Humeurs taurines et éclectiques

mercredi 18 août 2010

VIOLENCE DES MOTS, VIOLENCE DES ACTES


«Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison»
François MAURIAC, «Le noeud de vipères»

«Si on se laissait aller à aimer les gens gentils, la vie serait atroce»

Louis-Ferdinand CELINE «Lettres de prison»

Si vous lisiez les compte-rendus des débats de l'Assemblée Nationale, ou les articles de la presse tant généraliste que taurine jusque dans les années 70, vous prendriez conscience de ce qu'est la véritable violence du verbe. Qu'est-ce qu'ils se mettaient, ma doué!
La mode «Peace and love» est passée par là, avec l'époque des «gentils» organisateurs et des «gentils» membres.
Je n'ai ni le désir, ni le tempérament à donner dans le «gentil».
La gentillesse n'est pas une vertu, c'est une manière. Une posture pour prévenir l'agression de l'autre, plus qu'une véritable qualité de l'âme. On peut être bon, sans être «gentil».
Même Jésus CHRIST n'est pas «gentil» (IL N'EST SURTOUT PAS «gentil»). Il porte le glaive.
Je suis fils de Rabelais, de Voltaire, de Danton et de Clémenceau. Ce dernier oeuvrait pour la démocratie sans hésiter à préciser que la tolérance, «il y a des maisons pour cela».
La tolérance, la vraie, c'est d'admettre les idées contraires, leur droit à l'existence et leur libre expression, ce n'est nullement de les accepter passivement, et sûrement pas de n'y pas répondre.
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Il y a la violence du verbe et la violence des faits et des actes.
Quand d'aventure on délocalise une entreprise, les «gentils» spécialistes de la «com» vont «gentiment» expliquer aux «gentils» infortunés qu'ils n'ont le «gentil» choix qu'entre déménager à 800 kms (en laissant là maison, amis, parents) et celui de pourrir sur place. Où est la violence? Qui l'inflige? Celui qui voit sa vie détruite parce qu'un fonds de pension trouvera plus rentable de gagner 0,5% supplémentaires sur ses actions boursières, ou celui qui retiendra le patron en otage pendant 48 heures?
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Dans les arènes, le violent c'est celui qui siffle et s'indigne, jamais celui qui applaudit et qui impose sa béate et passive satisfaction aux ceusses qui ne la partagent pas.
A la Peña Enrique Chut de Dax, je me suis récemment fait agresser par trois braves rombières blond-blanc-rouge, ménopausées de frais et accent pointu, parce que nous parlions toros avec des compadres de rencontre et que nous troublions de ce fait leurs vélléités d'émois intimes.
Comment expliquer aux chères petites médèmes, qu'une peña c'est d'abord fait pour parler toros, et que le flamenco, que les snobinettes voulait ouïr dans un silence religieux, était né dans des bouges andalous où elles n'auraient jamais envisagé de s'aventurer, parmi les putes et les mauvais garçons, dans des ambiances enfumées au mauvais havane, aux relents lourds de suin, de vieux cuir, de foutre et de patchouli bon marché, parmi les rires gras et les exclamations sonores dont nos amis espagnols ont le secret? Tout comme le jazz d'ailleurs est né dans les lupanars de Louisiane.
Comment signifier aux sanitairement bien pensants qu'une arène doit sentir le havane, et qu'il y a quelque contradiction à y invoquer l'interdiction politiquement correcte du puro, quand on y vient assister au spectacle le plus magnifiquement obscène et subversif qui se puisse exister?
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Quand on fait payer plusieurs dizaine d'euros pour exhiber de la merde, ON FAIT VIOLENCE à l'afionado.
Quand l'on écrit pour valoriser cette scatologie là, on redouble de violence.
Et lorsqu'en outre, grassement rémunéré pour défendre cette insanité, on prend à partie ceux qui l'ont payé avec leur billet parce qu'ils la dénoncent, on est plus seulement dans une violence décuplée mais dans l'indécence la plus complète.
Encore faudrait-il disposer encore de quelque lucidité, d'un semblant de dignité et d'une once de sens du ridicule pour s'en apercevoir!
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Colère, indignation, honneur, sont devenus des gros mots malséants dans le «wonderful word» de la tauromachie moderne.
Derrière la violence consciente des MOTS que j'emploie, il y a une éthique, des convictions, un idéal et surtout une gratuité, n'en attendant aucun bénéfice pécuniaire.
Derrière la violence cachée des ACTES qu'on nous impose, il y a des intérêts et du pognon.
Toute la différence est là, et elle est de taille.
Les violents, comme les ayatollahs, ne sont pas ceux que l'on croie.
Xavier KLEIN

6 commentaires:

Anonyme a dit…

JPc.

La peña Enrique CHUT.
Enorme.

Merci.

JPc

Anonyme a dit…

...ne pas confondre avec la pena Enrique CHUQUE et ses vieilles rombières pré-posées.

.vieil ernesto à la mére Si-SiSi

Marc Delon a dit…

Si j'étais Shiva la déesse aux sept bras (ce qui présenterais quelques avantages dans mon travail) je souscrirais sept fois ! En attendant, légèrement ambidextre, je souscris des deux mains dès mes applaudissements terminés.
Ce doit être pour les mêmes raisons que le toro sauvage et agressif n'est plus supporté, empêcheur de mièvres suavités en rond qu'il est devenu.

Bernard a dit…

Xavier,

"Nul ne mérite d'être loué de bonté s'il n'a pas la force d'être méchant" - LA ROCHEFOUCAULD

Et on sait combien les "zantis" sont "zentis"... Au point qu'on pourrait se demander si les "zentis" de chez nous (!) ne vont pas finir chez les "zantis"!

Je te serre les mains (avec la permission de Marc) - Bernard

PS: pour la gouverne de tes rombières "pointues", la peña muette dont il est question pourrait enseigner un peu de NOUGARO: "Ici, même les mémés aiment la castagne" (Toulou-ou-ou-ze!...)

el chulo a dit…

avec ta permission xavier, qu'est ce qu'un homme de gout, je n'en suis plus certain, mais de réflexion permanente comme toi allait faire dans cette galère.
j'ai connu des dames de dax qui officiellement allaient se faire coiffer, le sens reste le meme, à paris et revenaient avec un furieux accent pointu, en deux jours.
tu retrouves celà à bordeaux, agen, brive surtout.

Anonyme a dit…

Attaquez-vous aux 70% des Français qui veulent l'interdiction des corridas... Attaquez-vous aux jeunes espagnols qui ne veulent plus de cette pratique chez eux ! Mais vous pourriez surtout vous occuper de nos chers humains, au lieu de perdre votre temps dans ces arènes d'il y a 2000 ans ! C'est long, l'évolution chez vous, M.Klein !