Humeurs taurines et éclectiques

mardi 3 août 2010

FAUT-IL CONTINUER D'ECRIRE?

Depuis deux ou trois mois, il n'aura échappé à personne une certaine inflexion de la «ligne politique», tant dans le contenant que dans le contenu, de notre cher président de l'O.N.C.T., Monsieur André.
Je dis Monsieur André, en allusion aux pratiques du milieu, où les truands de haut vol aimaient bien ce genre de manifestation de respect.
Diminuées les grandes envolées lyriques sur le «toro moderne», terminés les débats sur la pique andalouse, désormais Monsieur André donne plutôt dans le conventionnel et l'on pourrait presque souscrire à nombre de ses récents articles, sauf quand piètre mycologue, il se trompe parfois de champignons pour ses omelettes et délire sévère.
De même, nombre de thèmes abordés, d'argumentations utilisées, fruit de la réflexion de tous ces «petits blogs» qu'il méprise tant se retrouvent tels quels repris dans son discours.
Monsieur André, le fier Sicambre, pille sans vergogne (on dit verguenza en castillan) ce qu'il a brûlé et continue de brûler. Tout cela sans honorer de droits d'auteur et sans rendre à César ce qui lui appartient.
On ne pourrait que se réjouir de le voir ainsi revenir à de meilleurs sentiments, si ce n'est que professionnel de la volte-face et agent actif de ce mundillo qui porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle, il demeure capable de toutes les défections, ce qu'il a abondamment démontré ces dernières années.
Redisons le encore, le danger vient surtout de l'INTERIEUR et de l'aveuglement des taurinos qui ne travaillent qu'à la satisfaction de leurs profits.
Si la corrida doit mourir, c'est par cancer, nullement par exécution capitale.
Les «zantis» n'ont qu'à laisser faire et appuyer de temps en temps là où ça fait mal, histoire de raviver la blessure et éviter qu'elle ne cicatrise.
La Catalogne, en dépit du fait que le fond n'était nullement taurin, vient nous montrer que l'existence de la tauromachie demeure chose extrêmement précaire. Je ne partage nullement l'optimisme des adeptes de la méthode Coué qui pensent que la corrida en France n'est aucunement menacée. Ne serait-ce que parce que son existence dans le sud reste une tolérance, étayée sur un alinéas.
N'importe quel politicien démagogue -et Dieu sait s'il y en a- peut choisir de se «refaire la cerise» sur ce terrain là et d'ouvrir la boite de Pandore. Ce qui serait à mon avis politiquement très dangereux, car les réactions seraient sans doute très violentes: trop, c'est trop!
Comme la Rome décadente, la corrida en France est rongée DE L'INTERIEUR par l'affairisme, la démagogie et la communauté implicite d'intérêts entre des «zantis» qui n'existent que par la corrida, et les caciques de l'O.N.C.T. qui n'existent que par les «zantis».
Une superbe partie de «- Je te tiens, tu me tiens par la barbichette».
En voulez-vous une preuve simple, évidente et limpide?
Comment se fait-il qu'une organisation comme l'O.N.C.T., sensée représenter les intérêts d'une activité plus que rémunératrice, qui mobilise des sommes considérables, ne dispose pas des quelques milliers d'euros qui lui permette de fonctionner efficacement. Pas de site, pas de permanents, pas de secrétariat, pas de lobbying au niveau national ou européen. On en est réduit au badge et à l'hymne avant les corridas. On est loin de la conjuration des mémères à leurs toutous qui sacrifie un peu de la retraite des vieux pour alimenter copieusement la poignée d'activistes «zantis».
Si la corrida était REELLEMENT mise en péril par les «zantis», si vraiment le feu était à la baraque, on les verrait se démener et cracher au bassinet les maquignons du mundillo!
Les «zantis» également devraient y réfléchir à deux fois, afin de ne pas supprimer le fond de commerce qui justifie de leur existence. Disparu l'objet emblématique de leur aversion, les os qui leur resteront à ronger (gavage des palmipèdes, chasse, consommation de produits animaux) seront des morceaux autrement coriaces, parce que liés à l'économie et à l'essence même des cultures locales.
Pour revenir à la question de fond, est-il opportun d'alimenter par nos propos la réflexion et l'argumentaire du sieur Dédé? Une fois n'est pas coutume, je me réfèrerai à la tautologie Le Peniste: «préférer l'original à la copie» pour penser qu'il est grand temps que les aficionados, quelque soit leur sensibilité, s'organisent et se mobilisent pour que ceux qui prétendent à les représenter soit vraiment porteurs de leur parole et non de celle du mundillo.
En ce sens, l'O.N.C.T., ce «machin» qui veut réunir les loups et les añojos dans le même cercado, sera toujours inopérant parce que peu crédible, et aisément attaquable par les «zantis» qui ne se gêneront jamais, et ils auront raison, pour lui faire procès de défendre des intérêts lucratifs.
Qui peut attendre de Dédé le Boucalais qu'il s'en prenne à ce qui le fait vivre, à ceux qui le font vivre? Il a épuisé toute fiabilité et toute confiance et, loin de fédérer, ce qui serait l'objectif, il divise et stigmatise le rejet d'une faction importante et surtout la plus dynamique de l'aficion, celle qui écrit, pense, analyse, se positionne, se déplace.
Le problème de l'O.N.C.T., c'est celui de la confiance et de la crédibilité, mises à mal par la personne de son président qui parle parfois bien et agît souvent mal.
Le problème de son président c'est d'avoir asséné le 25 janvier 2010 devant le Sénat espagnol, entre autres billevesées: «ce n'est pas au spectacle taurin de s'adapter aux exigences d'un règlement inadapté, mais au règlement d'être conçu en fonction des besoins du spectacle que nous souhaitons produire.» (
http://bregaorthez.blogspot.com/2010/01/vers-un-munich-taurin.html)

Le premier et plus fondamental signal de la prise de conscience de la gravité de la situation, si tel est le cas, serait de nettoyer les écuries d'Augias et de virer tous les chevaux de retour plus ou moins vérolés qui se sont incrustés dans le «machin» (comme au sein de l'U.V.T.F.) pour en tirer les ficelles.
Faute de ce ménage salvateur, tous les discours larmoyants ne sont que propos hypocrites et fallacieux.
En attendant cet hypothétique et improbable sursaut, faut-il continuer d'écrire et de forger les armes des mercenaires?
Xavier KLEIN
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4 commentaires:

Vingtpasses a dit…

Très belle analyse, (comme d'habitude). L'outrance apparente du propos n'en est pas une, tant le constat est réaliste et le portrait ressemblant...

les blogs taurins sont tous autant de contrepoids indispensables à "l'aveuglement des taurinos et au danger qui vient de l'intérieur". Alors, écrivez ! Ce n'est pas le moment de lâcher.

Xavier KLEIN a dit…

Charles (Vingtpasses),
Vous ne faites pas mal dans votre genre non plus!!!
Analyses fines, justes et nuancées!
Peu maniable quant à la lecture des commentaires toutefois.
Chapeau bas...

Bernard a dit…

Cher Xavier,

Bien sûr qu'il faut continuer! Les blogs et l'Internet sont - et tu le sais, dans notre domaine d'aficion comme dans d'autres beaucoup plus vastes, l'assurance qu'une "mise au pas" des opinions (le "dormez bien bonnes gens!") est impossible à réaliser!

Être copié, voire "pillé" - y compris par celui(ceux) qui ne pense(nt) pas comme toi!?... La belle affaire, c'est au contraire une aubaine - un moyen indirect de faire passer tes idées...

Ne plus écrire? Tu en serais bien le premier marri...

Allez, on sait pas où on va, mais on y va!

Abrazo - Bernard

Jean-Paul Richier a dit…

XK : « On est loin de la conjuration des mémères à leurs toutous qui sacrifie un peu de la retraite des vieux (...) »

Thierry Hély est demandé à l'accueil.
Je répète, Thierry Hély est demandé à l'accueil.

XK : « Disparu l'objet emblématique de leur aversion, les os qui leur resteront à ronger (gavage des palmipèdes, chasse, consommation de produits animaux) seront des morceaux autrement coriaces, parce que liés à l'économie et à l'essence même des cultures locales. »

Rassurez-vous, le gavage des palmipèdes ne devrait pas résister trop longtemps.