Humeurs taurines et éclectiques

mardi 3 août 2010

L'IMBROGLIO CATALAN

En réponse à Lionel (commentaire de l'article http://bregaorthez.blogspot.com/2010/07/lordre-culturel-doit-regner-barcelone.html) notre compañero El Chulo intervient.

Cher Lionel,
J’ai aimé votre courroux juvénile, et j’en profite pour éclaircir mon point de vue sur cette toujours épineuse question de la Catalogne, et de Barcelone plus singulièrement.
Vous ne l’ignorez pas, je pense, le problème catalan n’est pas nouveau, il a entre autres contribué à complexifier tous les problèmes politiques de l’Espagne du premier tiers du XXéme siècle et n’est pas sans relation avec les difficultés de la seconde république espagnole.
La crise, bien sûr a toujours tendance à favoriser les repliements sur soi, ainsi que des comportements d’exclusion et de radicalisation. La Catalogne n’y échappe pas.
Quand Madame Esperanza Aguirre, l’égérie de Dédé VIARD et grande supportrice de «Tierras Taurinas» s’est déclarée pro-taurine, au nom du P.P. (Partido Popular), elle pensait emmerder le P.S.O.E. (Partido Socialista Obrero Espagnol) qui avait une attitude bien plus prudente sur le sujet, et faire un «coup électoral». Depuis le translucide et mièvre Rajoy a déclaré que le P.P. était le "parti de la liberté" ou quelque chose comme ça. C’est aussi à pisser de rire!
Dédé insulta en cette occasion le P.S.O.E., et dans la foulée du «fascistoide» site Mundotoro encensa l’inconséquente.
Ils ont ainsi réussi à faire d’un problème catalano-barcelonais, un problème politique d’anti jacobinisme, donnant l’impression qu’ils pourraient depuis Madrid ou d’ailleurs, résoudre l’imbroglio, ce qui, évidemment a déchaîné les indépendantistes et transposé la chose sur un terrain identitaire.
Les «zantis» qui «réfléchissent» ne s’y sont pas trompé et s’empressent de ramener le problème sur leur fondamental: on doit interdire une activité où l'on «torture» un animal.
Au passage il est évident que la prise de position du P.P. ne pouvait qu’attiser l’argument idiot selon lequel la corrida serait «franquiste»*. Mais cette réaction identitaire pourrait finalement, toutefois, se retourner contre nos «zantis», certains l’ont fort bien compris.
Il me semble d’autre part, que faire de Barcelone une «terre d’aficion» ne tient pas trop la route. C’est Balaña ** père qui lui, vrai aficionado, avait tenu la boutique. L’héritier ne semble pas avoir la même fibre, son silence est assourdissant.
De plus la fameuse «aficion» catalane ne s’est à aucun moment mobilisée, ce qui tendrait à prouver, qu’en fait, là bas, tout le monde s’en fout. De plus, il ne me semble pas improbable, qu’à la fois les «zantis» et les «indépendantistes» aient pu être manipulés par quelque lobby qui se soucie plus de l’avenir immobilier de la Monumental, en plein cœur de Barcelone. Ce qui pourrait bien être au cœur du problème, c’est le niveau de «compensation financière» de Monsieur Balaña junior et l'avenir immobilier d'un site très convoité.
Ceci pourrait donner envie de rire ou de vomir.

Ceci dit, mon cher Lionel avez-vous vu l’ombre d’un commencement de début de semblant d’autocritique chez ceux qui prétendent défendre ce que nous aimions, ce dont EUX vivent grassement? Que non pas! La faute est totalement renvoyée vers les «zantis» qui au passage se nourrissent de cette nullité mortifère.
Non, non! Interdit de dire que Ponce est un voyou mondain! D’ailleurs le Roi l’a invité au mariage de son fils... Ou que les 4 ou 5 figuritas qui se présentent dans les arènes en gravures de mode nous emmerdent avec leurs exigences de divas ménopausées. D’ailleurs, si on les emmerde, ils ne reviendront plus et «tintin» le lleno d’ahuris peinturlurés.
Ce monde est implacable et aussi éloigné que possible de notre corrida, celle des espoirs déçus et de la divine surprise.
Lionel, je veux dire que certainement, rien n’est simple, mais pas non plus si compliqué.
Imaginons que nos penseurs de la corridas disent que ce torero est un voyou, un menteur, un «embustero», ou un «rempailleur de chaise», et non, que les toros «n’ont pas servi».
Imaginons aussi que ces influents disent que ces toros mollasses, merdiques, d’une connerie à pleurer, soient indignes de notre «fête». Hé bien, ils n’iront plus chasser, ou se feraient engueuler, ou perdraient quelque menus privilèges, ne serait-ce que ceux d’un accueil attentionné par les empresas.
Mais oui, Lionel, la gloriole, ça compte. Au passage ils diraient que ces toros étaient des merdes, au lieu d’expliquer qu’il y eut trop de pluie et que ça fait fondre les sabots.
Merde, Lionel on rêve!
Voilà, tout ceci ressemble à un grand paquebot, avec une petite brèche possible à colmater.
Le capitaine et ses officiers ont mis tout le monde dans les canots, y compris l’équipage. Ils ont pillé les coffres forts et les cabines et se sont fait «transborder» vers l’île en vente de Mme Bettencourt.
Et puis comment ne pas s’étonner de ces plazas vides en Espagne! Comme si la corrida n’avait plus rien à dire aux Espagnols, enfin, cette corrida là. Comment ne pas dire, avec Xavier, que bien sûr, comme tout art, la corrida se consomme dans l’immédiat et l’émotion, et que ces infâmes retransmissions télévisées sont totalement contraires à ce plaisir de l’instant et servent uniquement à payer ces clowns en Armani.
J’ai déjà évoqué le «dire» d’antan de la corrida.
La France avec ses Placitas est un lieu étrange de résistance. Les éleveurs s’y intéressent de plus en plus. Ils choisissent le risque du hasard, de la divine surprise, hors des sentiers battus, des juanpedreries, des moues dégoutées des stars, au risque de faire éreinter par les tenants de la chapelle.
Bon courage amis!
El Chulo

NDLR
* Le P.P. a «recyclé» nombre d'anciens franquistes.
** Balaña: empresa de la Monumental de Barcelone

3 commentaires:

Bernard a dit…

Chulo ami,

Quel plaisir de te lire à nouveau longuement, et parlant si juste... Et merci pour "notre corrida, celle des espoirs déçus et de la divine surprise"!

Et si je puis me permettre de prolonger ton propos, il me semble que "ce monde est implacable", entre autres raisons parce qu'il se veut "impeccable", au sens étymologique de "sans faute" (sans péché), sans vice de forme (les toros "fabriqués" de DD - cité ici il y a peu par ce cher Xavier - qui, "sauf défaut de fabrication" seront si résolument modernes car à "zéro défaut"!)... Alors que notre corrida, avec ces espoirs déçus et ces divines surprises, n'est au fond rien d'autre qu'humaine, c'est à dire imparfaite, faillible, peccamineuse, "peccable" (or, il est dit que seuls les pécheurs entreront au royaume des cieux - Chulo je te taquine, qui est aussi celui des rêves...). In fine, peut-être même que leur monde implacable et impeccable nous ferait comme entendre au loin quelque chose qui dirait "Viva la muerte"(?)...

Abrazo - Bernard "largo campo"

el chulo a dit…

outch bernard "largo campo".

merci pour ce commentaire flatteur.

merco à toi aussi pour cette dernière phrase:"In fine, peut-être même que leur monde implacable et impeccable nous ferait comme entendre au loin quelque chose qui dirait "Viva la muerte"(?)...

tu te doutes bien que je pense avoir compris. il faut qu'a ton contact, j'apprenne la subtilité.

abrazo amigo!

ps: les vazahas de madagascar, sont aussi souvent "implacables" et forcément "impeccables" dans leurs gros 4X4!

Anonyme a dit…

Cher Chulo,
je reviens quelques minutes à un accès internautique pendant mes congés, et je viens de lire votre billet. Pourquoi "courroux juvénile" ? Parce que je n'ai pas pris la peine d'écire autrement que le style dans lequel l'idée me venait ? Oui, ça peu paraître juvénile, je le concède, mais étant dans une phase psychologique de forte misanthropie et d'un ras-le-bol assourdissant du paraître, je n'ai pas envie de faire quelque effort. Veuillez m'en excuser. Mais je persiste, cette idée de boycot me plaît. Quant au recyclage de franquistes au sein du PP, lorsque je militais dans ceux qui ce targuent, tels les tenants du dogme parfait, d'être les seuls détenteurs de progressisme (la gauche), j'ai pu constater le recyclage de communautaristes (donc anti-républicains) dans les rangs de cette gauche hexagonale. Personne n'est donc tout blanc.
Bonne continuation à vous, amitiés à Xavier, je retourne pour encore plusieurs jours loin de tout ordinateur.
Lionel