Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 12 décembre 2008

Les TROLLS

Remise du prix Genova
«Nous vivons une époque moderne, le progrès fait rage»
Philippe Meyer

On est parfois sauvé par ses enfants.
Savez-vous ce qu'est un «troll»?
J'aurais pu mourir stupide, mais une récente conversation autour de la soupière familiale m'a récemment préservé d'une irrémédiable perdition corps et biens.
Je survivrai car désormais je sais ce qu'est un troll.
Néologisme né avec internet et les blogs, il qualifie sur un espace de discussion, un utilisateur qui cherche à créer une polémique en provoquant les participants par des messages provocants, insultants et souvent répétitifs sur des forums de discussion, pour susciter la colère des autres internautes.
Par extension, c'est aussi un message dont le caractère est susceptible de générer des polémiques ou est excessivement provocateur, sans chercher à être constructif.
Le mot «troll» peut également faire référence à un débat conflictuel dans sa globalité. Le terme «troll» provient, paraît-il, de l’expression trolling ou pêche à la traîne (ligne munie d’hameçons).
En bon français pour nos amis pécheurs, réticents à l'envahissement linguistique anglo-saxon, on parlerait de palangre, palangrotte ou palangreur.
Enfin, qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse!
La conversation familiale n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd et m'a ouvert quelques perspectives.
La saison hivernale laissant quelques repos coté cornus, il serait séant de s'activer utilement dans la chasse aux nuisibles et de lancer une grande battue aux trolls en tous genres. Et il n'en manque pas!
Car disons le tout go, sur le toronet, le troll croît, copule, se multiplie et pullule.
Le sujet est tellement vaste, la trollerie tellement établie qu'il nous faudra sans doute plusieurs mois pour l'épuiser. Des années peut-être, tant les mutations génétiques au gré des circonstances ou des opportunités affectent les trolls dans leurs discours, comme dans leurs manifestations.
Les trolls taurins ont leurs thèmes, leurs habitudes, leur baragouin bien spécifiques et éprouvés. En l’occurrence, ils se caractérisent par un manque total d’originalité et de créativité. D’aventure, un troll un peu mieux luné que les autres, dans l’euphorie d’une érection matinale ou suite à un pétard plus tassé qu’à l’ordinaire, accouche d’une idée lumineuse (ou imaginée telle). Dans la foulée, le chœur des trolls taurin reprend l’antienne à l’unisson. En effet le troll est par nature grégaire et suiveur. L’esprit critique, l’analyse, l’élévation du débat ne font guère son ordinaire. Il goûte les lieux communs, les idées reçues, les expressions toutes faites, le prêt-à-penser (qui les dispense de faire l'effort eux-mêmes), et se fait l'écho (du callejon?) de tous les poncifs poussiéreux et éculés. En résumé, le troll taurin est au débat taurin, ce que le bof est à la discussion de comptoir du Café du Commerce.
Les copains de Campos y Ruedos entament la retransmission en différé d'un dico taurin des plus savoureux, attaquons nous à la traduction de la sémantique trollique.
Ayatollah, آیت‌الله en persan peut se traduire par «signe de Dieu». C'est un haut dignitaire du clergé chiite, renommé pour sa sagesse, sa connaissance des textes et la pertinence de ses interprétations des écritures saintes de l'Islam.
Ayatollah pourrait donc être l'équivalent d'un évêque dans le monde chrétien. A la différence notable qu'un évêque est désigné par le Pape, alors qu'un ayatollah est «reconnu» par l'Oumma, c'est à dire la communauté des croyants. Faut-il être troll pour traiter quelqu'un d'évêque!
En outre, par delà des relents xénophobes peu ragoûtants, le ou les trolls qui ont usé de ce qu'ils tenaient comme un quolibet, affichent sans pudeur une inculture et une méconnaissance abyssales de ce dont ils prétendent parler. En effet, en Iran, nombre d'ayatollahs ont été pourchassés, persécutés, tués, emprisonnés pour s'être levés contre le fanatisme religieux de Khomeni et consorts.
L'ayatollah Hossein Ali Montazeri , par exemple (photo) est pourtant aujourd'hui, le principal dissident en Iran. Il a été placé en résidence surveillée entre 1997 et 2003 pour avoir critiqué le Guide Suprême et pour avoir plaidé en faveur de la séparation de la religion et de la politique. Il en va de même pour feu l'ayatollah Abou al-Qassem Moustafavi Kachani qui s'est battu pour l'émancipation de la tutelle coloniale anglaise et pour la nationalisation du pétrole sous le régime de Mohammad Mossadegh dans les années 50.
«Les ayatollahs ne sont pas ceux qu'on croie» ou «ce qu'on croie». On aimerait qu'en tauromachie, des autorités incontestées, cultivées, sages et reconnues se lèvent tels des ayatollahs (dans la vraie acception du terme) pour incarner une certaine authenticité, pour défendre les vrais fondamentaux, pour rappeler les vérités essentielles.
Il n'en est rien et seuls demeurent les imprécateurs qui substituent la caricature ou même l'injure à l'argumentation et à l'exercice de la pensée. Leur insignifiance devrait leur servir de paravent, mais comme le rappelait le maître Audiard: «Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît...».
Et puis qui est le pire ennemi connu des ayatollahs sinon un certain Georges W. BUSH? A tout prendre, on préfère encore le turban.

Xavier KLEIN


LECTURES CONSEILLEES
«De plus en plus, nos importations viennent de l'étranger.»
«Notre nation doit s'unifier pour se réunir»
«Nous sommes prêts pour tout événement imprévu qui pourrait ne pas se produire.»

Tiré des «Pensées» de G.W. BUSH

et bien sûr l'incontournable bible trollique: http://www.echoducallejon.com/article.php?id=4816

4 commentaires:

Ludovic Pautier a dit…

le mieux, le plus bien, le top grave c'est quand les crottes du cahier embrayent un paragraphe par ces mots : "avant de développer nos arguments"...en général c'est la pinte de rire assurée. ce "machin" est par -même salutaire et je soupçonne quelques fins tacticiens de s'être ,non pas associés, mais du moins non-dissociés de cette pétaudière afin de leurrer les opposants à certaines de leurs hégémonies.
dans un registre assez drôle j'ai voulu lancer une copie des actions des fatals flatteurs si chers à mon cher plan b auprès du grand timonier lumineux à la tête de cette incongruité flatulaire.
(cf : http://www.leplanb.org/numero-en-cours/les-fatals-flattes-s-enfoncent.html )
las, le forum de l'ego du callejon est tout sauf un enregistrement des commentaires en toute liberté. le collet est noué par un concept tout orwellien qui empêche ce genre d'initiatives d'aller plus loin que la publication de quelques messages éhonteusement flagorneurs mais perdus au milieu d'un flot de billevisées primaires, mal ficelées et publiées à retardement.tant pis !
plus sérieusement , je rappelle ou j'informe que le directeur de la revue papier portant le même nom que ce " site" (?) a été condamné pour utiisation frauduleuse de propriété intellectuelle. en clair il a pillé l'univers d'un artiste reconnu sans autorisation de diffusion pour sa propre publicité et son propre bénéfice. c'est juste pour situer le niveau du gazier.

ludo

Anonyme a dit…

Pour abonder sur ce qu'écrit Xavier, pas plus tard que cette semaine (et c'est véridique), j'assistai à une conférence sur la laïcité, où dans le public un réfugié iranien a pris la parole. Il se demandait,certes avec humour mais tout de même, si à la vue des atteintes récurrentes qui pillulent en nos contrées envers les valeurs laïques, donc envers la liberté absolue de conscience, le libre arbitre, si il ne devait pas poser acte d'asile politique dans son pays d'origine plutôt qu'ici.
Quant aux Trolls, je constate qu'ils ont été victimes de l'évangélisation catholique. Alors que les Trolls taurins, eux, cherchent à évangéliser la tauromachie.
Lionel

Marc Delon a dit…

je vais troller un peu : préfèrerai "trainard" que "palangreur" la traîne trollique laissant dans son sillage ce qui s'apparente plus à des ricochets inutiles venant titiller la torpeur internautique, qu'une palangrotte, quête à soutenir verticale, de trajet donc moins transversal et moins susceptible de ferrer un maximum de fretin puisque ne prospectant pas.
Mais il est vrai, concession de taile, que la traîne permet la pêche aux gros. Aux gros quoi ? Y'a d'la friture sur la ligne...

Anonyme a dit…

Aujourd'hui le trop lère cite son "confrère sud ouest" : la preuve que c'est un revisse terro reconnu par ses paires dédé mais aussi zozolalambic