Pour changer un peu, une reseña à ma manière, c’est à dire impressionniste.
Les sympathiques membres de la Peña Joseph Peyré avaient enfilés le smoking pour célébrer la journée qu’ils avaient organisés hier 8 mars, à Arzacq.
Les choses avaient été soigneusement préparées et il faut louer ces efforts et ces espoirs que l’aficion porte sur le sable. Surtout quand ils sont récompensés par un après-midi des plus agréables.
L’exercice était difficile: comment concilier les rêves et la réalité économique d’une placita de 1200 places, qui, même comble, ce qui était le cas, n’autorise pas les plateaux de luxe?
Pierre-Marie Meynadier (origine Domecq-Nuñez) avait expédié en colis recommandé sans accusé de réception 4 novillos (dixit le ganadero) de très honnête présentation, que certains commentateurs ont vu toros.
Un excellentissime premier toro «moderne» (entrée fracassante à tous points de vue, mort instantanée sur une «estocade de burladero») et un échantillon représentatif de toutes les possibilités offertes par la mala casta constituaient l’aspect moral d’un lot dont il faut souligner la bonne forme physique et les charges souvent violentes.
Suivaient 2 sucres d’orges de la ganaderia Pages-Mailhan (origine Santa Coloma-Palardé), de format beaucoup plus réduit, pour les deux jeunots locaux.
Si certains y trouvent motif à frustration, en ce qui me concerne, je me satisfait toujours de ces toros compliqués qui permettent d’évaluer l’aptitude des toreros à résoudre les problèmes posés.
Malheureusement, si tout le monde peut composer la figure, peu savent réellement l’art de la lidia.
A Arzacq, cette évidence s’imposa de manière éclatante.
Passons rapidement sur la fadeur de Francisco MARCO, mal servi il est vrai par un OVNI (objet vivant non identifié) des frères Bats.
Passons un peu moins vite sur l’inconsistance d’Antonio Joao Ferreira, préoccupé de vaincre avant que d’avoir combattu, et qui se sentit obligé de nous infliger un de ces tercios de banderilles parfaitement inapproprié avec un toro qui ne s’y prêtait nullement.
A ce propos, premier avis pour dénoncer cette tendance pénible des toreros-banderilleros modernes à se faire placer péniblement la bestiole par le petit personnel. Il me paraît qu’un caballero qui décide de banderiller doit être seul en piste, placer son toro ou le prendre où il est, en adaptant la suerte à la circonstance.
Au lieu de quoi, on assista à une pléthore de capotazos inutiles voire néfastes et toujours laborieux.
Passons plus lentement encore sur la prestation très inquiétante de Julien Lescarret, qui n’a trouvé ni le rythme, ni la distance, ni surtout l’aguante propres à s’imposer devant un toro de sentido (et même de genio). Les qualités humaines ne sauraient pallier l’insuffisance des qualités taurines. Ce garçon, tout de gentillesse et d’intelligence, sous la pression et la peur, abdique les ressources de l’analyse et se prend d’une fébrilité antinomique à sa fonction.
Rien n’est perdu sans doute, mais il lui faudrait adopter la voie d’un travail redoublé tant technique que moral pour espérer survivre dans les ruedos. Au lieu de quoi, les faux amis l’encensent, le rassurent et le trompent, et ce ne sont pas les trophées de complaisance qui le porteront à se questionner. L’illustration parfaite fût sans doute ce toro d’Hoyo de la Gitana, à coté duquel il passa complètement pendant la feria de Dax, tout en en étant récompensé.
Avec un toro qui aurait demandé calme, sang-froid et impavidité, il fût électrique, approximatif et vibrionnant.
Puis vint Fernando Cruz.
Les sympathiques membres de la Peña Joseph Peyré avaient enfilés le smoking pour célébrer la journée qu’ils avaient organisés hier 8 mars, à Arzacq.
Les choses avaient été soigneusement préparées et il faut louer ces efforts et ces espoirs que l’aficion porte sur le sable. Surtout quand ils sont récompensés par un après-midi des plus agréables.
L’exercice était difficile: comment concilier les rêves et la réalité économique d’une placita de 1200 places, qui, même comble, ce qui était le cas, n’autorise pas les plateaux de luxe?
Pierre-Marie Meynadier (origine Domecq-Nuñez) avait expédié en colis recommandé sans accusé de réception 4 novillos (dixit le ganadero) de très honnête présentation, que certains commentateurs ont vu toros.
Un excellentissime premier toro «moderne» (entrée fracassante à tous points de vue, mort instantanée sur une «estocade de burladero») et un échantillon représentatif de toutes les possibilités offertes par la mala casta constituaient l’aspect moral d’un lot dont il faut souligner la bonne forme physique et les charges souvent violentes.
Suivaient 2 sucres d’orges de la ganaderia Pages-Mailhan (origine Santa Coloma-Palardé), de format beaucoup plus réduit, pour les deux jeunots locaux.
Si certains y trouvent motif à frustration, en ce qui me concerne, je me satisfait toujours de ces toros compliqués qui permettent d’évaluer l’aptitude des toreros à résoudre les problèmes posés.
Malheureusement, si tout le monde peut composer la figure, peu savent réellement l’art de la lidia.
A Arzacq, cette évidence s’imposa de manière éclatante.
Passons rapidement sur la fadeur de Francisco MARCO, mal servi il est vrai par un OVNI (objet vivant non identifié) des frères Bats.
Passons un peu moins vite sur l’inconsistance d’Antonio Joao Ferreira, préoccupé de vaincre avant que d’avoir combattu, et qui se sentit obligé de nous infliger un de ces tercios de banderilles parfaitement inapproprié avec un toro qui ne s’y prêtait nullement.
A ce propos, premier avis pour dénoncer cette tendance pénible des toreros-banderilleros modernes à se faire placer péniblement la bestiole par le petit personnel. Il me paraît qu’un caballero qui décide de banderiller doit être seul en piste, placer son toro ou le prendre où il est, en adaptant la suerte à la circonstance.
Au lieu de quoi, on assista à une pléthore de capotazos inutiles voire néfastes et toujours laborieux.
Passons plus lentement encore sur la prestation très inquiétante de Julien Lescarret, qui n’a trouvé ni le rythme, ni la distance, ni surtout l’aguante propres à s’imposer devant un toro de sentido (et même de genio). Les qualités humaines ne sauraient pallier l’insuffisance des qualités taurines. Ce garçon, tout de gentillesse et d’intelligence, sous la pression et la peur, abdique les ressources de l’analyse et se prend d’une fébrilité antinomique à sa fonction.
Rien n’est perdu sans doute, mais il lui faudrait adopter la voie d’un travail redoublé tant technique que moral pour espérer survivre dans les ruedos. Au lieu de quoi, les faux amis l’encensent, le rassurent et le trompent, et ce ne sont pas les trophées de complaisance qui le porteront à se questionner. L’illustration parfaite fût sans doute ce toro d’Hoyo de la Gitana, à coté duquel il passa complètement pendant la feria de Dax, tout en en étant récompensé.
Avec un toro qui aurait demandé calme, sang-froid et impavidité, il fût électrique, approximatif et vibrionnant.
Puis vint Fernando Cruz.
photo Laurent LARRIEU
Quand je vois Fernando, je…
Et il y a de quoi.
Avec sa modestie et sa retenue, Fernando a remis les pendules à l'heure et les points sur les "i". Son toro n’était pas meilleur que les autres, mais si les autres se sont attachés à faire des passes, Fernando, seul a lidié. Et de quelle manière somptueuse quant à son sens du rythme, de la distance, du placement.
Quand d’autres accueillent par véroniques (avec pasito atras systématique, une nouvelle mode), Fernando entame le travail de soutier adapté à la mansedumbre en reculant capote déployé et en apprenant au toro le plaisir qu’il peut trouver à s’y engager.
Quand d’autres veulent forcer le toro à se plier à une faena préconçue, Fernando se rend disponible, écoute, entend, s’adapte et joue juste.
Son toro n’avait que 12 passes dans le ventre, il lui en a tiré 15, créant ce qui n’existait pas, exprimant une substantifique moelle improbable.
15 passes, mais des vraies passes, allurées, pesantes, efficaces. De celles qui laissent un toro dominé, sans avoir besoin de muletazos superflus pour la mise en suerte de matar.
Fernando ne fait pas des passes pour faire des passes, il TOREE.
Et il y a de quoi.
Avec sa modestie et sa retenue, Fernando a remis les pendules à l'heure et les points sur les "i". Son toro n’était pas meilleur que les autres, mais si les autres se sont attachés à faire des passes, Fernando, seul a lidié. Et de quelle manière somptueuse quant à son sens du rythme, de la distance, du placement.
Quand d’autres accueillent par véroniques (avec pasito atras systématique, une nouvelle mode), Fernando entame le travail de soutier adapté à la mansedumbre en reculant capote déployé et en apprenant au toro le plaisir qu’il peut trouver à s’y engager.
Quand d’autres veulent forcer le toro à se plier à une faena préconçue, Fernando se rend disponible, écoute, entend, s’adapte et joue juste.
Son toro n’avait que 12 passes dans le ventre, il lui en a tiré 15, créant ce qui n’existait pas, exprimant une substantifique moelle improbable.
15 passes, mais des vraies passes, allurées, pesantes, efficaces. De celles qui laissent un toro dominé, sans avoir besoin de muletazos superflus pour la mise en suerte de matar.
Fernando ne fait pas des passes pour faire des passes, il TOREE.
photo Laurent LARRIEU
Que dire de plus, que les novices (le tandem DULLON-GUIFAU) qui suivirent feraient mieux d’observer cette maîtrise et cette exigence plutôt que de subir la logorrhée de conseils superficiels qui accompagnait leurs faenas. Avec un bémol toutefois pour Matthieu GUILLON, qui me semble plus sérieux, réfléchi et prometteur dans son approche.
Ils sont très jolis et très sympathiques les apprentis, avec les accessoires indispensables de leurs rêves, la gomina, le coche de cuadrillas ou les beaux trajes de campo.
Peut-être un peu surprotégés certes, mais si enjôleurs, si tendance.
Après l’élimination programmée du premier tercio, serait-ce le second qui se verrait menacé?
Même omniprésence du peonage qui intervient à tort et à travers, y compris pendant la faena pour fixer un torito que leur technique superficielle n’a pas réussi à contenir.
Car là est tout le problème. Ils viennent là traduire en gestes dérisoires la faena des songes de la nuit précédente, les 3 cambiadas qu’ils ont goûté chez Castella, les 4 redondos de Perera, le pecho de Tomas.
Ils viennent aux toros comme ces godelureaux qui se rendent pimpants au rendez-vous galant, prévoyant d’attaquer la belle par «la pince du homard taquin», la besognant avec la «brouette yougoslave» pour terminer glorieusement avec le «triple enfourchement à la Sardanapale», et s’ébrouer comblés avec un: «- Alors, heureuse?». Etonnez-vous après que les femmes feignent, et que les ventes de vibros explosent!
Lecteur qui jouit de quelque expérience, dis leur que les choses ne se passent jamais ainsi dans le royaume de la volupté. Que l’union parfaite se construit de l’écoute attentive de l’autre, de ses désirs, de ses besoins et du don gratuit qu’on lui consent.
Il faut laisser son esprit disponible, libre de choisir à tout instant au gré des nécessités successives. Le toreo est l’art de l’éphémère et de l’opportunité saisis au vol par les ressources de la technique et de l’entraînement. Toi, lecteur avisé dis leur de quitter l'illusion trompeuse que les hommes satisfont les femmes (ou les toros, pardon du parallèle mesdames), mais que les femmes (comme les toros, repardon) jouissent avec qui, quand et comment elles le désirent.
Qui leur dira sinon toi Fernando?
Ils ont magnifiquement tué, se sont enivrés d’oreilles complaisantes, mais les leurs sont restées scellées au murmure de ton toreo.
Xavier KLEIN
9 commentaires:
Ah...tu vois ce Fernando hein... je te l'avais dis...
quant au "don gratuit qu'on lui consent" là tu as rendu au moins quelques dizaines de femmes amoureuses de toi : va falloir gérer maintenant...d'autant qu'après avoir vu fernando comme tu l'as suggéré tu... enfin...relire...
Bon sinon je suis déçu je pensais que la resena impressioniste était ma spécialité...
Marc,
Je voudrais platement m'excuser de cette concession impardonnable à ma mysoginie fondamentale.
Quant à la bisexualité virtuelle que nous portons tous, ce n'est plus un secret que pour les imbéciles...
Relis la fin, il y a un rajout qui ne devrait pas manquer de te plaire.
fernando cruz est un des rares récipiendaires du toreo "caro".
ole y arsa por el !
les photos de laurent larrieu respirent tout cela.
quant à la reseña impressioniste, je dis toujours qu'en toutes circonstances, avoir deux spécialistes, c'est plutôt mieux qu'un seul .
ludo, bisensosexuel,sans me vanter, juste après quelques années d'observations, donc (puisqu'il faut décliner ces inclinations ).
bisensosexuel, je ne vois pas le truc!stricto sensu évidemment!
Oh-là Ludo comme tu y vas : c'est que je ne suis spécialiste de rien moi, pas du tout, nada, oualou, not at all...alors là non dis donc .
Même pas spécialiste de moi-même style touche à tout et version bon à rien.
je me disais bien aussi Xavier que cette mode des sex toys, ces petits canards vibrants pour le bain et ces capotes à la fraise à bas-relief intégré, ces anorexiques présentées comme l'idéal féminin, que tout ça ne semblait pas très jouissif : serions nous devenus des vieux cons ?
bi senso sexuel? ça y est j'ai trouvé ludo et xavier!
what else?
Je suis heureux d'apprendre la bonne actuación de Fernando Cruz. Il fait partie des toreros de mi corazon et j'espère qu'on aura l'occasion de le voir dans notre sud-ouest au cours de la temporada...
Aprés autant de masturbations entre quelques uns de votre site et de autant d'agressivité systématique sur Viard ,sur des jeunes pleins d'espoirs,aficionados et dont le travail mérite le respect ,sur la terre entiére de la corrida j'en ai mmarre de vous lire et vous enléve de mes favoris!!
il faut bien que vous aussi vous ayez la sanction que vous avez l'habitude de decerner à d'autres
Mais je viendrais quand même à Orthez.
Heureux de lire ta vision du festival d'Arzacq... pas si impressionniste que ça d'ailleurs.
Comme tu t'en doute je ne partage pas ta vision du spectacle sur le fonds; encore moins sur la forme.
je relèverais trois points de désaccord:
Comparer les prestations d'un matador de toro et deux novilleros sortants de la novillada sans picador. Allons Xavier un educateur comme toi! Soyons sérieux.
Ces deux novilleros ont des personnalités très différentes et un toreo déjà emprunt de celles ci. Après tu as le droit de ne pas aimer. Mais les qualificatifs de "surprotégés" "tendance" "godelureaux" sont du domaine du procès d'intention condescendant (j'envoie du lourd sur ce coup ci).
Tu n'as donc jamais assisté à un entrainement chez Richard, le mot de protection n'est pas adapté... promis.
Enfin j'ai apprécié la fermeté de Fernando Cruz, mais cette facilité à finir le muletazo à mi-hauteur, sans doute imposée par l'âpreté du bicho me quitte l'émotion. Et de là à ce que cette prestation t'ai produit l'émoi déplacé exprimé dans tes lignes, je n'y vois que de la programmation neuro linguistique (pas mal celle là aussi).
Hors cette polémique, plus due à l'histoire d'une mouche ou plutot de deux mouches dans l'intimité, me parait artificiel. Mais je ne suis pas sur qu'elle implique l'aficionado libre penseur plutot que le président de la commission taurine d'Orthez.
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