Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 4 septembre 2009

EVOLUTION OU DUPLICITE?

«Le paradis terrestre, où tous les gens s'aimeraient, où ils seraient courtois et aimables, où tout serait beau et évoluerait harmonieusement à la satisfaction du Seigneur, n'existera jamais.»

Vaclav HAVEL, «Méditations d’été»


Qu'on ne songe nullement que je sois, peu ou prou, obnubilé par certains sites et par les sympathiques plumitifs qui les animent.
Certains ne sauraient passer la journée sans une étude approfondie du Midi Olympique, d'autres ne louperaient pour rien au monde les derniers caquètements du Canard Enchaîné, d'aucuns, plus pervers éprouvent quelques émois solitaires à la lecture de Valeurs Actuelles ou de l'Observatore Romano (excellent quotidien au demeurant!).
En ce qui me concerne, pendant longtemps, je me suis régalé plus classiquement de la compagnie du Monde, mais le digne vieillard n'étant plus ce qu'il était, je me rabats donc sur la presse régionale et le suivi attentif des nouvelles locales distillées par Monsieur Eric (Normand) et Mlle Aurélie (Champagne) pour savourer les péripéties de leur competencia orthezienne.
En matière de tauromachie, ce m'est un grand délassement, à la nuit tombée, au chant des grillons et des grenouilles (les unes boulottant les uns), que de consulter les dernières nouvelles du front interneto-taurinesque.
Je clique donc sur la liste adjacente du présent blog, au gré des nouveautés.
Parfois, je le confesse bien honteusement, comme on se commet au bouge, je me risque même à fréquenter certains échos callejonesques, sources de plaisirs vulgaires voire grassement populaciers. Qui n'a jamais donné dans la «Danse des Canards», entraîné par un tonton paillard ou une luronne hystérique?
Mais l'on ne saurait clore ces saines lectures sans un passage obligé à Tore Terrine, source de toutes les surprises et de tous les ravissements (lien ci-contre).
Ne me dîtes surtout pas que vous n'en faites pas de même, on ne vous croirait pas...
Pour une fois je m'abstiendrai, de toute critique excessive (la mouche s'en occupe mieux que moi).
Dans un article intitulé: «VOYAGE VIRTUEL», l'auteur, un boxeur bien connu, après les quelques délires un tantinet paranoïdes dont il est souvent coutumier, où l'on est sommé d'apprécier la taille de ses archives, l'exclusivité de ses informations ou l'immensité de l'œuvre entreprise, se confie avec l'ingénuité d'une pucelle dans son journal intime.
On apprend donc que derrière la rude et sévère figure du champion acharné de l'O.N.C.T. se cache pudiquement, oui disons-le sans artifices, une bluette éperdue d'aventures insensées et romantiques.
Dédé était toriste et nous ne le savions pas!
Certes pour l'initié sagace, on pouvait déceler depuis quelques temps, une -comment dire- certaine inflexion de la ligne du parti.
«On» délaissait progressivement le discours sur le «toro moderne», passablement mis à mal -il faut bien le dire- par les réalités (mais là aussi gardons nous d’enterrer le sujet: les années se suivent et ne se ressemblent pas et il est aussi stupide de tirer des conclusions hâtives sur ces élevages «de figuras», que sur la supposée «décadence» de Miura ou de Victorino).
«On» se montrait plus critique à l’endroit de la soseria ambiante.
«On» entamait un discret et opportun rapprochement tactique avec des plazas connotées toristas (Céret).
«On» se confiait quant au lieu des pèlerinages de rigueur, des plazas fréquentables, des must indispensables, et ma foi, passées les nécessités de satisfaire les commanditaires de la «réclame», les conseils ne manquaient souvent ni de goût, ni de gueule, ni de pertinence (à part l’anathème jeté sur Orthez, bien sûr!).
«On» avoue enfin ses intérêts véritables: «[…] Prieto de la Cal, Moreno de Silva, José Buendia et le ganadero de Valdellan […]». Toutes choses belles et bonnes que les lecteurs de ces lignes ne sauraient désavouer.
Au train où les choses avancent, à quand le grand frisson amoureux, l'idylle toride avec Folque de Mendoça Palha? Gardez-moi un produit de l'étreinte...
Et c’est là que le bât blesse.
Virerait-«on» sa cuti? Opèrerait-«on» un virage idéologique qui ne dirait pas son nom? Brûlerait-«on» ce qu’«on» a adoré et adorerait-«on» ce qu’«on» a brûlé.
Car le bougre s'y entend, et s'il y a des vérités qu'on ne peut lui enlever, c'est d’une part l’intelligence, et d’autre part une connaissance fine et approfondie du sujet... Ce qui ne rend le dévoiement de ses positions que plus affligeant et contestable.
De quatre choses l’une:
Ou bien «on» vit un véritable syndrome inconscient schizophrène de césure entre ce qu'«on» aime réellement, et ce qu’«on» promeut publiquement.
Ou bien «on» fait preuve d’un cynisme à toute épreuve: «- Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais!».
Ou bien «on» s’est gouré, et il serait honnête, franc et loyal de reconnaître son erreur.
Ou bien, enfin, le décalage entre des positions inacceptables pour la majorité de l’aficion «active», non pas celle qui remplit les arènes, mais celle qui s’investit et garnit les gros bataillons de la militance possible, devient-il intenable tant pour le président de l’O.N.C.T. que pour le rédacteur de revue. Décalage qui impose des révisions incontournables, sous la pression de la base, et de ses compagnons «observateurs».
Entre ces diverses options faut-il choisir, au risque du procès d’intention gratuit et infondé?
Je m’y refuse, balançant sans cesse entre l’espérance et le constat désabusé des turpitudes. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne nourris aucun ressentiment personnel et n’entretiens aucun compte à solder avec «on». La réciproque n’étant pas vraie.
Partagé selon les circonstances entre le sourire amusé, l’irritation momentanée, voire la colère passagère, je demeure toujours surpris de constater combien l’empire de la passion, et en l’occurrence de la pulsion peut obérer les esprits les plus talentueux et l’exercice efficace de leur industrie. Constat sur autrui comme sur bibi-ma pomme, bien que je ne prétende à aucun talent exceptionnel. Comme les gens intelligents peuvent agir connement!
C’est pitié!
Certes l’activité taurine doit procéder d’une distanciation indispensable. Combien de problèmes de notre communauté humaine s’avèrent infiniment plus fondamentaux! Mais elle s’inscrit dans notre culture du sud comme un symptôme, une pierre de touche de nos valeurs et de l’évolution de notre société. La tauromachie est une métaphore éminemment révélatrice tant dans son essence, que dans la tolérance que la société veut bien lui concéder.
Il n’y a pas de petits combats. La démocratie, l’exercice du droit constituent un équilibre précaire et sans cesse à construire sur la globalité de l’éventail de l’activité des hommes.
On aimerait, qu’y compris dans ses aspects périphériques, même si les toros sont affaire de passion, la raison et osons le mot, la SAGESSE, demeurent la clef de notre action publique. La sagesse ne s’incarnant pas dans l’acceptation fataliste et passive des faits, mais dans l’action réfléchie, déterminée et pondérée, voire combative.
Tant l’homme que le président de l’O.N.C.T. peuvent-ils s’amender et satisfaire à ces exigences?
Il nous faut le croire, il nous faut l’espérer, devant des cieux qui s’assombrissent et la nécessité, sinon d’une «union sacrée» utopique (la tauromachie est diverse et prête naturellement à débats et polémiques), du moins d’un recentrage sur l’essentiel quant au fond et une pratique de la tolérance, de la concertation et de l’esprit fédérateur quant à la forme (qui excluent les positions tranchées individuelles).
André Viard doit oublier Dédé, être au clair de son désir, et se hausser à la hauteur de ses responsabilités.
Il en aurait la carrure, en aura t-il l’ambition? Et surtout la possibilité, tant il est vrai que le pire ennemi d’André, c’est Dédé, comme celui de Gainsbourg était Gainsbarre?


Xavier KLEIN

7 commentaires:

Anonyme a dit…

"Brûlerait-«on» ce qu’«on» a adoré et adorerait-«on» ce qu’«on» a brûlé."
Le Fier Sicambre !!! (et meuse)…

alain Lagorce

Anonyme a dit…

Vous écrivez :
"et s'il y a des vérités qu'on ne peut lui enlever, c'est d’une part l’intelligence, et d’autre part une connaissance fine et approfondie du sujet..."
Tout est dit et le reste est fondamental.
Aussi.


JPc
aficion33.free.fr (juste pour ne pas être traité de cafard)

Anonyme a dit…

Maaaaaaaais... n'est-ce pas en disant la chose et son contraire dans la même année, peut-être dans le même discours voire dans la même phrase par cette putasserie de richesse de la langue française que Miterrand est arrivé à être président de la république de notre beau pays ??? Dédé a retenu la leçon et est toujours du côté du triomphe. Casassien quoi... C'est ça les grands communicateurs (qui niquent d'ailleurs plus qu'ils ne communient puisque la phonétique m'y invite...)

Anonyme a dit…

Evolutivation ou Duplicitude ?

Ludovic Pautier a dit…

voui mais si viard s 'bourre alors viard s'barre ?

ludo

Xavier KLEIN a dit…

Déchaînés les supporters de Vermot...
Ah le cas Viard!

Bernard a dit…

Xavier,

Il y a aussi la version "Âge rit (riz?): décevoir Cibelle en son miroir"...

Je promets que je n'ai rien fumé avant, mais sache au moins que riz n'est dû qu'à mon actuelle présence arlésienne (la "concours" de vendredi, et 150 ans de Yonnet ça se fête!)... Peut-être te raconterai-je.

Bien à toi, et toutes nos pensées aux artisans orthéziens qui "maintiennent"

Bernard