Humeurs taurines et éclectiques

jeudi 29 septembre 2011

UN RECUL MORAL.

 Denis GUERMONPREZ, dit «Dionxu», aficionado de qualité, me fait parvenir un article de Francis WOLFF, paru dans le quotidien El País du 26/09/2011 (merci pour la traduction Denis). A méditer...

La fête des taureaux est une des créations les plus originales de la culture hispanique, et est à la fois porteuse des valeurs humaines plus universelles: courage, grandeur, honte, loyauté, rituel de la mort, domination de l'animalité dans l'homme et en dehors de lui, création de beauté à partir de son contraire, le chaos et la peur. Il serait possible que cette invention culturelle originale succombât à un conformisme qui a à peine, une apparence d'universalité, l'universalité sans goût de McDonald ou de Coca-Cola? Si un jour ou l’autre, les courses de taureaux disparaissaient, ce serait assurément une grande perte pour l'humanité et pour l'animalité.

Nous serions devant une perte culturelle et esthétique, bien sûr, mais aussi devant une transgression éthique. Pour certains, l'interdiction de la tauromachie leur semble être un «progrès» de la civilisation. Simple apparence. L'animalisme n'est pas une extension des valeurs humanistes, mais sa négation: parce que, en essayant d’amener les animaux jusqu'au niveau auquel nous devons traiter les hommes, nécessairement nous rabaisserions les hommes au niveau auquel nous traitons les animaux.

Je ne nie pas que nous ayons des devoirs envers les animaux. Il serait immoral de trahir les relations d'affection que nous maintenons souvent avec nos animaux de compagnie. Aux animaux domestiques, qui ne sont domestiques que par leur viande, leur laine ou leur force au travail, il est en effet immoral de les traiter comme s’ils n’étaient que  «des objets» comme cela existe de manière scandaleuses sous toutes les formes d'élevages industriels mécanisés; mais nous décrétons qu'il est moral les tuer. Et avec les millions d'espèces d'animaux sauvages qui peuplent les océans, les montagnes et les bois, nous avons des devoirs écologiques, comme le respect des écosystèmes ou de la biodiversité.

Le taureau de lidia n'entre dans aucune de ces catégories. il n'est pas un animal sauvage, puisqu'il est domestiqué par l'homme, ni un animal domestique, puisque n'importe quelle tauromachie suppose la préservation de son instinct naturel d'hostilité envers l'homme appelée «bravoure». Pour cet animal, une vie conformément à sa nature insoumise et sauvage doit être une vie libre et naturelle, et une mort conforme à sa nature d'animal brave doit être une mort au combat, contre cet homme-là qui attente à sa liberté : il affiche à ce moment sa suprématie dans son propre terrain. Vivre libre et mourir en luttant il est le destin de principe du taureau de lidia.

N'importe quelle interdiction serait un recul moral. Le sens et la valeur de la course de taureaux reposent sur deux piliers: la lutte du taureau qui ne doit pas mourir sans avoir pu exprimer réellement ses facultés offensives ou défensives; et l'engagement du torero, qui n’a pas le droit d’affronter son adversaire sans se jouer la vie. Risquer sa propre vie est un devoir du torero. C’est le prix qu'un maestro doit payer pour avoir le droit de tuer l'animal respecté, au lieu de le sacrifier d'une façon occulte et mécanique.

Cependant, nous devons l'avouer: aucun argument ne pourra jamais convaincre ceux qui se représentent la corrida comme la torture d'un animal innocent. Ils ne comprennent pas la véritable nature de la lutte de l’animal brave, et, en voulant éviter la mort de quelques uns de ces taureaux, ils condamnent en réalité toute l’espèce, occultant par la même la courte et abjecte vie des veaux domestiques élevés en batterie ainsi que les taureaux domestiques en pleine liberté... Ils seront convaincus de tout cela. Ces arguments seront toujours insuffisants devant la réaction immédiate et passionnelle avec lesquelles ils s'indignent et crient : «Non, Non, pas cela».

Il est vrai que face à ces réactions, les aficionados opposent très souvent leur propre passion. Nous pourrions nous cantonner à cette nette opposition de passions si celles-ci pouvaient en rester là. Mais le problème est que l'une exige l'interdiction de l'autre. Et là, le rôle du politique devrait être de garder raison en proclamant: «S’il advenait que les courses de taureaux dussent disparaître un jour, ce serait parce que la passion aurait disparu. Se serait endormie. Jusqu'à maintenant, il serait prudent de laisser chacun à sa passion et de faire en sorte que le principe de liberté règne de manière primordiale».

10 commentaires:

Jean-Paul Richier a dit…

La jactance circulaire de notre Monsieur Prudhomme de la philosophie est un échantillon de rhétorique sophistique un peu sommaire, et la traduction du père Denis est parfois incertaine.

Mais c'est toujours bon de rire un peu, même si le fonds de commerce wolffesque commence déjà à être un tantinet usé.

Merci Monsieur Klein !

el Chulo a dit…

He bien, mon jean paul! un coup de moins bien? pas digne de vous ça superbe érudit!

Marc Delon a dit…

Oui, très en baisse le père Richier ... tout ce qu'il trouve à opposer c'est se foutre de la gueule des gens maintenant... ?
Les protocoles de la pensée en prennent un coup...

Anonyme a dit…

faut dire qu'il en connait un rayon le moine franciscain Richier en " jactance circulaire" et que les "échantillon(s) de rhétorique sophistique" il en toujours sur lui. jamais au dépourvu l'animal ! et du coup, ma foi, il a raison le djonpol je trouve: cet article me parait être un galimatias assez peu recommandable et foutraqué comme un sablazo de "Curro, mi arma" dans ses meilleures années.mais il faut dire aussi que le texte de Lopez de Urralde qui vient en contrepoint ("no al maltrato por diversion") est d'une niaiserie politique à faire peur !
allez JP, priez sainte Blandine que tous les argumentaires soient aussi falots et peu combattifs.

Barnabé Croussatémasse.

Ludovic Pautier a dit…

"la traduction du père Denis est parfois incertaine."
la femme de ménage de Jean-Paul Richier serait-elle espagnole et arrière petite fille de novillero obscur qu'il trouverait que ,non, vraiment, les cadres avec ses diplômes dans son salon ne sont pas si bien nettoyés que ça.
si dans ton pedigree tu montres ne serait-ce qu'un poil de couille d'aficon a los toros, pour le vétilleux JPR, t'es disqualifié. .Rappelons-nous son rire forcé quand Xavier mit en ligne je ne sais quel énergumène chansonnier... il trouvait cela désopilant, mais il était hors de question de rire de concert avec les pervers polymorphe que nous sommes. il riait d'autres choses, on ne pouvait concevoir être dans le propre de l'homme ensemble et se rouler par terre sur le même sol ! certainement que nous nous esclaffions, mais nous ne pouvions atteindre son degré second, lui riait de son rire débarassé. son rire éthiquement correct. son rire droit, complice avec l'humanisme qu'il a si bien...entendu.
demandez-lui au tartuffe ce qu'il pense de Don Pablo, quelles sont ses dessins,ses périodes, ses thèmes qu'il trouve plus faibles, voire ratés...oui, vous avez déjà la réponse.
Richier est une tanche.quel obscur lobby l'a invité à se balancer dans nos pattes à ce libre penseur de mes deux ? qui te cormaque , qui t'a formé ? qui t'a dressé ? et ne vient pas louvoyer ou "frontaliser" en nous enfumant de tes sarcasmes blets,de tes brimborions perclus d'intellectuel full up se gaussant de nos obtuses inclinations, ne répondant jamais à aucune question, retourneur de chaussettes inodores. Tu n'attends qu'une chose, c'est que l'un d'entre nous baisse la garde. et ainsi tu rapporteras le cadavre de ta proie idéologique au pied de tes maîtres à dénigrer. Tiens ,par exemple, jamais dans ma vie d'aficionado je n'ai pensé : quel con celui-là, quel inculte, quel peine à jouir vu qu'il n'aime pas ,voire abhorre , même publiquement, los toros. C'est vous qui avez instillé la haine, le rejet, le refus de l'altérité. en vous cachant derrière le prétexte animalier. Qui a insulté , brandi l'anathème le premier ? exemple : vous vous gargarisez de la référence ad hitlerum de certaines argumentations se basant sur les lois des nazis en relation avec les droits des animaux. Mais qui a dégoisé, vomi les premières allégations tentant de disqualifier l'adversaire en le comparant aux propagateurs du génocide le plus emblématique ?
encore une fois, et pour une fois, répondez.Qui ?

Ludo

el Chulo a dit…

je te sens colère, mon ludo! "Mora, Mora" comme ils disent sur l'île rouge!

Jean-Paul Richier a dit…

Notre tauromaniaque de la rue d'Ulm a au moins un mérite : il tente d'aborder la question en n'usant qu'avec modération de l'argument favori des addictionados, sur ce blog comme ailleurs : la disqualification des contradicteurs.

Et cher Ludo, vous ne devriez pas vous laissez-vous aller à ces vitupérations sans queue ni tête à mon endroit : elles me réjouissent en effet copieusement.

Besos y abrazos

Marc Delon a dit…

il donne dans la mansedumbre maintenant...

je ne le trouve pas si peu recommandable que ça, moi cet article du loup, il me plait bien.

Ludovic Pautier a dit…

arakeVous m'étonnez cher Jean-Paul , à vous laissez aller à de tels ravissements qui vous feraient ressembler à l'idiot de la crèche, vous si sûr, si peu béat, si fort en thème.
Cependant, vos réponses , enfin vos absences de réponses, ne m'incitent pas non plus à l'abattement ou à la grise mine.
De là à tendre un miroir où je me verrais tel que vous les mains pleines...il y a des pas dans l'ablation de l'égo que je ne franchirais pas.
A sus pies, grand Fada.

Ludo

Denis Guermonprez a dit…

Contrairement à ce que l’on peut croire, beaucoup d’aficionados ne parlent pas la langue de Cervantes. Lire la pensée de Francis Wolff en espagnol est pour eux quasi mission impossible. Traduire ce long article dans leur direction a été pour moi un acte taurin, n’en déplaise au sieur Richer. Cher Monsieur, je vous trouve bien négatif, mais c’est accessoire, ce qui vous a été dit à ce propos dans les commentaires, est suffisant. Vous devez avoir un sacré niveau dans cette langue pour vous permettre de tels avis. De même, juger à l’emporte pièce celui qui est titulaire de la chaire de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure montre de votre part une incompétence dans le jugement qui en dit long sur vos réelles aspirations.
Xavier Klein a publié mon texte en français. Il vaut ce qu’il vaut, certes, et ne prétend à rien d’autre que d’être vulgarisé et accueilli pour information. Nous aimons les toros, vous les exécrez. Un monde nous sépare. Je ne vous en veux pas, car vous êtes prisonnier de votre personnage et vous manquez manifestement d’honnêteté intellectuelle pour vous en prendre de la sorte à ce que nous disons et faisons, tout en étant à l’affût de nos moindres implications. J’en prends acte. Mais rassurez-moi, vous n’étiez pas obligé de lire cet article au demeurant, fort intéressant, quoi que vous puissiez en dire.
Tout cela donne à réfléchir, mais de manière positive.
Et merci à Xavier d’avoir publié.

Denis Guermonprez-Dionxu