Depuis deux jours je défuncte.
Toux qui déchire les bronches, sinus plus engorgés que la N10 une veille de vacances, cabeza cougourdesque, ratiches que l'on compte une par une -y compris celles tombées depuis lurette au champ d'honneur de la roulette- et festival de castagnettes sous les grelottages intensifs.
La totale vous dis-je! Avec toutes les options d'une grippe de cérémonie, de celles qui vous rappelle avec bonheur que nous sommes bien peu de choses ma bonne dame!
Cultivant l'hédonisme (tendance Montaigne), je m'emploie par réflexe salvateur à toujours trouver un aspect positif aux évènements, même ceux qu'on pourrait supposer néfastes.
La maladie engendre souvent, une propension à la spiritualité. Elle vient réveiller en nous les vieilles peurs, de celles qui obligent à penser pour ne pas demeurer dans le fantasme.
Car n'est-ce pas cela être civilisé et conscient: substituer la parole à la pulsion?
Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de titiller quelques-uns des amis lecteurs de ce blog, non pas dans un esprit de provocation, mais pour leur donner à penser.
En effet, cela fait quelque temps que je lis avec amusement sur pas mal de blogs amis, une propension croissante à afficher, de manière ostentatoire, des professions de foi anti-religieuses.
Comme si l'athéisme ou l'irreligion faisait naturellement partie du package de la modernité engagée, les impétrants se laissent souvent aller au plaisir subtil et assassin de l'allusion complice, comme s'il était évident et naturel que leur convictions soient universellement admises et partagées. Comme si l'athéisme n'était pas aussi une forme de croyance aussi peu fondée par les faits que le déisme (il est aussi impossible de prouver l'existence de Dieu que son inexistence!).
N'ayant jamais remarqué de propos particulièrement pro-religieux ou proselytes sur les susdits blogs, j'en tire le constat qu'il y aurait a priori une droit et une légitimité naturelle à exposer son athéisme, son scepticisme ou son agnosticisme alors que toute prise de position dans le sens opposé serait scandaleuse. En d'autres termes, quelles seraient les réactions si quelqu'un «d'en face» se permettait de se positionner avec autant de certitude et de mâle assurance?
Or il se fait que bien que ma nature profondément laïque (séparation des champs de la conviction personnelle et de l'action publique) y répugne profondément, je me trouve dans la bien triste mais indispensable obligation de confesser mon appartenance obstinée à l'église catholique, apostolique et romaine.
Toux qui déchire les bronches, sinus plus engorgés que la N10 une veille de vacances, cabeza cougourdesque, ratiches que l'on compte une par une -y compris celles tombées depuis lurette au champ d'honneur de la roulette- et festival de castagnettes sous les grelottages intensifs.
La totale vous dis-je! Avec toutes les options d'une grippe de cérémonie, de celles qui vous rappelle avec bonheur que nous sommes bien peu de choses ma bonne dame!
Cultivant l'hédonisme (tendance Montaigne), je m'emploie par réflexe salvateur à toujours trouver un aspect positif aux évènements, même ceux qu'on pourrait supposer néfastes.
La maladie engendre souvent, une propension à la spiritualité. Elle vient réveiller en nous les vieilles peurs, de celles qui obligent à penser pour ne pas demeurer dans le fantasme.
Car n'est-ce pas cela être civilisé et conscient: substituer la parole à la pulsion?
Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de titiller quelques-uns des amis lecteurs de ce blog, non pas dans un esprit de provocation, mais pour leur donner à penser.
En effet, cela fait quelque temps que je lis avec amusement sur pas mal de blogs amis, une propension croissante à afficher, de manière ostentatoire, des professions de foi anti-religieuses.
Comme si l'athéisme ou l'irreligion faisait naturellement partie du package de la modernité engagée, les impétrants se laissent souvent aller au plaisir subtil et assassin de l'allusion complice, comme s'il était évident et naturel que leur convictions soient universellement admises et partagées. Comme si l'athéisme n'était pas aussi une forme de croyance aussi peu fondée par les faits que le déisme (il est aussi impossible de prouver l'existence de Dieu que son inexistence!).
N'ayant jamais remarqué de propos particulièrement pro-religieux ou proselytes sur les susdits blogs, j'en tire le constat qu'il y aurait a priori une droit et une légitimité naturelle à exposer son athéisme, son scepticisme ou son agnosticisme alors que toute prise de position dans le sens opposé serait scandaleuse. En d'autres termes, quelles seraient les réactions si quelqu'un «d'en face» se permettait de se positionner avec autant de certitude et de mâle assurance?
Or il se fait que bien que ma nature profondément laïque (séparation des champs de la conviction personnelle et de l'action publique) y répugne profondément, je me trouve dans la bien triste mais indispensable obligation de confesser mon appartenance obstinée à l'église catholique, apostolique et romaine.
Eh oui cher amis, il en reste encore de ces entêtés tenants de l'obscurantisme et de la superstition!
Ceci dit, si l'on veut bien sortir des poncifs (croisades, Inquisition, etc.) ou des caricatures pour entrer avec subtilité dans le sujet, la position n'est guère inconfortable.
Le problème de notre époque c'est l'acculturation et la pensée sommaire et trop souvent réduite au slogan. Je suis historien de formation et la pratique de cette sciences nous apprend différents petits détails superfétatoires: séparer ce qui relève du fait et ce qui relève de l'opinion, ne pas porter de jugement moral, replacer dans le contexte. On apprend également que la manière dont on écrit l'histoire et dont on l'enseigne n'est ni neutre, ni innocente.
Ainsi, il est vain et stupide de juger des hommes du passé avec les critères et les jugements de valeur des hommes d'aujourd'hui. Tout au plus peut-on juger, avec infiniment de discernement et de prudence de leurs actes.
Je participais il y un an à un colloque sur la colonisation et l'esclavage et sur la manière la plus appropriée de les enseigner. Comment expliquer de manière rationnelle à nos chères têtes blondes que les heures de gloire de la colonisation ont été portées par la gauche française, de Jules Ferry «le tonkinois» à François Mitterrand, apôtre de la «pacification» dans l'Algérie française?
Dans un autre registre, comment leur faire comprendre que les «hussards noirs», le fer de lance (nullement andalouse) de la République laïque et progressiste ont largement et consciencieusement conditionné les jeunes esprits de la Belle Epoque à leur rôle de chair à canon dans le splendide carnage de 14? Verdun s'est préparé dans les salles d'école...
Comme tous les protagonistes de la vie politique peuvent réclamer leur prix à la grande tombola de l'imposture historique, qui se souvient encore que le PC, «parti des 75000 fusillés (en fait il n'y en eût pas plus de 4000), à commencé la guerre de 39 en appelant les conscrits à mettre la crosse en l'air, puis l'a poursuivie par une demande d'autorisation de publication de l'Humanité auprès des autorités allemandes d'occupation?
Eh oui! Jusqu'à la rupture du pacte germano-soviétique, Adolphe et Joseph (Georges) marchaient la main dans la main, y compris pour dépecer la pauvre Pologne.
Le mensonge historique ne s'arrête pas là. Les français ont toujours eu du mal à regarder, les yeux dans les yeux, leur histoire. Ce n'est pas le moindre de leur charme, mais passées les frontières, cela prête souvent à sourire.
Ainsi, la laïcité à la gauloise, célébrée comme une valeur universelle et la panacée à tous les maux de l'intolérance, ne l'est qu'en France. C'est un concept typiquement et uniquement français. Encore n'est-il pas appliqué partout sur notre territoire. Plusieurs de nos terroirs y échappent: le régime concordataire survit en Alsace-Moselle, la charia à Mayotte, mais aussi une multitude d'exceptions en Guyane, Polynésie, Saint Pierre et Miquelon, Nouvelle Calédonie ou Wallis et Futuna.
Pourquoi la France s'est-elle ainsi distinguée d'autres pays de même tradition catholique (Espagne, Italie, Autriche)? Il faut en chercher l'origine dans l'acte fondateur que constitue la Révolution Française et dans la manière dont on l'a «mis en histoire».
Il faut même remonter aux sources du christianisme qui présente une originalité de taille par rapport aux autres monothéismes. En effet pour le monde chrétien, les textes fondamentaux de la Bible sont d'INSPIRATION divine, alors que pour l'islam et le judaïsme, ils représentent des textes DICTES par Dieu. Les Evangiles (Bonne Nouvelle) sont, tant par leur contenu que par leur forme, et a fortiori par leur appellation, à la fois un témoignage et un écrit apologétique. Ils peuvent donc être objet d'interprétation et de critique, ce qui n'est pas le cas pour les juifs ou les musulmans. Le christianisme est ainsi ouvert aux évolutions, que rien n'empêche dans les textes fondateurs.
La séparation entre le spirituel et le temporel est présente dans le christianisme dés les origines et se fonde entre autres sur le célèbre «Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.» Matthieu XXII,21.
C'est une véritable révolution dans un monde où toute différenciation entre le domaine du politique et celui du religieux est absolument inconcevable dans la mentalité et la pensée antique.
C'est la récupération politique du christianisme par le pouvoir impérial sous Constantin et Justinien qui fonde une confusion entre les deux pouvoirs dans une fusion cesaropapiste.
Toute l'histoire de la «Chrétienté» depuis cet épisode politique jusqu'au siècle dernier restitue la longue lutte entre le pouvoir temporel (empereur, roi) et le pouvoir spirituel (papauté) pour parvenir à la situation contemporaine.
Cette évolution s'est traduite par une succession de conflits (Guelfes et Gibelins, gallicanisme et ultramontanisme, papauté avignonnaise, etc.) et de crises (Renaissance, Réforme, Lumières).
Une autre erreur fondamentale est de considérer l'Eglise comme monolithique. Là aussi, depuis les prémices, l'église montre une grande diversité de visages, de points de vue et de pratiques. L'église des pauvres de Saint François d'Assise, de St Vincent de Paul, de l'Abbé Pierre ou de Soeur Théresa a toujours plus ou moins bien cohabité avec une église mystique (Maître Eckart, Saint Jean de la Croix, Sainte Thérèse d'Avila) ou une église des prélats et des puissants. Sans entrer dans de complexes traités de théologie, des oeuvres cinématographiques comme «Mission», «La controverse de Valladolid» ou «Le nom de la Rose» témoignent de ces différentes perceptions et de ces tensions internes au christianisme.
C'est la Révolution qui institue en France la rupture entre le catholicisme et l'idée républicaine.
Quand les représentants du clergé se rendent aux Etats Généraux, ils se répartissent entre haut et bas clergé. Une forte minorité du premier est plutôt favorable aux réformes. Imbibés de l'esprit des Lumières, cultivés et conscient qu'une évolution doit se faire jour, des grands prélats comme Jérôme Champion de Cicé, Anne Louis Henri de La Fare (initiateurs de la déclaration des Droits de l'homme), emmenés par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun seront des chevilles ouvrières de la Révolution en marche.
Mais c'est le mouvement du Bas Clergé très sensible à la condition du peuple et qui selon les critères actuels était très majoritairement «à gauche» qui par son ralliement au Tiers Etat, déclenche la Révolution. L'église de France, gallicane et progressiste prend toute sa place dans l'Histoire.
L'abbé Sièyès, l'abbé Grégoire, Jean-Baptiste Pierre Saurine, Anne Alexandre Marie Thibault deviennent dès lors des personnages centraux du mouvement révolutionnaire. Ils entretiennent l'enthousiasme des débuts, notamment lors de la nuit de l'Abolition des Privilèges (4 août 1789) où ils jouent un rôle clef.
Le problème, c'est que la Révolution s'emballe et commence à «dévorer ses enfants». Une première crise éclate avec la promulgation de la «Constitution Civile du Clergé», c'est à dire une fonctionnarisation du clergé et une mainmise affirmée du politique sur le spirituel. Cette position est inacceptable pour de nombreux catholiques qui, pourtant, adhéraient aux objectifs originels de la Révolution. La France cléricale se scinde entre prêtres jureurs et réfractaires. Les derniers qui refusent de prêter serment au nom de leur loyauté envers la papauté, se voit poursuivis, emprisonnés, mis à mort.
La crise s'accélère avec la Terreur de la Commune de Paris, les délires de Robespierre, et l'oeuvre de déchristianisation de l'an II. Les églises sont fermées et sécularisées, les prêtres déportés ou assassinés, les religieux contraints à abjurer leurs vœux, les croix et images pieuses détruites, les fêtes religieuses interdites, les agendas supprimés, les tombaux royaux ou des saints sont profanés et l'interdiction du culte public et privé imposée. On institue le culte de l'Être Suprême. Ils n'y ont pas été avec le dos de la cuillère les camarades sans-culottes, tout en finesse et en subtilité!
Tout cela ne va pas sans conséquences. Les zones périphériques se révoltent. La Bretagne et la Vendée se soulèvent. Des représentants en mission (Fouché, Tallien, Couthon, Collot d'Herbois, Fréron, etc.) appliquent une répression terrible et sanglante dans les provinces. Les «colonnes infernales» du Général Turreau se livrent à de véritables génocides.
En 4 ans, de 1789 à 1793, les excès d'une infime minorité d'ultras parisiens ont rejeté une communauté catholique initialement favorable aux idées nouvelles, dans le giron de la contre-révolution durant tout le XIXème siècle et posé les bases d'un conflit qui va empoisonner la difficile marche de la France vers la démocratie. Il faudra la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 pour sortir de cette longue opposition et voir les catholiques se rallier à la République.
Il est assez amusant de constater la fierté des français pour la «Grande Révolution» en contraste des regards des autres européens qui y voient surtout, un abominable et inutile bain de sang qui a conduit à une dictature militaire. Ailleurs on a également su régler ces problèmes, avec moins d'hémoglobine, de souffrances, de conflits.
Nous vivons sur une série de mythes fondateurs mensongers dont nous n'avons jamais vraiment su sortir pour considérer sereinement notre histoire.
Les prises de positions françaises confinent souvent au ridicule tellement la croyance prévaut sur la réalité.
Ainsi en fût-il du débat sur les «racines chrétiennes de l'Europe», qui m'a semblé surréaliste. Car il incarnait un déni absolu de réalité.
Que notre continent fût durant plus de 6 siècles profondément modelé par le christianisme n'est pas une opinion, c'est un fait.
Que les valeurs auxquelles nous nous référons soient un héritage direct du christianisme n'est pas une opinion, c'est un fait.
Ces valeurs chrétiennes ont d'ailleurs tellement pénétrées nos esprits, nos systèmes, nos lois, que la plupart de nos contemporains se trouve dans l'incapacité d'en reconnaître l'origine.
Je suis républicain, social et laïque et j'assume l'héritage de la République, ses bienfaits et ses erreurs, la colonisation, les guerres, les pleins pouvoirs donnés à Pétain, la lâcheté de Munich ou l'abandon de la Pologne.
Je suis français et j'assume l'héritage de la patrie qui m'a vu naître, qui m'a nourri, qui m'a transmis son histoire, sa culture, le long et sinueux parcours effectué par les rois, les serfs, les bourgeois, les prolétaires depuis l'aube du sentiment national. Je célèbre ceux qui se sont levés, ont lutté, ont cru à un destin commun, qu'ils s'appellent Vercingétorix, Jeanne d'Arc, Louis XI, Henri IV, Louis XIV, Molière, Voltaire, Condorcet, Danton, Bonaparte, Hugo, Louise Michel, Zola, Jaurès, Clémenceau, Blum, Mendes France, De Gaulle, etc.
Je suis un homme et j'assume l'héritage de mes pères, avec ses aspects positifs et négatifs. J'assume à parité le patrimoine de l'humanité, d'Auschwitz au Mahatma Gandhi, de l'immonde au sublime.
Je suis catholique et j'assume l'héritage et la foi de mes frères, dans le doute, dans le questionnement, dans la remise en cause, sans chercher à l'imposer pour autant.
Je suis catholique et je milite pour le mariage des prêtres, le ministère des femmes, une théologie du plaisir, une religion centrée sur l'accueil et l'ouverture à l'autre, sur le partage.
Le Christ n'est pas le chromo d'un blondinet au yeux bleus, mais celle d'un charpentier aux mains calleuses, qui fréquente les putes, les mauvais garçons, les salauds, les abandonnés, les utopistes, et qui ne cesse de voir en eux des chefs d'oeuvres d'humanité.
Si la collaboration, l'esclavage ou la torture en Algérie ne me rendent pas indigne d'être français, pourquoi l'Opus Dei, Torquemada, ou Giordano Bruno me rendraient-ils indigne d'être catho?
Quand donc en finirons-nous avec l'infantilisme d'une pensée bipolaire et manichéenne? Avec l'illusion que nous avons le monopole du bien penser, du bien agir, de la bonne conscience. Contre Sartre, j'affirme que l'enfer (et le paradis), c'est nous même. Refuser notre part sombre, c'est refuser notre humanité et se mentir.
Quand donc cesserons-nous enfin de considérer ce qui nous sépare pour aller à la rencontre de l'altérité et entendre de l'Autre sa différence et sa richesse?
Pour moi, c'est cela le grand idéal humaniste, et sur cela tous peuvent s'accorder.
Ceci dit, si l'on veut bien sortir des poncifs (croisades, Inquisition, etc.) ou des caricatures pour entrer avec subtilité dans le sujet, la position n'est guère inconfortable.
Le problème de notre époque c'est l'acculturation et la pensée sommaire et trop souvent réduite au slogan. Je suis historien de formation et la pratique de cette sciences nous apprend différents petits détails superfétatoires: séparer ce qui relève du fait et ce qui relève de l'opinion, ne pas porter de jugement moral, replacer dans le contexte. On apprend également que la manière dont on écrit l'histoire et dont on l'enseigne n'est ni neutre, ni innocente.
Ainsi, il est vain et stupide de juger des hommes du passé avec les critères et les jugements de valeur des hommes d'aujourd'hui. Tout au plus peut-on juger, avec infiniment de discernement et de prudence de leurs actes.
Je participais il y un an à un colloque sur la colonisation et l'esclavage et sur la manière la plus appropriée de les enseigner. Comment expliquer de manière rationnelle à nos chères têtes blondes que les heures de gloire de la colonisation ont été portées par la gauche française, de Jules Ferry «le tonkinois» à François Mitterrand, apôtre de la «pacification» dans l'Algérie française?
Dans un autre registre, comment leur faire comprendre que les «hussards noirs», le fer de lance (nullement andalouse) de la République laïque et progressiste ont largement et consciencieusement conditionné les jeunes esprits de la Belle Epoque à leur rôle de chair à canon dans le splendide carnage de 14? Verdun s'est préparé dans les salles d'école...
Comme tous les protagonistes de la vie politique peuvent réclamer leur prix à la grande tombola de l'imposture historique, qui se souvient encore que le PC, «parti des 75000 fusillés (en fait il n'y en eût pas plus de 4000), à commencé la guerre de 39 en appelant les conscrits à mettre la crosse en l'air, puis l'a poursuivie par une demande d'autorisation de publication de l'Humanité auprès des autorités allemandes d'occupation?
Eh oui! Jusqu'à la rupture du pacte germano-soviétique, Adolphe et Joseph (Georges) marchaient la main dans la main, y compris pour dépecer la pauvre Pologne.
Le mensonge historique ne s'arrête pas là. Les français ont toujours eu du mal à regarder, les yeux dans les yeux, leur histoire. Ce n'est pas le moindre de leur charme, mais passées les frontières, cela prête souvent à sourire.
Ainsi, la laïcité à la gauloise, célébrée comme une valeur universelle et la panacée à tous les maux de l'intolérance, ne l'est qu'en France. C'est un concept typiquement et uniquement français. Encore n'est-il pas appliqué partout sur notre territoire. Plusieurs de nos terroirs y échappent: le régime concordataire survit en Alsace-Moselle, la charia à Mayotte, mais aussi une multitude d'exceptions en Guyane, Polynésie, Saint Pierre et Miquelon, Nouvelle Calédonie ou Wallis et Futuna.
Pourquoi la France s'est-elle ainsi distinguée d'autres pays de même tradition catholique (Espagne, Italie, Autriche)? Il faut en chercher l'origine dans l'acte fondateur que constitue la Révolution Française et dans la manière dont on l'a «mis en histoire».
Il faut même remonter aux sources du christianisme qui présente une originalité de taille par rapport aux autres monothéismes. En effet pour le monde chrétien, les textes fondamentaux de la Bible sont d'INSPIRATION divine, alors que pour l'islam et le judaïsme, ils représentent des textes DICTES par Dieu. Les Evangiles (Bonne Nouvelle) sont, tant par leur contenu que par leur forme, et a fortiori par leur appellation, à la fois un témoignage et un écrit apologétique. Ils peuvent donc être objet d'interprétation et de critique, ce qui n'est pas le cas pour les juifs ou les musulmans. Le christianisme est ainsi ouvert aux évolutions, que rien n'empêche dans les textes fondateurs.
La séparation entre le spirituel et le temporel est présente dans le christianisme dés les origines et se fonde entre autres sur le célèbre «Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.» Matthieu XXII,21.
C'est une véritable révolution dans un monde où toute différenciation entre le domaine du politique et celui du religieux est absolument inconcevable dans la mentalité et la pensée antique.
C'est la récupération politique du christianisme par le pouvoir impérial sous Constantin et Justinien qui fonde une confusion entre les deux pouvoirs dans une fusion cesaropapiste.
Toute l'histoire de la «Chrétienté» depuis cet épisode politique jusqu'au siècle dernier restitue la longue lutte entre le pouvoir temporel (empereur, roi) et le pouvoir spirituel (papauté) pour parvenir à la situation contemporaine.
Cette évolution s'est traduite par une succession de conflits (Guelfes et Gibelins, gallicanisme et ultramontanisme, papauté avignonnaise, etc.) et de crises (Renaissance, Réforme, Lumières).
Une autre erreur fondamentale est de considérer l'Eglise comme monolithique. Là aussi, depuis les prémices, l'église montre une grande diversité de visages, de points de vue et de pratiques. L'église des pauvres de Saint François d'Assise, de St Vincent de Paul, de l'Abbé Pierre ou de Soeur Théresa a toujours plus ou moins bien cohabité avec une église mystique (Maître Eckart, Saint Jean de la Croix, Sainte Thérèse d'Avila) ou une église des prélats et des puissants. Sans entrer dans de complexes traités de théologie, des oeuvres cinématographiques comme «Mission», «La controverse de Valladolid» ou «Le nom de la Rose» témoignent de ces différentes perceptions et de ces tensions internes au christianisme.
C'est la Révolution qui institue en France la rupture entre le catholicisme et l'idée républicaine.
Quand les représentants du clergé se rendent aux Etats Généraux, ils se répartissent entre haut et bas clergé. Une forte minorité du premier est plutôt favorable aux réformes. Imbibés de l'esprit des Lumières, cultivés et conscient qu'une évolution doit se faire jour, des grands prélats comme Jérôme Champion de Cicé, Anne Louis Henri de La Fare (initiateurs de la déclaration des Droits de l'homme), emmenés par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun seront des chevilles ouvrières de la Révolution en marche.
Mais c'est le mouvement du Bas Clergé très sensible à la condition du peuple et qui selon les critères actuels était très majoritairement «à gauche» qui par son ralliement au Tiers Etat, déclenche la Révolution. L'église de France, gallicane et progressiste prend toute sa place dans l'Histoire.
L'abbé Sièyès, l'abbé Grégoire, Jean-Baptiste Pierre Saurine, Anne Alexandre Marie Thibault deviennent dès lors des personnages centraux du mouvement révolutionnaire. Ils entretiennent l'enthousiasme des débuts, notamment lors de la nuit de l'Abolition des Privilèges (4 août 1789) où ils jouent un rôle clef.
Le problème, c'est que la Révolution s'emballe et commence à «dévorer ses enfants». Une première crise éclate avec la promulgation de la «Constitution Civile du Clergé», c'est à dire une fonctionnarisation du clergé et une mainmise affirmée du politique sur le spirituel. Cette position est inacceptable pour de nombreux catholiques qui, pourtant, adhéraient aux objectifs originels de la Révolution. La France cléricale se scinde entre prêtres jureurs et réfractaires. Les derniers qui refusent de prêter serment au nom de leur loyauté envers la papauté, se voit poursuivis, emprisonnés, mis à mort.
La crise s'accélère avec la Terreur de la Commune de Paris, les délires de Robespierre, et l'oeuvre de déchristianisation de l'an II. Les églises sont fermées et sécularisées, les prêtres déportés ou assassinés, les religieux contraints à abjurer leurs vœux, les croix et images pieuses détruites, les fêtes religieuses interdites, les agendas supprimés, les tombaux royaux ou des saints sont profanés et l'interdiction du culte public et privé imposée. On institue le culte de l'Être Suprême. Ils n'y ont pas été avec le dos de la cuillère les camarades sans-culottes, tout en finesse et en subtilité!
Tout cela ne va pas sans conséquences. Les zones périphériques se révoltent. La Bretagne et la Vendée se soulèvent. Des représentants en mission (Fouché, Tallien, Couthon, Collot d'Herbois, Fréron, etc.) appliquent une répression terrible et sanglante dans les provinces. Les «colonnes infernales» du Général Turreau se livrent à de véritables génocides.
En 4 ans, de 1789 à 1793, les excès d'une infime minorité d'ultras parisiens ont rejeté une communauté catholique initialement favorable aux idées nouvelles, dans le giron de la contre-révolution durant tout le XIXème siècle et posé les bases d'un conflit qui va empoisonner la difficile marche de la France vers la démocratie. Il faudra la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 pour sortir de cette longue opposition et voir les catholiques se rallier à la République.
Il est assez amusant de constater la fierté des français pour la «Grande Révolution» en contraste des regards des autres européens qui y voient surtout, un abominable et inutile bain de sang qui a conduit à une dictature militaire. Ailleurs on a également su régler ces problèmes, avec moins d'hémoglobine, de souffrances, de conflits.
Nous vivons sur une série de mythes fondateurs mensongers dont nous n'avons jamais vraiment su sortir pour considérer sereinement notre histoire.
Les prises de positions françaises confinent souvent au ridicule tellement la croyance prévaut sur la réalité.
Ainsi en fût-il du débat sur les «racines chrétiennes de l'Europe», qui m'a semblé surréaliste. Car il incarnait un déni absolu de réalité.
Que notre continent fût durant plus de 6 siècles profondément modelé par le christianisme n'est pas une opinion, c'est un fait.
Que les valeurs auxquelles nous nous référons soient un héritage direct du christianisme n'est pas une opinion, c'est un fait.
Ces valeurs chrétiennes ont d'ailleurs tellement pénétrées nos esprits, nos systèmes, nos lois, que la plupart de nos contemporains se trouve dans l'incapacité d'en reconnaître l'origine.
Je suis républicain, social et laïque et j'assume l'héritage de la République, ses bienfaits et ses erreurs, la colonisation, les guerres, les pleins pouvoirs donnés à Pétain, la lâcheté de Munich ou l'abandon de la Pologne.
Je suis français et j'assume l'héritage de la patrie qui m'a vu naître, qui m'a nourri, qui m'a transmis son histoire, sa culture, le long et sinueux parcours effectué par les rois, les serfs, les bourgeois, les prolétaires depuis l'aube du sentiment national. Je célèbre ceux qui se sont levés, ont lutté, ont cru à un destin commun, qu'ils s'appellent Vercingétorix, Jeanne d'Arc, Louis XI, Henri IV, Louis XIV, Molière, Voltaire, Condorcet, Danton, Bonaparte, Hugo, Louise Michel, Zola, Jaurès, Clémenceau, Blum, Mendes France, De Gaulle, etc.
Je suis un homme et j'assume l'héritage de mes pères, avec ses aspects positifs et négatifs. J'assume à parité le patrimoine de l'humanité, d'Auschwitz au Mahatma Gandhi, de l'immonde au sublime.
Je suis catholique et j'assume l'héritage et la foi de mes frères, dans le doute, dans le questionnement, dans la remise en cause, sans chercher à l'imposer pour autant.
Je suis catholique et je milite pour le mariage des prêtres, le ministère des femmes, une théologie du plaisir, une religion centrée sur l'accueil et l'ouverture à l'autre, sur le partage.
Le Christ n'est pas le chromo d'un blondinet au yeux bleus, mais celle d'un charpentier aux mains calleuses, qui fréquente les putes, les mauvais garçons, les salauds, les abandonnés, les utopistes, et qui ne cesse de voir en eux des chefs d'oeuvres d'humanité.
Si la collaboration, l'esclavage ou la torture en Algérie ne me rendent pas indigne d'être français, pourquoi l'Opus Dei, Torquemada, ou Giordano Bruno me rendraient-ils indigne d'être catho?
Quand donc en finirons-nous avec l'infantilisme d'une pensée bipolaire et manichéenne? Avec l'illusion que nous avons le monopole du bien penser, du bien agir, de la bonne conscience. Contre Sartre, j'affirme que l'enfer (et le paradis), c'est nous même. Refuser notre part sombre, c'est refuser notre humanité et se mentir.
Quand donc cesserons-nous enfin de considérer ce qui nous sépare pour aller à la rencontre de l'altérité et entendre de l'Autre sa différence et sa richesse?
Pour moi, c'est cela le grand idéal humaniste, et sur cela tous peuvent s'accorder.
Xavier KLEIN
9 commentaires:
Il se passe des choses étranges...
Déjà quand j'avais vu votre photo devant les arènes avec Marc j'avais trouvé que vous lui ressembliez physiquement.Puis en regardant votre profil j'avais souris en voyant que vous étiez dans l'enseignement. J'apprends dans votre article que vous avez une formation universitaire d'historien...Mais là où c'est vraiment trop fort c'est qu'en vous lisant j'ai l'impression de l'entendre! Vous êtes sur que vous n'avez que la grippe?... Votre blog de ce matin j'ai l'impression que c'est lui qui vous l'a dicté pour que je le lise.Pour pas que j'oublie ma ligne de conduite pour pas que je perde de vue mes repères.C'est comme si vous étiez son fils spirituel.Cet homme c'était mon père et il est mort il y 5 ans....
isa
Très belle leçon d’histoire, instructive et rafraîchissante à souhait pour la mémoire. Excellente historiographie (dans son sens de documentation historique relative à une question) présentée par Xavier. Dans la liste des personnages qui se sont levés, personnellement j’y ajoute Jean Zay, qui malheureusement est trop méconnu. Mais une question, pourquoi Giodarno Bruno mentionné au même titre que l’Opus Dei et Torquemada ? Aurai-je mal compris ce que j’ai pu lire sur lui ?!
Ce n’est pas le lieu d’entrer dans une argumentation qui s’avèrerait trop fastidieuse pour répondre à ce texte, et je préfère de loin pouvoir exprimer mon ressenti de vive voix de crainte d’être trop mal compris par écrit. Je dirai simplement Xavier, qu’à titre personnel je ne crois pas faire d’amalgame, et si je peux donner cette impression je m’en excuse. Ce n’est pas parce que l’Opus Dei a été élevé en prélature suprême par le précédent Pape, que je crache sur les catholiques. Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire ici, un jour je suis athée, un jour agnostique, en tous les cas je cherche. Mais peut être que inconsciemment, se sentir le droit de pouvoir dire sa non croyance, c’est avoir l’espoir de posséder encore quelques gardes fous afin de ne pas en arriver à la situation des Brights américains, ni à ce que dénonçait une association de laïques espagnols en 2006 (pour plus d’info http://www.ufal29.infini.fr/spip.php?article457&debut_articles_rubrique=60).
Lionel ps : j’ai quitté le mouvement mis en lien, et tout engagement de ce type
Pour Lionel,
Il va de soi que s'il est une chose que je respecte, c'est bien la démarche de ceux qui cherchent avec sincérité, quoiqu'ils pensent.
Pour Giordano (qui était moine dominicain) je le cite parce qu'on fait toujours critique à l'Eglise de l'avoir calciné (j'aurais pu parler de Galilée).
Il va également sans dire, que je me manifesterais dans un sens différent si je vivais aux USA où malheureusement le sentiment religieux envahit tout et où le combat de la pensée porte sur le droit de ne rien croire.
Pour Isa,
Bizarre! Bizarre! Vous avez dit bizarre! Encore plus que vous ne le pensez: ma fille s'appelle Isabelle (19 ans) et il y a 5 ans j'ai manqué trespasser d'un infartus. Destins parallèles?
Il ne manquerait plus que vous ayez les yeux bleus, l'intelligence vive, le verbe acéré et que vous soyez une élégante littéraire, ce qu'on pourrait supposer à votre écriture.
bizarre vraiment ! mon père est mort d'un infarctus le 17 février 2004...
je n'ai pas les yeux bleus.J''ai par contre comme vous 51 ans.
En ce qui concerne mon esprit,mon intelligence,seuls les autres peuvent en parler...
isa
Tiens donc, vous ne savez vous regarder vous même!
Coquetterie ou modestie mal placée?
Comment voir les autres si l'on ne sait pas se regarder soi-même?
Isa, vous êtes à croquer, surtout pour un ogre comme moi.
Cordialement.
ni l'une, ni l'autre.
Que je n'aime pas parler de mes qualités ne veut pas dire que je ne les vois pas ni que je ne vois pas celles des autres.
Pareil pour les défauts.
isa
Xavier : les deux oreilles et la queue pour cet article... Isa t'attend en barrera pour te rendre la montera. J'avais été présenté à son papa quand je la croquais... et c'est vrai qu'il pourrait y avoir une certaine ressemblance !
L'Europe a certes des racines chrétiennes (mais aussi juives, musulmanes, athées etc...)
Vouloir inscrire cela dans une "constitution européenne" serait une grave erreur qui irait à l'encontre de la nécessaire séparation entre les pouvoirs spirituels et temporels.
Velonero,
Un principe peut-il s'opposer à une réalité?
La laïcité à la française n'est pas la négation du religieux, c'est son ignorance. Pour la république, la religion n'est pas un sujet de droit.
En ce qui me concerne, j'adhère pleinement à cette idée, TOUT EN SACHANT QU'ELLE A SES LIMITES, comme tout concept ou idée humaine.
La réalité historique brutale incontournable est que pendant un millénaire (du VIIIème au XVIIIème siècle), l'ensemble européen dans sa plus grande partie a vécu dans un paradigme chrétien. Les autres religions (judaïsme, islam) n'ont eu aucune influence directe, sinon dans des espaces très localisés (Al Andalus, Balkans). L'athéïsme était non seulement inexistant mais même impensable.
Ce n'est pas une opinion, c'est un fait.
Là où cela me pose problème, c'est quand au nom d'une opinion (le concept de laïcité) on me demande de nier un fait.
D'autant que cette façon de voir les choses ne concerne quasiment que les français dont l'histoire du rapport au religieux est complexe et tendue.
Pour l'immense majorité des autres européens ce débat n'a aucun sens.
Je dis simplement que nous devons faire la part des choses et cesser de nous crisper.
Les autres ne sont pas plus sots que nous!
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