Humeurs taurines et éclectiques

mercredi 2 novembre 2011

Histoire de G


Le jeune et talentueux Florent MOREAU nous gratifie d’une étude particulièrement tonique sur les dernières grandes manœuvres en cours.
Il y est évoqué le ballet et la confrontation des G autour d’une sombre histoire de pourcentages. Comme tout le monde le sait ou devrait le savoir, G est soit un facteur de mesure de l’intelligence, soit une zone érogène, soit la constante universelle de gravitation, toute références incompatibles avec les G en question qui ne procèdent ni de l'intelligence, ni de l'érotisme, et encore moins de l'attraction. Il existe aussi un g, unité d'accélération, mais on n'ose espérer que le G7 prenne 7 g, ce qui collerait les Gseptistes (à ne pas confondre avec les Cgétistes) à leurs fauteuils.

En dépit de sa perspicacité, Florent omet pourtant deux points de détails –comme dirait Jean-Marie de Sainte Gégène- qui paraissent pourtant fondamentaux.

En premier lieu -cela semble aller de soi mais sait-on jamais!- les mesures concernent-elles les dites arènes Gseptièmes ou bien, par un «estraño» de dernière minute, d’aucuns, dans le feu de l’action, envisageraient-ils de généraliser la panacée à l’ensemble des arènes de France? Auquel cas, ce serait la mise à mort des autres plazas. Les pratiques de l’U.VT.F., telles que j’ai pu les observer de l’intérieur depuis 3 ans s’apparentant plus à de l’eau de boudin qu’à celle, curative, de Vichy Célestin, on peut et l’on doit légitimement s’inquiéter.

En deuxième lieu, et la chose me semble fondamentale: où se situent les aficionados dans cette affaire? Il fut certes extrêmement habile de rompre par anticipation le front torero prévisible en liant la baisse des privilégiés par la hausse du prolétariat taurin. Habile et juteux! Mais à qui profite le dispositif?
ILLUSTRATION:
Soit le cartel 2011 de Bayonîmes ou de de Mont-de-Mardax, composé de El Augusti (130.000€), Enrique Pilato (110.000€), et Trufiño de Guadajara (convenio grupo B: 13.500€). Lot de toros de Victoriano del Cuvillo (80.000€). Coût du plateau: 335.500€...

Le même cartel dans l’avenir radieux de la temporada 2012, après application de l'oukaze n°2012-77777 du G7: El Augusti (104.000€), Enrique Pilato (88.000€), et Trufiño de Guadajara (convenio grupo B: 16.200€). Lot de toros de Victoriano del Cuvillo (64.000€). Coût du plateau: 272.200€.

Soit 63.300€ d’éconocroques.
Soit pour une plaza de 10.000 «clients» (au hasard Dax, qui «remplit»), 6,33€/place.
Soit le tendido O/S à 66€ au lieu de 73€ et le tendido sol supérieur 20€ au lieu de 26€.

Je sais! Je sais! Je suis mesquin et bassement matérialiste, mais soyons logique: si la mesure présente un intérêt, et surtout une justification, c’est bien pour compenser les effets de la crise, c'est du moins l'argument massue avancé.
En bonne logique économique, selon la vulgate libérale du credo des marchés si chère à Georges Walker Viard,  la baisse des prix à la production doivent être répercutée sur le consommateur. A défaut, le producteur et le consommateur tous deux lésés ne sauraient soutenir la mesure, puisque l’économie ainsi réalisée tomberait dans la bourse de l’intermédiaire, c’est à dire de l’organisateur. Car dans la jungle des déclarations et discours en tous genres, je n'en vois aucun où il serait question d'employer cette manne à d'autres fins qu'au bénéfice des empresas.
Il serait ainsi INDISPENSABLE que l’afición se mobilise pour exiger que son soutien –indispensable à la réussite de cette entreprise- suppose la répercussion quasiment intégrale de l’économie réalisée.

63.300 €/corrida c’est une somme! Si l’on considère les corridas données chaque année dans les plazas de 1ère, cela représente un trésor de guerre de … 2 à 3 millions d’euros (de 420.000 € pour Dax qui est une plaza déjà excédentaire).

Dans cette perspective, une autre option des plus intéressantes serait, avec une partie conséquente du pactole, d’alimenter un fond de promotion (campagnes de valorisation de l’image de la tauromachie, lobbying), de défense (procès systématiques) et de solidarité (soutien aux petites plazas déficitaires) qui ne sauraient que recueillir l’adhésion de l’ensemble de l’afición.
Quant à l’économie sur les prix des élevages, elle serait judicieusement employée à soutenir les encastes et élevages en difficulté ou en voie de raréfaction.
L’idée de mettre sur pied un conservatoire (conservatoire, et non observatoire !!!) de la diversité ganadera, sur le modèle de ce qui existe en France pour les espèces ou variétés (tant animales que végétales) en danger, tout cela en relation avec les éleveurs et leurs organisations serait des plus indispensables.

L'ami Chulo (parce qu’il est bienveillant) me taxera encore d’angélisme, les plus ouverts parleront de romantisme ou d’idéalisme et les nuisibles causeront délire, mais de telles propositions sont-elles tellement utopiques?
En tous cas, on sortirait de la simple logique de marché et des questions de gros sous qui préoccupent ceux qui les guignent et en vivent pour aller vers du concret et du positif. L’avantage décisif serait l'extrême difficulté pour le G10 d’aller à l’encontre d’un projet aussi évidemment constructif, utile et fédérateur.

Malheureusement, j’ai bien peur que nos élites (ou nos élytres: des ailes inutiles) taurines françaises n’aient ni l’imagination, ni le désir, ni l’ambition, ni les capacités de concevoir de telles perspectives. Demandez à un avocat montois de rêver!
L’afición les motive infiniment moins que leur porte-monnaie ou leurs petits intérêts à court terme.
Il reste néanmoins toujours utile de semer des idées, qu'au mieux d’autres reprendront à leur compte, mais qui au pis finiront bien par germer ou du moins par inspirer quelques avancées.

Pour autant, et il faut conclure par là, tout ce binz, demeure pour l’instant de l’ordre de la posture, du genre «Retenez moi où je fais un malheur!». Il y a loin de la coupe aux lèvres, et de l’intention à la réalisation. Surtout dans un mundillo où la parole est d’argent mais rarement d’honneur: les hyènes chassent en meute, mais se disputent et s’entretuent pour la consommation des proies.
Les plus grands ennemis du G7 ne sont pas les apoderados du G10, mais ses propres membres, aussi fiables en affaires que des négociants chinois sur internet.
On n'est jamais mieux trahi que par les siens (ou par les chiens comme on dit en Auvergne)...
Tout ça me rappelle le «syndrome de Ben-Hur Marcel»: tout le monde est d’accord pour gueuler, mais à la fin, il n’y a plus personne…
Jean Yanne, un génie méconnu!


Xavier KLEIN

1 commentaire:

Patrick a dit…

Salut Xavier,
A propos de cette décision du G7, il y a un côté pervers que tu n'as pas cité dans ton article, c'est tout simplement la mise en place de cette décision sur des arènes de 2ème ou 3ème. Prenons l'exemple de Vic qui monte ses cartels autours de toros avec des toréros les plus souvent de 2ème plan,en tout cas ne faisant pas partie du G10, il vont se retrouver avec un budget plus important vu l'augmentation du sueldo des toreros.
Ceci me laisse à penser que l'unité au sein du G7 n'est peut être pas encore atteinte.
A voir...
Abrazos.