Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 20 mai 2011

PILORI STORY

 Je ne reproche nullement aux amerloques d’être ce qu’ils sont, je leur reproche de nous vouloir comme eux.

Et ce que je dis des américains pourrait parfaitement s’adapter à bien d’autres, ainsi qu’évidemment à ces nombreux français qui se permettent de porter des jugements yakamaniaques sur les mœurs ou la façon de penser des autres.
Fervent défenseur de la laïcité, une solution française à une problématique historique et culturelle française, je me suis toujours étonné de la présomption de ceux qui, y voyant une valeur universelle -ce qu’elle n’est pas- s’indignent que les autres peuples n’en partagent pas la nécessité.

Par le passé depuis le XVIIIème siècle, en tant que puissance dominante, y compris par le biais de la colonisation, la France a imposé ses valeurs, se persuadant que convenant à sa culture, elle ne pouvaient que convenir à celles des autres: la fameuse «mission civilisatrice» qui donna bonne conscience à la IIIème République.
Si le XVIème fut espagnol, le XVIIème et le XVIIIème français et le XIXème anglais, le XXème fut incontestablement américain. Il n’y a aucune raison de s’étonner que l’impérialisme économique et militaire américain ne fut pas accompagné, comme pour les copains précédents, d’un impérialisme culturel.
Nous en voyons les effets, vertus et vices, dans la prédominance de l’apport US, que ce soit en musique, cinéma, littérature, architecture, vêtements, mais également gastronomie (si le hamburger peut être qualifié ainsi), et surtout règles économiques (libéralisme), légales, morales, etc.
Si l’on peut rester profondément «français» tout en appréciant de porter des jeans, en aimant les films de Clint Eastwood, la musique de Bob Dylan ou les œuvres de Jack Kerouac ou de Jackson Pollock, l’appropriation de ce qui constitue le cœur de l’intimité culturelle, la racine de la représentation du monde reste profondément insensible à l’influence américaine.

De même que nous avons eu du mal à avaler cette pilule lorsque nous étions en situation de prédominance et que le sauvage et le barbare était celui qui se refusait à nos valeurs, il en va de même pour nos frères humains d’outre atlantique dont la presse se déchaîne actuellement contre ces cochons et libertins de frenchies qui se vautrent dans le stupre et le lucre.
Je suis scandalisé par l'entreprise actuelle de culpabilisation des medias US qui se mobilisent pour dénoncer cette coupure très latine entre ce qui relève de la vie privée et ce qui procède de la morale publique, césure qui n’existe pas au yankeeland.

Une indignation très sélective. D’évidence, aux States, il est bien pire de violer une soubrette que de mentir pour envahir l’Irak (et provoquer des milliers de morts) ou bien de magouiller en bourse pour niquer l’économie mondiale.
Question de point de vue…
Pipes et cigarettes sont interdites au pays de la prohibition, ils ont vraiment un problème avec l'oralité ces mecs.
Par contre, question substituts phalliques, tromblons et gros calibres, là, en voiture Simone!

Je suis encore plus scandalisé qu’une cinquième colonne française s’en fasse l’écho et appelle, en cette matière comme dans d’autres, à américaniser nos mœurs.
Les français se foutent comme d'une guigne de ce qui se passe dans l'alcove de leurs dirigeants, mais se réjouissent friponnement de leur épanouissement sexuel: et alors?
Les français pardonnent les mensonges de leurs politiques parce qu'ils n'ont pas la naïveté de croire qu'il puisse en être autrement: et alors?
Les français préfèrent des politiques talentueux plutôt que vertueux, des Talleyrand plutôt que des Jimmy Carter: et alors?
Fuck off, comme ils disent les ricains! Fuck off!
***
En fait, en la matière il me semble que l’on navigue entre deux pôles opposés.
Ou bien on accepte tout ou partie de la critique et du regard de l’autre et l’on se dirige vers une pensée et un paradigme mondialisés et standardisés (sur la base de la culture dominante bien sûr). On se métisse certes, mais à condition que le produit reste blond avec les yeux bleus.
Ou bien on envoie paître et l’on cultive son jardin culturel et son «génie» national en prenant le risque de l’autisme ou du ghetto.
A mon sens si toute attitude extrême est généralement préjudiciable il n’en demeure pas moins qu’il est difficile, voire impossible, de ne pas être extrême sur cette question, l'introduction d'un doigt dans l’engrenage pouvant y entraîner tout le bras.
Cette alternative brutale pousse aux excès les plus débridés, à un anti-américanisme général (dont les ricains n’arrivent pas à appréhender les causes pourtant limpides) et à des réactions benladeniques par répulsion pour le modèle imposé.

Voir un PRESUME innocent (mais aux States on est présumé coupable…), quel qu’il soit, puissant ou misérable, délibérément menotté, exhibé, humilié, pilorisé, voir son intimité dévoilée dans ses moindres détails, avant même d’en avoir jugé sur la réalité des faits m’est insupportable.
La question n'étant pas de savoir s'il est coupable ou non, mais de se refuser à traîter ainsi un humain de manière dégradante, quoiqu'il ait commis.

Evidemment les esprits chagrins pourraient constater combien l'exigeance morale peut être élastique au Bushland, un mois après que cette contrée, la plus judiciarisée et la plus procédurière du monde, ait dépéché Ben Laden ad patres sans autre forme de procès.
On pourrait pourtant dégainer les gros mots et les sujets qui fachent en évoquant les paradis des Droits de l'Homme tels que Guantanamo ou Abu Grahib ou mieux la différence de traitement entre Palestiniens et Israéliens.
L’application de cette morale puritaine, sous tendue par le concept évangéliste de prédestination (il y a les «élus» et les «damnés») d'imposer avec jouissance un préambule aux tourments de l’enfer au pécheur m’est absolument insoutenable.

Comme dans ce Deep South où lyncher un nègre ou s'acommoder au quotidien d'un SDF (évidemment black ou latino) sur son trottoir a toujours infiniment moins scandalisé qu’une fellation ou pire, horreur, la sodomie.
Tennessee Williams est toujours d’actualité.
***
Ah ils jubilent les ricains! Ils avaient loupé Polanski et ne s’en étaient jamais remis. Désormais ils l’ont leur frenchie obsédé et débauché qui va payer pour les autres au pays de la dénonciation permanente du harcèlement sexuel (mais nullement du harcèlement social).
Et du super, de l’extra, avec la gueule de l’emploi, l’air salace, éventuellement perfectionné par 30 heures de garde-à-vue ou le choix des photos les plus expressives.
C’est la curée, l’hallali, le haro sur le baudet (en France, c'était sur le Baudis).
En plus, avec un gonze qui s’était employé à tempérer, un peu, l’extrême rigueur libérale du FMI. Un peu juif sur les bords (donc libidineux) pour ces bien-pensants W.A.S.P. (White, Anglo-Saxon and Protestant). Tout un symbole! DSK Satan l'habite, pour sûr!
***
Le monde anglo-saxon en général et les amerloques en particulier prétendent nous donner des leçons et leur presse se déchaîne, relayée par les habituels affidés.
On ne parlerait que cul, on pourrait en rire, et à la limite leur montrer le nôtre, en guise de réponse.
Le problème c’est que l'enjeu va bien au delà et que ces injonctions moralisatrices se généralisent dans tous les aspects de notre quotidien.
On veut nous ricainiser.
C’est bien le fond du problème avec cette vision des rapports homme/animal qui nous envahit sans que nous n’y ayons pris garde.
La «pet society» (société de l’animal de compagnie) importée après guerre, qui faisait rire en Gaule en attendant que comme chez les civilisés ricains, on y érige aussi des mausolées à son matou, ou on y lègue ses biens à son médor (comme le voudrait la taulière du Negresco).
Là bas, à Bervely Hills, on finance à prix d’or la psychanalyse des cabots, les musicothérapies pour gorets apprivoisés, voire même on consulte des astrologues pour connaître l'avenir de Pomponnette.

Honte! Honte définitive et absolue!
Et ces gens prétendent nous donner des leçons!
Et leurs succursales bestialistes, comme dans un autre créneau l’Eglise de Scientologie, les mormons ou les Témoins de Jéhovah font action de lobbying forcené pour se développer sur le marché européen.

Assez de tout ce fourbi, on se retient de gueuler de nouveau: «Yankees go homme»!
Gardez votre Mickey ou votre Donald asexués et «propres sur lui», nous préférons montrer à nos enfants que les toros ont des couilles.
Cada uno en su sitio…
Xavier KLEIN

PS: Et si en représailles on en chopait un lors d'un voyage. Georges W, par exemple, qu'on jugerait pour crime économique au 3ème degré, bellicisme au deuxième degré, ou intelligence avec le complexe militaro-pétrolo-industriel au 1er degré. On pourrait te lui coller 15 jours de TIG comme assistant sexuel.
Marrant non?

6 commentaires:

Marc Delon a dit…

Un très bon contrepoint de ce qu'on peut lire chez moi qui permet de se dire qu'on peut difficilement être "tout pour" ou "tout contre". Il y a bien sûr des amalgames hâtifs qui ne relèvent pas de la vie civile : l'irak, Gantanamo, Ben Laden c'est de la guerre, là, dont on parle. Ce n'est pas pas dans le même registre il me semble.

Sur les moeurs sexuelles avec le politique aussi : tout à fait d'accord, mieux vaut un gros niqueur compétent que le contraire. le point de vue américain est plus sain mais plus naïf : ils pensent qu'un type qui ment chez lui peut leur mentir en gouvernant. Nous, cyniques, nous savons bien qu'un type qui ne saurait mentir ne nous gouvernerait pas bien...
Sauf que là, il ne s'agit pas de ça, il s'agit de viol. Il n'aurait pas demandé la permission à la dame...!

Présomption d'innocence : Oui, certes, mais deux choses me gênent. Concernant l'individu et les antécédents connus, il faut vraiment faire l'effort d'y croire, mais certes il faut le faire, pour ne pas condamner avant jugement.
Mais comme le dit le dico, si présumer c'est croire en se fondant sur des indices... or de quels indices dispose-t-on au début quand une personne se dit victime, sinon de son témoignage même qui par définition est à charge ? je trouve que le droit s'est approprié une expression qui confine à l'oxymore. Et c'est une posture intellectuelle pas la logique d'un délit... et puis il y a les stats, quel pourcentage des "présumés innocents" s'avèrent coupables ?
Mieux vaudrait dire qu'il est plus prudent de ne croire à rien tant qu'on n'est pas sûr. Et si on ne peut rien prouver, quelle parole croire ? Celle d'une femme de chambre noire, immigrée, qui ne peut se payer qu'un avocat lambda ou celle d'un riche et puissant qui peut tout acheter ? Pas simple.

Alain Lagorce a dit…

Le seul souci avec les ricains c'est que lorsque les mecs de 120 kilos disent un truc, les mecs de 60 kilos écoutent… comme disait l'autre.

el chulo a dit…

tu as oublié "l'Opus Dei" qui il est vrai vient d'Espagne mais a connu un beau développement aux states, tu sais "travailler plus pour gagner plus".

Chinchon a dit…

une réponse de l'echio du callejon???
http://www.echoducallejon.com/article.php?id=6249

el chulo a dit…

effectivement: "
*A moins qu'il soit prouvé qu'il est innocent."

el chulo a dit…

j'ai suivi ton conseil éclairé! Quelques corrections!

gracias Maestro Javier!