des idéaux que tu dis défendre, et moi, tout de go, je te dirai exactement le contraire: la DECLARATION fut un succès sans précédent.
Bien sûr, te l'expliquer avec des chiffres et des faits c'est comme parler de musique sacrée à une araignée de mer. Non que tu n'aies pas quelque aptitude pour les sons harmonieux et sublimes, mais plutôt parce que tu prêtes l'oreille à ce que tu veux, où tu veux et comme tu veux.

Quant au succès en France, apprenons à être humbles et dans ce sens nous ne remercierons jamais assez François, son enseignement profond, son éthique et son engagement sans concession en ce qu'il croit. Il l’exerça déjà en obtenant la reconnaissance de la Tauromachie en France, nous savons tous qui fut le moteur authentique et qui se met la médaille autour du cou, toi en l'occurrence. Mais réellement, et plus clairement, commençons par éclaircir certaines questions de géopolitique (pardon, je déteste les pédants en commençant par moi même), ou mieux, il faudra te rafraîchir les idées, si tant est qu'il t'en reste une; voyons:
          - La France est un pays centralisé et avec une longue tradition de respect pour les libertés et les minorités.
          - Vous avez Nicolas Sarkozy, et moi qui mourrai espagnol, je me tais pieusement par stricte prudence et respect envers moi même, sur l'ancien Etat Espagnol, et le saladier qu'il est devenu. Comprenons les prohibitions tribales sur la base de faits identitaires différenciateurs, les blindages anti-taurins imposés par des blocages nationalistes au Sénat et une longue litanie de désaffections, politiques, quand ce n'est pas une simple et sournoise extermination de tout ce qui a l'odeur de chose taurine. Bien sûr, André, tu vis dans un pays occidental et véritablement démocratique, là les libertés sont appliquées et respectées, principalement pour les minorités. On n'y interdit à personne d’assister au spectacle qui lui plaît? Mais, en France il n'y a qu'un centre de décision, en Espagne nous en avons 17 et quelques autres qui sortiront de terre (en cela nous vous battons)..........Tu vois, ceci me fait penser à «Bienvenido Mr Marshall» version André Viard (NOTA trad: film de Luis Berlanga de 1952 qui raconte l'arrivée d'un yankee richissime et salvateur dans un village castillan). Mais, étant donné ton pouvoir et tes influences, tu pourras toujours nous signer quelque autographe et nous dispenser des leçons magistrales, certainement que quelqu'un va te les acheter, si tu savais...

Autre chose, de quoi te glorifies-tu tant? Précisément, il n'est pas certain que tu soies supérieur ou, la superbe avec laquelle tu nous traites, est-elle compatible avec le fait de demander de l'aide et envoyer des lettres au Président de la République, éparpillant les SOS à tous vents, y compris dans les méandres d'internet. Que nous reste t-il?
Vas-tu tous nous sauver ou doit-on de toute urgence écrire au Président de la République? Voyons un peu:
L'Observatoire a fait son travail, ainsi que les aficionados, les villes, les élus, les associations pour prendre la suite. Ecrivez, écrivez, pour défendre notre liberté.
à Monsieur Frédéric Mitterrand
Ministre de la Culture
Ministère de la Culture et de la Communication
3 rue Valois
75033 PARIS CEDEX 01

Le philosophe dit que le succès est la sépulture des idiots, cela nous paraît certain. C'est encore pire car cela nous semble être un succès fragile, ne tenant qu'à un fil. Nous verrons bien...
Quant aux embûches, manipulations et récits falsifiés, je n'ai aucune connaissance psychiatrique, et je ne me suis jamais intéressé à cette branche du savoir. Ainsi je me limiterai au seule aspect compréhensible et véridique. Commençons par tes communiqués:

Email de André Viard, reçu le 22/05/2011 (remis à W. Cárdenas)
Souviens-toi, par exemple, de ce que fut ton initiative de lancer, sans la préparation adéquate, une pétition sur internet: in fine, quelques 5 000 signatures à peine. Ce fut un pétard mouillé, comme il en va pour l’instant du recueil de signatures via la I.L.P. A Séville, ils n’ont pas été capables de recueillir pendant toute la Féria plus de 5 000 signatures. Quant à Las Ventas, ils vont au rythme de 400 par jour.
A cette allure, ils n’arriveront jamais à réunir un cinquième des 500 000 nécessaires. Autre pétard mouillé.

Ainsi, ton vice-président ne serait qu’un simple employé aux écritures. [intraduisible]. Et la Mesa del Toro? Eh bien, elle est mise à mal. L’organisatrice, la financière et l'initiatrice de la fastueuse I.L.P. ne fait que se ridiculiser, selon ton point de vue. Simple échantillon. Ceci afin que l’on t’écoute et que l’on t’achète quelque chose. Au fait, s’il était nécessaire, nous ferons appel à un avocat, pour l’instant nous gardons les messages, pure curiosité de collectionneur.

Nous poursuivons: extrait de la seconde partie du message
Pour cela, je crois que l’on devrait l’organiser en deux parties:
     - La première, à huis clos, pour débattre entre nous et nous mettre d’accord via un vote.
     - La seconde en public pour annoncer à la presse les décisions prises par cette assemblée constitutive que nous devons organiser. Sinon, c’est un coup d’état sans préparation ni possibilité de futur.

Comme tu exagères André! Un coup d’état? Quel état? Le tien? Depuis quand détiens-tu un état à toi tout seul? Tu te prends pour Napoléon? En réalité ton idiotie commence à être préoccupante.
Enfin, rien à rajouter à ton affirmation, mais nous n'en resterons pas là –quelle honte– le moment venu, nous «avalons» et acceptons l’invitation, nous subissons en espérant que tu nous imposes ton magistral «leadership» et, bien sûr, que tu concrétises quelque chose, ou au moins que nous répondes. Voici notre réponse:
Réponse des organisations fondatrices de la Coordinatrice à André VIARD – e-mail en date du 23 mai 2011-06-21
Cher André,
Il devient urgent que nous sachions enfin si nous pouvons compter sur ton organisation pour la séance du 2 juin. En ce qui concerne tes projets, voici:
Le modèle que tu projettes n’est pas viable en raison du manque de financement. Il faut lire: congrès, présence physique des signataires de huit pays, hôtels, séjours, déplacements, rapports, statuts, etc… Cependant, si tu peux obtenir un financement, nous repoussons la présentation de la Coordinatrice.

Nous attendons toujours. Il se peut que dans ta mégalomanie tu penses être l’homme miraculeux, un Moïse d’outre-Pyrénées boursouflé de gloire et de prestige (celui des autres) vendant les solutions de sauvetage comme des lotions capillaires au voisin du dessous et autres sous-développés d’outre-mer. Mais qu’est-ce que cela peut faire? Malgré cela nous aurions suivi dans la mesure où tu l’organises et le finances. Ah divine Sara Montiel!: «fumando espero … (j’attends en fumant – célèbre boléro-). Ce boléro t’enchanterait André. Je te le recommande, ma parole.

Enfin, André crois-moi, je suis désolé car j’avais une haute idée de toi. Il y avait de nombreuses «volontés» qui vous ont admiré en raison de la discrétion, de la manière de mener l’action, de la force de dignité qui nous a rendus fiers. Merci à la France au nom des amoureux de la culture, de l’art, du patrimoine historique, des aficionados aussi, de ceux qui ne sont pas aficionados et, en résumé, de tous les citoyens car, ici, nous gagnons tous et gagnent aussi les libertés. Mais, ô stupéfaction, tu ne représentes rien de cela. Pire, tu es en train de vampiriser le travail des autres et, en réalité, les applaudissements devraient s'adresser à d’autres acteurs, et nous savons tous auxquels, car le voile vient de s’entrouvrir, le rideau s’est déchiré et en toi nous avons découvert un inconsistant, ou quelque chose de pire que je refuse de qualifier (je suis las des querelles avec des personnes de peu d’envergure).

Pour finir, il n’est guère édifiant de s’approprier les réussites des voisins, de torpiller celles des autres et de trahir toute l’idéologie sur laquelle tu prospères. Enfin, laisse-moi te dire que tu as perpétré une félonie et manifesté un mépris total envers tant d’organisations et de personnalités qui se sont impliquées dans le projet –y compris ceux qui étions à la table ronde de la séance de présentation-.
Nous avons reçu toute sorte d’informations ponctuelles sur ton prodigieux déploiement de forces pour «dynamiter» la séance. Tant pis pour toi, nous n’entrerons pas dans des grossièretés, ni dans les égouts de bas-fonds: ceci nous le laissons à d’autres. Je te dirai seulement André que tu t’es discrédité tout seul, sans l’aide de personne, et je t’assure qu'ici nous ne pourrons plus te regarder de la même façon et ne pouvons que réitérer le peu de respect que nous inspire ta personne ainsi que le total respect que nous inspire l’Observatoire (il y a d’autres membres de valeur qui travaillent en silence –tu le sais-) et, bien sûr, nous affirmons toute notre reconnaissance à la France, grande Nation et miroir des libertés.

A présent voyons la Mesa del Toro
Intolérable, l’absence de la Mesa del Toro dans la séance de présentation de la Coordinatrice Internationale. Apparut ainsi une chaise vide et une étiquette pleine d’énigmes et de vide. En effet, le président de la Mesa del Toro  ne se présenta pas et la chaise vide «transpirait» d'énigmes, d'incertitudes, d'angoisses et de commentaires variés, rien de bon. Qu’avait à faire la Mesa del Toro qui soit plus important que d’être là, aujourd’hui et maintenant, dans cette séance ? Anticipons, tout avait été conclu et ficelé, la Mesa del Toro sera là à la séance de présentation. Aussitôt dit, aussitôt fait: marché conclu. C’est ainsi que cela devrait être si la dite Mesa del Toro –celle à laquelle nous appartenons- aspire à représenter efficacement toute la planète Toro. Que s’est-il passé? Nul ne sait, mais c’est encore pire, car qui va avaler le fait que la Mesa del Toro se défile d’un acte de cette envergure? Qui va avaler que la Mesa del Toro «dynamite» ou non ceci? Qui va avaler que la Mesa del Toro a d’autres projets que même eux ignorent? Et bien faisons un bref résumé:
L’ANPTE s’intégra à la Mesa del Toro comme un soutien clair et décidé de l’organisation. A cet instant, nous pensions et voulions bien continuer à penser que la survivance du monde du Toro passait par l’UNITE: il nous importait peu d’apporter beaucoup et de recevoir peu. Et ce, depuis des cours aux présidents, gérés et autofinancés par nous, jusqu’à toute initiative qui se répercuterait dans l’intérêt et au bénéfice de la grande famille taurine. Mais nous devons constater que depuis l’arrêt d’activité d’Eduardo Martin Peñato, mal géré, encore moins expliqué et négligemment éludé, la Mesa del Toro connaît une perte de prestige notable. Si nous ajoutons à cela le nouvel éclairage –lisons G7 ou G-10- (nous avons perdu le fil des chiffres) plus la confusion créée autour des transferts de l’Intérieur vers la Culture –pierre philosophale et élixir miraculeux- nous constatons que la litanie des maux continue, tout en ajoutant à ceci qu’au poste de commandement il ne reste plus que la barre du gouvernail. Ainsi donc, le «désordre», pour être charitable, est instauré.
Nous nous remémorons avec nostalgie la fierté que nous ressentîmes lorsque nous allâmes à Bruxelles avec un travail bien fait. On dira ce que l’on voudra, ce fut un succès indéniable. Ajoutons le prestige de brillantes présentations publiques à Séville et à Madrid, l’unité se faisant jour ainsi que le sentiment d’appartenance. Qu’en est-il maintenant ? Nous ne savons pas. Pour l’instant une chaise vide et un projet plus que solide avec un rapport impressionnant qui, pour l’heure, ne s’est appuyé que sur une absence inhabituelle que quelqu’un devra un jour expliquer. Explications qui devront être données à notre Organisation bien sûr, mais aussi à toute l’interminable liste d’organisations, personnalités et professionnels qui ont adhéré au projet.

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dimanche 19 juin 2011

Les «douleurs » de Vic

Vic-Fezensac, comme son étymologie l’indique est un village.
Qui plus est un village on ne peut plus gascon!
La présence de cette Mecque du «toro de respect» aux marches orientales du pays taurin gascon ne constitue pas le moindre des paradoxes.
Le surdimensionnement de la plaza en rapport avec la taille du village me fait souvent penser à l’immense citadelle du Désert des Tartares, où l’on subsiste dans l’espérance d’un ennemi qui n’arrive jamais.
Mais quand il surgit…
Vic, c’est l’histoire d’un succès grandissant, dont les arènes Joseph Fourniol (un bayonnais paraît-il!) portent dans leur architecture les cernes de croissance.
Erigées en 1931 à l’instigation de la «Société des courses de taureaux», elles sont tout d’abord dédiées à la course landaise. Le succès est vite au rendez-vous, puisqu'on les porte dés 1933 de 3500 à 5850 places.
Une première novillada en 1932 est suivie en 1933 par la première corrida (Don Joaquim BUENDIA PEÑA avec Nicanor VILLALTA, Armillita CHICO et EL ESTUDIANTE).
Dés 1934, on bourlingue déjà dans le lourd, avec une corrida de Don Félix Moreno Arduany pour les matadors Armillita CHICO, GITANILLO de TRIANA, et Domingo ORTEGA (pour le 80ème anniversaire en 2014, le Club Taurin Vicois aura t-il la bonne idée de programmer la descendance: Moreno de la Cova ou Moreno de Silva?). En 1998, les arènes sont encore agrandies pour adopter la physionomie que nous lui connaissons: celle d'une arène de 1ère catégorie de 7000 spectateurs.

Je fréquente ces lieux depuis 1976 et je dois avouer que je nourris quelque nostalgie de l'époque où l’on y sentait vibrer une afición artisanale, sans fards et sans chichis, loin de toute préoccupation commerciale.
Avec la gloire –mais Balzac n’avançait-il pas que «La gloire est le soleil des morts.»- les choses ont bien changé.
On est passé de l’artisanat à la production quasi industrielle et du sympathique portier autochtone au teint rubicon et l'accent rocailleux à la société de vigiles formatés et anonymes.
Ici comme ailleurs (à Orthez par exemple), il paraît que c’est un progrès!
Je ne vois nullement comment le fait de troquer l’urbanité et la relation, fussent-elle parfois conflictuelles, contre le contrôle et le flicage peut constituer un progrès, mais ce doit-être l’effet d’un gâtisme précoce…

N’ayant qu’une appétence fort limitée pour les uniformes, fussent-ils noirs (j'adore les "fussent-ils"!), j’apprécie assez peu qu’on emmerde un pépère replet comme votre serviteur pour qu’il décapsule à tout prix sa bouteille d’eau.
Cette année j’ai eu droit à un interrogatoire en règle sur le thème «Oukilé le bouchon?» par une ravissante vigilette qui m’a refusé, suprême humiliation, la fouille à corps que je réclamais avec insistance, émoustillé par sa mine martiale et une paluchette qu’on devinait facilement investigatrice.
Je suggère toutefois d’améliorer encore le dispositif par l’obligation de troquer le brodequin contre la botte cavalière, et le treillis coton contre la guêpière satin, ainsi que de munir les charmantes hôtesses d’une schlague de bon aloi.
Ce fut donc un peu chagrin que je me hissai dans les étagères, comme disent ceux qui ne les fréquentent jamais.

L’un des nombreux avantages de Vic, c’est qu’on y rencontre quasiment pas de «chutistes», vous savez cette engeance qui réprime impitoyablement toute perturbation intempestive de sa méditation artitisco-mystico-taurine.
Il règne encore à Vic -pour combien de temps encore?- quelques relents d’impertinence gouailleuse populaire, qui, pour être parfois excessifs ou intempestifs demeurent tout de même bien rafraîchissants.
Entendre monter vers les tendidos le beuglement éraillé de borrachos en goguette qui entonnent depuis la buvette voisine un «troubabadour» puissant et approximatif pendant la minute artistique de Trucmuchito confine au sublime pour qui goûte la dérision et la littérature rabelaisienne.
Ô Sainte Truculence quels blasphèmes n'endurai-je pas en Ton Nom!
On s’y permet même des écarts auxquels on se refuserait en d’autres lieux. Et telle présidence dont on sait la souplesse coutumière en d'autres enceintes se montrera ici d’une vertueuse intransigeance qu’on aimerait la voir pratiquer ailleurs.
Commedia umana!

N’empêche qu’ici également le progrès fait rage.
Ici comme ailleurs, le public fin et connaisseur d’antan cède progressivement la place au «vernis de surface», à ces nouveaux convertis qui ont mal assimilés la catéchisation.
En émerge un snobisme torista dont la connerie intrinsèque n’a rien à envier au snobisme torerista, à part qu’il s’exprime plus bruyamment et avec impudeur. L’excès d’intransigeance mène aux mêmes errements abscons que l’excès de complaisance, surtout quand l'inculture taurine s'en mêle.
En outre l'une des caractéristiques majeures de la connerie étant de ne douter de rien, et surtout pas d'elle même, le tosnobrista standard ne réchigne jamais à exposer orgueilleusement au grand jour et à tous vents les preuves indiscutables de son infortune. Un peu comme certains cocus flamboyants et fiers de leur état.
Mais bon! Cela ne prête guère à conséquences et cela fait partie du charme du spectacle.
On voit donc réclamer une vuelta à un toro bravucon (brave ou con prétendent les prosélytes) ou à un manso parce qu’ils ont simplement été piqués dans les règles de l’art! C'est à dire que ce qui devrait constituer l'ordinaire prend des allures d'évènement.
On voit aussi, avec des toros de respect qui n’ont parfois rien d’évident, la plèbe enhardie exiger des gladiateurs les mêmes prestations que fournissent les figuras avec les toros modernes et civilisés.
Non-sens, inculture et surtout insensibilité!
Heureusement, il demeure encore quelques hurluberlus atypiques qui viennent pieusement y faire pélerinage et accomplir leurs dévotions. Normal à la Mecque!
Ce samedi 11, je me réjouissais -on se demande pourquoi- de voir courir des «douleurs» d’Aguirre, piqué par la curiosité quant aux thérapeutes chargés de les soigner.
Un lot «καλός καγαθός» («beau et bon») bien qu'un peu desigual, ce qui ne m'était nullement apparu au campo lorsque je les vis, il y a peu. Il manquait toutefois du zeste de "je ne sais trop quoi" qui marque les grandes journées.



Sauvagerie? Vigueur? Suavité excessive? D’aucuns intentaient déjà une procédure accusatoire en domecquisation.
A mon sens, l’analyse était un peu courte et le verdict quelque peu sommaire.
Comment juger d’un lot dont la brega fut, à de rares exceptions près, si déficiente? Tant au niveau des piques, où le sieur MORA par exemple fit délibérément assaisonner outrancièrement ses binômes, qu’à celui du peonnage qui donna du capote à l’envi, multipliant les lances pour placer les toros au millimètre des velléités ésotériques des banderilleros.
Après un tel déluge de passes inutiles et approximatives, de piques assassines portées n’importe comment et partout sauf là où elles auraient dû, il «en fallait» à ces toros pour ne pas se trouver complètement délités.
Manque de chispa m’a t-on assuré. On s’en serait vraiment privé à bien moins, et les pensionnaires de Dolores ont eu quelques mérites de demeurer aussi actifs après de tels outrages et surtout après 3 piques, traitement combien rare de nos jours.
On s’est également ému d’une certaine «facilité». Facilité toute relative au regard des résultats et surtout du niveau d’engagement des belluaires.
Prudence est mère de sûreté. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la proximité du poil de toro n’a pas provoqué de crises d’urticaires vu les précautions prises par ces messieurs (hormis David MORA au 5ème). On aura plutôt donné dans le lumbago.
Une telle «timidité» ne paraissait pourtant guère s’imposer avec des toros propres à laisser dans le ruedo une cargaison d'oreilles.
Le problème symptomatique de la tauromachie contemporaine s'incrivait ainsi dans le sable vicois: ceux qui auraient pu mettre au mieux en valeur ces toros ne les consentent pas quand ceux qui les acceptent ne sont pas en mesure (pour des raisons diverses) de les mettre en valeur...

David MORA est d’ordinaire un torero de pundonor, d’une sobre et gracieuse distinction. L’inélégance du traitement de hussard des Carpathes qu’il fit infliger par son ulhan de service à son premier toro surprit d’autant.
Il sembla s’étonner que le quadrupède éreinté en fût quelque affecté à la longue et surtout que l’auditoire avisé lui en tint légitimement rigueur. Il faudrait tout de même que ces beaux messieurs intègrent qu’une afición digne de ce nom peut, à l'occasion, prendre en compte l’intégralité de la lidia!
A son cinquième, le David des familles déploya des grâces voluptueuses tant à la percale qu’à la serge. Des séries allurées et intenses, ornées de changements de main et de détails de qualité.
Pourtant, ce toreo m’a laissé en bouche une finale déplaisante par sa propension à accumuler les passes de chaque série, à multiplier des pechos à mon sens inutiles.
Cette façon d’obliger et de contraindre à outrance un toro noble, au risque de l’asphyxie, cette manière de s’en servir et non de le servir me déplaisent.
J’eus préféré l’air vivifiant des grands espaces, la simplicité biblique des 3 + 1 encore inégalées dans leur austère pureté. Cet amas luxuriant et baroque de passes contrarie la qualité par la quantité, conduisant à ne s’en souvenir d’aucune. Question de goût!
Et puis trop souvent, l'élégance du geste,  la réalité du temple camouflent des carences de placement que je ne parviens pas à m'empêcher de remarquer. Sans doute une tare popelinesque indélébile!


On fut à mon avis bien sévère avec ce brave Joselillo (brave au sens de «bien brave», si vous voyez ce que je veux dire). Voilà un garçon sans morgue et sans prétention qui nous gratifia généreusement de ce qu’il peut offrir: son enthousiasme et sa sincérité, avec en bonus le bon goût involontaire de finalement révéler les qualités de ses opposants.
José Miguel Pérez Prudencio (il ne l’est pas trop…) «Joselillo» torée comme on bûcheronne … à coups de hache et de serpe, avec cette manière rustique qui s’accorde avec son physique de caporal-chef de la bandera.
Il cita systématiquement ses toros de loin, mettant en exergue la longueur et l’intensité de leurs charges. Et pour le coup, de l’air, il y en eût, entre l’abattage muletassier qui projetait approximativement les toros à tous les vents, et les grands espaces qui séparaient le légionnaire du pico de la muleta où s’enfournaient les cornus.
Les délicats s’offusquèrent que l’entame du sixième se fît à genoux (également de loin), comme si l’alpha et l’omega de l’art taurin résidaient dans l’esthétisme.
J’y vis pour ma part, la marque de l’alegria et d’une spontanéité qui nous font bien défaut de nos jours. Cette fraîcheur sans complexe qui fait aussi intégralement partie de la tauromachie que la profondeur de Morante.
Enfin en voilà un qui ne se croit pas obligé de copier sur Jose Tomas ou sur Talavante! Quoique le résultat serait peut-être taquin...

Il faut prendre les choses et les gens comme ils viennent et comme ils sont, dans leur diversité, surtout lorsqu’ils donnent de bon cœur. Joselillo a toréé comme il sait le faire, avec ses limitations, mais sans indignité. Il eût également le mérite d’être le seul à bien placer ses toros en suerte et à les faire piquer correctement, ce dont on ne peut que lui savoir gré.
Pour le reste, on se renseignera dans auprès de la presse subventionnée.
En somme, une matinée fort agréable avec un festejo qui aurait satisfait bien des organisations. Il n'est nullement assuré que des lots de cette qualité se multiplient durant la temporada. On s'en contenterait à Orthez!!!

A suivre dans le prochain épisode: «Les Palha pas là»
Xavier KLEIN

jeudi 2 juin 2011

Là où il y a Fadjen, il y a du plaisir.

Dans le numéro 225 d'avril 2011 du magazine Sciences Humaines, on pouvait lire deux articles tout à fait édifiants.
Un entretien sur «Les ambiguités de la compassion» avec Didier Fassin (anthropologue, sociologue et médecin, professeur à Princeton et directeur d'études à l'E.H.E.S.S.), mais surtout un article de Christophe TRAÏNI, «Pourquoi militer?» (Maître de conférence à l'IEP d'Aix en Provence qui vient de publier «La cause animale (1820-1980). Essai de sociologie historique»).

Christophe TRAÏNI après avoir rappelé les travaux précurseurs de Mancus OLSON: «La logique de l'action collective» 1965) qui expliquait «qu'un militant ne participe à un groupement qu'à condition d'y trouver un bénéfice personnel» propose de s'interroger sur «les différentes manières dont le militantisme de solidarité prolonge des sensibilités que les acteurs doivent à leurs parcours antérieurs. [...] L’opposition à la tauromachie, par exemple, offre à ses sympathisants la possibilité d’éprouver des états affectifs qui alimentent leur satisfaction de participer à un engagement, tout compte fait, bien plus coûteux que rémunérateur. Ce sont d’abord des réactions immédiates, tels le dégoût et la colère, par lesquelles le corps réagit aux images répugnantes des corridas, mises en exergue à des fins de dénonciation. À celles-ci s’ajoutent des émotions réflexives, qui impliquent une introspection évaluative de nature cognitive, morale ou esthétique.»

Christophe TRAÏNI conclut ainsi: «L’engagement contre la corrida permet d’éprouver une gamme très étendue d’émotions réflexives. Il y a ainsi la répulsion, l’indignation et le mépris à l’endroit des aficionados, l’attendrissement et la compassion pour les taureaux martyrs, et la délectation que procurent les textes littéraires, les musiques et les images stigmatisant la tauromachie. La défense des animaux donne aussi le sentiment d’épouser une noble cause, autorise à énoncer des jugements philosophiques généraux et à éprouver la fierté de s’apparenter à de grands précurseurs comme Victor Hugo ou Émile Zola. Il y a aussi l’estime réciproque et l’enthousiasme d’agir de concert que l’on trouve au sein du groupe des militants… Ces derniers apprécient d’autant mieux ces émotions qu’elles prolongent et altèrent les sensibilités qu’ils doivent à des expériences sociales préalables parfois très variées. De fait, l’opposition à la corrida est capable de rallier aussi bien des enseignants laïcs attachés à l’idéal d’éducation du peuple, des évangélistes déterminés à éprouver leur foi, d’anciens gauchistes libertaires valorisant la dénonciation de toute forme de domination, que des dames soucieuses de bienfaisance ou de tendresse animale…
Toutefois, ces sensibilités préexistantes sont des conditions nécessaires mais pas suffisantes pour expliquer un engagement durable au sein des organisations : l’engagement exige en effet un incessant travail militant. Ce dernier contribue autant à la transformation personnelle de ceux qui s’y emploient qu’à l’édification de problèmes publics justifiant la mobilisation du plus grand nombre. Il entraîne l’apprentissage de multiples connaissances et savoir-faire tactiques, dont nous devons reconnaître qu’ils conditionnent le devenir des mobilisations. Ce savoir-faire tactique relève, en grande partie, du calcul. Cependant, cette rationalité instrumentale n’est qu’un effet secondaire de l’engagement et non pas la cause censée pouvoir l’expliquer. Les militants sont aussi des stratèges, mais en matière d’engagement, il ne faut pas confondre le pourquoi et le comment.»
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La rationalité comme effet secondaire et non comme cause première s'inscrit donc comme un processus de justification et d'organisation a posteriori de ce qui procède primitivement de la seule et exclusive émotion.
Tout cela rejoint une formulation simple qui me sert au quotidien de grille d'analyse sommaire et immédiate des situations: «Lorsque quelqu'un s'engage dans une action, c'est qu'il y trouve toujours un intérêt.».
Du bon sens me direz-vous, confinant à l'enfoncement de portes ouvertes!
Certes, à condition de ne pas envisager toutes les conséquences du postulat.
Lorsque l'on évoque le mot «intérêt», la plupart des interlocuteurs entendent «intérêt matériel ou pécuniaire» et protestent de la gratuité des intentions.
Or, cet aspect là des choses s'avère bien minoritaire dans la réalité au regard des «bénéfices attendus» ou des gratifications que procurent des babioles telles que l'estime de soi, la reconnaissance sociale, enfin tout ce qui procède du NARCISSISME.
NOUS voulons à tout prix ignorer qu'une immense partie de nos engagements relèvent, en fait, du soin tout particulier que nous portons à nous même, même si l'intérêt ou la compassion ne représentent en fait qu'un alibi avec lequel nous leurrons les autres et surtout nous mêmes.
Faut-il pour autant renoncer, à partir du constat déprimant que notre altruisme n'est qu'une manière de s'aimer, de se déculpabiliser, de se valoriser?
Sûrement pas! Mais il convient de ne pas en être dupe...

La dictature contemporaine de l'émotion et du sentimentalisme vient rompre plusieurs siècles de marche vers la raison. Une raison qui avec Freud et la psychanalyse a su identifier et reconnaître l'existence et le rôle prépondérant des pulsions, les dégageant de leur gangue morale pour en expliquer les ressorts.
Avant, du temps des «humanités», on était plus «raisonnables», car on savait pouvoir être plus fous...
Le plus bel aboutissement de la raison s'impose avec la reconnaissance de l'empire prépondérant du monde des pulsions, une réalité que nos contemporains refusent généralement d'admettre.
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Quand je vois les images d'un gugusse qui joue à la poupée avec un taurillon (Fadjen), la première pensée -sommaire je le reconnais- qui me vient pourrait se résumer à: «Pauvre garçon qui n'a pas compris que pour ça il existe des femmes, et que ce sont les femmes qu'on mignote ainsi!»
Quand on lit sur le site de «Poupoune au pays des navets» (l'inoubliable chef d'oeuvre de niaiserie enfantine de mes jeunes années, qui m'attendrit toujours) les motivations profonde d'un enfant attardé (http://www.sauvons-un-taureau-de-corrida.com/page90.html) sous le titre ô combien révélateur «Quelle drôle d'idée?», on ne peut que s'affliger de voir ainsi dévoilé, sans pudeur et sans vergogne, le récit affligeant d'une aventure parfaitement régressive.
Notre brave breton s'est coincé le compteur à l'âge de 7 ou 8 ans à la simple contemplation d'une affiche de corrida dans un bistrot. Abus précoce de calva ou de chouchenn ayant entraîné un delirius tremens? On sait la Bretagne portée sur l'enrichissement systématique en octane des biberons, et sur le hit parade de l'alcoolisme populaire, ceci pouvant expliquer celà!

Non content d'exhiber sans complexe les pitoyables témoignages de son immaturité et de son retard mental, Tintin s'en vante et entreprend à travers la Bretagne, région taurine bien identifiée, la tournée triomphale de l'expression impudique de son état infantile et d'un comportement littéralement «dénaturé». Que ne vient-il chez nous, dans deux ou trois ans, quand la bestiole affirmera son caractère, sa vraie NATURE et non sa nature dénaturée?
Que veut-il prouver?
Que de tout temps à jamais l'homme, montreur d'ours, dompteur de fauve, a réussi à apprivoiser des animaux sauvages?
Qu'ignorant la foison des textes ou la riche iconographie existante, des toros de combat ont toujours fait l'objet d'affection, avant ou après avoir combattu vaillamment dans l'arène?

 Julio ROBLES, torero
Hubert YONNET, ganadero
Que traiter ainsi un animal, c'est en fait lui manquer de respect?
Et oui mon petit, il y a un âge où l'on doit dépasser Bambi, Lassie et  autres Crin Blanc. C'est la vie! Et c'est la mort!

Je n'aime guère l'emploi du mot décadence, mais à considérer notre monde, il me vient sans cesse à l'esprit...
Xavier KLEIN

Pour les fans, la couverture de Poupoune:
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