En général, un bon stratège n’entreprend une bataille qu’avec la certitude de la remporter. C’est du moins le B-A-BA de tous les traités militaires.
Les grands esprits qui prétendent nous gouverner -tauromachiquement parlant- n’ont pas de ces finasseries. On donne dans la charge de la Brigade Légère à Balaclava («C’est magnifique, mais ce n’est pas de la guerre») ou la bataille de Courtrai, qui vit le massacre de la fleur de la chevalerie française. A moins que l’on n’ait décidé de «faire Camerone».
Depuis ce matin, j’entends ci ou là, qu’on m’interpelle: «Alors? La tauromachie patrimoine immatériel de l’Humanité?». Il paraît que les radios nationales en parlent. S’ensuivent des débats, pour ou contre, qui enflamment ma petite communauté scolaire. Le brûlot est mis à feu et navigue au gré des vents, nul ne sait quel camp il affectera.
Il faut absolument espérer que les choses en resteront là, et que medias et politiques ne s’empareront pas du sujet, soit par attrait du sensationnel (l’odeur du sang attire toujours les requins), soit pour trouver là un exutoire aux maux et déconvenues des temps, soit pour se créer une popularité à bon compte.
Car n’en doutons pas, le goût tauromachique n’est pas la chose la mieux partagée en France, et il faudrait craindre, comme je l’ai déjà avancé, qu’un referendum (ou même un sondage) vienne stigmatiser la chose. D’autant que l’on a vu comment nos hommes d’états actuels peuvent user de toutes les expédients de la démagogie pour éloigner d’eux la coupe vénéneuse de la crise.
Dire cela n’est nullement un repli honteux, mais c’est tout simplement prendre acte d’un rapport de force défavorable, qui devrait inciter à la circonspection.
La dernière grande échauffourée sur le sujet intervint lorsque la République se préoccupa, dans un grand élan de modernisme, de faire appliquer dans toute sa rigueur, la loi Grammont. S’ensuivirent les épisodes homériques qui virent s’affronter les maires du sud et les préfets de la République.
Les taurins avaient alors le dos au mur, et brandirent l’étendard des libertés et traditions locales. Le combat était alors vital et légitime.
Nous n’en sommes plus là. La population de nos communes est désormais très «métissée» (de concitoyens de tout le pays...) et ne présente plus ce caractère d’homogénéité culturelle et sociale qu’elle conservait au début du XXème siècle.
En outre, malheureusement, la corrida a perdu le soutien populaire local. La hausse disproportionnée et continue du prix des places depuis trente ans, complètement déconnectée de l’évolution du pouvoir d’achat, mais aussi la politique d’abonnement des grandes ferias, ont considérablement accru la proportion du public exogène. De fait, les classes défavorisées de notre société et surtout les jeunes, ne peuvent plus accéder, ou si peu, à une activité devenue élitiste.
Comment un allocataire du R.M.I. (454 euros pour une personne seule) ou un smicard (1051 euros net), qui peinent déjà à joindre les deux bouts, peuvent-il accéder à des abonnements dont les moindres sont à 100 euros (pour 5 corridas), s’il peuvent avoir la chance d’en trouver?
Et qu’on n’aille pas se lamenter hypocritement sur les «prix des fournisseurs». Ce sont là des choix délibérés, conséquences de la lutte féroce des grandes plazas, et d’un dessein sous-jacent limpide pour qui veut voir lucidement les choses.
En fait, tout cela obéit à une logique économique que nous développerons ultérieurement.
L’O.N.C.T., embarquant dans sa galère d’autres instances, dont l’U.V.T.F., a pris le risque d’un casus belli et d’ouvrir la boite de Pandore, tout cela pour permettre à son président d’assumer son fantasme: EXISTER. Espérons seulement que le retour prévisible du boomerang n’assommera pas le lanceur, et surtout ceux qui se trouvent à côté et qui n’ayant rien demandé se retrouveront à mener une guerre déclenchée par le faucon (faux???) de Vieux Boucau.
On verra alors qui montera au front et quels sont ceux qui se défileront prudemment après avoir claironné la charge. Les généraux sont rarement meurtris par les guerres.
Mais quand l’on parle de tout cela et qu’on mobilise contre l’adversaire, réel ou supposé, cela évite d’aborder d’autres sujets plus sensibles: l’afeitado des miuras, par exemple.
Les grands esprits qui prétendent nous gouverner -tauromachiquement parlant- n’ont pas de ces finasseries. On donne dans la charge de la Brigade Légère à Balaclava («C’est magnifique, mais ce n’est pas de la guerre») ou la bataille de Courtrai, qui vit le massacre de la fleur de la chevalerie française. A moins que l’on n’ait décidé de «faire Camerone».
Depuis ce matin, j’entends ci ou là, qu’on m’interpelle: «Alors? La tauromachie patrimoine immatériel de l’Humanité?». Il paraît que les radios nationales en parlent. S’ensuivent des débats, pour ou contre, qui enflamment ma petite communauté scolaire. Le brûlot est mis à feu et navigue au gré des vents, nul ne sait quel camp il affectera.
Il faut absolument espérer que les choses en resteront là, et que medias et politiques ne s’empareront pas du sujet, soit par attrait du sensationnel (l’odeur du sang attire toujours les requins), soit pour trouver là un exutoire aux maux et déconvenues des temps, soit pour se créer une popularité à bon compte.
Car n’en doutons pas, le goût tauromachique n’est pas la chose la mieux partagée en France, et il faudrait craindre, comme je l’ai déjà avancé, qu’un referendum (ou même un sondage) vienne stigmatiser la chose. D’autant que l’on a vu comment nos hommes d’états actuels peuvent user de toutes les expédients de la démagogie pour éloigner d’eux la coupe vénéneuse de la crise.
Dire cela n’est nullement un repli honteux, mais c’est tout simplement prendre acte d’un rapport de force défavorable, qui devrait inciter à la circonspection.
La dernière grande échauffourée sur le sujet intervint lorsque la République se préoccupa, dans un grand élan de modernisme, de faire appliquer dans toute sa rigueur, la loi Grammont. S’ensuivirent les épisodes homériques qui virent s’affronter les maires du sud et les préfets de la République.
Les taurins avaient alors le dos au mur, et brandirent l’étendard des libertés et traditions locales. Le combat était alors vital et légitime.
Nous n’en sommes plus là. La population de nos communes est désormais très «métissée» (de concitoyens de tout le pays...) et ne présente plus ce caractère d’homogénéité culturelle et sociale qu’elle conservait au début du XXème siècle.
En outre, malheureusement, la corrida a perdu le soutien populaire local. La hausse disproportionnée et continue du prix des places depuis trente ans, complètement déconnectée de l’évolution du pouvoir d’achat, mais aussi la politique d’abonnement des grandes ferias, ont considérablement accru la proportion du public exogène. De fait, les classes défavorisées de notre société et surtout les jeunes, ne peuvent plus accéder, ou si peu, à une activité devenue élitiste.
Comment un allocataire du R.M.I. (454 euros pour une personne seule) ou un smicard (1051 euros net), qui peinent déjà à joindre les deux bouts, peuvent-il accéder à des abonnements dont les moindres sont à 100 euros (pour 5 corridas), s’il peuvent avoir la chance d’en trouver?
Et qu’on n’aille pas se lamenter hypocritement sur les «prix des fournisseurs». Ce sont là des choix délibérés, conséquences de la lutte féroce des grandes plazas, et d’un dessein sous-jacent limpide pour qui veut voir lucidement les choses.
En fait, tout cela obéit à une logique économique que nous développerons ultérieurement.
L’O.N.C.T., embarquant dans sa galère d’autres instances, dont l’U.V.T.F., a pris le risque d’un casus belli et d’ouvrir la boite de Pandore, tout cela pour permettre à son président d’assumer son fantasme: EXISTER. Espérons seulement que le retour prévisible du boomerang n’assommera pas le lanceur, et surtout ceux qui se trouvent à côté et qui n’ayant rien demandé se retrouveront à mener une guerre déclenchée par le faucon (faux???) de Vieux Boucau.
On verra alors qui montera au front et quels sont ceux qui se défileront prudemment après avoir claironné la charge. Les généraux sont rarement meurtris par les guerres.
Mais quand l’on parle de tout cela et qu’on mobilise contre l’adversaire, réel ou supposé, cela évite d’aborder d’autres sujets plus sensibles: l’afeitado des miuras, par exemple.
Si, ce qu'à Dieu ne plaise, ces inquiétudes se voyaient confirmées, il faudrait en tirer des conséquences, et que des têtes tombent.
Xavier KLEIN
3 commentaires:
Je pense que vous prêchez , hélas, dans le désert. L'inénarable mène la danse. Il occupe le terrain en solitaire, confortablement assis aux commandes de l'ONCT.
Je partage votre avis. Il y a danger.
Je suis d'accord avec toi sauf sur une chose: le prix des places.
Si en effet je pense que le prix des places est beaucoup trop cher, que je ne suis pas forcément pour le système que les aficionados paient pour le reste des fêtes au détriment des cartels présentés, je pense tout de même que ce n'est (hélas) pas que le prix des places qui empêche les jeunes d'aller aux arènes. Etudiant avec peu de moyen je me payais malgré tout une vingtaine de corridas/novilladas dans la temporada + l'essence et le reste. Tout est question de priorité ! En revanche, contrairement à mes amis je ne dépensais pas mon argent en resto, boite de nuit et sorties diverses. Mon budget toros passait en priorité. Quand on veut on peut. C'est triste mais le smicard ne part pas en vacances, ne se pait pas de places de concert ni de théâtre. C'est regrettable mais c'est la vie. chacun fait avec ses moyens. Les places de matches de rugby (tournoi des VI Nations par ex) ne sont pas données non plus. Pourtant des jeunes en achètent.
Les toros n'intéressent que peu les jeunes...tout le problème est là. C'est le manque d'aficion et pas d'argent...à mon avis.
me suena a "pandora and the flying dutchman".
serait-il un brin volant ( et les déclinaisons s'ensuivent ) et haut-landais l'inné narrable dont on peut penser qu'il est celui que tu suggères ?
autrement siffloté :aux patries moines de l'humanité , le non jaurés de la pensée éternellement non reconnaissable mais détectable sous chaque billevesée.
bien à toi, don xavier.
ludo
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