Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 9 janvier 2009

RAUL VELASCO

"Seul est digne de la vie celui qui chaque jour part pour elle au combat."
Goethe
Il faut absolument lire le blog de Florent.
Pourquoi?
Parce ce qu'il dit est fin, intelligent, pertinent et en outre remarquablement écrit, ce qui le pare de qualités rares de nos jours. Surtout parmi les contemporains de son âge qui maîtrisent mieux un langage SMS pitoyable que les canons de notre belle langue. En outre, Florent est un jeune homme, la nouvelle génération d'aficionados.
On ne peut que se réjouir de vivre une époque qui, en dépit de la crise économique, en dépit du réchauffement planétaire, en dépit des incertitudes, permet techniquement à un talent de se révéler et de s'exprimer. Il y a 20 ans, avant l'avènement d'internet et des blogs, on aurait méconnu Florent.
C'eût été bien fâcheux.
Ambitionner ainsi la maîtrise du fond comme de la forme est un heureux présage pour l'avenir.
En ce qui concerne l'article sur Raul Velasco, il confirme d'autres échos qui se multiplient.
Le dernier en date provient d'Adolfo Rodriguez Montesinos, ganadero de troisième zone pour les pitoyables tenants d'un toro moderne inconsistant. Homme d'honneur, de conviction et autorité incontestée en matière de Santa Coloma pour ceux qui ne se contentent pas des produits de supermarchés et pensent que la corrida est et doit demeurer un combat.
Toros du lot d'Adolfo Montesinos
J'ai discuté hier avec Adolfo, qui justement me disait combien il avait été impressionné par la fougue, la motivation et l'art de Velasco, à plusieurs reprises, et notamment devant ses propres toros.
Il en est pour qui, les toreros sont trop vieux, trop expérimentés, trop jeunes, trop inexpérimentés, trop ci, trop ça. En fait, pas du tout conformes avec le cursus du bon petit torero, lui aussi moderne. Bientôt on exigera un CV, une lettre de motivation et des diplômes dûment délivrés par l'académie Chopera ou le cours Jalabert.
Pauvre Manuel Benitez! Pauvre Rafaël de Paula! Ils sont légions ceux qui selon ce type d'argumentation fallacieuse, n'auraient pas leurs places dans les arènes.
Ou bien faut-il, comme nous y a cordialement enjoint un ex torero retraité, lors de la dernière réunion de l'Association des organisateurs de corridas et novilladas du Sud-Ouest, nous résoudre à nous entourer du conseil avisé des apoderados pour un choix du bétail adapté au niveau des chères têtes blondes de la novilleria française.
En clair, ce n'est plus au toreros de s'adapter au toros mais le contraire.
On prétend désormais régenter les choix des organisations: ce qu'il convient de montrer et ce qu'il faut bannir.
On croit rêver!
Comment? Le choix personnel, le libre arbitre, l'engagement, ce vent âpre et sauvage de liberté dans ce qui reste l'un des derniers espaces de risque et d'aventures de notre société devrait être endigué, contenu, réglementé, régenté au nom d'une soumission à une hypocrisie morale ou pire à une imposture intellectuelle?
La corrida parle AUSSI ET SURTOUT de combat, de mort, de souffrance, de peur. Elle ne saurait être le gentil étalage de platitude artistique, devant des gentils toros pour un gentil public qu'on veut nous faire consommer passivement.
Si certains se refusent à cette vérité fondamentale, se réfugient dans la duperie, celle qui consiste à penser et à dire qu'un spectacle (définition du dictionnaire: ce qui se montre, s'exhibe, s'expose au regard) tel que la corrida ne saurait s'accommoder du voyeurisme (terme de psychologie: action d'assister et de regarder un spectacle érotique ou morbide).
Au risque de choquer ceux des lecteurs qui restent sur des conceptions moralisatrices, je le postule: oui l'aficionado est un voyeur!
Il y a ceux qui l'assument et en sont conscients et il y a ceux qui refusent de reconnaitre ce qui se niche et vît dans le secret de leur âme, ou qui cherchent désespérément à le camoufler sous des mots creux ou des contre-vérités moralement et socialement acceptables.
Avec Friedrich Nietzsche, Sigmund Freud, mais aussi Jack London, Ernest Hemingway et tant d'autres chercheurs de vérités, il faut revendiquer une certaine humanité, celle d'une vérité intérieure complexe qui fait le deuil de la morale pour se regarder telle qu'elle est, sans fards et sans complaisance.
Raul Velasco veut décider de son destin, il choisit une voie de vie. Il veut se battre et connaitre l'intensité des émotions, il veut dévorer à pleine dents la chair pulpeuse du risque, connaître l'ivresse du danger. En lui s'affrontent Eros et Thanatos, la pulsion de vie et la pulsion de mort, comme depuis l'aube des temps.
Et puis un homme qui décide à Madrid de se couper la colleta séance tenante parce qu'il considère qu'il a démérité est un joyau de pundonor qu'il faut célébrer.
Heureux Florent qui a su percevoir cela!
D'autres restent aveugles et sourds.
Xavier KLEIN

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Le langage de Florent est à l'image de l'aficionado: pureté, rigueur, spontanéité, exigence clairvoyante et l'authenticité, observation pointilleuse, conclusions objectives dans l'unique préoccupation de la survie de la corrida.
Un surdoué de l'aficion, comme il en faudrait beaucoup: qui fait oeuvre ô combien utile parmiles jeunes bloggers qui lui rendent visite.

A l'opposé de ceux qui, tels le gourou du vieux boucau, entre langue de bois et embrouilles en tous genres, s'évertuent à s'ériger en prétendus sages au-dessus de la mêlée des spectateurs aficionados.
Pour mieux imposer leurs désirs maléfiques de réformes et de liquidation de la lidia vers quoi tendent leurs actes et leurs écrits: duperie, tartufferie, il ose même invoquer l'authenticité qu'il piétine et combat pied à pied

Le comble : il se pose en recours pour protéger "les otages obligés de cautionner les dérives" qui constituent des excès.
Quels excès ? Dans le fatras d'un discours destiné à étaler sa culture auprès de ses chers abonnés, relevons le voyeurisme des toristas, les corridas-happening (!!!), les toreros atteints par la limite d'âge, le déséquilibre entre les types de spectacles, les uns servant de contrepoint ( contrepoids ?) aux autres.... Si les toreros qui échouent ou qui ne sont pas à la hauteur devant certains élevages n'ont pas de contrats, c'est la faute aux voyeurs.
Pas aux organisateurs, éleveurs, apodérados, mundillo et mundillitos

Il dénonce aussi - je cite- "la recherche perverse de provoquer un déséquilibre entre les deux adversaires...." ( SIC !) L'édito du jour étant d'un bout à l'autre du même bois, comprenne qui pourra, ou alors, ce discours doit s'adresser à une élite, pas à nous, humbles aficionados : je souhaite bien du plaisir aux abonnés du maître.
Pour comprendre la corrida, pour mesurer l'aficion dans son authenticité, entre le blog de FLORENT et celui d'un manipulateur de vérité, il n'y a pas photo.

Anonyme a dit…

Bizarre qu'en huit jours, deux posts ne paraissent pas !

Anonyme a dit…

Bel article comme d'habitude, merci aussi pour Florencio que je lis depuis plusieurs moi et que j'apprécie beaucoup.

Anonyme a dit…

Vaut mieux deux Florent qu'un bruno!!!!!

Xavier KLEIN a dit…

Pedrito, excuse-moi mais j'étais absent depuis 3 jours.
Bruno, tu es unique et inquantifiable!

Anonyme a dit…

Les santa coloma semblent vouloir revenir en force. Mouvement de balancier assez classique en matière taurine. Rien, dans le fond ne peut plus me ravir davantage, moi qui suis un inconditionnel de cet encaste lorsqu'il reste dans le morphotype.
La question est: qui pour les toréer?
Va t'on les confiner dans des novilladas de tous les dangers, entre les mains de novilleros sans recours, alors qu'il leur faut des lidiadores?
Quel torero de "catégorie" les affrontera vraiment?
Résisteront t'ils aux commentaires éclairés, destructeurs, télécommandés par la "casa domecq"?
Remplira t'on les arènes avec des cartels à priori peu "taquileros" ou "bankables"?
Bref, dans ce "mundillo" amateur de "putadas" en tous genres, nos chers "petits" "colomenos" trouveront t'ils réellement leur place?
C'est tout le débat.

Xavier KLEIN a dit…

Chulo,
Effectivement, tu poses bien le problème. Qui pour les toréer?
En ce qui concerne les toreros, nous avons la chance de nous trouver dans un créneau où abondent les noms possibles pour ce type de bétail, ce qui n'était pas le cas il y a 10 ans.
Possibles pour être au cartel mais possibles pour savoir lidier. C'est une autre paire de manches?
Pour la novillada, la chose est encore plus problématique vu qu'on forme plus des gens qui savent enchaîner de jolies passes avec des bonbons sans problèmes de JPD que de réels lidiadors qui toréent réellement. Nous ferons au mieux.